Jay Mâ  N° 89           Eté 2008


 

 

 

 

Paroles de Mâ

 

   Voici des paroles que Mâ a prononcées à Vindyâchal en mars 1936 et qui ont été présentées comme un chant au début du dernier numéro d'Amrit Varta, (avril 2008).

 

L'état ultime ne sera pas atteint par le jîva  (âme individuelle) sans détachement.

Par conséquent, faites de la renonciation et du discernement votre seul objectif,

En abandonnant tout désir.

Quelle est l'aune de votre renonciation,

Vous vous en apercevrez quand vous serez engagés dans l'action,

C'est alors que vous verrez constamment

Dans quelle direction votre mental est attiré.

En offrant toutes vos activités,

Adhérez au dharma de l'être humain,

Vous êtes le brahmane éternel et sans changement.

Méditer sur ce fait de façon répétitive dans votre coeur,

Percevez la tendance du mental à s'extérioriser,

Gardez-le à l'intérieur du coeur constamment.

Montez sur la barque de Brahman

Et traversez l'océan du Samsara.

Quand votre ego est annihilé

Toutes les dualités sont transcendées

Vous verrez que vous reposez dans votre vraie nature,

Qui correspond à la Vérité suprême qui doit être  réalisée.

 

Voici quelques autres paroles de Mâ (extraites d’Amrit Varta en hindi, janvier 2007) :

 

Que la pensée de Dieu reste avec vous ; rendez service avec la conviction qu'en servant qui que ce soit, vous servez le Un, qui seul existe.

 

Quand on ne peut disposer de satsangs extérieurs, il faut rentrer dans son coeur et méditer sur Bhagavan. On doit  se préparer à ce type de satsang.

 

S'il n'y avait pas de professeurs et d'assistants dans les universités, la connaissance ne pourrait se transmettre. Il en va de même pour les gourous et la connaissance de Brahman. C'est là toute la problématique du progrès spirituel, de la libération et de ce genre de sujets.

 

La grâce du gourou est nécessaire, mais quand on n'a pas encore rencontré celui-ci, le seul devoir de l'être humain, c'est de voir toute forme comme une forme du Divin, de voir tous les noms comme le nom du Divin, toutes les natures comme la nature du Divin : qu'on s'efforce de l'invoquer et de le trouver dans cet état d'esprit.

 

Il ne faut pas faire les actions à l'arrachée, mieux vaut suivre la voie de la patience. On doit s'efforcer de comprendre les dons du divin quels qu'ils soient et de les accepter avec une tête humblement inclinée.

 

Recourir au nom de Dieu ne peut être nuisible. Que ses propres actions s'enchaînent de façon heureuse ou malheureuse, tous les travaux deviendront favorables si l'on recourre au nom du Seigneur.

 

On ne peut pas même avoir confiance en une seule respiration (jeu de mot en hindi : ek nishwas ka vishwas nahi). Si tu dois faire demain, alors aujourd'hui, si tu dois faire aujourd'hui, alors maintenant.

 

 

Quelques réponses récentes de Vijayânanda

 

Question : Est-ce que la popularisation actuelle du mantra de Gayatrî correspond à la tradition ?

Vijayânanda : Traditionnellement, le Gayatrî était un mantra réservé aux brahmines. Son nom même signifie « qui protège les organes ». En effet, les brahmines mendiaient leur nourriture, et risquaient donc de tomber malade ou d'avoir des mauvaises vibrations qui venaient de ces dons alimentaires. Le mantra leur servait donc de protection.

 

Q : Pourquoi l'éveil de la koundalinî réveille-t-il d'abord des émotions négatives ?

V : La koundalinî provient du mulâdhâra où résident à la fois la force vitale et l'instinct de conservation. Quand le corps se sent en danger, il réagit par la colère ou des émotions fortes, il peut même tuer. Par ailleurs, le mental est basé sur des émotions qui sont elles-mêmes basées sur le mouvement du prâna dans les nadîs (les canaux d'énergie). Quand on maîtrise les nadîs et leurs mouvements, on maîtrise le mental, mais c'est un gros travail. Dans la bhakti,  il existe aussi la montée de la koundalinî, mais on ne la nomme pas comme telle. Mâ non plus ne parlait pas de la koundalinî, mais de Bhagavân kî shaktî, l'énergie de Dieu.

    Tant que la question de désir sexuel n'est pas réglée, on ne peut commencer une (vraie) sâdhanâ. C'est le gros morceau. Certains disent que le désir, c'est la vie, mais le désir sexuel vous emmêle dans un labyrinthe : on peut passer toute sa vie simplement pour essayer de le satisfaire.

 

Q: Est-ce que c'est normal que beaucoup d'ashrams, soit demandent à leurs visiteurs un prix fixe, soit imposent un minimum fixe aux donations ?

V : Le système traditionnel des ashrams, celui que j'ai connu en arrivant en Inde, c'est qu'on donnait ce qu'on voulait, certains même ne donnaient rien. Ce sont les Américains dans leur avidité d'enseigner le yoga qui en ont fait une activité régulièrement payante.

 

Q : Ceux qui confondent religion, spiritualité et culte d'un Dieu personnel sont-ils dans le vrai ?

Q : Ce que dit l'Inde à travers le védanta et le bouddhisme, c'est qu'on peut atteindre une perfection spirituelle et réaliser l'Absolu sans avoir besoin d'imaginer un Dieu avec une grande barbe blanche en haut du ciel, en un mot sans avoir besoin de croire au Père Noël.

 

Q : Quel est l'avantage d'un gourou vivant par rapport à un sage qui est mort ou qui nous apparaît sous forme subtile ?

V : Le gourou vivant est comme une loupe qui, en rassemblant les rayons du soleil divin, réussit à allumer la flamme dans le coeur du disciple.

 

Q : Est-ce que le Hatha Yoga aide à suivre le brahmacharya ?

V : En fait, pour ceux qui n'ont pas les nadîs ouverts, la pratique intensifie plutôt le désir sexuel. Par contre, s'ils sont déjà ouverts, les âsanas aident au brahmacharya.

 

Q : Mâ conseillait-elle d'avoir des animaux domestiques ?

V : Elle disait que si on avait vraiment besoin d'un chien de garde, à ce moment-là qu'on en prenne un. Mais elle n'était pas en faveur des animaux de compagnie, qui créent des attachements inutiles. En fait, je me souviens que Mâ nourrissait un chien à Solan dans l'Himalaya. Elle m'a expliqué : « Tu vois, il vient à heures fixes pour recevoir du maître,  il est comme un disciple qui sait que le gourou envoie sa grâce à heures fixes aussi. (Mâ faisait sans doute allusion au silence qu'elle demandait à ses fidèles de 20 heures 45 à 21 heures). Je lui ai alors répondu : « Et si le disciple n'a pas faim ? »

 

Q : Est-ce que tous les enseignements spirituels peuvent être publics ?

V : Non, dans la Cabale par exemple, il y a trois niveaux d'enseignement :

1) celui où le maître donne ses instructions au groupe

2) celui où il ne les donne qu'à un disciple en particulier.

3) celui où le disciple réalise l'enseignement par lui-même, intuitivement.

 

Q : Est-ce que Mâ essayait de temps en temps de faire peur ?

V : Oui, et cela marchait avec certains disciples, y compris occidentaux. Mais avec moi, cela n'a jamais réussi. En fait, il y a un moyen simple de manipuler les sages, c'est par un amour sincère : leur point faible, c'est la compassion, et donc ils ne peuvent résister à un amour sincère.

 

 

 

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                                     BHAKTI & GYANA

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Par Monique Manfrini

 

     Le plus haut stade de l'amour divin est celui de l'unité totale, de la reconnaissance de notre nature divine. La "Gyana" ou chemin de la "Connaissance du Soi" décrit cet état ultime de la même manière que les Sutras sur la "Bhakti" de Narada. Il ne peut en être autrement puisque l'Advaita vedanta - philosophie de l'UNITE par la "Connaissance du Soi"- et la Bhakti - philosophie non dualiste où le/la "bhakta" s'abandonne à Dieu par Amour - sont deux chemins qui mènent à l'UN. "L'UN" ne change pas selon le chemin parcouru pour "l'atteindre". Il EST de tout temps et partout. Nous ne pouvons donc que nous éveiller à l'UN.

      L'être humain, limité par le temps et l'espace, ne peut pas concevoir "l’Illimité", sans l'aide d'une recherche intérieure et d'une transformation profonde de lui-même. Que de changements à accomplir en soi pour simplement être ! Nous devons reconnaître puis dépasser tous nos rôles temporels...Nous devons nous défaire de notre attachement aux corps, mental et intellect puis apprendre à voir le monde tel qu'il EST...et non tel que nous l'interprétons habituellement.

     Mais, quel est le "sens" de tous ces mots ? Quel regard devons-nous porter sur nous et sur le monde environnant ? Toutes ces questions hantent tout être humain qui s'interroge sur le "sens" de sa vie. Comment se comprendre et comprendre ce qui nous entoure ? Que cherchons-nous dans cette existence?  Que voulons-nous vraiment ? Les questions posées sont les mêmes pour tous. La façon d'y répondre diffère, seule.

      Pourquoi existe-t-il des différences ? Les êtres humains sont soumis à diverses influences depuis leur plus jeune âge. Leurs personnalités, leurs milieux familiaux, leurs éducations sont différentes. La sensibilité de chaque individu est plus ou moins forte. Mais, le fonctionnement du mental et de l'intellect de tout être humain demeure fondamentalement identique.

     Tout individu a des idées, des sensations, des sentiments, des désirs, des obsessions parfois et agit selon les stimulis extérieurs et intérieurs perçus.

    Certains individus sont sensibles à la raison, d'autres sont sensibles aux sentiments, d'autres encore semblent insensibles aux deux. Tels sont les principaux "types" d'individus rencontrés en ce monde. Ceux qui se sentent attirés par l'argumentation, le raisonnement, utiliseront leur intelligence pour répondre à leurs questions. Ceux qui sont guidés par leurs sentiments, se serviront de leur intuition pour y répondre. Quant à la troisième catégorie, elle n'existe pas vraiment, à mon sens, mais concerne des individus qui se croient insensibles à la raison et aux sentiments. Ils ont développé, au cours de leur vie, une résistance ou un rejet de la raison et des sentiments. J'exclus, à priori, de mon propos les cas pathologiques. En effet, mon étude concerne la majorité des êtres humains. Cette troisième catégorie, rejoint donc, de fait, l'une des deux précédentes. Les deux premières catégories sont basées sur la raison et les sentiments ou, respectivement, l'intellect et le mental. Or, intellect et mental sont à l'oeuvre chez chacun d'entre nous. Ils y existent conjointement. Ils se combinent à des degrés différents et même varient dans le temps et aussi selon les circonstances. En effet, l'homme est soumis aux changements de son corps, de son mental et de son intellect ainsi qu'aux changements extérieurs du monde dans lequel il vit. Toutefois, en chacun de nous, existe une tendance profonde à privilégier la raison ou les sentiments. Cette tendance nous conduit à suivre l'un des deux chemins déjà cités: "Gyana" ou Bhakti". Parfois, ce choix n'est pas vraiment fait par l'homme. Il arrive que l'être humain ne choisisse pas réellement mais se laisse guider vers l'un des deux chemins. Cela doit, cependant, lui convenir s'il y continue sa route. N'en changerait-il pas s'il ne s'y sentait pas à l'aise ? Certes, la recherche du "sens" est trop importante pour que nous acceptions de rester sur une voie qui ne nous conviendrait pas.

      La "Bhakti" débute dans la dualité  puisque "l'Aimé" est distinct de "l'amant" et culmine dans "l'Unité" consciemment expérimentée : "l'amant" se fond en "l'Aimé". Le "Gyana" débute, pareillement, dans la dualité puisque le "chercheur" et le "Cherché" sont vécus comme distincts, séparés. Le "Gyana" culmine, également, dans l'Unité, consciemment expérimentée puisque le "                                                                                        chercheur" réalise qu'il est le "Cherché". L'Amour, le Soi ou la Conscience sont Ce qui doit être réalisé et ces trois mots ont la même signification. Ils désignent tous trois l'UN. Si le début et la fin de ces deux chemins sont identiques, qu'est-ce qui les distingue ? Mais, avant tout, essayons de mieux définir chaque chemin : "Bhakti" et "Gyana".

   La Bhakti est le chemin de l'effacement de la personnalité ou Ego par "Amour" pour Dieu. L'être humain offre son Ego à Dieu par Amour. Il lui donne, joyeusement, son individualité. C'est la voie de la "foi" totale en Dieu. Cette voie est fusion de toute différence dans l'Unique Existence par Amour. L'être humain n'est alors qu'Amour. La "goutte d'eau" prend conscience de son existence en tant qu' "océan". L'Amour pour Dieu est donc, à la fois, la condition première et ultime qui, seule, permet d'opérer la transformation décrite ci-avant. Cet Amour se développe par la foi que le/la bhakta fait croître en lui/elle pour réaliser cette unité divine. La foi grandit peu à peu en l'être humain, grâce à sa pratique personnelle, visant à susciter son plein épanouissement. La foi est le rayon de soleil qui fait germer et croître la graine. Sans foi, aucun épanouissement n'intervient. A cet égard, Narada présente, dans ses Sutras, les 12 conditions que l'homme doit réaliser pour pouvoir accéder à l'expérience de l'Amour divin. Ces conditions sont des moyens pour permettre à l'homme de franchir Maya, l'identification erronée au corps, au mental et à l'intellect. Elles ne constituent donc pas le but à atteindre. Ce sont, selon les versets 46 à 49 de Narada Bhakti Sutra :

 

                             - l'abandon de tous nos attachements aux objets des sens;

                             - le service des grands fidèles de Dieu (par une vie conforme à leurs enseignements);

                             - la renonciation à tout sens de possession en soi-même (ie: l'esclavage mental qui nous lie à nos possessions);

                             - la localisation dans un endroit calme (pour y être seul avec soi-même);

                             - le déracinement total de notre asservissement au monde

(en mettant fin totalement à notre attirance pour le monde des objets et des êtres);

                             - la libération des influences des 3 gunas (ie: sattwa, rajas et tamas) pour transcender toutes nos tendances innées;

                             - la renonciation à toutes nos anxiétés pour acquérir et conserver des biens (matériels ou immatériels) puisque le Bonheur n'est pas dans leur possession;

                             - l'abandon des fruits de nos actions ou tyaga (en renonçant à l'anxiété pour la jouissance des résultats de nos actions);

                             - la renonciation à toutes actions égocentriques ou sanyasa (ie: aux impulsions égocentriques des actions);

                             - ainsi, obtenir la libération du jeu des paires d'opposés-ie: joie/tristesse, succès/échec, chaud/froid etc. (l'être humain n'est plus affecté par les paires d'opposés puisqu'il ne pense plus qu'il agit);

                             - La renonciation même aux Vedas  puisque l'idée égocentrique que j'étudie les Vedas ou que j'accomplis le culte divin n'est plus là;

                             - par cette pratique,  parvenir à l'obtention d'un flot de dévotion pur et continu  (lorsque le mental devient un flot constant vers la réalité ou OM et non vers les objets, les émotions et les pensées).

 

Pour "être Amour", il faut avoir foi en l'Amour de Dieu pour toutes ses créatures. Notre Amour, seul, peut nous permettre de connaître l'Amour divin. Cet Amour étant sans cause, don permanent et inconditionnel, inexprimable et indescriptible, Il ne peut qu'être expérimenté, directement, dans son coeur, par le/la bhakta dont l'Amour est pur. Ce/cette bhakta s'est totalement ouvert(e) à l'Amour divin. Il/elle est devenu(e) Amour. L'univers de l'Amour divin ne peut pas être expérimenté ni exprimé par nos mentaux et intellects qui ne peuvent traduire que nos expériences physiques, émotionnelles et intellectuelles. Pour le vivre le/la bhakta doit s'offrir entièrement à l'Amour divin, sans aucune limitation ni restriction. Très peu d'êtres humains parviennent à réaliser l'offrande totale de leurs egos par Amour pour Dieu. En effet, notre attachement pour notre monde matériel, pour nos sens et nos pensées est si fort que nous n'arrivons pas à nous arracher à eux. Pourtant, ils ne peuvent pas nous procurer la paix que nous recherchons en eux puisqu'elle n'y est pas. Notre ego règne sur notre vie et sur tout ce qui nous entoure. Comment, dès lors, peut-il s'effacer pour laisser croître la graine de la foi, devenant Amour pour Dieu ? Cet ego est pareil à un prisme qui déforme la réalité et nous enferme dans l'illusion. Certes, la tâche est ardue et, parfois, le/la bhakta relâche ses efforts, découragé(e) ou même renonce. Mais, la foi qu'il/elle a fait croître en lui/elle est toujours là pour l'aider à reprendre courage et à continuer sa route. Cette foi ne disparaît jamais totalement. L'individu peut paraître l'avoir oubliée pendant quelque temps. Cependant, elle sommeille en lui, telles les cendres d'un feu qui peut, à tout moment, reprendre et tout embraser. Ceux qui croient arriveront, tôt ou tard, à l'expérience immédiate de l'Amour divin, mais ceux qui ne croient pas ne peuvent pas y accéder. En nous, la graine est là, prête à germer mais, le rayon de soleil de la foi est nécessaire pour qu'elle puisse croître. La foi totale et profonde en Dieu devient Amour divin. Ainsi, l'être humain fait l'expérience immédiate de l'Être. Il s'est identifié à Lui. La dualité est abolie. 

       Tel est le chemin de la Bhakti, menant de la dualité à l'unité divine. Krishna, le Dieu incarné de la Bhagavad Gita, demande à l'être humain de se donner totalement à Lui. Alors, Krishna veillera sur son dévot et assurera le bien-être d'un tel dévot. Krishna demande donc à l'homme de Lui faire pleinement confiance, d'avoir une foi suprême en Lui. Il nous exhorte à nous laisser entièrement  guider par Lui pour Le rejoindre. Seule, la grâce divine peut nous aider à connaître, à vivre l'Amour divin. Cependant, cette grâce divine doit être recherchée par l'être humain. Pour ce faire, il doit apprendre à s'aimer afin de pouvoir aimer l'autre et in fine, être Amour divin. Quiconque ne s'aime pas, ne peut pas aimer autrui puisqu'alors, tout amour lui est étranger.

       L'Amour divin ou Amour inconditionnel, "gratuit", sans cause, se développe, peu à peu, dans le coeur humain qui a fait croître la foi en lui. Humblement, l'homme doit accepter ses faiblesses, ses manques, ses imperfections pour pouvoir se transformer et accéder à la félicité sans limite de l'Amour divin. Alors, l'homme est Amour. L'amant et l'Aimé ne font plus qu' Un. La créature a rejoint son Créateur. Toute dualité est abolie. Toute forme divine, toute représentation de Dieu est désormais superflue. L'homme n'a plus besoin d'image puisqu'il vit l'Amour divin en lui...Sa vie est, à présent, célébration du Divin uniquement.

 

Maintenant, étudions plus en détail le Gyana.

      Le Gyana ou chemin de la "Connaissance du Soi" est une recherche du bonheur en Soi. L'homme cherche à "se" connaître et pour ce faire, tourne son attention vers lui-même. Il ne se réfugie pas en lui-même mais, s'efforce de comprendre le fonctionnement de son mental, de son intellect et de ses sens. Il est lui-même le sujet et l'objet de sa recherche. Il commence par s'observer, considérant que cette étude est la plus accessible et la plus directe de toutes. L'être humain constate qu'il essaie toujours de trouver bonheur et tranquillité à l'extérieur de lui-même. Or, le monde extérieur ne peut lui apporter qu'un bonheur et une paix éphémères. Le principe qui régit toute la création étant celui du changement de toutes choses, rien n'y demeure stable. Cependant, Bonheur et Paix ne peuvent provenir d'un univers instable. Où donc trouver le Bonheur et la Paix ? Ni les objets, ni les pensées, ni les sentiments ne peuvent nous procurer ce à quoi nous aspirons ardemment et qui jusqu'alors nous échappe.

    Pourquoi en est-il ainsi? Notre mental est inféodé à notre EGO. Cet ego veut tout contrôler et diriger. Il règne sur le monde intérieur de nos pensées et agit sur le monde extérieur selon "ses" désirs. Il est donc crucial de comprendre et de bien maîtriser cet ego pour parvenir à le transcender. L'être humain se sent imparfait, seul, inadéquat, malheureux mais ne sait pas comment changer ce qu'il ressent. Il cherche donc à combler ce sentiment de vacuité, d'inadéquation par des satisfactions matérielles, intellectuelles ou émotionnelles. Mais, le vide ressenti est subtil et non pas matériel, intellectuel ou émotionnel. Ni la matière, ni le mental, ni l'intellect ne peuvent donc le combler. L'homme cherche partout ce qui est, en fait, lui-même. Ce faisant, il souffre, s'épuise mais ne trouve toujours pas le Bonheur, l'épanouissement tant souhaité. Il est le jouet de ses désirs...Or, nos désirs sont des leurres,  des palliatifs puisqu'ils ne peuvent pas nous procurer Bonheur et Paix. En effet, comment le limité pourrait-il combler l'illimité? L'être humain est ainsi prisonnier du samsara et change donc en permanence. Dans ce tourbillon et cette agitation, toute son énergie s'éparpille en vain. Sa seule issue est de s'arrêter, de s'observer et de s'étudier sans à priori, objectivement. A défaut, il ne se transformera pas et mourra sans s'être connu, étranger à lui-même. Avant de pouvoir se transformer, l'homme doit pouvoir évaluer sa situation, comprendre qu'il fait les mauvais choix et qu'il reproduit les mêmes erreurs, encore et encore.

      Ce retour sur lui-même, en lui-même est nécessaire pour qu'il puisse changer d'attitude et parvenir à évoluer. Regardons-nous agir, observons notre mental, prenons conscience de nos comportements erronés répétitifs. Nous verrons alors que nous agissons tels des pantins que des ficelles tirent dans tous les sens. Nous nous croyons adultes, responsables, autonomes mais nous sommes infantiles, irresponsables et totalement dépendants de nos conditionnements familiaux, émotionnels, religieux ou athés, éducatifs, sociaux, professionnels, sexuels...De cette prise de conscience douloureuse, seule, peut naître une recherche réelle de notre véritable "moi". Qui suis-je derrière tous mes "faux moi", toutes mes "étiquettes" ou "paravents"? Toutes ces couches d'ignorance pourront être enlevées une à une dès que j'en prendrai conscience. Suis-je né(e) affublé(e) d'étiquettes ou d'identités multiples? Tout ce qui est erroné, faux, ne peut pas être conservé dans un mental qui cherche la Vérité.

        Aussi, la discrimination (viveka) entre le vrai et le faux, le réel et l'irréel est-elle une pratique nécessaire pour le/la gyani - celui/celle qui suit la voie du gyana-. C'est la première aptitude qu'il/elle doit acquérir ou développer en lui/elle pour amorcer sa transformation. Ainsi, son mental se purifie, se débarrasse de toutes ses conceptions erronées, conditionnements et idées fausses. Notre personnalité, peu à peu, se transforme. Nous nous disciplinons et transcendons notre ego, si limité et imparfait. Puis, nous devenons capables de nous détacher, progressivement, de notre dépendance aux objets, émotions, pensées alors que nous vivions auparavant pour eux.

      Vairagya, le détachement, est une étape obligatoire sur le chemin du/de la gyani. C'est la deuxième aptitude que le/la gyani doit cultiver en lui/elle. Lorsque le/la gyani peut discriminer entre le vrai et le faux, il/elle se détache obligatoirement de toutes ses conceptions erronées et recherche, de plus en plus, le VRAI, ne s'intéresse qu'à lui. Ce faisant, il/elle évolue, intérieurement et approfondit sa connaissance spirituelle qui lui permet d'aller au-delà de l'intellect. Il/elle sait que le Bonheur n'est pas dans les objets, les émotions ou les pensées. Il/elle peut donc se détacher d'eux et rechercher le Bonheur sans cause, celui qui existe, de tout temps et constitue la seule Vérité.

       Sachant  s'analyser et analyser ce qui l'entoure correctement et se détachant progressivement de tout ce qui entrave son progrès spirituel, le/la gyani doit encore développer en lui les sextuples accomplissements ou disciplines. Ces sextuples disciplines sont:

1) Sama: -la discipline du mental-;

2) Dama: -le contrôle ou la discipline des organes d'action-;

3) Uparamah: -l'accomplissement de son propre devoir ou dharma-;

4) Titiksa: -la tolérance ou la capacité à tout accueillir-;

5) Sraddhā: -la foi ou la croyance en l'existence de quelque chose en attendant de la découvrir-;

6) Sãmãdhanam: -la concentration du mental sur un seul sujet-.

 

Ces sextuples disciplines constituent la troisième aptitude que le /la gyani devra cultiver en lui/elle.

 

     Enfin, la quatrième aptitude est mumuksutvam  ou le désir ardent, la forte aspiration à la libération, à la liberté. Cette liberté est l'aboutissement de la quête, l'éveil au Bonheur sans cause qui seul, peut nous rendre heureux. Ce Bonheur est "en" nous-mêmes. Il est nous-mêmes. Toutefois, pour parvenir à faire sienne cette Vérité, le mental doit y avoir été préparé par les quadruples aptitudes. Alors et alors seulement, il peut rechercher qui il est. La recherche peut commencer et être menée à son terme: "Je suis la Réalité, le Soi ou Atman". Le chercheur est désormais un jivanmuktah, libéré vivant.  Mais, cette Vérité ne doit pas rester à l'état de simples mots. Nous devons vivre cela, Être.

     "Sat, Cit, Ãnanda" - Existence, Connaissance et Félicité- est Ãtmã, le Soi, "Je". Cette enquête est  systématique, rigoureuse et inverse toutes nos valeurs. Le/la gyani, guidé(e) par les écritures sacrées et les maîtres réalisés va d'abord explorer tout ce qu'Ãtmã n'est pas. Ce faisant, il/elle intériorisera le fait qu'il/elle est autre que ses corps grossier, subtil et causal et au-delà des cinq fourreaux qui recouvrent Ãtmã. En fait, l'être humain "a" tout cela mais "n'est pas" tout cela. Tout ce qu'il "a" disparaîtra avec le temps mais qui il est ne disparaîtra jamais. Puis, le/la gyani recherchera tout ce qu'"Ãtmã" est :

* le témoin des trois états qui sont l'éveil, le rêve et le sommeil profond;

* Sat, Cit et Ãnanda (Être, Connaissance et Félicité): la nature du Soi (Ãtmã).

       Après sa recherche sur la nature d'Ãtmã, la Conscience individuelle, le/la gyani s'interrogera, ensuite, sur l'identité de "Brahman", la Conscience totale et d' "Ãtman", la Conscience individuelle. Il/elle apprendra que "Brahman" et "Maya", l'ignorance totale, constituent la Création ou "Samasti". Parallèlement, "Ãtman" et "avidya", l'ignorance individuelle, constituent l'individu ou "vyasti".

      Entre "Brahman" et "Atman", le/la gyani va découvrir qu'il n'existe aucune différence. L'impression de séparation provient de notre ignorance, seule. Par suite, l'ignorance doit être abolie pour que l'individu perçoive son unité essentielle avec "Brahman", le Soi.  L' "Ego" -l'individu qui ignore- doit être transformé pour que l' "Atman" puisse être reconnu. Cette transformation totale de l'individu est un processus plus ou moins rapide, selon  le degré d'évolution de chacun de nous. Mais, cette transformation est indispensable et incontournable chez tout individu qui cherche à se connaître. En effet, "l'ignorance"- sans commencement- qui nous sépare de notre vraie nature, ne peut disparaître -ou avoir une fin- que si nous nous défaisons de notre vision erronée que nous sommes séparés d' "Atman" ou de "Brahman"-le Soi, l'Un-. 

      Ainsi, l'individu s'éveille, de plus en plus, à "Atman" ou Conscience individuelle et peut, enfin, être consciemment. Toute dualité est alors abolie. Le Soi, "Atman" ou "Brahman", seul, est. L' "ego" subsiste tant que le corps vit mais il est, seulement, utilisé par l'homme éveillé. L' "ego" est pareil au serpent inoffensif qui entoure le buste de Siva. Siva l'a transformé en ornement pacifique qui n'inspire plus la peur. Le mouvement du serpent fait intégralement partie de la danse éternelle de Siva. Seule, sa beauté est perçue par chacun. Tout danger, toute angoisse, a disparu.

 

Après avoir décrit les deux chemins -Bhakti et Gyana- que peut-on conclure sur ce qui les distingue? Si ces deux voies ou moyens d'accéder à la connaissance divine étaient semblables, elles n'auraient pas lieu d'être...Mais, avant tout, rappelons utilement que ces moyens ne sont pas le but. Elles sont utiles comme  les catalyseurs dans une expérience scientifique. Elles permettent la purification de notre "ego", sa transformation, sa transmutation. Ces deux voies sont des "passeurs" qui permettent d'accéder à l'autre rive de la vie.

      La Bhakti ou voie de l'abandon à Dieu, par Amour, est la voie de l'offrande totale de notre "Ego" à Dieu. L'être humain s'oublie en Dieu. Lorsqu'il y parvient, la dualité s'efface et seul, Dieu, est.

      La Gyana ou voie de la connaissance du Soi est, avant tout, une enquête en Soi pour accéder à Soi-même, au moyen du Soi. Pour ce faire, le "chercheur" essaie de trouver "qui" "il" "est", "qui" est". Il part de lui-même et plonge dans les profondeurs de son "ego" pour "se" connaître. Il se considère comme "objet" et "sujet" de sa recherche. In fine, les deux voies se rejoignent dans la même unité et unicité divines.

       La Bhakti impliquant le don total de soi à Dieu par Amour pour Lui, passe donc par les sentiments, l'affectif, l'une des deux tendances profondes existant en tout être humain.

       Certains êtres humains ne peuvent pas s'abandonner ainsi à Dieu car leur intellect les en empêche. Ils ont un besoin impérieux de comprendre, d'être convaincus par une argumentation logique. Pour ces être humains, la Bhakti n'est pas un chemin praticable afin de s'ouvrir à Dieu. Leur intellect résiste et s'oppose à tout abandon par Amour. Ils ne peuvent pas suivre la voie du don total de leur "ego" à Dieu parce que la "foi" n'est pas spontanée chez eux. Leur intellect ne l'accepte pas. Ils doivent donc prendre le chemin de la Gyana qui seule, leur permettra d'accéder à la "foi" ou "sraddhã" puis à l'Amour divin. Ils accèdent à la "foi", peu à peu, parce qu'ils sont sensibles au raisonnement incontournable des Ecritures...Leur "foi" est, au départ, proche du "pari" de Pascal..."Ayons la foi en attendant de découvrir ce que nous cherchons". Toutefois, ces chercheurs sont sincères. Cette attitude leur paraît raisonnable et peut, par la suite, être acceptée par leur intellect. Puis, cette " foi" devient de plus en plus sincère, authentique, vécue et l'Amour, don divin, commence à croître en eux. Parallèlement, leur ego exploré, connu, maîtrisé n'est plus aussi puissant. A mesure que l'Amour grandit en eux, leur ego devient de moins en moins fort, dictatorial. Ils peuvent, enfin, apaisés, percevoir ce qui leur échappait jusqu'alors. Ils voient de mieux en mieux l'UN derrière le multiple, l'Amour là où il y avait division, séparation. Leur vision évolue, change. Elle est désormais devenue très proche de celle du/de la Bhakta.

     Le/la Bhakta et le/la Gyani savent que Dieu est tout et qu'ils ne sont pas. Ils sont baignés d'Amour divin. Rien d'autre ne compte pour eux. Maintenant, ils boivent le nectar divin à sa source... La Joie est leur état profond...Ils sont cette Joie pure et totale, uniquement. Aucun nuage ne peut obscurcir ce qu'ils ressentent...Qui peut troubler la Paix des "Connaisseurs de l'Unité"?

Ils savent qu'ils ne sont pas et que tout ce qu'ils perçoivent est la Création divine. Pourquoi se troubleraient-ils? Pour eux, le "samsara" est un spectacle. Il ne les affecte pas puisqu'ils savent que rien ne leur appartient. La Création est l'oeuvre de Dieu et suit les lois divines. Seul, l'être humain "ignorant" résiste et s'oppose aux lois divines. Le sage s'y soumet avec Joie.

      Tous les sages se sont abandonnés à Dieu par Amour. Dieu prend soin d'eux et ils vivent dans la Paix et la Félicité. Leur vie est louange permanente à la gloire de Dieu. "Sat, Cit, Ananda" est la seule Vérité. Ils vivent en Elle, par Elle et pour Elle. Ils ne redoutent pas la mort puisqu'ils savent qu'ils ne meurent pas mais vivent, à jamais, en Dieu...Alors, quel qu'ait été leur chemin pour y parvenir, cela n'a plus d'importance...Ils ont, à présent, la mission de guider tous les chercheurs sur la voie qui leur convient le mieux...Ils ne peuvent qu'accomplir l'oeuvre de Dieu...

OM, TAT, SAT.  

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Monique Manfrini

La Cadière d'Azur, achevé le 24.09.2007

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                                       LA VOIX DES FLEURS

                                              §§§§§

 

J'ai caressé la chevelure

Bleu-violet des lavandes puis

Respiré leur souffle chaud... 

Plus loin, j'ai senti la douceur

Amère des lauriers rouges...

§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§

 

Le lantana lumineux m'a saluée

Et gratifiée de son parfum

Tenace...Toutes ces fleurs

M’ont donné un présent,

Simplement, comme un sourire...

§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§

 

Mes sens ont été comblés.

Mais, moi, qu'ai-je fait pour elles

Sinon admirer leur beauté?

Ô Nature, tu es généreuse envers nous

Sans rien attendre en retour.

§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§

 

Ta beauté est offerte à tous,

Sans condition. Tu distribues tes grâces,

Sans compter. L'homme prend tout

Sans même te remercier. Que lui

Dirais-tu si tu pouvais parler?

§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§

 

Ô Humain, arrête toi,

Un instant et pense à Celui

Qui me permet d'être là,

Si belle, si bonne, si accessible

Et si confiante en toi!

§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§

 

Honore-Le, de tout ton coeur

Et de toute ton âme. Remercie-Le

Toujours car Il me permet

De te donner la joie de me

Contempler à tout moment!

§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§

 

N'oublie jamais cela...Tel est

Mon message secret! A travers moi,

Tu peux connaître notre Maître

A tous. Mais, ton mental

Est-il assez subtil pour cela?

§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§

 

Essaieras-tu de Le découvrir,

Caché derrière ma belle apparence?

Des saints l'ont fait avant toi...

Alors qu'attends-tu, maintenant,

Pour commencer ta quête?

§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§

 

Peux-tu être satisfait de mes présents?

Ne veux-tu pas chercher

Qui te les donne? Ô Humain,

Sois curieux, cherche, cherche,

Sans jamais te lasser...

§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§

 

Finalement, tu trouveras ce qui

Est, au-delà de ce que tu perçois.

Ta récompense sera si grande

Que tu ne peux même pas l'imaginer!

Alors, regarde en toi avec les yeux de ton coeur...

§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§

 

Monique Manfrini,

La Cadière d'Azur, le 30.05.2007.

 

 

 

°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°

                         SOLEIL EN FEU

                         °°°°°°°°°°°°°°°°°

Ce matin, l'horizon était en feu

Au-dessus des collines bleues.

Une large étole rouge-rosée

Enveloppait leurs larges épaules.

°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°

Les pentes des collines étaient voilées

D'une brume épaisse qui s'étirait

En longs bandeaux superposés.

Quel spectacle, quelle fête pour les yeux!

°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°

Le mystère, peu à peu, s'estompait

Tandis que les rayons incandescents,

Doucement, disparaissaient...Quel lever

De soleil! Que de beauté, Ô Créateur!

°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°

Devant tant de merveilles, l'idée

De la fin, soudain, s'est imposée.

Qui veut que toute cette beauté

S'en aille à jamais, ô humain?

°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°

Même un indifférent n'y songerait pas!

Mais, ne devons-nous pas déceler

Ce qui est derrière tout cela?

Cherchons le sens pour voir au-delà...

°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°

Au-delà de quoi? De tous les phénomènes,

De tous les concepts, de toutes nos idées fausses

Et nos conditionnements, de toutes nos habitudes,

Préjugés et croyances aveugles aussi...

°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°

A quoi sert donc tant de beauté?

Notre mental est-il illimité?

Peut-il sentir ce qui le dépasse?

Certes, il reconnaît cet au-delà de sa compréhension.

°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°

La beauté perçue par nos sens,

Echo de la beauté de la Création,

Est un hommage infini à l'Oeuvre

Du Créateur. Soyons humbles et aimants!

°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°

Quelle autre attitude pourrions-nous

Avoir face à son Oeuvre si parfaite

Et si généreusement offerte à nous,

Image fidèle de l'Être qui l'a créée?

°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°

Ainsi, notre gratitude immense ne peut

Que s'épancher, face à cette beauté

Toute puissante de la Création divine,

Ô inspiration de nos coeurs émerveillés!

°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°

Sachons, tout naturellement, nous émouvoir

Et remercier notre Créateur aimant

Pour ce si magnifique cadeau,

Donné si simplement à l'homme, sa créature.

°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°

 

Monique Manfrini,

 La Cadière d'Azur, le 05/12/2007.  

 

 

En compagnie de Mâ Anandamayî

 

Par Bithika Mukerjee

 

(Traduit de l’anglais par Jacques Vigne et Geneviève Koevoets)

 Editions Agamat

 

 

 

En route pour le Canada

           

            Le moment vint où il fallut quitter le Château de Bossey. Echanges d’adresses. Promesses de se revoir.

            Ce fut le tour des Universités de Leiden et d’Amsterdam, où l’assistance n’était pas très intéressée par le langage de la philosophie hindoue, à part pour ce qui concernait le hatha-yoga et la méditation transcendantale. C’était un peu comme si j’avais été prête à servir des plats succulents, alors que les clients ne demandaient rien de plus que des patates bouillies. L’unité religion-philosophie n’était pas encore prise en compte à ce moment là.

            L’obtention de mon visa pour le Canada était dépendante mon état de santé, à cause de mes anciens problèmes de tuberculose, et pour l’obtenir, je fus obligée de me soumettre à un examen médical complet. L’ironie du sort voulut que, bien que ne souffrant de rien ni d’aucune réminiscence de cette maladie, on me détecta néanmoins un nodule cancéreux.

            Mon opération et le suivi médical furent vécus par moi de façon extrêmement sereine et pleine d’espoir, grâce aussi à l’entourage de mes nouveaux amis du Canada. Une infirmière fut affectée à mon service de façon permanente. Après deux jours, je me risquai à la questionner : « Pourquoi me demandez-vous si souvent si je sais ce qu’il m’est arrivé ? »  Elle me répondit : « C’est que…on ne voit pas souvent des patientes comme vous. Vous êtes si calme et réservée que les médecins et nous-mêmes, nous nous demandons si vous réalisez les conséquences de votre opération. »

            Je ne sais vraiment pas ce à quoi ils s’attendaient de moi. Il s’agissait d’une expérience tout à fait personnelle, que je n’aurais voulu partager avec personne. D’autre part, je ne me sentais pas du tout bouleversée. Qu’en savaient-ils de la quiétude intérieure qui enveloppe quelqu’un grâce au souvenir constant de son ishta mantra et à la présence permanente de la personnification de ce mantra [sous forme du Gourou]. D’une certaine façon, ce fut amusant de voir à quel point l’assistante sociale qui me fut envoyée un jour pour bavarder avec moi, demeura perplexe. Je crois que les médecins m’envoyèrent aussi un psychiatre, mais je fis mon possible pour convaincre tout le monde que je me sentais bien et que j’étais très reconnaissante de leurs prévenances. (p.134-135)

 

 

Le retour en Inde

 

            L’été venu, je décidai de  rentrer à la maison. Bindou, Shyamoli, ma mère et ma sœur m’attendaient à Bombay pour m’emmener aussitôt en voiture à Pune, au darshan de Shrî Mâ.

            Chacun fut très heureux de me voir et de me poser un tas de questions sur mes voyages, mais je leur dit rien sur mon état de santé. A la fin de la journée les visiteurs de l’ashram s’en allèrent et seuls les occupants demeurèrent. Je demandai une entrevue privée à Mâ. Didi et les autres filles rentrèrent dans leurs chambres. Shrî Mâ était étendue sur son chowki dans la véranda. Je m’assis par terre auprès d’elle et je lui dis : « Mâ, j’ai de mauvaises nouvelles à vous donner. » Après quoi, je la mis au courant de ce diagnostic  inattendu de cancer du sein et de l’opération que j’avais dû subir. Shrî Mâ s’assit sur son chowki et me posa certaines questions très pertinentes.

Comme à son habitude, elle évalua la gravité de la situation, et la durée du traitement post-opératoire qui était parti pour traîner au moins trois ans. Je lui expliquai : « Mâ, je n’arrive pas à me décider à parler à ma mère de toute cette catastrophe. Comme vous le savez, elle m’a soignée pendant ma terrible maladie précédente, ma tuberculose, et cela si courageusement et avec tant de compétence. Comment puis-je lui dire que, tout compte fait, je souffre d’une maladie encore pire ? Je vous en prie, parlez-lui en à ma place. »

            Shrî Mâ accepta, m’enlevant de ce fait un fardeau de sur les épaules. J’allai me coucher cette nuit là plus légère et tranquille. L’après-midi suivant, il arriva que toute ma famille vînt s’asseoir dans la chambre de Mâ. Il n’y avait pas d’étrangers, mais seulement quelques résidents de l’ashram. Shrî Mâ parla à ma mère sur un ton vif : « Venez ici, mère, avez-vous déjeuné ? » Ma mère acquiesça. Shrî Mâ ajouta : « Vous parlerai-je du courage de votre fille et de sa force morale ? Il y en a très peu comme elle. Vous pouvez en être fière. » Shrî Mâ continua sur ce ton, survolant l’argument d’une façon ou d’une autre, avec un tel doigté, que ma mère fut complètement détournée du thème principal. Je jetai un coup d’œil vers Bindou, son visage était rouge et je compris qu’il avait capté le message. Shyamoli et ma sœur avaient fondu en larmes, mais ma mère, grâce à la compassion sans limite, à la grâce enveloppante de Mâ, échappa au choc de réaliser la situation brutalement, et au contrecoup du traumatisme. Ma mère était loin d’être stupide, elle était tout à fait capable d’estimer les répercussions de mon opération. Les paroles de Shrî Mâ avaient tout juste fait partir la peur et l’angoisse inhérente à cette situation. Cela se passa devant mes yeux et je sus que ma prière avait été entendue. Ma mère continua à écouter Mâ. Elle avait même une lueur de satisfaction sur son visage. Shrî Mâ s’en référa à un récent cas d’opération du cancer dans l’ashram. Le patient était une personne éminente, un érudit, mais il avait été si effrayé qu’il avait demandé à Mâ de venir à Bombay avec lui et de rester en ville pendant le temps de son hospitalisation. Shrî Mâ dit alors en me désignant : « Regardez cette jeune femme, toute seule en pays étranger. » etc.…etc.…Je me sentis embarrassée devant cette pluie de louanges imméritées dont elle me couvrait. Imméritées parce que je n’avais jamais eu peur, et inappropriées à la situation que j’avais affrontée.

            Tout fut bien qui finit bien. Gurupriya Didi aussi exprima de l’inquiétude, les yeux pleins de larmes, mais au moins je me sentais relaxée et heureuse. Shrî Mâ me demanda si elle pouvait parler aux autres de ma maladie et de mon opération si on le lui réclamait. Je répondis : « Oui, maintenant que ma famille le sait, je n’ai pas d’objection à ce que d’autres personnes en soient informées. » J’avais remarqué qu’au Canada les gens étaient effrayés d’appeler cette maladie par son nom. En général ils préféraient camoufler la chose en utilisant des termes techniques, mais je ne voyais aucune raison d’adopter ces mesures. Je suis sûre que toute personne souffrant de ce qu’on peut appeler une maladie mortelle, aimerait tout simplement le savoir afin de l’affronter selon son état d’esprit. (p.135-136-137)

 

 

Nouvelles

 

·        Swami Nirgunânanda, qui est disciple de Mâ, ermite à Dhaulchina et que beaucoup de Français connaissent maintenant, reviendra en Europe  en août, avec Paul Neeffs à Gentinnes en Belgique : nous reproduisons ci-dessous les parties importantes de son information :

« Retraite avec Swami Nirgunânanda du 23 au 29 août 2008 au Centre Spirituel de Gentinnes (Belgique)

Programme quotidien : Usha Kirtan (chants de l’aube) - Prânâyâma - Commentaires

sur les Upanishads - Périodes de méditation - Temps de repos - Satsang incluant questions et réponses - Chants ...

Contact : Paul Neeffs - Tél. (Belg.) : 0032 (0)10/814780 ou 0485938011

Courriel : paulneeffs@yahoo.com - www.anandamayi.net --Rue E. Goes 3/202

B-1348 Louvain La Neuve

HEBERGEMENT : Chambres individuelles - Chambres doubles (selon disponibilités). Les repas seront végétariens.

PRIX ET RESERVATION : Séjour complet du samedi 23 août au soir jusqu’au vendredi 29 août 2008 : Forfait de 340,-€. Supplément : Chacun peut apporter son couchage. Il est cependant possible de louer des draps sur place; supplément de 7,-€ pour la durée du séjour. En cas de réservation, veuillez verser une avance de 100,-€ sur le compte Dexia : 833-5599443-85 avec mention : «Retraite Mâ 2008»

Le vendredi 29 août, à partir de 14 heures : Satsang. L’accès est libre.

ITINERAIRES : Destination indiquée sur les panneaux signalétiques : «Mémorial Kongolo» (lieu de la retraite) A partir de l’autoroute E42 (Paris-Mons-Liège) : SORTIE 14 - SAMBREVILLE .

Train : LIGNE BRUXELLES - NAMUR – Luxembourg Départ toutes les demi heures à partir des gares de Bruxelles. (T.G.V. : gare du Midi) Descendre à GEMBLOUX.

·        Vigyânânand (Jacques Vigne) est revenu pour une brève tournée en France du 16 avril aux 26 mai. La raison en a été un congrès à Assise du 1er au 4 mai  qui a réuni le yoga européen et le yoga indien, avec les principaux grands mouvements de yoga indien qui y étaient représentés. Vigyânânand y a parlé de Mâ Anandamayî, il a lu son texte en italien pendant trois quarts d’heure devant plus de 400 personnes, a répondu ensuite aux questions et a animé un atelier avec la participation de Râm Alexander, qui a une maison près d’Assise et qui a passé 10 ans comme brahmachari avec Mâ. L'organisatrice de la rencontre était Antonietta Rozzi, qui a longtemps travaillé pour le congrès européen de Zinal en Suisse chaque mois d'août et qui est proche de Swami Chidânanda. Ce passage près d’Assise a été aussi une occasion pour Vigyânânand et Isabelle Clerc qui s'occupe de ‘Santé Yoga’ de rencontrer Swami Kriyânanda, disciple américain de Yogânanda Parahamsa et visiteur régulier de Mâ Anandamayî de son vivant.  Swamijî ne manque pas de dynamisme. Sa communauté près d’Assise représente sans doute le plus grand ashram d'Europe, avec plus de 100 membres permanents. À 80 ans, il a décidé de réaliser un vieux rêve correspondant aussi à un souhait de Yogânanda : fonder un ashram de Kriya Yoga à Delhi, et c'est maintenant chose faite, à Gurgaon exactement, la ville nouvelle près de l'aéroport. Il est devenu très populaire en Inde, en particulier grâce à de nombreux discours retransmis à la télévision. Il a eu assez récemment un cancer du côlon, qu’il a commencé à traiter avec la chimiothérapie, il a ensuite décidé que cela ne lui réussissait pas. Il l’a donc abandonnée, et d'après ses disciples et ce qu’il nous en a dit lui-même, il se porte fort bien.

·        Vigyânânand est allé en juin avec un petit groupe de Français faire le pèlerinage de Muktinath au Népal sur les pentes de l’Annapurna près de la frontière du Tibet. Cela a été une bonne occasion de marcher une semaine entière dans une belle nature himalayenne sous la protection du Seigneur de la Libération.

·        Pour la première fois, une retraite de 8 jours est organisée de façon structurée en août à l'ashram de Mâ à Kankhal avec un groupe qui ne vient que pour cela, mis à part un peu de visite des environs dans les jours qui suivront. Il y aura donc 32 personnes qui viendront rencontrer quotidiennement Vijayânanda, et auront pendant la journée quelques méditations guidées avec Vigyânânanda. Contact Françoise Estèves francoise.esteves@gmail.com  06 26 92 68 73

Renouvellement des abonnements

 

     Nous avons déjà procédé au renouvellement général des abonnements. Pour ceux qui auraient oublié de se réabonner ou voudraient s‘abonner pour une première fois,  ils peuvent le faire pour 4 numéros jusqu'en mars 2009, en envoyant un chèque de 8 € à l'ordre de Jacques Vigne à :

Nadine et José Sanchez Gonzalez

L'Olivette

26 Hameau Beausoleil

Chemin de la Sainte Croix

84110 Vaison-la-Romaine

Tel : 0490121983 –

Email : nagajo3@yahoo.fr                                            

   Il est préférable cependant de s’abonner pour recevoir le ‘Jay Mâ’ par courriel. Envoyer en ce cas 4 € pour 4 numéros jusqu’en mars 2009 à la même adresse indiquée ci-dessus, tout en ne manquant pas d’aviser Mahâjyoti (Geneviève Koevoets) une fois le paiement envoyé – koevoetsg@wanadoo.fr  C’est elle qui se chargera de vous l’envoyer par email, tout en l’illustrant. Cette formule a l’avantage d’éviter les problèmes fréquents de numéros qui n’arrivent pas à cause de problèmes postaux.

 

Table des matières

 

Paroles de Mâ

Quelques réponses récentes de Vijayânanda

Gyana et Bhaktî par Monique Manfrini, suivi de deux poèmes

En compagnie de Mâ Anandamayî par Bithika Mukerji

Nouvelles

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