Jay Mâ N° 109 – Eté 2013
Paroles
de Mâ
Extraites
de ‘Les Enseignements de Mâ Anandamayî’
- Chapitre 25
L’ETRE HUMAIN
Ce qui différencie l’homme de l’animal, c’est ce
pouvoir particulier que l’homme possède, pouvoir qui lui permet d’atteindre
la perfection. En ce qui concerne l’être humain, ce corps dit « celui qui a esprit et
conscience est un être humain ». Peut-on considérer comme un humain celui
dont le mental n’est pas conscient et qui est obnubilé par les objets des
sens ?
Vous avez le privilège d’être nés en
tant qu’humains. Ne perdez pas en futilités un seul moment de cette vie. La
végétation, les oiseaux, les animaux en général, vivent dans ce monde, souvent
pour de courtes périodes. Ils engendrent une nouvelle végétation, de nouveaux
oiseaux, de nouveaux animaux. Puis ils prennent congé de ce monde. Qu’est-ce
qui vous différencierait d’eux si vous suiviez le même processus ?
Empruntez la voie du non-retour (c'est-à-dire la libération dès cette vie ou au
moment de la mort, pour ne pas voir une nouvelle réincarnation).
Des quantités de karma en même temps que de
naissances demeurent inconnues et insondables. C’est une grande chance que de
jouir de la naissance humaine. Alors efforcez-vous de la faire fructifier, car
vous la devez à Sa grâce. Elle est également le fruit de vos bonnes actions
passées. La naissance de l’être humain est un fait extraordinaire. C’est pour
cela qu’il faudrait entreprendre, durant cette naissance humaine, une ligne de
vie dirigée vers l’éveil de la nature humaine.
Il y a 24 heures pour la sâdhanâ
et le culte à Dieu. Le désir profond de parvenir à Dieu devrait être en vous.
Tout être humain devrait ressentir le besoin impératif d’atteindre sa propre
essence. Passez le temps qu’il faut aux obligations de ce monde, mais mettez à
profit le reste de votre temps pour la contemplation divine. Le japa, la méditation,
la lecture de textes spirituels, la pûjâ,
la prière et l’offrande du Soi, tout cela
c’est pour Lui, pour Lui seulement. Invoquez-Le et pleurez pour Lui.
(Traduit de l’anglais par Jean E. Louis)
Mâ se révèle à nous
Par Bhaiji
(Jyotish Chandra Roy)
Les
textes qui suivent sont des extraits traduits de l’ouvrage « Mother Reveals Herself » unique traduction en anglais faite à
partir de notes inédites rédigées en bengali par Bhaiji
(Jyotish Chandra Roy). Ces notes relatent un grand
nombre de faits, souvent extraordinaires, survenus dans la vie de Mâ Anandamayî au cours d’une
période qui va de l’année 1896 à l’année 1932 (son enfance, sa Divine
Révélation et son enseignement de la sâdhanâ). Mâ parle souvent d’Elle-même à la troisième personne en
usant de l’expression « ce corps ».
(Suite
du ‘JAY MA’ N° 106 –Automne 2012)
Pages 199-200-201
Dans l’incapacité de porter la nourriture à sa bouche
Un jour j’ai été invitée à déjeuner
chez Rajendra Kushari. Cela se passait lors d’une
période où j’observais le silence. Durant les quelques jours qui avaient précédé cette invitation j’avais mangé du
riz, de façon normale, comme je le faisais d’autres fois. Mais ce jour-là, je
me suis rendue compte, dès le début du repas, que lorsque je portais la
nourriture à ma bouche, la prise qu’exerçaient habituellement mes doigts se
relâchait d’elle-même et les aliments glissaient entre mes doigts. Mes mains
n’étaient ni engourdies ni affaiblies et pourtant, chaque fois que je portais
quelque chose à ma bouche, leur prise se détendait et elles abandonnaient ce
qu’elles avaient saisi un instant auparavant. Ainsi, en dépit de mes efforts et
de ma bonne volonté, je n’ai pas pu manger. Chacun des membres de la famille
qui m’avait invitée semblait profondément affligé. Ils étaient convaincus
d’avoir commis quelque grave erreur. Je les ai rassurés en leur expliquant que
certains changements se produisaient régulièrement dans ce corps, comme déclenchés
par une mystérieuse machine. Le Soi demeure alors en suspens. Je suis retournée
à Shahbag.
Des faits semblables se sont
produits à différentes reprises. Un jour, alors que je m’étais assise pour
prendre mon repas, mes doigts prenaient la nourriture mais ne parvenaient pas à
garder leur prise sur ce qu’ils avaient saisi et tout ce que je voulais mettre
dans ma bouche finissait sur le sol. J’ai alors soulevé mon assiette de la main
gauche et j’ai porté la nourriture à ma bouche de la main droite. C’est de cette
façon que j’ai mangé pendant les trois ou quatre jours qui ont suivi, mais
petit à petit je me suis rendu compte que la main droite se refusait, elle
aussi, à porter la nourriture jusqu’à ma bouche.
Alors j’ai commencé à mélanger une
petite quantité de tous les plats qui avaient été préparés, après quoi je
prenais autant de nourriture que possible dans ma main gauche et de ma main
droite je portais cette nourriture jusqu’à ma bouche. Et ensuite je mangeais
lentement. Mais après deux ou trois jours, cette façon de faire a cessé de
fonctionner elle aussi.
Bien sûr, Bholanath
a fini par se rendre compte que j’avais de grandes difficultés à me nourrir. Un
jour, alors que nous étions assis pour le repas, il m’a appelée. Je me suis
assise en face de lui, j’ai réuni mes deux mains en forme de coupe et je lui ai
dit : « Donne-moi à manger ce qu’il te plaira. Juste une fois. »
J’ai mangé en portant la bouche vers la nourriture qu’il me donnait.
Peu de temps après, j’ai tout à
coup réalisé que mes mains ne parvenaient même plus jusqu’à ma bouche. Tout
comme les feuilles de la sensitive se rétractent dès qu’on les effleure, mon
corps tout entier semblait devenir inerte dès que mes propres mains
s’approchaient de ma bouche. On aurait dit que j’avais perdu tout contrôle sur
les choses qui m’entouraient et toute capacité à accomplir la moindre tâche,
telle que celle de porter la nourriture de mes mains jusqu’à ma bouche pour me
nourrir.
Ce corps se sentait comme un enfant
qui s’amuse avec différents jouets. La faim, le désir de manger, semblaient ne
pas exister pour lui. Il n’y avait que sérénité en lui. Lorsque Bholanath commençait à lui poser des questions, celui-ci,
au bord des larmes, répondait comme un enfant : « Ce que je fais, je
ne le fais pas de ma propre volonté. Mes mains ne se soulèvent pas et je ne
peux pas manger. » Bholanath me répondait :
« Très bien. C’est moi qui te donnerai à manger. »
A partir de ce jour-là, j’ai cessé
de m’alimenter par mes propres moyens. Au début, durant cette période, Bholanath, ou la personne qui était chargée de me donner à
manger, devait s’asseoir en face de moi et si elle ne le faisait pas, je ne
tardais pas à me lever en disant : « Je ne veux plus manger. »
Par la suite, ce corps a eu le kheyâl qu’il
fallait mélanger tous les plats qui avaient été préparés et qu’on devait le
nourrir avec ce mélange, en ne le lui présentant qu’avec deux doigts, une seule
fois, comme s’il s’agissait d’un simple brin d’herbe. Ceux qui m’ont donné à
manger se sont fidèlement pliés à cette règle, tous les jours. On me donnait
également à boire, une fois tous les deux jours. Cinq mois et demi se sont
écoulés de cette façon. Le septième jour de Bâsanti
pûjâ, Jyotish m’a fait porter du lait avec
lequel je me suis nourrie durant les trois jours qui ont suivi, à l’exclusion
de toute autre nourriture. Le soir du dixième jour, j’ai pris du riz.
Il y a toujours des liens subtils
qui agissent à la base, à la racine, de chaque chose. De plus, ce sont des
liens plus subtils encore que ceux-ci, qui sont à l’origine, d’une façon ou
d’une autre, de la réalisation et de l’accomplissement de toutes les actions.
Et ces liens empruntent différentes voies, aussi bien dans la sphère de la
spiritualité que dans le monde de l’action.
Dans les jours qui ont suivi, j’ai
continué à manger de la même manière que durant cette période-là.
Un jour, quatre ou cinq ans plus
tard, alors que j’étais à l’ashram de Ramna, toutes
les personnes qui étaient avec moi ont insisté pour que je recommence à manger
avec mes propres mains. Et ce corps avait le kheyâl
qu’il devait le faire. Tandis que je m’asseyais pour manger, un sentiment
étrange m’a envahie. J’ai commencé à parcourir l’ashram, prenant une ou deux
bouchées de-ci de-là et me nourrissant de ce que trouvais devant moi y compris des petites bêtes ou des oiseaux. Tout cela en
m’asseyant par endroits ou en me promenant dans les allées, ce qui eut pour
résultat que le repas de midi s’est prolongé bien plus longtemps qu’à
l’accoutumée. Le soir on m’a servi du sandesh
(gâteau) et d’autres plats. J’ai étalé le sandesh
sur le sol avec l’idée que cela équivalait à le manger. Voyant mon
comportement, les personnes autour de moi étaient troublées et commençaient à
murmurer que si ce corps voulait rester en vie, il fallait absolument qu’il
mange et plusieurs d’entre elles demandaient qu’on leur permette de me donner à
manger. A partir de ce moment-là, quiconque se trouvait à proximité et avait le
désir de m’alimenter pouvait le faire. J’avais le sentiment que leurs mains
étaient les miennes et que je mangeais donc avec mes propres mains.
Aucune contrainte, aucune condition
n’étaient imposées à ce corps qui, pour satisfaire aux désirs de Bholanath, mangeait une petite quantité de nourriture (un
mélange de tous les plats préparés) une fois par jour.
Lorsqu’on lui demandait si le fait
de manger de cette façon impropre et irrégulière n’affectait pas négativement
son organisme, Mâ répondait :
« Le fait de manger ou de ne pas manger ne fait aucune différence pour ce
corps. »
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La guérison d’une jeune fille
Un après-midi, alors que je
m’affairais à l’une de mes tâches journalières, une voiture est arrivée avec à
son bord une famille qui venait du village de Raipur. L’homme qui la conduisait
est allé parler à Bholanath, il lui a dit :
« Je suis venu pour rencontrer Mâ. J’ai une
fille qui est clouée au lit depuis quatre ans. Au début, elle avait tout le
temps de la fièvre, puis son corps a commencé à se raidir et maintenant elle
est pratiquement paralysée et nous devons l’aider en tout et pour tout. Elle a
douze ans et elle est mariée. Le médecin de l’endroit, Guru Prasad Mitra, un
homme de renom, s’est occupé d’elle pendant trois mois, mais il n’y a aucune
amélioration. En fait c’est lui qui nous a conseillé d’amener notre fille ici. Et
comme nous n’avions aucun autre recours, nous avons décidé de l’amener
ici. » Lorsque Bholanath est venu me rapporter
les paroles de cet homme, mes lèvres ont tout à coup prononcé ces quelques
mots : « Demande-leur de venir jeudi prochain. »
Ils sont revenus le jour qui avait
été convenu. Les parents ont amené la fille dans la pièce où je me trouvais et,
sur ma demande, ils l’ont étendue à même le sol. Je me suis tout de suite
rendue compte qu’elle n’avait même pas la force de s’asseoir. Elle était
tellement affaiblie qu’elle pouvait à peine parler. Je suis allée m’asseoir
près d’elle et je lui ai dit : « Essaie de rouler un peu sur le
sol. » Elle s’est efforcée de faire ce que je lui avais demandé, sans bien
y réussir. Alors je lui ai dit : « Bien, ça suffit. » Lorsque ces
personnes sont arrivées, j’étais en train de réduire en petits fragments des
noix d’arec pour la bhoga. J’ai jeté quelques-uns
de ces fragments par terre et je lui ai dit : « Tends ton bras et
ramasse-les. » Elle les a ramassés. Avec grande difficulté. La famille est
repartie peu de temps après cela.
J’ai su par la suite qu’en arrivant
chez eux, elle avait pris son repas puis s’était étendue sur son lit pour jouer
à un jeu de société avec des amis venus lui rendre visite. Et tout à coup, en
entendant le bruit d’un véhicule qui passait et des notes de musique provenant
de la rue, elle a sauté sur ses pieds et a couru à la fenêtre pour voir de quoi
il s’agissait. Après cela, elle a recommencé petit à petit à marcher. Le
lendemain, son père est venu nous informer, heureux et souriant, des progrès
accomplis. J’ai appris par la suite que la jeune fille s’était totalement rétablie.
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Bhoga de la
pleine lune à l’ashram
Un jour nous sommes allés faire la bhoga chez Nishi babu comme nous l’avions prévu.
La nuit était pratiquement tombée lorsque nous sommes rentrés à Shahbag, après avoir
accompli la cérémonie. C’était une nuit de pleine lune et Motori
avait décidé d’organiser la bhoga de la pleine
lune, ce soir-là, avec la première paye de son fils. Lorsque nous sommes
arrivés, nous avons constaté qu’elle avait déjà terminé la préparation des
différents mets. En nous attendant, elle chantait le kirtan
en compagnie de quelques autres personnes. Comme à l’ordinaire, nous avons fait
l’offrande de la nourriture à Bhagabân, après quoi
les personnes présentes ont participé joyeusement au partage du prasâd.
Aujourd’hui encore on célèbre à
l’ashram le rituel de l’offrande de la bhoga.
On réalise, là aussi, que si un fait ou un évènement quel qu’il soit, doit se
produire, il se produit, immanquablement, de lui-même.
Donner à manger aux Nécessiteux
Il y a quelque temps de cela, Shashanko babu a pris des dispositions pour donner à manger aux plus
déshérités. Cela avait été organisé à l’Ecole privée de Médecine de Dhaka et un
kirtan avait été chanté à cette occasion. La
veille nous nous étions rendus à l’Ecole de Médecine où des préparatifs étaient
en cours pour la confection de plats cuisinés à distribuer le jour suivant aux
nécessiteux, entre autres choses du khichuri
(riz aux légumes) et des gâteaux.
Le lendemain matin, le kirtan s’est prolongé tard dans la matinée et ce
corps est entré dans un profond bhâva. Lorsqu’est
arrivé le moment de servir le repas de midi, ce corps a eu le kheyâl qu’il devait participer lui aussi au service.
J’ai dit à Khukuni de m’accompagner et nous nous
sommes mises toutes les deux à servir les personnes qui s’étaient assises dans
l’attente du repas. Tandis que j’étais occupée à servir, j’ai remarqué un homme
atteint de la lèpre qui attendait, lui
aussi, son repas. Il paraissait tout à fait incapable d’utiliser ses
mains pour s’alimenter. Je me suis approchée et je lui ai dit : « Je
vais vous aider. » Mais il a répondu : « Non, non. » Et,
rapidement, il s’est mis à manger avec une cuillère. Lorsque le premier groupe
a fini de manger, Bholanath est venu vers moi et m’a
dit : « Tu peux arrêter. Ce sont les hommes qui vont servir
maintenant. »
Entre-temps, le ciel s’était
obscurci. Au-dessus de nos têtes, de gros nuages sombres et menaçants s’étaient
amoncelés. Il n’allait pas tarder à pleuvoir. Mais ce corps a eu le kheyâl de rester à l’extérieur. Quelques instants
plus tard de grosses gouttes ont commencé à tomber et bien que chacun ait
pressé ce corps d’aller se mettre à l’abri, celui-ci est resté dehors parce
qu’il devait rester dehors. Tout le monde a fini par comprendre que ce corps ne
se serait mis à l’abri que lorsque le deuxième groupe aurait eu la nourriture
qu’il attendait. La pluie s’est alors mise à tomber à verse.
Dans la soirée, Shashanko
babu a
conseillé à ce corps de prendre quelque nourriture à son tour. Mais ce corps a
demandé que les autres personnes viennent en faire autant elles aussi. Ce à
quoi ces dernières ont répondu, d’une façon ou d’une autre, qu’elles ne
voulaient pas manger, car tout cela avait été organisé uniquement pour les
démunis. Puis quelques étudiants qui étaient venus pour aider au service se
sont mis à lancer quelques mots avec chaleur : « Aujourd’hui Mâ va nous servir. »
Au milieu de cette confusion qui
commençait à régner j’ai dit : « Qui est véritablement démuni ?
Ne sommes-nous pas tous des démunis ? Car qui doit être considéré comme
tel ? Chacun d’entre nous a besoin d’entretenir son corps en le
nourrissant et en l’habillant, mais seuls ceux qui ne possèdent pas
l’authentique trésor, seuls ceux-là sont véritablement démunis. » Puis
tous ensemble nous sommes sortis. Dehors, l’essentiel du service était
maintenant terminé. Seules quelques personnes étaient encore en train de
manger. Je me suis assise à leurs côtés. La nuit commençait à tomber. Des mots
me sont venus aux lèvres : « Les démunis que nous sommes ont-ils besoin du
trop-plein de lumière qui leur est toujours dispensé ? Celle qui règne en
ce moment n’est-elle pas suffisante ? »
Le repas terminé, nous sommes
retournés à Shahbag.
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Rendre hommage en touchant les
pieds
En voyant l’état dans lequel est
entré ce corps durant le kirtan qui s’était
déroulé à l’Ecole de Médecine, Anâth, un étudiant de
cette école, est entré, lui, dans une sorte d’extase spirituelle. Il n’a pas
pris de nourriture et n’a pas dormi pendant deux jours. Le soir du deuxième
jour, il est venu à Shahbag et a déclaré, les larmes
aux yeux, qu’il continuerait à ne prendre aucune nourriture aussi longtemps
qu’il n’aurait pas touché les pieds de Mâ et qu’il ne
se serait pas courbé devant Elle dans un pranâm
de dévotion. J’ai accepté, sur l’insistance de Bholanath,
et ce jour-là Anâth a touché les pieds de ce corps et
lui a rendu hommage. Le voyant faire, de nombreuses autres personnes ont voulu
suivre son exemple. Le jour suivant, Anâth se
comporta de la même façon. Il fut décidé, à partir de ce jour-là, que tous les
mois, le même jour, à la même heure et cela
pendant cinq minutes, quiconque en exprimerait le désir pourrait rendre
hommage à ce corps en en effleurant les pieds de ses mains. Lorsqu’ils
entendirent ces paroles, tous ceux qui étaient présents à ce moment-là,
rendirent hommage à ce corps durant les cinq minutes qu’ils avaient à leur
disposition. Ce corps était resté debout, immobile, pendant ce laps de temps,
après quoi il s’était laissé choir machinalement sur le sol en position assise.
Petit à petit, cette pratique s’instaura d’elle-même et se déroula chaque fois
sans discontinuer.
(Traduit de l’anglais par Jean E. Louis)
Vijayânanda, le témoin de Mâ
Par
Vigyânânanda (Dr. Jacques Vigne)
(En
souvenir de Swami Vijayânanda
qui a ‘quitté son corps’ à 95 ans, le Lundi de Pâques 5 Avril 2010, à Kankhal, Inde. Il a été ensuite transféré à Paris. Son ‘samadhi’ (tombeau) se trouve au cimetière du Père Lachaise,
où se déroulent régulièrement des cérémonies très émouvantes).
Vijayânanda est arrivé en Inde en 1951, il avait trente-six
ans. Il a rencontré Mâ Anandamayî
à Bénarès, lui a demandé s'il pouvait rester quelques
jours dans son ashram, et plus d'un demi-siècle après, il y était toujours. Dès
sa première rencontre avec elle, il a eu la certitude qu'il s'agissait du
maître spirituel qu'il recherchait. Pendant dix-neuf mois, il a été tous les
jours auprès d’elle, sauf pendant une journée. Après, il est resté surtout à
Bénarès, et ensuite pendant dix-sept ans dans les Himalayas,
avec une vie très solitaire, y compris à l'ermitage de Dhaulchina
face au sommet de la Nanda Dévi (7860m) où j'écris
moi-même ces lignes en ce moment. Depuis un quart de siècle, il est resté dans
l'ashram principal de Mâ à Kankhal,
où elle a son samâdhi (tombeau). Il y voyait les
visiteurs tous les soirs, sinon il menait une vie de moine typique, en
particulier par sa régularité et par l'intensité de sa pratique de la
méditation. Il faisait remarquer que cet emploi du temps fixe pouvait être
considéré comme du tamas, de la
répétition ou du conditionnement, mais il faut savoir que le Soi lui-même, dans
son aspect d'immuabilité, a cette qualité de tamas. C’est la base immobile de tout. Il ne voyageait pratiquement
pas, un jour je lui ai demandé s'il était comme les sages taoïstes qui voient
le monde de leurs fenêtres, il m'a répondu : " Je n'ai même pas besoin
d'aller à la fenêtre !"
Pendant douze ans,
il n’a pas voulu entendre parler de l'actualité et n'a pas du tout lu le journal, mais ensuite, il l’a parcouru chaque
jour, même si c'était souvent quelque peu en diagonale. En effet, il expliquait
que le védantin
médite sur l'unité, et que connaître un minimum de ce qu'il se passe dans le
monde est un signe d'unité avec lui.
Une des choses qui
m'a plu à l'ashram de Mâ Anandamayî,
c'est qu'on peut dire qu'ils ne font pas de prosélytisme. Vijayânanda,
en particulier, ne faisait que répondre aux questions des gens, et ne donnait
pas de discours religieux ou d'enseignement formel. Certaines personnes étaient
déçues car elles auraient espéré qu'il leur "parle de ses
expériences", mais il ne le faisait pas. Comme il aimait à dire
familièrement : « Il faut me tirer les vers du nez ». Il a écrit
un petit peu sur son contact avec Mâ durant les
premières années, mais ensuite il ne le faisait pratiquement plus. Son premier
livre, Un Français dans l'Himalaya,
est constitué en grande partie des comptes rendus de questions et réponses qui
ont été recueillies au fil des années. Il a vécu simplement dans une chambre
qui a été financée à l'ashram par un de ses amis. En vingt ans, je ne l'ai
jamais vu accepter d'argent.
Quand il était en
France après la guerre, il avait pris des cours de Yoga à Paris, c'était le
tout début. Au départ, il était tellement rigide que même rester en tailleur
deux minutes lui était pénible. Avec l'entraînement en Inde, il a réussi à
tenir la posture de lotus pendant six heures d'affilée sans même changer de
côté, et aussi l'équilibre sur la tête avec les jambes en lotus pendant deux
heures trois quarts. Certains textes de Yoga disent que, quand on arrive à
rester 3 heures dans cet âsana,
on obtient le samâdhi... Vijayânanda
ne conseillait pas aux pratiquants de pousser autant, mais il donnait ces
exemples pour illustrer le fait que lorsqu’on tient vraiment le coup, il y a un
moment où la douleur qui augmente progressivement disparaît complètement. Pour
les occidentaux qui veulent avoir de bonnes bases en méditation et développer
une maîtrise des émotions, il conseillait le retour systématique aux sensations,
comme c'est expliqué par exemple clairement dans la méditation bouddhiste vipassana. Il prônait aussi
l'observation de la respiration. Pour le bouddhisme théravada, rien qu'avec cela, on
peut arriver au nirvâna. Cette
méthode a aussi le grand avantage de pouvoir vous rééquilibrer à tout moment si
vous n’êtes pas guidé par un enseignant. Par contre, ce dernier est important
si l'on fait du prânâyâma
intensif, il faut avoir vraiment l'expérience de cette voie. Vijayânanda disait parfois que s'il s'était installé en
France, il aurait eu tendance à dire aux gens, comme le faisait Krishnamurti, de méditer directement et de se passer
complètement des rituels en conformité avec la tradition. Il affirmait que la
plupart des gens ont besoin d'un lien fort avec un enseignant spirituel. Il ne
s'agissait pas de diviniser celui-ci, mais de comprendre que chaque être humain
est à sa manière un canal de l'Absolu, qu’il y est relié comme par un fil électrique.
Certains laissent mal le courant passer, d'autres sont de bons conducteurs, et
les sages sont des ‘super conducteurs’. Ils peuvent donner un goût de
l'expérience de la félicité spirituelle, ânanda,
sans qu'il y ait de gaspillage ou de perte d'énergie.
Après un certain
nombre d'années de pratique à son arrivée en Inde, il était devenu un expert en
hatha-yoga. Cependant, il avait fini par abandonner sa pratique et par la
suite, il reconnaissait que ce fut une erreur. Il constatait : "On a l'âge
de son dos, et à plus de quatre-vingt-dix ans, le mien est plutôt rouillé. Si
j'avais continué la pratique des postures, je n'en serais certainement pas
là." Avis utile à garder présent à l'esprit...
Dès son adolescence,
il était déjà intéressé par la perspective du contrôle complet du mental. Il avait
commencé le Yoga à l'âge de dix-neuf ans, et après soixante-dix ans de
pratique, il disait qu'il y était arrivé.
« Si on travaille dans sa propre cuisine, on trouve tout de
suite ce dont on a besoin, mais si on est dans celle de quelqu'un d'autre qu'on
découvre pour la première fois, on peut chercher pendant dix minutes le moindre
objet. De la même façon, maîtriser son mental revient à trouver immédiatement
en soi l'énergie dont on a besoin pour le rééquilibrer et l'orienter dans la
bonne direction. » Cependant, ce contrôle du mental n'est pas un but en
soi, mais une ouverture vers la Libération.
A l'occasion de
l'anniversaire de Mâ célébré en mai, j'ai reçu un
nouveau nom de Vijayânanda que je connaissais depuis
vingt ans. C'est celui de Vijnânânanda, qu’on prononce
en hindi Vigyânânanda, et qui signifie "Félicité
de la connaissance complète". Dans la tradition, la seconde moitié du nom
de renonçant est toujours ânanda, la
félicité, car c’est la cause et la conséquence du renoncement, alors que la
première moitié doit être un nom du Soi mentionné dans les Upanishads
et dont la première syllabe est la même que celle du nom de départ (‘Vi’ donc pour moi-même). Cela ne veut
pas dire que je vais automatiquement m'habiller en orange, mais c'est
certainement un pas en avant dans l'approfondissement de la tradition du Yoga
et de la voie spirituelle de l'Inde.
Vigyânânanda - Ermitage de Dhaulchina
Pour aller
plus loin – De Vijayânanda :
- Un Français dans l'Himalaya Editions Terre du Ciel, 1997
- Un chemin de joie,
ouvrage qui regroupe d'autres conversations avec Vijayânanda
et certains de ses écrits sur l'Inde qui y avaient été incorporés en anglais.
Il n'a pas voulu que cet ouvrage soit publié, mais a accepté qu'on le mette sur
le site de Mâ Anandamayî : www.anandamayî.org
Séjour
à la Kumbha Mela d'Allahabad du
09 au 13.02. 2013 avec le groupe du
Docteur Jacques Vigne- Vigyanananda- et expérience du
défilé des Maîtres et du grand bain du 10.02.2013
Par
Monique Manfrini
Dans
notre dernier N° 108, nous avions publié un très intéressant article de Jacques
Vigne sur la naissance et l’histoire de la Kumbha Mela, et avions annoncé un récit ‘vécu’ de Monique Manfrini qui y a participé cette année.
Voici
également ses commentaires du 03-03-13 :
OM
Le retour de notre
périple post Kumbha Mela a
été laborieux et aussi douloureux...En bref, nous avons atterri samedi 23-02 à
Marseille avec 5 heures de retard par suite des problèmes de tempête de
neige à Munich...Puis, mon rhume a fortement dégénéré et
j'ai dû me soigner sérieusement pendant toute la semaine sans aucune
énergie pour consulter mon ordi...Je l'ouvre aujourd'hui
seulement!!!
Quant à mon mari Richard,
cela ne va pas très fort non plus mais, pour lui, c'est le système
digestif qui est en berne et il se remet peu à peu mais a été surpris par
la violence de l'attaque!
A part ces désagréments
et les problèmes de pollution de + en + sérieux en Inde et surtout à la Kumbha Mela où nous avons
presque tous attrapé des refroidissements, la Kumbha a
été une expérience très forte et particulièrement inoubliable...
Mon mental
est rempli de questionnements, d'interrogations et d'une
sorte de "langueur" et je ne crois pas que la maladie y soit
pour grand-chose...En bref, je digère la Kumbha Mela comme un serpent qui aurait avalé une très grosse
proie...Cela prend du temps et consume de l'énergie...
Après la Kumbha, nous sommes partis pour le Rajasthan via Delhi et
j'ai mis mon séjour à Allahabad entre parenthèses autant
que possible...Nous en parlions un peu avec Richard de temps à autre mais
nous devions nous concentrer sur notre voyage et nos découvertes des beautés
architecturales et des paysages du Rajasthan...La Kumbha
faisait alors son travail souterrain en nous et cela a repris dès notre
arrivée à Marseille...
J'essaie de mettre de
l'ordre dans tout cela et je n'ai pas cessé d'y penser...J'ai acheté un
livre à la Kumbha sur Ma Ananda Mayee
dans la tente qu'occupait la Sangha de Ma à Allahabad et je le lis dès que
je le peux. Il s'intitule "Mother reveals herself"...Quelle jeunesse dans
l’acceptation totale et joyeuse de la volonté divine! Ma me rappelle
une autre sainte de l'église catholique, Sainte Rita à laquelle est consacrée
une église, près de chez nous...Elles ont vécu, toutes deux, le même
abandon, plein, confiant et aimant à Dieu...
Toutes mes amicales
salutations à Jacques et à tous les participants/tes à la Kumbha
Mela. Nous avons pu apprécier chacun(e) et
avons partagé avec tous une expérience qui se situe bien au-delà des mots...
Bien spirituellement à vous, Monique.
Et voici son récit :
Dès le début de Juin 2012, lors du passage de Vigyananand à Marseille, il nous avait informés qu'il organisait un groupe qui participerait à la Maha Kumbha Mela d'Allahabad.
Nous
n'avions jamais assisté à une Maha Kumbha Mela bien que j'aie pu participer avec des amis à
la dernière Kumbha Mela d'Haridwar, l'année même où Swami Vijayanandaji a quitté son corps.
Ne
résidant pas sur place, il avait été impossible de réussir à se plonger dans
l'ambiance et la ferveur de cette manifestation aussi spectaculaire que
spirituellement marquante...C'est dans cet état d'esprit que la décision
d'aller à Allahabad pour participer directement à la Maha Kumbha
en rejoignant sur place le groupe du Docteur Jacques Vigne a été prise...
Nous
avons donc rejoint le groupe de Vigyanananda le
09.02.13, en début d'après-midi, non sans quelques péripéties locales...notre
train ayant 4 H de retard à notre arrivée à Allahabad et tous transports vers Triveni Ghat où nous devions
retrouver les autres participants étant désormais interdits par les forces de
l'ordre... Mais, “interdit” n'est pas synonyme “d’impossible”
en Inde et nous avons pu rejoindre le groupe grâce aux conducteurs de deux
vespas qui connaissaient très bien le site de la Kumbha
Mela...Là, nous avons été accueillis par M.Dinesh Sharma, directeur de l'agence Teerth
Travels qui ne parlait que du défilé à venir et de la
chance que nous avions de participer avec les Maîtres au grand bain du 10.02,
soit le lendemain...
Nous
étions assez épuisés et abasourdis par le bruit cacophonique ambiant, les
haut-parleurs qui diffusaient, en continu, des messages incompréhensibles pour
nous et l'atmosphère d'immense kermesse alentour...sans compter les éclairages
puissants et multicolores des nombreux campements des Maîtres. C'était la même
atmosphère qu'à la précédente Kumbha Mela d’Haridwar
mais au superlatif !
Nous
nous sommes ensuite installés dans un campement provisoire où la soixantaine de
membres du groupe était déjà hébergée depuis la veille au soir puisque
l'interdiction de circuler vers le site de la Kumbha Mela datait, en fait, du 08.02...Vigyanananda
et M. Dinesh Sharma ont alors choisi de rester plus
près de Triveni Ghat pour
ne pas avoir à marcher sur une bonne distance avant de commencer le défilé du
Grand Bain...Nous avons été hébergés par Swami Harishchander Puriji Maharaj qui
dirige deux ashrams dont l'un Shiv Shakti Peeth est situé à Haridwar-Kankhal-
et l'autre à New York aux Etats Unis.
Ce
soir-là,
nous avons tous été invités par un Maître d'un campement voisin à partager le
repas du soir...Assis les uns à côté des autres, sur plusieurs rangées
parallèles et faisant face à d'autres
invités, nous avons été servis sur une grande “assiette” alvéolée en feuilles
de bananier compressées. Les rangées d'invités étaient longues de plusieurs
centaines de convives. De nombreux brahmacharis et membres de l'ashram faisaient le service.
Puis, nous avons attendu que tous les invités aient été servis et que
les tous les Maîtres invités commencent à manger, après la récitation des
prières rituelles, pour prendre notre repas. Nous avons respecté les règles qui
sont familières à ceux qui sont déjà allés dans un ashram. De l'avis de tous,
la nourriture était variée, de bonne qualité et moins épicée qu'ailleurs...Les
convives indiens étaient très intéressés par la présence d'occidentaux parmi
eux et nous ont posé de nombreuses questions et se sont bien divertis à nous
observer avec beaucoup de bonhommie et d'espièglerie... Nous étions des êtres
bizarres pour d'autres personnes alors même que nous étions, nous-mêmes,
plongés dans un environnement très étrange et difficile à appréhender...C'était
formateur de se sentir en terre inconnue et d'arriver à relativiser tout ce que
nous percevions!
Nous
sommes repartis avec notre groupe et avons rendu visite au campement des ‘femmes-sadhous’, non loin de là.
Seules, les femmes ont été autorisées à y entrer. Il faisait déjà nuit. Nous
avons été accueillies dans la tente d'une femme-Maître Naga- coiffée d'un grand
chignon. Sa première disciple, Shangam Giri, présente à ses côtés, nous a expliqué que sa langue
maternelle était le français. Elle s'est d'ailleurs exprimée en français et en
anglais. De ces deux femmes se dégageaient une grande force et
beaucoup d'énergie...Le comportement du Maître Naga était fait d'un mélange de distance, d'autorité naturelle et
de bienveillance...Sa disciple était beaucoup plus libre et directe dans ses
propos. Elle s'exprimait avec humour. Elle nous a expliqué qu'elle était avec
son Maître depuis plusieurs années et qu'elle avait, parfois, un peu de
difficultés à s'exprimer en français...Ce soir-là, nous avons
toutes reçu un “prasad”
du Maître-Naga et sa bénédiction...Nous nous sommes inclinées et en partant,
plusieurs d'entre nous voulaient revoir ce Maître...pour lui poser des
questions. Le “darshan” du Maître
avait eu beaucoup d'effet sur certaines d'entre nous.
Nous
avons, ensuite, rejoint les hommes du groupe. Ils nous attendaient au bout du
campement des femmes. Nous sommes alors rentrés au campement provisoire où nous
devions tous passer la nuit sous une grande tente. Sur le tapis de sol nous
avions installé tous nos sacs de couchage. En chemin, nous avons vu des sadhous avec
leurs disciples, assis autour de foyers rudimentaires...Les chants religieux et
la musique dévotionnelle emplissaient la nuit...Vigyanananda
et M.Dinesh Sharma nous expliquèrent que nous nous lèverions
à 3H du matin pour participer au défilé des Maîtres. Pour la première fois, des
occidentaux pouvaient défiler dans les cortèges des Maîtres et participer au
Grand bain du 10.02, celui de Mauni
Amavasya. Mauni Amavasya a lieu le
15ième jour de la semaine obscure de Magh (en janvier- février).
“Mauni” vient du mot Muni qui désigne
un ascète pratiquant le vœu de silence. Mauni Amavasya est considéré comme le jour de conjonction du
soleil et de la lune, un jour très favorable pour accomplir le bain purificateur
(snan) au
confluent du Gange et de la Yamuna. Ce jour-là, le soleil et la lune entrent dans le signe du Capricorne.
La nuit fut courte, peuplée de chants et de musiques religieuses et à 3H tous
les participants au Grand Bain se réveillèrent spontanément et se préparèrent
pour le défilé des Maîtres. Conduit par Vigyanananda et M.Dinesh Sharma,
éclairé par les campements illuminés, suivant le drapeau de rassemblement, le
groupe progressa parmi la foule du défilé des Maîtres vers le lieu où
se trouvait le char de Swami Harishchander
Puriji Maharaj. Nous devions suivre son char jusqu'au
lieu du Grand Bain (snan).
Nous pouvions admirer les nombreux autres chars des Maîtres un peu partout. Ils
étaient tirés par des tracteurs -plus sûrs que les éléphants de jadis- et les
Maîtres se trouvaient dessus sur des sortes
de “trônes” bien décorés en compagnie de leurs disciples. Les Maîtres étaient assis
sous un dais. Les symboles de leurs ordres les entouraient : tridents pour les
Shivaïtes. Les noms des ashrams et des Maîtres étaient inscrits sur les chars.
Il y avait sur les chars des bannières colorées, des oriflammes parfois anciennes. Le défilé donnait
une impression de désordre-ordonné...dont nous ignorions les règles! Nous avons
attendu, longtemps, dans le froid du petit matin, serrés derrière le char du
Maître...Nous observions la foule des participants, prenions des photos des
chars et des groupes qui défilaient. L'équipe d'Arte était avec nous et filmait le défilé. Trois
membres de notre groupe ont eu un malaise vagal...probablement imputable à la
fatigue, au long piétinement et au fait que certains n'avaient rien mangé. Ils
ont été pris en charge par le groupe et les conseils de Vigyanananda et de Philippe -de la chaîne Arte- deux
docteurs bien utiles parmi nous! De plus, l'énergie ressentie en nous était
très puissante...Les chars se sont peu à peu mis en mouvement et le défilé
s'est alors accéléré. Nous nous sommes tous mis à chanter avec force avec les
passagers du char et la foule massée sur le trajet : “BOM, BOM, BHOLE et HARE,
HARE” ainsi que d'autres chants sacrés. L'émotion et la ferveur étaient à leur comble... Nous
marchions désormais d'un bon pas. Puis, nous avons vu le confluent du Gange et
de la Yamuna et nous sommes alors dirigés vers le bord de l'eau. Plusieurs
d'entre nous ont pris un bain intégral dans l'eau sacrée, d'autres se sont
aspergés d'eau. Nous avons, tous, ressenti le besoin d'entrer en contact avec
cette eau sacrée. Tout autour de nous,
les nombreux participants au Grand Bain, hommes, femmes, de tous âges et
conditions et même enfants, plongeaient entièrement dans l'eau froide du petit matin...sans
aucune hésitation. Une joie calme et
émue régnait partout...Des bateaux alignés le long du rivage servaient à
protéger la foule et permettaient d'éviter tout accident dû à une panique ou à
une bousculade éventuelle...L'organisation de ce Grand Bain dénotait une longue
habitude des grands rassemblements en
Inde. Il n'y eut aucun accident ni noyade pendant ce Grand Bain...Après le
bain, chacun se séchait rapidement puis repartait pour céder la place à ceux
qui arrivaient derrière eux...Nombreux étaient ceux qui remplissaient un
récipient d'eau sacrée pour le ramener
chez eux ou dans leur village. Nous avons ressenti la foi simple et forte de tous ceux qui étaient venus très tôt
pour participer au Grand Bain.
A présent, le jour s'était levé et nous nous sommes tous
regroupés pour revenir au campement. En chemin, nous avons pris des photos de
la foule des baigneurs qui arrivait sans arrêt.
Nous avons mis beaucoup de temps pour retourner au campement...Nous
avons dû changer plusieurs fois de directions car le service d'ordre, très
actif, barrait certains chemins. Les chars continuaient à défiler vers le bord
des fleuves sacrés et nous les croisions
tout en nous éloignant. Ainsi, nous avons rencontré un groupe de nagas qui portaient, en courant, sur une
sorte de chaise à porteurs un vieux naga
qui ne pouvait plus marcher...L'armée a alors écarté la foule sans ménagement
pour que le groupe puisse passer. Nous
avons pu apprécier à quel point les nagas
sont aimés et respectés en Inde. Nous avons aussi vu des nagas défiler sur leurs chevaux, vision impressionnante. L'un d'eux
effectuait des exercices respiratoires en dilatant et contractant son ventre...
Notre retour a duré plus de deux heures. Il nous a permis d'observer tout ce qui se
passait autour de nous, toute la vie foisonnante des hindous venus participer à
La Kumbha Mela. Des
habitants, sans doute d'un même village, s'étaient déplacés et restaient
groupés le long des chemins. Beaucoup d'entre eux étaient pauvres mais il y avait très peu de mendiants. Tous
campaient sur place, couples, jeunes enfants ou personnes âgées, presque
toujours dans l'inconfort. Ce qui semblait compter pour eux était d'être
présents et d'assister au rassemblement.
Dès notre retour, nous nous sommes reposés un moment puis, tous
ensemble, nous avons été prendre notre
repas dans le campement d'un Maître, comme la veille. Là, nous avons pu parler
avec d'autres convives qui manifestaient beaucoup de curiosité à notre égard.
Un médecin ayurvédique local nous a donné des conseils et nous a parlé de sa
pratique médicale...Après le repas, nous sommes retournés à la tente puis avons
tous rencontré le Maître qui nous a généreusement hébergés et accueillis dans
le défilé du matin, Swami Harishchander
Puriji Maharaj. Nous lui avons tous témoigné notre
reconnaissance en nous prosternant devant lui et avons pris congé.
Après avoir réuni nos affaires, nous sommes allés en groupe vers
les tentes du Rahi Ilawart Tourist Bungalow sur Yamuna Bank Road. Nous étions tous
assez chargés et le chemin était très fréquenté par les pèlerins qui repartaient chez
eux après le Grand Bain. La marche nous parut donc plus longue que les jours
suivants.
Le campement des Tourist Bungalows est
constitué de nombreuses tentes de 2 personnes,
avec une salle de bains adjacente, séparée par
une toile. Quelques tentes sont beaucoup plus grandes et plus luxueuses. Le
campement est bien tenu et comporte des plantes et des arbustes. Un grand vase
très haut, semblable à celui que l'on décore pour honorer les Maîtres, trône au
milieu du jardin. Le restaurant se situe dans une grande tente située près de
l'entrée du campement. Nous y avons pris tous nos repas à partir du soir du
10.02. La nourriture était bien cuisinée et servie sous forme de buffet. Nous
nous sommes tous installés dans les tentes pour la nuit. Le partage des tentes
à plusieurs fut la règle pour le premier soir et plus parfois...L'Inde n'est-elle
pas une grande école de patience et de
tolérance? N'étions-nous pas venus jusqu'ici
pour comprendre cela aussi?
Dès le lendemain matin, d'autres visites du groupe dans les
campements
de Maîtres suivirent. Vigyanananda et M. Dinesh Sharma, aidés par la patiente Marie, organisèrent toutes ces visites. Parmi
celles-ci, il y eut la visite à la femme-Maître Naga, rencontrée le premier
soir, suivie d'une séance photo avec sa disciple
francophone, Shangam Giri.
Certains posèrent des questions au Maître sur son enseignement et sa disciple servit d'interprète. La rencontre fut très
détendue et nous ressentîmes beaucoup de paix. Les hommes du groupe furent
accueillis dans la tente et purent recevoir le darshan puis les prasads du Maître. La séance photo, devant la tente, fut un
bon moment de partage et de rires...Nous reçûmes la bénédiction de Shangam Giri pendant que nous posions avec elle.
Nous avons été accompagnés chez tous les Maîtres par un ami de Vigyanananda,
un sadhou français qui nous a aidés
de ses explications et expliqué sa vie de sadhou en Inde. Il a écrit un
livre sur sa vie dont il nous a parlé...une vie riche passée dans la pauvreté et les pèlerinages itinérants des sadhous!
Nous avons, notamment, rendu visite à deux campements: celui de Swami Shivom Tirthji
Maharaj et celui de la Sangha de Ma Ananda Mayee.
Dans le premier, nous avons pu rencontrer le Maître, Param Pujya Maharishi
Shri Punitacharyaji
Maharaj, à deux reprises. Le Maître est un ‘Siddha Yogi’. Nous avons pratiqué
la répétition,
sous sa conduite, du mantra qui lui a
été donné par le Seigneur Dattatreya pour aider
l'humanité à atteindre la paix et le bonheur et
à évoluer vers l'épanouissement spirituel. Ce mantra est le suivant: “Hari Om Tat Sat
Jai Guru Datta”. Poojya
Swamiji a passé plus de 60 ans à pratiquer une sadhana assidue
et à accomplir des actes de purification - tapasya-. Il continue encore à le
faire...Par la répétition du mantra
sacré, il a été expliqué qu'on recevait une énergie subtile qui donnait au
chercheur spirituel l'expérience de la méditation spontanée ( Shahaj Dhyan) et
initiait le dévoilement, purifiant le mental et le corps. Ce yoga est un Sahaj Siddha Yoga qui vise à
la transformation intérieure spontanée du chercheur spirituel au moyen du mantra précité.
Le Maître dirige deux ashrams en Inde :
- Girnar Sadhana
Ashram à Junagadh dans le Gujarat,
- Trimurti
Shri Guru Datta Seva Ashram à Rishikesh dans
l'Uttaranchal.
Un élève américain,
William Howell ou Vishnudatta
était présent et nous a parlé avec beaucoup d'enthousiasme de la pratique enseignée par le Maître.
Dans le deuxième campement, celui de la Sangha de Ma Ananda Mayee, nous avons été reçus par deux membres de la Sangha. Nous sommes arrivés au
moment de la Pooja
du soir et nous sommes tous assis pour y assister. L'ambiance était recueillie
et paisible comme dans l'ashram de Kankhal et en fin
de pooja
nous nous sommes purifiés au feu sacré et avons reçu en prasad une belle photo de Ma.
Puis, le groupe a pu poser des questions sur Ma et son enseignement. Tous les
participants présents semblaient ressentir la grâce d'être chez Ma, en présence
de membres de sa Sangha...Il était déjà tard et nous
devions tous retourner aux Tourist Bungalows à pied.
Avant de repartir, nous avons pu acheter livres et souvenirs sur Ma.
Le lendemain matin, 13.02.2013, nous avons quitté Allahabad et
la Maha Kumbha Mela, avec
le sentiment qu'un travail intérieur avait lieu en nous par la grâce de notre
participation à cette immense communion sacrée où il est dit que tous les
Maîtres présents et passés sont là pour aider les êtres humains à avancer sur
leur chemin spirituel...
OM, TAT, SAT!
Monique Manfrini.
Édito
: L'Inde torride encore et toujours
Par
Huguette Declercq
Un chaud
témoignage d’Huguette Declercq (Amrit Kaur) qui
revient d’un voyage en Inde
Il est frappant par sa simplicité,
sincérité, sensibilité, intensité
Nous voici de retour de cette Inde magique, puissante et torride
dans tous les sens du terme. Comme chaque fois, j'ai cette sensation que ce
pays intensifie presque au centuple ce que nous vivons. Si nous avons une
habitude de comportement, elle sera présente, et surtout visible non pas une
seule fois, mais plusieurs fois par jour, dans le quotidien de notre vie de
groupe
Si nous sommes critiques, nous allons l'être tout le temps, et
si nous voulons bien regarder, cela nous sautera aux yeux. Si nous estimons que
les autres sont responsables de ce qui nous arrive, c'est dix fois par jour que
nous aurons à vivre de telles situations. Si nous sommes indécis, cela
n'arrêtera pas durant tout le séjour. Si nous arrivons toujours le dernier,
voire en retard
L'Inde brûlante nous demande patience, acceptation et nous offre
connaissance de soi, et plus encore plus lorsque nous vivons en groupe. A
certains points de vue, chaque élément du groupe est le miroir pour nous d'une
facette de notre personnalité. Et pour notre groupe précis, je fais allusion au
petit et au grand groupe. Cela a rendu notre expérience encore plus
intense et plus riche.
Bien entendu, ceci, si nous acceptons de regarder notre vie,
notre comportement, notre niveau de bonheur vrai, en nous plaçant dans la
position du témoin. L'Inde nous jette à la figure des éléments de notre histoire,
et nous permet d'en tirer profit. Et comme toujours, à nous de choisir le
regard que nous voulons poser sur nous, et notre rencontre avec ce pays si
puissant
Durant
notre voyage, nous avons vu des endroits magnifiques, des endroits sordides,
nous avons vu les palais, les temples d'une richesse incroyable, et les
mendiants, vivant, logeant à même le sol. Nous avons croisé des gens qui nous
permettent de regarder notre vie autrement, si nous le choisissons. Nous sommes
toujours libres du regard que nous posons tant sur ce et ceux que nous croisons
que sur nous-mêmes. Et c'est ce regard qui nous aide à grandir dans le bonheur
vrai, celui que nous portons en nous, et qui nous rend lumineux.
Huguette
Messages
et souvenirs des voyages en Inde
D’Hélène PIC à Geneviève (Mahâjyoti)
Chère Geneviève,
Je vous adresse un
petit texte rédigé un soir ‘Le temps court’, une inspiration du
moment, alors le voilà, sans prétention, c’est une tranche de vie… nous allions
voir maman à l’hôpital, j’ai cru pour la énième fois la voir partir…
Le temps court
(Par
Hélène Pic)
Le temps court, il
court vite, c’est déjà demain ? Oui, dit la petite voix, c’est déjà demain,
même plus si tu veux ? Tu as oublié la notion du temps ? C’est bien et pas
bien, ça dépend… qu’as-tu fait ? Faut-il faire quelque chose ? Je n’en sais
plus trop rien. Méditer, penser, dormir, rêver, lire, cuisiner, aller à
l’hôpital voir la famille, faire des courses, humer l’air ensoleillé,
s’émerveiller, se révolter, faire des lessives, ne pas oublier de rappeler,
tenir au courant, se tenir au courant, dire que l’on pense à vous, à toi, à
tous, se rappeler des évènements de la vie, supputer sur les autres évènements,
ne pas vouloir que ses enfants souffrent, ni ses proches, ni ses amis, être
incompétent pour apporter de l’aide quand il faut, agir quand il ne faut pas,
dire de travers, voire le contraire, se ronger de toutes ces inepties, puis
oublier, puis se rappeler, aimer, puis souffrir, dormir pour oublier, se
réveiller pour vivre, c’est déjà demain ? Mais non ce soir,
mais non, aujourd’hui, vous le savez, vous ? Tout
devrait être si simple, c’est une erreur, tout existe par antinomie, le bien,
le mal, le beau, le laid, la joie, la tristesse. Restera toujours l’amour
inconditionnel, l’amour de Mâ, pour le divin comme
disait Vijayânanda, sans rien d’autre et donner le
plus possible, sans rancœur ni amertume…. Bien, bien dit la petite voix… en
es-tu capable ? Sans rire ? Et bien on tente ! Avec ou sans fondement à tout
cela, il semblerait que cela s’appelle la vie… Je crois sincèrement du plus
profond de mon être qu’il y a autre chose et j’en suis certaine, ce n’est pas
possible, il y a autre chose, et cela se trouve à l’intérieur et à l’extérieur
du Soi, c’est une fusion ou une confusion avec le temporel et l’intemporel,
bref toujours le contraire ! Le spirituel comme dirait Marianne (Marianne Casari,
médecin à Nice)
Allez va on continue et je vous aime tous, vous qui savez…
Je vous embrasse, en Mâ !
Hélène
(Février 2013)
Chère Geneviève (Mahâjyoti)
Merci à vous, je viens de recevoir votre récit, je
me régale d’avance ! Déjà le soleil est au rendez-vous ce matin avec cela…
c’est bien agréable !
Namasté
Je m’abonne maintenant
pour le ‘JAY MA’. Mais cela me rappelle une petite histoire d’Arnaud Desjardins
qui voulait voir un Grand Maître dans un ashram, ou un temple, ou un monastère
tibétain… (Souvenirs de 1976…) le lama l’a envoyé balayer la cour en lui disant
(de mémoire) que c’était aussi primordial et qu’il ne fallait pas trop y
attacher d’importance… etc.… j’avais 26 ans, j’en ai 63, mais c’est toujours
resté très vivace en moi… Relativisons !
OM NAMAH SHIVAYA
Un grand merci pour
votre livre !
Bien sûr qu’il apporte
de la joie et bien plus… le style, la vérité naturelle et spirituelle (dans les
2 sens du mot…) sont un savoureux voyage pour l’âme, le cœur et les souvenirs
toujours très vivaces en moi. Je me souviens, moi aussi, d’un voyage avec
Jacques. Nous l’avions fait (avec le groupe de yoga de Lyon où j’étais) en
février 2007. Mêmes lieux que vous, à peu près les mêmes personnes
rencontrées. J’avais beaucoup aimé Swami Vijayânanda, si malicieux et abordable ! Il nous
titillait pour nous faire parler avec toujours une grande simplicité.
Personnellement je serais bien restée là-bas… et les vibrations de MA quand on
entre dans « Sa » maison, là où elle repose, sont si fortes que le
silence s’impose et la méditation est intense, j’attends de retourner là-bas
avec patience… quand le moment sera venu.
Puis il y
eut février 2009, le Kerala, eh oui, avec ses plages cachées et
merveilleuses.
Chez AMMA, grand
voyage ! Puis un merveilleux petit ashram dédié à Sri Ramana
Maharshi, face à Arunachala
le Mont Sacré, plus discret comme ashram et tellement doux. Là aussi le silence
se fait de lui-même. L’Inde est magique, car tout est dans une vibration
spirituelle. Même en cas de conflit, le premier ressort est la recherche
mystique ou le sens spirituel de l’évènement.
J’avoue avoir un faible
pour l’Inde du nord. Donc Avril 2010 en route pour le Népal,
toujours avec Jacques, mais un autre groupe que je ne connais pas du tout. Par
contre je fais la connaissance de Marianne Casari et
Xavier Bihr, tous les deux médecins à… Nice, ils sont
partis en février de cette année 2013 pour Bénarès, avec tout un groupe
médical, organisé par DEVA EUROPE. Mais je reviens à mes moutons… avant de
partir (j’ai raconté cette histoire à Jacques qui a bien rigolé) : je vais
chez Décathlon faire les derniers achats de voyage et faire l’acquisition
de quelques paires de chaussettes couleur orange, à l’attention de Vijayânanda, le but étant de les donner à Jacques, pour Swamiji, à son retour à Haridwar.
Que je te tourne, que je te vire dans ce grand magasin, plus de chaussettes
oranges… par contre je sentais derrière moi, devant moi, à côté la présence de Vijayânanda, tout sourire affectueux, limite rires… je ne
savais pas qu’il était déjà parti, qu’il venait de ‘quitter son corps’ le Lundi
de Pâques 5 Avril… je l’ai su à l’arrivée au Népal… il n’avait plus besoin de
ses chaussettes…
J’ai été très touchée
dans votre récit, Mahâjyoti, par vos témoignages sur Dhaulchina et Assise, je souhaite ardemment y aller !
Le livre ‘Un Français dans l’Himalaya’ est plus qu’un livre de chevet, il
est à côté de mon lit dans « ma niche à bouquins », car la photo de Vijayânanda veille, avec celle de MA, toute proche (MATRI
DARSHAN, de Bhaïji). Et celui qui ne me quitte plus
depuis des années et qui commence à être un peu usé… le livre de Yogananda, ‘Autobiographie
d’un yogi’.
Oui, Babaji (Swami Vijayânanda)
est très présent. Je me souviens aussi du Swami
suisse, dans sa maison ronde, pour « ne pas mettre de meubles et recevoir
beaucoup de monde »… et qui nous faisait chanter… il m’avait gentiment
dit : « Tu as Babaji en toi… ». Je lui
demande souvent de me laisser la grâce de marcher dans ses traces en
l’Himalaya, et là, je m’endors… J’aime aussi les livres de Jacques et bien
d’autres encore…
L’inde, Jacques et son
enseignement, sont certainement les plus belles choses qui me soient arrivées,
Merci, merci, merci, c’est mon mantra…
Merci de tout cœur,
j’attends la suite par JAY MA interposés, peut-être un jour aurons-nous
l’occasion de nous rencontrer, mais déjà votre livre est avec les autres… il
veille. Vous rendez humble. Merci également pour ce magnifique portrait que
vous avez dessiné de Vijayânanda, doux et
espiègle ! Bien vu, ressenti et réalisé ! Félicitations.
Vous et Jacques avez
des destinées exceptionnelles et vous savez en faire profiter les autres. C’est
un don lié aux karmas précédents, certes, mais vous savez comment le comprendre
et le redonner. Grand merci !
J’ai regardé cette
nuit, sur ARTE, ‘La planète yoga’, un régal. Rishikesh
bien sûr, mais le travail en Europe, Amérique, Canada… comme l’avait annoncé Yogananda, grand émissaire de la cause.
Du reste, tellement
imprégnée de son livre Autobiographie d’un yogi, quand je
suis arrivée en Inde la première fois, j’étais persuadée que tout le monde le connaissait
et allait parler de BABAJI, Lahiri Mahâsaya, Sri Yukteshwar et Yogananda… pas du tout, à part le Swami
Suisse et Jacques à qui j’avais posé la question. Ils sont tellement nombreux à
découvrir… Alors les rencontres ont été fortes : Vijayânanda,
MA, l’ashram de MA à Bénarès avec les chants védantiques et la promenade en barque
aux aurores, inoubliables !
Courage pour vos
traductions et heureux ceux qui pourront les lire.
Merci pour votre rayon de soleil bienvenu et bien
heureuse de vous avoir entendue au téléphone… Une voix c’est toujours un peu
comme un chant.
Plus je lis votre travail, votre livre, plus je suis
impressionnée… je le répète, tant pis ou tant mieux, mais ça rend humble.
Quel accomplissement… Vous savez recevoir et
redonner.
Merci, merci, merci. Bon travail du soir dans la
joie et la saveur du silence de la nuit.
Om Jay Mâ – Hélène
Une brève
réponse de Swami Jnanananda
sur Mâ
Nous étions début avril avec 20 Français
autour de Swami Jnanananda.
D’origine suisse allemande, il est venu à l’âge de 20 ans à Calcutta pour suivre l’enseignement du Kriyayoga avec Atmananda, ami
d’enfance et disciple de Yogananda Paramhamsa. Il a passé entre autres quinze ans de sadhana à Kankhal, puis une
vingtaine d’années sur les contreforts de l’Himalaya en contrebas de Mussoorie. Il est maintenant à Dehradun,
où nous l’avons rencontré. Pendant notre satsang, un Swami américain, Mangalananda,
est arrivé d’Indore où il vit près de son gourou Kédar
Swami qui était disciple de Ma. Il écrit un nouveau
livre sur elle, en collaboration avec Lisa Hallstorm,
une Américaine qui a déjà publié toute
une recherche sur Ma et ses disciples. Il voulait demander en privé à Swamiji ses souvenirs sur Ma, mais celui-ci a voulu parler
devant tout le monde pour évoquer une anecdote de sa vie. Il la tenait
directement du raja de Solan, qui était proche de Mataji et est devenu le premier président de la Sangha de Mâ. Il avait été à la rencontre de celle-ci quand elle
s’approchait de Solan, t l’a retrouvé dans une
grotte. Quelqu’un lui a demandé si l’on pouvait se relier à elle. Elle a
répondu : « La Mère est toujours avec vous et vous pouvez être
sûr qu’elle apparaîtra pour vous aider en particulier au moment où vous
traverserez une vraie crise ».
(Recueilli par Jacques Vigne)
(Expérience
de deux médecins français de Nice : Marianne Casari
et Xavier Bihr, dont nous expliquons le programme
dans notre rubrique ‘Nouvelles’, ci-dessous)
Notre
premier voyage en Inde en 2007, où nous avons eu la chance d’être guidés par Jacques
Vigne, a été une étape décisive de notre chemin de vie.
Pratiquant
le Hatha Yoga et le chant védique, nous avions lu et
étudié un peu la philosophie et la spiritualité indienne, mais cette immersion
profonde au cœur d’une spiritualité tellement vivante et prégnante a été une
véritable révélation, bousculant beaucoup de choses dans notre univers
d’occidentaux privilégiés.
L’érudition
et la grande simplicité de Jacques nous ont permis de partager des moments très
forts à Rishikesh comme à Sultankeshwar,
de puja en séance de méditation au bord du Gange mythique.
La
rencontre la plus bouleversante a été celle de Swami
Vijayânanda dans l’ashram de Ma Anandamayî. Le regard perçant du vieil homme demeure
une impression inoubliable : celle d’avoir, le temps d’un satsang, entraperçu ce qu’est la Sagesse d’un être
parvenu à l’Eveil…
Vijayânanda a quitté son corps à 95 ans, le
Lundi de Pâques 5 Avril 2010, lors de notre second voyage avec Jacques Vigne au
Népal, et l’acceptation de Jacques de ce départ ainsi que son récit des
dernières heures de Vijayânanda a encore accentué
notre vénération pour ce Maître dont nous nous sentons à la fois si éloignés de
par notre ignorance, et si proches. N’était-ce pas un médecin français, comme
nous deux, attiré par la magie de l’Inde et en recherche ?
En
2007, nous avions également rencontré Jean-Max Tassel,
Président de l’Association Deva, dont Jacques Vigne soutient l’action à Varanasi auprès du Dr Tulsi.
Enfin, nous allions pouvoir nous rendre utiles en apportant un peu d’aide
médicale, dans le centre pour enfants handicapés, les écoles d’enfants des rues
et les communautés de lépreux.
Nous
nous rendons depuis, une à deux fois par an, à Varanasi
pour partager nos expériences mutuelles avec l’équipe du Dr Tulsi,
qui est vite devenue notre « indian family » ! De retour en France, nous faisons
notre possible pour faire connaître Deva et aider ainsi à développer les
projets sur place.
Pendant
nos séjours là-bas, nous avons pris l’heureuse habitude d’aller méditer tôt le
matin sur la terrasse de l’ashram de Ma Anandamayî et
d’écouter les chants matinaux des jeunes filles de l’ashram.
Ce
dernier matin de notre séjour de février, nous y étions, seuls ; une toute
petite fille de la rue est venue me prendre par la main, les cheveux sales et
emmêlés, les cils pleins de poux, le sourire tendre et lumineux… Elle m’a
parlé, sérieusement, longtemps, en Hindi, et je
lui répondais par mon sourire.
Elle
est restée à côté de nous, silencieuse, pendant notre méditation et les chants,
puis a voulu nous guider, à notre départ, par un escalier inconnu de nous…Nous
l’avons suivie jusqu’à une terrasse sur le Gange où nous avons découvert …une
plaque commémorative pour Vijayânanda … ! Nous
sommes tombés à genoux, plein de larmes d’émotion, et nous sommes recueillis un
moment.
En
nous retournant, la petite fille avait disparu, telle une messagère magique
ayant accompli sa mission…nous démontrant avec une clarté aveuglante que la
communion des âmes n’est pas une illusion en Inde…
Marianne
Casari et Xavier Bihr
Nouvelles
Quand
le dévouement s’unit à la science
-
Deux médecins de Nice, les docteurs
Marianne Casari (généraliste, gynécologue,
homéopathe) et Xavier Bihr (professeur d’homéopathie
spécialisé dans la médecine du sport et traumatologie) ont mis toute leur
énergie, leur enthousiasme et leurs compétences au service de l’Inde (soins à
donner aux enfants handicapés mentaux, structure éducative à offrir à ceux qui
sont socialement défavorisés, aide à apporter aux lépreux…) et cela dans le
cadre de l’Association DEVA EUROPE : http://deva-europe.org
dont Jean-Max Tassel est le président. Une nouvelle
‘Antenne’ a été créée à Nice, que Marianne Casari a
accepté de représenter. Après avoir découvert l’Inde en 2007 au cours d’un
voyage en compagnie du Dr. Jacques Vigne, Xavier et Marianne étaient tombés
amoureux de Bénarès-Varanasi et des actions menées à
cet endroit par le Dr. Tulsi, actions d’ailleurs soutenues
par Deva Europe. Ils s’étaient promis d’y retourner, ce qu’ils ont fait une
première fois en Février 2012 où ils ont débarqué avec des malles chargées de
60 kilos de matériel médical. Ils y sont repartis en Février 2013, avec toute
une équipe, pour un fabuleux séjour d’entraide et de compétences au service des
plus démunis (consultations homéopathiques, pansements aux lépreux, échanges de
méthodes de travail pour les personnes handicapées, cas et aides d’urgence dans
le cadre de la « Help Line », visite des écoles, soutien pour
parrainer un enfant…). Les structures du Centre Deva rassemblent, en tout, 7
projets et 7 actions, comprenant entre autres l’école des enfants défavorisés
de Gangotri, la structure éducative de l’école Ambedkar, le Centre Annapurna dédié à l’éducation des
jeunes filles, et la clinique pour les lépreux Navjeevan.
Emails : contact@deva-europe.org
et Marianne Casari : m.casari@free.fr à Nice. Nous leur
souhaitons bonne chance dans leur magnifique initiative humanitaire, dans la
lignée du proverbe indien ‘Tout ce qui
n’est pas donné est à jamais perdu…’.
-
Deux retraites de quelques jours ont eu
lieu à Kankhal à trois semaines de distance en
mars-avril. Elles étaient animées par Vigyananand
dans le cadre de deux voyages successifs du même thème « Sur les pas du
Bouddha ». Il y avait une trentaine de personnes dans le premier groupe et
une vingtaine dans le second. Avec ce dernier, nous avons pu avoir un satsang avec Pushpa qui était juste de retour, et comme d’habitude son
témoignage et ses propos simples ont touché le groupe. Une des participantes
était d’ailleurs revenue dans ce groupe avec l’intention de retrouver une
seconde fois Pushpa.
Renouvellement des Abonnements
Pour la nouvelle session du ‘JAY MA’ 2013-2015
Merci à tous ceux qui ont déjà
renouvelé leur abonnement pour la nouvelle session de deux ans, qui ira
de Mars 2013 à Mars 2015 et qui a
commencé avec le dernier N° 108 du printemps 2013… Nous les félicitons d’être
restés et nous remercions les nouveaux inscrits d’être entrés dans la Grande
Famille de Mâ !
Merci également à tous ceux qui rejoindront l’expérience du ‘JAY MA’ en
s’inscrivant pour ces deux années à venir auprès de José Sanchez Gonzalez pour la partie administrative : 10 rue
Tibère – 84110 Vaison-La-Romaine – nagajo3@yahoo.fr
– 0634988222 et ensuite auprès de
Geneviève (Mahâjyoti) qui en gère bénévolement
l’édition, pour qu’elle puisse procéder aux envois en vous remettant sur ses
nouvelles listes : koevoetsg@wanadoo.fr.
La brochure est toujours au prix de 1 Euro par exemplaire trimestriel
envoyé par email, soit 4 numéros par an. Le renouvellement ou l’inscription se
font automatiquement pour deux ans. Il faut donc envoyer à José un chèque de 8
Euros au nom de Jacques Vigne, pour couvrir ces deux années. Les numéros
arriérés seront envoyés à tous ceux qui s’inscriront en cours de route.
Cette brochure fut créée il y a désormais 25 ans. Elle représente un
lien d’amour avec l’Inde, avec Mâ, avec les Swamis, les lectures, les voyages, à travers la composition
qu’en fait Jacques Vigne, avec la collaboration de Mahâjyoti
qui a une « lettre d’infos » à votre disposition sur demande, pour
bien comprendre la marche à suivre.
Table des matières
Paroles
de Mâ Extraites
de ‘Les Enseignements de Mâ Anandamayî’
Mâ se révèle à nous
par Bhaiji
Vijayânanda, le témoin de Mâ
par Jacques Vigne
Séjour
‘vécu’ à la Kumbha Mela
par
Monique Manfrini
L’Inde
torride, encore et toujours par Huguette Declercq
Le
temps court (messages et souvenirs des voyages
en Inde) par
Hélène Pic
Une
brève réponse de Swami Jnanananda
sur Mâ
Recueilli
par Jacques Vigne
Notre
expérience à Varanasi : Deva par
Marianne
Casari et Xavier Bihr
Nouvelles
‘Quand le dévouement
s’unit à la science’
Renouvellement
des abonnements
Table
des matières