Jay
Mâ 90
Automne 2008
Paroles
de Mâ
A
un novice moine qui était déprimé et qui pensait au suicide
-
Comment un homme qui entretient des pensées de suicide peut s'attendre à devenir
un sannyâsi ? L'idée de suicide n'entre même pas dans le mental de ceux qui se
considèrent comme des candidats au sannyâsa. Un esprit de dépassement de soi
extrême et de renonciation est l'attitude qui fournit l'aide la plus grande pour
progresser vers cet état exalté. Soyez vrais dans vos paroles et évitez d'écrire
des lettres. Ne parlez pas aux femmes, ni ne laissez votre regard s'attacher à
elles.
C'est
en cherchant à se connaître qu'on peut trouver la Grande Mère de
tout.
Le
saint Nom de Dieu est en lui-même le rite pour exorciser les influences
indésirables. En présence du Nom de Dieu, les fantômes et les esprits mauvais ne
peuvent exister.
Écrivez-lui
que son état occupe en fait très souvent le kheyâl de ce corps[la pensée
de Mâ]. C'est à lui-même, par son propre effort ou sa propre volonté de
développer un esprit fort et de laisser tomber son attitude négative, qui lui
fait imaginer qu'il ne peut et ne sera jamais capable de réussir. Au contraire,
il doit avoir la détermination que ce sera possible, et que le succès très
certainement lui reviendra. Il doit se dire à lui-même : « En quelque état qu'il
plaît à Dieu de me mettre, j’accepte : je m'abandonne à Celui dont je suis la
créature, dont ‘ceci’ est le corps. » C'est tout. Avec un calme et une
tranquillité parfaite, il doit passer la plupart de son temps allongé bien droit
dans ce qu'on appelle 'la posture du mort', shavâsana, et répéter
silencieusement son mantra au rythme de sa respiration. Il y a seulement un
Brahman sans second -- c'est ce qu'il doit réaliser. Écrivez-lui en langage
simple et direct que pour lui, il n'y a pas besoin d'un
intermédiaire.
Ils
imaginent que ce corps est loin, mais en fait il est toujours très, très près.
Comment serait-il possible qu'il quitte quiconque ? Cette question de distance
se pose simplement de leur point de vue. À chaque fois qu'ils ont des vacances,
qu'ils viennent retrouver ce corps.
Peu
importe le travail qu'on fait, on doit l'effectuer correctement. Si l'on cultive
l'habitude de faire bien toute chose, il y a bon espoir d'en faire de même sur
le chemin spirituel. C'est Lui qui est l'action et c'est Lui qui est l'auteur de
l'action et personne d'autre. Dans toutes les circonstances, on doit essayer de
développer cette attitude d'esprit. La Vérité -
dans la présence de laquelle l'illusion est reconnue comme illusion - la
Vérité, Cela qui est, doit devenir ce qui nous est
essentiel.
Paroles extraites d'Amrita Varta, juillet
2008.
Souvenirs
de Pannâlâl
Pannâlâl était un
fidèle des jours anciens de Dacca très proche de Mâ . Il a fait une carrière de
haut fonctionnaire, et il a été ensuite par exemple préfet de Bénarès. On voit
encore sur la route importante qui mène du centre ville à l'université hindoue
le pont qu'il a fait construire sur la rivière Assi. Il a écrit un livre sur Mâ
qui a une version hindi mais pas anglaise. Le grand intérêt de l'ouvrage est
qu'il a été le témoin direct de beaucoup de ces événements de Dacca qu'il
raconte. Le gendre de Pannâlâl est Govind Naraïn, lui aussi haut fonctionnaire
indien. Il a été envoyé par Nehru en 1956 à Pondichéry pour négocier les
conditions du passage de la colonie française à l'État indien. Cette transition
s'est faite paisiblement, sans doute en partie grâce à ses capacités
diplomatiques, ce qui n'a pas été par exemple le cas pour Goa, où le
gouvernement indien a dû envoyer l'armée pour faire comprendre de façon forte
aux Portugais qu'il était temps qu'ils s'en aillent. Govind Naraïn est depuis
fort longtemps président de la Sangha de Mâ. Voici donc les souvenirs de son
beau-père, Pannâlâl, pour la première fois traduits du hindi.
Les états de
Mâ
Un jour à
Déoghar, Mâ se trouvait chez Prangopal Babou (Prânagopal Mukherjî), qui était
très proche de Mâ et dont on a traduit en français les précieux souvenirs des
débuts de l’aventure d’Anandamayî qu'on pourra trouver sur le site de Mâ, (http://www.anandamayi.org/). Elle est
rentrée dans un tel état de conscience que nous avons tous cru que sa dernière
heure était arrivée. Tout d'un coup, alors qu'elle était assise, tout son corps
est devenu noir. Pitâjî a pris le pouls et s'est mis à avoir très peur. Tout ce
que nous pouvions faire, c’était du nâm-kirtan. C'était tout notre
soutien. Mâ avait également bien souligné ceci : « Le travail complet peut se
faire quand, dans cet état, il n'y a pas de khéyâl de revenir dans le corps. Peut-être
fallait-il quand même retourner, et c'est pour cela que l'impatience même de
vous tous a fait revenir la conscience. »
Un autre jour, Mâ est tombée de nouveau dans un tel
état. Elle était allongée durant la nuit. Tout à coup, elle se mit à demander de
fermer la porte et la fenêtre. C'est ce que j'ai fait après avoir saisi non sans
difficultés ce qu'elle voulait dire. Mâ nous avait avertis auparavant : « Quand
cet état survient, il faut garder
vos mains quelque part au-dessus de mon corps et chanter le nâm-kirtan
mentalement. » Elle ajoutait également à ce propos : « Le fait que vous vous
adonniez au nâm-kirtan a pour résultat que le khéyâl [désir sûr]
de revenir au corps se réveille. C'est pour cela que je vous dis tout ceci » Mâ
avait souvent répété à Bholânâthjî ce qu'il fallait faire dans ces états. Nous
effectuions tout ce genre d'efforts, mais il survenait quand même certaines
situations où l'on ne pouvait rien faire.
Parfois, il y avait des
expériences du corps de Mâ qui pouvaient être soulagées par certains bhajans. La
respiration s'accélérait
subitement, ce qui s'accompagnait de transformations corporelles incroyables.
Quel que soit le nombre de transformations qui survenaient, Mâ ne perdait pas
conscience. Ceci, elle-même l'a affirmé de sa propre bouche et nous en avons
aussi été témoins. À cause de ce rythme respiratoire, le corps devenait noir. Je
donnais un massage à Mâ, mais elle n'en était pas consciente. À la fin,
Bholânâthjî et les autres fidèles se sont mis à masser ses mains et ses pieds.
Alors elle a reconnu : « j'en ai un peu conscience ». Par contre, ceux qui la
massaient étaient en nage. Ce genre de situation s'est prolongé pendant
plusieurs mois.
... Si pour une raison ou pour
une autre, Bholânâthjî se mettait très en colère, le corps de Mâ devenait tel
que tous les signes de la mort s'y manifestaient. Ainsi, progressivement, la
colère de Bholânâthjî s'est atténuée. C'est lui qui dès le début avait été le
témoin de tous ces états. Il n'y a aucun doute qu'il a dû beaucoup aider à la
protection de 'ce corps'...
Au moment de partir de Calcutta
pour Dacca, Pitâjî a amené un véhicule et y a chargé tous les bagages, mais
Pramath Babou, d'une façon ou d'une autre, n'a pas laissé Mâ partir. Il n'avait
rien dit verbalement, mais il avait été s'asseoir dans le coin d'une chambre. Au
moment même du départ de Mâ, il est tombé à ses pieds dans un état de
souffrance. Ma s'est immobilisée et est restée là, debout. L'heure du train est
passée. Une grosse averse est arrivée. Mâ a recommandé à tous de faire du
kirtan. Mâ aussi est restée sous la pluie battante. Toute la nuit, il y a eu
beaucoup du kirtans chantés. Le jour suivant, Mâ est retournée à Dacca et s’est
mise de nouveau à résider à Shahbag.
À propos de la violence et des critiques dans la vie
relationnelle.
Un jour à
Siddheshwarî, les fidèles se sont mis à se disputer à propos de toutes sortes de
choses. On était chagriné du fait que Mâ se rende chez l'un, et pas chez
l'autre. À cette époque, Mâ ne retirait pas son voile. Cependant, elle était
assise avec nous et conversait beaucoup. Ce jour-là, elle s'immobilisa comme une
statue. Elle n'avait pas la moindre hésitation à s'exprimer. En regardant tout
le monde avec affection, Mâ a dit : «Venez ici. Essayer d'oublier toute haine et
toute violence. Si vous en êtes à vous laisser aller à la violence et à la
critique, quel est l'intérêt de venir ici ? Quant à moi, je vais avec qui, quand
et là où on me mène. Avant j'allais à pied, mais maintenant je ne sais pas
comment se transforme le corps de jour en jour. On ne peut tout le temps aller à
pied. Là où vous voulez me mener en voiture, menez-y moi. »
(p.86-89)
... Mâ nous expliquait que les
blâmes reçus des autres étaient comme des ornements de notre corps : une fois,
Mâ se trouvait chez nous pour un repas. Shri Gurubandhu Bhattâchâryajî habitait
dans notre voisinage. Sa femme avait l'habitude de venir voir Mâ. Son fils aîné
s’et mis à souffrir du kala-azar. Elle est venue, le visage baigné de larmes,
implorer Mâ de faire quelque chose pour lui. Bhaïji lui a apporté du prasâd de
Mâ et lui a recommandé de le donner à l'enfant. Sur ces entrefaites, l'enfant
s'est remis après quelques jours seulement. Ensuite, la mère est venue visiter
Mâ souvent. Un jour, elle l’a même reçue pour un repas chez elle, mais après
quelque temps sa bhakti est arrivée à son terme. Elle n’est plus venue voir Mâ.
J'en ai parlé à Mâ qui a répondu : « Tous et toutes sont bons. Si certains me
critiquent, il n'y a pas de quoi se mettre en colère. Ceux qui sont destinés à
avoir une interaction avec ce corps pendant un nombre donné de jours, ils
l’auront. Ce n'est la faute à personne. Et souviens-toi, le blâme est l'ornement
du corps. Quand on suit la voie de la dévotion, on doit en faire comme un
ornement de son corps. Considère toutes ces critiques comme ce bracelet d'or qui
rehausse la beauté d'une femme pure. Dans ce chemin aussi, le blâme est d'une
grande aide. C'est pour cela que je vous le dis, n'ayez pas peur du blâme, ne
vous chagrinez pas ! » Certes, Mâ nous le dit, mais nous en souvenons-nous ?
(p.94)
Enlever la souffrance des patients
Mâ et Bholânâthjî se
sont rendus à la maison d'un patient qui souffrait de tuberculose. Ayant vu
cela, Mâ est partie, ne souhaitant pas aller dans de tels endroits. Mais devant
l'insistance de Bholânâthjî, elle s'y est quand même rendue en disant : « C'est
bon ! Je sais, c'est nécessaire, c'est pour cela que j'y vais. Être sauvée ou
mourir, pour moi, cela est égal. Il est peut-être nécessaire d'aller chez celui
qui est destiné à mourir. » Après avoir dit cela, elle ne refusa plus de s'y
rendre, mais elle nous a dit ainsi qu'à Bholânâthjî : « Ce n'est pas juste
d'insister auprès d'une personne pour qu'elle effectue une sorte de tour de
passe-passe. Si tout le monde devait être sauvé, qui donc mourrait ? Quel sens
cela aurait-il ? Chacun doit recueillir les résultats de son karma. Il n'est pas
bon d'interférer dans ce processus. En essayant de forcer, on obtient le
résultat inverse. » (p.93)
... Un jour, un monsieur
est venu montrer à Mâ sa fille qui était atteinte de paralysie. Devant
l'insistance de Bholânâthjî pour que Mâ dise quelque chose, ceci est sorti de sa
bouche : « Ramenez-la jeudi [qu'on appelle le 'jour du gourou,' et qui est aussi
le 'jour de Brihaspati', Jupiter, le maître du monde]. Ainsi donc, ils sont
revenus le jour dit. Mâ était alors en train de couper de la noix de supârî pour
la donner en tant que pân [morceaux d’épices rafraîchissantes à mâcher et
qui aident à la digestion tout en stimulant quelque peu l’organisme] à la fin du
repas. Elle en lança un morceau en direction de la jeune fille et lui demanda de
le ramasser, ce qu'elle fit avec grande difficulté. Mâ dit alors à Bholânâthjî :
« Maintenant, demande-leur de retourner chez eux. » Le lendemain, le papa de la
fille est revenu en annonçant : « Quelle grande surprise ! Aujourd'hui, un
joueur de musique ambulant est passé dans la rue. Ma fille était allongée et regardait jouer ses
frères et soeurs. Tout d'un coup, en entendant la voix des chanteurs, elle a
tout oublié de sa maladie et elle est sortie avec eux pour le voir. Comment
a-t-elle pu se mettre à marcher ? La grâce de Mâ est vraiment sans limites !
»
À Dacca, le fils d'un monsieur
était très malade. Celui-ci vint à Shahbag. Juste avant qu'il n'arrive, Mâ était
assise dehors, mais elle s'est soudain levée, a mis son voile et est rentrée à
l'intérieur. Nous avons pensé : « Qu'est-ce qui se passe, est-ce que quelqu'un
est en train d'arriver ? » Après quelques temps, on a vu que deux personnes sont
venues et ont insisté pour emmener Mâ avec elles. « Écoute, le malade est au
bord de la mort. Cela fait trois jours qu'il est dans le coma. » Nous avons
alors compris que c'était à cause de cela que Mâ s'était levée et était partie.
Cependant, Bholânâthjî lui a demandé d'y aller. J'ai déjà dit qu'à cette époque,
Mâ ne disait pas souvent non. Elle s'est donc rendue chez le patient. À
l'arrivée, elle n'avait pas passé la porte qu'aussitôt la femme du patient est
tombée à ses pieds. À cause de cet arrêt imprévu, Mâ s'est assise. Ce n'est donc
que bien plus tard qu'elle a été s'asseoir au chevet du malade. Il était
inconscient. Il avait la langue qui était sortie. On ne pouvait la remettre en
place. Mâ a dit : «Remettez-la en position normale ». Sur ce, elle entreprit de
la replacer elle-même. Quel tour imprévu peut prendre l'action de Mâ ! Ces
personnes ne la connaissaient pas, si ce n'est de nom. Aussitôt qu'elle a
entrepris de remettre la langue en place, les gens de la maison se sont mis à la
critiquer en disant : « Il ne faut pas la toucher, le docteur l'a interdit. » Mâ
tout de suite a retiré la main. Ainsi, on avait empêché son action une deuxième
fois. Ceci n'a été la faute de personne. Qu'est-ce que connaissaient ces pauvres
gens ? Mâ a dit : « Que ce qui doit arriver arrive, que les choses restent comme
elles sont ! » Peu de temps après, Mâ s'est levée et est
partie.
Le jour suivant de nouveau,
on est revenu chercher Mâ. Au moment d'y aller, Mâ nous a demandé de venir, à
moi et à Pitâjî. Il n'y avait pas eu de différence dans l'état du patient. À
l'arrivée, Mâ s'est assise sur le sol près de la porte. Ceci a mis Pitâjî dans
un état de grand malaise. Ceci dit, puisqu'elle avait refusé, il ne se sentait
pas d'insister. La famille a quand même approché Pitâjî en lui disant : « Allez
dire un petit quelque chose à propos du patient à Mâ » Pitâjî Bholânâthjî a
commencé à passer le message, mais pendant qu'il le faisait, Mâ l'a regardé
d'une façon telle qu'il a dû s'arrêter et en est resté bouche bée. Peu de temps
après, nous sommes partis. L'après-midi, de nouveau une personne de cette maison
est venue. Mâ n'y est pas retournée. Elle a ajouté : « Ne revenez pas avant
demain soir. »
Tout est mon
corps
Le lendemain
après-midi, Mâ était assise dans sa chambre. Elle m'a dit [c'est une femme qui
raconte le souvenir] : « Il y a des braises dans la cuisine, apporte m’en un peu
! » J'en ai donc rapporté dans un récipient en fer. Mâ s'est apprêtée à y mettre
les mains. L'ayant vue, Pitâjî m'a admonesté et m'a dit de remporter les
braises. Que pouvais-je faire ? Mâ m'avait dit d’effectuer quelque chose, mais
mon dharma consistait aussi à lui obéir, à elle et à Pitâjî à la fois. Pour
finir, après avoir dit cela, j'ai remporté les braises.
Quelques temps plus tard, un
monsieur est venu. Mâ lui a dit : « Puis-je juste vous demander quelque chose ?
Grattez une allumette ! Quand elle s'est enflammée, Mâ y a mis tout de suite le
doigt et lui a dit : « Tant qu'elle brûle, ne la retirez pas ! » Ainsi fut fait,
et Mâ est restée assise sans bouger pendant tout ce temps. Ce n'est qu'en fin de
soirée qu'on a appris que le patient était décédé. Sa crémation avait eu lieu
dans l'après-midi. Mâ a expliqué avec un rire léger : « C'est bien pour cela
qu'un peu auparavant, j'ai effectué une petite brûlure sur mon corps. Absolument
tout est mon corps. »…
Un jour, Mâ est venue pour
des kîrtans chez nous. Elle est restée pour la nuit. J'ai eu une forte
poussée de fièvre. Je dormais dans cette même chambre où Mâ étais assise à même
le sol. Chez nous, nous n'avions pas l'habitude de donner un âsana pour
s'asseoir. Ainsi, Mâ n'était pas assise sur un petit tapis. Ce n'est que
beaucoup plus tard qu'on a établi la règle des âsanas. La femme d'un de
mes parents était assise à mon chevet et m'éventait. Mais la nuit était déjà
très avancée et elle commençait à somnoler. Mâ, tout en étant assise, voyait
tout cela. Après quelques temps, elle l’a fait se lever. Dans la véranda
d'à côté, il y avait de l'eau. Mâ elle-même en a apporté et m'a lavé la tête
convenablement. Ensuite elle me l'a essuyée. Que l’eau ait eu un effet
rafraîchissant ou non, mon coeur a
fondu en voyant la gentillesse de Mâ. Ensuite, elle s'est assise sur le lit et
s'est mise à faire aller et venir l'éventail d'une main et à me passer l'autre
sur le corps.
Quelques jours auparavant,
Mâ avait dit : « Personne ne doit me toucher ». Cette nouvelle instruction m'a
blessée profondément, car j'étais toujours très collée à Mâ. Un jour, je lui ai
dit dans un état de grande souffrance : « Nous garder loin de cette manière est
très douloureux. J'ai envie de tomber malade pour que tu me passes les mains sur
le corps, et ainsi je pourrais te toucher ! » Je ne savais pas ce que je disais
! Ainsi, aujourd'hui elle me l'a rappelé : « Maintenant que je te passe les
mains sur le corps, est-ce que tu trouves cela bon ? » À ce moment-là, je
souffrais beaucoup de la fièvre, cependant combien cette grâce de Mâ ne
m'a-t-elle pas réjouie ! Avec une pointe d'humour je lui ai dit : « Cela me
donne beaucoup de soulagement et de joie ! » Ayant dit cela, j'ai touché le pied
de Mâ. A l'aube, Mâ a quitté mon chevet, s'est enveloppée dans un pagne et s'est
allongée. C'était là son habitude pour dormir. C'était sur le sol même qu'elle
se trouvait la plupart du temps. Que ce soit l'hiver ou l'été, elle ne voyait ni
l’eau ni la saleté, elle s’installait pour dormir à l'endroit même où elle se
trouvait. (p.101)
Traduit
du hindi par Vigyânânand, extraits de Pannâlâl
Mâ
Anandamayî )
Shri
Shri Mâ Anandamayî Sangha, Kankhal, Hardwar,
Inde
1999
Mâ
Anandamayî Prasang
par Amulya Kumar Datta Gupta
Nous continuons
ces souvenirs du Prof AK Dutta Gupta. Il avait des fonctions de haute
responsabilité dans l'enseignement et c'est un de ceux qui a le mieux recueilli
les paroles de Mâ, avec l'ambiance et les anecdotes qui les entouraient. Le
terme prasang vient de sang qui signifie ' compagnie' et de
pra qui veut dire 'vers l'avant' (de même que prayag veut dire
jonction comme dans 'yoga', et pra vers l'avant, donc confluence de deux
rivières). Le choix de ce terme qui est moins courant que satsang
implique une nuance de la part de l'auteur, c'est-à-dire que la compagnie de Mâ
nous fait progresser, aller de l'avant, qu'elle nous mène au fond à une
confluence avec Elle. Rappelons aussi que la rencontre des deux courants
d'énergie au niveau du troisième oeil est régulièrement comparée à une
confluence, idée que rend d'une certaine manière le terme prasang. Dans
le même sens, ce n'est pas par hasard que ce troisième oeil est appelé aussi
guruchakra, c'est l'endroit
où nous confluons avec la lumière du gourou.
Le 29 mai 1941, à
l'ashram de Raïpur près de Dehradun.
À huit heures du matin, Mâ est
venue s'asseoir dans le hall. Nous avons déjà mentionné que nous nous étions
arrangés pour dormir dans le même hall et que notre literie restait là, étendue
aussi pendant la journée. Elle se résumait en fait à une petite natte et une
couverture pour chacun, sur laquelle il y avait un drap de lit épais de couleur,
qui avait d'habitude l'air bien sale à cause de la poussière, etc. L'attention
de Shrî Mâ est tombée aujourd'hui sur cette literie. Elle nous a demandé : «
Est-ce que vous avez l'habitude de dormir sur des lits si simples, ou alors
essayez-vous de vous ajuster à toutes les situations possibles par le fait
d’être venus ici ? »
Jiten Babou répliqua : «Manmohan
Babou m'a dit que quand il dort chez lui il a besoin de six oreillers, mais
qu’ici il se débrouille simplement avec un ! Nous vivons chez nous d'une
façon différente, parce que là-bas, nous sommes des monarques. Je suis le
monarque chez moi. Amulya Babou est aussi un monarque dans sa propre maison.
Là-bas, personne n'est plus élevé que nous. Ainsi, tout dépend de notre
position, ici, nous sommes des
êtres insignifiants. C'est pour cela aussi que nos lits sont dans le même état.
» Tout le monde se mit à rire.
Mâ répliqua avec humour : «
Etre le monarque de sa propre maison signifie être le gouverneur simplement
d'une zone limitée. Vous êtes en
fait le monarque de toutes les régions et aussi de toutes les situations. De
plus, vous devez remarquer que si chez vous, vos enfants sont malades, vous ne
serez pas capables d'avoir un seul instant de sommeil même en reposant sur un
lit moelleux. C'est alors que vous vous mettrez à penser que même si vous aviez
à prendre votre repos sur le sol pour que les enfants aillent bien, vous seriez
préparés à le faire bien volontiers. Ainsi, vous voyez que vous êtes simplement
les « monarques des besoins ». S'il y a un sommeil sain qui survient, on n'a pas
besoin de lit. Tandis que si vous êtes dans un état mental pitoyable, même de
bons lits nouveaux ne vous donneront aucun confort. La nature des choses du
monde est ainsi, quand vous avez un fort désir de confort, l'inconfort vient
aussi. Ainsi, on doit essayer d'être le « monarque, dans toutes les conditions
- à
la fois dans le confort et l'inconfort. »
«
C'est pour cela que je vous dis ce que je dis aux autres aussi. Mettez à part
pour Lui au moins un jour par semaine, où toutes les deux semaines, ou même par
mois. Ce jour-là, vous devez rester dans une chambre, ne pas avoir de
conversations inutiles, passer la journée entière dans la méditation, le
japa ou la lecture des Ecritures etc. Vous devez garder à part
l'âsana ou le lit sur lequel vous passerez cette journée. Si vous suivez
cette manière de faire, vous en retirerez de grands bénéfices.
Moi-même – N’y
aura-t-il aucun avantage réel à cela ?
Mâ -
(En se tournant vers Jitenbabou) Est-ce que toi tu dis cela aussi
?
Jitenbabou - (En
souriant) Non, je ne veux pas dire ainsi, parce qu'Amulyababou a pris de gros
risques à dire cela ! »
Mâ
-- (A Manmohan) Baba, que dis-tu ? Est-ce que tu dis toi aussi qu'il n'y a pas
d'avantages à en faire ainsi ?
Manmohan : Je ne dis
pas cela. Il peut y avoir des bénéfices à faire ainsi, comme il peut ne pas y en
avoir.
Mâ-
(Avec un sourire) : Tu veux en même temps faire plaisir à Amulya et à moi !
(Tout le monde se met à rire). (En se tournant vers moi) Tu ne peux pas dire
qu'on ne réussit rien. Si tu dis ainsi, il serait impossible de faire étudier
des enfants qui n'en ont pas envie. C'est à cause de cela que lorsque des
enfants s'échappent une ou deux fois de leurs livres pendant l'étude, on les y
ramène en les rabrouant et même en les battant. Après toute cette discipline,
vous découvrez qu'après avoir étudié même contre leur gré, ils deviendront des
savants ou des spécialistes.
Moi-même : Mâ, ce
n'est pas la première fois que nous entendons ces conseils sur le samyam
(la discipline complètement rassemblée et concentrée). Je les ai entendus
auparavant et j'ai aussi essayé de les mettre en pratique. Mais il n'y a pas eu
de résultats. D'autre part, il s'est avéré que toutes sortes de problèmes se
sont intensifiés en ce jour particulier de samyam. Il n'y a pas
d'expérience et de sentiments spirituels qui soient apparus. Au vu de tout cela,
il me vient à l'esprit qu'il n'y a pas besoin de tout ce travail. Quand le
moment viendra, tout surviendra automatiquement.
Mâ :
Je dirais que tu n'as rien fait concrètement de ton voeu de samyam. En
effet, ton attention a toujours été dirigée vers le fruit. Si tu désires un
résultat immédiat, qui te tombe dans la main comme cela, on peut considérer
qu'effectuer un travail particulier, ou non, revient presque à la même chose. Tu
ne veux pas te mettre en peine pour des sujets spirituels, mais tu ne recules
jamais quand tu essaies d'obtenir une bonne réputation ou une reconnaissance
sociale.
Moi-même : Dans
ces domaines non plus, je ne fais pas grand-chose !
Mâ : Cela non plus
ne traduit pas un état élevé. Il n'y a pas d'efforts -
pas d'enthousiasme vers quoi que ce soit, c'est de l'inertie! Est-ce qu'il est
bon de rester dans un tel état d'inertie ? Ce que l'on effectue pour le progrès
spirituel doit être effectué avec un sens de ce qui est juste à faire. On ne
doit pas penser à propos du résultat. Mais tiens pour sûr qu'il y aura
certainement un résultat si un travail réel est effectué. En
ajoutant même un centime après un autre, on arrivera à une roupie. Chaque action
a son résultat. Pourquoi se limiter d'ailleurs au domaine de l'action ? Dans le
domaine des sens aussi, voir quelque chose, toucher quelque chose -- tout a une
influence qui lui est propre. C'est à cause de tout ceci que ressort la question
du satsang et de la bonne influence d'un endroit particulier. C'est à
cause de cela aussi qu'un sâdhaka ne permet pas que son âsana, ses
vêtements ou son lit etc. soient touchés par qui que ce soit. Les qualités de ce
que nous mangeons et de ce que nous pensons nous pénètrent, et ces choses nous
transforment également.
Nous avons dit aussi auparavant
que ce qu'on voit dans ce monde, si nous le faisons du seul point de vue du
bonheur et de la peine, ne fera qu'augmenter le sens de servitude en nous. Si,
en percevant les arbres, les montagnes, les fleurs etc. nous pensons : « Oh,
comme tout cela est beau ! », les qualités de ces objets nous pénétreront et
conséquemment, de plus en plus de sentiments nouveaux seront engendrés en nous.
Mais, tout en percevant ces objets, si nous sommes capables de les accepter
comme des formes différentes du divin, si nous sommes capables de considérer que
le divin lui-même réside dans la forme de ces belles fleurs ou de ces beaux
fruits, etc., c'est alors seulement que nous développerons des pensées
pures. Ainsi, on ne doit rien voir
ni faire avec une envie profonde pour les plaisirs du monde. Tant que vous
n'êtes pas à l'abri des sentiments qui sont engendrés par de tels désirs, on ne
peut pas même parler de salut. Bien sûr, par la grâce de Dieu, la racine de tous
les désirs peut être détruite en un seul instant. Néanmoins, il s'agit d'un
sujet différent. On doit plutôt avancer sur le chemin du développement
progressif. De ce point de vue, il faut entretenir des sentiments purs à travers
la répétition du Nom, le japa, et la méditation en fonction de son
niveau.
On ne doit pas se décourager
en voyant qu'il n'y a pas de résultats rapides alors qu'on s'évertue à faire
certains efforts sur ce chemin. Les samskâras, les empreintes du passé
accumulées à travers de nombreuses vies ont créé à l'intérieur des masses de
déchets. Tant qu'ils ne sont pas dégagés complètement, il n'y a pas d'espoir
pour développer des sentiments divins. Cependant, on voit que même après un
effort de quelques jours, certains peuvent réaliser quelque chose. On doit
considérer dans ce cas que de telles personnes sont nées avec de bons
samskâras. Ainsi, leur progrès peut se déployer facilement. Si l'on
continue à travailler, on obtiendra très certainement des résultats - on
doit oeuvrer dans cet état d'esprit. Si l'on n'a pas de gourou, il n'y a pas de
mal, car le gourou est déjà présent en tous. Si l'on continue à travailler,
c'est Lui-même qui va venir Se manifester. Mais si l'on parle du point de vue
général, c'est mieux de faire effort sous la protection d'un gourou. »
Extraits d’Amrita Varta,
juillet 2008, .p.3-5
La Saturée de joie
Extraits de Jean-Claude Marol (Editions Dervy)
Parfois, la parole de
Mâ peut être appréhendée (quoi que !) :
Soyez-en
sûrs, où que vous soyez, de là peut surgir l'éveil ! Ne vous fixez pas sur
l'idée que vous êtes dans le péché, ou empêtrés dans l'imposture et qu'il n'y a
plus d'issue pour vous. À chaque instant, en toutes circonstances, tenez-vous
prêts à prendre la direction de l'Ultime. Qui sait à quel moment vos dons, votre
serviabilité, vos gestes de respect, refléteront enfin votre entière
consécration à l’Un. Cela survient.
À
la fin elle nous dit même :
De
toutes vos forces, ayez l'imagination de balayer toutes vos représentations.
Au-delà de la représentation, est la révélation de Cela que vous êtes
vraiment.
Mâ
ne fait pas que nous ramener à l'essentiel; elle s'intéresse aussi à la vie,
dans ses aspects les plus quotidiens. L'essentiel pour elle, semble également
être là aussi, intégralement. Ses proches savaient comment aucun « détail » ne
lui échappait. Selon le témoignage de l'ami Pushparâj dont nous avons déjà
parlé, une fois, elle visitait la chambrée des enfants (censée être nette) dans
un ashram, elle alla droit à une natte où avait été cachée toute la poussière !
Elle donne son avis sur la façon de gérer un ashram ou de célébrer une poujâ.
Elle donne la même attention à la cuisine, la décoration, le nettoyage, l'aide à
un malade, l'accueil d'hôtes, etc. ; rien ne lui est étranger. Elle veille à
tout !
Brandons
Le
rapport au langage de Mâ Anandamayî est surprenant, qu'il soit d'une redoutable
simplicité, ou parfois incantatoire. Gardons de notre côté notre indépendance
d'esprit. Il ne faudrait pas épingler les mots de Mâ comme des papillons. Une
Upanishad tardive (Amritânananda Upanishad) conseille :
Lis,
étudie les Ecritures, mais une fois que la lumière s'est faite en toi,
laisse-les tomber, comme le brandon qui t'a servi à allumer le feu
!
Nous
pourrions appliquer cette remarque à la fréquentation que nous avons des mots de
Mâ ; mais attention tout de même... Les mots de Mâ Anandamayî, prenons-en
soin, se sont en effet des brandons. Ils peuvent mettre le feu là où on ne s'y
attend pas !
...
Quand j'étais auprès de Mâ, par méconnaissance du bengali, sauf à certaines
occasions où j'avais l'assistance d'un traducteur, j'étais dispensé des mots. Je
pouvais me délecter de la présence de Mâ, sans discours, et rester devant elle,
comme devant un paysage. C'est peut-être dans cet élan que durant plusieurs
années, j'ai pratiqué le dessin d'humour « sans paroles ». De la part de Mâ
Anandamayî, je recevais plutôt des fleurs, des fruits, des plats d'une cuisine
délicieuse... Des regards. Mâ a signalé une fois :
Si
l'initiation est transfert de pouvoir, le mantra n'est pas son seul support. Des
fleurs, des fruits, des gâteaux, peuvent aussi servir à cela
!
À
cette période de ma vie, j'ai surtout reçu des gâteaux ! Des rêves aussi où elle
s'expliquait très clairement ; mais là c'est une autre histoire : la
mienne.
Ce
n'est pas nécessaire de comprendre les paroles des personnes qui m'environnent,
leurs pensées captent mon attention et leur langage émerge directement en
moi.
J'en
ai fait l'expérience. À d'autres moments tout de même, j'ai eu droit aux mots et
à certaines informations pratiques données dans un langage courant. Un
shastri (grand connaisseur des écritures) fameux de Bénarès, avait été
dépêché par Mâ pour m'instruire un peu !
Aujourd'hui,
nous n'entendons pas les mots prononcés par Mâ elle-même. Nous les approchons de
notre mieux par des transpositions écrites, des traductions. Mais je crois que
Mâ veille sur cette passation. La force des Évangiles a survécu aux multiples
traductions. Il y a une saveur qui transcende toutes les caractéristiques
culturelles, les singularités de langage, qui nous parvient d'elle, «
directement ».
Ma
Anandamayî, parfois tendre, parfois vertigineuse, s'adresse à nous, en même
temps qu'elle s'adresse à tel visiteur ou telle visiteuse. Elle nous donne aussi
quelques conseils pratiques. Par exemple :
Si
vous faites se balancer un seau, l'eau s'agite. Posez-le, l'eau se repose.
Essayez de poser votre corps. Si vous restez longtemps immobiles, avec une
réelle détermination, votre mental finira par se calmer. L'agitation est dans sa
nature, mais aussi la stabilité. Restez assis longtemps à répéter un des noms de
Dieu. Le mental gambadera ici ou là, mais ne relâchez pas votre effort. Si le
mental refuse de céder, pourquoi céderiez-vous?
Elle
précise d'autres fois :
Quand
votre mental s'égare, ramenez-le et enlacez-le au rite de votre
respiration...
Le
mental par nature accueille le multiple. Concentrez cette disponibilité sur un
aspect unique, avec ou sans forme. Quand l'accueil est entier, vous ne vacillez
plus entre plutôt ceci, plutôt cela... Cet aspect unique exclut toute
dualité. Vous êtes unifiés. Le mental sait alors gérer le
multiple.
Les
remarques de Mâ sont toujours vigoureuses, simples :
Les
vieilles feuilles tombées aux pieds de l'arbre fournissent un excellent engrais.
Rien n'est en vain, sachez-le !
L'humour
est souvent au rendez-vous. Elle pensait à notre goût pour l'introspection et à
notre manière de tout divulguer de
notre vie, en indiquant :
Une
graine ne germera pas si l'on passe son temps à la déterrer pour l'observer
!
Sachons
entendre son langage direct. Elle est prête aussi à tous les détours pour que
nous la sentions proche. Elle nous connaît ! Elle dit :
Personne,
à aucun moment, n'a été inconnu de moi. Le fait même de dire « n'a été » met un
voile sur le véritable état des choses.
Soyons
à l'affût du « babillage « » de la petite fille, des mots tendres de la mère ou
des paroles abruptes de celle qui n'est ni ceci, ni cela, et qui bouleverse nos
certitudes :
Le
silence réel s'impose quand la pensée n'a plus nulle part où aller. Mais en
réalité, qu'il y ait pensée ou pas, parole ou pas, ne fait aucune différence
!
Ma
se confie sur tous ces modes.
Où
il n'y a ni forme ni attribut, quel mot utiliser ? Où rien n'est exclu, comment
empêcher l'unité? Dans ce rapport au parfait, rien n'est à part de Lui
!
J'ajoute
: rien n'est à part d'Elle. Notre « prochaine » nous dit :
Y
a-t-il une différence essentielle entre vous et moi-même ? Seulement tant qu'il
existe un je et un
vous...
Jean-Claude Marol
La Saturée de joie, Anandamayî
Dervy, 2001.p. 168-173
SOLEIL en FEU
Ce matin, l'horizon était en feu
Au-dessus des collines bleues.
Une large étole rouge-rosée
Enveloppait leurs larges épaules.
°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°
Les pentes des collines étaient voilées
D'une brume épaisse qui s'étirait
En longs bandeaux superposés.
Quel spectacle, quelle fête pour les yeux!
°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°
Le mystère, peu à peu, s'estompait
Tandis que les rayons incandescents,
Doucement, disparaissaient...Quel lever
De soleil! Que de beauté, Ô Créateur!
°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°
Devant tant de merveilles, l'idée
De la fin, soudain, s'est imposée.
Qui veut que toute cette beauté
S'en aille à jamais, ô humain?
°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°
Même un indifférent n'y songerait pas!
Mais, ne devons-nous pas déceler
Ce qui est derrière tout cela?
Cherchons le sens pour voir au-delà...
°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°
Au-delà de quoi? De tous les phénomènes,
De tous les concepts, de toutes nos idées
fausses
Et nos conditionnements, de toutes nos
habitudes,
Préjugés et croyances aveugles aussi...
°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°
A quoi sert donc tant de beauté?
Notre mental est-il illimité?
Peut-il sentir ce qui le dépasse?
Certes, il reconnaît cet au-delà de sa
compréhension.
°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°
La beauté perçue par nos sens,
Echo de la beauté de la Création,
Est un hommage infini à l'Oeuvre
Du Créateur. Soyons humbles et aimants!
°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°
Quelle autre attitude pourrions-nous
Avoir face à son Oeuvre si parfaite
Et si généreusement offerte à nous,
Image fidèle de l'Être qui l'a créée?
°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°
Ainsi, notre gratitude immense ne peut
Que s'épancher, face à cette beauté
Toute puissante de la Création divine,
Ô inspiration de nos coeurs émerveillés!
°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°
Sachons, tout naturellement, nous émouvoir
Et remercier notre Créateur aimant
Pour ce si magnifique cadeau,
Donné si simplement à l'homme, sa créature.
°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°
Monique Manfrini, La Cadière
d'Azur, le 05/12/2007.
Nouvelles
-
Swami Chidanananda, le président de la Divine
Life Society et le successeur de Swami Shivananda était aussi très proche de
Mâ. Comme celle-ci, il a quitté son corps à Dehradun, le 28 août, c'est-à-dire
26 ans et une journée après celle-ci. Avant qu'il ne soit très malade du cœur,
c'était le cas depuis plusieurs années, il ne voyait plus grand monde, il venait
régulièrement participer aux cérémonies de l'anniversaire de Mâ et de la Samyam
Sapta à Kankhal, ainsi qu'aux célébrations annuelles du Kanyâpîth, l'école de
filles de l'ashram de Mâ à Varanasi. Beaucoup d'occidentaux le rencontraient
également durant le mois de février à l’Anandashram de Swami Ramdas au Kérala.
C'est actuellement Swami Yogaswarupanand qui est le Vice président de la Divine
Life Society, et Swami Vimalananda qui est le Secrétaire général de l'ashram de
Rishikesh. Nous souhaitons à tous les membres du mouvement, et en particulier
aux nombreux disciples occidentaux de Swamijî, de continuer dans le sillage de
lumière de leur maître.
-
Pour la première fois à Kankhal, il y a eu une
grande retraite d'occidentaux avec un groupe organisé directement par
Vigyânânanda, avec l'aide en France de Françoise Estèves, ancienne élève de
l’Ecole Normale Supérieure qui est enseignante de biologie en collège à Lyon.
Elle était venue de Lyon en février 2007 avec l’école de yoga de Robert Dumel,
avait été très touchée par Swami Vijayânanda et voulait venir le revoir quand
elle le pouvait, c'est-à-dire en période de vacances scolaires. C'est donc ce
qui s'est réalisé, il y a eu en tout 32 Françaises et Français à loger à
l'ashram à côté de celui de Mâ Anandamayî. Après un programme de méditation avec
Vigyânânanda pendant la journée, il y avait la rencontre de Swami Vijayânanda
pendant environ 2 h 30 tous les soirs. Celui-ci a bien tenu le coup, devant des
questions qui arrivaient de toutes les directions et sur tous les sujets. Quand
je lui avais demandé auparavant si cela ne le fatiguerait pas d'avoir un si
grand groupe pendant 10 jours complets, il m'a répondu : « Les gens ne me
fatiguent pas ! ». Des membres du groupe qui le découvraient pour la première
fois se sont exclamés : « Mais c'est un jeune homme de 93 ans ! »
-
Il y aura de nouveau deux retraites pour les
occidentaux à l'ashram de Kankhal organisés sur le modèle de celle d’août, mais
elles ne dureront que cinq jours pour celle du 1er au 5 décembre et
quatre jours pour celle du 29 décembre au soir au 3 janvier au matin. Elles
auront lieu dans le cadre de deux voyages-découvertes du Rajasthan centrés sur
l'art et la spiritualité jaïns (du 20 novembre au 8 décembre et du 19 décembre
au 5 janvier) mais des participants indépendants seront aussi les bienvenus.
Renseignements et inscriptions auprès de Geneviève Koevoets (Mahâjyoti), koevoetsg@wanadoo.fr
-
On peut retrouver des extraits du documentaire
des cousins Maréchaux sur Vijayânanda sur le site de YouTube. J'ai appris cela
par un courriel d’une jeune visiteuse de l'ashram à Kankhal très engagée dans la
voie spirituelle de l'Inde, qui est avocate à Buenos Aires et qui l’a montré à
sa mère qui réside en Patagonie, c'est-à-dire la région au-dessus de la Terre de
Feu à la pointe de l'Amérique latine. Celle-ci a bien apprécié ce darshan
imprévu... Voilà un bon effet de la globalisation !
Renouvellement des abonnements
Nous n’avons pas
encore procédé au renouvellement général des abonnements qui aura lieu en mars
2009, pour deux ans. Cependant, pour ceux qui ne sont pas déjà abonnés et qui
voudraient le faire en route, ils peuvent s’en acquitter dès maintenant pour 10
numéros, sur ‘papier’, jusqu’en mars 2011 en envoyant un chèque de 20 € à
l'ordre de Jacques Vigne à :
Nadine et José Sanchez
Gonzalez
L'Olivette
26 Hameau Beausoleil
Chemin de la Sainte Croix
84110 Vaison-la-Romaine
Tel : 0490121983
Email : nagajo3@yahoo.fr
Il est préférable cependant de
s’abonner pour recevoir le ‘Jay Mâ’ par ‘courriel’. Envoyer en ce cas 10 € pour
10 numéros jusqu’en mars 2011 à la même adresse indiquée ci-dessus, tout en ne
manquant pas d’aviser Mahâjyoti (Geneviève Koevoets) une fois le paiement
effectué – koevoetsg@wanadoo.fr afin
qu’elle vous mette sur les listes. C’est elle qui se chargera de vous l’envoyer
par ‘email’, tout en l’illustrant d’une belle photo de Mâ comme pour l'édition
sur ‘papier’. Cette formule a l’avantage d’éviter les problèmes fréquents de
numéros qui n’arrivent pas à cause de problèmes postaux à partir d'Inde. Dans
les deux cas, ceux qui s'inscrivent maintenant n'auront pas à tenir compte de la
demande de renouvellement général
d'abonnement au printemps prochain. Les bénéfices du ‘Jay Mâ’ français seront
reversés pour soutenir l’Amrita Varta dont s'occupe Panuda et l'équipe
des brahmachârinîs du Kanyapeeth de Bénarès, avec les versions anglaise, hindi
et bengali.
Table des matières
Paroles de Mâ
Mâ Anandamayî Prasang Amulya K Dutta
Gupta
Souvenirs de Pannâlâl
La saturée de joie- Anandamayî par Jean-Claude
Marol
Soleil en feu Monique Manfrini
Nouvelles
Renouvellement des abonnements