JAY MA 51 PRINTEMPS 1999

 

Paroles de Ma

Je ne suis qu'une enfant et je ne sais pas donner des conférences ou des discours: De même qu'une enfant; lorsqu'elle trouve quelque chose de sucré; de bon; l'apporte à son père ou sa mère, de même je dispose devant vous ce qui et bon et sucré. Prenez ce qu'il vous plaît.

Ce sentiment avec lequel vous vous mariez, il n'y en a pas même eu l'ombre en ce corps.

Votre désir intense de voir ce corps en samadhi en provoque parfois les symptômes. A chaque fois qu'une pensée atteint sa pleine intensité, son expression physique suivra ineluctablement. Si l'on perd son être dans la contemplation du Nom divin, on peut se fondre dans l'océan de la Beauté divine. Dieu et les noms qui le symbolisent sont un…aussitôt que la conscience du monde extérieur s'évanouit, le pourvoir du Nom qui se révèle de lui-même trouve son expression objective.

L'univers est un Jeu divin, vous avez un désir de jouer et vous interprétez donc ce jeu selon votre propre éclairage dans toutes les activités joueuses de ce corps, dans ses sourires et ses amusements: S'il avait pris une posture grave, vous vous en seriez tenu à distance. Apprenez à vous plonger dans la Joie divine en toutes Ses manifestions et vous attendrez le but final de tout jeu. Est-ce que vous comprenez?

Le désitr intense pour la Réalisation de Divin est en soi-même la voie qui y mène.

Un monsieur posa à Ma le problème suivant: "Quel est le mieux; para seva, le service aux autres, ou bhajanam, le chant du Nom divin?"

Mataji: "Il n'est pas juste de considérer le service comme le seva de quelqu'un d'autre. Cela ne fait qu'accroître l'égo. Vous devez considérer chacun comme 'Cela' (tat) et ainsi ne faire que Son service.

Questions à Vijayananda

Dasuda raconte…

Propos recueillis par Jacques Vigne à Kankhal

Dasuda vient de fêter ses soixante ans dans les ashrams de Ma. Il était le frère de Maroni, la fille adoptive de Bholonath dont Ma s'est beaucoup occupée, et il est venu chez Ma à l'âge de neuf ans. Il a été son chauffeur pendant 26 ans. Il dit que faire le service de Ma était sa sadhana. Il y a un proverbe qui affirme qu'il n'y a pas de grand homme pour son valet de chambre, mais après plus de quarante ans de vie au service d'Anandamayi, Dasuda témoigne de la grande dévotion qu'il a développée et qu'il garde envers elle. Le texte ci-dessous condense un entretien en hindi que nous avons eu ce matin même à propos de ses réminiscences de Ma. Tout d'abord, l'itinéraire de Dasuda est présenté, puis dans une seconde partie diverses anecdotes sont rapportées. Pour la plupart d'entre elles, Dasuda en a été le témoin ou l'acteur direct.

  1. Un itinéraire avec Ma
  2. Dasuda est né en 1929 au Bengale oriental. Sa grand -mère paternelle était la soeur de Bholonath, le mari de Ma. Après l'adoption de sa soeur Maroni par Bholonath, ses parents ne sont pas sortis de leurs difficultés si facilement. Finalement, quand il n'avait que neuf ans, Ma leur a proposé de prendre Dasuda également à l'ashram de Dhaka. A cette époque là; il était atteint de fièvre chronique. Il a rejoint Ma qui était partie entre temps à Vindyachal, près de Bénarès, et là il lui a demandé un entretien privé. Didi s'est moquée de lui en lui disant 'Toi, un enfant, pourquoi donc as-tu besoin d'un entretien privé avec Ma?' En fait, il ne voulais dire qu'une chose à Ma, et il l'a dite effectivement: 'Je vous considère comme ma seule vraie mère.' Et Ma l'a pris en charge à partir de ce moment-là. Les débuts ont été difficiles. La fièvre qu'il avait s'est révélé être un kala-azar, et les médecins à un moment donné ne lui avait pas donné plus d'une demi-heure à vivre. Finalement, il a été envoyé à la Ramakrishana Mission de Bénarès où il a été hospitalisé pendant six mois.

    Quand il avait vingt ans environ, on lui a dit d'aller à l'école de garçons de l'ashram d'Almora, le Vidyapith, de rendre quelques services là-bas et d'y étudier aussi; mais l'étude n'était pas son point fort, il voulait surtout retourner auprès de Ma pour faire son service. Il est donc reparti sans demander de permission vers Bénarès, avec en poche simplement l'argent pour le tiers du voyage. Arrivé à l'ashram, Didi n'était pas contente à son sujet. Finalement, le grand frère de Shivananda et Nirvanananda était là à cette époque. Ma lui a demandé de lui trouver un emploi, et finalement il a abouti comme aide dans le garage des bus gouvernementaux à Allahabad. Pendant deux-trois ans il y a travaillé, a appris des rudiments de mécanique et quand il a su qu'on avait offert à Ma une voiture, il a été passé son permis de conduire à Calcutta et est devenu rapidement le chauffeur attitré de Ma. Ainsi, sa décision qui semblait l'avoir éloigné de l'ashramet d'elle a permis en fait de pouvoir mieux lui rendre service ensuite pendant des dizaines d'années. Il s'est aussi occupé de la boutique de l'ashram pendant longtemps, et continue à jouer du tambour pendant les pujas et les fêtes de Ma, ainsi qu'à rendre toutes sortes de services à l'ashram de Kankhal auprès duquel il réside. Quand il parle du jeu, 'lila' de Ma, l'expression qui lui revient le plus souvent est "aparamparik", c'est à dire "peu commun, non traditionnel, qui n'a été reçu de nul autre, spontané"…

  3. Anecdotes

§ Un jour, j'étais dans le train avec Ma.. A une gare, la foule était venue pour la voir. Elle m'a demandé d'appeler un vendeur de chikkus (fruits bruns et sphériques assez sucrés, courants dans le nord de l'Inde) qui demandait soixante roupies pour tout son panier de fruits. Ma tenta de marchander à cinquante-cinq, mais le vendeur refusa. A ce moment-là, elle lui proposa soixante-cinq, et avant qu'il ait eu le temps d'accepter, elle monta à soixante-dix, puis de cinq en cinq jusqu'à cent. Quand il a reçu les cent roupies, le vendeur était tellement ému qu'il a fait la prosternation complète devant Ma et lui a demandé de lui donner un Nom de Dieu à réciter. Ma s'est enquise: 'Quelle est la divinité que tu préfères.' 'Ram' 'Eh bien, récite Ram!' C'est ainsi que le vendeur de fruits a été initié par Ma sur le quai même de la gare.

§ Quand Dasuda, avec d'autres, lavait les vêtements de Ma, ils pouvaient régulièrement sentir qu'ils avait une odeur excellente alors que Ma ne mettait aucun parfum.

§ Un voisin de l'ashram de Kalyanvan au-dessus de Dehra-Dun, un ingénieur avait organisé une lecture du Ramayana où il avait invité Ma. La cérémonie se déroulait au rez-de-chaussé, et Ma était montée pour quelques temps se reposer au premier étage. Udas avait gardé comme d'habitude la literie de Ma d'une propreté absolument irréprochable; mais à un moment, celle-ci souleva le drap et appela les jeunes filles qui l'assistaient: il y avait là un petit serpent qui était mort. Ma fit venir une grande feuille avec lequel elle le ramasssa, puis le mit dans une autre feuille et le tout dans un panier. Elle me convoqua alors et me demanda d'emporter le corps de l'animal à Hardwar et de l'immerger à Brahmakund (l'endroit de bain le plus sacré d'Hardwar, là où les pontes du monachisme hindou viennent predre leur bain tous les douze ans lors de la pleine Kumbha-Méla).

§ Ma était dans son premier ashram près de Dehra-Dun, Raipur, tout à fait aux pieds de l'Himalaya. Un jour, Didi a vu que ses vêtements étaient trempés. Elle demanda à Ma pourquoi, car il ne semblait y avoir aucune raison pour cela. Celle-ci ne répondit pas, et ce n'est que plus tard qu'elle apprit qu'à ce moment-même; Bhaiji avait failli se noyer à Bénarès en descendant trop loin sur les ghats alors au'il ne sanvait pas nager. Il s'était senti rattrappé par les cheveux et avait entendu une voix qui le réprimandait :"Toi qui ne sait pas nager, pourquoi donc prends-tu des risques commme cela?"

§ Nous étions avec Ma à Bhagat House, le premier ashram de Ma dans la partie nord d'Hardwar. Ellle allait et venait sur la vérandah au fond de la cour quand un groupe de cinquante ou soixante personnes fit son entrée. Elle me dit immmédiatement: "Vas vite au marché acheter du prasad pour tous ces gens. Et si tu vois une voiture qui passe, arrête-la et demande aux gens dedans de t'accompagner. Il s'est trouvé que la première voiture qui passait avait une énorme corbeille de fruits sur le toit, et appartenant à des fidèles de Ma qui venaient justement la visiter…

§ C'était vers la fin de la vie de Ma. Il y avait un sacrifice au feu (laghu rudra havan) qui était organisé par Mr Kheitan, un voisin de l'ashram de Ma à Kalyanvan, Dehra-Dun. Soudain, un garçon a été mordu par un scorpion. Il tremblait de tous ses membres , et son lit était entouré d'une foule non moins affollée que lui. Ma m'appella et me dit: "Te souviens-tu de la manière don’t Narayan Swami (un ancien disciple de Ma) soignait les piqûres de scorpion?" Je ne me souvenais plus exactement; mais elle me rapppella la conduite à tenir et le mantra à reciter. A peine avais-je commencé quelques passes sur le corps du garçon qu'il devint complètement calme, et finalement il se tira d'affaire sans conséquences de la piqûre pour sa santé.

§ Lors des jours sombres de la Partition, des gens vinrent mettre le feu derrière le temple d'Annapurna à l'ashram de Dhaka. Le responsible de l'ashram écrivit à Ma qui était alors à Solan en Himachal Pradesh pour lui suggérer de mettre la statue en lieu sûr. Elle envoya immédiatement deux hommes pour ce travail. Ils disposèrent la divinité dans une grande caisse, ils mirent aussi dans un seau de métal les braises de l'akhand jyoti, le feu sacré qui brûlait continûment depuis une vingtaine d'années déjà à Dhaka et ont été vers la frontière; Les douaniers à l'époque fouillaient tout le monde et ne laissainet pas sortir d'objets religieux hindous du pays, car la tension interreligieuse était à son maximum. Mais ils ont laissé passer les envoyés de Ma sans même regarder ce qu'ils avaient dans leur caisse. La statue d'Annapurna et le feu sacré ont été installés peu après à l'ashram de Bénarès, où ils ont toujours.

§ Shankar Bharati était un grand bhakta de Lalita Devi, dont le temple était à Lalita Ghat, sur les bords du Gange au nord de Bénarès. Une nuit, il a eu en rêve la vision de cette déesse qui lui a dit: "Sous forme de statue, je réside dans ton temple, mais sous forme 'éveillée' (dans la tradition hindoue, la statue de la déesse peut être éveillée; jagrit, par des prières intenses), je réside en Ma Anandamayi. Va pour avoir son darshan!" Le lendemain même, alors que la chaleur était intense, Shankar Bharati descendit toute l'enfilade des ghats, peut-être six ou sept kilomètres pour aller rencontrer Ma.. Celle-ci a appris par la suite qu'il avait des problèmes de digestion à cause de l'alimentation plus qu'austère qu'il avait adoptée; il demandait à son disciple d'aller à la fin du marché ramasser les restes de légumes qu'en général on laisse pour les vaches, il les faisait cuire et ne mangeait que cela. Pendant un certain temps, Ma lui a fait porter les repas de l'ashram lui-même; après, les disciples de Shamkar Bharati ont arrangés eux-même des repas normaux.

§ Pendant le grand sacrifice au feu entre 1947 et 1950 à Bénarès, j'étais responsible du soin des vaches. L'une d'elle avait accouché d'un veau extrêmement beau, mais qui était malade. Il avait un genou qu'il ne pouvait étendre; et il était donc incapable de marcher; Au bout de quelques temps, son état s'est aggravé. Ma a demandé à certaines brahmacharinis de venir réciter le Mahamantra auprès de lui. Une fois qu'il est mort peu après, elle m'a demandé de l'envelopper dans un tissu, de l'attacher à une pierre et de le jeter dans le Gange (c'est la façon dont on dispose du corps des sadhous également).

§ Lors de la Purna Kumbha-Mela d'Allahabad, c'était peut-être en 1954, ou alors en 1966, tout le monde était parti au bain car c'était le grand jour et il n'y avait que quelques personnes qui étaient restées auprès de Ma, celle-ci n'ayant pas envie de s'y rendre. Soudain, elle dit qu'elle s'est sentie attirée par trois jeunes filles sous forme subtile. Il s'agissait de Ganga, Yamuna et Saraswati (correspondant aux deux rivières visibles et au cours d'eau souterrain qui se rencontrent au confluent, 'Prayag' ; d'Allahabad). Elles entrainèrent Ma vers la confluence des rivières, c'est à dire l'endroit le plus sacré pour le bain, et celle-ci y parvint, malgré une foule des plus denses, juste au moment du 'mouhourt', c'est à dire à l'heure la plus favorable d'après la tradition.

§ Nous ramenions vers Calcutta avec Ma Didi qui s'était faite traiter à Bombay pour une maladie sérieuse. Ma décida de faire une halte à Bodhgaya, l'endroit de l'illumination du Bouddha au Bihar, entre Bénarès et le Bengale. C'était la nuit, et soudain nous avons senti un parfum de fleur tout à fait remarquable; Nous pensions que Ma avait apporté avec elle un énorme panier de fleurs sans que nous nous en apercevions, mais ce n'était pas le cas. Finalement, celle-ci nous dit: "C'est le Seigneur Bouddha qui s'est manifesté à nous de cette manière."

Dasuda aime à raconter le rapport particulier qu'avait Ma avec les mourants, ou même ceux qui étaient déjà morts. Dans la tradition indienne, le guru doit être présent au moment de la mort, que ce soit sous forme physique ou subtile, pour aider ses disciples au grand passage. Nous terminons par quelques anecdotes à ce sujet:

§ C'était quelque temps après la fin tragique de Vibhuda: il s'agissait d'un chanteur très doué, mais instable physiquement à cause d'un asthme et déséquilibré psychologiquement aussi. Ma le gardait près de lui dans l'espoir qu'il se rééquilibrerait. Il avait déjà fait plusieurs tentatives de suicide, quand un jour Swami Paratmananda avait donné l'ordre de le changer de chambre et de le mettre dans le bâtiment des sadhous. Il a dit: "Si je vais là -bas, je ne survivrai pas longtemps" Et trois jour plus tard, il a réussi son suicide en se jetant sous un train à Motichur, la première petite gare juste au nord d'Hardwar. Quelques temps plus tard, Ma passait en train sur cette ligne. Panuda me dit: "Vas informer Ma que nous approchons de l'endroit où Vibhuda a rendu l'âme" Mais quand j'approchais de la couchette de celle-ci, je vis qu'elle reposait avec la tête recouverte, je n'osais donc pas la déranger; mais pourtant, au moment où nous passions à l'endroit tragique, elle s'est rassise immobile en méditation. Nous avons compris qu'elle envoyait une bénédiction à l'âme en peine de Vibhuda.

§ C'était à Vrindavan. Bunidi était une brahmacharini très proche de Ma; elle avait une maladie cardiaque et venait de passer deux journées très difficile, avec de l'oxygène. Ma était restées dans sa chambre, de six heures du matin à onze heures du soir. Un médecin occidental qui travaillait à l'hôpital de la Mission Ramakrishna juste en face de l'ashram était passé dans la soirée, avait constaté une certaine amélioration et avait demandé qu'on retire le tuyau d'oxygène. Il avait dit qu'il repasserait le lendemain matin. Il s'était trouvé que Nirvanananda avait été également immobilisé deux jours avant à cause d'un traumatisme au genou. On avait apporté pour lui un bassin dont il n'avait finalement pas voulu se servir. Ma m' a demandé de l'apporter dans la chambre de Bunidi pour que celle-ci puisse l'utiliser et évite de se déplacer jusqu'aux toilettes. Quelques temps après le départ de Ma, Bunidi s'est levée; les brahmacharinis qui la veillaient ont essayé de l'en empêcher, en lui conseillant d'utiliser le bassin. Mais celle-ci refusa catégoriquement et d'une voix irritée. Les assistantes la laissèrent donc aller aux toilettes, et là, elle tomba et rendit l'âme. Un fait intéressant est qu'à ce moment-même; Ma était en chemin pour revenir voir la malade, mais avait été stopppée par Swami Swarupananda qui souhaitait l'entretenir d'affaires de construction dans l'ashram.

§ A Rajghir dans l'ashram de Ma aux environs des années 1970 vivait un vieux Swami, Upen Maharaj. Ma vint le visiter un jour avec trois ou quatre disciples renonçants, Bhaskarananda, Nirvanananda, Keshavananda et un autre. Sans donner de raisons, elle dit qu'elle s'en allait pour quelques jours et demanda aux disciples de rester avec Upen Maharaj. Le lendemain, celui-ci leur offrit un véritable festin, il aimait beaucoup offrir des repas de fête aux sadhous. Quand après la sieste, Keshavananda est venu l'inviter à se joindre aux autres pour le thé, il n'a pas répondu. En plaisantant, Keshavananda l'a secoué pour le réveiller; ce n'est qu'à ce moment-là qu'il s'est aperçu qu'il était mort.

§ Hindu Didi était très malade à l'ashram de Naimisharanya (près de Lucknow, l'endroit où, dit la tradition, les dix-huit Puranas ont été écrits). Ma avait conseillé qu'on l'emmène à Bénarès, la voiture était venue la chercher, je l'ai installée près de l'arbuste de tulsi qu'il y avait aux environs du temple du Puran-Purush (la statue qui représente les Puranas) et j'étais reparti pour ranger sa literie pour le voyage. Quand je suis revenu, Ma était descendue 'par hasard' et Hindudi venait de rendre l'âme. D'après la tradition vaishnava, mourir à l'ombre d'un tulsi est une bénédiction qui vous fait aller tout droit à Vaikhunta, le paradis de Vishnu.

§ Miradi habitait dans une ruelle de Bénarès une petite chambre en rez-de-chaussé; elle était très malade. Ma est venue lui rendre visite avec des fleurs et des fruits qu'elle lui a offerts. Elle n'est pas rentrée à l'intérieur, mais lui a parlé par la fenêtre ouverte, et au bout de quelques temps, elle lui a demandé si elle pouvait s'en aller. Miradi a dit: "Reste encore deux minutes!" Et au bout de deux minutes, elle est morte.

§ Hari Baba, le grand bhakta de Ma qui était lui-même aussi guru, avait demandé longtemps auparavant à Didi de faire en sorte qu'il puisse passer sa dernière heure avec la main de Ma dans la sienne. Il était très malade à Delhi (Vijayananda raconte qu'à ce moment-là les médecins traitants de l'hôpital l'avaient même déclaré mort. Ma est venu le voir, et il s'est réveillé: c'est le seul cas authentifié où Ma ait resuscité un mort). En accord avec le Baba et ses disciples, Ma a décidé de partir avec eux à Bénarès. Quand l'agonie est venue, Ma a été au chevet du malade de six heures du soir jusqu'à une heure du matin, le moment du décès, et elle lui tenait continûment la main.

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Nouvelles

Shri Ma compose une pièce de théâtre sacré

par Bithika Mukerjee

Une parole de Shri Ma dit que les petites filles (kanyas) ou garçons sont comme des fleurs fraîches et immaculées, digne du Divin. Pour eux, rentrer en contact avec la dimension de la grâce toujours présente est facileet naturelle. Le kheyala de Shri Ma était toujours avec le Kanyapith. Il était donc peut-être juste que quand elle avait le kheyala de faire jouer un lila (une pioèce de théâtre sacrée, cela se passait au Kanyapith.

Lors d'une de ces soirées de représentation, Mauni Ma dit à Shri Ma; "Ma, pourquoi ne faites-vous pas une pièce de théâtre vous-même?" Shri Ma répondit immédiatement: "Dois-je faire ainsi? Participerez-vous si je dirige une représentation?" Tout le monde fut d'accord avec enthousiasme. Le jour suivant, Shri Ma me fit appeler et exprima son sentiment sur le lila qu'on devait mettre en scène le soir-même. Rétrospectivement, je réalise qu'en ceci Ma s'est révélée pleinement. Le lila, simple en lui-même, nécessiterait de nombreuses pages pour une étude approfondie de sa signification. Déjà, Shri Ma organisa une scène où acteurs et spectateurs pouvait former un groupe homogène. Shri Ma n'avait jamais le temps de me donner des instructions complètes, jer la suivais d'un endroit à l'autre avec un carnet et un crayon et je notais ce qu'elle parvenait à me dicter de temps en temps, parfois même en allant d'une réunion à l'autre. J'ai compris ses instructions de la faàon suivante:

On devait diviser le hall en huit sections ou plus. On devait en laisser les limites fluides et permettre à l'assistance de remplir sans difficulté l'ensemble de l'espace disponible, y compris celui traditionnellement réservé à la scène. Il y aurait deux personnages au centre de chaque partie. L'un représenterait un forme de Dieu, et l'autre son adoratuer. Le salle entière serait une assemblée où les gens seraient assis en groupe autour d'une 'statue' donnée. Ces groupes pourrait se fondre l'un dans l'autre; mais il y aurait des petis chemins distincts qui y mèneraient. Les groupes don’t Ma a donné le détail étaient les suivant, autant que je me souvienne: le premier des deux groupes à une extremité de la salle devait être cemlui des fidèles de Vishnou et Shiva. Dans le premier carré deux filles du Kanyapith devait prendre la posture classique de Radha et Krishna. Dans le second Didi était assise en méditation en face du Gange, et une autre étudiante était ornée comme Shiva. Deux autres groupes représentaient les fidèles de ram et du Bouddha. Dans le groupe suivant, nous avions des ascètes qui levaient les yeux avec une expression calme et seriene vers une représentation d'Adi Shankaracharya (le premier Shankaracharya). Dans une partie plutôt informe il y avait des yogis, des ganapatis et Hanuman joué par Vishuddha, qui à cette époque était bien malicieux. Je pense qu'il y afvait d'autres personnages moins clairement définis censés représentés les divinités et fidèles des formes de religions non hindoues.

Il y avait un petit balcon de l'autre côté de la salle. Les nombreux accessoires simples de ce lila y étaient rassemblés: un livre, une paire de cymbale, un colliere de rudraksha, une guirlande de fleurs, des pétales de tulsi, des feuilles de bilva et beaucoup d'autres articles de ce genre. Pendant toute la journée, Ma me dictait des bouts de lignes que je devais dire. L'idée é"tait que je devait dé"crire les diverses représetations divines en mettant en avant leur majesté et leur grandeur ainsi que leurs qualités qui captivaient le coeur de leurs fidèles. Ensuite j'appelais un assistant (Shri Ma déguisée) pour fournir aux fidèles les objets utiles qu culte de leur divinité d'élection. Shri Ma me dit: "Tu donneras l'ordre suivant, 'o toi, servate, viens ici!" J'étais étonnée et dit: "Qui suis-je donc pour appeler Ma une servante?" (dasi, un mot qui signifie aussi 'esclave')

"Il s'agit de ce corps, bien sûr!"

"Mais je ne peux vous appeler "dasi"!

"Vraiment pas."

"Non, vraiment; vraiment pas!"

Shri Ma prut un peu stupéfaite, mais didi qui était à mes côtés me soutint. Elle dépassa alors cet obstacle à son kheyal en disant, "Eh bien, j'ai eu de nombreux surnoms lorsque j'étais petite, l'un d'entre eux était Tirthavasini Mai (la dame qui réside dans les lieux de pèlerinage). Je n'avait pas d'objection à ce nom que je trouvais tout à fait adapté. Ainsi, je devais l'appeler en lui disant quelque chose de ce genre; "O Tirthavasini Mai, venez par ici, voyez comme ce verger est vbeau, comme ces personnages de Radha et Krishna sont captivants! Voyez comme les gens qui chantent le kirtan sont impliqués! On est vraiment transport& dans un autre monde dans une telle atmosphère".

Qprès ce commentaire, Shri Ma devait sortir du balcon voilée si complètement qu'elle espérait ne pas être reconnue et apporter aux fidèles des paires de cymbales qu'elle leur remettait en mains propres.