Jay Ma 72         Printemps 2004

 

 

 

 

 

Réponses de Ma

(traduites par Marol dans « La saturée de joie » Dervy)

 

Question : Je suis pris dans les filets de l'illusion (mâyâ). Comment en sortir ?

Mâ : à la machette. C'est comme ça qu’on se fraie un chemin dans la jungle. Pour cela, il faut déjà s'enfoncer dans la jungle. Nous parlons de l'illusion de qui ? Les jeux d'illusions de Dieu n'ont pas de commencement. Pourtant ils peuvent avoir une fin. Même au plus profond de la jungle, on peut ouvrir une clairière.

   Un pot bien astiqué révèle sa qualité. "Cela qui est" resplendit quand on a suffisamment frotté! Comment retirer la pellicule de l'illusion ? Dans la compagnie des sages, et en suivant les conseils de son guide (gourou).

   Tant que le guide de n'a pas été trouvé, tous les noms font écho à Son nom, toutes les formes sont Sa forme, toutes les qualités, Ses qualités.

    Réfléchissez bien à cette question : comment me libérer de l'illusion ? Quelle est la voie ? Quels sont les moyens ? D'une façon ou d'une autre, pensez toujours à Lui. Nos pensées, nos paroles, dédions-les Lui. Le reste n'est que futilité et souffrance. (p. 182)

      Dieu peut se révéler indépendamment de vos efforts. Si vous vous êtes engagés dans des exercices spirituels, c'est que pendant des vies vous n'avez voulu satisfaire que vos envies.

Si après avoir gaspillé tant de vies, vous avez l'intelligence, la bonne idée de décider : "Maintenant ça suffit ! Je ne veux plus tourner en rond de naissance en naissance !"... Alors vous vous engagerez sérieusement dans une ascèse réelle. Sinon vous vous réabonnez à de nouvelles souffrances, vie après vie, ballottés par vos appétits et vos passions.

Il n'y a que Dieu, rien d'autre. Ne pas s'en apercevoir est dû à votre brouillard mental. Engagez-vous dans une discipline, kriya, qui vous convienne, qui soit dans votre style d'approche. (p. 184)



Question : je vous ai entendue dire que tous les instants sont contenus dans l'Instant suprême. Je ne comprends pas.

Mâ : le moment de naître conditionne une nouvelle expérience de vie : à l'Instant suprême, tout est accompli ! Notre destin est comblé !

    Quand il n'y a plus rien à brûler, là est le moment de toute éternité ! Saisir ce moment, là est votre destin. En réalité, il est Cela ; Tout-Cela. Comment Cela pourrait laisser quoi que ce soit en dehors ? Qui a plongé dans ce courant ne peut plus séparer présent, passé, futur.
Les moments tels que vous les vivez sont tétanisés. L'instant contient l'être et le devenir, il contient tout ; rien n'est là et tout est là.

   Il n'y a pas même d'opposition entre cet Instant et des moments qui ne sont que des bouts de temps ! L'Instant est temps, mais pas ce que vous nommez "temps". Le temps, samaya est saturé de Soi , sva maya, « tissé du seul Soi » ; rien n'existe, sauf le Soi ! (p. 185)

 

 

Un ermitage idéal
 par Vijayandanda

 


Mai 1966


     Me voici de retour dans cet ermitage en pleine forêt himalayenne, aux environs du village de Dhaulchina. La première fois que j'ai entendu parler de cet ashram, vers 1960, j'étais à Almora, capitale de la province himalayenne du Kumaon. Un nouvel ashram, m'avait-on dit, venait d'être construit en pleine montagne sur un plateau face aux neiges éternelles. L'ermitage était loin de toute habitation humaine au milieu de la forêt, hantée par les fauves. Les voies de communication étaient précaires. L'endroit était à peu près à 25 km de la ville d'Almora. Les premiers quinze kilomètres pouvaient être effectués en autobus jusqu'au village de Baréchina, mais de là, il fallait accomplir, avec un guide, huit kilomètres d'ascension à pied jusqu'au village de Dhaulchina puis  encore deux kilomètres en pleine forêt jusqu'à l'ashram.

     En outre, le point d'eau potable le plus proche était au village, c'est-à-dire à près de 2 km de distance et le ravitaillement en denrées de première nécessité s'avérait difficile car le village ne possédait que quelques boutiques mal achalandées. Vivre dans un pareil ermitage paraissait sinon impossible, du moins très difficile. Pourtant, c'est justement la difficulté qui me tenta et peut être aussi la curiosité de me rendre compte comment l'on pouvait résoudre les problèmes vitaux : eau, nourriture, habitation etc. là où leur solution s'avérait si précaire. Mais les choses vont lentement aux Indes et ce n'est qu'en avril 1963 que mon désir d'aller vivre dans cet ashram a pu se réaliser. Mais ce n'était pas une chose si simple. L'ashram de Taratal, puisque c'était son nom à l'époque, était sous la responsabilité d'un gardien qui habitait au village et qui avait les clés, mais qui était souvent absent. D'autre part, pour un européen, s'aventurer seul au milieu de ces villages de montagne sans connaître personne était une expédition plutôt hasardeuse.

     Le gardien s'appelait H.Singh. C'était un notable du village, tenancier d'une petite boutique d'épicier. La solution la plus simple, c'était de lui écrire et de lui demander de venir me chercher à l'ashram d’Almora. C'est ce que je fis. Mais ma lettre resta sans réponse. Il faut dire que H.Singh ne savait ni lire ni écrire. Néanmoins, il aurait pu envoyer une réponse par personne interposée. Mais je ne perdis pas courage et fit écrire par le directeur de l'ashram d’Almora puis par des hommes importants de la ville. Toujours pas de réponse. Pourtant, un beau matin, "un homme qui descendait des montagnes" vint à l'ashram d’Almora et demanda à me voir. C'était le fameux H.Singh, le gardien du seuil de l'ermitage convoité. Et il venait me chercher... Il me donna rendez-vous en ville à l'heure du départ de l'autobus que nous devions prendre ensemble jusqu'au relais de Baréchina. Enfin mon rêve allait se réaliser...

      Mais il y a loin de la coupe aux lèvres, car un messager de H.Singh vint bientôt m’informer qu'il était inutile de me rendre en ville pour prendre l'autobus, ce dernier était surbondé, il était impossible de s'y caser. H.Singh lui-même retourna à son village, je ne sais par quel moyen et me donna rendez-vous au relais de Baréchina quelques jours plus tard. Là, il viendrait me chercher ou enverrait des porteurs pour me guider jusqu'au village de Dhaulchina, et à l'ashram au-dessus.

Vijâyananda va au rendez-vous, attend des porteurs qui ne viennent pas, et finalement décide de prendre les siens propres.

       Et nous voici en route à travers les sentiers de montagne vers le village de Dhaulchina. Le chemin passe en pleine forêt himalayenne et monte presque continuellement. Une voie assez praticable a été taillée sur le flanc de la montagne. Mais mes porteurs préféraient prendre les raccourcis à travers des sentiers périlleux pour un homme de la plaine comme moi. Le raccourci principal, qui fait gagner presque 1 km, passe à travers un torrent de montagne. Nous descendîmes jusqu'au lit du cours d'eau à un endroit où il était possible de le  traverser à gué. Puis commença l'escalade de la grande montée, la charaï comme ils l’appelaient, sur un sentier qui grimpait presque tout droit vers le sommet pendant près d'un demi-kilomètre.

      Il s’agissait d’un gros effort pour mes jambes et mon souffle et j'admirais ces vigoureux montagnards qui montaient avec une lourde charge sur le dos ou sur leur tête. Pourtant, je sentais à peine la fatigue,  enivré que j'étais à la joie de respirer l'air pur de ces solitudes sauvages. L'odeur des résines, le parfum des herbes de la montagne, le bruit du torrent qui roule en bas, ce majestueux silence, la splendeur des paysages et, - qui sait - peut être aussi quelque présence mystérieuse dégageait une atmosphère prenante qu'on ne trouve que dans ce légendaire Himalaya.

        Enfin, nous atteignîmes le sommet du pays et notre petit groupe reprit le chemin battu ; le plus gros était fait, le village n'était plus bien loin. Nos porteurs s'arrêtèrent pour souffler un peu et fumer une bidi (cigarette populaire constituée d'une feuille de tabac roulée). Encore une demi-heure de marche et nous arrivâmes enfin au village de Dhaulchina. Quel contraste avec le relais de Baréchina, car Dhaulchina est un village adorable ; "adorable" est bien le mot. C'est un tout petit village comprenant quelques groupes de maisonnettes disséminés entre les flancs de montagne comme placés là par un artiste géant au goût exquis ; autour des maisonnettes, la montagnes est taillée en gradins horizontaux qui sont transformés en champs de culture pour le riz, le blé etc. Et quelle richesse de coloris ! La verdure, les champs encadrés par le bleu sombre des pics dans le lointain et au-dessus, un ciel d'azur transparent comme celui de Provence.

       Notre première halte au village fut à la boutique de H.Singh. Dès qu'il m'aperçut, il vint à ma rencontre et me reçut avec une cordialité touchante. Après tout, je n'étais qu'un étranger qui venait faire intrusion dans ses montagnes  paisibles. Il avait, me dit-il, envoyé des porteurs à ma rencontre. Ils avaient dû  prendre un autre chemin.

     Je pensais continuer ma route vers l'ashram mais le soleil venait de se coucher et H.Singh me conseilla de passer la nuit au village et de ne repartir que le lendemain matin. Je fus installé le mieux possible dans une véranda couverte et mon hôte de passage s’ingénia à ne me laisser manquer de rien. Le lendemain matin, avec de nouveaux porteurs je repris  la route vers la hauteur de Taratal où se trouve le fameux ashram ; il était inhabité depuis longtemps car les deux ou trois sadhous qui y avaient vécu pendant une courte période avaient battu en retraite devant les difficultés qu'ils avaient rencontrées ; en plus des deux guides, un homme portant sur sa tête un bidon d’eau nous accompagnait. Désormais, un homme apporterait tous les matins du village un bidon d'eau (environ 18 litres) qui devrait suffire pendant vingt-quatre heures à tous les usages, bains, cuisine, boisson, etc.

     Nous prîmes d'abord le chemin qui mène vers le bourg de Pannanaula puis, quittant la route, ce fut une ascension en pleine forêt sur un sentier de montagne. Le chemin paraît long quand on le prend pour la première fois, pourtant cela ne représentait qu'à peine deux kilomètres et je les fais maintenant allégrement à l'aller ou au retour comme une simple promenade. Enfin, nous atteignîmes le plateau de Taratal. C'était une clairière au sommet de la crête, entourée au sud, à l'est et à l'ouest par des forêts où le pin résineux et le chêne  croissent en abondance. Mais au nord et au nord-est, la vue est ouverte sur un quart de cercle où s’étagent les pics couverts de neige éternelle, rivalisant de splendeur les uns avec les autres.

     L'ashram comprend deux maisonnettes inhabitées, plus une petite cabane à demi-construite ; je fus logé dans la maisonnette la plus confortable et qui avait en plus l’avantage d'être munie d'une fenêtre faisant face aux sommets neigeux. Puis mes compagnons et H.Singh qui était venu nous rejoindre redescendirent vers leur village et je fus laissé seul…Comme le Petit Poucet dans la forêt ! Je dois dire que contrairement au Petit Poucet, je manque totalement de sens de l'orientation et que je perds ma route avec une facilité étonnante. Néanmoins, cette fois-ci, j'avais soigneusement repéré la direction que mes compagnons avaient prise pour retourner vers leur village. Ces braves gens pour qui les chemins et sentiers de la forêt étaient familiers depuis leur enfance n'avaient pas pensé que, si je devais redescendre vers le village pour mes provisions, je risquais fort de m'égarer dans cette vaste forêt himalayenne. En effet, personne ne s’occupait  plus de moi. Néanmoins, un homme venait tous les matins apporter de l'eau et du lait. A cette heure matinale, j'étais assis en méditation et observais d'ailleurs le silence. L'homme déposait sa charge dans une chambre à côté et je ne le voyais presque jamais.

    ….. Les hindous de ces montagnes ressemblent physiquement assez aux européens, surtout à ceux du nord de la Méditerranée. Ils sont en général droits et honnêtes et ne sont pas contaminés par l'esprit des villes de la plaine. Comme beaucoup d'hindous, ils font souvent preuve de timidité et ils ont quelquefois une attitude quasi féminine.

    Les montagnards de Dhaulchina sont pour la grande majorité de la caste des kshatriyas, les guerriers. A leur prénom, ils ajoutent la particule Singh, une déformation du mot sanskrit sinha qui signifie lion. Il devinrent bientôt presque tous mes amis et quand je descendais au village, j'étais comme chez moi en famille. Toujours est-il que malgré les difficultés, je réussis à équilibrer mon menu et à ne manquer de rien (c'est-à-dire à obtenir les denrées de première nécessité) sauf en de rares occasions.

…… Quand le soleil se couchait sur le plateau de Taratal, alors commençait pour moi la grande solitude. Car qui oserait se promener la nuit dans cette forêt sauvage ? Néanmoins, entre juillet et octobre, un concert crépusculaire se faisait entendre comme un prélude au silence. Les musiciens n'étaient pas des humains, mais des insectes ; dans ces montagnes vit une variété de cigales qui semble être perchée sur les pins résineux ; son chant est de beaucoup plus varié et harmonieux que celui de sa cousine de Provence. Elle est capable d'émettre trois sons  différents ayant une étonnante tonalité musicale. Avec ces trois sons, elle peut aussi produire des variations d'intensité et de rythme ; quand une seule cigale chante, c'est déjà assez harmonieux, mais quand elles jouent en chœur, il en résulte une véritable symphonie qui ne serait pas déplacée dans un programme de musique d'avant-garde.

    Sur le plateau de Taratal, je ne les entendais que rarement dans la journée et jamais chantant en chœur ; mais dès l'heure précise du coucher du soleil (tellement précise que j’aurais pu y ajuster ma montre) commençait une symphonie crépusculaire. L'une d'elles  - peut être le chef d'orchestre - donnait le départ avec un son prolongé et puis, une à une, les cigales du voisinage se joignaient à cette "prière au Dieu vivant". Chacune émettait un des trois sons différents. L'ensemble produisait un concert d'une réelle harmonie ; cela durait environ vingt minutes jusqu'à la tombée de la nuit et le chant s'arrêtait brusquement. On aurait dit une congrégation de moines disant leur prière commune du crépuscule. Pendant toute la période allant de début juillet à la mi-octobre - c'est-à-dire en grande partie la saison des pluies - le chant avait lieu tous les soirs, avec la même précision horaire. Quelquefois, il pleuvait à verse, le vent soufflait en tempête, mais les cigales continuaient leur symphonie avec une intensité à peine diminuée.

  Je n'ai pas pu trouver d'explication à ce curieux phénomène. Après le chant des cigales, le grand silence de la nuit tombait sur la clairière de Taratal. Seul le vent, murmurant, chantant, gémissant, quelquefois soufflant avec furie, venait rompre ce silence. Ou peut-être aussi, mais plus rarement, le hurlement d'une bête sauvage dans le lointain.

 

     Entre l'ashram de Patal Dévi situé en dehors de la ville d’Almora et Dhaulchina, Vijâyananda aura passé seize ans pratiquement seul dans l'Himalaya. Il est difficile de lui faire parler de ses expériences pendant cette période-là. Souvent, quand on lui demande comment cela a été, il répond simplement : "c'était bien !" et cependant, il revient sur le fait que l'intérêt de la solitude, c'est déjà de ralentir le mental et ainsi de pouvoir beaucoup mieux l'observer jusqu'à sa racine. Un autre intérêt, c'est de pouvoir éradiquer le moindre mouvement de peur qui ne manque pas de venir quand on vit pendant longtemps en pleine nature, surtout la nuit. A propos de l’incommunicabilité de l'expérience spirituelle, il aime raconter cette histoire de Ramakrishna : un aveugle de naissance voulait savoir ce qu’était le blanc, un ami lui dit : "le blanc, c'est comme la neige" "et de quelle couleur et la neige ?" "Eh  bien... Comme le cygne !" "et comment est le cygne ?" l'ami, un peu désarçonné, finit par trouver une solution : il plia son avant-bras et son poignet pour évoquer la forme du cou du cygne et demanda à son ami l'aveugle de le toucher. A ce moment-là, celui-i s'en alla courir  chez ses autres amis tout content  en disant : "voilà ! J'ai compris ce que c'est que le blanc ! C'est comme cela !" et il montrait à tout le monde  son avant-bras et son poignet pliés..

    L'ermitage de Dhaulchina a été à l'abandon pendant onze ans, puis Swami Nirgunânanda, le dernier secrétaire privé de Mâ Anandamayî, y est monté et y vit depuis dix-sept ans. Il a travaillé pour aménager les lieux et les rendre plus vivables. Jacques Vigne y vient depuis dix ans, et depuis un an y réside aussi  le plus clair de son temps.

 

 

Pensées

de l'Himalaya

 

Entretiens

avec Swami Nirgunananda

recueillis par Claire Landais

à l’ermitage de Dhaulchina en Himalaya au mois d’avril 2002

Le texte ci-dessous représente des entretiens entre Swami Nirgunânanda et Claire Landais, de Paris  qui est venue en visite en avril 2002 pour un mois entier à Dhaulchina. Il s'agit d’un ermitage de Mâ Anandamayî à une altitude de plus de 2000 m, dans la région himalayenne du Kumaon, au-dessus d’Almora. Pendant de longues conversations avec Swâmîjî, elle a pris des notes en français, puis les a mises au propre, et les a envoyées en Inde pour révision. Comme celui-ci ne sait pas le français, j'ai traduit ces notes en anglais. Claire a noté ce que Swâmîjî a dit sans mentionner le contexte et donc, à certains endroits, la suite logique des choses a été perdue. Néanmoins, Swâmî Nirgunânanda a essayé de se souvenir de ces contextes particuliers et a donné la présente forme aux échanges qu'il a eus avec elle. J’espère que ce petit livre sera utile aux fidèles français de Mâ et à tous ceux qui ont rencontré ou rencontreront Swâmîjiî, que ce soit lors de ses tournées en France en été ou pendant le reste de l'année à l'ermitage même.

Jacques Vigne

  Dhaulchina , le 2 janvier 2004

 

 

 

 

Question : Est-ce qu’on vous avait confié des tâches spécifiques quand vous étiez avec Ma ?

Swamiji :Dès le premier jour de ma vie auprès de Mâ, on m'a confié la rédaction des réponses aux lettres de ses fidèles. Il y avait des milliers de lettres et sans aucune exception elles contenaient des questions sur des sujets spirituels ou de la vie du monde. Je devais lire ces lettres, en extraire l'essentiel, demander les réponses de Mâ et les écrire aux fidèles respectifs. Des gens de toutes les couches sociales écrivaient à Mâ à propos de leurs problèmes et de leurs doutes et la priaient de leur donner des solutions.

Q. Etaient-ils satisfaits des réponses ?

S. A mon sens, oui. Mon expérience, c'est que personne n’a réécrit à propos des mêmes problèmes. A ce propos, une parole de Mâ me revient à l’esprit  : " Ce corps ne répond pas à vos questions. C’est vous qui répondez. ". Les questions sont les vôtres, les réponses sont les vôtres. Ceci ne fait que  sortir de la bouche de ce corps."

Quel est le sens spirituel de notre vie ?

Le but spirituel de la vie, notre devoir aussi, c’est d’être heureux perpétuellement. La vie de l'être humain commence avec une note de malheur. Pourquoi un nouveau-né crie-t-il? Parce qu’il se sent malheureux d'avoir à faire face à un monde inconnu ; il ne se sent pas en sécurité. Peut-être voudrait-il retrouver le confort rassurant qu’il connaissait dans le sein de sa mère. Ce sens d'insécurité et de malheur imprègne toute la vie.

Comment peut-on rendre les autres heureux ?

D'abord, rendez-vous heureux vous-même. Votre bonheur va se répandre chez les autres : vous ne pouvez donner de l'argent à un mendiant que si vous en avez. Seul l'amour peut rendre les autres heureux. On dit : "Aime ton voisin comme toi-même". D'abord, ressentez de l'amour pour vous-même.

Est-ce que ce n'est pas une attitude  égoïste ?

Comment peut-on être égoïste sans connaître le Soi ? [Ici, Swâmîjî joue sur les mots anglais, égoïste se disant selfish et Soi se disant Self] Comment pouvez-vous vous aimer sans d'abord vous connaître ? Regardez ces rhododendrons (le coin de Dhaulchina est plein de rhododendrons en fleurs, ceux-ci ont la taille d'arbres. Ils offrent une vue magnifique en février, mars et avril.) Est-ce que vous pensez qu'ils fleurissent pour vous ? Non, ils ne se soucient pas de vous, et pourtant vous êtes heureuse de les regarder. On doit cependant se souvenir d'une chose, que son bonheur ne doit pas être au prix de la souffrance de quelqu'un d'autre.

Quelle est la  différence entre  activité spirituelle et non spirituelle ?
Apparemment,  il y en a, mais en fait, il n'y en a pas ! Ce qu'on considère être activité spirituelle pour une religion particulière peut ne pas l'être aux yeux d'une autre religion. La différence réside dans la manière dont on les accomplit et dont on les considère.
Est-ce qu'on peut considérer l’art comme une activité spirituelle ?

Bien sûr, c'est une activité spirituelle. Par l'intermédiaire de sa peinture, l'artiste exprime et établi le lien entre les mondes intérieur et extérieur. Il fait ceci pour son propre plaisir et il en a de la joie.

Que pouvez-vous dire d'une personne  qui ne s’aime pas elle-même et n'aime pas sa propre image ?

Des gens peuvent dire qu'ils n’aiment pas leur propre image ou qu'ils ne s’aiment pas... D’accord, certaines personnes peuvent ne pas aimer leur image. Mais malgré tout ils s'aiment eux-mêmes. Quand quelqu'un n’aime pas quelque chose ou une autre personne, il existe à arrière-plan de son mental d’autres objets d'amour. Quand Mâ a quitté son corps, je voulais me suicider parce que Mâ n'était plus physiquement avec moi, c'était parce que je m'aimais moi-même que je désirais que Mâ soit avec moi !

Comment puis-je vivre sans Mâ ?

En aimant le Soi. Le but de la vie, c'est de se connaître soi-même, d’entrer en soi-même. D’habitude, on désire connaître toujours plus les gens qu'on aime et on ignore le Soi. Quelqu'un  a demandé à Mâ : "Mâ, est-ce que vous nous aimez autant que nous vous aimons?" "Vous m’aimez parce que  je vous aime", répondit Mâ. "Vous ne pouvez vous figurer l'amour que j'ai pour vous !" L'amour de Mâ commence là où notre imagination s'arrête. En d'autres occasions, Mâ a dit : "Aimer Mâ signifie s'aimer soi-même." Il est un fait simple que nous ignorons toujours, c'est que jamais nous ne sommes sans amour. Mes souvenirs font partie intégrante de mon existence. Tant que Mâ est dans mes souvenirs, je ne suis pas « sans elle ».

Pour vous ,  qui est Mâ ?

Un jour pendant un satsang, quelqu’un a demandé " Mâ qui êtes vous ? " J’étais très heureux car c’était aussi ma question, la question de tout le monde. Elle a répondu : " Ce que vous pensez, je le suis. " Mon problème était résolu ainsi que celui de tous ceux qui avait entendu la réponse. Elle pouvait être Lord Krishna pour l’un, Lord Shiva pour un autre ou ma mère…

Mais cette question a continué à être posée. Elle est devenue une controverse. On disait que c’était une question normale de la dévotion. C’est la seule question qui a été posée plus de 1000 fois ! Elle avait répondu la première fois à cette question à l’âge de vingt ans. Elle était une femme au foyer dans le Bengale rural et conservateur.  Un cousin qui était proche d'elle la lui a posée.  Elle a répondu : Purna Brahma Nârayân puis elle a ajouté : Nârayân, Nârayanî Les gens connaissaient cette réponse et pourtant lui ont redemandé bien des fois… C’est qu’ils ne la croyaient pas, ils doutaient.

Comment aimer Mâ ?

Il n’y a pas de technique particulière pour aimer. Pour chaque activité de la vie, nous avons besoin d'apprendre de quelque part ou de quelqu'un. Mais aimer est la seule activité que nous ayons de naissance. J'ai débuté ma vie en aimant ma mère. A ce moment-là, le monde m’était tout à fait inconnu. Ma mère était le seul objet de mon amour. Puis, le monde objectif s'est insinué dans ma vie. Mon amour pour la mère a été dilué parmi d'autres objets d'amour. Pour entreprendre quelque chose de nouveau, nous avons besoin d'un professeur, mais aimer est un savoir-faire naturel. On pense que Mâ est spéciale, c’est pour cela qu’on souhaiterait avoir une technique spéciale. Ou bien, il se peut que notre instinct naturel pour aimer se soit terni à cause du nuage des objets avec lesquels nous avons été en relation dans le passé. Si nous pouvons aimer une chose ou une autre, pourquoi avons-nous besoin d'une méthode spéciale pour aimer Mâ ? Mâ a dit : "Soyez comme un enfant qui ne connaît rien, si ce n'est sa mère."

Mâ aime tout le monde de la même façon, mais nous voulons plus. Un enfant nouveau-né ne fait aucune distinction entre les objets avec lesquels il entre en relation.

Tout le monde aime la simplicité. Il n’y a pas de spécification de la simplicité. Mâ est l’incarnation de la simplicité, du naturel, mais cette simplicité même, nous l’avons perdue dans la complexité des processus du monde. Nous avons égaré ces qualités ou il se peut qu'elles se soient déposées à la base de notre conscience, là où nous ne pouvons plus les voir. En Mâ, nous les reconnaissons. Essayons de les extraire des recoins les plus cachés de notre cœur et de les faire revenir à la surface. Expérimentons ce sentiment qui nous permettra de dire : " Mâ, je ne peux rien faire sans vous ". En agissant ainsi, un jour pourra venir où je serai capable de retrouver mon Soi ainsi que cet amour qui était apparemment perdu.

Swâmîjî, suivez-vous  une pratique spirituelle particulière et si oui,  dans quel but ?

A mon sens, les pratiques spirituelles ne sont pas faites avec un but imaginaire, mais pour dissoudre ce qui recouvre la pureté naturelle en moi. C'est ce voile qui obscurcit ma vision de l'amour. Le point central autour duquel gravite toute ma vie, c'est mon amour pour Mâ.

Avez-vous besoin de tout abandonner pour cela?

Mâ elle-même dit : "Vous n'avez pas besoin de quitter quoi que ce soit, les choses vous quitteront" Ce dont vous n'avez pas besoin s'en ira automatiquement. Un petit enfant aime son nounours. Par la suite, il l’abandonne, et devient passionnément attaché à quelque autre jouet en oubliant ceux du début. Mais souvenez-vous, les jouets changent pour l'enfant, mais non son amour pour les jouets.

Que pensez-vous du monde autour de vous ?

Le monde existe vraiment, et ce pour que j'en aie l’expérience dans mon amour. Les expériences sont  incrustées dans les souvenirs et deviennent une partie de moi-même ; je sais que je m’aime moi-même et dans ce cas, je dois aimer le monde.

 Pourquoi éprouve-t-on de la tristesse ?

Parce qu'on perd la conscience de son unicité, parfois, on devient triste. On cherche toujours à comparer son existence avec celle des autres et on se fait des reproches, alors on tombe dans la tristesse. L’unicité est au-delà de toute comparaison.

Comment évaluez-vous l'état spirituel de Mâ?

En ai-je besoin ? A mes yeux, elle est un être humain parfait. Mâ n'est pas une déesse abstraite - pour moi bien sûr, je ne suis pas opposé à ce qu’affirment les autres à ce sujet. Je sais bien que j'ai des lacunes dans mes comportements et mes activités et la perfection de Mâ m’aide à les voir. J’essaie de rectifier mes défauts en apprenant à me comporter comme elle, dans ses manières de faire humaines. En outre, pour quantifier quoi que ce soit, on a besoin d'avoir une unité de mesure. Mâ n'étaient pas une déesse à mes yeux, bien que les gens qui disent ainsi puissent être dans le vrai ; elle était ma mère. Elle était un être humain parfait, on peut dire au moins qu'elle a été quelqu’un qui n'a commis aucune erreur dans sa vie. Quant à son niveau spirituel, je ne serais pas capable d’en sonder la profondeur ni d'en évaluer la hauteur car il est certain que moi-même, je n'ai aucune unité de mesure pour m’en rendre compte. Elle est simplement ma mère et j'ai besoin d'elle plus que de toute chose.

Mâ n'avait pas fait d'études. Comment expliqueriez-vous sa sagesse ?

 Dans les mots mêmes de Mâ : " La vie est le plus grand des livres. Pour celui qui en a pénétré la profondeur, votre science, philosophie, dharma et Ecritures ne restent pas inconnus" La vie est un grand livre. Mâ n'a jamais étudié, mais elle était pleine de sagesse. Elle a vu la vie telle qu’elle était. La vie nous donne des réponses, tandis que parfois, les Ecritures nous embrouillent.

Pourquoi les gens partent-ils en pèlerinage ?

 Notre vie est en elle-même un pèlerinage vers la joie. Nous sommes tous des pèlerins, que nous soyons croyants ou incroyants. Si je ne crois pas en Dieu je crois à quelque chose que j’aime fortement... Nous allons vers un lieu saint pour le voir, le sentir, l’aimer parce que nous avons cet amour à l’intérieur mais nous ne sommes pas capables de le sentir.

Est-ce que cela vous fait du bien de partager vos souffrances et vos plaisirs ?

Nos émotions ont envie de s'exprimer à l'extérieur. C'est une partie intégrante de la nature humaine de  partager l’amour, la peine avec les autres. Un homme -ou une femme- ne peut pas vivre seul. Bien que je sois heureux tout seul à Dhaulchina, si quelqu’un vient et que je peux partager, je suis encore plus heureux ! En ce qui concerne la souffrance, je l’assume tout seule. Je ne souhaite pas infecter les autres avec mes douleurs.

 Swâmîjî, suivez-vous  le chemin de la bhakti ?

Oui. Pouvez-vous me dire le nom de quelqu'un, dans l'histoire globale des religions du monde, qui n'ait pas suivi le chemin de la dévotion dans son voyage spirituel? Bien sûr, vous pouvez citer des personnes qui ont suivi, défendu et soutenu le chemin du discernement, appelé aussi connaissance. Mais si  je vous demande pourquoi ils ont suivi ce chemin même, la réponse sera aussi simple que cela, : "Parce qu’ils l’ont aimé". La base commune, c’est l’amour. Cela peut être l'amour pour le but, ou aussi pour le chemin. Ceux qui suivent la bhakti, la voie dévotionnelle essaient d'abord d'établir une relation humaine entre eux-mêmes et le visage bien-aimé, de Dieu ou de la Réalité ultime telle qu'ils se la figurent, et ensuite essaient de la purifier et de l'élever. Je pars du point de vue humain parce que je le connais, et par la pratique, je peux le sublimer jusqu'au niveau divin. Une fois que j'ai établi cette relation entre moi et mon objet d’amour, si quand même je pose la question  "Qui es-tu ?", je ne serai plus capable de goûter l’essence de cette relation qui a été établie. De cette manière, je mets des distances entre mon objet d’amour et moi plutôt que je ne l'attire. Je coupe la relation avant de l’élever et de la sublimer.

Qu'est-ce que la sâdhanâ ?

De grands enseignants, maîtres, saints et différents sages ont défini la sâdhanâ, la pratique spirituelle, de façon variée. Mais la définition la plus simple que j'ai trouvée jusqu'à présent vient des lèvres de Mâ. Svadhan praptir upay holo sadhana. C'est-à-dire : "la voie pour retrouver votre propre trésor est appelée sâdhanâ". En sanskrit, sva- signifie son propre soi et dhan- signifie richesses, trésor. On peut donc dire dans le langage de Mâ, que la sâdhanâ, c'est de redécouvrir ses propres richesses.

Est-ce que Mâ était en faveur d’une voie de sâdhanâ particulière ou exclusive ?

La voie de Mâ bien sûr, si elle en avait une en particulier, incluait tout sans aucun cadre ou dogme. Une dame aspirante spirituelle chrétienne a demandé à Mâ une direction pour la vie intérieure. Mâ s'est enquise de la doctrine spirituelle qu'elle suivait. La dame a répondu qu'elle était chrétienne. Mâ dit : "Je suis aussi une chrétienne, une musulmane et une hindoue". Mâ demandait toujours aux aspirants de suivre leur propre voie et leurs Ecritures.
Pouvez-vous parler d'une pratique intérieure prescrite par Mâ indépendamment de toute doctrine spirituelle particulière ?

Voici une histoire que je répète souvent : une fois, Mâ voyageait en train avec une dame pour l'accompagner. Il y avait d'autres passagers dans le même compartiment. A cette époque, elle n'était pas très connue dans le monde spirituel indien. Quelques jeunes gens rentrèrent aussi dans le compartiment. Ma avez une personnalité magnétique et attirante. Ils voulaient lui adresser la parole. Quand Mâ s'est engagé dans la conversation, ils restèrent  suspendus à ses lèvres. Ils se rendaient compte que c’était une personne spirituelle même s’ils ne la connaissaient pas. Quand ils ont dû descendre, Mâ leur a demandé : " Vous ne me donnez rien? (C’est la tradition en Inde de donner quelque chose aux moines errants). Les gens se mirent à chercher dans leur porte-monnaie. Elle disait : " Non, non, je vous demande juste du temps à Dieu chaque jour, seulement cinq minutes par jour."

Mâ demandait souvent 5, 10, 15 minutes par jour pour elle, toujours à la même heure. C’est la meilleure des pratiques. Elle est suffisante. Aucune autre pratique n’est nécessaire. Mais en fait c’est très difficile. Même pour un ermite c’est très difficile. Offrir 5 minutes à Mâ, c’est s’offrir 5 minutes à soi-même. On ne le fait jamais, c’est difficile. Offrir vraiment, sans rien attendre, pas de reconnaissance, pas de gain, pas de résultat. Ce n’est pas un investissement pour satisfaire des attentes futures ! Peut-être faut-il avoir pour seule attente que cela fasse plaisir à Dieu et à Mâ.

Vous devez tout le temps être en alerte pour cela. Voici une autre histoire : Il y avait un zamindar ( grand propriétaire terrien) à Dehra-Dun, qui était un buveur invétéré. Il avait grand plaisir à chasser les tigres. Il aimait beaucoup Mâ. Un jour elle lui a demandé s’il accepterait de lui donner quelque chose : Cinq minutes chaque jour à heure fixe, pour la vie. Il lui a dit, "vous ne m’avez jamais rien demandé, alors d’accord". Une nuit, il partit à la chasse au tigre, il avait tendu un piège et soudain le léopard est arrivé, il leva son fusil et était sur le point de tirer mais les yeux tombèrent sur sa montre : c’était l’heure précise qu’il avait abandonnée à Mâ. L’homme laissa tomber son fusil, il a fermé les yeux et pendant cinq minutes il a pensé à Mâ. Quand il a réouvert les yeux, le léopard était parti. On doit tenir ses engagements de cette façon.

Est ce qu'il y avait des  rejets  dans la vie de Mâ ?

Mâ ne rejetait jamais qui ou quoi que ce soit car elle voyait Dieu en tous et en toutes.

Comment peut-on être sûr de la pratique spirituelle juste pour soi-même ?

Trouver la pratique spirituelle juste pour soi-même est un long travail. On doit suivre de façon stricte les instructions données par le Gourou. C'est le Gourou qui connaît le chemin approprié pour son disciple. Pendant onze longues années, j'ai dû chercher après le départ de Mâ. J'ai pratiqué différentes voies et méthodes par moi-même. Bien sûr, j'ai eu des résultats apparents mais ils ne me satisfaisaient pas. A un moment, il m'est apparu à l'esprit de rechercher les instructions spécifiques données par Mâ. J'ai commencé mon voyage à reculons dans les voies de ma mémoire afin de récapituler les interactions que j'avais eues avec Mâ et d'identifier précisément la voie spécifique  qu'elle m'avait prescrite.

Est-ce que Mâ est votre Gourou ?

Est-ce que j'ai besoin d'une autre définition de Mâ ? Oui, j'ai appris beaucoup d'elle

Que pouvez-vous dire de votre initiation ?

Bien sûr, je suis initié mais Mâ n'est pas mon gourou. Le premier mantra que j'ai obtenu a été de Mâ et non du gourou. Mes mantras d'initiation sont différents du mantra que j'ai reçu de Mâ. Tout en  me donnant le mantra, elle a dit : "Ce n'est pas ton initiation et ce corps n'est pas ton gourou." Elle ajouta aussi. "Ce corps ne demande jamais à quiconque de prendre la dikshâ et ne refuse jamais quand on la lui demande." Quant à moi, j'avais besoin d'un mantra et je l'ai obtenu avant l'initiation formelle.
Quand alors avez-vous pris la dikshâ ?
Mâ m'a demandé de la prendre.
Est-ce que Mâ ne s'est pas contredite alors ?

En apparence, on peut avoir cette impression. En fait, j'ai été aussi choqué quand Mâ m'a demandé de prendre la dikshâ. Mais après, mes doutes se sont clarifiés. Il arriva qu'un jour, elle m'appela et me dit : "Ton initiation est fixée pour demain matin à l’aube." J'étais tout à fait choqué de l'entendre dire cela. Je pensais ne jamais avoir de dikshâ. Cela m'a fait souffrir de penser que Mâ se contredisait. Je fus envahi par l'émotion et me mis à pleurer. Elle m'a demandé la cause de cet état pitoyable. Je lui ai dit : "Mâ, comme vous avez dit que la dikshâ est donnée simplement à celui qui la demande, il se trouve que moi-même, je suis tout à fait satisfait de mon mantra. Je l’ai reçu de vos lèvres et je n'ai jamais voulu de dikshâ de vous. Cela me bouleverse de voir que vous allez contre ce que vous m'avez dit dans le passé." Elle dit : "Connais-tu vraiment ce qu'il y a de caché dans les profondeurs de ton esprit ?" Mâ m'expliqua alors que je souhaitais cette initiation au fond du cœur mais que je ne m'en rendais pas compte.

Existe-t-il des pratiques qui soient vaines ?

Tout ce que nous faisons porte ses fruits. Rien n’est en vain. Parfois, les résultats ne correspondent pas à notre attente. Il n'y a pas d'échelle de temps en spiritualité. Les transformations spirituelles sont lentes et profondes, et elles peuvent ne pas être reconnues si on se fie aux apparences.

Quel doit être l'axe principal dans le chemin de la dévotion ?

Essayer de faire confluer la volonté individuelle avec la volonté divine. On raconte l’histoire suivante : un jour, un groupe de voyageurs traversait un grand fleuve. Arrivé au milieu du fleuve, l’orage éclate, la tempête se lève. Le bateau se remplit d’eau et risque de sombrer. Un sadhou à bord puise l’eau du fleuve avec son pot et la reverse dans le bateau ; tous les passagers sont furieux et ont peur que le bateau ne sombre dans la rivière. Néanmoins, la tempête s'apaise soudainement. L’embarcation s'approche de la rive. Le sadhou commence à écoper… Les gens, étonnés,  lui demandent pourquoi il écope maintenant alors que tout va bien . Il répond qu’il essaie toujours d’aider Dieu dans ses desseins. Il se trouvait que maintenant, la tempête s'était atténuée ; ceci est également  la volonté de Dieu, en retirant l'eau du bateau, il a facilité la sortie des passagers de celui-ci. Telle doit être l’attitude de l'aspirant.

Qu’est-ce qui attirait le plus chez  Mâ ?
Son amour inconditionnel pour tous.
Que signifie amour inconditionnel ?
Un amour sans aucune attente de retour.

Comment peut-on apprendre quelque chose à propos de l'amour inconditionnel ?

Nous avons besoin d'apprendre de quelque part presque toutes nos actions mentales ou physiques, mais la seule chose pour laquelle nous n’avons pas besoin  d’enseignant,  c’est l'amour. Nous sommes nés avec lui. Il est avec nous tout le temps. Le désir nous pousse à l’action et pour cette action, nous ne devons utiliser notre intelligence. La seule l'action qui n'a pas besoin d'intelligence, c’est l’amour. Nous avons commencé à aimer avant même le développement de notre intelligence, mais au fil du temps l'amour avec lequel j'étais né a été recouvert par l'invasion  des objets dans mon champ mental. Notez bien que nous avons  perdu notre enfance physique, mais les impressions de l'enfance sont toujours à l'intérieur de nous. Essayons d'aller à l'intérieur et d’y trouver l'amour.

Dites-moi quelque chose à propos de la méditation.

Considérons d'abord ce que nous voulons dire par méditation. Les gens en général prennent le mot sanskrit dhyân comme synonyme de méditation. Dans les Ecritures, on dit : dhyânah nirvishayah manah c'est-à-dire « dhyân se trouve dans l'état d'esprit sans objet » (nir, no vishayah, objet, manah, mental). Dans les mots de Mâ, achinta hi param dyân, « l'absence de pensées est dhyâna » (achinta, absence de pensées ; hi, vraiment ). Elle a dit aussi, comme nous l'avons mentionné : dhyân kara jay na, dhyân hoi  « dhyân survient, on ne peut l’effectuer ». En outre, dans ses Yoga soutras, (aphorismes sur le Yoga), Patanjali décrit dhyân comme l'avant-dernier, le septième stade des pratiques yoguiques. Un aspirant est supposé s'établir progressivement dans la succession de yama, niyama, âsâna, prânâyama, pratyahara et dhârana. Il doit atteindre l'état de perfection en pratiquant chacun  de ces états. C'est seulement alors que l'état de dhyân mène à l'état de samâdhi qui représente la culmination de toutes les pratiques spirituelles. On ne doit pas mélanger les concepts de dhyân et de méditation.

Maintenant, considérons ce qu’est le but de la méditation. En bref, on peut dire que la méditation aide à contrôler le mental. Tout le temps, nos sens sont en relation avec le monde objectif et les impressions qui en proviennent alimentent incessamment le mental qui tourne autour d'elles. Cette agitation du mental est la cause de toutes nos misères et de notre sentiment d'esclavage. De façon intéressante, c'est aussi dans le mental qu'on ressent le bonheur. Ce dont nous avons besoin pour être heureux, c'est l'attention juste [right mindfulness]. Dans ce but, nous avons besoin de contrôler le mental. Pour le contrôler, il faut d'abord le connaître. Ainsi, on peut dire que le but de la méditation est de : (a)  connaître le mental, (b) donner forme à ce mental (c)  libérer le mental.

   Nos organes des sens, c'est-à-dire la vue, l’ouïe, l’olfaction, la parole, le goût et le toucher sont en relation constante avec les objets, ils rapportent leurs impressions au mental et les inscrivent sur la surface de la conscience (ici, il s'agit de la conscience des objets). Le mental  est engagé en fait également avec les organes des sens, il est en mouvement constant, ce qui a pour résultat la perte de l’attention juste. Parfois, il y a soit une surimposition ou une succession très rapide d’impressions, qui font que la conscience des objets est incapable de discerner correctement et les impressions perdent de leur clarté. Si vous déplacez une torche allumée selon un trajet circulaire, vous verrez un anneau de feu ; dans un film, des photographies a priori immobiles sont projetées sur l’écran avec une telle vitesse qu'en fait, vous voyez un film. Tous ces phénomènes sont des illusions. A cause des limitations de nos organes des sens pour enregistrer la réalité, des illusions sont perçues. Par la pratique méditative, nous pouvons identifier les impressions réelles. On doit se souvenir que le mental est agité dans l’espoir de se débarrasser de l'agitation. Le mental cherche constamment le bonheur, la paix et l'amour. Toutes nos activités sont dirigées vers un seul vecteur qui a pour nom « bonheur perpétuel ». N'oublions pas qu’apparemment, nous n'avons pas d'autre instrument que le mental pour atteindre cet état. Etant donné que le monde des objets est impermanent, est-il possible d’atteindre l'état de permanence en partant de ce monde transitoire dont je suis une partie  intégrante ? Si oui, comment ? Quel rôle le mental joue-t-il dans ce contexte?

Sans vouloir entrer dans une psychologie complexe, une définition simple du mental comme base de travail peut être utile pour répondre aux questions ci-dessus. Le mental est un sac de pensées et nos conceptions abstraites, ces pensées mêmes sont l'enregistrement conscient des impressions des interactions des organes des sens avec la réalité. Les impressions sont stockées dans différentes couches de mémoire et sont toujours dans un état actif. Les souvenirs stockés entrent en relation les uns avec les autres, donnant naissance à plus de nouvelles impressions qui, elles, peuvent ne pas être le résultat d'interactions directes des organes des sens avec le monde extérieur. Ainsi, le volume des impressions augmente en progression géométrique et au hasard. On peut dire que les permutations et combinaisons de ces réactions stimulent des impressions stockées et les efforts du mental pour les enregistrer incessamment rend celui-ci hyperactif, d’où l'agitation. Avec la pratique de l’enregistrement contrôlé des impressions, on peut établir une stabilité dans le mental. Ceci s'appelle « donner forme au mental ». Une fois que le mental est formé, le sentiment d’emprisonnement disparaîtra, et on aura des expériences de félicité, de paix et bonheur (qui sont tout le temps ici en nous, à l'intérieur).

 

 

Ces jours anciens avec Mâ Anandamayî

par Bithika Mukerjî (suite)

 

 

Une interruption dans ma carrière universitaire.

 

     Lorsque j'étudiais le sanskrit et la philosophie à Allahabad, j'ai pu avoir l'entraînement pour comprendre un petit peu les nî ( paroles) de Shrî Mâ malgré mon jeune âge. Je m'émerveillais devant  la philosophie qui était sous-jacente à ses expressions même les plus légères. Elle ne mettait jamais en avant un argument qui n'avait pas de cohérence interne. Lorsqu'elle dictait une longue lettre, ces liens intimes devenaient très apparents. Elle demandait à celui qui écrivait, l'une d'entre nous, de relire encore et encore la lettre, en changeant un mot par-ci, un signe de ponctuation par-là, afin que la signification en devienne claire comme de l'eau de roche. (p. 118)

   Dans la seconde moitié de l'année 1945, la guerre se rapprocha de l'Inde. Jusqu'ici, nous n'avions pas été touchés de très près par elle - simplement  nous avions eu à observer des couvre-feux et à utiliser des cartes de rationnement. Les horreurs qui avaient balayé les pays d'Europe à cette époque nous étaient inconnues. Rétrospectivement et en relisant le journal de Didi, il m'est apparu que durant toutes ces années, Shrî Mâ avait été éprouvée par des souffrances sans qu'on en connaisse la cause. Très fréquemment, on la voyait accomplir des kriyas (pratiques) yoguiques, prononcer des mantras, parfois pendant plus de deux heures. Une fois elle s'exclama : « Arrêtez le combat ! Arrêtez le combat ! (vivâd bandh karo, vivâd bandh karo) ». Pourtant, elle a rajouté : "Je vois une scène terrible !" Didi relia cela à un décès qui était arrivé dans un village proche, mais est-ce que Shrî Mâ aurait utilisé le mot "terrible" (bhayankara) pour décrire un simple décès ? Il m'est venu à l’esprit que si l’on entreprenait une recherche pour établir une corrélation entre les événements du monde et les réponses spontanées de Shrî Mâ, on obtiendrait des résultats intéressants. Je n'ai pas de doute que ces exemples de souffrances intenses qu'elle subissait parfois, et qui restait sans explication et mystérieux pour son entourage de fidèles, étaient des réactions réflexes aux souffrances des gens ailleurs dans le monde. (p.122)

 

 Comme tous les enfants, nous considérions la présence de nos parents comme évidente. Ce ne fut que très tard dans mon existence que j'ai appris à apprécier leurs côtés extraordinaires. Je ne me souviens pas que mon père n’ait jamais élevé sa voix de colère contre quelqu'un, pas même un serviteur. Il n’a aussi jamais dit un mot de reproche à Bindou quand il ratait ses examens. Il a pu s’exprimer à ma mère, mais cela n'a jamais filtré jusqu'à nous, nous n'en savions rien.

 

   Bithikâ va avec un groupe de Ma au Bengale, à Navadvîp, le lieu de pèlerinage de Chaitanya Mahâprabhou, qu'on appelle aussi le Seigneur Gaurânga.

     Chacun reçut Shrî Mâ avec des honneurs particuliers. Shrî Mâ avait là-bas une grande réputation. Les vishnouïtes la traitaient comme leur divinité d'élection, le Seigneur Gaurânga. Chacune de ses visites était acclamée comme la venue du Seigneur lui-même.

   J’ai eu du mal à supporter les fatigues du voyage. Je restai au lit pendant deux jours. Le troisième, je me suis sentie mieux. Je pris un bain qui m'a rafraîchie et ensuite me suis installée en dehors de l'hôtel où nous résidions, en observant Shrî Hari Babajî se déplacer en chantant des kîrtans avec toute sa suite. Une voiture à cheval attendait à la porte avec Shrî Mâ et Didi à l'intérieur, prêtre à suivre le groupe de kîrtans. Shrî Mâ me vit de la fenêtre du véhicule et me fit signe de m'approcher. "Est-ce que tu vas bien ?" demanda-t-elle : "Oui", répondis-je. Elle dit ensuite : "Monte !". La voiture était toute petite, juste assez pour elle et Didi. En me voyant hésiter, elle dit : "Assieds-toi sur mes genoux ". Je rentrai  en essayant de me rendre si légère que possible, m'assi sur les genoux de Shrî Mâ ; elle dit : "Ne te perche pas comme ça, assieds-toi convenablement !" Didi dit : "Assieds-toi sur mes genoux à moi ". Ainsi, pour obéir aux deux, je m'assis au milieu. Nous sommes allés voir un beau temple ce jour-là. Hari Babajî avait l'habitude de marcher à reculons à chaque fois qu'il voyait la voiture de Shrî Mâ. Il ne tournait jamais le dos au véhicule qu’elle utilisait. Lui-même ne se servait presque pas de voiture à moteur ou à cheval, et préférait marcher avec ses gens. (p. 127) [C’est la coutume chez les gens pieux, en particulier en Inde du sud, de sortir d’un temple à reculons pour ne pas avoir à tourner le dos à la statue du dieu]

 

   Dans cette même année 1946, Shrî Mâ se rendit à Dhaka où ses fidèles l’attendaient depuis longtemps :

   Les fidèles de Dhaka étaient autour de Shrî Mâ. Elle leur parla pratiquement pendant toute la journée et la plus grande partie de la nuit. Ma sœur Rénou se souvient qu'elle était assise derrière Shrî Mâ. A un moment donné, Shrî Mâ s'adossa sur ses genoux. C'était une position plutôt gênante pour cette dernière, qui cependant ne voulait pas bouger parce qu'elle sentait que Shrî Mâ devrait alors se redresser. Et Shrî Mâ avait déjà été assise pendant des heures, il était donc nécessaire qu'elle soit dans une position un petit peu plus confortable. Rénou se souvient aussi avec un grand émerveillement que bien qu'elle ait tenu cette position pendant plus de  deux ou trois heures, elle n'avait eu aucun sens de contractures, douleurs ou fatigue. Shrî Mâ parla aux gens de Dhaka pratiquement jusqu’à l'aube. L'un des principaux interlocuteurs était Biren Babou, le frère aîné de Didi. Nous l'avions connu à Agra. Cela allait être la dernière visite de Shrî Mâ à Dhaka. La menace de la partition du Bengale  s'approchait. D'ici deux ans, le Pakistan allait détruire l'ashram et tous ses temples hindous, et même le temple ancien et fameux de Râma Kalî. Seulement le temple de Siddhesvarî subsista. Shrî Mâ dit à tous ceux qui venait lui demander conseil que si possible, il devaient s'en aller du Bengale oriental ( qui deviendra en 1972 le Bangladesh). Voilà comment les fidèles de Dhaka ont trouvé asile en Inde avant que les horreurs de la partition commencent à se dérouler (p.130).

 

 

 

 

EN PRESENCE DE LA MERE DIVINE, SREE ANANDA MAYI MA

 

par Caroline Rosso-Cicogna

 

 

 

     Fidèle de Ma depuis 1979, Caroline Rosso Cicogna est imprégnée de spiritualité hindoue. Dès 1971, elle se rend régulièrement en Asie, comme interprète simultanée et elle réside en Inde de 1979 à 1984.

Durant son séjour, elle est étroitement associée à Gaurinath Sastri, éminent Sanskritiste, disciple de Gopinath Kaviraj et maître de Sabda Yoga, avec qui elle étudie la Bhagavad Gita et le Vedanta.

Elle séjourne également auprès de maîtres tels que Swami Chidananda, Sa Sainteté le Dalai Lama, Sa Sainteté le Shankaracharya de Kanchipuram et Bhagavan Sri Satya Sai Baba.

À son retour d’Inde, elle fonde à Trieste, en Italie, l’Association Internationale Yoga Aditya où elle collabore, pendant plus de dix ans, à l’enseignement et l’application thérapeutique du Yoga avec Yogacharya Janakiraman.

Elle réside actuellement à Nice et se consacre à la sadhana dans la voie de la bhakti.

Elle est l’auteur de “Solar Yoga”, en collaboration avec Yogacharya Janakiraman et de “Solar Way”, un commentaire de la Bhagavad Gita.

 

" Le chemin spirituel débute par un appel de la Grâce divine - gurukripa - qui ouvre progressivement notre être intérieur à une vision du Réel - darshan - et notre âme -atma - qui a soif de plénitude - pûrnam - cherche refuge aux pieds du Guru Gurupadanamaskar - jusqu'au jour où elle est entièrement fondue dans l'amour de la Mère Divine."

 

L'appel - "Gurukripa "

 

   Dans mon cas, cela s'est produit lors du transfert de mon mari à l'Ambassade d'Italie à la Nouvelle Delhi en Mai 1979, qui me semblait être l'occasion bénie de pouvoir résider quelques années en Inde et être auprès de Ma. À ma grande surprise, je dus me rendre en Inde, de façon tout à fait imprévue, avant la date du transfert, car j'y avais été appelée comme interprète pour une Conférence de l'Agence Internationale de l'Énergie Atomique au Centre nucléaire de Trombay. Après la réunion, je me rendis à Delhi pour me familiariser avec ce qui allait devenir notre nouvel environnement et un jour, alors que je déjeunais avec des collègues de mon mari qui me proposaient de visiter le Club de Polo, j'entendis une voix intérieure qui me dit d'un ton ironique : " Serais-tu venue en Inde pour voir des chevaux ?" Je restai clouée sur la place, la fourchette en l'air et je ne dis mot. Je n'attendis pas un instant de plus et cet après-midi même, je me rendis à l'ashram de Ma à Kalkaji dans les faubourgs de Delhi. Je trouvai l'endroit désert et je sus immédiatement que Ma n'y résidait pas ce jour-là car, sinon, il y aurait eu une grande foule à l'entrée de l'ashram. Je suis rentrée malgré tout et je me suis adressée à un swami qui faisait un peu de jardinage. À mon approche, il se leva d'un bond et à ma question à propos de l'endroit où se trouvait Ma, il répondit sans hésitation:  - "Dans son ashram de Brindavan". Je fus assez surprise qu'il me révèle cela car il ne me connaissait pas du tout et, du vivant de Ma, ses fidèles avaient pour instructions de ne pas révéler ses allées et venues à des inconnus afin d'éviter les foules de curieux.

   De retour chez nos amis, je les priai d'organiser pour le lendemain une voiture avec chauffeur pour me rendre dans la ville de Krishna. J'étais frappée de ma détermination à me rendre auprès de Ma avant même d'avoir déménagé en Inde et je me remémorais simplement la promesse que j'avais faite à mon mari de ne pas voyager sur les routes indiennes après le coucher du soleil.

 

La rencontre - "Darshan "

 

    Je partis donc de bonne heure le lendemain, mais il s'avéra que cela n'avait pas été assez tôt car, lorsque j'arrivai à l'ashram, l'heure du darshan était déjà terminée. Quand j'appris que le prochain darshan aurait lieu à six heures du soir, la promesse faite à mon mari me revint à l'esprit et ce fut l'abattement à l'idée de ne pas rencontrer Ma cette fois-ci. Je me vois encore, comme si c'était hier, assise sur les marches du temple, aux prises avec ce terrible dilemme : obéir à mon mari et risquer de ne pas voir Ma ou assister au darshan du soir et briser ma promesse ! J'étais décidée à rester sur les marches du temple jusqu'au moment où une solution s'offrirait à moi, je n'avais d'ailleurs rien d'autre à faire ! Je veillais également à ne pas attirer l'attention car je savais que les swamis de Ma préféraient que l'on ne traîne pas dans l'ashram après le darshan. Je suis restée assise comme cela longtemps jusqu'à ce que je sois tirée de mes rêveries par un vieux monsieur qui se tenait devant moi appuyé sur sa canne et qui me demandait ce que je faisais là. Dans un anglais hésitant, il me posa toutes sortes de questions auxquelles je répondis tout en lui communiquant mon désarroi d'être arrivée en retard pour le darshan du matin. Il me demanda aussi si j'avais apporté un cadeau pour Ma. Surprise, je lui répondis par l'affirmative et il me pria alors de le lui montrer. C'était une étole de laine blanche qu’il approuva d'un geste admiratif. La scène commençait à m'intriguer et ma vigilance devint plus profonde car on ne sait jamais par quel moyen le Divin peut nous appeler. Le vieux monsieur me demanda de revenir à cet endroit à trois heures de l'après-midi en m'assurant qu'il m'emmènerait lui-même auprès de Ma et que je n'aurais pas à attendre le darshan du soir ! Sur ces mots, il s'en alla. Il fallait, je m'en rends compte aujourd'hui, une bonne dose de foi pour y croire, mais, de toute façon, je n'avais rien à perdre et comme j'avais quelques heures à ma disposition, je m'en fus visiter la ville chère à Krishna, sur les bords de la Yamuna. Les rues étroites de la ville étaient en grande effervescence et les jeunes gens et les jeunes filles se lançaient de la poudre de vermillon et de l'eau de rose, au son de kirtans et de tambourins. En quelques instants, je fus, moi aussi, couverte de poudre rouge de la tête aux pieds et je fus à nouveau saisie par le découragement à l'idée que l'on ne me laisserait pas entrer dans l'ashram dans un état pareil !

    À trois heures donc, je me trouvais au rendez-vous et je me demandais encore si la rencontre du matin n'avait pas été un mirage lorsque je vis arriver, d'un pas gaillard, ce merveilleux vieillard à qui je dois le plus beau moment de ma vie. D'un ton décidé et avec un grand sourire, il me somma de le suivre et il me fit passer devant le temple et traverser une grande cour protégée du soleil de mars par un de ces arbres millénaires sous lesquels Ma aimait s'abriter. Lorsque nous arrivâmes devant une belle demeure située au fond de la cour, un swami imposant, vêtu d'un habit couleur safran, nous fit comprendre que nous ne pouvions aller plus loin car c'était la résidence privée de Ma. Indifférent aux paroles du swami, le vieux monsieur brava l'interdiction et me fit signe de le suivre dans l'escalier. Mais je pouvais déjà apercevoir deux autres swamis qui nous barraient le passage en haut de l'escalier en nous faisant signe de redescendre. Tapant légèrement de sa canne sur le sol, mon "protecteur" leur dit qu'il était un intime de Ma et que Ma, elle-même, l'avait chargé de me mener à Elle. Je ne savais pas, à ce moment-là, à quel point j'étais près de Ma sur cet escalier et je fus encore plus surprise quand les deux swamis, comme par enchantement, se retirèrent et nous laissèrent passer. Mais ce n'était que le début de l'enchantement car, un instant plus tard, nous débouchions sur une grande terrasse inondée du soleil de l'après-midi en cette magnifique journée de printemps. Là, sur un charpoy, un de ces lits indiens à courroies, se tenait Ma, plus rayonnante que mille soleils, dans son saree blanc, avec son irrésistible sourire et avec ce merveilleux regard légèrement larmoyant qui vous pénétrait de part en part. Un Amour si profond, si puissant émanait de Ma que rien au monde ne pourrait effacer ce moment d'éternité de ma mémoire.

    Quoique, dans mon cœur et dans ma tête, je me fusse préparée à une rencontre avec Ma, je n'avais pu imaginer que j'allais être mise en sa présence d'une façon aussi intime. Ce qui se produisit par la suite ne fut que le kheyal de Ma. Son Énergie et son Amour m'attirèrent tout près d'elle et me firent m'agenouiller, front contre terre et lorsque, lentement, je me redressai et la regardai, mon regard fut entraîné de façon irrésistible dans ses yeux pleins d'amour et de compassion qui me pénétrèrent tout entière. Elle me garda ainsi, tournée vers l'Infini de son regard, dans un silence parfait et dans un état d'immobilité totale qui vibraient cependant d'une intensité surnaturelle. À ce jour, je serais incapable de dire combien de temps cela a duré. Tout ce dont je me souviens c'est que, lorsque je sortis de cet état, j'aperçus l'expression d'étonnement béat sur le visage des brahmacharinis qui se trouvaient derrière Ma et je réalisai que de longs moments avaient dû s'écouler ainsi. J'entendis vaguement les questions que Ma posait à mon sujet au vieux Monsieur et je la remerciais, dans mon cœur, de ne pas me les poser directement car j'aurais été bien incapable d'y répondre dans l'état de béatitude où je me trouvais. Ensuite, d'un geste affectueux, que je savourerais dans les mois et les années qui allaient suivre, elle déposa délicatement sur mes genoux des fruits, des sucreries et un châle blanc.

    Le darshan de Brindavan devait être le premier d'une longue série de rencontres avec Ma au cours de mon séjour de cinq ans en Inde. J'allais vers elle rarement pour lui poser des questions car je sentais intuitivement que les moments en sa présence étaient tellement sacrés et uniques qu'ils devaient être vécus dans un état de communion silencieuse avec la Mère Divine. D'ailleurs, l'essentiel de l'enseignement de Ma se donnait dans le silence et par le silence. En outre, le premier darshan est un peu comme le Sa (Do) de la gamme de musique indienne. Tous les darshans successifs ne sont que des combinaisons et des permutations de notes. On pratique sa sadhana comme on fait des gammes en revenant inévitablement à la note fondamentale du début.

    Ce devait être à Brindavan, encore une fois, que deux ans plus tard, sur cette même terrasse et à nouveau le jour de Holi Purnima j'allais être initiée dans un mantra directement par Ma.

    Au cours de mon séjour en Inde, j'eus le privilège béni de passer de longs moments très proche de Ma grâce à Gaurinath Sastri, dévot de longue date de Ma, philosophe de son état et disciple direct du grand philosophe Gopinath Kaviraj, fervent dévot de Ma. Avec lui, je pus étudier la Bhagavad Gita et certains textes des Upanishad tout en l'aidant à corriger les épreuves de ses écrits philosophiques de Sabda Yoga. Chaque fois qu'il se rendait avec ses étudiants et ses dévots dans des lieux anciens de culte de Shiva ou de la Mère Divine, il m'emmenait dans son groupe. C'est ainsi que je pus m'imprégner des vibrations divines qui règnent dans ces endroits magiques, comme, par exemple, au temple de Mahakala à Ujjain la nuit de Shivaratri, dans la ville sainte d'Ayodhya lors du festival de Rama, à Bénarès pendant les pujas de l'aube au temple de Visvanath et d'Annapurna ou lors de l'ascension au temple de Shiva à Kedarnath. C'est avec lui surtout que j'eus la grâce de passer des jours de retraite avec Ma dans ses ermitages de Naimishar au bord du fleuve Gaumati et de Vyndhyachal près du Gange.

 

 

L'abandon aux pieds du Guru - Gurupadanamaskar

 

    C'est à l'ashram de Vyndhyachal, que j'affectionnais particulièrement, que j'ai vu Ma pour la dernière fois dans sa forme physique, quoique, à l'époque, j'ignorais totalement que je n'aurais plus la grâce de la revoir ainsi. C'était environ un an avant qu'elle ne quitte son corps. Étrangement, après cette dernière rencontre, je n'avais plus ressenti cet intense désir d'être en sa présence physique. Parfois, cela me faisait douter de la profondeur de ma foi ou de la sincérité de ma dévotion alors que c'était Ma elle-même qui, dans son immense amour, me préparait petit à petit à son départ de notre terre !

    Le nom de l'ashram est emprunté à celui d'un temple très ancien dédié à la déesse Vindhyavasini. Cet endroit est un des cinquante-deux tirthas ou lieux sacrés d'énergie féminine - shakti - où, selon la légende, une partie du corps de la déesse Uma était tombée. Situé sur une paisible colline dominant le Gange, l'ashram est une bâtisse rectangulaire avec, au premier étage, une terrasse couverte qui entoure le hall de darshan de telle sorte que l'on peut en faire le tour complet - "pradakshina " -. Un jour, alors que je me promenais sur cette terrasse dans un sens, Ma est arrivée dans l'autre sens et nous nous sommes retrouvées face à face. Comme cela se produit spontanément en présence de grandes âmes, l'on ne peut rester debout devant elles, mais l'on se prosterne tout naturellement à leurs pieds. C'est ainsi que Ma, dans son immense grâce, me permit de toucher ses pieds dans un geste d'abandon alors qu'elle se tenait, immobile, devant moi. Lorsque je me suis redressée, j'ai vu son visage d'une douceur infinie et l'Énergie divine qui émanait d'elle me pénétra avec des vagues de Joie. Je restai agenouillée au sol alors qu'elle, lentement, poursuivit sa promenade sur la terrasse.

    Quelques mois plus tard, je devais rentrer en Italie pour passer des vacances dans notre résidence de Trieste avec mon mari et une amie. Sans aucune raison logique, le 27 Août 1982, alors que nous nous rendions en voiture en ville, je me mis soudainement à raconter la vie de Ma à mon amie, que cela intéressait très peu, tout en me demandant intérieurement pourquoi j'agissais de la sorte. Dans la soirée, je me sentis très mal et je souffris de fortes douleurs abdominales mais je ne voulais pas que l'on appelle un médecin. Je tenais simplement à être entourée de mon mari et de mon amie et à boire des infusions de camomille. Au lever du jour, j'arrivai finalement à m'endormir et, après quelques heures de sommeil, je fus réveillée par un appel de l'Inde : c'était Gaurinath Sastri qui tenait à m'annoncer personnellement la triste nouvelle du mahasamadhi de Ma avant que je ne l'apprenne d'une autre source.

     Encore aujourd'hui, je ne serais pas en mesure de décrire l'état de choc qui fût le mien. La douleur était si intense que je n'arrivais plus à respirer. Dans mon désarroi, je courus vers la salle de méditation qui se trouvait au deuxième étage et où j'avais installé symboliquement un fauteuil pour Ma. Je me laissai tomber près du fauteuil en y étendant les bras et je me mis à sangloter comme une enfant apeurée. Alors que j'étais dans cet état de détresse profonde, je sentis distinctement une faible pression à l'intérieur de mes paumes ouvertes comme si les pieds de Ma se posaient délicatement dans mes mains. Elle apparut devant moi, dans cette position qui lui était si familière, debout, enveloppée dans son châle blanc, mains jointes et les pieds couverts de petites chaussettes blanches. Son corps physique n'était plus mais Sa présence demeurerait pour l'éternité.

 

Le pélérinage intérieur-  sadhana

 

     Malgré ces moments de grâce intense, je n'arrivais pas à me consoler de sa disparition et les jours et les nuits sans sommeil qui suivirent furent extrêmement pénibles. Je ne trouvais du soulagement qu'en voiture, en me faisant conduire sans destination à rejoindre, sans paroles à prononcer, sans amis à rencontrer et sans mélodies à fredonner. Même si c'était le plein été en Italie, j'étais tout le temps entourée d'un air froid qui me glaçait jusqu'aux os. Un jour, alors que nous roulions sans but, nous sommes passés devant la petite église romane de Duino, le lieu où Rainier Maria Rilke composa ses élégies. Abritée dans des bosquets au bord d'une rivière, cette église n'est ouverte que lors de fonctions religieuses spéciales et sans horaire précis. Lorsque nous sommes arrivés, on y célébrait un mariage et lorsque nous avons franchi le portail, une voix magnifique s'éleva au plus haut de la voûte sur les notes de l'Ave Maria de Schubert. C'était Ma à nouveau qui nous invitait à voir sans nos yeux, à entendre sans nos oreilles le message Divin qui proclame qu'au-delà des apparences demeure l'union des contraires : le ciel et la terre, le visible et l'invisible, l'âme et Dieu, l'immanent et le transcendant, l'atma et le paramatma. Et lorsque le silence suivit les dernières notes chantées, une paix profonde et une joie indicible envahirent mon cœur. La voie intérieure menait, bien au-delà de l'Union des polarités, vers l'immensité de l'Inconnu où réside, profondément enfoui, le mystère de la Mère Divine. La vision m'apparut du Seigneur Vishnou allongé sur son éternel serpent, Ananta, flottant sur l'Océan intemporel de Béatitude.

OM JAI MA!

 

Premamayee

( Caroline Rosso Cicogna)                                        Roquebrune, le 19 Mars 2002

 

 

 

 

 

 

                                                    J

                                         O

                                           I

                                             E

Joyeusement, bat mon coeur...

 Om l'habite et résonne en lui.

   Irrésistiblement, circule l'amour,

    Eveillé mystérieusement. Je suis.

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~ ETRE ~

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Plus de crainte, plus de désir,

Plus de besoin, plus de tristesse...

Je goûte l'instant. Tout me paraît

Egal...Plus rien ne m'affecte...

       Dieu est Tout...Quelle fête!

 

Monique Manfrini. .

 

 

 

Nouvelles

 

- Après trois semaines d'hospitalisation à Delhi en novembre à cause d'une brûlure, Swâmî Vijayânanda s'est bien remis et il va bon pied bon oeil vers ses quatre-vingt-dix ans qui arriveront dans environ six mois.

- Swami Nirgunânanda revient en France cet été. Nous donnons déjà les programmes qui sont fixés :

1.      Terre du Ciel du 17 au 23 août au domaine de Chardenoux près de Lyon 03 85 60 40   terre-du-ciel @ terre-du-ciel.fr

2.      Epernon du 23 au 28 août. contact Claude Portal 12 rue Lamartine 78100 Saint-Germain 01 34 51 74 41

3.      Domaine des Courmettes, près de Nice, du 9 au 14 septembre contact : 04  93 24 17 00 ou Michèle Cocchi au 06 61 14 20 58

4.      Du 15 au 22 septembre, Swâmîjî sera en Angleterre

5.      Puis, il passera quatre semaines États-Unis.

6.      Récemment, il est question d'un programme près de Genève le week-end du 7-8 août : renseignements Jamshid Anvar 6 route de Comminy 1296 Coppet Suisse 00 41  22 776 19 18

 

- la retraite de juillet  sur l’écoute du silence à Dhaulchina avec Swâmî Nirgunânanda et Jacques Vigne est déjà plus que complète avec vingt-deux participants. Le voyage de la première moitié d’avril  pour la demi Koumbha-Méla à Hardwar et un tour vers Kédarnath se déroulera comme prévu.

   Devant le nombre de demandes pour juillet, nous pensons réorganiser un petit groupe pour une retraite à Dhaulchina à l'automne du 29 octobre au 14 novembre. Il aura huit ou neuf jours de retraite de silence à Dhaulchina, et nous descendrons avec Swâmî Nirgunânanda à Kankhal pour trois jours,  qui se termineront par le jour de la fête des Lumières, Diwali, avant de repartir sur Delhi. Pour l’organisation du voyage comme des satsangs sur place, il peut être  plus commode d’être en petit groupe. Contact: Geneviève Koevoets   koevoetsg@wanadoo.fr

-  Il y a un article de Terre du Ciel  d’une dizaine de pages dans le numéro d’hiver ( numéro 66, janvier-février 2004), où  Swâmî Nirgunânanda est interviewé sur son expérience avec Mâ. Il s'intitule : « Je vis l’essence de la relation ». Par ailleurs, deux membres de l'équipe de Terre du Ciel sont actuellement à Dhaulchina pour des entretiens avec Swâmîjî. Alain Chevillat a aussi laissé tomber pendant trois jours le groupe qu’il accompagnait pour venir à l'ermitage en février. Il va publier dans la revue un nouveau de texte de questions-réponses de Swâmîjî, Pensées de l'Himalaya, en deux parties. Il s’agissait à l’origine d’entretiens avec Claire Landais, que Swamiji a révisé et complété. On peut les trouver en anglais ainsi qu’en français sur le site de Mâ www.anandamayi.org/ashram/devotees et ashram/French. La version anglaise est en train d'être imprimée à Delhi en 1000 exemplaires.

- Patrick Mandala nous informe de ses projets de publications pour la grande majorité avec les éditions Accarias, il prépare trois volumes sur Mâ Anandamayî, ils contiendront une traduction à 90 % des cinq volumes de Gurupriya Devî, et des extraits du livre de Ganguli et des trois volumes d’Amulya Kumar Datta Gupta dont nous avons donné des extraits dans le Jay Mâ. Il traduira aussi des passages de la  biographie de Bithika Moukerjî  A bird on the wing 

-  Il travaille aussi sur un volume avec des anecdotes et des satsangs inédits de Râmana Maharshi en deux volumes : le son du silence. Il prépare également un livre sur l'enseignement de Dudjom Rimpoché et un commentaire de l'Ashtâvakra-gîtâ sur lequel il travaille depuis une dizaine d'années. En 2004 doit paraître un roman de lui : Mâyâ, chronique védiques, qui porte sur l'Inde ancienne mais qui raconte indirectement ses expériences de l’Inde moderne. Comme dernier livre en cours, il en a un rassemblant des paraboles contées par Shrî Râmakrishna. Signalons parmi ses ouvrages passés où il cite souvent Mâ : Le yoga de la Bhagavad-Gîtâ, le Yoga-vâsishtha, et Aux sources de la sagesse qui rapproche la Grèce de l'Inde, ainsi que la Voix du cœur. Dans un plus domaine large, il a aussi écrit l’Arbre de vie et Sarva Annam. Les droits d'auteur de ses livres servent à soutenir le Mandala Welfare Centre, une institution de service social à  Ootamund dans les Nilgiris, montagnes du sud de l'Inde. Pour tous renseignements complémentairesr ses activités, s'adresser à L’arbre de vie, Rue Noblemaire, 74290 Talloires (Lac d’Annecy) Tél : 04 50 60 75 18

- des extraits du livre La saturée de joie de Marol vont être publiés par le journal en anglais de la Sangha de Mâ, Amrita Vartâ :  ce sera une reconnaissance posthume pour Jean-Claude, dont ce livre a été le dernier ouvrage,  publié en mi-2001, quelques mois avant son décès.
- le journal d’Atmânanda est paru à l'automne 2003 chez Accarias. Nous tâcherons d'en mettre des extraits dans le prochain numéro. Nos remerciements à Râm Alexander et Lalita Bugnon de Lausanne qui ont soutenu le projet, ainsi qu’à l'éditeur qui s'est engagé dans ce travail, car il s'agit d'un gros volume, qui traduit la plus grande partie de l'original anglais de plus de 400 pages.

- un brahmachâri à l'ashram d'Almora travaille pour taper  le livre de Vijayânanda, In the Steps of the Yogis  - écrit il y a déjà quarante ans à Dhaulchina, et publié par la suite à Bombay par le grand éditeur religieux indien, Bharatiya Vidha Bhavan. On y trouve toutes sortes de réflexions intéressantes sur l'Inde et sa religion, nous le mettrons sur le site de Mâ. Des extraits de la version française y sont déjà, et nous en avons mis dans les deux Jay Mâ précédents ainsi que dans le présent numéro.

 

 

 

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Table des matières du n°72

 

 

Réponses de Ma

Un ermitage idéal  par Vijayandanda
Pensées  de l'Himalaya Entretiens avec Swami Nirgunananda

Ces jours anciens avec Mâ Anandamayî  par Bithika Mukerjî (suite)

 

En présence de la Mère divine, Sree Anandamayi Ma

par Caroline Rosso-Cicogna

Joie Poèmes par M.Manfrini

Nouvelles

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