JAY MA n°48

PAROLES DE MA

 

Gardez présent à l'esprit que le nom de Dieu, c'est Lui-même: qu'il soit votre companion inséparable. Faites de votre mieux pour ne jamais vous trouver sans Lui. Plus votre effort pour demeurer en sa présence sera intense et continu, plus vous aurez de chances de devenir joyeux et sereins.

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L'intensité du désir pour la Réalisation de Dieu est en soi la voie qui y mène.

Combien de temps allez-vous passer dans une auberge en chemin? N'avez-vous pas envie de revenir à la maison? Comme tout ceci est merveilleux!...En son propre Soi, on est à la fois le pèlerin, l'exil, le retour à la maison et la maison elle-même...on est soi-même tout ce qui existe...

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Question: Ma, pourquoi perdez-vous votre temps avec nous? Nous n'avons pas d'appétit pour ce type de vie.

Shri Ma: Comme vous avez raison! Mais serez-vous d'accord avec moi qu'un état de 'non-appétit' est un état de mauvaise santé? (rires) Eh bien, dans ce cas on peut retrouver une bonne santé en prenant un régime et des médicaments appropriés. Le régime approprié, c'est la satsang -chercher la compagnie de gens spirituels et lire de bons livres, et le médicament, c'est le japa régulier. Que vous aimiez cela ou non, consacrez un peu de temps chaque jour à l'habitude de faire un peu de nama-japa; vous verrez que petit à petit votre 'appétit' va s'éveiller et fonctionner normalement!

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Q: On dit que Brahman est inconnu, donc pourquoi essayer de le découvrir.

Shri Ma: Si je vous demande de décrire cette fleur, vous direz qu'elle est rouge, que c'est une rose, etc... mais vous n'arriverez jamais à exprimer pleinement ce que cette fleur est. Il en va ainsi de chaque chose, qui est à la fois connue et inconnue, manifestée et non-manifestée. C'est comme c'est.

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Q: Ma, la vision de Dieu est-elle possible de nos jours?

Shri Ma: Pourquoi 'de nos jours'? Elle a toujours été possible.

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Q: Je veux dire directement, avec vos yeux?

Shri Ma: Une vision claire comme le jour, voilà sa nature; si vous L'appelez, il va apparaître. L'âme humaine s'appelle jivatma et non pas paramatma. Le jiva tourne en un cercle clos de naissance et de mort. Dans une mare d'eau stagnante les bactéries se multiplient et des êtres vivants se développent également; mais après un processus de purification l'eau redevient pure. Ainsi, jiva est en réalkité paramatma. Ce qui vous fait être un jiva (créature), c'est le doute que Dieu n'est pas en vous. C'est un écran illusoire, retirez-le et Dieu se tiendra devant vous dans toute sa Gloire!

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A: Pourquoi doit-on considérer le Guru comme Dieu?

Shri Ma: Lui seul est, c'est pour cela que le guru est Dieu. Qui donc si ce n'est Dieu peut vous enseigner à propos de vous-même? Si vous pensez à votre Guru comme un homme, alors il n'est pas Guru, et si il est Guru, il n'est pas un homme. Si vous voyez Shiva comme un pierre, il n'est pas Shiva mais une pierre. Un voile vous empêche de réaliser la Vérité. Ce voile est retiré par la grâce du Guru.

(Extraits de Bithika Mukerji 'In your Heart is my Abode' Shree Shree Ma Anandamayee Sangha, 1995)


 

REPONSES DE VIJAYANANDA

Q: La Kumbha-Mela est en cours à Hardwar; comment vous situez-vous par rapport à cette forme de l'hindouisme pour les masses?

V: La Kumbha-Mela est une grande réunion (je dirais presque une foire) qui a lieu tous les douze ans à quatre endroits différents (Hardwar, Allahabad, Ujjain et Nasik) à des dates différentes. Elle attire d'énormes foules de pèlerins et de sadhus (on dit une dizaine de millions ou plus). La tradition dit que c'est un devoir religieux pour les sadhus de sortire de leur retraite pour venir y assister. C'est donc une occasion de rencontrer des sages qui le reste du temps seraient inaccessibles. Et même si on ne les rencontre pas, leurs vibrations associées à la ferveur religieuse des grandes foules crée une atmosphère spirituelle formidable qui vous imprègne qu'on le veuille ou non. C'est une occasion importante de parfaire sa vie spirituelle soit par les vibrations soit même par les conseils pratiques si on a la chance de rencontrer un grand sage. En outre, le bain dans le Gange à l'endroit sacré et à l'heure de bonne auspice est censé donner la libération du cycle des naissances et des morts (post mortem) ou du moins purifier des péchés les plus sèrieux.

La légende veut qu'au début de la création quand il y eut le barattage de la mer de lait il en sortit entre autres merveilles une jarre (kumbha) pleine de nectar d'immortalité. Une grande bataille commença entre les dieux et les démons; chcun voulant prendre possession de ceete jarre. Au cours du combat, quelques gouttes du précieux liquide tombèrent à quatre endroits en Inde : Hardwar, Allahabad (Prayag), Ujjain et Nasik. Et la Kumbha-Mela veut commémorer ces évènements.

La foi intense des pèlerins et des moines crée une énorme atmosphère spirituelle qui influence même ceux qui ne croient pas à ces légendes. Et cette imprégnation peut être le départ d'une vie spirituelle ou intensifier les pratiques de ceux qui sont déjà sur e chemin.

A: Si quelqu'un de proche ne va pas bien mais ne veux pas écouter ce qui peut l'aider, que faire?

V: Ramakrishna disait qu'il y avait quatre sortes de guides spirituels comme il y avait quatre sortes de médecin.

1) Le médecin ordinaire fait son ordonnance, donne des conseils à ses malaldes puis ne s'en occupe plus.

2) Le médecin de la seconde catégorie va revoir son malade et s'enquiert s'il a bien suivi ses conseils et s'il a pris ses médicaments; mais s'il voit que le malade est réticent, il ne s'en occupe plus.

3) Le médecin de la troisième catégorie essaye de convaincre son malade, lui explique tous les avantages qu'il a à suivre son régime, et y consacre beaucoup de son temps. Mais s'il voit que l'individu est complètement bouché, il le laisse finalement tomber.

4) Mais le médecin de la qutrième cqtégorie (la meilleure selon Ramakrishna) ne se décourage pas. S'il n'a pas réussi à convaincre son malade, il l'immobilise et lui fait avaler les médicaments de force. Maintenant; si un de vos proche ne vous écoute pas, à vous de choisir la méthode qui convient le mieux. Cela dépend de la nature de la personne et du degrè d'amour qu'on a pour elle. Mais qui sait ce qui est bien pour telle ou telle personne? Seul un sage parfait peut le savoir. Et si ce sage parfait a une relation authentique avec ce disciple, il emploiera la force, si nécessaire, pour le ramener sur le bon chemin.

Q: Comment dépasser la négativité du mental en méditation?

V: Quand le mental est en tamoguna (la qulité de torpeur), il donne ujne impression de négativité. Il faut attendre que le guna change en Raja ou en Satva, et utiliser la pèriode de torpeur comme on peut, en répétaqnt le mantra (japam), en lisant des textes sacrés, ou en utilisant d'autres méthodes qui se sont montrées utiles dans des occasions semblables.


 

LETTRES A PRAN GOPAL MUKERJEE

 Les pages qui suivent consistent en la traduction de lettres à propos de Ma; elles ont été écrites en Bengali dans les années 1925-1926; c'est à dire le tout début de la vie publique de Ma; leur point commun, c'est qu'elles ont le même destinataire, Pran Gopal Mukerjee, l'un des premiers fidèles de Ma, un des premiers aussi à parler d'elle à un vaste public. Il occupait des fonctions administratives importantes, étant Directeur général adjoint des Postes à Dhaka, la capitale actuelle du Bengladesh, et il était disciple d'un maître renommé, Vallananda Brahmachari de Deogarh au Bihar.

Le fils de Pran Gopal, Govind Gopal est lui-même un pandit réputé: il a donné le paquet de lettres à Swami Nirvanananda de Dehradun. Swami Nirgunananda (Shantivrat) en a fait des copies et les a traduites du bengali en anglais à l'ashram de Ma Anandamayi à Dhaulchina (près d'Almora, Kumaon, Himalaya), qui est à vrai dire un ermitage où il réside depuis douze ans; avant lui, Swami Vijayananda avait passé sept ans de solitude à cet endroit. Swami Nirgunananda fait partie du cercle intérieur des disciples de Ma. La traduction a été prise en note et tapée par Jacques Vigne qui était à cette époque (mars 98) en retraite à Dhaulchina.

Cette sélection de textes est simultanément publiée pour ce numéro du Jay Ma, pour le site Internet de Ma en français et en anglais et pour la version bengali d'Amrita Varta. Bien que cette correspondance n'apporte pas de notions révolutionnaires à propos de Ma, elle offre un matériel de première main qui a le parfum de fraîcheur émanant des récits de témoins directs des évènements.. De plus, ils confirment l'authenticité d'épisodes rapportés par Gurupriya Devi dans son journal, ou par Bhaiji dans Matri Darshan, comme la Kali Puja de 1925 à Dhaka ou la maladie de Bholonath en 1926, qui a été suivie par une période de jada samadhi (samadhi inerte) de Ma.

En avril 1924, Ma et Bholonath ont déménagé de Bajitpur à Shahbag, un grand jardin de Dhaka appartenant à la fille du Nawab

de la ville. Ma avait commencé à cette époque son 'jeu de sadhana' qui lui a permis d'explorer en un temps court les différentes sortes de sadhana possibles, mis à part le tantrisme de la main gauche. Cela lui a permis de guider par la suite chaque sadhaka dans sa propre voie spirituelle, une capacité rare chez les autres gurus. Elle avait observé une péride de 23 mois de silence jusqu'en décembre 1925 et elle avait annoncé en début 1926 qu'elle souhaitait reprendre une période de semi-silence pendant cinq ans, où elle ne répondrait qu'aux questions portant sur des sujets religieux.

Finalement, elle abandonna cette idée à cause des supplications de ses fidèles et de son entoura ge familial. A cette époque, et ce pendant plusieurs mois, elle ne mangeait que très peu : trois bouchées de nourriture, y compris l'eau, les lundis et jeudis, et seulement cinq grains de riz les autres jours. Malgré cela, elle était en bonne forme physique. C'est à cette époque également qu'elle a cessé de s'alimenter elle-même. Le 26 janvier 1926, Ma est rentrée pour la première fois en extase devant un vaste public. Bholonath avait organisé un kirtan à l'occasion d'une éclipse du soleil, évènement qui est célébré par des pratiques spirituelles dans la tradition hindoue. Ma a ausi pour la première fois en public émis des mantras et des hymnes spontanés dans une langue ressemblant au sanskrit sans cependant en être vraiment. Elle se mit à être enveloppée par une aura de miracle, et les gens commencèrent à se presser autour d'elle avec toutes sortes de demandes -souvent mondaine il faut bien le dire : réussite aux examens, guérison de maladies, etc...

L'auteur principal de ces lettres est Atal Bihari Bhattacharya, aussi désigné sous le nom de Atal ou Atul Babu.. Il était enseignant à l'Université de Rajshahi, une ville du Bangladesh. Ma lui a dit qu'il était son fils, mais l'a découragé de s'engageait sur la voie du renoncement complet, lui faisant sentir qu'il s'agissait d'une décision prémature. L'autre auteur des lettres est Baul Basak, aussi appelé Baul Dada (Dada signifie 'grand frère'). C'était l'ami d'enfance de Bholonath, et à cet époque il était toujours alentour prêt à rendre service. C'est lui qui a fait découvrir à Ma Siddeshari, un temple dans un endroit isolé dont Ma qvait eu la vision avant même d'y aller physiquement. C'est là que de nombreux épisodes important se sont passés, et que Bholonath s'est initié progressivement à la vie de renonçant. Dans une des lettres ci-dessous, il est intéressant de voir comment Ma a permis à Baul Basak de rejouer en réalité une vision mystique qu'il avait eu à propos d'elle.

En troisième partie de ces textes, nous avons mis quelques questions et réponses de Ma extraites des lettres, et en quatrième une hymne à la Mère divine composée par Girija Shankar Bhattacharya, qui était aussi un visiteur de Ma à cette période.

Celle-ci a eu une effet durable sur le destinataire de ces lettres, Pran Gopal Babu. Son fils écrit à son sujet après sa mort:"A chaque fois que mon père parlait de Shri Ma, il y avait dans sa voix un frémissent de crainte sacrée et de respect profond qui est resté intact au fil des années.. il savait qu'elle était une enseignante venue pour montrer la voie. Il lui demandait très souvent:"Ma, quand vous révèlerez-vous?" et elle se contentait de sourire..." (cité par Bithika Mukerjee dans A Bird on the Wing (Un oiseau sur la branche), la version révisée de sa biographie de Ma, parue tout récemment à Delhi (Satguru Publications, 1998)

A la fin de cette introduction, nous pouvons mentionner l'intérêt de l'Internet pour porter rapidement ces documents authentiques sur les premières années de Ma comme Guru à la connaissance d'un public mondial de chercheurs spirituels et d'étudiants ou chercheurs en sciences religieuses. Cette diffusion aurait été impensable il y a seulement quelques années, quand la communication du savoir était presque monopolisée par le système lourd et lent de la publication de livres.

A) LETTRES D'ATTAL BIHARI (principalement mars 1926)

Dans ces lettres, nous voyons clairement la manière dont le monde des dieux et celui des hommes se mélangent en présence d'une sage comme Ma. A cette époque, nous avons déjà mentionné qu'elle avait annoncé qu'elle observerait cinq ans de semi-silence, où elle ne répondrait qu'aux questions spirituelles. La veille au soir du jour fatidique où elle devait commencer son voeu, une foule avide de grâces et de faveurs plutôt pour leur vie mondaine s'était rassemblée auprès de Ma... Finalement, Atal Bihari et Pishi Ma (la soeur de Bholonath, qui aidait Ma dans le travail de la maison à cette époque) insistèrent tellement que Ma abandonna son idée. Dans le texte ci-dessous, elle discute avec Atal Babu de son désir de renonciation.

1) "Pourriez-vous supporter de me voir uniquement vêtue d'oripeaux et d'écorces d'arbres?"

Ma: Trouvez-vous difficile d'aller vivre à Rajshahi en me laissant là

Atal Babu: Certainement; Ma.

Ma: Mais ce n'est pas possible de rester auprès de moi et d'accomplir ses devoirs d'homme dans le monde en même temps. Si vous voulez rester, vous devez mener la vie d'ermite en forêt; et évidemment, j'aurai aussi à la mener en votre compagnie.

Atal: Qu'il en soit ainsi, Ma!

Ma: Pouvez-vous endurer les difficultés de ce type de vie?

Atal: Avec votre bénédiction et en votre compagnie, je suis sûr d'en être capable.

Ma: Vous souvenez-vous, tout récemment, c'était très important pour vous de ranger ma cuisine qui était quelque peu désordonnée. Vous m'achetez sans cesse des vêtements et vous vous souciez beaucoup de moi. Que va-t-il donc se passer quand vous me verrez vêtues simplement d'oripeaux et d'écorces d'arbres (la tenue traditionnelle des renonçants dans la forêt). Serez-vous capable de tenir le choc? Et si vous me dites:"Je n'arrive pas à vous voir dans cette tenue!", je m'en irai...

Atal: Ma, vous me soumettez à la plus difficile des épreuves. Il vous reste à me donner la force de la réussir! Que votre volonté soit faite de toutes façons; mais ce sera réellement une pénitence pour moi de vivre à Rajshahi en vous laissant ici. Après cette converstaion, Ma consola Atal et lui donna des conseils pour sa pratique.

2) Ma reconnaît qu'Atal est son fils, mais ne lui permet pas de toucher ses pieds

Un jour, Pishi Ma ainsi que moi-même demandèrent à Ma la grâce de mourir avant elle.. Elle répondit à Pishi Ma:"C'est à vous de me donner votre bénédiction pour que je meure avant toi et avant Bholonath!" Et elle ajouta en se tournant vers moi:"Comment cela se pourrait-il qu'un fils meure avant sa mère?" cela me fit très plaisir que Ma me reconnaisse comme son fils pour la seconde fois en ses propres termes. C'est à ce moment que je compris qu'elle ne prendrait pas son voeu de silence tant que Pishi Ma et moi-même serions en sa compagnie. Telle était sa compassion.

Après cela, je décrivis à Ma certaines expériences spirituelles et lui demandai la grâce de pouvoir les maintenir ma vie durant. Elle me répondit:"Avez-vous parlé de tout cela à Pran Gopal Babu?" "Oui, Ma, non seulement à Pran Gopal, mais aussi à son Guru Vallananda de Déogarh, et les deux m'ont dit que j'étais sur le bon chemin et que si je continuais comme cela je finirai par atteindre le but. De plus, Pran Gopal m'a demandé de vous décrire tout ceci en détail et de vous demander votre grâce." En entendant cela, Ma sourit et se tournant vers Bholonath lui demanda:"Que dois-je dire?" Bholonath répondit"Ce que vous voulez!"

Atal Babu: Ma, à chaque fois que je vous pose une question, vous demandez la permission de répondre à quelqu'un d'autre, mais un fils a toujours envie de communiquer directement avec sa mère.

Ma: Ne demandez-vous pas la permission à votre Guru pour faire tout ce que vous avez à faire?

Atal: Certes, et je demande même la permission avant de dire quelque chose!

Ma: Ne parlez pas alors de quelqu'un d'autre (ce qui veut dire que non seulement Ma considère son mari comme son guru, ainsi que le conseille la traidition indienne, mais qu'elle estime qu'il n'est pas différent d'elle-même.) Ma ajouta au sujet du désir d'Atal de maintenir le haut niveau d'expériences spirituelles qu'il avait eues" Je ne dirai rien maintenant, je répondrai quand le moment sera venu".

Atal: Donnez-moi au moins votre assurance spirituelle (lit 'abhay vani' 'paroles de non-peur')

Ma déclara par la suite à Bholonatn:"Si je décris à Atal son futur spirituel, il sera débordant de joie et en retirera un grand encouragemennt." Atal dit à Bholonath:"Je ne me soucie pas du tout de mon furtur. Ce que je souhaite, c'est son assurance spirituelle: que ce soit aujourd'hui, demain, dans dix ou vingt ans ou après ma mort, je désire revenir en Ma".

Atal avait reçu la permission de toucher les pieds de Ma à chaque fois qu'il venait, ce qu'il faisait avec une grande satisfaction, mais non sans redemander la permission à chaque fois. (toucher les pieds est un signe de respect courant pour un supérieur, professeur, parent ou guru). Mais un jour, Ma exprima son désaccord à ce sujet. Atal fut piqué au vif. Ma le prit avec Bholonath pour un entretien privé, lui expliqua les raisons pour lesquelles elle n'autorisait plus à ce qu'on lui touche les pieds et lui demanda de ne pas les divulguer. Ce qui est remarquble, c'est qu'à partir de ce moment, le désir qu'avait Atal pour toucher les pieds de Ma disparut complètement.

3) Ma s'identifie avec Bhadra Kali

Près du temple de Ramna Kali (Ramna Kalibari), il y avait un vieux temple de Shiva en ruines. J'allai à ce temple en companie de Ma et de Sonu, le fils de Pishi Ma (donc le neveu de Ma). Pour rire, nous avons décidé de faire la course. Sonu et moi-même avions beaucoup d'avance sur Ma, et au moment d'arriver au temple nous nous sommes tournés vers elle en plaisantant et en disant:"Vous avez perdu!" Mais à notre grande surprise, elle se mit à courir, nous dépassa et parvint au temple avant nous.

Nous sommes alors rentré dans celui-ci où elle retrouva un étudiant qui lui avait demandé la veille sa grâce pour réussir un exament qu'il devait aller passer sous peu à Calcutta. Elle lui indiqua comment offrir les fleurs d'hibiscus une à une à la déesse tout en récitant les prières appropriées. Il était onze heuure ou midi, et nous nous sommes rendu compte qu'elle était venu jusque là uniquement pour répandre sa grâce sur cet étudiant.

Le soir même, Ma était de retour à Ramna Kalibari avec quelques fidèles. Le responsable, Nityananda Giri, était en conflit pour des questions de propriétés du temple. Il avait demandé à Ma le moment favorable pour intenter un procès; elle lui dit ce soir-là de s'y prendre durant le mois de Magh (après le 14 janvier, le début des six mois favorables d'après la croyance hindoue). Tout d'un coup, Ma se mit à crier:"Où est-ce que vous en êtes, vous tous, ici!" Nous étions stupéfaits d'entendre de tels éclats. Ensuite elle s'adressa à Nityananda Thakur:"Tu ne peux plus me garder ici pour quelques temps, je m'en vais résider à Shabag (le lieu d'habitation de Ma et Bholonath). Vous pouvez venir là-bas si vous le souhaitez, mais je ne viendrai pas ici!" Ma disait cela d'une voix réellement rauque, puis elle éclata d'un rire violent et sortit du temple. Elle agitait la main comme si elle expulsait quelqu'un en disant:"Vas-t-en! Vas-t-en!" Elle alla ensuite à l'intérieur du samadhi (temple autour de la tombe) d'un saint qui se trouvait dans la cour et nous demanda de retourner à l'intérieur du bâtiment principal car elle voulait rester un certaiin temps dans le samadhi.

(dans une autre lettre) Atal Babu rapporte qu'ils ont demandé à Ma les raisons de son comportement inhabituel. Elle se mit à dire quelques mots, mais s'arrêta tout d'un coup et dit:"J'ai le kheyal (une inspiration divine qui ne laisse aucun doute) que si j'explique cela juste maintenant, je vais perddrre ma capacité de parler". Cependant, elle fit allusion à la façon dont Bhadra Kali avait été mécontente du comportement malvenu, pour ne pas dire mécréant de Nityananda Giri et à la manière dont elle avait choisi de s'exprimer à travers le corps de Ma. Sonu demanda:"Si la Déesse-mère n'est plus à Kalibari, est-ce que les offrandes de ceux qui vont la visiter seront acceptées; et leurs prières exaucées?" Ma répliqua:"La Mère est présente toujours et partout, mais dans les lieux de pèlerinage (tirtha) et dans les endroits sacrés, son pouvoir se manifeste tout particulièrement. D'habitude, elle sera toujours à Ramna, mais pour quelques jours on n'y sentira plus son pouvoir spécial. Cependant, ceux qui ne le savent pas et qui viendront la prier de bonne foi verront leurs prières exaucées."

4) Baul Bask est autorisé à rejouer sa vision

En méditation profonde, Baul Dada s'était vu lui-même en train de faire des cercles avec le trident de Shiva (trishul) autour de la tête de Ma et de Bholonath. Il parla de cette vision à cette dernière. Pendant que tout le monde discutait à ce sujet, Pishi Ma dit à Bholonath:"Je vais te metttre entre les mains un trident"; et Ma approuva l'idée. Le lendemain matin à 10 heures, Baul Dada vint à Shahbag. Ma lui demanda d'aller immédiatement à Siddeshwari, de rencontre là-bas une bhairavi (une ascète tantrique) et de rapporter son trident. Je l'accompagnai; en chemin, nous avons pris des fleurs et des fruits en guise d'offrande au temple mais en arrivant, nous nous sommes rendu compte qu'il y avait foule, et avons décidé de les disposer plutôt sur le mahasana (une plateforme de ciment qu'on avait spécilement construit pour Ma dans la cour du temple). Nous avons placé le trident sur la plate-forme, l'avons honoré par un rituel puis nous l'avons rapporté à Shahbag pour le déposer dans la chambre de Ma. Sur le chemin du retour, Baul chantait continument le nom de Shambu (Shiva)

Ce soir-là, je plaçai deux asanas (petits tapis de méditation) et demandai à Bholonath de s'asseoir sur celui de droite tandis que Baul Dada priait Ma de prendre celui de gauche. Celle-ci dit non sans humour:"Je suis si fatiguée que je ne peux sortir du lit!" Nous pouvions nous apercevoir sans doute possible qu'elle était en fait dans un état spirituel particulier (bhâva), tous ses membres étaient raidis. Après quelques temps, elle redevint normale. Voyant Pishi Ma qui revenait avec le trident de la chambre d'à côté, elle se mit à plaisanter:'Tu me fais peur! Vas-tu me donner un coup de trident?" A ce moment-là, Pishi Ma avait vraiment l'air d'une bhairavi avec son trident et son visage resplendissait d'un éclat qui éveillait une crainte sacrée. Elle mis le trident dans les mains de Bholonath et rentra de suite dans une méditation profonde qui dura quelques temps. Bholonqth donna le trident à Baul Dada, qui commença à le passer au dessus de la tête de Ma et de Bholonath en faisant des cercles. Il paraissait saisi d'une folie sacrée (de fait, Baul en bengali signifie 'fou', avec une nuance de folies sacrée, comme dans le cas des chanteurs mystiques errrants du même nom; cf le livre d'Aurore Gauer sur le sujet). Au bout d'un certain temps, Ma lui dit:"Maintenant; tu comprends pourquoi il y a un trident dans la main de Shiiva". De fait, Baul Dada avait posé cette question à Ma quelques jours auparavant, mais elle n'avait pas donné de réponse.

Baul Dada se mit alors à expliquer ce qui suit:"Le Seigneur Shiva est Mahadev (le grand Dieu, un nom qui peut s'appliquer également à Vishnu, celui qui protège l'univers); Mahakal (lit 'le grand Temps', c'est à dire le destructeur, rôle attribué à Shiva) et le Créateur de cet univers. (Ceci indique que l'essence de Shiva est supérieure à la Trimurti de brahma, Vishnu et Shiva dans sa forme réduite seulement à la fonction de destruction).

Il a en main la Nature sous forme de trident, dont les trois flèches correspondent aux trois gunas (tamas, rajas et sattva). Il frappe sans cesse le monde avec, d'où le malheur. Il ajouta:"Kashi ('la resplendissante'; le nom traditionnel de Bénarès) est la capitale de Shankar (Shiva) et elle est placée sur le trident, ce qui signifie qu'elle ne fait pas partie de cet univers. Ce royaume est au-delà du monde physique, c'est pour cela qu'on n'y trouve ni plaisir, ni douleur et qu'on dit qu'il n'y a pas là-bas de tremblement de terre. Dans ce microcosme qu'est le corps, les cinq éléments et les trois qualités (gunas) correspondent aux cinq chakras inférieurs et au trois canaux (ida, pingala et sushumna). Le chakra entre les deux yeux (ajna) est au-delà, et de fait les pratiquants du tantrisme l'appellent 'Kachi'. Quand le mental se stabilise à cet endroit, il n'y a pas de 'tremblement de terre', c'est à dire que les perturbations émotionnelles et mentales se calment). Ma approuva ces explications.

B) EXTRAITS D'UNE LETTRE DE BAUL BASAK

Ma évoque sa propre expérience

A Siddheshwari, les fidèles de Ma avait construit une petite plateforme pour qu'elle puisse s'y asseoir quand elle se trouvait là-bas. Ils souhaitaient la consacrer pendant les neuf nuits (nava-ratri) consacrés à la déesse à l'occasion de Durga-Puja (en octobre 1925). Ils préparèrent un repas pour cent personnes, mais en fait trois cent vinrent. Malgré cela, tout le monde a été rassasié et il y avait encore des restes. Ce genre de fait se reproduisait souvent avec Ma.

Ensuite Ma se mit à évoquer certaines de ses expériences spirituelles:"Dans la période qui suit le réveil, j'oublie complètement le monde extérieur, je ne sais plus où je me trouve, si c'est sur le sol, dans l'eau ou en l'air, si j'habite un bâtiment en dur ou une cabane, s'il fait jour ou nuit et si j'ai ou non du monde qui m'entoure. Après un temps assez prolongé, la perception de l'extérieur revient. Le corps est complètement inerte. Je n'ai pas de sensation particulière de ses parties comme les mains, les pieds, les yeux, les oreilles ou le visage... J'ai simplement le sentiment qu'il y a une motte de terre qui se trouve là. A l'intérieur, c'est comme si il y avait du verre propre et massif qui ne laisse pénétrer ni mauvaise odeur ni air vicié. Si pourtant ils réussisent à rentrer, il est trés difficile de s'en débarasser. Je ne peux faire quoi que ce soit contre cela de mon propre chef. Si on me force à faire quelque chose pendant cette pèriode, cela me fait mal. Il vaut mieux ne pas s'alimenter. Si je le fais, mon corps me brûle, il y a une transpiration abondante et la respiration est perturbée. Et si on m'appelle, j'ai l'impression qu'on me frappe la tête. Si je réponds à l'appelle de quiconque dans ces moments, il se peut que je devienne folle."

C) QUELQUES QUESTIONS ET REPONSES

(Dans une lettre , Pran Gopal Babu avait probablement critiqué quelqu'un; Ma lui répond ce qui suit:)

- Celui qui cherche Dieu ne doit pas critiquer ou dire du mal des autres. Si vous voyez quelqu'un, n'essayer pas de l'étiqueter "bon" ou "mauvais". Sinon, votre attrait pour Dieu en sera diminué et vous aurez la tentation de vous auto-glorifier. Mieux vaut regarder en dedans de soi-même.

Q: Comment puis-je me débarasser du sens de 'moi' et de 'mien'"?

- Ma : Effacez ce 'a' au début de 'amar' (mien), ce qui restera 'mar' signifie 'appartenant à la Mère, de la Mère'...Les cinq organes d'actions et les cinq sens peuvent faire leur travail, mais restez fixés sur le nom; à ce moment-là, votre égo s'atténuera progresivement. Quand vous sentez que le mantra commence à se réciter spontanément à l'intérieur, cela veut dire également que l'égo diminue.

Q: Ma, vous avez atteint le sommet de la sadhana avez-vous vraiment besoin d'observer toutes ses règles qui sont si strictes.

- Il faut bien que je demeure en ce monde; le contrôle de soi est nécessaire pour que l'égo ne prenne pas le dessus. (Ma veut donner l'exemple aux autres, car en tant que sage elle est prise comme une référence).

Nani Babu demanda à Ma:;"Vous êtes la miséricorde même, vous devez enseigner au monde la non-violence (ahimsa). Pourquoi donc à ce moment-là vous avez si soif de sang?" (Ma était d'une famille de Shakta, les adorateurs de la Mère divine Shakti; dans cette tradition, il y a des sacrifices animaux, alors que dans la tradition vishnouïte également trés répandue au bengale, ceux-ci sont sévèrement condamnés. D'où un perpétuel point de frottement entre les deux groupes.)

- Ma, dans un état d'être particulier (Nani Babu venait de s'adresser à elle comme si elle était directement la déesse): "Je suis en train de boire mon propre sang (une allusion à Chinnamasta, 'celle à la tête coupée' qu'on représente en train de boire son propre sang et d'en offrir à ses deux compagnes Jayâ et Vijayâ qui étaient assoiffées). Je suis nirahara ('sans nourriture', ce qui peut signifier soit 'je ne prends pas d'autre nourriture' ou bien 'je n'ai pas pris de nourriture', donc 'je suis affamée'). Je suis l'univers tout entier.

- Pourquoi avez-vous une telle avidité pour les sacrifices sanglants?

- Pour moi, tout se vaut. Qu'est-ce que le sacrifice? Qu'est-ce qui n'est pas sacrifice? Pourquoi cueillez-vous des fleurs et des fruits des arbres? Pourquoi récoltez-vous ce qui pousse dans les champs? Tout ce que vous prenez n'est que sacrifice. La divinité principale de ce lieu (Chinnamasta) est en train de boire son propre sang? Elle absorbe tout et donne tout en retour.

D) UNE HYMNE A LA MERE

par Girija Shankar Bhattacharya, qui était à l'origine d'Ashtagram et est devenu Professeur à Calcutta). Cette hymne a été écrite en 1943 en bengali et immédiatement traduite en anglais par l'auteur lui-même. A cette époque, les gens qu'il évoque comme Bhaiji et Bholonath étaient déjà décédés).

1) Je m'incline devant la Mère de l'univers toute pénétrée de joie (Shri Shri Anandamayi), encore et encore, je m'incline devant celle dont le sourire radieux dissipe complètement les ténèbres du mental; dont les paroles de douceur sont fascinantes pour chacun et dont l'affection transforme toute personne en la Mère elle-même.

2) Je m'incline devant la Mère de l'Univers, toute pénétrée de joie (Shri Shri Anandamayi), encore et encore je m'incline devant cellle dont la vie mystèrieuse (lit 'dont la vérité à propos d'elle-même) est au-delà de la compréhension des êtres humains; et qui, bien que vivant toujours et sans interruption dans la joie de Brahman se déplace dans le monde librement pour le bien de ceux qui sont rejetés; comme un mère véritable, pleine de patience infinie et d'une promptitude infinie à pardonner les transgressions.

3) Je m'incline devant la Mère de l'univers, toute pénétrée de joie (Shri Shri Anandamayi) dont la miséricorde est ma seule espérance; oui, d'une manière infiniment gracieuse se manifeste même dans les esprits qui ont tendance aux mauvaises pensées et les remplt d'extase; celle qui reçoit l'abandon (surrender) total des êtres humains sensés qui considèrent ceci comme étant leur seul devoir.

4) Je m'inclinedevant Bholonath qui possède un corps de joie (ou 'qui est un second Nityanand, le disciple principal de Chaitanya Mahaprabhu) et je m'incline devant le suprême bhakta qui est parvenu à l'unité avec l'éclat foudroyant de Brahman (allusion qu premier nom de Bhaiji, Jyotish qui signifie littéralement dieu de la lumière). Je m'incline mille fois devant celui qui répond au nom de Gopal et qui a consacré son souffle (prana) au service du Seigneur (ou 'au vénéré Pran Gopal, Pran signifiant 'le souffle', Pran Gopal Babu étant, rappelons-le, le destinataire des lettres ci-dessus). Encore et encore je m'incline devant Ram Chandra, qui a accès aux mystères les plus profonds. (Ram Chandra Chakravarti avait une réputation de sainteté et il fut le premier a déclarer que Ma était Jagadamba, la Mère de l'univers elle-même).

 


 

YOGA-VASISHTHA SARA

Traduit de l'anglais par Vyasan

 L'irréalité du monde (suite)

Tout comme les arbres sur la rive d'un lac sont reflétés par l'eau, de même tous ces objets variés se reflètent dans le vaste miroir de notre conscience.

Cette création, qui est un simple jeu de la conscience, apparaît de la même manière qu'une corde qu'on prend pour un serpent (lorsqu'il y a ignorance), et elle prend fin lorsqu'il y a connaissance juste.

Bien qu'en réalité l'asservissement n'existe pas, il s'accroît par le désir envers les jouissances du monde; lorsque ce désir diminue, l'asservissement s'affaiblit.

'Cela' imagine toute chose à chaque instant, rapidement et librement: c'est la raison de la projection de ce spectacle magique qu'est le monde à l'état de veille.

Ce monde, bien qu'irréel, semble exister, et il est la raison de la souffrance tenace de l'ignorant, tout comme un fantôme est cause de frayeur pour un enfant.

Celui qui ne sait pas ce qu'est l'or ne voit que le bracelet. Il n'a pas la moindre idée que c'est purement de l'or.

De la même façon, villes, maisons, montagnes, serpents etc... sont tous des objets séparés. Du point de vue de l'Absolu, ce monde objectif est le sujet (le Soi) lui-même; il n'est pas séparé du Soi.

Le monde est empli de souffrance pour l'ignorant, et de félicité pour le sage. Le monde est obscur pour l'aveugle, et lumineux pour celui qui a des yeux.

La félicité, pour un homme de discirmination qui a rejeté le samsara et abandonné tous les concepts mentaux, augmente constamment.

Comme les nuages qui apparaissent soudainement dans un ciel clair et se dissolvent aussi vite, l'univers entier apparaît dans le Soi et se dissout en lui.

Celui qui considère que les rayons du soleil ne sont pas différents de celui-ci et qu'ils sont le soleil lui-même, est déclaré être nirvikalpa (l'homme qui ne différencie pas).

De même que quand on analyse un vêtement, on s'aperçoit qu'il n'est fait que de fil, de même, lorsqu'on fait une recherche sur ce qu' est le monde, on le perçoit comme étant uniquement le Soi.

Ce monde fascinant se dresse comme une vague dans l'océan d'ambroisie de la conscience et se dissout dans celle-ci. Alors, comme pourrait-il être différent d'elle en ce moment (entre son apparition et sa disparition)?

Tout comme l'écume, les vagues, les embruns et les bulles ne sont pas différents de l'eau, de même ce monde qui est sorti du Soi n'est pas différent du Soi.

Tout comme l'arbre avec ses fruits, ses feuilles, ses lianes, ses ramilles et ses racines existe dans la graine de l'arbre, de même ce monde manifesté existe en Brahman.

De même qu'un pot en terre redevient ultimement de la boue, les vagues de l'eau et les bijoux de l'or, de même ce monde qui est sorti du Soi retourne ultimement au Soi.

Le serpent apparaît lorsqu'on ne reconnaît pas la corde. Il disparaît lorsqu'on reconnaît la corde. De la même façon, ce monde apparaît quand le Soi n'est pas reconnu. Il disparaît quand le Soi est reconnu.

C'est uniquement notre oubli du Soi invisible qui cause l'apparition du monde, de même que l'ignorance du fait que c'est une corde cause l'apparition du serpent.

Tout comme le rêve devient irréel durant l'état de veille et l'état de veille durant le rêve, de même la mort devient irréelle dans la naissance et la naissance dans la mort.

Ils ne sont donc ni réels, ni irréels. Ils sont effets de l'illusion, simple impression surgissant de quelques expériences passées.


La dissolution du mental

1. La conscience qui n'est pas divisée s'imagine les objets désirables et se rue après eux. Elle est alors connue comme étant le mental.

2. A partir de ce Seigneur suprême omniprésent et omnipotent apparaît, comme des ondulations sur l'eau, la puissance d'imaginer des objets séparés.

3. De même que le feu attisé par le vent est éteint par ce même vent, de même, ce qui est né de l'imagination est détruit par l'imagination elle-même.

4. Le mental est venu à l'existence par cette imagination, à cause de l'oubli. Comme l'expérience de notre mort que l'on peut faire en rêve, il cesse d'exister lorsqu'il est examiné minutieusement.

5. L'idée d'un Soi dans ce qui n'est pas le Soi est dû à une compréhension incorrecte. L'idée de la réalité dans ce qui n'est pas réel, sache, ô Rama, que c'est le mental. (chittam)

6. 'Il est ceci' 'je suis cela' 'ceci est à moi': le mental est constitué de telles idées. Il disparaît quand on médite sur ces fausses idées.

7. C'est la nature du mental d'accepter certaines choses et d'en rejeter d'autres. Cela est de l'asservissement; rien d'autre.

8. Le mental crée le monde; le mental est l'individu (autre traduction possible: le particulier, purusha); seul ce qui est fait part le mental est considéré comme réalisé, et non pas ce qui est fait avec le corps. Le bras avec lequel un homme enlace sa femme est le même que celui avec lequel il enlace sa fille.

8. Le mental est la cause, ce qui produit les objets de perception. Les trois mondes reposent sur lui. Il doit être éliminé, purifié par l'effort.

10. Le mental est lié par les impressions latentes (vasanas). Lorsqu'il n'y a pas d'impressions, il est libre. Ainsi donc, ô Râma, fais surgir rapidement par la discdrimination l'état dans lequel il n'y a pas d'impression.

11. Tout comme une traînée de nuage ternit la lune (semble la ternir) ou une tache d'encre un mur blanchi à la chaux, ainsi l'esprit malin du désir ternit-il l'homme intérieur.

12. O Râma, celui qui a l'esprit tourné vers l'intérieur offre les trois mondes comme une oblation d'herbe sèche dans le feu de la connaissance.

13. Lorsqu'on connaît la vérité au sujet de l'acceptation et du rejet et que l'on ne pense à rien d'autre qu'à demeurer en soi-même, abandonnant toute chose, alors le mental n'apparaît pas.

14. Le mental est abominable à l'état de veille, doux dans l'état de rêve, engourdi dans le sommeil et mort lorsqu'il n'est pas dans un de ces trois états.

15. De même que la poudre de la graine de kataka, une fois qu'elle a condensé les impuretés de l'eau, se fond dans l'eau, de même le mental, après que les impressions aient été effacées, s'immerge (dans le Soi).

 

OTONO

Gota a gota

al viento

al vacio

todo aquello que formaba mi yo:

el ser humano que creao ser

la mujer que creo ser

la amiga que creo ser

la hija que creqo ser

la aventurera que creo ser...

Se me caen las hojas

Y me quedo libre,

Libre para ser

Lo que en realidad soy,

Para serlo todo

todo

y nada,

que es lo mismo

y tambien la nada cae

AUTOMNE

Goutte à goutte

Au vent

Au vide

Tout ce qui formait mon moi:

L'être humain que je crois être

la femme que je crois être

l'amie que je crois être

la fille que je crois être

l'aventurière que je crois être...

Les feuilles se détachent de moi,

et je me retrouve libre,

libre d'être

ce qu'en réalité je suis,

pour l'être tout entier

tout

et rien

ce qui est le même

et le rien aussi se détache.

TAN SOLO

Reflejos en el lago.

Azul esperado que nunca llega.

Entre mis dedos

Se me escapa el cielo.

Un cielo de azules brillantes

profundos

abiertos.

Un cielo que no tiene dueno

Ni puedo poseer.

Un anhalo.

Un sueno que es tan solo eso...

Un cielo reflejado

En las aguas del lago.

Tan solo eso.

SI SEUL

Reflexions sur le lac.

Azur espéré qui jamais n'arrive.

Entre mes doigts

M'échappe le ciel.

Un ciel d'azurs brillants

profonds

ouverts.

Un ciel qui n'a ni maître

Ni ne peut posséder.

Une aspiration.

Un rêve qui est si seul

Un ciel reflété

Dans les eaux du lac.

Si seul.

Poèmes de Maria Ruiz Carrascal, envoyés en 1998.
Maria est venue deux fois à Kankhal, dont une fois cinq semaines. Elle a ensuite quitté l'Espagne où elle enseignait pour s'installer dans un ashram au Canada pendant un an environ, puis elle est restée là-bas et vit souvent en retraite proche de la nature. Sa famille maternelle est originaire d'Avila, la patrie de la grande Sainte Thérèse.
 
 

EN COMPAGNIE DE MA ANANDAMAYI

par Amulya Kumar Datta Gupta

(suite)

 Une autre fois, je partis le matin pour rencontrer Ma et m'asseoir tranquillement avec elle en récitant le Nom de Dieu. Je rencontrai en chemin Ganesh Babu. Il allait également à l'ashram de Siddheshvari. En le voyant, je ne pus m'empêcher de penser que peut-être le but que j'avais en allant voir Ma ce jour-là ne pourrait se réaliser. Car lorsqu'elle était avec moi seulement, Ma ne se laissait guère aller à parler. En fait, elle ne parlait que rarement, et il fallait pour cela qu'elle y soit poussée par des questions. Mais Ganesh Babu n'était pas du genre à se tenir tranquille. Il avait l'habitude de pousser Ma dans ses derniers retranchements en la mitraillant litéralement de questions. Quoi qu'il en soit, nous arrivâmes à l'ashram de Siddhesvari. Nous nous étions à peine assis après avoir salué Ma qu'elle nous dit:"Babaji, attendez juste un petit peu, j'ai tout à coup vraiment envie de dormir'. En disant cela, elle s'allongea pendant que Didi l'éventait. Nous étions quatre dans la pièce, mais tous silencieux. Sashanka Babu était plongé en méditation, Ma faisait semblant ou essayait de dormir et à force de l'éventer, Didi était prise de somnolence. Ni Ganesh Babu ni moi-même n'aurions eu l'audace de troubler le silence profond de la pièce en parlant. Nous avons donc continué à chanter le Nom mentalement. Deux heures complètes s'écoulèrent de cette façon. La journée s'avançait et j'avais trés envie de retourner chez moi; mais Ma s'était endormie en nous disant d'attendre: comment aurai-je pu m'en aller sans l'informer? Aussitôt que j'en étais arrivé à penser cela, Ma s'assit et dit, 'Babaji, il se fait tard, n'est-il pas grand temps que vous rentriez chez vous?' Sans dire quoi que ce soit d'autre, nous la saluèrent et partirent. Sur le chemin du retour, je me disais sans cesse mentalement 'Notre Ma est une lectrice des coeurs, elle n'a pas besoin qu'on lui dise les choses avec beaucoup de mots: elle sait déjà tout par nos prières mentales. J'ai relevé nombre d'incidents de ce genre à lla fois banals et pourtant plein de signification, ce qui suggère que Ma peut facilement percer le fonctionnement de notre mental; même dans ses parties les plus cachées.

Des prières et des billets d'avion

Claude L. est passée par le Centre International de Ma à Kankhal à Noël l'an dernier. Elle nous a raconté la manière dont elle a eu son billet pour venir en Inde pour ce séjour. Elle était déjà venue en mai 96 avec le groupe de Claude Portal pour le Centenaire de Ma et la retraite avec Swami Chidananda à Uttar Kashi. Un jour, vers le milieu de 1997, Ram Swarup, l'assitant de Chidananda, l'a appelée et lui a dit:"Il faut que vous veniez à l'ashram de Shivananda à Rishikesh pour la retraite de Noël 97!" Elle lui a répondu "Je ne peux pas, je n'ai vraiment pas de fonds pour ce grand voyage!" Quelques temps plus tard, elle remarque qu'il y avait sur les boîtes aux lettres un courrier d'Air France destiné à quelqu'un qui ne devait pas habiter là puisqu'il n'était pas pris. Après quelques jours et malgré ses enfants qui ne lui disait de ne pas s'en mêler, elle ouvre la lettre et voit qu'il s'agissait d'un billet d'avion. Elle téléphone dans la matinée à l'agence, la dame vérifie et lui dit qu'ils ont inversé les deux chiffres du numéro dans le Boulevard. Du coup, Claude convient avec elle qu'elle portera le billet un peu plus loin à la bonne adresse, ce qu'elle a fait. L'après-midi, le directeur de l'agence l'appelle, lui dit qu'il a déjeuné avec son employée, qu'il trouve que des gens honnête et serviables comme Claude, il n'y en a pas beaucoup, parle avec elle et lui propose en remerciement un billet pratiquement gratuit pour la destination qu'elle voulait. Elle lui dit qu'elle veut aller en Noël en Inde, les dates pour venir et

repartir de la retraite était juste en dehors des journées de grands départs, et elle a donc pu avoir son billet...

 QUAND MA MONTRE DU DOIGT..

Par Ram Alexander

Cette histoire nous a été raconté par Ram Alexander, qui a passé dix ans avec Ma et s'était fait construire à l'époque une maisonnette dans l'ashram de Kankhal. Il est repassé à Noël pour aider à finir d'installer le Centre International et sa bibliothèque, qui compte maintenant plus de douze cent livres. Il nous a raconté le souvenir suivant à propos de Ma:

"C'était vers 1981, l'année avant que Ma ne quitte son corps. Nous devions tous aller à Uttar-Kachi à deux cent kilomètres environ en amont d'Hardwar, sur le Gange. Comme d'habitude, il y avait un convoi de véhicules qui suivaient la voiture de Ma, et comme d'habitude aussi, il y avait une jeu de compétition idiote à qui serait juste derrière elle. Cette fois-ci, nous avions décidés avec Gadadhar que ce serait nous coûte que coûte. Mais ce n'était pas du goût de notre chauffeur de taxi qui, lui, avait décidé de rouler lentement. Pris par le jeu, je montrais au chauffeur mon poing pendant que Gadadhar appuyait de son propre pied le pied du chauffeur qui pressait l'accélérateur...De cette façon, nous pouvions suivre Ma au plus près.

Sa voiture s'arrêta dans une station d'essence pour faire le plein. Nous nous étions embusqués sur le bord de la route juste après pour pouvoir de nouveau colller à son véhicule: mais voilà qu'arrivée à notre niveau, Ma fait ralentir et s'arrêter la voiture. Elle baisse la fenêtre et se met à pointer le doigt vers nous avec le bras tendu. Cette scène étrange a peut-être duré trente seconde, un temps qui nous a paru très très long. Tout le monde était plutôt déconcerté, car on ne se souvenait pas l'avoir jamais vue agir de cette façon. Quand elle est repartie, le chauffeur a voulu la suivre, mais la voiture n'a plus voulu s'ébranler: il ne comprenait pas d'où venait la panne, car son véhicule était plutôt récent. Finalement, il a été obligé de nous laisser sur le bord de la route et de le faire rapporter au garage d'Hardwar. Ils se sont aperçus là-bas que c'était l'essieu qui était cassé...

 

NOTRE MA ANANDAMAYI UNIVERSELLE

Personification de l'amour et de la compassion

par Chitra Ghosh

Ma était en mai 1961 à Bombay. Elle allait chercher à l'hôpital Gopinath Kaviraj qui s'était sorti quasi-miraculeusement d'une opération pour cancer.

Quand Ma rentra dans la chambre de Gopibaba, il était fin prêt pour sa sortie de l'hôpital en sa compagnie. Les docteurs et infirmières étaient très désireux de voir Ma, et s'étaient mis en ligne pour la saluer avec des guirlandes. Ma les accepta mais les leur retourna après les avoir bénites. Néanmoins, elle mis à part une grande guirlande de fleurs. On lui offrit aussi un panier de grosses pommes rouges. Elle les distribua toutes sauf deux belles pièces qu'elle me demanda de conserver avec la guirlande en me disant en bengali "Rakho parey lagbe" "Mets-les de côté pour les distribuer par la suite".

Puis Ma, avec sa douce voix débordante de compassion, remercia les docteurs et infirmières pour les services infatigables et désintéressés qu'ils avaient rendus au Baba. Ils lui dirent tous:"Ce sont vos bénédictions; votre kheyal (inspiration divine) et votre grâce qui ont sauvé Baba par miracle. Nous ne sommes que les instruments de Dieu, rien d'autre!"

A ce moment-là, j'ai entendu une voix faible qui semblait pleurer et marmonner trois fois "Ha Allah". J'allais voir à la porte de la chambre d'à côté. Ma s'occupait à ce moment-là de l'organisation du départ de Baba en chaise roulante. Dans la chambre d'à côté je vis un musulman arabe, un patient cancéreux avec une barbe et des cheveux noirs qui gisait étendu de tout son long sur le lit. Son corps était tellement émacié qu'on aurait dit un sqelette. Sa poitrine était enfoncée, et des larmes de souffrance aigües roulaient sur ses joues creusées. Il était secoué de hoquets intermittents. De temps à autre il disait faiblement:'Ah, Allah!' Il avait les yeux fermés. L'infirmière qui s'en occupait me dit qu'il était un cancéreux au stade terminal.

Je retournai auprès de Ma. Elle commença à se diriger vers le couloir et les ascenseurs avec Gopibaba et sa troupe de docteurs et d'infirmières. Soudain, elle revint sur ses pas et sans un mot se dirigea d'un pas ferme vers la chambre du patient arabe. Bhaiya avait l'air stupéfait, Paramanandaji serein; Gopibaba et les autres étaient comme envoûtés et stoppèrent en chemin tout ébaubis!

J'entrai avec Ma dans la chambre du patient arabe. Bhaiya et les autres restèrent dehors. Ma dit en souriant:"Baba, je suis venue, regardez-moi!" Tout en disant cela, elle caressa la poitrine affaissée du cancéreux au stade terminal trois fois d'un geste de la main doux, céleste et plein de félicité. Je ressentis qu'en faisant ainsi, Ma lui donnait la libération de ses liens humains et de ses attaches mortelles. Elle essuya ensuite ses larmes qui coulaient à flot avec le coin de son dhoti. Puis elle prit la guirlande de roses rouges et la plaça sur la poitrine et le cou du patient musulman. Peu après, elle me pris une des deux pommes et la déposa dans ses mains jointes. Elle donna la seconde à l'infirmière. A ce moment-là, le patient ouvrit lentement les yeux et lança un long regard plein de gratitude vers Ma -il lui prit les mains et les mis sur sa tête. Ma lui fit signe de répéter à l'intérieur son mantra du Coran. Leurs regards plongèrent l'un dans l'autre. Elle resta debout cinq minutes à son chevet, et ses yeux le traversait comme des rayons X: elle donnait l'impression d'embrasser d'un seul regard son passé, son présent et son futur. Je ne pus que pleurer en voyant cette union spirituelle entre un fidèle authentique et Dieu (bhakta bhagabaner milon en bengali) qui transcendait de loin les barrières de castes, de croyances et de nationalités. Notre Ma toute pénétrée de joie savait bien que ce premier darshan qu'il avait d'elle serait aussi le dernier. Elle marcha à reculons à la place de faire demi-tour afin que le patient puisse la voir de face jusqu'à ce qu'elle sorte. Les docteurs dirent à Ma que ses jours étaient comptés.

Le matin suivant je pris l'initiative de demander à Bhaiya de se renseigner sur l'état du patient. Il m'annonça dans l'après-midi qu'il venait de s'éteindre paisiblement dans la nuit. Je me précipitais pour le dire à Ma, mais avant que je n'ai pu ouvrir la bouche elle me dit en bengali:"arab desher baba chole gachhey? Le Baba arabe s'en est allé?" C'est ainsi que la grâce spontanée de Ma (ahetuki kripa) a accéléré son retour vers le Royaume des cieux où il y a une paix qui dure à tout jamais. "Le Baba arabe s'en est allé."


QUINZE MINUTES POUR DIEU

par Kirpal

 24-10-59, Vindyachal

Ma: "Un jour, ce corps eut le kheyal (inspiration divine) suivant:'N'est-il pas possible qu'on puisse aspirer à la réalisation de dieu sans distinction de caste ou de croyance? Dieu est indivisible, complet et parfait. Dans cette vie du monde, il est difficile d'aspirer à Dieu vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Vous êtes à la fois père, mari et fils. Dans chaque rôle vous êtes seulement le Un et vous êtes sous des formes séparées le tout dans sa complétude même. L'arbre contient la semence. Une graine de moutarde, une semence de banyan (un des plus grands arbres en Inde) contiennent d'innombrables semences. D'une semence sortent d'innombrables semences. Durant les vingt-quatre heures, quand quinze minutes sont données, elle restent le tout. C'est comme un zéro qui, lorsqu'il est ajouté à un autre chiffre donne un nombre complet. Que ce soit même seulement quinze minutes. Fixez-vous une durée d'un quart d'heure pour toujours. Il y a vingt-quatre heures de disponibles pour les affaires du monde, quinze minutes ne risquent pas d'interrompre la séquence. Ces quinze minutes appartiendront à Dieu. Pas de question de pureté ou d'impureté, de caste ou de confession, hindoue, musulmane ou chrétienne. Quelque soit sa religions, on doit consacrer ces quinze minutes à Dieu. Quelque soit votre situation, si vous pouvez vous laver les mains et les pieds, c'est bien. L'objet de ces quinze minutes, c'est de réaliser Dieu en observant le silence, vak samyam, et de méditer pendant quinse minutes sur la forme divine ou réciter un mantra sans interruption. Qui peut dire si ces quinze minutes ne deviendront-elles pas, par la grâce de Dieu; vingt-quatre heures?

Ces quinze minutes sont le bateau qui vous prendra au-delà de l'océan. La divinité (Atman) est une. Il n'y a pas de différenciation. L'éternel est en vous. Dieu est en vous. Pour se souvenir de cela, on doit consacrer quinze minutes à Dieu.


 NOUVELLES

 - La Kumbha-Mela commence à battre son plein à Hardwar. C'est une des raisons pour laquelle vous recevrez ce Jay Ma un peu plus tard que d'habitude. L'autre raison, c'est que j'ai été pour une petite retraite dans l'Himalaya, à l'ermitage de Dhaulchina où Vijayananda a vécu pendant six ans; et que je ne suis redescendu que récemment. Il est possible que le numéro d'été soit aussi quelques semaines en retard si je suis de nouveau là-haut jusqu'en début juillet. Vous trouverez au début de ce nuiméro une réponse de Vijayananda sur le sens de cette réunion de sadhus et de laïcs qui attire plus de dix millions de personnes.

- Au jourd'hui même, Aurore Gauer est arrivé à Kankhal avec son nouveau livre sur les chants Bâuls qu'elle a offert à Vijayananda. Elle a réuni les textes et les a introduits tandis que Marol les a traduits de l'anglais en français. Au coeur du vent - Les mystères des chants bâuls Editions Accarias-L'Originel/ Editions de l'Unesco. JL Accarias 5 passage de la Folie-Régnault 75011 Paris 95 Frs.

Aurore est connue pour ses articles dans Terre du Ciel en particulier non seulement sur les bâuls, mais aussi sur Arunachala et Vijayananda. Elle s'est formée depuis plusieurs années au Bengale et a créée une association pour soutenir cette forme de chant et de mystique traditionnelle, qui a inspiré Tagore, Ramakrishna et Ma également en particulier à travers son père Bipin Bihari qui était un grand chanteur de kirtans et a passé une pèriode sur les routes. Les chants sont ordonnés par thèmes en partant du désarroi et de la souffrance pour arriver à la joie en passant par les secrets de l'amour que chacun comprend selon son niveau d'expérience spirituelle. Nous donnons ci-dessous des extraits d'un poème sur la joie de Norohori Gossaïn :

Vas à la foire de la joie...
Tout est là pour te réjouir!
Si tu veux trouver la vraie Joie
Il faudra longtemps fouiller...
En prononçant le nom du Guru
Et en te souvenant de lui
Tu pourras la trouver sans peine.
Cette foire est facile d'accès
Mais garde les yeux ouverts!

 

En purifiant ton corps au-dedans
Tout sera plus aisé.
Regardes en toi
Et tu y reconnaîtras la paix et la joie....

 

- Le projet de Ma sur Internet prend forme. Quand j'avais regardé le site online le mois dernier de Delhi, il y avait déjà deux livres sur Ma dont celui de Richard Lannoy, Anandamayi, avec de très belles photos et un texte intéressant à l'adresse suivante : http://www.bogo.co.uk/kalina

Cette adresse va probablement changer quand Valentin Mazlov qui s'occupe du site en mettra une avec le nom de Ma pour faciliter les recherches. Nous avons obtenu les autorisations de divers éditeurs dont la Sangha de Ma pour mettre environ 3000 pages de textes en anglais et 800 pages en français, ainsi que de nombreuses photos de qualité et la revue de la Sangha, Amrita Varta. Nous travaillons dans une école religieuse de Kankhal qui a un ordinateur perfectionné pour préparer le site en français de Ma. Nous avons aussi préparé un site sur la Kumbha-Mela avec 120 pages de textes extraits de deux livres difficiles à trouver, un premier sur la Kumbha-Mela elle-même publiée par un petit éditeur de Bénarès et un autre de Swami Abhishiktananda (Henri Le Saux) qui présente l'idéal du renoncement en Inde dans The Hindu sannyas. Nous espérons que le site à peu près complet sera en ligne courant juin, y compris la nouvelle série des Jay Ma (depuis l'hiver 96-97) jusqu'à ce numéro inclus. A beaucoup de signes, on pouvait sentir que le moment était venu de mettre la littérature de Ma sur Internet, et le projet est maintenant bien avancé.


ABONNEMENTS

Envoyer un chèque au nom de J.Vigne à Mme Vigne, 95 rue J.Dulud 92200, ceci seulement pour les nouveaux souscripteurs, qui peuvent envoyer la somme de cent francs et être abonnés jusqu'en fin 2001. Les autres auront à renouveler après le numéro d'automne.


Rédactrice: Nathalie MASIA