La Vie en Jeu

Ma Anandamayi





Livres déjà publiés en français:

-L'enseignement de Ma Anandamayi, traduit pat Josette Herbert - Albin Michel

-Présence de Ma Anandamayi, (journal d'Atmananda),traduit par Josette Herbert - Les Deux Océans.

-Guru-Kripa ou la grâce de guru, enseignement vivant de Sri Ramakrisha, Swanda Ramdas et Sri Anandamayi,traduit par Patrick Mandala -Dervy Livres

-Visages de Ma Anandamayi,Bharati Dhingra - Cerf

-Ashrams, grands maîtres de l'Inde, Arnaud Desjardins - Albin Michel (Ashrams existe aussi en une précieuse version vidéo - Alizé Diffusion)

-Aux sources de la joie, traduit par Jean Herbert - Albin Michel

-A la rencontre de Ma Anandamayi, entretiens avec Atmanda par Madou -Medirep

-En tout et pour tout, textes traduits par Marol et de nombreuses photos - collection Communion -Le Fennec éditeur

-Le matri Darshan de Bhaïji, traduit par Jacques Vigne - Terre du Ciel éditeur



SOMMAIRE:
 

Préface

1. De toute façon

2. En "ce corps"

3. En chemin

4. La parole en jeu
 

- à mots joués

- à mots contés

- à mots chantés


5. Vivre tout ... simplement
 
 
 
 

Les textes choisis ont été extraits de :

Sri Sri Anandamayi (5 volumes) Gurupriya Devi

Words of Sri Anandamayi MaÉ Kamalda

In association with Sri Sri Anandamayi (3 volumes)

Amulya Kumar Datta Gupta

I am ever with you (2 volumes) Atmananda

Mother as seen by Her Devotees Sri Sri Anandamayi society

Anandamayi Ma's Inscrutable Kheyal Anil Ganguli

Sri Sri Ma Anandamayi Prasanga Amulya Kumar Datta Gupta

Life and teaching of Sri Anandamayi Ma Dr Alexander Lipski

Ma Anandamayi Lila Hari Ram Joshi

Matri Vani (2 volumes)

Matri Lila Darsan Devaprasad Mukhopadhyana

Svakriya Svarasamrita Brahmacharini Chandan Puranacharya

That compassionate Touch of Ma Anandamoyi Narayan Chauduri
 


 

PREFACE :
 
 

"Il n'y a pas "l'être éveillé"

et "l'être dans l'ignorance"...

La personne qui se dit "éveillée"

se donne une position !"


 

Sri Ma Anandamoyi déconcerte. La simplicité est déconcertante. Pour elle, il n'y a qu'UN... "un Jeu" où TOUT a sa place et sa nécessité. Sans doute est-ce la source de certains de ses rires inextinguibles ? Mais comme elle n'est pas à part du Jeu, pas spectatrice, qu'elle est le Jeu lui-même, son rire est aussi NOTRE rire, sa liberté notre liberté ; son nom ANANDAMOYI ("Toute joie") est aussi notre nom. Je traduis ANANDA par "joie" plutôt que "félicité" ou "béatitude" pour ne pas s'en tenir à la seule connotation "spirituelle". "Joy" pour nos anciens poètes était Joyau aux infinies facettes. Cette Joie, cette puissance pure, irrésistible (comme un fou rire) a entraîné des foules, nous entraîne aujourd'hui. Ma Anandamoyi, comme feuille au vent, ou comme vent lui-même, a erré sur la Terre-Mère des Indes. ... "Monde laissé là, J'erre de jungle en jungle"... improvisa-t-elle un jour en chantant. Toute sa vie, ainsi improvisée...

"Cette petite fille" (souvent elle se présentait ainsi) est née il y a un siècle dans un village de l'actuel Bengla Desh. Son père avait quitté le foyer, vagabondé, chanteur et renonçant et il était revenu... Elle est née - née sans pleurer, sans crier avait remarqué sa mère. C'était juste avant que le soleil se lève, le 1er mai 1896. "Pourquoi crier ? Je regardais le manguier derrière les barreaux de la fenêtre !" a-t-elle observé un jour. Sa mère lui donna le nom de NIRMALA ("immaculée"...). La portée de ce nom se révéla vite ! Mariée très jeune, son époux ne fut pas long à comprendre. Il n'eut pour elle que révérence, et protégea "immaculée" qui, traversée de soubresauts surnaturels, s'étirait dans le secret... s'étirait dans notre monde...

Peu à peu,

tant et tant ont été bouleversés !

Cela peut se compter en multitude,

cela se compte surtout un à un, une à une.

Il faut tendre très fort l'oreille pour entendre ce qu'un ancien médecin français dira d'"elle" dans sa barbe. Il l'a rencontrée il y a quarante ans et "n'en est pas revenu"... (Depuis, il n'a plus quitté l'Inde). Le nom que Ma lui a donné, Vijayananda, il le traduit à sa façon pince-sans-rire par "l'heureux gagnant".

De cette rencontre, il écrit avec retenue :

"C'était elle qui posait les questions claires, précises, allant droit au coeur des choses, soulevant exactement les points qui me touchaient. Mais ces mots n'étaient qu'un jeu de surface. Durant ces vingt minutes, elle m'avait infusé quelque chose qui était destiné à durer longtemps... qui dure toujours !"
 
 

Il a fallu qu'une photo déborde d'un de mes livres pour qu'une amie clown (de métier) s'exclame : "C'est elle !" et me confie l'Instant qui avait fait basculer sa vie. A la toute fin d'un voyage en Inde, touriste bardée d'appareils photos, elle "mitraillait" une fête - Durga Puja - On lui dit que la fameuse Ma Anandamoyi était présente à cette fête. L'amie n'avait jamais entendu parler d'Elle, mais trouvait à son goût de saisir le pittoresque de la situation :

Une foule en marée qui venait s'incliner devant une femme. Elle-même, emportée par la marée, se trouvait maintenant bien proche de cette fameuse femme-en-blanc. UN regard, UN instant se posa sur l'amie.

L'amie est tombée à genoux, tête contre terre, sans pouvoir se relever. Il a fallu que l'on vienne "l'enlever" pour l'installer dans un endroit moins mouvementé.

De retour en France

... "Six mois durant, m'a-t-elle dit, je ne savais plus où je mettais les pieds..." De cet instant elle n'avait jamais parlé, depuis quinze ans !

Le trésor est insituable (non, il n'est pas "en Inde") de cette rencontre, qu'elle se soit faite en quelques dizaines d'années ou en quelques dizièmes de seconde.
 
 

Un des familiers de Ma Anandamoyi, assez conscient ce jour-là qu'il allait dire une bêtise, ne put s'empêcher de demander : "Mère, vous avez certainement un peu plus d'affection pour celles et ceux qui sont toujours près de vous et prennent un si grand soin de votre vie..."

La réponse fut simple : "Non".

Car, cela se comprend un jour, Ma Anandamoyi est liée à tout, à tous, INCONDITIONNELLEMENT. (Ce n'est pas une façon de dire... quelques-uns des propos rassemblés dans ce recueil tentent de nous le faire réaliser sur bien des modes.)

"Ce qu'une dévotion soutenue permet d'atteindre, une grande Ame peut le donner d'un seul regard, du plus léger attouchement. La grâce de Dieu se donne sans rien attendre !"

Ma Anandamoyi "s'est éteinte" après la tombée du jour, le 27 août 1982. Je crois qu'on pourrait dire tout aussi bien qu'elle "a irradié !".

Une disciple autrichienne, pianiste renommée qui devint Atmananda quand elle se "fixa" auprès de Ma Anandamoyi (nous lui devons la fidèle relation, presque jour par jour, trente années durant, de propos et d'événements dont elle était témoin) fit cette remarque :

"Les derniers temps, vous savez, quand je m'asseyais devant sa chambre, je constatais et ressentais que plus son corps s'affaiblissait, plus sa présence devenait forte. De plus en plus forte !"
 
 

Ce 27 août 1982, à la mi-journée, j'étais en arrêt dans la basilique de Brioude, en Auvergne. Je ne parvenais pas à me séparer d'une statue en bois peint - une Vierge allongée au visage paisible, porteuse de l'Enfant à venir - Ma Anandamoyi était indissociable de cette petite Marie. Ma était là, et j'ai compris avec une acuité terrible que je ne LA reverrai plus jamais "physiquement". Après avoir veillé plusieurs heures la "statuette", j'ai quitté l'église à reculons.

Je crois, depuis, continuer de marcher "à l'envers".

"Apparition, continuité, disparition, sont simultanées" a-t-elle dit... Ce jour-là, sa disparition était pour moi son apparition. Environ vingt ans plus tôt, les si douces images qu'avait filmées Arnaud Desjardins étaient diffusées par l'ORTF. J'étais adolescent. Première rosée, première apparition.
 
 

Avec mon épouse, très jeunes nous avons beaucoup regardé Ma Anandamoyi, sans mots. Cela avait au moins cet avantage : être tendus vers son silence, ses chants, ses rires ou son regard, ou vers d'autres signes qui si on les contait, passeraient pour "magiques".

Lors de l'un de nos séjours, nous avions pour proche ami un Sastri (érudit en saintes écritures) très respecté à Bénarès. Nous bénéficiions de ses "traductions" auprès de Ma. Il suffisait qu'il apparaisse pour qu'après deux ou trois interjections échangées entre eux deux, le rire de Ma éclate irrépressible. Parlaient-ils de textes sacrés ? Le rire se partage, au-delà de toute culture. Nous riions aussi sans comprendre, comme nous regardions, écoutions sans comprendre...

Le but n'est pas de comprendre le bengali ni l'hindi mais de sauter dans le vide, avec ou sans les trapèzes des mots.

Ma nommait souvent sa façon de parler TOOTI PHOOTI (nous traduirons faute de mieux ici "bric à brac") ; une parole que ses fidèles savaient mobile, joueuse... libre.
 
 

"Elle donne de nouvelles significations à de nombreuses expressions usuelles, façonne des mots inédits avec des étymologies de son cru.

Ses propos sont immédiats. Pas de mots inutiles... et plus elle aborde des vérités profondes, plus les mots se raréfient.

Nous le savons, l'adéquation est difficile entre les modes de pensée bengalis et anglais. Il n'existe aucun équivalent anglais pour quantité de termes bengalis. Il faut souvent transposer deux ou trois mots bengalis par une phrase entière en anglais..." nous dit Atmananda, si dévouée à son effort de traduction.
 
 

Les mots de Ma Anandamoyi traduits, intégrés (je l'espère !) dans notre langue, convient presque toujours à un saut extrême :

Là où il n'est plus question de se raccrocher aux concepts familiers (fussent-ils "hautement spirituels").

"Pour réaliser ce qui EST, vous suivez tant d'injonctions, de chemins... Mais tout chemin limite. De toutes vos forces, ayez l'imagination de balayer toutes vos représentations. Au-delà de la représentation est la révélation de CELA que vous êtes vraiment."
 
 

Chacun des propos traduits pour ce livre est un rebond par rapport à un auditoire donné, une personne donnée, un moment donné. Ma Anandamoyi n'avait (n'a) pas "un" enseignement au sens où "maître" et "élèves" se retrouvent sur un mode donné, un seul, reproduit à satiété pour que d'autres à leur tour le reprennent tel quel... (Je décris ici la caricature d'un enseignement, bien entendu...)

Ma Anandamoyi, et c'est un de ses mystères, ne parle pas "devant" un autre. Elle parle "en" nous.

"Je ne vous réponds pas (dit-elle)... Cela vient à ma bouche. La réponse est à vous, comme vos questions sont à vous."

On comprendra sans doute que l'on répète néanmoins ses paroles d'un instant donné. Elles ont été recueillies si attentivement, si scrupuleusement par ses proches : le bien-aimé Bhaïji, la "grande soeur" Gurupriya Devi, Atmananda, "Kamalda", Amulaya Kumar Datta Gupta, Joshi, le respecté Dr. Gopinath Kaviraj... la liste de ces précieux témoins est difficile à clore...

Chaque moment, chaque situation "pointe" l'universel. A nous de suivre les flèches lancées ici ou là. Elles retombent toutes sur le "terrain fondamental".

Si j'ai cité la remarque du "chemin qui limite", c'est que nous savons tous par ailleurs quel respect inconditionnel elle vouait à toutes les voies de Dieu. Toutes, si tendrement, si intégralement ; des plus inattendues aux plus connues (hindoues, musulmanes, bouddhistes, chrétiennes avec toutes leurs infinies nuances). Toutes... et celles mêmes à réinventer, à inventer !

Je dirai brièvement que mon épouse et moi-même sommes liés à un précieux père chrétien. Je sais comment Ma Anandamoyi annonça cette rencontre et la protègea. Mais là s'arrête mon témoignage. Je me contente de citer ici, ce qu'une fois Elle dit du Christ :

"Il est Lumière ; Lumière qui donne lumière à tout."

Pour certaines, pour certains, toute distance a dû s'effacer entre un ici et un là-bas, un orient et un occident, un enseignement et un autre enseignement...

Un jour, souhaitons-le, la distance s'effacera entre soi-même et soi-même...

Sri Ma Anandamoyi nous dit :

"Vous pouvez m'apprécier ou non...

mais moi, je ne peux absolument pas me passer de vous !!!"

après, Elle éclate de rire !
 
 

Jean-Claude Marol

16 mars 1995

(fête de Holi)




 
 

1.DE TOUTE FAÇON





Prenez soin des affaires de la vie courante.

Je ne les déclare pas superflues.

Mais toujours, gardez un oeil sur Dieu.

Si vous faites ainsi, vous verrez fatalement que le "CELA EST" et le "MOI JE" sont aussi liés que l'arbre et son ombre.

Le "MOI JE" est une ombre projetée du "CELA EST".

En suivant l'ombre on parvient au pied de l'arbre.

De la même façon on parvient à Dieu en menant une vie normale, avec toutes ses occupations MAIS sans LE perdre de vue.
 
 

Il n'y a rien à quoi renoncer. Trouvons plutôt l'élan pour traverser la vie. Après tous ses élans restreints, l'être humain doit trouver le Grand Elan.
 
 

L'esprit de service, le Service réel, ne suit aucune règle préétablie.

Il est si personnel qu'il n'admet aucune directive.

Un jour alors que vous "faites votre service" de façon conventionnelle, l'inspiration survient !

A partir de là, tout ce qui est à faire se fera de façon inspirée.
 
 

Oui. Dieu peut être vu. On peut Lui parler, de la même façon que je vous vois et que je vous parle !

Elle rit...
 
 

Le jeu de Krishna peut à peine être saisi de ceux qui se sont libérés dans cette vie.

Etre libéré implique qu'on s'est dégagé des liens qui nous attachaient.

Etre libre est une autre affaire !

Ceux qui sont libres comprennent le jeu de Krishna.

Ces jeux commencent où s'achève le Védanta.

Cela est ineffable.

Dans ce jeu, il n'y a qu'un être.

Il est Radha et toutes les amoureuses, leurs troupeaux, Tout en Un.

Krishna en lui-même se rejoint de toutes les façons.
 
 

Dans le monde, rien n'est isolé. Tout interagit.

Création, maintien, destruction ne sont qu'un seul et même événement.

Mais votre façon de mener votre vie vous a fait prendre tout de travers.

Vous vous retrouvez empétrés en vous-mêmes.

Il va falloir dans votre relation au monde remettre tout à plat.

Il n'y a pas de problème quand tout est à sa place.
 
 

Faites de votre mieux. Dieu fera le reste.

Dénouez ce que vous pouvez. Le reste se dénouera de soi-même.
 
 

Qu'est-ce que s'incliner ? Renverser le contenu d'un pot. S'incliner, c'est renverser tout notre contenu. Vous dites que votre tête est pleine d'idées, d'impressions... Mais quand vous vous penchez, rien ne sort. Comme pour une salière humide, rien ne passe par les trous !
 
 

Vous allez au bain public. Admettons qu'il n'y en ait qu'un, mais vous partez d'endroits différents ; alors les chemins sont différents pour y parvenir. De même la religion est une et toutes les pratiques tendent au même but. Elles apparaissent très différentes pour répondre à la situation de chacun.
 
 

Il n'y a "grâce" que dans la distinction du "moi" et du "toi".

Après leur fusion, qui montre de la grâce à qui ?

Dieu a aussi ses caprices. Il est parfait en toutes choses.

Pourquoi serait-il sans caprices ?
 
 

Parce que vous agissez selon des motivations, vous attribuez à Dieu des motivations. Ultimement... rien de tel.
 
 

Le feu brûle, nous brûle si on l'approche, qu'on le veuille ou non. Si vous approchez la Déesse sans le savoir, c'est la même chose. Bien sûr un objet pris dans la glace ne flambera pas aussitôt. Mais le feu le lèchera. Si vous approchez un être habité par la Déesse, cela risque de vous laisser des traces...
 
 

Pour atteindre Dieu, tout ce qui est à faire est de vous mettre en marche selon les indications que donne le guru. Une fois partis, tout va de soi. Supposez que vous vouliez rejoindre le Gange. Vous demandez une première fois à quelqu'un la direction. Il vous la donne. Ensuite même si vous vous égarez, d'autres personnes vous remettront sur la route. Vous y arriverez forcément. Le tout est de rester en mouvement. Même si la première personne qui vous a indiqué la bonne direction ne vous accompagne pas jusqu'au Gange, vous y arriverez par vos propres moyens.

J'appelle les Ecritures des horaires de chemin de fer. Vous voulez aller par le train d'un point à un autre. Toutes les stations jusqu'à votre destination sont indiquées. Mais seulement les noms. Comment vous faire une idée des lieux eux-mêmes ? En plus, tout n'est pas indiqué, seulement les agglomérations les plus importantes. Les Ecritures ne disent pas non plus tout d'une quête spirituelle. Elles indiquent les grandes étapes. Vous n'y trouverez pas quantité d'expériences qui peuvent survenir, ni les infinies nuances d'une progression. Peut-on répertorier les passages de couleurs d'un lever du jour ? Les Ecritures ne peuvent avoir le dernier mot en matière de quête spirituelle. Elles montrent les grandes lignes (et pas toutes). C'est pourquoi nous dirons que ce qui se trouve dans les Ecritures est aussi vrai que ce qui ne s'y trouve pas...
 
 

Dire : "au moyen du silence, Il se révèle" n'a pas de sens. La Connaissance Suprême ne vient pas "au moyen" de quoi que ce soit. La Connaissance Suprême se révèle d'elle-même. Mais, pour désagréger ce qui "voile", certaines pratiques spirituelles, certaines disciplines sont opportunes.
 
 

Le silence réel s'impose quand la pensée n'a plus nulle part où aller. Mais en réalité, qu'il y ait pensée ou pas, que l'on parle ou pas, ne fait aucune différence !

Le "laissez-moi me donner sans attendre aucun résultat" est encore un désir de résultat ! Néanmoins, cette aspiration à l'action non égoïste l'aidera peut-être à advenir.
 
 

Dieu donne ses instructions de toutes les façons. On peut apprendre des arbres, des animaux. Le guru est partout présent.
 
 

L'esprit est agité. Bien sûr, il se démène de tous côtés et ne s'apaise que s'il hérite enfin de son bien propre, son droit de naissance : la pure attitude.
 
 

Rien ne doit être forcé. Il suffit de favoriser un bon climat et vos proches se développent spontanément. Le fruit le plus succulent est celui qu'on laisse mûrir tranquillement sur sa branche.
 
 

Est VU, vraiment vu, ce qui une fois vu enlève tout désir d'en voir plus.

Est ENTENDU, vraiment entendu, ce qui une fois entendu enlève tout désir d'en entendre plus.
 
 

Ne plus croire en rien est une phase naturelle de toute quête spirituelle. En un sens, les Déités, les Ecritures induisent en erreur. Toute tentative de confiner dans des mots et des concepts ce qui est inexprimable falsifie. Mais déclarer ou écrire que les Ecritures sont fausses est une autre forme d'Ecriture...
 
 

Dans la méditation "faire" et "être" sont si différents ! On tente de méditer, on "fait" de la méditation, mais le jour où la méditation émane de soi, où elle "est", quel autre monde !
 
 

Voyez. Vous recevez une éducation comparable.

Vous vous référez aux mêmes livres.

Certains en font des conférences, d'autres des poèmes...
 
 

Une porte barricadée se force de deux façons : en la mettant à bas, où en se couchant devant. Ainsi, on se met à bas soi-même !
 
 

Les visions, les "vibrations" se manifestent tant que nous en sommes au monde du "je veux". Du moment où nous rejoignons notre nature réelle, ces "distinctions" disparaissent.
 
 

Le mystère de l'univers se révèle à qui sait atteindre le "non-quoi-que-ce-soit".
 
 

Un bébé ne sait pas dire "maman" et pourtant quand il pleure, la mère sait qu'il l'appelle, et accourt.

(Ça ne marche pas avec les plus grands !...)

De la même façon, tant que nous sommes ignorants nous pouvons appeler Dieu par n'importe quel moyen. Il comprend.
 
 

Quand le guru dit : je suis toujours avec vous, cela peut s'entendre de bien des façons.

 Allons d'abord au plus vaste :

Le guru est inséparable de chaque particule de l'univers. En cela il n'est pas distinct de vous. L'univers n'est qu'une seule et même substance. Le guru et le disciple en font partie, inséparables. En celà, le guru est avec vous.

 En outre, le guru est avec vous sous la forme du mantra.

 Enfin, sur un mode plus singulier, certains sages ont le pouvoir d'être en plusieurs endroits en même temps. Pour le bénéfice de ses disciples, le guru, par son don d'ubiquité, peut approcher distinctement chacun d'entre eux, à tout moment.

En cela aussi, le guru est avec vous.
 
 

Les choses arrivent d'elles-mêmes. Nous ne le voyons pas assez. Il nous semble par exemple qu'on doit désirer ardemment rencontrer son maître pour qu'il vienne à nous.

En réalité, cela survient spontanément. Tout surgit dans la plénitude du temps. Le désir de rencontrer son maître se manifeste, il est là.

Si la graine est semée, la plante pousse d'elle-même. Elle n'a pas à faire d'efforts. De la même façon, tout ce qui se manifeste au monde, participe du non-effort.
 
 

Allez à la recherche de ce qui est dissimulé derrière le monde.

Pour cela, choisissez le seuil qui rend facile l'accès à votre vraie demeure.
 
 

Quand vous dites : "Untel vient de s'en aller", il ne faut pas oublier qu'en un sens personne n'est parti. Absente de tout va-et-vient, chaque existence est présente de tout-temps.
 
 

Pour qui a gagné la grâce d'une Grande Ame, quelle que soit ensuite sa façon d'agir, le but suprême ne peut plus être manqué. Cette personne peut traverser toutes les tribulations, tous les désirs, elle est sur la Voie. Cela s'explique : une étincelle peut suffire à mettre le feu. Après, tout va de soi. Les barrières brûlent !
 
 

Vos limites sont l'occasion d'un retournement qui vous renvoie à ce que vous êtes à l'origine.
 
 

Où que vous vous dirigiez, vous allez au devant de votre propre Soi. Rien au monde n'est autre que votre propre Soi.

Vous pouvez atteindre le Un autant en vous déclarant son ennemi qu'en l'adorant. Le Un condense guerre et paix. Tout est Lui seul. Quoi que vous perceviez, quels que soient les événements, tout est sa manifestation.
 
 

Quand vous réaliserez que Dieu est indissociable du monde, quand vous comprendrez que tout est la mouvance du Divin, alors il n'y aura plus pour vous ni grâce, ni causalité. Il n'y aura plus moyen de séparer le vrai du faux.
 
 

La maladie est une de ses manifestations. En tout malheur, en toute tristesse, c'est Lui qui souffre. Quand c'est trop Il crie "C'est assez ! Je n'en peux plus !". Tant que nous nous laissons emporter dans le jeu terrible de la Création, il en est ainsi. Mais au-delà, que dire ? Au-delà, savoir et non-savoir, existence et non-existence sont UN.
 
 

Un mode de connaissance n'est pas lié à l'étude des Ecritures et à leur expérimentation progressive : Celui... "Révélé de Soi-même"... Ainsi s'échappe de soi-même, le suc d'un fruit mûr.
 
 

Quand vous faites escale dans un gîte, ce n'est pas votre "chez soi", n'est-ce pas ? Si cela était, nul ne pourrait vous forcer à le quitter. Mais en fait à tout moment on peut vous demander de libérer les lieux "sans discuter !" c'est pourquoi, s'il vous plaît, trouvez et suivez le chemin qui mène à votre vraie demeure, pour ne pas indéfiniment camper de gîte en gîte.
 
 

Dans ce que nous nommons la Réalisation Suprême, rien ne disparaît. Dans cet état exalté on ne peut dire ce qui reste et ce qui ne reste pas. Alors, à la fois, tout existe et plus rien n'existe. Etre à la fois fini et infini, là est la grande plongée, la Réalisation du Soi.
 
 

Si quelqu'un n'a aucun besoin d'être reconnu, même si de nombreux pouvoirs extraordinaires sont à sa disposition, il n'en manifeste rien.
 
 

Ce qu'une dévotion soutenue permet d'atteindre, une grande Ame peut le donner d'un seul regard, du plus léger attouchement. La grâce de Dieu se donne sans rien attendre. Tout est possible à tout moment.
 
 

Parfois la libération survient dans le corps d'un animal. En totalité, tout arrive.
 
 

Comment y aurait-il omniscience, là où le désir tiraille ! Parce que vous êtes dépendants, vous considérez toutes choses en terme de cause et d'effet. Vous établissez des préférences : là désir, là aucun désir. Comment pouvez-vous ainsi avoir une idée de ce qu'est l'omniscience ?
 
 

Que cela plaise ou non, les sages, ceux que l'on respecte comme omniscients, n'ont pas souvent l'inclination de révéler la Vérité. Ils le font dans certaines circonstances. Elles se présentent de temps en temps. Alors ils divulguent à certaines personnes ce qui peut aider. Cette présentation est partielle. La Vérité Suprême ne peut jamais être totalement exposée.
 
 

Dites-moi : vous vous confiez à Dieu parce qu'il vous donne sa grâce ? Ou... parce que vous vous en remettez à Dieu, il vous donne sa grâce ?

Je vous pose la question : un pieu est fiché en terre par la force du coup ou parce que la terre veut bien céder ? Ces deux aspects sont-ils dissociables ?
 
 

La personne centrée sur Dieu cesse de condamner êtres ou choses ; son amour, son pardon, sa patience, sa tolérance s'accroissent.

Elle voit Dieu en chacun, en chaque forme, chaque secte, chaque croyance, chaque religion, exactement comme une même personne est abordée par son fils en tant que père, par son neveu en tant qu'oncle, par sa femme en tant que mari et par ses parents en tant que fils.

Ecoutez, quand vous partez en voyage, vous ne prenez avec vous que ce dont vous avez besoin. Vous n'emportez pas tout ce qu'il y a dans votre maison. De même, lorsque vous devenez pèlerin en chemin vers Dieu, vous ne devez prendre que les provisions qui vous aideront à vivre toujours en Sa présence.
 
 

(en souriant) Si les femmes prennent le bon chemin, les hommes ne peuvent se tromper de direction.
 
 

Une personne demanda :

"Ma, comment réaliser l'union ?"

Elle répliqua en riant :

"De qui vient la désunion ?"
 
 

On lui dit :

"Quelquefois une personne expérimente des états extraordinaires sans qu'elle ait aucune discipline spirituelle, comme pour un enfant."

Elle répondit :

"Cela peut arriver à la suite d'un choc. Quelquefois les portes du dedans s'ouvrent ainsi toutes grandes, et tout s'éclaire. Cette ouverture peut être permanente ou temporaire. Si elle demeure, c'est une occasion remarquable de réussir sa vie."
 
 
 
 

Le monde de Dieu est fait tout à la fois d'êtres qui comprennent sa nature et d'êtres qui ne la comprennent pas ; à ceux-là Il donne les jouets qu'ils désirent.
 
 

S'il y a doctrine, il ne peut y avoir compréhension totale.
 
 

La conscience est omniprésente ; présente également en chaque créature, présente dans la terre.

Parce que nous ne réalisons pas que cette conscience est déjà présente dans l'argile, nous modelons une image d'argile et voulons lui insuffler la "vie" par des rites appropriés...
 
 

Quand il n'y a plus d'éloignement, la paix est acquise. Aussi longtemps que vous Le sentez éloigné, vous êtes dans le trouble.
 
 

Il n'est pas utile d'annoncer qu'une grenade est mûre. Sa couleur et son parfum parlent d'eux-mêmes !

Ce qui voile la réalité finit par tomber en charpie. Quand cela commence de se désagréger, on n'y peux plus rien. Le temps est venu de voir.
 
 

Comment le mensonge émerge-t-il de la vérité ?

Vous voulez le savoir ? Les vagues sont l'océan. Elles ne sont que les remous de l'océan lui-même. Le mensonge n'est rien d'autre qu'un remou de la vérité.
 
 

Chacun exprime les idées qui correspondent à ses propres possibilités. Après tout, foi et scepticisme sont tous les deux naturels.

En toute forme, en toute expression, il n'y a que Lui.
 
 

L'univers, vous le dites, n'est rien d'autre que le UN. En tant que tel, toute forme est Lui, toute forme est Sa Forme. Cela implique quoi ? La non-action... Pourquoi ?

Vous dites aussi :

"L'action offerte à Dieu est la seule vraie action, toute autre action est dérisoire, négative."

En fait qu'en est-il de Lui en tant qu'Action ? Forme ? Qualité ?

Quand Il se manifeste (Lui et tout ce qui participe de sa splendeur) Il semble en acte et Il ne fait rien.

IL EST FORME... la forme "fait"-elle quoi que ce soit ? et IL EST ACTION... Lui, le Tant-Aimé, vers qui languit toute la création.

Comprenez bien. L'UN qui est "Sans Forme", "Sans Qualités" est aussi "Toute Forme", "Toutes Qualités" ? Ce UN, Pure Intelligence, a toutes les formes en même temps qu'aucune. Oui, les activités mondaines, et les actions offertes à Dieu, les unes et les autres sont CELA, la seule Réalité Eternelle.

Parce que vos points de vue vous limitent, vous parlez de non-éternel et tenez pour certain que tout est provisoire, changeant, et que les sempiternels bouleversements de ce monde mènent on ne sait où.

En réalité...

... L'ACTION qui ne nous tient pas à sa merci est L'ETRE, simplement.
 
 

Arrive un moment dans la vie où une action inconditionnée, jaillissante, est rendue possible, quand vous êtes sans attache...

plus de danger alors, plus d'action erronée, plus de faux pas.
 
 

Vivre dans la division et rester indivise.
 
 

Obéir ? Ne pas obéir ?

Etabli dans le Soi, qui obéirait à qui ?

Où est l'autre ? Rien n'est séparé. A qui parler ? Où peut-il y avoir une relation ? Aussi longtemps que le guru, l'amour pour Lui, le travail, le "je", sont perçus comme séparés, il ne peut y avoir de réalisation du Soi.
 
 

Est digne d'être appelée "action", l'action qui révèle l'éternelle union de Dieu et de l'homme. Le reste est futile, indigne du nom d'action... Un non-acte. Cette union n'est pas à établir. Elle existe de toute éternité.
 
 
 
 

Parmi tant d'aspects, devinez-en un... Si le Bien-Aimé est le Soi, la défaite est Lui aussi, et tout ce qui se défait.
 
 

Vous dites "transitoire" ce qui ne reste pas en place, n'est-ce pas ? Mais qu'est-ce qui ne reste pas ? Qui ne reste pas ? Qui vient ? Qui va ? Changement, transformation, que sont-ils ? QUI ? Prenez les choses à la racine. Tout passe. La mort passe. La mort meurt. Qui va et où ? Qui vient et d'où ? Cet incessant va et vient, qu'est-ce ? QUI ?

Le sans-action... Le sans va-et-vient...
 
 

Tout dans l'univers dérive d'une substance fondamentale. On la réalise quand tous les nÏuds sont défaits. La cause de la Création -préservation- dissolution se révèle à qui vit "dénoué"...
 
 

Des efforts soutenus conduisent à être sans effort. Autrement dit, ce qui a été atteint par un effort soutenu est finalement transcendé...

Et vient la spontanéité !

Alors, "sans effort" vous êtes sur le chemin de l'infini.
 
 

Entrez dans le rythme de votre vraie nature. Un jour elle frappe comme un coup de foudre et vous saisit en un instant sans que vous puissiez résister. Il arrive un moment où "votre" action n'est plus nécessaire.
 
 

En fait il n'existe rien d'autre que l'Unique Instant. Dès l'Instant où vous Le trouvez, vous connaissez votre vrai Moi. Cet instant relie à l'ensemble de la création.
 
 

Chaque chose, chaque être est présent partout, de tout temps. Au royaume du Tout, dire que quelque chose existe ou n'existe pas n'a aucun sens.
 
 

Ce qui est entier est entier à tous égards. Une partie du Tout est aussi complète que le Tout en sa totalité.
 
 

La pleine jouissance de la vie ne s'obtient que dans un esprit d'absolu sacrifice.
 
 

Qui peut dire à la suite de quel événement, de quel coup du sort Son appel retentira ? Ne vous laissez pas abattre. Vous êtes vrai, pur, illuminé, libre, éternel.
 
 

Jouir des beautés de ce monde apporte beaucoup de joie. Aimer le divin donne une béatitude infinie.
 
 

Celui qui atteint et Celui qui est atteint sont une seule et même chose.
 
 

Que vous adoriez le Christ, Krishna, Kâli ou Allah, vous adorez en fait la lumière unique qui est aussi en vous car elle imprègne tout. Tout émane de la lumière.
 
 

Savez-vous qui est le diable ? Celui qui disperse et interprète le Soi.
 
 

Le JE et le VOUS ne peuvent co-exister. Débarrassez-vous du JE, et sans plus de façon IL se manifestera.
 
 

Rien sur terre n'advient par hasard ; une feuille tombe d'un arbre : cela a son propre sens. Que vous en perceviez ou non toute l'implication, il en restera en vous une trace ; peut-être pour une résurrection dans la plénitude du temps.
 
 

Le sens de la séparation, faites-le fondre par la dévotion, ou brûlez-le par la connaissance...

Alors, vous connaîtrez votre Soi.
 
 

Pour chacun, le chemin est différent. Là où vous êtes commence un chemin. Car il n'y a que LUI et nul autre où que l'on se tourne. LUI-même vous prend en charge. Jamais, jamais il ne vous abandonne.

Dans la parfaite, intégrale offrande de ce qu'Il donne à voir, le Bien-Aimé se tient révélé.
 
 

Des personnes différentes peuvent parler de Lui différemment, mais quoiqu'il soit dit ou pas dit, c'est Son chant. Rien ne saurait être exclu, et si quelque chose l'est, c'est le fruit de l'ignorance. Son jeu est ininterrompu, Il joue avec Lui-même. Puisqu'Il est Dieu, son jeu ne peut pas être intermittent. Si vous parlez de monisme, cela implique le dualisme. Si vous parlez de Sa descente sur la Terre - Il est indivisible. Celui qui descend, l'endroit d'où il vient, l'endroit où il descend, sont "tout un"...
 
 

Vous plantez une graine et il en pousse un grand arbre, avec toutes ses branches, ses ramifications, ses feuilles et d'innombrables nouvelles graines. Une multitude infinie d'arbres sont latents dans chaque graine. Pouvez-vous percevoir cela ? C'est sans commencement et sans fin. Les arbres sont vivants tout autant que vous et ils ont leurs propres langues. Ainsi vous pouvez parler à un arbre, mais vous ne connaissez pas son langage. Si vous le connaissiez vous pourriez converser avec lui. Les arbres aussi ont leur langage. Dieu est dans tout. Sa création est infinie ainsi que son Jeu.
 
 
 
 

Par l'étude de la science la soif de connaissance augmente et on peut ainsi s'éveiller à la quête de la Vérité. Mais la vérité qui nie Dieu et les autres divinités est partielle et partiale, ce n'est absolument pas une vision complète. Une vision intégrale unit le point de vue de la science avec celui de la foi. Dans une vison entière, les positions d'un croyant et d'un non-croyant se rejoignent.
 
 

Dieu octroie sa Grâce de deux façons : en favorisant et en défavorisant. Bien et mal sont tous deux présents dans le monde. Le chemin adéquat pour chacun, c'est celui que Dieu choisit. Sous la forme de la maladie, des efforts, du travail, sous toutes les formes la grâce de Dieu peut être perçue. A la fin d'un chagrin, cela devient clair. Voyons les choses autrement : en envoyant l'adversité, Dieu détruit l'adversité. En vous rendant malade, Il vous purifie. Dieu seul est le vrai docteur qui vous purifie au dedans et au dehors.

Prenez un angle encore différent. Qui frappe qui ? Qui est malade ? Que vous voyiez la maladie est une erreur. Seul Dieu est présent partout. Lui, et Lui et rien que Lui.
 
 

Quelqu'un demanda :

 Quelle preuve y a-t-il que Dieu est ?

 Quelle preuve y a-t-il que vous êtes ?

 C'est simple. Je perçois que je suis.

 Qui est ce "je" ?

 Ma, je ne veux pas entrer plus loin dans ce débat philosophique. Je veux savoir de vous franchement et simplement si Dieu est une réalité ?

Ma répondit avec énergie :
 Dieu est réel, tout comme vous l'êtes.
 
 

La relation est éternelle entre Dieu et l'homme ; mais dans son Jeu parfois elle est évidente, parfois elle est rompue ou plutôt semble rompue. Dans cette relation éternelle vous pouvez entrer à tout moment.
 
 

Le repos se trouve si on sait ne prendre aucun repos.
 
 

Voyez la vache... On prend soin d'elle pour qu'elle donne un lait abondant et de qualité.

Les tendances naturelles doivent être ainsi encouragées pour qu'elles donnent un "lait" de qualité... Ce lait baratté précipite le beurre, autrement dit la révélation du Soi-Absolu (PARAMATMA).

... Et Krishna vient voler ce beurre !

Maintenant, que vous nommiez ce Soi-Absolu "Toi" ou "Je" revient au même !

Considérons les petites gardeuses de vaches. Qui sont-elles ?

Vous dites souvent que lors de l'incarnation de Rama, les Rishis voulaient le connaître comme Epoux. Rama dit alors : "Le moment n'est pas venu. Mais quand je viendrai en tant que Krishna, vous serez exaucés."

"L'un" se tenait auprès de Rama et aspirait à "l'union". Cette rencontre savoureuse ne pouvait alors se faire.

Je vous entends souvent nommer Krishna "l'attirant". C'est dans la proximité de Rama que les Rishis ont senti l'attraction, d'où leur désir de le connaître comme Epoux.

Vous racontez les aventures de Krishna, ses jeux. L'adorateur passe la frontière qui le sépare de l'objet de son adoration. Il est pris par le Jeu. On dit que ce Jeu est éternel ; il l'est.

Après avoir parlé ainsi, Ma rit et remarqua :

Je parle charabia...

... Qui prend part à ce Jeu ? Les gardeuses de vaches. Qui sont-elles ? La "saveur du Un" (EK RASA). Les Rishis eux-mêmes dites-vous ont pris l'aspect des gardeuses de vaches. Ceci dépasse l'entendement ordinaire. Ce Jeu savoureux (LILA RASA) est inaccessible à ceux qui sont piégés par les désirs des sens. Seules les gardeuses de vache ont le sens de ce Jeu !

Ma rit encore et continua :

Bien ! Voyons les choses ainsi.

Le beurre est déjà présent dans le lait, non révélé. Les gardeuses de vache révèlent la substance cachée.

A ce moment, Ma rit comme une enfant :

Une autre pensée m'est venue à l'esprit, si folle que je ne l'ai dite qu'à voix basse.
 
 

Voyez-vous... nous ne sommes pas les serviteurs de Dieu. Il est notre serviteur. Il est obligé de nous donner selon notre désir !
 
 

Vous êtes ballotés d'un désir à l'autre. Votre vie oscille ainsi dans l'état de "nature désirante". On doit passer de là à sa vraie nature.

Tout humain pris dans son ignorance a une issue vers la connaissance. Par là, il retourne à sa vraie nature et au Repos.
 
 

Gardez cela à l'esprit : tout est dans la main de Dieu, vous êtes son instrument, il vous utilise comme Il lui plaît. Comprenez que TOUT EST LUI et vous serez aussitôt déchargés de tout fardeau. Que résultera-t-il de votre abandon à Lui ? Rien ne vous semblera "autre". Tout sera "vôtre"... Votre Soi.
 
 

Le sans-fin est dans le UN, et la fin dans la sans-fin ; mais où le UN infini se révèle, la question du fini et de l'infini ne se pose plus. Ce qui est EST.

Quand vous voyez un terme il n'y en a pas. Car dans toutes les formes et le sans-forme, Il est LUI, LUI seul.

Des états se présentent où on s'élève et on retombe. Mais, établis dans le repos parfait, il n'est plus de montée ni de descente - telle est notre demeure.
 
 

Comment peut-il y avoir les deux à la fois, le monde et l'UN ? Sur le chemin, Dieu et le monde semblent être deux, mais quand le but a été atteint, il y a seulement l'UN.
 
 

Le Suprême est TOUT et RIEN.
 
 

Où il y a seulement l'UN, il n'est pas question de naissance et de mort. Qui est né ? Qui meurt ? Tout est l'UN.
 
 

Le feu préexiste partout. Simplement on ignore à quel moment le frottement sera suffisant pour jeter des étincelles et mettre le feu.
 
 

Là où est Dieu le jeu ne peut être éphémère. Lui, le tout-puissant met en scène son jeu sans fin. En lui l'infini réside dans le fini ; et dans le fini réside l'infini.

Lui, l'Unique, le Soi joue avec Lui-même.
 
 

Toutes les approches ont un fond commun ; laquelle serait à condamner, à rejeter, à critiquer ? Tout est essentiellement égal.

Tu es la Mère, Tu es le Père

Tu es l'Ami, Tu es le Maître

Vraiment Tu es tout en tout

Chaque nom est ton nom,

Chaque qualité est ta qualité,

Chaque forme, Ta forme, vraiment.

... et cependant Il est aussi où n'est aucune forme, pur Etre non manifesté.

Tout dépend de l'approche de chacun.
 
 

Vous voyez un bouton de fleur et ne voyez que lui ; là en réalité se trouve déjà contenus la fleur épanouie, le fruit, la graine, toute la plante.
 
 

L'accomplissement total, la fin de tous les états transitoires, de toutes les causalités, est ce que vous nommez SAMADHI. En terme de vie courante on dirait : après avoir bien travaillé, bien bu, bien mangé, on s'abandonne à un profond sommeil bien mérité.
 
 

Des personnes en quête de Vérité préfèrent avancer sans maître. Leur ligne d'approche le veut ainsi. Ils ne veulent s'en remettre qu'à eux-mêmes. A la racine de cette attitude, que voit-on ? Quand une personne mue par une intense aspiration ne se fie qu'à ses propres forces, l'Etre Suprême se révèle dans l'intensité de son engagement.

Ne croire qu'à ses propres forces,

Ne se fier qu'à ses propres capacités, comme toute autre approche, participe du Pouvoir Unique.

Il trouve le moyen d'intervenir dans ce cas sans qu'aucun enseignement extérieur ne soit nécessaire. Quand certains ont besoin de recevoir des enseignements, d'autres trouvent leur guide en eux-mêmes, sans l'aide des mots des autres. Pourquoi serait-ce impossible ? Le voile de l'ignorance ne demande qu'à se disloquer.
 
 

Pour certains enfants, le professeur se répète constamment. D'autres comprennent tout de suite ce qui leur a été dit et s'en souviennent. Et puis il y a ceux à qui il n'est même pas nécessaire de tout dire... La compréhension globale leur vient naturellement. Vous connaissez sûrement cette sorte d'élèves ! De même parfois, parmi tant d'autres qui reçoivent une initiation, tel ou telle progresse à grande allure vers l'état de Guide-en-ce-monde. A cause d'enseignements déjà reçus dans une vie passée ? Ou simplement parce que le Grand Moment de l'Eveil est venu ?
 
 

L'Eveil sait survenir sans le secours des mots. Parfois la parole aide, parfois non...
 
 

N'est-il pas envisageable que l'Eveil survienne sans qu'on n'ait rien tenté dans cette direction au cours de toutes les vies passées ? Avec Lui, le jaillissant, tout est possible...
 
 

Il se perçoit dans un courant toujours renouvelé, en des formes toujours nouvelles.
 
 

Les chemins sont sans nombre. On ne peut les limiter à ce qu'ont répertorié nos écritures. Où il est question d'Infini, la variété des approches est aussi infinie, et les révélations sur ces chemins sont illimitées. Ne dit-on pas : "Il y a autant de doctrines qu'il y a de sages" ? A moins d'avoir une expression qui vous soit propre, il n'est nullement question d'être Sage.
 
 

Si vous dites, "après l'Eveil, le corps ne survivra pas", vous pensez que l'incarnation fait obstacle à la Connaissance Suprême. En fait, quand le Soi se révèle, le corps ne fait pas problème ; dans cet état il n'est plus question de qui que ce soit, ni de quoi que ce soit.
 
 

Nous disons : le Soi se révèle à lui-même. En fait Il ne se révèle pas du tout. A qui devrait-il se révéler ?
 
 

Où il n'y a ni forme ni attribut, quels mots utiliser ? Où rien n'est exclu, comment empêcher l'Unité ? Dans cet état de repos complet, rien n'est à part de Lui.
 
 

Parler de montée et de descente implique qu'il y a un lieu où monter, un lieu où descendre. Mais où peut-on aller où Il ne soit pas ? Descente et montée sont indissociables. Il monte, Il descend. Le fait de monter, de descendre est avant tout LUI. Vous parlez de Montée ou de Descente Divine mais Il ne peut se diviser.

Les flammes s'élèvent sans affecter l'unité du feu.
 
 

Pour réaliser ce qui EST, vous suivez tant d'injonctions, de chemins... Mais tout chemin limite. De toutes vos forces, ayez l'imagination de balayer toutes vos représentations. Au-delà de la représentation est la révélation de CELA que vous êtes vraiment.
 
 

Est-il jamais venu à l'existence pour qu'on puisse L'accepter ou Le rejeter ?

Il n'est jamais né.
 
 

D'un certain point de vue, le monde n'existe pas et la Vérité se trouve en éliminant tout nom, toute forme. D'un autre point de vue, noms et formes sont l'Indestructible (AKCHARA). (En sanskrit, AKCHARA signifie à la fois "indestructible" et "lettres de l'alphabet".)

L'apparition du monde des phénomènes (attribuée au jeu trompeur des perceptions) et sa disparition (attribuée à une connaissance juste) ne sont en réalité qu'une seule et même réalité : LUI. Là, il n'y a pas

d'attitude erronnée à réajuster, mais UN terrain fondamental.

L'erreur de penser qu'il y a en quoi que ce soit une erreur, doit être éradiquée...
 
 

Il n'y a ni révélation, ni secret. Ce qui se propose est de tout temps présent.
 
 

Que ce monde objectivé par les sens soit ou non perçu ne fait aucune différence. Il existe un état où il en est ainsi.
 
 

En tant que "mort" Tu es, et en tant que "désir". Tu es "devenir", Tu es "être", "différenciation" et "identité". Car Tu es sans limite. Tu es le grondement de la nature, tout aussi bien.
 
 

Etre pleinement conscient n'est pas assez. Il faut s'élever au-delà de la conscience et de l'inconscience.
 
 

Pensez-vous que debout ou assis serrés dans un espace vous le remplissez ? En vérité, il n'y a personne, l'espace est vide !
 
 

Votre corps à chaque étape de son évolution est toujours présent : ce qu'il était autrefois vit aujourd'hui et vivra dans le futur... Une façon d'expérimenter que passé-présent-futur sont l'éternel présent. Mais le temps dévore aussi ! L'enfance chasse l'adolescence ; à quel moment survient le changement ? Vous le savez ? En vérité, apparition, continuité, disparition sont simultanées.
 
 

Dans une guirlande de fleurs, il y a Un fil, des fleurs, des "manques" entre les fleurs. Ces manques sont cause de souffrance. Comprendre ce qui unit, délivre de tout manque.
 
 

La forme est vide en réalité. Réaliser cela permet d'être libre de la forme. Le monde se révèle vide prêt à disparaître dans le Grand Vide. Le vide est la nature même de la manifestation ; il est donc la forme.
 
 

Que l'on emprunte le chemin de la dévotion où le "je" se perd dans le "Toi", ou le chemin de l'introspection en quête du vrai "Je", c'est Lui seul qui est trouvé, dans le "Toi", dans le "Je".
 
 

C'est Toi qui appelles désespérément, Toi aussi la Voie et le But final.
 
 

Négation, affirmation sont également "Toi", l'Un.
 
 

Souffrir d'une limitation est une manifestation de l'Illimité.
 
 

Perfection... imperfection... complet... incomplet... ces questions peuvent-elles se soulever dans l'absolue Plénitude ?
 
 

Le moment de notre naissance détermine dit-on notre vie. Le Moment Suprême met un terme à la causalité.

... Ce Moment est éternel.
 
 

La réalité derrière le voile et vous devant... ? Le voile n'était pas là avant, il ne sera pas là plus tard. Il n'existe pas maintenant.
 
 

Mouvement, repos, perdent leur "distinction" pour qui voit.

Mouvement... repos..., la graine enfouie dans la terre repose, mais dans le même instant, le processus de germination commence, un mouvement ! Si se mouvoir signifie ne pas rester en place, comment se fait-il qu'ici mouvement et repos coïncident ? C'est ainsi ! De la même façon chaque instant de la croissance de l'arbre est un point de repos et un passage...

Les feuilles poussent, tombent, ce sont autant de changements de condition.

Il s'agit toujours du même arbre.

ET CELA CONTINUE... ... En un moment unique. L'arbre est en puissance des arbres, des feuilles, des fruits sans nombre, des mouvements infinis et une stabilité indescriptible. Un instant contient en puissance des instants innombrables, où repose le Seul Instant.
 
 

Au moment de votre naissance, vous ne saviez pas que vous veniez à la vie.

Mais à l'Instant Suprême, vous savez QUI vous êtes. A cet instant, l'univers entier est vôtre. En recevant une graine, en puissance vous recevez une infinité d'arbres. En captant l'Instant Suprême, vous recevez tout.
 
 

Dans un premier temps, on LE perçoit DANS les êtres, les choses ; et puis on ne LE voit plus DANS quoi que ce soit, car LUI seul est : arbres, fleurs, eau, terre, tout est le Bien-Aimé. Toute façon d'être, toute expression, TOUT ce qui existe est LUI ; sans rien en plus...
 
 

Certains disent : "Il n'y a que le UN sans second". D'autres ont atteint cette condition et maintiennent la relation avec le Seigneur. Ils pensent : "Il est le Tout, je fais partie de Lui, et cependant il n'y a qu'Une Vérité." La Réalité Suprême est représentée par la splendeur du Corps du Bien-Aimé. Quelle merveille !
 
 
 
 

Si, après que l'Unité ait été réalisée, la relation de service à son Maître persiste, qu'objecter ? Dès le début ce Service menait au but... A la fin, c'est LUI, le UN qui sert. Là est le réel Service. Appelez-le "libération" si vous préférez !
 
 

Faut-il atteindre quoi que ce soit ? Nous SOMMES la Vérité. Parce que nous imaginons que cela doit être expérimenté, nous mettons cette vérité à part de nous. A un certain niveau c'est justifié, à un autre non.
 
 

Dans l'Etat Sublime "connaissance" et "inconnaissance" sont contenus en soi-même. Comment dire ? On peut comprendre une démarche, un niveau, mais Là ne se confrontent plus "ce qui est atteint" et "ce qui n'est pas atteint". Le "ce qui n'est pas atteint" ne court-circuite rien !
 
 

Dans le "il n'y a pas", le "il y a" est sous-jacent. Sans le "il y a" à quoi servirait le "ne pas" ?
 
 

Vous vous demandez comment ceux qui tendent vers des fins si différentes peuvent "à la fin" se rejoindre ? Ce "à la fin" s'inscrit dans le temps. Qui dit "temps" dit aussi son au-delà. Quand le "à la fin" ou "le temps" ne s'imposent plus, là tout s'unit.
 
 

Vous vous émerveillez, vis à vis de celles et ceux qui renoncent au monde ; en réalité c'est vous qui renoncez à Tout ! Quel est ce Tout ? Dieu ! Le laisser de côté est votre renonciation suprême...

(Elle éclate de rire)
 
 

Quand Il se manifeste dans les joies de ce monde, le contentement n'est pas total, car Il fait "vouloir" toujours plus. Mais la plus infime miette de joie divine ne vous laisse pas sur votre faim et quand on trouve l'Essence de toute chose, notre Soi, là est la Joie Suprême. Cela trouvé, tout est trouvé. Tous les tourments sont apaisés !

Ne vous satisfaites pas des joies fragmentaires ; elles sont fatalement remises en cause ; soyez complets, et la perfection atteinte... soyez VOUS-MEME.
 
 

Ayant plongé dans le Gange, on ne peut être que totalement trempé. Etabli dans l'Etre pur on ne peut plus s'en extraire.
 
 

Dans la totale perfection, l'immersion complète, il semble que vous vous déplacez, agissez comme tous les autres, mais en fait vous n'allez jamais nulle part, ni ne percevez quoi que ce soit.
 
 

Il n'y a pas "l'être éveillé" et "l'être dans l'ignorance"... Se qualifier "d'éveillé", c'est assumer une position.
 
 

La cime des arbres contient ses racines puisque ses graines poussent là. Où est la contradiction ?
 
 

Où CELA est -pensez-y- qui agit, avec quelle action, et sur quoi ? Il marche sans pieds, voit sans yeux, entend sans oreilles, se nourrit sans bouche. Décrivez Le comme vous voulez. Il est ainsi.
 
 

"Toutes les formes et marques distinctives je les reconnais pour miennes ; éternellement, ainsi, j'existe. Je suis toutes formes, tout mode d'apparition ; par des voies d'une infinie diversité, elles vivent en moi, et moi je vis en elles. En moi toute modalité s'exprime - aucune n'est à exclure -"

Quand cela sera perçu directement, et que toutes les expressions seront reconnues comme un tout, alors sûrement l'Un se révèlera.
 
 

Regardez : s'il n'y avait pas le voile de l'ignorance pour un individu, comment Dieu mènerait-il le Jeu ? Pour jouer un rôle il faut être oublieux de soi-même.
 
 

Que dire ? Etre, Non-Etre, ou encore ni Etre, ni Non-Etre ? L'ineffable Vérité s'expérimente de deux façons : par le Silence du Soi-en-toute-lumière, ou par le Jeu incessant de Celui qui joue tous les rôles.
 
 

Dire que toutes choses se "réalisent" dans l'UN implique encore une part d'obscurité. Ce n'est pas la grande réalisation, le royaume de la Pure Conscience. Il n'y a pas "connaissance" quand on émerge d'un "état d'obscurité".
 
 

La Grand-Mère (MAHAMAYA) est l'origine de la Création. Quand s'est éveillé en Elle l'envie de jouer la Vie Elle s'est divisée en deux : MA et MAYA, inventant le théâtre du monde, habitant toutes les formes.

Quand un être durement éprouvé s'éveille à l'intuition véritable, il sent la présence de la Mère (MA) dans les apparences transitoires (MAYA) et se met à sa recherche.

Quand, béni par Sa grâce, ses efforts sont couronnés de succès, il La voit, cause première de toute création (MAHAMAYA). Ce n'est pas tout. Il la ressent emplissant toute manifestation et se fond en Elle. Il se perd dans l'océan du divin Etre-Conscience-Béatitude...

Il réalise que celle que l'on nomme en ce monde MAYA est sur le chemin spirituel MAHAMAYA ; et que si leurs fonctions sont différentes dans la manifestation, en essence elles sont un.

Les jeux du monde vous séduisent et vous disposent peu à abandonner ses délices. Adoptez le chemin spirituel et vous rencontrerez la Béatitude. Le temps terrestre est éphémère ; la divine béatitude éternelle. Les deux ont leur raison d'être. Dans le théâtre du monde, le metteur en scène distribue ce qui convient à chacun pour qu'il puisse graduellement être conduit au But ; là où lui sera révélé sous son double aspect : MAHAMAYA, la grande illusion... MAHAMAYA, la Grande Mère de l'Univers...
 
 

DEVO BHUTVA DEVAM YAJET

"Ce n'est qu'en faisant un avec le Seigneur qu'on peut l'honorer".

Si après la réalisation du Soi, après que notre Etre essentiel s'est révélé, on continue de servir son Dieu, c'est soi-même que l'on honore. Voici le Jeu de Dieu.
 
 

Quand vous dites : "Ceci est Lui et cela aussi", le "aussi" vous limite. Vous constatez une séparation entre "ceci" et "cela"... Dans le UN... pas d' "aussi" !
 
 

La Vierge éternelle ne dépend de rien. Elle est la "puissance" du UN (si l'on veut voir les choses ainsi...) l'énergie de la Réalité Suprême.

Pure existence - avec et sans forme -, toute puissance (MAHAMAYA).
 
 

"La toute-puissante" (MAHASAKTI) est à la racine de toutes choses, de toute création, préservation, dissolution. Une frondaison ne s'étend que parce que l'arbre est enraciné. De même, toutes sortes de déités, d'anges, d'archanges, sont les manifestations de sa puissance.
 
 

La vraie nature de l'être humain est le suprême "Je suis".
 
 

Sommaire

 

2. En ce corps





Petite fille, ma grand-mère m'appelait "La Distraite".

Un jour, elle me demande d'aller laver un pot et ajoute en manière d'avertissement :

 Amène seulement le pot cassé... et tu verras !!

Je vais à la fontaine. Là, alors que je parlais à un arbre, le pot me tombe des mains et se brise avant que je m'en aperçoive. Je ramasse scrupuleusement chaque fragment et retourne à la maison.

Ma grand-mère me dit :

 Mais qu'est-ce que tu me rapportes ?

 Tu m'as dit de ramener le pot cassé. Le voilà.

Ma grand-mère, loin de se mettre en colère, eut du mal à réprimer son rire.
 
 

Il fut un temps où si quelqu'un s'inclinait devant moi, je ne pouvais faire autrement que de m'incliner jusqu'à ses pieds.

Ce pouvait être dans mon dos et de très loin, si quelqu'un s'inclinait, même si je n'avais rien vu, ma tête d'elle-même s'inclinait. Maintenant, je laisse chacun faire, sans plus.

En fait, c'est à Dieu même que vous adressez votre hommage.
 
 

Vous pouvez m'apprécier ou non. Mais moi, je ne peux absolument pas me passer de vous ! (elle éclate de rire)
 
 

Pendant longtemps je n'ai rien mangé.

La nourriture ne m'évoquait rien.

C'est en voyant un jour un chien engloutir une bolée de riz que je me suis réalimentée.
 
 

Ma main ne sait pas me donner à manger. On m'a souvent demandé pourquoi. On mange pour préserver sa vie. Je n'ai pas le moindre élan pour préserver ma vie. J'ai essayé quelques jours de manger "toute seule", mais je porte la nourriture à la bouche "des autres". Ayant vu cela, ils ont préféré m'alimenter !
 
 

Le sanskrit bien sûr, mais aussi tous les autres langages me sont une fois ou l'autre venus aux lèvres. Je communiquais ainsi avec les saints des contrées lointaines, dans leur propre langage.

Ce n'est pas nécessaire de passer par les lettres et les mots pour comprendre un langage. Quels que soient les gens qui m'environnent, leurs pensées captent mon attention, et leur langage émerge directement en moi.
 
 

Une chienne ne me quittait plus. Elle écoutait les chants, sa tête posée sur mes genoux. Quand j'intervenais pour dire quelque chose, elle se couchait à mes pieds et écoutait. Parfois elle bondissait et japait pendant les chants. C'était sa façon de danser et de chanter. Quand elle avait sa tête sur mes genoux, elle attendait la fin des chants pour se redresser, prête à recevoir avec tous ceux assemblés sa part d'offrande. Un jour elle accoucha. Elle ne manqua pas les chants du soir et revint vers ses petits aussitôt après. Il en fut ainsi tout le temps de mon séjour. Un chevreau vint se joindre à elle. Le soir, pendant les chants, j'avais sur un genou la tête de la chienne ; sur l'autre genou, la tête du chevreau...
 
 

Si vous considérez que je sais tout, cela rend toute communication impossible entre vous et moi. Si je sais tout, que puis-je vous demander ?

Les questions anodines, laissez-moi vous les poser, même si je connais la réponse !
 
 

Je suis une vagabonde qui ne tient pas en place dites-vous... Vous considérez que je vais deci delà parce que vous êtes vous-même soumis au va-et-vient. En réalité, je suis à la même place. Je ne fais que me déplacer chez moi. Quand vous êtes chez vous, restez-vous tout le temps dans un fauteuil ? Vous aussi, vous allez d'une pièce à l'autre. Je ne fais rien de plus. Je suis chez moi. Nulle part ailleurs.
 
 

Qui a le pouvoir de venir à moi, à moins que je ne l'attire ?
 
 

Je ne vous réponds pas. Cela vient à ma bouche. La réponse est "à vous" comme vos questions sont "à vous".
 
 

Je suis votre enfant.

Vous m'offrez de l'eau fraîche. Je la bois.

Vous me donnez de l'eau sale, je la filtre pour vous.
 
 

Je ne dis jamais, je reviendrai vous voir, ou je ne reviendrai pas...

Je dis : "je suis dans ce corps." Si vous me ramenez, je reviens.
 
 

De nombreuses âmes - pas seulement les plus pures... - viennent à moi. Je les rencontre, chacune selon son mode de compréhension.

Je suis l'univers jusqu'à la moindre poussière, au moindre insecte.

Vous me demandez si vous êtes proches de moi, alors que je vis en totalité.

Vous, mais aussi ceux qui ne m'ont jamais vue, ceux qui n'ont jamais entendu parler de moi, traversent ma vision quand ils sont dans le besoin. Alors je fais le nécessaire.
 
 

J'insiste :

Prenez contre votre poitrine cette enfant. Vous trouvez plus commode de l'appeler MERE. Vous la tenez ainsi à distance respectueuse. Une mère est une femme âgée. Vous ne serrez pas contre vous avec toute votre ferveur une femme âgée, n'est-ce pas ? Ma prière est que vous me regardiez comme votre fille et me teniez de toutes vos forces embrassée.
 
 

Jamais je n'insiste pour qu'on écoute ou suive mes conseils. "Ce corps" prononce ce que vous lui faites dire. Certains trouvent dans ces mots l'élan qu'ils cherchent. D'autres ne trouvent rien car ils ne cherchent pas vraiment.
 
 

Si je vous demande de ne pas trop vous préoccuper de savoir qui est "ce corps", ce n'est pas tant pour que vous imaginiez qu'il est tellement supérieur ! Vous pouvez l'envoyer au Diable ou le traiter si vous préférez comme l'idiot du village... (rires)
 
 

Parfois un robinet soupire à fendre l'âme. Hier dans la cour c'était le cas. j'étais convulsée de rire à l'entendre. Je dois avoir un écrou déserré dans la tête ! Il n'y avait pas de quoi rire... Cela traverse "ce corps" sans raison. Tout peut m'arracher un rire. Alors les tentatives de me ramener au calme ne font que jeter de l'huile sur le feu.
 
 

Il est venu ici sous tant de formes pour s'offrir à cette mendiante (elle se montre elle-même).

A tous, cette mendiante demande une seule chose : méditez sur Dieu. Il s'est manifesté comme le monde entier. Il est tout entier le carnaval de cet UN.
 
 

Pour moi, Il y a un seul maître-son résonnant dans tout l'univers.
 
 

Je considère toutes les mains comme les miennes. En réalité je mange toujours de ma propre main.
 
 

Ce corps n'est qu'une poupée. Vous voulez jouer avec elle... elle joue.
 
 

Ce corps est toujours dans le même état, non changeant. Votre disposition vous fait considérer une phase de son comportement comme ordinaire ou extraordinaire.
 
 

Une personne demanda :

 Ma, quelle sorte de rêves avez-vous ?

Elle répondit :

Dormir n'est possible qu'au stade de l'ignorance. Quand il n'y a pas d'ignorance, il n'y a pas de sommeil. Comment pourrait-il y avoir des rêves ? Mais si vous dites que tout est rêve alors c'est autre chose !
 
 

Y a-t-il une différence essentielle entre moi-même et vous-même ?

Seulement parce qu'Il est existe un JE et un VOUS.
 
 

Réellement, dans ce corps, rien n'existe qui soit de l'ordre du désir et du manque.
 
 

Une graine a-t-elle le désir de faire un arbre ? Un arbre a-t-il le désir de nous abriter dans la fraîcheur de son ombre ?
 
 

Des émotions surgissent dans ce corps selon vos besoins.
 
 

Chaque question n'obtient pas toujours sa réponse. Vous n'êtes pas toujours capables de me faire donner une solution absolue. Peut-être que cela ne servirait à rien qu'il en soit autrement.
 
 

Je n'agis pas, comme vous le faites, poussée par ma volonté. Cela arrive comme cela arrive de tout temps.
 
 

Quand l'écorce de l'arbre fut entamée, ce corps reçut la blessure et ressentit la souffrance.

Laissons cela. Si l'on évoquait plus longtemps de tels événements en sa présence, ce corps se raidirait probablement.
 
 

Ici, n'est-ce pas... Tout ce qui devait arriver est arrivé. Tout ce qui était désiré par vous tous, pour votre bénéfice, est accompli.
 
 

Savez-vous ce qu'il en est de ce corps ?

Tous les "nÏuds" internes sont défaits. C'est pourquoi quand une maladie l'attaque, elle l'investit totalement. Tout est dénoué, jusqu'à la racine de chaque cheveu. Aussi les maladies peuvent venir sans entrave. Mais quand le remède vient, il se répand tout aussi facilement.
 
 

Ici... (Elle se montre elle-même) Rien qui soit de l'ordre de donner, prendre et même servir... Sur votre plan, vous avez peut-être cette impression !

Je n'ai pas la place de me retourner. On ne peut aller nulle part où Il ne soit.
 
 

Ce corps est une marionnette - il joue ce que vous lui faites jouer.
 
 

Ce corps répond aussi au cri fervent de ceux qui ne l'ont jamais rencontré.
 
 

Quel que soit le Nom sous lequel vous voulez chercher Dieu, cette enfant vous souhaite la bienvenue du fond du cÏur.
 
 

Je ne fais ni ne dis rien avec un motif ou par effort de volonté. Ce sont vos pensées ou désirs qui font dire ou faire des choses à ce corps pour votre bénéfice.
 
 

Je vois souvent ce qui va arriver dans le futur, mais souvent aussi les mots ne viennent pas.
 
 

Je n'ai aucun besoin de faire ou dire quoi que ce soit. Il n'y a jamais eu aucun besoin. Il n'y en a pas maintenant. Il n'y en aura pas non plus dans le futur.

Ce que vous voyiez manifesté en moi dans le passé, ce que vous voyez maintenant, ce que vous verrez dans le futur, est pour le bien de tous.

Si vous cherchez ce qu'il y a de particulier en ma personne, je dois vous dire que le monde entier est ma personne...
 
 

Ma volonté serait irrésistible si je l'exprimais !
 
 

Qui est ANANDAMOYI ?

Qui est "envahi de joie" ?

Lui dans toutes les formes, éternellement intrônisé au coeur de tout être. En vérité, Il demeure partout. Ayant vu Cela, atteint Cela, tout est vu, tout est atteint. Ce qui signifie : être sans peur, sûr, libre de tout conflit, immuable, impérissable.
 
 

"Ce corps" ne fait venir personne à lui, n'écarte personne, il ne parle à personne, ne prend la nourriture de personne.
 
 

Qui suis-je ?

On peut dire qui l'on est si l'on a une perception de soi-même.

Je n'ai en rien cette perception.

Alors je suis ce que vous voulez que je sois.


Sommaire

 


 
 



3. EN CHEMIN





Dans le domaine religieux, vous aimez vous sentir libres de toute obligation ! Vous réservez à tous les autres domaines de votre vie votre grande capacité à être dépendants ! (rires)
 
 

Tant que vous le pouvez, avec la même détermination que vous mettez dans vos affaires, impliquez-vous "religieusement". Mais gardez en tête que malgré tous vos efforts, c'est Dieu le principe actif. Un jour vient où l'être humain réalise son peu de pouvoir, alors son lien à Dieu prend le dessus. Cela ne veut pas dire qu'il faut cesser d'agir. Les actes naissent alors "en connaissance". L'humain agit, Dieu opère. Le "travail" n'existe qu'en fonction de l'ego. Autrement c'est la simple activité de l'Etre Suprême : ici tout acte est Son acte.

Vous devriez Lui donner un peu de temps. Vous en donnez beaucoup à vos autres occupations. Une heure... une demi-heure... dix minutes même pour Son travail !

Voilà une (petite) requête : mettez de côté dix minutes pour Dieu sur vingt-quatre heures.

Je ne vous demande pas d'être dans un lieu particulier, dans une posture particulière. Simplement, où que vous soyez, soyez-y dix minutes en Son nom. C'est l'aumône que je demande.

"Aumône" n'est pas le bon mot. Demande-t-on l'aumône à celles et ceux qui sont si proches, qui sont d'autres nous-mêmes ?
 
 

Les effets malencontreux d'actions passées peuvent être neutralisés par des "contre-actes". Si tel est votre destin, tout se résoudra en un temps très bref.
 
 

Considérons les moments - bascule de l'aube et du crépuscule, de midi et de minuit. Ils sont au cÏur d'un va-et-vient. De là, leur force. Vous branchez vos appareils électriques en mettant en contact un pôle positif et un pôle négatif. L'Etre Suprême lui aussi resplendit là où il y a conjonction. Bien sûr, Il est là à tout moment, mais vous le manquez constamment. Une opportunité de le capter s'offre dans ces moments d'interaction entre deux dynamismes opposés. Qui sait quand un tel Moment révèlera sa nature ? Soyez au rendez-vous sans faillir. Pour chacun, tel ou tel de ces Grands Moments conviendra mieux à son style d'approche. Le moment de votre naissance n'influe-t-il pas sur votre vie ? Il est important pour vous de détecter ce Moment décisif. Il vous permet d'entrer dans le courant de votre vie, dans ce qu'on peut nommer votre Grand Pèlerinage.
 
 

Vous me demandez souvent :

 COMMENT obtient-on la paix intérieure ?

je vous dis :

 Quand vous aurez trouvé d'où vient le COMMENT en vous, la question ne se posera plus. Vous aurez la paix.
 
 

Si vous menez votre vie de famille dans un esprit de service, où est l'entrave ? Si elle est pour vous une fin en soi, elle vous enchaîne.
 
 

Quand vous cherchez de l'eau vous creusez avec persévérance à l'endroit qui vous semble indiqué - et non pas un peu ici, un peu là... De la même façon pour trouver Dieu, il faut être concentré, patient et résolu !
 
 

Vous savez l'essentiel ? Dieu est UN. Pour réaliser ce Un, nous devons être "d'un seul tenant". Nous devons de façon impérative "faire un" avec soi-même dans tout ce que nous entreprenons.

A moins d'y mettre toutes vos énergies, vous ne pourrez rien atteindre. Parce que vous irez à l'extrême de ce qui vous agite, vous trouverez la tranquillité. Pour être établis dans cette tranquillité, soyez d'abord fous de Lui.
 
 

Que ce soit dans le domaine spirituel ou dans le monde de l'action, il faut de la patience. La patience est le soutien principal, la patience développe un sentiment d'égalité qui est le but de toutes les pratiques religieuses.
 
 

Il faudrait toujours se rappeler que le pouvoir d'exercer le discernement et de penser juste augmente en proportion du temps passé en méditation.
 
 

Pour connaître le silence réel, cÏur et esprit doivent fusionner si intimement dans la contemplation que vous tout entier - au dedans comme au dehors - en semblez pétrifié.

S'abstenir simplement de parler est une autre affaire.
 
 

Vous insistez toujours sur le fait que le mental doit être dissout. Mais ne l'oubliez pas, ce mental est - oui vraiment - le yogi sublime ! Vos écritures disent de ce "yogi" qu'il est un gosse impossible, malpropre, qui ne sait pas ce qu'il veut, qu'il est paresseux, insensible. Et quand ce "grand yogi" reste plongé dans l'indifférence, prostré, vous croyez reconnaître là un état exalté et vous vous exclamez : "Ce qui est en bas est comme ce qui est en haut".

L'enfant-Dieu va jouer ici un rôle délicieux, enchanteur ! Si malicieux ! Qui en comprendra le sens secret ?
 
 

Le mental par nature accueille le multiple. Concentrez cet accueil sur un aspect unique, avec ou sans forme ; quand l'accueil est entier, vous ne vacillez plus entre "j'accepte" et "je n'accepte pas". Cet aspect unique exclut toute dualité. Vous êtes unifié. Le mental sait alors "pointer" le multiple.
 
 

Pensez à l'arbre. Des graines naissent de sa ramure. Une de ces graines à son tour peut engendrer un arbre et toutes ses potentialités : un devenir infini, un être infini, une manifestation infinie.

La semence fait pousser l'arbre. L'arbre fait pousser la semence. Quand nous nous concentrons sur Une chose, pourquoi l'intégralité du UN ne se révèlerait-elle pas ?
 
 

Pour réorienter le cours de sa vie une personne ordinaire peut dédier ses actions à "Cela". Mais pensez-y : vous êtes éternellement libre. Toute action est libre par nature. Où est l'entrave ?
 
 

Quand Dieu se manifeste sous la forme d'une Ïuvre à accomplir, et mobilise totalement une personne, celle-ci par son engagement inconditionnel est libérée de l'action.
 
 

Chaque doigt de la main a sa singularité, chaque partie du corps a sa fonction. Si vos dents mordent votre langue, puisqu'il s'agit de VOUS, vous l'acceptez et prenez soin d'elle comme des dents.

De la même façon, essayez de considérer chaque personne comme vous-même. Vous en viendrez à considérer en temps voulu chaque manifestation dans l'univers comme une partie de vous.
 
 

Passez le plus de temps que vous pouvez à l'air libre, le corps aussi nu que possible. Contemplez montagnes et océans et vos paroles seront sincères et libres. Regardez au moins le ciel dès que vous le pouvez et vos entraves se relâcheront. Elles vous laisseront libres. Une conscience éveillée ne s'épanouit que dans un corps libre, un esprit libre.
 
 

Voyez. Il n'y a pas de fin à ce que vous voudriez savoir. Tout est sans fin. Plutôt que de vous enquérir ainsi, il serait bon de vous poser cette question :

"Comment ouvrir mes yeux ?"
 
 

A chaque fois que vous entreprenez quelque chose, donnez vous cÏur et âme. Rien ne doit être fait sans soin et sans attention.
 
 

Faites l'impossible pour ne jamais tomber sous l'influence de quelqu'un. Pour rester stable, calme, profondément sérieux, héroïque, et garder votre personnalité intègre, pure et sainte, centrez-vous sur Dieu.
 
 

En tout, fiez-vous à Dieu. Vraiment, il est immanent à toute chose, et peut être trouvé partout.
 
 

Deux voies mènent à Dieu. La première est de le servir. La deuxième est de faire sauter la porte qui nous le cache et d'entrer !
 
 

La meilleure prière est celle qui demande Dieu.
 
 

Vous serez comblé à la mesure de votre effacement.
 
 

La "rectitude" n'est pas difficile, il suffit d'aller droit vers un point.

Quand l'âme a de la vitalité, ce dont on a besoin arrive de soi-même.
 
 

Un vrai rire ne concerne pas que les lèvres. Pour être digne de ce nom, il doit secouer le corps entier et éclater en jetant des éclairs !

Là où est le "non" est aussi en puissance le "oui". Qui pense être au-delà de la négation et de l'affirmation ? Croire est impératif. L'impulsion de croire en quelque chose est profondément naturelle à l'être humain. Elle se déploie dans la foi en Dieu. C'est la raison pour laquelle la naissance humaine est précieuse : on ne peut pas dire là qu'on ne croit en rien ! On croira toujours en une chose ou l'autre.
 
 

Si avec une foi inconditionnelle vous vous exclamez : "Mère, viens... viens. Je ne peux pas vivre sans Toi !" Soyez sûr que la Mère Universelle vous prendra avec Elle.
 
 

Qu'est-ce que le mariage ? Une offrande mutuelle de virginité d'un jeune homme et d'une jeune fille. C'est vraiment se consacrer à son propre Soi.
 
 

Vos efforts pour votre bien spirituel, qu'ils restent soigneusement cachés. Gardez-les comme un avare garde sa fortune. Vous n'avez pas à faire connaître votre quête. C'est une affaire entre Dieu et vous. Ne négligez pas vos affaires courantes. Vous pouvez travailler, nul ne vous empêchera de garder votre esprit en Dieu !
 
 

Dans toute la création, notre pensée est ce qui va le plus vite. Qu'elle aille à toute vitesse vers son but : DIEU.

Quand vous sentez naître des pouvoirs en vous, quand une nouvelle lumière luit au-dedans, plus vous la tiendrez cachée au profond, plus elle croîtra en intensité.
 
 

En mer, ceux qui veulent nager plus vite que les autres fatalement regardent derrière eux. Ceux dont le but est la mer elle-même, rien ne les préoccupe : ce qui doit être est. Abandonnez-vous aux flots, laissez-vous porter par les courants. Une fois dans la mer, vous ne devez plus en sortir ! L'Eternel lui-même vient lécher le rivage pour vous entraîner au loin. Si vous savez vous abandonner à cet appel, vous serez acceptés par Lui. Mais si vous ne pensez qu'au rivage, vous n'irez pas loin ! Vous vous tremperez un peu, pour vite rentrer chez vous.

Si votre but est le Suprême, vous serez entraînés dans le mouvement de votre vraie nature. Des vagues mènent au large, d'autres au rivage. Ceux qui s'abandonnent au large, Il les porte. Sous l'apparence des rouleaux de vagues Il appelle : Viens, Viens, Viens !
 
 

Tout travail accompli dans l'esprit de servir Dieu, comme les nouvelles pousses remplacent les anciennes feuilles, délivre de l'attachement au monde pour mieux lier à Dieu. Plutôt que de tourner vers le dehors, il tourne vers le dedans. Le processus est naturel.

Voyez aussi comme les vieilles feuilles tombées au pied de l'arbre fournissent un excellent engrais. Rien n'est vain. Sachez-le !
 
 

Si vous balancez un seau, l'eau s'agite. Posez-le, l'eau se repose. Essayez de poser votre corps. Si vous savez rester longtemps assis immobile, avec une réelle détermination, votre mental finira par se calmer. L'agitation est dans sa nature, mais aussi la stabilité. Restez assis longtemps et répétez un des noms de Dieu. Le mental gambadera ici et là mais ne relâchez pas votre effort.

Si le mental refuse de céder, pourquoi cèderiez-vous ?
 
 

Une graine ne germera pas si l'on passe son temps à la déterrer pour l'observer.

Gardez enfoui le BIJA MANTRA (l'invocation-semence) qu'on vous a confié. A terme il produira arbre, fleur et fruits - sans aucun doute.

Quel que soit le guru qui vous l'a confié, vous avez reçu le nom de Dieu. Ce ne peut être qu'efficace. Ce peut être un enfant qui vous donne une graine, l'arbre n'en apparaîtra pas moins et ses fleurs et ses fruits. Vous saurez alors de quelle graine il s'agissait. Que la graine ne soit pas bien identifiée n'empêche pas l'arbre de pousser. De même, sans vous soucier de la stature du guru, prenez soin de votre "graine du nom de Dieu". Elle portera fruit infailliblement.
 
 

A un moment précis de chaque journée vous devriez maintenir le souvenir de Dieu au moins dix minutes. Même si vous ne pouvez pas vous extraire de vos occupations, gardez au moins le silence et pensez à Lui, de la façon que vous voulez. Pas besoin d'ablutions. C'est au point qu'il n'y a pas d'inconvénient à ce que vous vous trouviez aux toilettes pour Le prier !! Donnez-lui ces dix minutes. De même les oiseaux chantent à heure fixe ; rien ne les détourne de ce chant. Offrez-Lui ce moment. Si vous le pouvez, préservez ensuite ce que vous étiez alors...
 
 

Pendant la répétition du Nom, soyez attentif à votre respiration. Quand votre mental s'égare, ramenez-le et enlacez-le au rythme de votre respiration.
 
 

Alors qu'un fidèle se demandait s'il ne fallait pas d'abord satisfaire tous ses désirs avant d'être libre d'aller à Dieu, elle dit :

Effectuez de plus en plus d'actions pour faire grandir un désir... celui de jouir du Réel ! Les désirs de jouissances plus ordinaires disparaîtront d'eux-mêmes. Si vous vous y adonnez encore, ce sera en tout cas dans un esprit de renonciation.

Faites alterner jouissance et renoncement.

Progressivement, en acceptant et en éloignant les plaisirs, le désir perdra son emprise.
 
 

Voyez ceci. Si je tiens votre main, je VOUS tiens. Si je tiens une mèche de vos cheveux, je Vous tiens. Vous êtes en chaque partie. Vous êtes en tout.
 
 

Tous, vous n'êtes que des enfants ; harcelez votre Mère...

... Poursuivez-la : "Tant que tu ne m'auras pas accordé la béatitude, je ne te lâcherai pas !"

Vous n'êtes que des enfants. Que pouvez-vous comprendre du Service ? Demandez la Béatitude...
 
 

Il est nécessaire de s'atteler à sa quête avec la ferme intention de n'y pas renoncer, fut-ce au prix de sa vie.
 
 

Les sons ne se propagent pas bien dans une pièce encombrée. Dans un espace nu ils se déploient. De même si notre esprit est nu, notre vraie nature se déploie spontanément. L'écho vous fait entendre votre propre voix. Votre vraie nature se révèle dans un cÏur pur.
 
 

Appelez simplement Dieu par le nom que vous préférez. Au moment opportun il vous dira Son Vrai Nom.

C'est la même chose quand vous apercevez quelqu'un que vous avez connu comme ami d'enfance. Vous l'appelez par son surnom d'alors, ou vous dites seulement : "Hé ! Ho !". Il ne tardera pas à vous dire son nom !

Quel que soit le nom que vous utilisez pour appeler Dieu, il répondra.
 
 

Vous vous croyez ligotés ; votre mental vous a convaincu. Alors, parfois, la vraie Connaissance choisit de s'insinuer par le biais des "mots-de-puissance", composés de lettres tout à fait ordinaires...

Une relation intime, mystérieuse s'établit entre ces mots et la Réalité Suprême.
 
 

Le son primordial nous rappelle au Soi.

La goutte contient l'Océan.

L'étincelle met le Feu.
 
 

Les notions de "vous" et de "moi" vous ont retenus captifs tout ce temps.

La combinaison de certains sons libère. Par le son on entre en Silence.
 
 

Tant que vous n'êtes pas établis dans la Connaissance vous êtes sujets à l'influence des sons. Des sons mettent l'esprit hors de lui ; d'autres sons conduisent au dedans. Mais les sons qui extériorisent ne sont pas sans lien avec les sons qui intériorisent. A certains moments leur interrelation apparaît flagrante, alors, est ce qui EST.
 
 

Si l'initiation est transfert de pouvoir, le mantra n'est pas son seul support... des fleurs, des fruits, des gâteaux, peuvent servir aussi à cela...
 
 

Languir... pour que cesse tout "vouloir" !
 
 

De "je veux" en "je veux" vous tentez d'apaiser votre faim. Ce "vouloir", rien ne l'apaise. Prenez conscience de cette avidité et soyez maintenant avide de la connaissance du Soi. La Quête réelle commence ici.
 
 

Pourquoi fixer son attention tout au long du chemin ? Ce regard aigu est Lui, et aussi le "pourquoi ?".
 
 

"Les méthodes du "ni ceci, ni celà" et du "c'est Toi, c'est Toi" mènent au même but. En prenant une direction ou l'autre, on arrive aussi bien. Celles et ceux qui se soumettent à l'Energie Divine (SAKTI) ou qui honorent SIVA atteindront l'UNE et l'UN tout autant.
 
 

Parce que vous êtes en chemin, vous discutez des "chemins".
 
 

Vous pouvez identifier des milliers de vos vies précédentes. Mais quand la création est perçue pour ce qu'elle est avec tous ses va-et-vient, que verrez-vous alors ? Vous verrez et vous ne verrez rien ; et ni vous ne verrez rien, ni vous verrez...

Tout ce qui est au monde, arbres, plantes, insectes, reptiles, toute autre forme de vie, leur naissance est votre naissance, leur mort est votre mort. Tout est vous, vous êtes tout.
 
 

Si vous parvenez à visualiser quelques unes de vos vies précédentes, votre vision sera limitée à ce nombre de vies. Si vous vous rappelez parfaitement les histoires de quelques unes de vos vies antérieures, ce ne seront jamais que les expériences d'une entité individuelle dans des temps et des lieux donnés ; mais sans la prise de conscience de votre mobilité et de votre établissement dans un tout universel, vous ne voyez qu'une pluralité ; irez vous au-delà ?
 
 

Vous connaîtriez cinq cents de vos vies, vous ne connaîtriez QUE cela. Il y a tellement plus à découvrir : vous en toutes formes, et le Seigneur présent en chacune d'elles.
 
 

Quand vous parlez de vies antérieures, vous sentez intuitivement :

"Y a-t-il jamais eu un temps où je n'étais pas ?"

Vous parlez en terme "d'autrefois", de "plus tard" en vous laissant confiner au royaume du temps : "à temps", "pas à temps", "jour", "nuit", "avant", "après"... Vous fluctuez entre naissance et mort. En vérité, il n'y a pas de "renaissance". Certes, la mémoire de vies antérieures vous viendra, c'est une étape. Mais que signifient un "avant", un "après", quand "j'existe de toute éternité" ?
 
 

... faire sept pas avec un saint suffit.
 
 

Décidez de ne jamais mentir. Si la situation est telle que vous ne puissiez dire la vérité, restez silencieux. Ne reniez pas votre serment. Dieu est vérité et la recherche de Dieu est affaire de sincérité.
 
 

Continuez à marcher vers Cela. Ne vous arrêtez pas en chemin, même pas pour savoir où vous en êtes. Si vous le faisiez, vous perdriez un peu du bénéfice de votre progression. Ne vous arrêtez jamais. Allez !



Sommaire

 


4. LA PAROLE EN JEU







Comment, malgré les tribulations de la traduction, restituer la saveur formelle du langage de Sri Ma Anandamoyi ?
 
 

Nous proposons ici d'approcher brièvement la jongleuse de mots, la conteuse, la poétesse.
 
 
 
 

A MOTS JOUÉS

Pour ne pas étourdir le lecteur, en précisant à chaque fois que le mot est bengali ou sanskrit, nous conviendrons que les termes sanskrits sont en capitale et les termes bengalis en capitale italique.
 
 

"Le temps" (SAMAYA ) signifie "imprégné par le Soi" (SVA MAYI )

un repos où rien n'existe qui ne soit Lui.
 
 

Notre "manque" (ABHAVA) et notre "être réel" (SVA BHAVA ) ne font qu'un.

Quel est ce "manque" ?

Quel est cet "être réel" ?

LUI
 
 

Où il y a "doctrine" (VADA) il y a "exclusion" (BADA )

Ce qui est mis au pinacle ici, sera rejeté là...

Mais où est établie "l'unité dans la différence" (BHEDABHEDA) différence et non-différence cessent d'exister.
 
 

Aussi longtemps que vous vous identifiez au "corps" (DEHO ) vous criez : "Donne ! Donne !" (DAO ! DAO ! )
 
 

Sous le déguisement de l'éphémère, qui est là ? Qui va ? Qui vient ? Une palpitation d'"océan" (SAMUDRA) "Lui s'exprimant lui-même" (SVA MUDRA). Les "vagues" (TARANGA) sont le déroulement de "ses membres" (TAR ANGA)
 
 

"le corps" (SHARIRA) veut dire changement perpétuel, ce qui toujours "se déplace" (SARA)
 
 

"Comprendre intellectuellement" (BOJHA) c'est porter le "fardeau" (BOHJA aussi) de nos conceptions.
 
 

"Parler" (BHASHA) signifie "flotter" (BHASA) à la surface. A moins que l'esprit ne vienne à la surface, les mots ne viendront pas. Tant que l'on est immergé dans la profondeur, aucun mot ne peut apparaître.
 
 

"L'ascèse" (SADHANA) est notre "propre richesse" (SVA DHANA). Cette richesse est inépuisable !
 
 

"Pas Lui" (NA SA) est au sens propre "destruction" (NASHA). Quand la destruction est détruite... IL EST...
 
 
 
 

"Le monde" (SANGSARA) est "incertitude" (SANGSHAYA) sans fin !
 
 

"Le monde" (SANGSARA) est un cirque où "Le clown" (SANG) joue pour servir "la Réalité essentielle" (SARA).
 
 

Vous vous pensez le propriétaire (MALIK) du jardin et vous vous angoissez. Abandonnez l'idée de propriété et soyez jardinier (MALI) tout ira beaucoup mieux !
 
 

"Le monde" (JAGAT) est "mouvement" (GATI)... va et vient...
 
 

Ce corps ne fonde aucun ASHRAMA (lieu consacré à la vie spirituelle). Là où n'est plus SHRAMA (peine, tension) est ASHRAMA.

Transcendant le monde, pénétrant tout l'univers, il n'est qu'un seul ASHRAMA. En Lui il n'y a pas à faire la distinction entre son propre pays et les pays étrangers.Dites-le comme vous voulez. Il en est ainsi.

A MOTS CONTÉS
 
 

Un bon début
 
 

Un mendiant demandait l'aumône à un riche propriétaire. Celui-ci, avaricieux, refuse de donner quoi que ce soit. Le mendiant insiste. A la fin, le riche, avec rage, lui verse dans la main une poignée de terre poussiéreuse.

 Voilà pour ton aumône !

Le mendiant accepta, heureux :

 c'est un bon début, voilà au moins un don...
 
 

Le roi, le guru et le sacré garnement
 
 

Il était une fois un roi. Il ne manquait de rien et pourtant il clamait partout son insatisfaction. Un jour il entend dire qu'une initiation et des directives spirituelles données par un guru sont nécessaires pour trouver le calme intérieur.

Le roi fait rechercher son guru familial. Il l'avait oublié depuis bien longtemps. Le guru en question, laissé sans ressources, menait une vie misérable. L'initiation que lui demandait le roi était une aubaine ! Il accourt au palais et dit au roi que sa paix intérieure est garantie. Le roi reçoit son initiation à l'heure propice et le guru reçoit un confortable salaire. Le roi récite consciencieusement son mantra pendant des mois. Mais de calme intérieur... aucun ! Un jour, excédé, il menace son guru :

"J'ai reçu l'initiation, j'ai suivi tes directives spirituelles et mon esprit ne connaît aucun répit. Si dans huit jours je ne suis pas en paix et si tu n'as rien d'autre à me proposer, ta famille et toi serez exécutés."

A ces mots, le pauvre guru est paniqué. La nourriture ne passe plus. Il ne trouve plus le sommeil, et voit avec angoisse la mort s'approcher.
 
 

Le guru avait un fils. Un drôle de gaillard, qui n'avait rien voulu apprendre et passait ses jours à rôder dans la forêt. Il n'apparaissait qu'aux heures des repas. Autrement, nul ne savait ce qu'il faisait de son temps. Six jours ont passé. Le septième jour, dans la maison du guru, l'état d'esprit n'était pas à préparer un repas. Le guru et sa femme se rongeaient les ongles d'angoisse. A midi, le fils arrive pour son repas. Rien n'est prêt. Il demande ce qui se passe. Son père lui raconte tout "et que si le roi le lendemain ne recevait pas de meilleurs conseils, ils seraient tous décapités".

 S'il n'y a que ça, dit le fils, je m'en occupe. J'irai demain trouver le roi. Aujourd'hui on mange...

Le père reprend courage. La mère prépare à manger. Le lendemain, le guru et son fils se présentent devant le roi.

 Alors, cher guru, ces sept derniers jours j'ai pratiqué scrupuleusement les exercices que tu m'as donné. Je suis de moins en moins calme. Je te préviens, si tu n'as rien de mieux à me proposer aujourd'hui, autant dire que ta tête ne va pas longtemps rester sur tes épaules !

 Mon fils va tout vous expliquer, se hâte de dire le père.

 Vraiment ? dit le roi.

 Majesté, je peux vous éclairer, confirme le fils, mais il faudra que vous fassiez tout ce que je vous demanderai. Si vous suivez ce que je vous dis, vous comprendrez pourquoi vous n'arrivez à rien et vous trouverez l'issue.

Le roi consent à tenter l'expérience.

 Suivez moi, dit le fils. Il charge le roi et son père de deux rouleaux de corde. Tous trois s'enfoncent dans la forêt jusqu'à rencontrer trois arbres splendides. Le fils du guru demande au roi et à son père de s'adosser chacun à un arbre. Il les ligote, puis grimpe dans le troisième arbre, saute de branche en branche et chante tout son saoul. Le roi fulmine. Ses liens lui scient les membres. Il ordonne au père de le détacher. Le guru s'exclame :

 Comment pourrais-je vous délivrer alors que je suis attaché ?

Le roi réalise d'un coup : "Mais oui... bien sûr ! comment aurais-je pu rester paisible alors que j'étais si étroitement ligoté à ce monde ? Comment ai-je pu demander à un homme lui-même attaché de me libérer de mes liens ?"

Alors il dit au fils :

 Maintenant tu peux me délivrer. J'ai trouvé ce qui donne la paix.

Le fils du guru, ce sacré garnement, aussitôt le délivre.

Le roi revint-il à ses affaires ? Erra-t-il en ascète ? De toute façon, il n'était plus noué au monde. Pour lui, maintenant tout ne pouvait que bien aller...
 
 

Les quatre questions

Le roi promettait une belle récompense à qui saurait répondre à quatre questions :

1. Où Dieu réside-t-il ?

2. Que mange-t-il ?

3. Quand rit-il ?

4. Que fait-il ?

Les plus grands érudits du royaume furent un à un éconduits. Un paysan, de son champ voyait toutes ces allées et venues. Il finit par demander à celui qui ce jour-là ressortait tête basse du palais :

 Que se passe-t-il au palais qui vous fait tous repartir découragés ?

 Quatre questions sont posées : où Dieu réside-t-il ? Que mange-t-il ? Quand rit-il ? Que fait-il ? Personne jusqu'ici n'a su répondre au roi de façon satisfaisante.

 S'il ne s'agit que de cela, c'est facile.

Le paysan le lendemain se présenta au palais. Les gardes voulurent le chasser comme un malpropre, mais le roi s'interposa.

 Je t'écoute.

 A la première question "Où Dieu réside-t-il ?" je réponds "Où ne réside-t-il pas ?"

Le roi fut satisfait.

 A la deuxième question "Que mange-t-il ?" je réponds "Il mange l'ego".

Le roi fut très satisfait.

 A la troisième question "Quand rit-il ?" je réponds "Quand le bébé est dans le ventre de sa mère, les mains jointes, il prie Dieu de le délivrer de toute angoisse et il promet de Lui vouer sa vie. Une fois né il oublie tout... Alors Dieu rit."

Le roi fut très très satisfait. Il restait la dernière question, la plus difficile : "Que fait Dieu ?"

Là le paysan s'inclina :

 Votre Majesté, je vais vous répondre, mais j'ai d'abord une chose précise à demander...

 Nous t'écoutons, dit le roi.

Le paysan demanda un petit tapis qu'il fit placer par terre et invita le roi à venir s'asseoir dessus. Le roi s'assit sans rechigner par terre et le paysan s'installa sur le trône. Les courtisans étaient stupéfaits ; le roi sentit monter la colère :

 Alors, ta réponse ?... Attention à ce que tu vas dire !

Le paysan rit et dit :

 La réponse est là. Moi, votre indigne sujet, je suis assis sur votre trône, pendant que vous, Majesté, êtes par terre. Dieu fait cela. S'il le veut, d'un instant à l'autre il fait d'un roi un manant, et d'un manant il fait un roi.

Le roi fut très très très satisfait et il récompensa généreusement le paysan.
 
 

L'abeille comblée

Dans un bassin fleurissait un lotus d'une surprenante beauté. Un passant subjugué demanda aux poissons et aux grenouilles qui vivaient là :

 Quelle est cette merveille ?

Les résidents s'esclaffèrent :

 Quelle merveille ? C'est une fleur commune, voilà tout.

Soudain, à toute allure, une abeille venue d'on ne sait où se précipita sur la fleur. Le passant avait voulu l'arrêter pour l'interroger.

Elle dit :

 Plus tard !

Un peu après, comblée, elle lui dit :

 Ne sais-tu pas qu'il s'agit d'un lotus ? Son nectar, si on le consomme, nous transforme !
 


 

A MOTS CHANTÉS
 
 

Quelle est ma caste, mon nom, ma maison ?

Rien n'est sûr... que puis-je dire ?

Quoi encore...? Je n'appartiens à personne,

Et dans les trois mondes, personne ne m'appartient.

Ni père, ni mère... Y a-t-il jamais eu quelqu'un ?

Je ne sais.

Personne ne m'a rien dit. Je n'ai rien entendu.

J'ai été gratifiée d'un époux vertueux,

qu'en fut-il au lieu de sa crémation ?

Je ne sais.

Tourments oubliés, maison quittée.

Monde laissé là,

J'erre de jungle en jungle.
 
 
 
 

Qui frappe aujourd'hui à mon cÏur ?

Qui a cette voix charmeuse ?

Je l'écoute et je ne peux plus rester en paix.

La frénésie m'emporte

Hors de chez moi.

Un vin d'illusion m'étourdissait.

Inconscient, pris dans le mensonge,

Qui aujourd'hui vient me réveiller ?
 
 
 

Sommaire


 
 

5. VIVRE TOUT ... SIMPLEMENT







Sans ancune surenchère, des proches de Sri Ma Anandamoyi, au fil de sa vie, ont rapporté parfois au jour le jour ce qu'ils voyaient. Des faits merveilleux et simples...

Nous en citons quelques uns.

De l'eau, de l'eau

Ma se reposait dans sa chambre, quand on l'entendit s'exclamer : "De l'eau ! De l'eau !" Pensant qu'elle avait soif, une jeune fille vint lui porter un verre d'eau fraîche. Ma secoua la tête : "Non, non, il y a de l'eau partout !" La jeune fille n'y comprenait rien. Ce jour-là, une mère était venue avec ses deux enfants. Ils étaient allés jouer près d'un bassin et étaient tombés à l'eau. Ils reviennent dégoulinants vers leur mère bouleversée et tout agités s'écrient qu'"une jolie dame (la même qui le matin leur avait donné des guirlandes de fleurs) était venue les tirer de l'eau". Au même moment, Ma, sur son lit, s'exclamait : "De l'eau ! De l'eau !"
 
 

Abandonnés

Une fois encore, elle allait quitter un lieu (Almora) pour un autre. La veille au soir quelqu'un s'exclama : "Ma, vous nous quittez et nous nous sentirons abandonnés !"

 Pourquoi dites-vous que je vous quitte ? Pourquoi me poussez-vous dehors ? Je suis toujours avec vous.

La personne reprit : "Vous reposez dans notre cÏur ?

 Pourquoi voulez-vous me confiner à un endroit donné ? Je suis les os de vos os, le sang de votre sang. Telle est la vérité. Croyez-moi, je ne dis jamais de mensonge...

Départ

Devant la tristesse provoquée par un autre départ :

"Pourquoi dites-vous que je m'en vais ? Je suis votre enfant, toujours avec vous. Souvenez-vous bien de celà : je suis toujours avec vous. Je ne vous demande pas de vous asseoir le dos droit, de contrôler votre respiration, de vous purifier... Quelle que soit votre condition, je suis avec vous..."
 
 
 
 

Shogibaba

Un vieux sage, Shogibaba, était réputé pour ses manières redoutables. Toute personne qui s'approchait pour la première fois était repoussée avec violence. Parfois, des coups pleuvaient ! Pour ceux qui persistaient, il devenait amical.

Ma exprima le désir d'aller saluer l'étrange Mahatma. Nous appréhendions tous qu'elle ait à subir sa violence.

Comme elle approchait, on vit le sadhu venir vers elle avec la plus extrême courtoisie et montrer sa joie et son respect.

Elle dit : "Père, votre fille est venue".

Il se précipita pour lui dérouler un tapis précieux et leur entretien fut des plus doux.
 
 
 
 

Malice

Ma pendant la fête aidait des filles à enfiler leur costume. Malicieusement elle déguisa une femme en elle-même, en lui enveloppant le visage dans son châle et la revêtant d'une cotonnade blanche. Elle dit à l'une des jeunes filles d'encourager l'assemblée à venir s'incliner devant elle. Ce qui arriva. Certains doutaient un peu, la plupart vinrent s'incliner avec respect. Mais la femme ne put s'empêcher de montrer son visage. On entendit le rire clair de Ma dans l'arrière-salle. L'assemblée, saisie, rit aussi.
 
 
 
 

Cortège

Il lui est arrivé de dire que non seulement des foules bien visibles lui faisaient cortège, mais aussi d'autres êtres, incomparablement plus nombreux, et pas seulement des humains, dans leurs corps subtils.
 
 
 
 

Les maladies

Ses maladies décourageaient tous les médecins. Leurs diagnostics étaient constamment remis en cause par des symptômes de jour en jour contradictoires. Elle recouvrait sa santé de façon fulgurante. Son pouls d'un moment à l'autre s'accélérait ou était à peine perceptible. Sa température variait considérablement. Aucun médecin n'osait lui prescrire de médicaments (qu'ils soient allopathiques, homéopathiques ou ayurvédiques). Les rares fois où cela a été tenté, le mal ne fit qu'empirer.

Elle a dit : "Les maladies sont des êtres comme vous. Je ne vous renvoie pas quand vous venez à moi. Pourquoi ferais-je une exception avec elles ? C'est aussi Son jeu."
 
 
 
 

Dans les années 1939-1940 se déclara en Ma Anandamoyi un cancer généralisé... Tous ses organes étaient l'un après l'autre envahis par la maladie. Ses souffrances étaient terribles. Les médecins ne pouvaient que déclarer sa fin irrémédiable.

Une nuit, un médecin assista à ce phénomène : il vit soudain Ma sous les traits de la déesse Durga. Le corps prenait de lui-même des postures yoguiques.

Le lendemain matin elle dit au médecin :

"Alors dites-moi ! Maintenant où est le cancer ?"

Ma était à nouveau en parfaite santé.
 
 
 
 

Visite à Sri Vishuddhanandaji

Ma s'assit sur un petit tapis à même le sol et fit asseoir le sage dans un fauteuil. Elle lui demanda de nous montrer quelques-uns de ses miracles. Le sage avait plusieurs loupes. Il en prit une et nous demanda de sortir nos mouchoirs. Sur chacun il concentra les rayons du soleil selon différents angles, après s'être enquis du parfum particulier dont nous souhaitions voir notre mouchoir parfumé. Par la concentration des rayons à travers la loupe, on obtint tous l'odeur du parfum demandée, ce qui était tout à fait surprenant. Ma lui demanda alors de nous montrer un autre miracle. Le sage prit quelques feuilles d'une plante en pot qu'il écrasa dans un mortier. Il en fit un cachet sur lequel il concentra les rayons du soleil à travers la loupe selon un angle précis. En deux minutes, le cachet de près d'un centimètre de diamètre fut changé en une perle de cristal. Les personnes présentes n'en revenaient pas de voir cette transformation d'un produit végétal en une dure bille de verre. Le sage était un grand yogi qui avait séjourné de longues années au Tibet. Il déclara qu'il pouvait enseigner sa science solaire à quiconque voudrait vivre auprès de lui. Au bout de deux heures passées chez lui, Ma s'en retourna.
 
 
 
 

Rencontre avec Gandhi

Dès qu'elle entra dans la pièce où Gandhi filait au rouet, elle s'exclama "Petit père, votre petite fille folle est venue vous voir !" Gandhi rétorqua en riant que si elle était réellement une fille folle, elle n'aurait pas impressionné des hommes tels que son disciple à qui il n'avait pu apporter la paix intérieure, malgré trente ans de profonde relation. Gandhi dit à Ma qu'il avait lui-même demandé à son disciple de la rencontrer, elle qui était le Gourou de Kamla Nehru (soeur aînée d'Indira Gandhi). Immédiatement, Ma déclara énergiquement qu'elle n'était ni le Gourou de Kamla Nehru ni, en fait, le Gourou de personne. Le disciple avait été très attiré par Ma et avait souvent demandé à Gandhi la permission de rester près d'elle pour de longues périodes. Gandhi y consentait puisqu'il sentait que la présence de Ma aidait son disciple à trouver la paix de l'esprit.
 
 

Gandhi souhaitait ardemment que Ma reste avec lui au moins un mois, pour que ses plus proches disciples et lui-même discutent des nombreux problèmes auxquels ce monde en guerre devait faire face. Elle souhaitait partir. Ce soir-là, il réussit à la persuader de rester avec lui. On étendit des literies pour elle et Gandhi sur deux planches de bois, proches l'une de l'autre, dans la véranda. Souffrant d'hypertension, Gandhi devait se coucher vers 10 heures, heure à laquelle ses proches lui faisaient un léger massage. Gandhi prit le poignet de Ma qui était assise près de lui. Alors que les femmes s'occupaient du massage de Gandhi, Ma leur demanda ce qu'elles feraient si elle enlevait Gandhi. Ma répéta la question trois fois et l'une des femmes répondit qu'elles le suivraient. Ma dit alors qu'au moment opportun elle l'enlèverait. J'étais très triste d'entendre cela, car je pensai alors que Ma donnait peut-être une indication sur la mort prématurée de Gandhi...
 
 
 
 

Mort de Gandhi

Le 30 janvier 1948, vers 20 heures, la nouvelle de la mort de Gandhi, le "père de la nation", est diffusée sur toutes les ondes. Il y a alors à Allahahbad une grande fête où Ma est présente avec de très nombreux dévôts. Tous attendent son apparition, comme chaque soir, en chantant, mais Ma n'arrive pas. Quelques dévots pensent qu'elle se repose. Des délégués investissent la fête et demandent que les chants religieux cessent immédiatement à cause de la nouvelle de la mort du Mahatma. Pour beaucoup il devient évident que Ma ne s'est pas montrée ce soir-là car elle était au courant de cette fatalité et qu'elle ne pouvait approuver l'intervention déplacée de ces délégués trop zélés.
 
 
 
 

Le magicien tantrique

Certains lui envoyèrent un magicien tantrique, qui en sa présence chanta des incantations malveillantes. Les disciples voulurent le jeter dehors, mais Ma sourit avec indulgence et dit : "Laissez-le rester ici aussi longtemps qu'il lui plaira. Qu'il ne soit pas malmené." C'était l'heure du déjeuner de Ma, mais elle ne quittait pas la pièce. Et pourquoi ? Parce qu'un magicien assis en sa présence prononçait des incantations maléfiques dirigées contre elle ! Plus tard, elle dit : "Quand ce corps le vit chanter des incantations malveillantes, ce fut une joie de relier cela au Seigneur sur le ton de la plaisanterie. Ce corps ne fait aucune différence entre les incantations bienfaisantes ou malfaisantes - il prend tout dans la foulée. Même des maladies approchent ce corps sous différentes formes, il n'en rejette aucune."
 
 
 
 

Les dieux enterrés

A Vindhyachal, l'ashram de Ma est situé sur une colline semi-désertique. Ma était là pour un court séjour. Le chef du district, Narsingh Babu, vint à l'ashram le soir même. Mataji était dans sa chambre au premier étage. Elle semblait l'attendre et l'entraîna aussitôt sur la véranda qui donne à l'ouest. De là, elle lui désigna du doigt un endroit en contrebas qui mesurait environ cinq mètres sur sept. "Tu vois, dit-elle, là-bas sous terre, un bon nombre de statues de dieux et de déesses sont cachées. Ils m'ont dit : "C'est irritant de rester enterrés. Sors nous de là."

Mataji regarda Narsingh Babu d'une manière engageante : "Peux-tu faire quelque chose à ce sujet ?" Ce dernier avait perdu sa mère à un âge précoce et avait bénéficié de la gentillesse de Ma à bien des occasions. Sans aucune hésitation, il promit de faire de son mieux. Il savait très bien qu'il s'agirait d'une tâche extrêmement difficile car le sol était rocailleux. Il était nécessaire de faire appel à des experts.

Bientôt, le chantier battit son plein. Le premier jour, les ouvriers ouvrirent un trou de trois mètres sur six ; de statues... pas la moindre trace ! Les travailleurs dépités se dirent : "Il n'y a là que de la pierraille et rien d'autre !"

Le second jour, Mataji leur demanda sans hésiter de poursuivre leur tâche. Narsingh Babu savait que Mataji ne disait pas un mot en vain, il encouragea donc ses ouvriers, les assurant du succès. Ils creusèrent...

La fosse s'agrandit ; on retira de gros rochers, mais on ne trouva pas une seule statue. Mataji dit : "Continuez à chercher !"

Les ouvriers doutaient du bon sens de cette entreprise mais ils suivirent les ordres de leur chef. Lui était bien décidé à se plier au souhait de Ma. La fouille continua. Quelques temps plus tard, le Chef de district travaillait à son bureau. L'ingénieur l'appelle au téléphone, très excité : "Venez immédiatement, nous venons de trouver les statues !" Narsingh Babu n'avait pas besoin de se le faire dire deux fois, il alla en toute hâte sur le terrain de l'ashram. On avait exhumé environ deux cents statues en bon état ! Toutes de réelles Ïuvres d'art...

La nouvelle de la découverte se répandit comme une traînée de poudre. Affluèrent de partout à Vindhyachal des archéologues, des journalistes, des curieux. Cette découverte stupéfiante intéressa aussi des spécialistes de divers pays. Mais Elle, qui était la cause première de tout ce bouleversement, ne jeta qu'un seul regard à ces statues, puis s'en fut, comme si rien de particulier ne s'était produit.
 
 
 
 

Les photos

Ma entre dans la pièce qui sert de temple, lors de sa visite à un fidèle et à sa famille. Outre les portraits de différents dieux et déesses, des photos de Ma sont sur tous les murs...

Ma s'exclame : "Seulement ces quelques photos ? Vous n'avez pas pu en avoir d'autres je suppose ?" Et elle éclate de rire comme une petite fille.
 
 
 
 

Passe outre

Une dame distinguée invite Ma chez elle. Une autre disciple est présente mais se voit refuser l'entrée de la chambre de Ma par l'hôtesse des lieux. Les deux femmes se querellent. La disciple s'en va pleurer de dépit sur la route. Ma la fait appeler et la gronde : "Si quelqu'un t'a interdit de venir ici, pourquoi n'as-tu pas enfoncé la porte de derrière ou escaladé le mur d'enceinte ?"
 
 
 
 

Porte ouverte

A des visiteurs qui tentent de la rejoindre alors qu'elle est protégée par plusieurs barrières, chez un dévôt, elle lance : "Les portes de ce corps vous seront toujours ouvertes."
 
 
 
 

Baluchon dénoué

Dialogue entre un fidèle et Ma, alors qu'elle lui rend visite :

 Ma, je vous en prie, dénouez votre baluchon...

 Pourquoi ? Il est toujours dénoué, Baba.
 
 
 
 

La jupe

Quelques dames firent une visite à Ma. L'une d'elle demanda :

 Ma vous êtes toujours dans la béatitude. Comment pouvez-vous maintenir cette béatitude ?

Ma rit et répliqua :

 Comment gardez-vous vos jupes en place ? Même dans le chagrin, même dans la tempête, vous ne perdez pas votre jupe... La maintenir est si lié à votre vie que même si elle glisse un tant soit peu vous la réajustez aussitôt. Pour la Béatitude, c'est pareil, elle tient d'elle-même !
 
 
 
 

Une femme vint à Ma éplorée

 Mon mari est mort. Je pouvais le supporter, car j'avais ma fille unique. Une enfant délicieuse et douée. A douze ans elle est morte. Et ça je ne peux pas le comprendre..."

Ma lui parla longuement et finit par lui dire : je suis votre enfant.

La même femme réapparut quelques mois plus tard, sereine. Elle nous confia : "Quand Ma me dit : Je suis votre enfant, sa voix était celle de ma fille... Mon émotion fut indescriptible. A partir de là, mon cÏur a commencé de s'apaiser."
 
 
 
 

Attrape !

Un jour on amena une enfant qui avait perdu l'usage de ses membres. Elle ne pouvait se déplacer seule. Ma était occupée à casser des noix. Elle lança à l'enfant une noix décortiquée : "Attrape !" Au prix d'un grand effort, l'enfant ramassa la noix. Quelques jours plus tard, la mère éperdue de reconnaissance vint dire que sa fille était guérie.

Faux miracle

On parlait à Ma d'un homme qui faisait apparaître miraculeusement des fruits, des gâteaux, des guirlandes de fleurs et bien d'autres choses. Elle raconta :

..."Une fois, voilà ce qui arriva. Une dame et ses disciples me firent une visite. Je ressentis d'aller la prendre dans mes bras. Ce faisant, je perçois un sac accroché à sa taille sous son sari.

L'assemblée lui demande de faire apparaître des offrandes, grâce à ses pouvoirs surnaturels. Elle était réputée pour ce don : des offrandes du temple où vécut Sri Ramakrishna apparaissaient, disait-on, spontanément dans ses mains.

Il prit à ce corps de dire :

 Avant que ces offrandes ne vous arrivent de si loin, je peux les faire apparaître, voulez-vous ?

 Je vous en prie, répond la dame.

Je répète : - C'est ce que vous voulez ?

La dame et ses disciples confirment :

 S'il vous plaît, faites-le...

Vous vous doutez de la suite. Le sort en avait décidé ainsi..."

Peu après, un disciple de la dame vint me trouver :

 Jamais vous ne confondez quelqu'un en public. Pourquoi cette fois-ci ?

La réponse fut :

 Ce corps il est vrai ne cherche pas à intervenir dans les voies de chacun. Il s'en tient à ceci : ce qui doit arriver arrive...

Le serpent

Au matin, en repliant le matelas où Ma s'était reposée, on trouve un petit serpent blanc enroulé là où elle avait ses pieds. Avec précaution, dans un tissu on le présente à Ma avant d'aller le relâcher dans la jungle ; elle savait qu'il avait passé toute la nuit à ses pieds, et elle conseille plutôt qu'on lui donne du lait et qu'on le laisse en paix dans un grand panier... La matinée se passe très active... A midi quelqu'un accourt pour dire que le serpent vient de mourir. Elle envoie aussitôt l'un de ses proches l'enterrer dans un lieu réputé proche d'Hardwar, enveloppé par le splendide tissu de soie rouge qui venait de lui être offert. Ma dit :

"Aujourd'hui le corps est mort, mais c'était la mort de la mort"...

Une telle déclaration, Ma ne la faisait presque jamais. Nous étions bouleversés.
 
 
 
 

L'hommage du Soi au Soi

La mère (ici nommée Giriji) de Ma Anandamoyi disait une fois la vision qu'elle eut alors qu'elle était enceinte, de dieux et de saints de toutes provenances réunis les mains jointes autour de l'enfant qu'elle portait.

... Au moment où Giriji dit comment tous avaient les mains jointes, Ma, qui était jusque là allongée se redressa, étendit ses bras au-dessus d'elle et fit jouer ses mains paumes ouvertes :

"de tout cela ne parlons pas en présence de ce corps. Ces saints et tous les autres, devant QUI auraient-ils pu joindre les mains ?"

Quelqu'un aventura :

"L'hommage du Soi au Soi ?"

Entendant cela, Ma, tout en gardant les mains jetées en l'air, eut une expression si enfantine... Nous n'avions jamais vu cela.
 
 
 
 

Silence

Un jour à Bénarès Mataji et son inséparable Didi racontaient à quelques-uns le temps où Ma gardait un absolu silence. Soudain le visage de Ma devient de pierre. Elle reste les yeux fixes. Personne ne savait quand elle reviendrait à elle. Didi après quelque temps s'écrie désespéré : "Elle ne me reconnaît plus !"

Alors la voix de Ma s'élève :

"Attends un peu... le temps viendra où je serai tellement ordinaire que tu n'en reviendras pas !" Mataji éclate de rire : "... Et ce temps est venu !"
 
 

La mendiante

Quelqu'un dit : "Ma, nous sommes tous des mendiants ! Nous mendions votre grâce."

Ma dit aussitôt :

"... et je suis la mendiante des mendiantes, toujours à mendier votre envie, vos colères, vos jalousies, votre orgueil, votre égoïsme, pour que vous les déposiez enfin aux pieds des dieux de vos temples !"
 
 
 
 

Si simple

Ma n'avait pas encore rejoint son siège. Une dame américaine était installée tout à côté sur une chaise. A l'ahurissement de l'assemblée, une très vieille femme s'approche et s'incline jusqu'à terre devant l'Américaine. Après que Ma se soit installée, la vieille femme vient lui embrasser les pieds ; certains veulent la repousser. Ma lui dit tendrement : "Quel beau visage tu as ! Que tu es simple ! Toi, je peux te choisir entre tous !"
 
 
 
 

Le savant

Un savant dit à Ma : "S'il n'y a que le Un, qui médite et sur quoi ?" Elle répondit : "Oui, quand il y a un méditant et un objet de méditation, on peut parler de méditation. Mais cette enfant-ci (elle-même) ne connaît rien aux prières, aux méditations, rien à toutes ces sortes de choses... C'est pourquoi ses pères, mères, amis qui s'engagent dans ces pratiques, le font aussi pour elle."
 
 
 
 

Bouddha

Un matin, Ma se trouvait à Bodgaya. Elle se tenait avec quelques autres auprès de l'image du Seigneur Bouddha au pied de l'arbre historique. Soudain, un parfum singulier intrigua les personnes présentes. L'un de nous demanda :

 D'où vient cet étrange parfum ?

Ma répondit :

 Lui, que vous êtes venus visiter, de cette gracieuse façon, fait connaître sa Présence.
 
 
 
 

Transfiguration

Un de ses proches rapporte cette vision :

Le changement qui survint dans sa personne était ahurissant. Son corps entier semblait prendre feu... Mais un feu si doux, si caressant...

Elle rayonnait "en Gloire" mais sans nous terrifier. Jusqu'à aujourd'hui, j'ai le souvenir intact de cette transfiguration. Il m'accompagnera jusqu'à mon dernier jour ; mais je ne sais pas trouver les mots pour en témoigner.
 
 

A des âges différents, deux façons de dire la même chose :

Elle était alors une toute petite fille. Sa mère lui avait demandé de se nettoyer le visage dehors, au grand bassin.

La petite fille assise au bord du bassin fixait l'eau intensément. Au lieu de se laver, elle jouait avec son reflet, se faisait des grimaces. Gesticulant, riant, soudain elle montra le reflet du doigt :

 Là, le ciel... Regarde ! Regarde !
 
 
 
 

Un jour

Ma se montra du doigt :

"Oh ! C'est l'ATMAN qui est en tout. Oui, vraiment, le seul PARABRAHMA PARAMATMAN."
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Dites que ça existe ou que ça n'existe pas ou que c'est au-delà de l'existence et de la non-existence, ou même au-delà de ça, comme vous voulez !
 
 

Que vous le nommiez le Un, le Deux ou l'infini, quoi que vous disiez, c'est bien.
 
 


Utiliser les mots ou pas.

Garder le silence ou pas.

Tout revient au même.

Tout est cela.



 
 
 

Sommaire

 

Soient remerciés...

... parmi de si précieux et discrets soutiens...

 Claude Portal, Aruna et leur accompagnement fraternel.

 Jean-Louis Accarias et son attention d'éditeur

et d'ami.

 Sylvie Alix, Francès Delbeque, Gilbert Gaucher et leur aide pour investiguer une foison de textes publiés en Inde, relatant les paroles et la vie

de Sri Ma Anandamoyi.

Ils ont trouvé quelques uns de ces mots qui mettent la vie en Jeu.
 
 

NAMO NARAYAN
 
 

NAMO NARAYAN
 
 

NAMO NARAYAN