Jay Mâ n°85            Eté 2007

 

 


Paroles de Mâ

Est VU, vraiment vu, ce qui une fois vu enlève tout désir d'en voir plus.

Est ENTENDU, vraiment entendu, ce qui une fois entendu enlève tout désir d'en entendre plus.
 

Allez à la recherche de ce qui est dissimulé derrière le monde. Pour cela, choisissez le seuil qui rend facile l'accès à votre vraie demeure.

 
Quand vous dites : "Untel vient de s'en aller", il ne faut pas oublier qu'en un sens personne n'est parti. Absente de tout va-et-vient, chaque existence est présente de tout-temps.

 
Pour qui a gagné la grâce d'une Grande Ame, quelle que soit ensuite sa façon d'agir, le but suprême ne peut plus être manqué. Cette personne peut traverser toutes les tribulations, tous les désirs, elle est sur la Voie. Cela s'explique : une étincelle peut suffire à mettre le feu. Après, tout va de soi. Les barrières brûlent !

 

Vos limites sont l'occasion d'un retournement qui vous renvoie à ce que vous êtes à l'origine.
 
 Où que vous vous dirigiez, vous allez au devant de votre propre Soi. Rien au monde n'est autre que votre propre Soi.

Vous pouvez atteindre le Un autant en vous déclarant son ennemi qu'en l'adorant. Le Un condense guerre et paix. Tout est Lui seul. Quoi que vous perceviez, quels que soient les événements, tout est sa manifestation.

 

Extraits de Vie en jeu de JC Marol, éditions Accarias

 

 

En Compagnie de Anandamayî

 

Haribâbâ et son entourage

 

par Bithikâ Mukerjî

 

 

    Durant cette visite à Shrî Mâ, Haribâbâjî arriva seul au début et sans sa « suite » habituelle, excepté Ghanshyam, son accompagnateur personnel. Nous apprîmes qu’il avait quitté Baandh sans rien dire autour de lui. Il confessa à Shrî Mâ que personne parmi ses fidèles n’était assez sérieux dans sa quête de félicité spirituelle. Tous avaient fait semblant de s’intéresser à lui. De toutes manières, son rêve de traverser la rivière de la vie (bhavanadî), en tenant par la main  toute sa suite, était irréaliste. Sur le chemin spirituel, chacun doit voyager seul.

 

    Quelques-uns parmi les plus importants villageois et propriétaires terriens de Baandh vinrent à Dehradun à la recherche de leur vénérable Haribâbâjî. Ils savaient qu’il serait allé voir Shrî Mâ. Ils vinrent donc le prier de retourner à Baandh et donnèrent à Mâ leur son de cloche : « Baba ne veut pas comprendre que nous avons fait de notre mieux mais que nous n’avons pas pu atteindre son niveau. Nous avons notre travail aux champs, à la maison, et ailleurs. Parfois on manque le satsang ou bien on s’endort. On a déçu Baba. » Une fois de plus ils demandèrent son indulgence, et ce dernier accepta de rentrer au village tout en invitant Mâ à venir le visiter.  (p.67)

 

 

     Vijayanandajî (Dr.Weintraub) arriva tranquillement et tout aussi tranquillement il s’intégra dans l’entourage pittoresque des adeptes de Shrî Mâ. Il apprit le hindi rapidement[1]  et put se dispenser d’un interprète. Je suis entrée en contact avec lui justement parce que je traduisais souvent pour Mâ. Je me souviens d’un incident à ce propos dont j’ai plutôt honte. Shrî Mâ vint à Vindhyachal avec cinq ou six étrangers. Elle voulait donner à ses visiteurs un certain répit par rapport aux conditions chaotiques qui prévalaient en général autour de Mâ dans ses principaux ashrams. Les matinées se déroulaient paisiblement en méditation dans la chambre de Shrî Mâ. Le premier jour, elle s’assit sur son chowki (lit) telle une magnifique silhouette sculptée dans l’ivoire mais palpitante de rayonnement intérieur. Je n’avais encore jamais vu une personne pouvant être à la fois si immobile et pourtant si vibrante dans sa méditation. Ses fidèles provenant d’autres pays s’assirent calmement devant elle, alors que nous quittions l’endroit. Didi songea qu’il était temps pour elle de faire un petit somme, elle s’étendit donc dans la pièce attenante à la chambre de Mâ et je m’assis à ses côtés. Malheureusement, Didi se mit à ronfler sans tarder, j’eus beau la secouer, elle ouvrit un œil, puis recommença aussitôt. C’était peine perdue que d’insister. J’eus un soupir de soulagement quand le moment vint de regagner la chambre de Mâ. Tous ses fervents adeptes semblaient heureux, ils firent leurs pranâms et quittèrent les lieux de façon ordonnée pour retrouver leurs chambres. Shrî Mâ ne souffla mot à Didi, mais quant à moi, j’eus droit à un de ses « savons » ! Dans un sourire inaltérable elle me réprimanda en disant : « Comment as-tu pu tolérer cela ? Comment peut-on méditer avec un bruit aussi disgracieux dans la pièce à côté ? Cela me rappelle les noms qu’on me donnait quand j’étais petite, atela (étourdie), bedisha (inefficace). Ne pouvais-tu pas être plus ferme et tenir Didi éveillée ? »…Elle continua dans cette veine, rendant son sermon plus humoristique que sévère. Didi pleine de remords se fondit en excuses. Quant à moi, bien sûr, je me sentais de devoir mériter toutes les épithètes dont Shrî Mâ se souvenait et m'avait qualifiée, bien que les méditants ne m’aient pas semblé avoir été dérangés. Après tout, ils avaient eu l’opportunité de s’asseoir en présence de Mâ et de pouvoir la contempler. (p.67-68)

 

Retour à Raipur et Solon

 

    Janvier 1948 fut le mois de la première Kumbha Mela après l’indépendance, et le 30 Janvier 1948, la radio annonça l’assassinat du Mahatma Gandhi.

    Le matin suivant nous nous rendîmes au campement de Shrî Mâ pour l’entendre parler encore et encore de Gandhijî. L’ensemble du camp était plongé dans la tristesse. Le bulletin d’informations avait été interrompu pour elle et nous entendîmes Shrî Mâ dire : « C’est tout comme Jésus Christ ! C’est tout comme Jésus Christ qui s’était approprié totalement la violence de son peuple et ainsi l’avait pardonné. »[2]

     Finalement le bulletin annonça que le service funèbre était fini. Un chapitre de l’histoire de l’Inde venait de se terminer avec cette mort inutile et tragique. (p.70)

 

 

    Après quelques jours, Shrî Mâ informa Didi qu’elle allait se rendre à Raipur et que Didou, Bhupen et moi-même pourrions l’accompagner à condition d’être prêts à partir en dix minutes. Gurupriya Didi demanda s’il était nécessaire d’emmener de la nourriture car à Raipur nous serions incapables de cuisiner quoi que ce soit en partant si précipitamment. Shrî Mâ répliqua avec nonchalance : « Il n’est pas nécessaire que tous ceux qui ont besoin de leur repas du soir viennent avec moi. Ils n’ont qu’à rester ici. »

    On arriva à Raipur dans la soirée. Seulement trois occupants de l’ashram étaient là : Swami Shashwatânandajî, Bishou Mahârâj et un autre ascète. Il n’y avait pas encore d’électricité, mais l’ashram était déjà vaste et très étendu. Je l’avais vu durant les vacances d’été de 1941. Rénou était déjà venue ici bien sûr, avec cette cousine que j’aimais et qui s’éteignit en 1942. Maintenant je pouvais voir la disposition des pièces telle que Rénou me l’avait décrite de façon si vivante et où Sejdi (Kawna) avait rendu son dernier soupir. Je fus bouleversée par un cuisant sentiment de chagrin. Tandis que Rénou et Sidou avaient trouvé ensemble une bonne entente, j’avais apprécié alors la compagnie de ma brillante cousine Kawna qui avait tout juste deux ans de plus que moi. Je contournai la chambre de Shrî Mâ et vins m’asseoir sur une pierre afin de rester seule avec mes pensées. A ma grande surprise, je vis soudain Shrî Mâ debout devant moi, une main tendue offrant quelque chose (probablement des fruits secs). J’avançai les deux miennes pour mieux recueillir l’offrande sans trop l’éparpiller. Mâ étreignit mes paumes jointes dans ses deux mains et me fixa du regard pendant quelques instants. Aussitôt je sus qu’elle savait. Ce fut un moment magnifique. La montée de larmes qui m’envahissait s’évanouit complètement. Je me sentis calme, heureuse et en paix. Entre temps, plusieurs personnes avaient rejoint Mâ, mais aucune ne remarqua quoi que ce soit d’insolite. Même Didi ne pensa nullement que j’étais en train de me souvenir de la mort de ma cousine. Seule Shrî Mâ s’en souvint, sut comprendre et être avec moi dans ma peine. Qui peut évaluer cette compassion dont elle nous enveloppe tous, à tout jamais ? (p.70-71)

    Srî décida d’aller voir un de ses proches fidèles, Yogibhaï, le râjâ de Solan en Himachal Pradesh , car il venait de perdre sa femme ; à cause des règles traditionnelles, il ne pouvait pas quitter son petit royaume pendant un an.

    Dehradun et Solan sont sur différentes chaînes de montagnes. Nous sommes descendus sur Moradabad. Puis en changeant de train à Moradabad nous sommes remontés jusqu’à Kalka et ensuite nous avons pris une petite voie de chemin de fer jusqu’à Solan. Shrî Mâ n’avait laissé personne informer Yogibhaï de notre visite. Nous sommes donc sortis de la gare et avons remonté gentiment à pied la petite côte qui mène de la route jusqu’au palais. Je me souvenais des précédentes visites de Shrî Mâ quand elle avait été reçue grâce à une organisation élaborée et sponsorisée par un comité de réception qui avait tout pouvoir. Une ambiance de jubilation avait imprégné la place du marché tout entière. Maintenant, personne ne nous prêtait la moindre attention. Shrî Mâ était venue pour une visite de condoléances et elle gardait le profil bas. Son comportement était toujours tellement correct, même en ces cas-là, que l’on s’émerveillait devant sa compréhension des normes de ce monde.

    Rupram, l’intendant personnel du Raja Saheb, se trouvait au même moment en train de descendre la côte. Surpris, il s’arrêta en voyant Mâ, n’en croyant pas ses yeux. Après avoir fait son pranâm, il courut jusqu’à un magasin le long de la route pour passer un coup de fil au palais. En moins de quelques minutes, une voiture descendit du sommet de la colline afin de nous y faire prendre place. Quelques minutes encore et elle nous déposa devant les grilles de la maison.  Ce fut à notre tour d’être choqués en voyant Yogibhaï debout devant le portail. Il était vêtu simplement d’une kurta de soie (sorte de chemise longue) et d’un dhoti. Il ne portait rien sur la tête et ses pieds étaient nus. Nous ne l’avions jamais vu en si simple attirail. Shrî Mâ s’avança vers lui tandis que nous nous tenions en retrait. Yogibhaï fit son pranâm et demanda pourquoi Mâ n’avait pas annoncé son arrivée. Deviram Bhaï et d’autres escortèrent alors Shrî Mâ jusqu’à son cottage situé juste au-dessous du palais.

    Après quelques temps, Yogibhaï vint s’asseoir auprès d’elle et lui parla pendant un long moment. Durant les deux ou trois jours qui suivirent, on put le voir passer autant de temps dans la chambre de Mâ que le lui permettaient ses autres occupations. Aucun de nous ne s’avisa de le déranger dans ces cas-là. Même Didi resta dans sa propre chambre, de façon à ce qu’il puisse parler en tête-à-tête avec Mâ.

    Après trois ou quatre jours, alors que nous étions tous assis avant de nous retirer pour aller nous coucher, Shrî Mâ elle-même nous dit : « Il n’a pas cessé de parler de sa femme durant toutes ces journées passées avec moi. Désormais je pense que ses réminiscences et ses souvenirs sont tous épuisés et que son cœur s’est déchargé de ce fardeau de douleurs pour un bon bout de temps. Le moment est donc venu pour moi de lui parler à mon tour. Il a sorti ce qu’il avait sur le cœur, maintenant il va m’écouter ! »

    Pendant tout le restant de son séjour, Mâ lui parla pendant de très longues heures. (p.71-72)

 

    Peu après la mort de Rani Saheba, l’épouse du prince régnant, l’annexion de nombreux royaumes et principautés de l’Inde prit place, donnant lieu à de nouvelles tragédies, entre autres aux pillages des trésors.

   Ruparam affirma que les évènements prenaient la tournure qui avait été prédite et que les rumeurs étaient vraies. Tout cela ressemblait davantage à un jeu d’attaques à main armée, plutôt qu’à une manœuvre du Gouvernement pour le bien de son peuple. Yogibhaï prouva lui-même qu’il était en réalité un ascète aussi authentique que son nom l’indiquait. (p.73)

 

 

    De Solan, nouvelle descente dans la plaine, pour grimper ensuite sur une troisième montagne jusqu’à Nainital. Shrî Mâ avait des visiteurs même dans ses retraites les plus reculées. Un jour, un homme vêtu comme un yogi se présenta, triste, l’air abattu. Avec cinq amis il avait quitté sa maison il y a 15 ans pour suivre le chemin de l’ascétisme. Ils avaient pratiqué une rigoureuse sadhana, mais la fatigue, la maladie et la mort les avaient séparés, le laissant seul sur le chemin. Shrî Mâ le pria de lui parler de sa sadhana, et nous partîmes tous pour faire que Mâ puisse laisser agir le kheyâla qu’elle sentait à son égard.

    Après une heure ou deux, l’homme sortit de la tente de Mâ, complètement transformé, méconnaissable. Il s’inclina devant le Dr. Pannalal, disant qu’il avait reçu l’inspiration pour sa sadhana en cours. Après qu’on l’eut questionnée à ce propos, Shrî Mâ expliqua qu’elle était entrée avec lui dans les détails. Elle lui avait souligné les fautes que son petit groupe et lui avaient commises et qui les avaient tous portés jusqu’à la maladie. Elle ajouta : « Le corps est un instrument finement accordé. Ces chemins yoguiques sont dangereux si on n’est pas guidé par un enseignant compétent. Le Yoga dans la sadhana est différent des exercices yoguiques. On peut exécuter des exercices, mais dans la sadhana les états yoguiques se manifestent automatiquement au moment voulu. Il n’est pas nécessaire d’essayer d’obtenir à tout prix ce qui se réalisera tout naturellement. » (p.73)

 

La protection de Mâ

 

    Après de plaisants séjours à Nainital et Almora, nous descendîmes dans la fournaise de New Delhi. La célébration de l’Anniversaire de Mâ se tenait dans la maison du Dr. J.K.  Les festivités allèrent bon train malgré la chaleur étouffante. Shrî Mâ resta assise des heures sous la tente destinée au satsang. Les mahatmas qui étaient venus pour y assister firent de même.

    Nous avions l’habitude de jeûner totalement la veille de l’Anniversaire de Mâ. La pouja commença avant l’aube. C’est à ce moment là que l’entière congrégation use de son privilège de toucher les pieds de Shrî Mâ, ou bien le chowki sur lequel elle est étendue en samadhi. Comme d’habitude je continuai à jeûner ainsi que le jour suivant. En fin de soirée, je me trouvai au bord de l’évanouissement à cause de la chaleur sans doute. J’étais assise sur une chaise dans la pièce du devant, en train de me dire que je devrais me lever pour aider à la préparation de la pouja, quand soudain, je me sentis soutenue par Udasji. Elle portait un récipient à mes lèvres et me priait d’en boire le contenu immédiatement. Je reconnus un mélange de citron, eau et sucre. J’essayai de protester en invoquant le fait que j’étais en plein jeûne. Mais elle répliqua : « Non, non, Shrî Mâ a ordonné que vous buviez cela jusqu’à la dernière goutte. » Après qu’elle eut suivi les instructions de Mâ, elle disparut aussi soudainement qu’elle était arrivée. Je n’ai jamais compris comment elle avait pu me repérer au milieu de tout ce monde, d’autant plus que je ne m’étais guère approchée de Shrî Mâ depuis un long moment. Personne d’autre ne remarqua quoi que ce soit, mais il reste évident que le kheyâla de Shrî Mâ s’était concentré sur moi, car elle m’évita de me couvrir de honte avec ma folle tentative d’austérité (tapasyâ) alors que je ne me sentais pas en forme avec la chaleur. Aussitôt après, je fus capable de prendre part normalement aux festivités. (p.77)

 

 

Souvenirs d’ashrams

 

    Le fait d’avoir eu de Shrî Mâ la permission de l’accompagner au Bengale, fut un éblouissement. Je fus captivée par la beauté qui y régnait, dont le pittoresque est exprimé aussi bien dans les livres que dans les chants. Une autre fidèle de Mâ, Maunima, semblait aussi ensorcelée que moi. Elle s’était tellement amourachée de la région de Birbhaum, qu’elle avait affirmé à Shrî Mâ qu’elle aimerait y rester jusqu’à la fin de ses jours. Shrî Mâ avait abondé dans son sens, allant même jusqu’à suggérer de quelle façon et par quels moyens pratiques Maunima aurait pu trouver confortable de vivre dans un des monastères d’accueil entourant le lac près du village où nous-mêmes nous envisagions de nous fixer pendant un certain temps. J’écoutai cette conversation avec quelque scepticisme. Il était reconnu, en effet, que Maunima ne pouvait rester nulle part au-delà de quelques jours. Elle voyageait souvent avec Shrî Mâ et choisissait aussitôt son lieu de résidence. Shrî Mâ élaborait toujours des arrangements pour qu’elle ait son confort et sa tranquillité chaque fois qu’elle manifestait une préférence, soit pour loger dans une chambre donnant derrière sur le jardin ou dans tout autre lieu sûr de son choix. Mais malgré cela, à chaque fois, Maunima retournait sans tarder dans l’entourage de Mâ, certaine d’avoir rencontré des difficultés insurmontables là où elle avait choisi de rester.

    En écoutant donc avec quel enthousiasme Shrî Mâ adhérait à la décision de Maunima, je me sentis gênée devant l’irréalité de la chose. Je m’approchai de Didi afin de lui demander : « Est-ce que Shrî Mâ nous traite aussi de cette façon ? Est-ce que nous pouvons savoir si elle est prête à nous passer toutes nos toquades ? A céder à tous nos caprices ? Comment peut-on distinguer son propre kheyâla de son assentiment à nos désirs ? »

    Didi qui ne nourrissait aucun doute à ce sujet répondit sur un ton musclé : « Mâ ne nous traite jamais de cette façon. Tu sentiras ce qu’est son kheyâla, ou pas, quand l’occasion s’en présentera. »

    Didi était certaine de ses affirmations, mais je restais tout de même sur mes doutes, car je n’avais jamais vu Shrî Mâ jouer sur deux tableaux à la fois. Si quiconque avait pu transformer son esprit en une boule de cristal permettant de refléter le kheyâla de Mâ sans pour autant le déformer, alors il aurait pu être certain de connaître la réponse, mais tout cela restait impossible !

    Soit dit en passant, il est amusant de rappeler que le jour qui suivit cette conversation, Maunima affirma tristement : « Mâ, tout est vraiment magnifique, mais les moustiques sont intolérables ! » Aussi, une fois de plus, elle se joignit à nous. (p.77-78-79)

 

                                                               Extraits de la partie traduite par Geneviève Koevoets dans

                                                               En Compagnie de Anandamayî, en collaboration avec

                                                               Jacques Vigne – Editions Agamat -  Avril 2007

 

 

 

Echos de félicité

 

par Vigyânânanda

 

Certaines pensées sur le Yoga sont venues à Vigyânânanda dans l’ermitage de Mâ à Dhaulchina. Elles sont en écho avec l’enseignement de et l’expérience d’ânanda. Elles viennent d’être publiées début juin directement en livre de poche dans la collection Espaces libres d’Albin Michel Michel Jourdan, Jacques Vigne « Cheminer, contempler ».  Nous en donnons quelques extraits ci-dessous, y compris les dernières :

             

 

 « Quand s'ouvre la rose du cœur »

 

 

   évoquait l'ouverture du lotus du coeur comme un tournant important dans la sadhana. Lotus et rose sont deux symboles qui se répondent comme en miroir en Orient et en Occident. Bien que le lotus n'ait pas d'épines, il naît de la boue et évoque donc aussi l'élévation au-dessus des difficultés et des souffrances. La rose se dit parfois en sanskrit 'fleur de japa', le japa étant la récitation régulière du mantra souvent aidée d'un rosaire, d’où cette tentative de traduction du nom de cette fleur inconnue à l’époque ancienne en Inde. Au fur et à mesure de la pratique, on touche à des blocages de plus en plus profondément enfouis dans le coeur. Quand ils se dénouent, la respiration est libérée, la cage thoracique, les poumons se dilatent, donnant physiquement la sensation de fleur qui s'ouvre. Une fois que celle-ci s'épanouit, non seulement la pratique mais aussi la communication de l'expérience spirituelle devient plus facile. Elle se fait spontanément, ceux qu'on doit aider viennent à vous d'eux-mêmes. Dans les Védas, on dit: 'Quand le lotus est épanoui, les abeilles y viennent d'elles-mêmes'.

   On voit fréquemment dans les mouvements religieux des débutants ou des personnes qui peinent dans leurs pratiques et dont visiblement la rose du coeur n'est pas épanouie. Ils viennent à la recherche spirituelle plus pour y trouver une consolation partielle qu'une résussite complète. Ils cherchent à se détacher en adoptant un style de vie nouveau, mais regardent en fait sans cesse en arrière en direction des petits désirs qu'ils ont perdus. Ils prétendent chercher la Réalisation mais sont en fait convaincus que pour eux, elle est hors d'atteinte. De leur tristesse, ils encombrent leur propre coeur et celui de ceux qui les entourent.

   Quand la rose du coeur s'ouvre, la frustration intime, cuisante, fondamentale est remplacée par une satisfaction sans cause, une félicité spontanée dont l'intensité ne trompe pas. Cela ne signifie pas que tous les obstacles soient résolus, mas l'enthousiasme est certainement là, à portée de main, pour les résoudre; Le bonheur spirituel cesse d'être une imagination lointaine pour devenir une saveur immédiatement perceptible au fond du palais. Il n'y a pas lieu de chercher à se tromper soi-même par des auto-suggestions faciles, mais il faut cependant garder tout le temps présent à l'esprit le fait que, comme disait Mâ Anandamayî par exemple, 'la Réalisation peut survenir à l'instant même.'

 

 

«  L'appât: l'union  »

 

   Quand les courants de sensations gauches, droites et médians confluent de façon stable et régulière soit à l'ajna, soit au coeur, la félicité de l'union, yogananda, se met à nous illuminer aussi régulièrement que le filament incadescent d'une ampoule quand le courant électrique passe au travers. Ramakrishna comparait ce bonheur à un appât; si on a la patience d'attendre, le poisson de la Grande expérience, celle du Divin, ne manquera pas de glisser sous la surface du mental-écran et de 'mordre'. Tout ce qu'on a à faire, c'est de tenir fermement en main la canne à pêche de bambou, c'est à dire de maintenir la colonne vertébtrale et son empilement de vertèbres bien érigés, tandis que les courants d'énergie gauche et droite confluent régulièrement vers l'axe médian. On peut rapprocher cette image d’un des neuf signes porte-bonheur du bouddhisme tibétain, les deux poissons d’or qui semblent se courber pour rentrer de façon symétrique dans un courant central. Ils sont constamment attirés par cette ‘voie du milieu’ comme par un appât.

 

 

«  Le Yogui est plus qu'absolument naturel; il est naturellement absolu  »

 

       On peut dire dans le langage courant de quelqu'un qui est très simple par tempérament qu'il est 'absolument naturel'; mais dire d'un Yogui qu'il est naturellement absolu, cela nous projette dans une dimension bien plus élevée, celle du sahaja samâdhi, l'enstase naturelle, spontanée. C'est le stade le plus élevé du védanta où l'on est capable de faire descendre l'expérience d'unité complète (nirvikalpa samâdhi) dans la vie quotiddienne. Ce n'est pas donné à tout le monde. 'Etre spontané' ne signifie pas suivre les premières impulsions d'un mental non purifié; cela mènerait à la décadence, comme cela a été le cas pour les sahajiya-s, 'la secte spontanée' au Bengale à l'époque médiévale. Nisargadatta signifie 'consacré à la spontanéité, et c'était le nom de Maharaj, le maître védantin qui est mort à Bombay en 1982. On est effectivement touché par le naturel de ses réponses. Ceux qui étaient en contact avec Mâ Anandamayî étaient frappés par le mélange unique d'absolu et de naturel qui émanait d'elle; derrière cela, il y a tout le mystère de la présence du divin dans l'humain.

 

 

«  Une félicité continue comme un courant d'huile »

 

      Le mystique ne veut pas un bonheur au goutte à goutte, comme les matérialistes qui sont maintenus en vie par un 'goutte à goutte' plutôt irrégulier, avec une goutte de bonheur par ci et une autre par là. Chacun peut recevoir de temps en temps une goutte de vraie félicité; mais elle s'évapore si vite qu'en général la personne l'oublie, ou l'associe à un objet ou un autre et se met à rechercher cet objet à la place de retourner son attention vers l'origine de la félicité pure. En regardant au-dedans de soi-même, on s'aperçoit que la continuité parfaite du souffle, de l'attention des courants de sensations (prâna) ou de l'écoute du son intérieur est une félicité en soi. Classiquement, l'image du courant d'huile est utilisée par Patanjali pour désigner l'approfondissement de la concentration en méditation quand l'attention et le souffle deviennent comme lisses. Quand on suit avec attention le son intérieur, on se sent plongé en lui comme dans un bain d'huile, et on 'nage' dans la félicité.

   Tela, l'huile, est pratiquement le même mot que tila, le sésame qu'on presse pour obtenir cette huile. Ce sésame est offert régulièrement au feu durant les yajña, accompagné de l'invocation svaha. La 'félicité comme un courant d'huile' évoque donc ce bonheur qui est à la fois la conséquence et la cause d'une offrande continue dans le feu de la Conscience. Mais à quoi bon parler plus avant de cette expérience de félicité? Seuls peuvent la goûter vraiment ceux qui ont été ‘cuits’ dans le bouillonnement immobile de la jubilation intérieure.

 

 

«  Comme suspendu dans le vide  »

 

  Dans l'univers, chaque chose repose sur une autre, et le Divin est le fondement ultime. Par le détachement, le chercheur spirituel parvient à ne se reposer sur rien, et par cela, en cela il devient ‘un’ avec le Divin. On a longtemps cherché la localisation de l'âme, sans succès; mais le méditant, lui, l'a trouvée: elle est comme suspendue dans le vide. L'âme est souflle, quand le souffle est suspendu, il devient pure conscience. L'âme est tension vers, attention; quand l'attention est suspendue, elle réalise sa vraie nature. L'âme est flamme: éternellement, elle danse au-dessus du bois, c'est à dire de l'ego, qu'elle est en train de consumer.

 

 

«  Sombrer dans la lumière »

 

 

   Nous en arrivons pour finir à un paradoxe fondamental de la vie mystique: la lumière essentielle ne se manifeste pleinement que quand les formes s'effacent, d'où les images classiques de nuit lumineuse, de nuage d'inconnaissance, de nuée glorieuse, etc… Cet effacement des formes quand on sombre dans la lumière correspond à un arrêt du mental, à une stupéfaction émerveillée. Asombroso en espagnol ne signifie-t-il pas stupéfiant?

  Quand un bateau sombre, il abandonne les tempêtes de surface pour le calme des grands fonds. En achevant là le temps de sa traversée, il coule dans le non-temps et y trouve la stabilité définitive; sombrer dans la lumière, c'est aussi s'enfoncer dans le sommeil profond du samâdhi et de la claire conscience qui y règne. Le sage traverse les couches intermédiaires de la ‘vie sous-marine’, c'est à dire des créations mentales, des rêves d'enfer ou de paradis pour atteindre finalement le sable stable du non-temps – et y déposer son trésor. Quels sont les autres plongeurs qui sauront le trouver ?

 

Extraits de la partie rédigée par Jacques Vigne dans

Cheminer, contempler en collaboration avec Michel Jourdan,

 Albin Michel/Espaces libres, juin 2007

 

 

 

 

L'Occident spirituel et religieux actuel vu d'Inde.

 

par Vigyânânand

 

 

 

 

    Les lignes ci-dessous correspondent au début et à la fin de la dernière partie de l’avant-dernier livre de Jacques Vigne, Inde intérieure,  paru aux éditions du Relié en mars 2007. :

 

   Comme nous l'avons vu avec quelque détail dans ce livre, l'Inde a une réelle expérience du pluralisme. Dans les védas, on dit : «Il est Un, les gens l'appellent multiples. » L'hindouisme est une mosaïque de mouvements religieux, mais avec comme base commune, l’Un des Upanishads.

      Quand on regarde d’Inde l'Occident spirituel et religieux actuel, on a une impression plutôt ambivalente, on discerne de grandes potentialités, qualités, et des défauts. Ce n'est pas que l'Occident actuel ne soit pas religieux, mais il l’est certainement très différemment d’avant. Nous vivons de ce point de vue une réelle révolution, qui devrait peut-être être comparée à celle du Ve siècle avant JC avec la naissance de nouvelles voie spirituelles qui ont influencé toute l'humanité, comme le confucianisme, le taoïsme, les Oupanishads, le zoroastrisme et la philosophie grecque.  

      La multiplicité des voies spirituelles possibles de nos jours en France revient de fait à un nouveau polythéisme, même s'il n’y a pas le culte des statues qu'on associe traditionnellement à cette forme religieuse et comme le pratiquent encore plus de 800 millions d'hindous aujourd'hui. On pourrait parler de seconde Renaissance, et elle est à mon sens plus forte que la première. En effet, celle-ci est venue par un retour au polythéisme gréco-latin, mais il s’agissait d’une redécouverte surtout livresque, et elle a été rapidement et en grande partie étouffée par la Réforme et la Contre-Réforme ; ces dernières représentaient une rechute dans le fondamentalisme, chacune en son genre. La renaissance actuelle, par opposition, offre la possibilité d'un lien direct et vivant avec de grandes traditions non monothéistes, c’est-à-dire par exemple l'hindouisme et le bouddhisme qui lui sont étroitement associés. Cela donne donc à ce mouvement beaucoup plus de force en soi, et lui permettra de passer au travers des tentatives de réformes et contre-réformes fondamentalistes chrétiennes. Bien sûr, il faut ajouter que son importance croît de façon relative aussi face à l'effondrement « naturel » des Eglises d'Europe à cause de leur propre problématique interne. En effet, celles-ci ne peuvent pas dire qu'elles sont l'objet d'une révolution violente comme en France après 1789 et en Russie après 1917.

     Nous allons déjà essayer de définir une hypothèse commune minimum de travail pour l'esprit religieux et spirituel occidental actuel. Ensuite nous envisagerons successivement les problèmes posés par l'instabilité des chercheurs dans leurs choix spirituels, la question de la fiction par rapport à la réalité dans le domaine de la quête mystique, et finalement la responsabilité de la transmission.


L'hypothèse commune minima

 

     Vivékananda a donné une impulsion certaine à l'idée d'une base commune à toutes les religions au Parlement de Chicago en 1893. Commençons par une citation de lui qui évoque sa vision de l'Orient et de l'Occident : « la liberté est la première condition de la croissance. Vos ancêtres [il s'adresse à des indiens] ont donné toute liberté à l'âme, et la religion s’est développée. Ils ont imposé toutes sortes de restrictions au monde du corps, et la société ne s'est pas développée. En Occident, c'est l'opposé – toute liberté pour la société, aucune pour la religion, maintenant tombent les chaînes des pieds de la société d'Orient tout comme celles qui lient la religion en Occident... [i]». On peut dire que la prophétie de Vivékânanda il y a un siècle est en train de se réaliser.  Shri Aurobindo, qui a été éduqué en Angleterre et est sorti brillamment d'une de ses meilleures universités, a écrit ceci en 1930, une vingtaine d'années après être entré en retraite spirituelle à Pondichéry ; il affirmait avec une certaine force : « La conception du Divin comme un pouvoir extérieur tout-puissant qui a « créé » le monde et le gouverne comme un monarque absolu et arbitraire – la conception chrétienne et sémitique– n’a jamais été la mienne ; elle contredit trop ce que j’ai vécu et expérimenté pendant trente ans de sadhâna. C'est contre cette conception que l'objection de l’athéisme a été orientée, – car  l'athéisme en Europe a été une réaction superficielle et plutôt infantile contre un « religionisme » exotérique également superficiel et infantile, avec ses notions populaires grossièrement dogmatiques et inadéquates[ii] .»

    Passons maintenant la parole à Aldous Huxley qui présente de façon claire une hypothèse de travail minimum à propos de laquelle de plus en plus de contemporains sont d'accord :

    « Pour ceux qui ne sont pas membre d'une église organisée de façon ‘congénitale’, qui ont trouvé que l’humanisme et le culte de la nature ne sont pas suffisants, et qui ne se satisfont pas de demeurer dans les ténèbres de l'ignorance, les immondices du vice et dans ces autres immondices que sont la respectabilité, on pourrait considérer que l'hypothèse minimum de travail pourrait être ceci :

Il y a un fonds,  un Brahman, une claire lumière de la vacuité, qui représente le principe non manifesté derrière toutes les manifestations.

Ce fonds est à la fois transcendant et immanent.

Qu’il est aussi possible pour les êtres humains d’aimer, de connaître, et de devenir effectivement identiques avec ce fonds Divin, alors qu'au début on ne l'était que virtuellement.

Que réaliser cette connaissance unitive du Divin est le but final de l'existence.

Qu’il y a une loi ou Dharma à laquelle on doit obéir, un Tao ou Voie qu'on doit suivre, si les êtres humains veulent avoir une chance de réussir à atteindre leur but final

Que plus il y a de soi-ego, moins il y a de Divin ; et que donc le Tao est une voie d’humilité et d'amour,  le Dharma une loi vivante de détachement qui transcende le petit soi. » Ainsi, nous pouvons dire que ce que propose Aldous Huxley comme hypothèse minima de travail est une non-dualité au sens large.

 

       La  non dualité n’exclut pas les autres pratiques religieuses ou spirituelles. Elle les considère comme des détours certes, mais qui ont leur utilité. On raconte à ce propos l’histoire suivante : il y avait un homme riche qui un soir chez lui avait tellement bu qu’il en est devenu complètement ivre. Dans sa confusion, il se tourne vers son chauffeur et  lui demande de le ramener chez lui. Le chauffeur essaie de lui faire comprendre qu'il est déjà chez lui, mais le patron s’énerve et menace de renvoyer son employé s’il ne lui obéit pas immédiatement. Placide, le chauffeur l’emmène faire tout un grand tour en voiture pendant plusieurs heures, le temps qu’il soit dégrisé. Finalement, ils reviennent à la maison et le chef est tout content d’avoir été obéi...

 

   […] L'intérêt de la stabilité dans une voie spirituelle est qu'on est moins impliqué dans les disputes entre les groupes et écoles. Ces querelles sont le risque du pluralisme, il faut donc savoir les prévenir. Swâmî Râmatîrtha donnait à une de ses disciples américaines qui allait prendre le bateau pour aller résider longtemps en Inde ce conseil : ne pas se préoccuper des querelles d'écoles et de sectes, et se centrer directement sur l'unité sous-jacente. C'était trois ans avant sa propre mort à l’âge de 33ans dans l'Himalaya, en 1906.   Gandhi disait : « Les enseignements de Swami Râma méritent d’être largement connus. Il était l’une des plus grandes âmes non seulement en Inde mais aussi dans le monde entier. J’adore ses idéaux »

 

Un passage vers l’Inde

 

    Le même Râmatîrtha a écrit aussi à cette disciple américaine un poème  Passage to India,  «La traversée vers l’Inde», et je suis heureux d'en traduire quelques strophes pour terminer cet ouvrage sur l'Inde intérieure. Tîrtha signifie d’ailleurs traversée, gué pour aller vers l’autre rive. Après beaucoup de réflexions profondes, place à la poésie mystique pour faire résonner ce silence qui est comme une mer dans laquelle le fleuve de ce livre est sur le point de déboucher :

 

Traversée vers l'Inde !
O ! Nous ne pouvons attendre plus longtemps !

Nous embarquons aussi, ô mon âme !

Vers toi, nous nous lançons également sur les mers où les chemins s’effacent !

Sans peur des rives inconnues, sur les vagues de l'extase
à parcourir en voilier. Parmi les souffles de la brise,
En évoluant librement– chantant notre chant de Dieu !
Chantant notre chant du Om heureux et apaisant !

Traversée vers l'Inde !

En bateau sur les mers, en marchant dans la nuit, sur les collines

Les pensées, les pensées silencieuses du Temps et de l'Espace, de la Mort,

Sont comme des eaux qui s'écoulent,
Elles me transportent en réalité comme dans des régions infinies
Dont je respire l'air.

Baigne-moi en toi, ô Dieu,  montant vers Toi,
Moi-même et mon âme afin que je puisse partager Ta proximité…

Traversée vers Mère l’Inde,
O,  secrets de la terre et du ciel !
Et les vôtres, ô vous les eaux de la mer !
Les lignes sinueuses des criques et le Gange !

Et les vôtres, forêts et champs ! Et le tien, ô puissant Himalaya,
Et le tien, aurore rougeoyante ! O nuages ! O pluie et neiges,
O jour et nuit,  traversée vers vous !
O soleil, et vous, toutes les étoiles, Sirius et Jupiter,  traversée vers vous!

La traversée, la traversée immédiate !
Le sang brûle mes veines
Allons-y, mon âme, lève l'ancre dans l'instant,
Tranche les amarres, sors l'embarcation, laisse se déployer d’un coup les voiles.
Ne sommes-nous pas restés assez longtemps ici, comme des arbres accrochés au sol !
Lève les voiles, mets le cap vers la haute mer,

car nous avons pris comme destination ce lieu où les marins n'ont encore osé aller.
Et nous allons risquer le navire, nous-mêmes et notre va-tout.

O mon âme, remplie de bravoure !
Au père, père, pars en haute mer !

O joie audacieuse,  mais assurée
Au père, père, pars en haute mer,

Vers ta réelle Demeure.

 

 

Retraites spirituelles avec Swami Nirgunananda.

Eté 2007

 

 

 

-  Du 12 au 18 août en France, à Terre du Ciel en Saône et Loire.

    Contact : Terre du Ciel : 03 85 60 40 33

    Email : infos@terre-du-ciel.fr 

 

-  Le 19 août à Genève, en Suisse.

    Contact : Jamshid Anvar

    Email : jamshidanvar@yahoo.com  

 

-  Du 20 au 22 août en France, en Drôme/Ardèche, près de Valence.

    Contact : Marie-Agnès Bergeon : 04 75 64 41 79

    Email : marie-agnes.bergeon@numeo.fr

 

-  Du 25 au 31 août en Belgique, à Gentinnes

    Contact : Paul Neeffs  tél. : 00 32 (0) 10 814 780

    Email : paulneeffs@yahoo.com

 

 

 

Swami Nirgunananda a rencontré en 1979 Anandamayî, une des plus grandes figures spirituelles de l’Inde contemporaine.

Il était alors docteur en biochimie et en médecine, chercheur et enseignant à l’Université. Mais dès cette rencontre, il s’engage avec et reste auprès d’Elle de façon permanente, devenant son dernier secrétaire privé – jusqu’au décès de fin août 82.Quatre ans plus tard, il décide de s’installer dans un ermitage dans l’Himalaya pour continuer son cheminement, et il y réside encore aujourd’hui.

 C’est toute cette expérience qu’il vient partager avec nous lors des retraites cet été.

Détails pour la journée du dimanche 19 Août 2007 :

Comme l'année dernière  le Satsang de Swami Nirgunananda  (le disciple de Anandamayî) aura lieu à Genève au Centre Védantique.

  Inscription :

Téléphoner ou envoyer un Email :

France : Fred Malfilatre  0631777701   fred.malfilatre@wanadoo.fr

Suisse : Jamshid Anvar 0793626494  jamshid@bluewin.ch

(Etant donné que  le nombre de places est limité, l'inscription est obligatoire)

 

Rendez-vous :

Centre Védantique, 63 Avenue d'Aire  1203 Geneve (0.5 kilomètre au sud de la Promenade de l'Europe, Centre Commercial appelé Planète Charmilles (voir la carte). Autobus 7 et 27, arrêt  Camille Martin)

Horaire :

De 10h00 jusqu'à 18h00 avec la pause pour déjeuner.

Contribution :

Il n'y a pas de frais d'inscription. Vous pouvez offrir quand même, si vous le souhaitez, un don à Swamiji pour l'entretien de son Ashram à Dhaulchina, à la fin de la retraite.

 

Nouvelles

 

- Grâce aux donations des Français, l’école au nom de Mâ Anandamayî dans le village de Jamrari en contrebas de Dhaulchina a pu construire un nouvel étage et doubler le nombre de ses élèves de 80 à environ 160, et augmenter le degrè des classes enseignées pour pouvoir garder les enfants plus longtemps en abordant un début de cycle secondaire.

- Vigyânanand (Jacques Vigne) est en tournée de conférences et de stages pendant 8 mois. Il terminera ce cycle par une journée sur La méditation selon l’enseignement de Mâ et de Vijayânanda à Bruxelles le 20 janvier 2008. (Programme complet sur www.jacquesvigne.fr.st et sur koevoetsg@wanadoo.fr). Son livre Inde intérieure, recueil de ses articles et études sur l’Inde depuis 20 ans, vient de paraître en mars aux Editions du Relié, ainsi que  Cheminer, contempler en mai, qui fait suite à Marcher, méditer, de nouveau en collaboration avec Michel Jourdan chez Albin Michel /Espaces libres. Vigyânanand y parle du Yoga. Il a été interviewé par Michel Cazenave pour l’émission de France-Culture Les vivants et les dieux, diffusée en juin. Le livre En compagnie de Anandamayî de Bithikâ Mukerjî, traduit de l’anglais par Jacques Vigne et Geneviève Koevoets, vient de paraître en avril 2007 aux Editions Agamat.

- Du 11 au 15 août, Vigyânanand interviendra à Ciel-sur-Cordes dans un centre tenu par Jean-Jacques Enjalbert où Caroline Abitbol organise pour les deux mois d’été une exposition photos sur les sadhous de l’Inde. Caroline a passé cinq mois récemment auprès de Vijayânanda à Kankhal. 
.

 

Renouvellement des abonnements

 

Nous avons déjà procédé au renouvellement général des abonnements du ‘Jay ’ pour une période de deux ans. Pour ceux qui auraient oublié de se réabonner, ce N° 85 sera le dernier exemplaire qui leur sera envoyé. Pour ceux qui voudraient se réabonner ou voudraient s‘abonner pour une première fois au ‘Jay ’ sur papier,  ils peuvent le faire pour 7 numéros à venir désormais jusqu'en mars 2009, en envoyant un chèque de 14 € à l'ordre de Jacques Vigne à :

Nadine et José Sanchez

L'Olivette

26 Hameau Beausoleil

Chemin de la Sainte-Croix

 84110 Vaison-la-Romaine

04 90 12 19 83 – nagajo3@yahoo.fr

Il est possible aussi de s’abonner pour recevoir le ‘Jay ’ par courriel. Envoyer alors 7 € pour 7 numéros jusqu’en mars 2009 à  la même adresse indiquée ci-dessus, tout en ne manquant pas d’aviser Mahâjyoti (Geneviève Koevoets) une fois le paiement avéré, à koevoetsg@wanadoo.fr Cette formule a l’avantage d’éviter les problèmes fréquents de numéros qui n’arrivent pas à cause des postes indiennes qui ne sont pas à la hauteur.

 

Table des matières

 

Paroles de Mâ

Haribâbâ et son entourage par Bithikâ Mukerjî

Echos de félicité par Vigyânânanda

L'Occident spirituel et religieux actuel vu d'Inde.

par Vigyânânand

Retraites spirituelles avec Swami Nirgunananda.

Eté 2007

Nouvelles

Nouveaux abonnements

Table

 



[1] En fait, il ne l’a pas étudié pendant les trois premières années, et donc ne le comprenait et ne le parlait pratiquement pas. Shrî Mâ lui a ensuite demandé d’aller faire un an de retraite en silence complet à Patal Dévî, son ashram près d’Almora dans l’Himalaya, ce qu’il a effectué. A la conclusion de cette année, il s’est rendu à Solan, ailleurs en Himalaya, pour retrouver Shri Mâ. Juste après s’être prosterné à ses pieds, il s’est mis à lui parler couramment en hindi. Shrî Mâ s’est moquée de lui en disant : « Comment ? Maintenant tu parles le hindi ! Mais alors, tu n'as pas respecté l'année de silence que je t'ai demandée ! » En fait, il l’avait observée, mais le hindi lui étaient venu spontanément.

[2] (Note de Bithikâ : Shrî Mâ se référait à l’incarnation de la doctrine de l’ahimsa seulement, la non-violence active, et non à d’autres comparaisons).



[i] Vivekananda My India Eternal India RMIC, Calcutta, 2000, p.31

[ii] Sri Aurobindo India’s Rebirth 2000, disponible en France à l'Institut de Recherches Evolutives, 140 boulevard du Montparnasse, 75014 Paris