JAY MA n°44

PAROLES DE MA

 

La vision par excellence, c'est celle qui, une fois vue, ne laisse plus rien à voir et fait s'éteindre même le désir de voir.

Quand le royaume de la Pure conscience est atteint, la Forme se révèle en tant qu 'Essence même.

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Qu'est-ce que signifie la perception directe du Soi, l'Atma darshan? L'observateur, ce qui est observé et l'acte d'observation, quand ces trois (triputi) font un, on réalise Brahman.

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Ne vous laissez pas aller à un désespoir cynique. Ne dites pas : 'La Réalisation n'est pas pour moi, pas pour moi'. Prenez la ferme résolution :'Je dois atteindre la Réalisation du Soi, je dois vraiment.' Douter, c'est pécher.

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L'acceptation parfaite donne la joie la plus profonde. Appuyez-vous sur elle comme sur votre seule ressource.

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L'effort a faire, c'est de s'abandonner sans réserve à Lui. Vous n'aurez alors ni chagrin, ni douleur, ni déception ni frustration.

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Un désir d'objet mondain vous rend misérable s'il n'est pas satisfait; s'il l'est, il est presqu'obligatoirement suivi par d'autres désirs, et leur enchaînement trouble la paix de votre esprit.

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Le Soi contenu en lui-même et se lançant un appel à lui-même pour sa propre Révélation -c'est cela le bonheur.

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QUESTIONS A VIJAYANANDA

 

Q : Vous dites parfois qu'une posture stricte est nécessaire quand on fait le yoga de l'éveil de l'énergie (kundalini), mais qu'on peut faire le japa ou observer l'esprit dans n'importe quelle position. Pourtant, ces deux dernières formes de méditation ne demandent-elles pas elles aussi d'avoir une bonne énergie?

V : Tout dépend ce que vous entendez par le mot "énergie". Dans le Yoga de la Kundalini, ce que l'on veut éveiller, c'est une "super-énenergie" qui vous permette d'aller plus rapidement dans l'illumination. Cette énergie est une sublimation (ou plutôt une divinisation) du pouvoir qui chez l'homme ordinaire est gaspillé dans les relations sexuelles. Pour suivre ce Yoga, il faut donc observer une chasteté totale et une vie de reclus. Quand la Kundalini s'éveille et monte dans le canal central, une mauvaise position du dos risque de bloquer cette montée. De toutes façons quand cette montée se fait,la colonne vertébrale devient droite spontanément.

Quant aux méthodes basées sur le japa et l'observation de l'esprit, ce sont des méthodes préliminaires pour purifier le mental, et le préparer à la possibilité d'un éveil du pouvoir Divin. Elles peuvent être pratiquées dans les conditions de la vie de tous les jours. Elles sont encore du domaine de la pensée parlée. Quand la force vitale rentre dans le canal central (c'est à dire quand la Kundalini monte le long de la sushumna nadi), le mental devient silencieux et il n'est plus question ni de vichara ni d'observation du mental.

 

Q : (un visiteur italien) Où se trouve la félicité?

V : La Félicité, l'Ananda est partout, elle est la base, le motif essentiel de toutes nos activités, en fait de toute vie. La Taittiriya Upanishad dit :'Qui donc agirait, qui donc respirerait si cette Félicité n'était pas dans l'espace?...' Cette base de toute existence, le 'champ unifié' des physiciens est fait d'une masse indivisée de Conscience-Bonheur (chidananda). Nous la percevons à travers l'épais voile de notre agitation mentale. Les nuages nous cachent le soleil; mais même leur couleur noire n'est visible que parce que le soleil est derrière eux.

 

Q : Parfois, vous dites qu'il faut regarder ses peurs, voire même ses désirs en face, et à d'autres moments qu'il est meilleur de regarder le mental du coin de l'oeil. N'est-ce pas contradictoire?

V : Oui, c'est vrai que la bonne méthode pour observer le mental est de le regarder 'du coin de l'oeil' en concentrant l'attention sur un support (un mantra ou une image, etc..) parce que si on regarde le mental de face, il risque de créer des formations artificielles; c'est en effet sa nature de proliférer quand on tente de l'analyser. Quand je disais qu'il faut faire face à une peur, car si on ,essaye. de la fuir elle ne fera que s'intensifier, c'est que dans ce cas il s'agit de regarder en face l'objet qui a produit cette peur et non la pensée peur. Il ne faut pas se concentrer sur le sentiment-peur, car cela risque de l'intensifier, mais sur la cause qui a produit cette peur. En lui faisant face, on peut vaincre la peur plus facilement.

 

Jiten Babu : Si on cherche a se raccrocher au bonheur de la vie de famille quand on mène celle-ci, on ne doit pas avoir besoin d'autre chose?

Ma : Si vous cherchez à vous raccrocher à quelque chose. vous êtes partis pour le perdre. Le bonheur (ananda) dont je parle déjoue toute appropriation. Il vient de lui-même et demeure à tout jamais. Dans ce cas. le bonheur n'est pas quelque chose de travaillé laborieusement; c'est un don de la nature. Le bonheur qui provient des objets matériels est le produit d'un effort, est transitoire, tandis que le bonheur qui vient de Satchidananda est éternel; mais on doit mettre de côté ce bonheur aussi, et s'élever au-dessus; ceci cependant fait référence à un stage ultérieur. Pour le moment, tout ce que je peux dire, c'est que nous avons à l'intérieur une joie plus durable que celle que nous pouvons expérimenter dans la vie de famille. Nous devons essayer de nous y installer.


 QUELQUES SOUVENIRS DE MA

Par Claude Portal

 

C'était en 1971, je préparai un projet pour aller en voiture en Inde avec mon épouse, mais elle était réticente et l'idée a dû être abandonnée avec la naissance de notre premier garçon en mars 1972!

Ma me donna son premier darshan grâce au livre 'L'hindouisme vivant' de Jean Herbert (1975). La troisième section de ce livre présentait quelques maîtres spirituels de ce siècle en deux ou trois pages avec une photo pour chaque. Le nom de Ma Anandamayi y était avec ceux de Ramakrishna, Tagore, Aurobindo, Papa Ramdas et Vivekananda.

Pour ouvrir cette partie, il y avait une belle image de Ma souriante, dans une position inhabituellement relaxée, assise sur le sol avec les genoux sous le menton. Je commençais à lire cette partie en cherchant si l'un de ces Grands était encore de ce monde, j'avais un fort désir de voir un saint vivant. Le seul dont la date 'd'abandon du corps' n'était pas mentionnée était Ma! Les commentaires et les paroles de Ma qui étaient cités étaient très attirants . Un grand intérêt s'éveilla en moi et je me dis 'je dois la voir absolument!'. Je trouvai alors un second livre de Jean Herbert 'L'enseignement de Ma Anandamayi'. J'acceptai comme Vérité la compagnie de ces trois cents pages d'enseignement de Ma, c'était une préparation. Je fis aussi en 76-77 une année de sanskrit à l'Université. Mais comment trouver Ma en Inde lorsque vous vivez en France et connaissez si peu sur l'Inde?

Notre première visite en Inde eut lieu en 1977. C'était un itinéraire touristique habituel en compagnie de mon épouse. Nous avons visité Delhi, Agra, Jaipur, Udaipur et Bénarès. En préparant le voyage, j'ai vu dans le guide qu'on mentionnait un ghat appelé 'Anandamayi ghat' à Bénarès, ce qui était exceptionnel dans la mesure où Ma était encore vivante. C'était le signe que j'attendais et donc, une fois à Bénarès, je cherchais dans le bottin de téléphone et j'appelais Ma! On me dit qu'elle n'était pas là. Nous avons visité l'ashram le 3 novembre. Je m'inclinais dans le hall principal en face de la photo de Ma, c'était mon premier pranam. J'achetai quelques livres, et on me dit d'écrire à un Swami français à Kankhal.

De retour en Erance, je me mis à lire et apprendre chaque jour du second volume de 'Matri Vani'. J'ai écrit à Swami Vijayananda, pris deux semaines de vacances et suis revenu en Inde pour voir Ma en mai 1978. J'arrivai à Kankhal le 2 mai et fut accueilli par Swami Vijayananda. Le matin suivant, j'avais mon premier darshan de Ma sous forme physique. Elle arriva comme prévu à dix heures du matin et entra dans l'ancien ashram entouré par la foule qui l'avait attendue.

Je restais en retrait et regardais respectueusement Ma. On lui proposa de s'asseoir sur une chaise au milieu d'une petite cour avec un grand nombre de gens tout autour. Je m'adossai au mur de gauche, joignis mes mains et fermai les yeux. Après quelques temps, je les ouvris, Ma était en face de moi, me regardant, toujours assise à la même place, la cour était vide, personne d'autre n'était là ! Je fermais les yeux à nouveau et restais immobile. Je sentais que j'étais sous le regard du Seigneur, pleinement conscient de Sa Présence, avec une résonance intérieure profonde et au-delà de mon contrôle, en dehors du temps et de l'espace. Des larmes me vinrent. J'avais vu 'le Père qui est aux cieux'.

Le même jour à six heures je pus me retrouver dans une réunion à Surat Giri ashram, et j'eus mon second darshan de Ma qui m'adressa un sourire de bienvenue que je reçus comme un éclair. Je ressentis ces deux darshan comme un privilège extrême et en même temps l'impression de quelque chose de déjà connu. Le lendemain Swami Vijayananda me dit que je n'étais pas autorisé à aller à la rencontre de six heures mais qu'il n'avait pas réussi à me le dire à temps!

Les jours qui ont suivi, je participais aux darshans et Ma m'offrait quotidiennement une communion intense et directe avec Elle à travers ses yeux ou son sourire. Le 10, j 'allais à pied derrière la voiture de Ma durant la procession qui accompagnait dans Hardwar la statue de Shankaracharya destinée à étre installée dans le hall de l'ashram. Depuis 1978, je suis venu à la plupart des Samyam Saptah, la première fois à Nadiad avec mon épouse, ensuite à Kurukshetra, puis de nouveau avec mon épouse à Rishikesh en 1980.

Pendant les vacances de Pâques 1980, j'emmenai toute ma famillle, ma femme et les deux garçons qui avaient 7 et 9 ans à Kankhal pour le darshan de Ma que nous avons eu le 11 avril. Nous avons passé plus d'une semaine au Tourist Bungalow d'Hardwar et sommes venus chaque jour pour le darshan à Kankhal. Les garçons s'attendaient aussi à une visite du Corbett National Park que j'avais évoquée pour avoir le 'darshan' du tigre blanc du Bengale, mais je ne pouvais me résoudre à faire perdre à ma famille tant qu'elle était en Inde un quelconque darshan de Ma, 'le tigre ne relâche jamais sa proie'!

A cette époque, je demandai à Swami Bhaskarananda si je devais faire une requête en vue d'une initiation. Il me dit 'nous verrons, Ma n'est pas très bien'. Mon épouse et moi-même sommes venus à la Samyam Saptah de Kankhal en 1981. Le 3 novembre, trois français reçurent l'initiation, c'était mon quarantième anniversaire, la pensée de demander l'initiation me passa à l'esprit, mais fut remplacée par une autre : la fête du Guru, gurupurnima, est la meilleure date pour ce type de cérémonie. Le 11 janvier 1982, Ma me dit en rêve :'Je vais te donner l'initiation.' Je décidai donc d'aller en Inde pour la gurupurnima 1982 afin de recevoir la diksha. Je pris quatre semaines de vacances et arrivai à Dehra-

Dun le 31 juin. Le 6 juillet, jour de gurupurnima, Ma me donna un guru mantra par l'intermédiaire de Bhaskarananda. Le mardi 8 juillet, Ma me conféra la diksha et sa bénédiction.

Je dois dire qu'avant la diksha en 1982, pendant la méditation silencieuse avec Ma, j'avais reçu un mantra que j'avais pratiqué jusqu'à la Samyam suivante. Ma femme vécut un procesus similaire, avec une initiation de Ma en 83 un matin juste avant son réveil.

Parler des faits, des dates et des évènements extérieurs n'est pas difficile. Mais se souvenir et révéler ce qui est arrivé en même temps que les faits matériels ou en leur absence est bien plus délicat, étant limité par la mémoire, la compréhension, la conscience et la capacité à l'exprimer par des mots. Je n'ai jamais demandé un entretien privé ni n'ai utilisé ma voix pour parler avec Ma.

Je me suis trouvé incapable de formuler une question, toutes se dissipaient ou je les percevais comme sans intérêt; après un certain temps, j'eus l'attitude intérieure suivante :'Pourquoi poser des questions au Seigneur, à l'absolu?' Une fois, à Kurukshetra, lors de mon dernier soir là-bas, je vis une longue queue à la porte de Ma, je me suis mis à attendre aussi et quand ce fut mon tour après longtemps, la dame qui gardait la porte me dit :'C'est tout pour aujourd'hui '.

Quand on était en face de Ma, c'était si facile d'ouvrir les yeux et de voir le Non-manifesté dans le manifesté, le Seigneur dans 'ce corps' en face de vous, quel miracle! C'était quand même extraordinaire également d'écouter Sa voix, Ses paroles. Le manque de compréhension du hindi et du bengali, la distance et les règles de séparation imposées par l'entourage de Ma ont été des facteurs qui m'ont aidé à ne pas m'attacher à Son corps, de plus cela me donna une occasion unique de faire le maximum pour aller au-delà de ce qui était dit ou entendu, pour tenter de saisir l'essence et en même temps de m'abandonner au Seigneur. 'Que Ta volonté soit faite'. Et cette expérience s'est répétée chaque année, quand j'observais le silence (maun) pendant la semaine que durait la Samyam Saptah.

Servir le Seigneur, recevoir des conseils et des instructions de sa part, être embrassé par Lui, lui porter de la nourriture à la bouche, recevoir dans ma propre bouche de la nourriture de Ses mains, conduire Sa voiture, coucher dans Sa chambre, faire le pranam complet à Ses pieds, Lui parler, être appelé au téléphone par Lui..tout cela ne s'est pas produit physiquement entre le corps de Ma et moi-même. Mais tout ceci - et bien plus - m'a été donné par Sa grâce, par Elle-même sous la forme de Swami Chidananda, de Mère Krishnabai, de Mata Amritanandamayi. Tout est la grâce et la bénédiction de Ma! Jay Ma!

(Amrita Varta, avril 1996)


LA MORT DE KAWNA

 

Bithika Mukerjee est la biographe de Ma. Dans un livre en préparation,'My days with Sri Ma Anandamayee', elle parle de son lien et de celui de ses parents et de sa famille avec Ma. Dans le passage ci-dessous, publié dans Amrita Varta en 1996, elle décrit en détail la mort de sa cousine Kawna, décédée de tuberculose intestinale à l'ashram de Ma à Dehra-Dun en 1942, alors qu'elle était encore étudiante. Il est intéressant de voir en détail comment Ma s'est occupée d'elle et a mis en évidence la dimension spirituelle d'un événement qui pour d'autres n'aurait semblé que cruel ou absurde.

Renudi se souvient que quand elle arriva à l'ashram de Raipur (Dehra-Dun) avec Kawna, elle vit immédiatement Sri Ma qui était debout au bord de la terrasse, les regardant descendre de leur voiture à cheval (tonga). Kawna, sans un regard vers l'arrière, s'avança et monta les escaliers (très raides) qui montaient avec deux paliers jusqu'à la terrasse. Elle ne paraissait pas malade du tout. Ma reçut Kawna, Renudi et ma mère avec bonté et on leur donna deux chambres dans la cour, du côté opposé à la terrasse.

Sri Ma elle-même veilla à tous les détails du confort de Kawna ! Comment arranger le lit et la chambre, quelle nourriture on devait lui donner, etc...Un fidèle de Sri Ma qui était un docteur, Bharat Bhai de Jullundhar l'examina et prescrivit des médicaments. Sous peu, c'était tout l'ashram qui se mit à s'impliquer pour le bien-être de Kawna. Comme la fièvre persistait, Sri Ma lui demanda de garder le lit. Elle visitait la chambre chaque jour et s'asseyait sur une cantine en métal sur laquelle Renudi avait disposé une couverture pliée. Chaque soir, lorsque Ma se promenait sur la terrasse, elle marchait seulement dans un coin de celleci. Après quelques jours, les gens réalisèrent qu'elle marchait à l'endroit qui était visible à Kawna quand elle reposait sur son lit, et donc le peu de visiteurs qui venaient prenaient soin de ne pas s'interposer.

Tout le monde s'attacha à cette jeune fille (elle n'avait pas vingt ans) qui supportait sa maladie si bravement et en se plaignant si peu. Sevaji vint tous les jours pour voir Kawna, ses grands yeux brillants en fleur de lotus et son sourire charmant qui resta tel jusqu'au dernier jour.

Les temps étaient durs. Le mouvement 'Quit India' ('quittez l'Inde', pour faire partir les anglais) lancé par Gandhiji avait affecté la plus grande partie du pays. Le gouvernement britannique le réprimait impitoyablement. Pour quelques temps, l'euphorie d'une poussée de sentiment en faveur de l'indépendance était masquée par le règne de la terreur. Les postes ne fonctionnaient plus, les trains étaient très rares et servaient principalement pour le mouvement des troupes. Mais les fidèles de Dehra-Dun venaient régulièrement à pied jusqu'à Raipur. Ils se proposèrent pour faire les quelques courses nécessaires. Kawna semblait s'affaiblir chaque jour un peu plus. Ma mère et ma soeur étaient constamment auprès d'elle, particulièrement ma mère qui demeurait presque continûment à son chevet. Renudi se lia d'amitié avec deux autres jeunes filles qui habitaient à l'ashram, Maranidi et Savitri Manima. En dehors de Didima, Didi et Ruma Devi, c'étaient surtout des brehmacharis et des sadhous qui vivaient là.

Rien ne semblait pouvoir améliorer l'état de Kawna. On alla chercher un docteur éminent de Dehra-Dun pour l'examiner. Le Dr Mitra diagnostiqua une tuberculose intestinale. On se souvient qu'à cette époque, il n'y avait pas de médicaments pour cette atteinte terminale, si ce n'est de l'air frais et une bonne nourriture. On ne dit pas à ma mère et à ma soeur que d'après le Dr Mitra, Kawna n'en avait plus que pour trois mois. Sri Ma elle-même supervisait tous les repas. Une nuit elle sortit avec une lampe-torche dans les zones de forêt dense alentour. Didi et Renudi allèrent avec elle. Sri Ma montra certaines plantes médicinales à Didi, qui les cueillit et les prépara sous sa direction. Elles revinrent chez Tanna, et Didi porta à la bouche de Kawna une cuillerée de la substance. Celle-ci l'avala non sans difficulté. Sri Ma resta longtemps pour voir les réactions (peut-être?). Aussitôt qu'elle s'en alla, Kawna rendit le tout. Elle se retenait non sans mal par politesse. Renudi alla dire à Ma que le médicament n'avait pas été toléré. Sri Ma remarqua d'une voix douce :'Vous voyez, le corps rejette tout effort d'inverser le processus. Désormais, il ne durera pas longtemps.'

Le jour suivant, Sri Ma apporta une sorte de robe qui lui appartenait et des sous-vêtements, et dit à ma mère :'Vous trouverez que ces vêtements sont plus commodes tant qu'elle garde le lit'. Elle aida elle-même ma mère à changer Kawna. Sri Ma invita alors tous les sadhous à venir dans la chambre et à la bénir en lui touchant la tête. Après que tous l'aient fait, Didi demanda à Sri Ma si elle même ne voulait pas aussi bénir Kawna. 'Vraiment?' dit-elle, et elle passa ses mains trois fois sur elle, de la tête vers les pieds. Elle lui demanda ensuite :'Tu aimes bien les kirtans : voudrais-tu qu'on en chante prés de ta chambre?'

'Oui' dit-elle avec un grand sourire.

'Quel nom?' Kawna hésita, car elle pensait que tout le monde s'attendait à ce qu'elle demande de réciter le nom de Ma. Sri Ma dit de nouveau :'Dis le Nom de ton choix!' 'Krishna'. Ainsi donc, Abhayda et ses companions chantèrent du kirtan tous les soirs en face de la chambre de la patiente. Abhayda n'était pas du genre à se laisser imposer un emploi du temps régulier, mais d'une façon ou d'une autre tous les résidents de l'ashram et les quelques visiteurs de passage faisaient tout leurs possible pour rendre service à cette jeune fille dévouée, qui restait là, si patiente, avec les yeux fixés sur la porte en attendant l'arrivée de Ma. Elle ne demanda jamais la présence de Sri Ma, ni ne chercha à prolonger ses visites. A chaque fois que Sri Ma disait 'Est-ce le moment de m'en aller?' elle faisait un signe de tête et souriait.

Après que Sri Ma ait changé les vêtements de Kawna, elle sembla avoir une légère amélioration. C'était l'impression de ma soeur que Sri Ma lui avait aussi donné un mantra, car elle était restée quelques minutes seule avec elle alors que ma mère attendait dehors. La sensation persistante de nausée et de mal d'estomac la quitta. Elle recouvrit quelque peu l'appétit Sri Ma lui demanda si elle désirait quelque chose de particulier à manger. Kawna, avec son sourire franc, dit 'Oui, du pain!' Il se trouvait que le pain des boulangeries n'était pas consommé dans les ashrams, on pensait que ce n'était pas une nourriture convenable pour les résidents. Cependant, Sri Ma ne fit pas d'objection et Bharat Bhai s'en alla à pied jusqu'à Dehra-Dun pour aller en chercher. Pendant trois ou quatre jours Kawna mangea toutes sortes de nourritures qu'on croyait ne pas lui convenir et les digéra bien. Ma soeur lui fit des frites. Elle nous dit que Kawna avait nombre de souvenirs qui lui revenaient.

Elle parlait beaucoup de sa vie à l'université et de ses amies d'Allahabad.

Cependant, un jour (le 14 septembre 1942), la nausée revint, elle ne pouvait plus rien digérer; on remarqua dans ses vomissements quelques gouttes de sang. Ma soeur rendait compte des moindres changements de l'état de la patiente à Sri Ma. Quand celle-ci entendit ces nouvelles, elle dit 'Le temps est venu. J'espère qu'ils ont fait tous les préparatifs.' Elle avait elle-même mis de côté une grande guirlande qu'on lui avait apportée un peu plus tôt. Sri Ma vint dans la chambre de Kawna avec Swami Akhandanandaji (le père de Didi). Elle lui parla à sa manière habituelle, de façon intéressante et en la faisant beaucoup rire. Puis elle lui dit :'C'est un honneur d'être initiée au mantra du sannyas dans l'enceinte sacrée de l'Uttarakhand (la 'partie nord', la région qui va de la plaine aux sources du Gange). Quelle chance tu as que de tels sadhous soient là pour s'occuper de toi! Il y a seulement Brahman, le Un sans second (ekamevadvitiya Brahman)'

Le regard de Kawna était fixé comme d'habitude sur le visage de Ma. Elle manifesta son accord d'un signe de tête. Sri Ma demanda à tous de quitter la pièce. Elle resta elle-même avec Swamiji, qui recita le mantra du renoncement total de tout son coeur à la patiente qui n'avait plus que quelques minutes à vivre; mais cela, personne ne le savait.

Sri Ma rappela tout le monde dans la chambre et on reprit une conversation normale. Didi fit 'charanamrita (l'onction des pieds du guru) et mit paisiblement quelques gouttes du liquide dans la bouche de Kawna (selon une tradition répandue en Inde). Abhayda, Shobanda, Kanu et d'autres brahmacharis étaient assis à l'extérieur de la chambre et chantaient le mahamantra, la pièce était pleine de sadhus en robe orange. Après quelques temps, Kwana dît à Swamiji de façon un peu précipitée: 'Je ne pense pas que j'ai oublié le mantra; pouvez-vous me le redire?' Tout le monder se disposa à quitter la pièce, mais avant qu'ils n'aient bougé, elle dit :'Non, non, c'est bon, je m'en souviens!' Elle paraissait se relaxer et être sereine comme à son habitude. A l'extérieur, la nuit tombait. Sri Ma se leva, s'approcha d'elle et lui dit 'est-ce que c'est le moment que je m'en aille?' Kawna approuva d'un signe de tête. Sri Ma passa trois fois ses mains de la tête aux pieds de Kawna dans un geste de bénédiction et de caresse qui la caractérisait d'une façon inimitable. Elle s'en alla lentement vers la porte en regardant par derrière la jeune fille dont les yeux grand ouverts et plus brillant que jamais étaient fixés sur son visage. Sri Ma sortit de la pièce suivie par seulement Renudi. Tous les autres, y compris Didi, restèrent au chevet de Kawna. Aussitôt que Sri Ma sortit de la pièce, le regard brillant s'arrêta. Didi, Swamiji et les autres dirent par la suite qu'il semblait que Sri Ma avait pris Kawna avec elle. Ma soeur vint avec Sri Ma dans sa chambre; celle-ci s'assit tranquillement sur son lit et lui dit

:'Ne pleure pas; les lamentations à propos de ceux qui partent mettent ceux-ci dans un état de détresse.' Renudi comprit par ces mots que Kawna n'était plus. Il n'y avait pas eu d'indications que Kawna s'enfonçait ou n'était plus comme d'habitude. Sri Ma dit à nouveau :'Les sons du mahamantra, tant de sadhous en robe orange assis à ses côtés, on dirait qu'elle a provoqué la survenue d'une grande cérémonie (mahotsava) pour l'heure de son départ'.

Après quelques temps, ma mère s'aperçut aussi que Kawna s'en était allée au-delà de ses attentions et de sa tendresse. Elle vint dans la chambre de Ma et s'assit tranquillement à ses pieds avec Babu sur les genoux. Renudi était debout tout près. Tous les autres étaient occupés dans la chambre de Kawnadi. Swami ParamanandaJi organisa la procession funéraire composée des brahmacharis et de quelques sadhus. Dans notre tradition, la crémation se doit d'étre accomplie au plus tôt. A cette époque, il n'était pas question d'informer mon père ou d'attendre sa venue à temps. De toutes façons Sri Ma considéra comme acquis son accord complet pour la manière dont elle résolvait ses affaires, que ce soit à cette époque là où plus tard.

Le ciel se couvrit et il se mit à pleuvoir. Le petit groupe de femmes auprès de Ma suivit des yeux les brahmacharis qui ramassèrent le brancard en bois sur lequel on avait déposé le corps de Kawna. Didi l'avait orné de guirlandes et de tissus neufs procurés par Ma elle-même. Elle paraissait endormie et paisible.

Tous les sadhous, mis à part Swami Akhandanandaji et Mukti Maharaj accompagnèrent le cortège. Les échos du mahamantra s'élevaient Sans l'atmosphère. Comme les hommes se frayaient un chemin à travers la vallée, on pouvait facilement les distinguer grâce à l'oscillation de leurs lanternes. L'ashram de Raipour donnait sur de grands éboulis entrecoupés par le ruban les torrents. Sri Ma dit :'Il pleut, pourront-ils allumer un feu dans ces conditions? Voyons quelle sera la volonté de Dieu.' Sri Ma continua à regarder les lumières qui scintillaient dans la vallée. Elle restait pour un temps sur son lit en bois, puis sortait du hall et retournait près des fenêtres grandes ouvertes qui donnaient du côté de la vallée. Tous virent un feu éclatant s'élever. Malgré la pluie, les charmants coteaux furent illuminés par les reflets du feu qui brillait. 'Mukti Maharaj avait été saisi d'émotion sans s'y attendre et ses yeux se brouillèrent de larmes. Il dit sur un ton boulversé qui lui était inhabituel :'Quelle façon glorieuse de partir de ce monde! Ma, seulement une! Pourquoi seulement une! Pourquoi n'aidez-vous pas des dizaines d'entre nous à passer de l'autre côté de cette façon?'

Les hommes retournèrent à l'aube. Sri Ma n'avait eu que peu de repos pendant la nuit. Elle avait parlé de temps en temps de la nature brillante et ouverte de Kawna, de son acceptation totale, de sa sérénité dépourvue de toute revendication et ce ses bons samskaras (impressions profondes, inconscientes venant du passé) qui avait rendu possible la confluence de tant d'éléments de bonne augure : la sainteté de l' Uttarakhand (cette partie des Himalayas), rien que des brahmacharis pour porter sa civière et des sadhous pour accomplir les derniers rites. L'assistance ajouta le plus important des facteurs, la présence de Sri Ma. Didi déclara qu'elle n'avait jamais vu Sri Ma autant impliquée lors de la mort de quelqu'un, pas même lors de celle de Bhaiji. A son retour, Paramanandaji dit qu'ils avaient eu peur que le bois mouillé ne prenne pas, mais ils furent tous stupéfaits de voir des flammes brillantes s'élever, qui paraissaient avoir une énergie et une vie qui leur était propre. Sri Ma dit :'La chasteté (brahmacharya) stricte de plusieurs vies a créé cette énergie (brahmateja, littéralement la chaleur, l'éclat de Brahman); point n'a été besoin d'une grande énergie pour consumer le corps qui était sattvique et donc léger, brillant et prêt à se mêler aux éléments.

Le lendemain, l'ashram semblait étrangement vide. Les visiteurs étaient frappés par la nouvelle du décès de Kawna. Sevaji se mit à pleurer, en disant que ce sourire qu'elle avait attendu et désiré jour après jour lui manquerait. Sri Ma continua à parler à tout un chacun de Kawna pendant les quelques jours qui suivirent...

(Extrait d'Amrita Varta, octobre 1996)


ADVAITA BODHA DIPIKA

 

Nous donnons ci-dessous des extraits de 'La lampe de la Connaissance non-duelle qui est un texte classique hautement recommandé par Ramana Maharshi et dont la traduction anglaise a été révisée en sa présence. Il s'agit du chapitre VIII consacré à manonasha, la destruction. l'extinction du mental.

 Le maître parle maintenant de l'extinction du mental (manas, mind) comme du seul moyen de réaliser Brahman :

Le maître : Ô fils, toi qui es sage, abandonne le mental qui est un voile limitant et engendrant l'individualité, et qui cause ainsi la grande maladie des naissances et des morts répétées, et réalise Brahman.

Le disciple : Maître, comment le mental peut-il s'éteindre? N'est-il pas très difficile de faire ainsi? Est-ce que le mental n'est pas puissant, indiscipliné et constamment en train de vaciller?

M : Abandonner le mental est très facile, aussi facile qu'écraser une fleur délicate, retirer un cheveu collé à la surface du beurre ou cligner des yeux. N'en doute pas. Pour un chercheur résolu, qui se tient bien en main et qui n'est pas ensorcelé par les sens, mais qui est devenu indifférent aux objets extérieurs grâce à un détachement intense, il ne peut y avoir la moindre difficulté à abandonner le mental.

D : Comment est-ce si facile?

La question de difficulté ne se pose que s'il y a un mental à abandonner. A vrai dire, il n'y en a pas. Quand on dit à un enfant :'Il y a un fantôme', l'enfant ignorant s'illusionne en croyant à l'existence d'un fantôme non-existant, et il est sujet à la peur, la misère et les ennuis, de même la fausse entité du mental se manifeste quand on imagine des choses qui ne sont pas comme étant ceci ou cela dans le Brahman sans tache. Le mental se met alors à fonctionner comme ceci ou cela, et à s'avérer incontrôlable et puissant pour celui qui ne se méfie pas, tandis qu'il est facile à délaisser pour le chercheur qui se tient bien en main, est doué de discernement et connaît sa propre nature. Seul l'idiot qui l'ignore dit que c'est vraiment difficile...Dans le Yoga Vasishta, Vasishta dit 'Ecoute, ô Rama, il n'y a rien qu'on puisse appeler le mental. De méme que l'éther existe sans forme, de même le mental existe comme un état de stupeur où l'on ne sent rien (blank insentience). Seul son nom persiste, il n'a pas de forme, il n'est ni à l'extérieur, ni dans le coeur; et pourtant, comme l'éther, le mental remplit tout bien qu'étant lui-même dépourvu de forme.

D : Comment cela se peut-il?

M : A chaque fois que la pensée se manifeste comme ceci ou cela, il y a mental...

D : Comment amener celui-ci à l'extinction?

M : Tout oublier est le moyen ultime. Si ce n'est dans la pensée, le monde ne se manifeste pas. Ne pense pas, et il ne se manifestera pas. Ouand rien ne se manifeste dans le mental, il est lui-même perdu. Ne pense donc à rien, oublie tout. C'est la meilleure façon de tuer le mental.

D : Est-ce que quelqu'un a déjà dit cela auparavant?

M : Vasishta a dit à Rama :'Efface les pensées de tout genre, que ce soit celles des choses dont tu as joui ou non, ou celles de tout le reste. Comme le bois ou la pierre, demeure libre des pensées.

Rama : Est-ce que je dois tout oublier complètement?

Vasishta : Exactement; oublie tout complètement et demeure comme du bois ou de la pierre.

Rama : Il en résultera une inertie stupide comme celle des pierres ou du bois.

Vasishta : Ce n'est pas le cas. Tout ceci n'est qu'illusion. En oubliant l'illusion tu t'en libères. Bien que paraissant inerte, tu seras la Félicité Elle-même. Ton intellect sera complètement clair et acéré. Sans te laisser piéger par la vie du monde, mais en apparaissant actif aux yeux des autres, continue à être la Félicité même de Brahman et sois heureux. Que l'illusion du monde ne soit pas comme la couleur bleue du ciel, qu'elle ne réapparaisse pas dans l'éther pur du Soi- Conscience. Oublier cette illusion est le seul moyen de tuer le mental et de continuer à étre Félicité. Sans en passer par là, la réalisation n'est pas possible même si Brahma, Vishnouet Shiva te donnaient leurs instructions. Si tu n'oublies pas tout, tu ne pourras devenir cette immobilité qui n'est autre que le Soi.

D : N'est-ce pas très difficile d'y arriver?

M : Certes, pour l'ignorant, c'est difficile, mais c'est aisé pour les quelques uns qui sont doués de discernement. Ne pense jamais à quelque chose d'autre que le Brahman unique et d'un seul tenant. Par une longue pratique dans ce sens, tu oublieras facilement ce qui n'est pas le Soi. Il ne peut être difficile de rester calme et silencieux sans penser à quoi que ce soit. Ne laisse pas de pensées s'élever dans le mental; pense constamment à Brahman. De cette façon, toutes les pensées du monde vont s'épanouir et la pensée de Brahman seule demeurera. Quand cette pensée se stabilisera, va jusqu'à l'oublier, et sans même penser 'Je suis Brahman', sois ce Brahman même. Ceci ne peut être difficile à pratiquer.

Maintenant, mon fils, toi qui es sage, suis ce conseil. Cesse de penser à quoi que ce soit, si ce n'est Brahman; par cette pratique, ton mental s'éteindra; tu oublieras tout et tu demeureras en tant que pur Brahman.

Celui qui étudie ce chapitre et suit les instructions qu'il contient deviendra rapidement Brahman lui-même!

(Extrait de 'The Mountain Path', décembre 96)


LAGHU YOGA VASISTHA

 (traduit de l'édition anglaise de Ramanash ram par Vyasan)

 Suivre la méthode habituelle d'enseignement sert seulement à maintenir la tradition. La conscience pure résulte uniquement de la clarté de compréhension du disciple.

Le Seigneur ne peut Être vu à l'aide des textes sacrés ou du Guru. Le Soi est vu uniquement par le Soi, grâce au pur intellect (buddhi).

Tous les arts acquis par les hommes sont perdus lorsqu'ils ne sont pas pratiqués; mais l'art de la sagesse croît constamment une fois que celle-ci est éveillée.

Tout comme un ornement porté autour du cou est considéré comme perdu si on l'oublie, puis est retrouvé lorsqu'on s'aperçoit de son erreur, de même le Soi est atteint (lorsque l'illusion s'efface) par les paroles du Guru.

Il n'a vraiment pas de chance celui qui, ne connaissant pas son propre Soi, tire plaisir des objets des sens; il est comme quelqu'un qui réalise trop tard que la nourriture qu'il a avalée était empoisonnée.

L'homme perverti qui, même en sachant que les objets du monde sont trompeurs, pense encore à eux, est un âne, et non pas un homme.

Même la moindre pensée plonge l'homme dans le chagrin; lorsqu'il n'a plus de pensée du tout, il goûte la félicité impérissable.

Tout comme nous avons l'illusion de l'écoulement de plusieurs centaines d'années dans un rêve qui ne dure qu'une heure, de même avons-nous l'expérience du jeu de maya durant l'état de veille.

Est un homme heureux celui dont le mental est calme intérieurement, libre de l'attachement et de la haine et qui regarde ce monde comme un simple spectateur.

La vie de celui qui a bien compris comment abandonner toute idée d'acceptation et de rejet, et qui a réalisé cette conscience qui est à l'intérieur, au plus profond du coeur, cette vie-là est illustre.

Au moment de la dissolution du corps, seul l'éther (la conscience) limitée par le coeur (hadayam) cesse d'exister. Les gens se lamentent inutilement que le Soi est éteint.

Lorsque des pots, etc... sont brisés, l'espace qu'ils contenaient devient illimité. De même, lorsque le corps cesse d'exister, le Soi persiste, éternel et indépendant.

 


EN COMPAGNIE DE MA ANANDAMAYI

par Amulya Kumar Datta Gupta

 

Nous entamons maintenant la traduction par épisode de larges extraits du journal d'Amulya Kumar Datta Gupta. Ce dernier avait un poste de responsable dans l'éducation à Dhaka. Il rencontra Ma pour la première fois en 1933, et devint un disciple proche d'elle tout en continuant à vivre dans le monde. Il est connu dans le milieu de Ma pour la précision et l'intelligence avec lesquelles il rendait compte des dialogues avec Ma et de leur contexte. Quand il était proche de Ma, il n'avait pas comme Didi mille choses pratiques à faire pour l'ashram et pouvait se concentrer plus facilement sur ce qu'enseignait Ma. Ses carnets de notes d'abord publiés en bengali n'ont été traduits que relativement récemment en anglais. Le texte ci-dessous concerne sa première rencontre avec Ma à l'ashram de Ramna à Dhaka, accompagné de son ami Jagadish Babu.

Jagadish Babu toucha les pieds de Ma tandis que je la saluais un peu à distance . A la vue de Jagadish Babu, elle se laissa aller à un sourire serein et immaculé et dit :'Babaji, j'espère que ça va!' 'Oui, Ma, pas mal!' Ma s'enquit aussi de la santé de ses filles. Il y eut ensuite un silence après lequel il demanda pour faire parler Ma :' je ne trouve de vrai plaisir en rien.' Ma répondit 'C'est ainsi qu'il doit en être. Vous êtes modelé sur la joie parfaite. Comment une joie tronquée pourrait vous satisfaire? Vous avez en vous un avant-goût de la joie pure. Vous voyez comment c'est. Quand quelqu'un va au marché, vous lui demandez de rapporter certains légumes. C'est parce que vous les avez déjà goûtés, vous avez mémorisé leur goût et vous voulez le retrouver. De même, vous avez tous eu un avant-goût de Sat-chit-ananda et vous cherchez à le retrouver dans les objets du monde, que ce soit dans les richesses, dans la situation sociale ou dans les enfants. De cette façon vous courez de ci de là, mais rien ne vous donne la joie qui est inhérente à Sat-chit- ananda. Ainsi vous n'avez pas de paix, de satisfaction qui demeure.' Jagadish Babu dit 'Que doit-on donc faire?' Ma dit'Continuez à chanter le Nom; que ce soit chez vous la préoccupation de chaque instant, et vous obtiendrez tous vos désirs. La paix, la libération et tout le reste vient du Nom.'

( Vol I p3,p4 )


LISTE DES LIVRES

disponibles en anglais sur Ma

 Pour les commandes de livres à envoyer par avion, faire le calcul suivant : si un livre est 50 Rps, il faut compter environ 75 Rps de frais d'envoi par avion, donc 125 Rps, sachant que 1 Fr=6,5 Rps, cela fait environ 20Frs. Pour simplifier les paiments internationaux, envoyer le chèque à l'ordre de Jacques Vigne à Mme Vigne, 95 rue J.Dulud, 92200 Neuilly. Je paierai de mon côté le libraire de l'ashram quand il enverra les commandes.

Mother as revealed to me Rp 40; Sad Vani 15; Matri Vani I 15, II 20, Ma Anandamayi Lila (Hari Pam Joshi) 40; Biography by Bithika Mukerjee, 2 volumes, chacun 50, le journal de Gurupriya Devi (Didi), 5 volumes, dont le dernier raconte le pèlerinage de Ma au Mont Kailash et la mort de Bhaiji, chacun 40; I am ever with you, deux volumes sur les déplacements de Ma, chacun 40, Words of Ma, 30; As the flower sheds its fragrance (='Présence de Ma' d'Atmananda) 50, The Mother Bliss Incarnate (Ganguli) 50; In Association with Ma (Amulya DK Gupta), 3 volumes, chacun 30 Rps, Matri Lila darehan, 50; Matri Kripa hi Kevalam, 40; Life and Tenching (by A.Lipski) 65, Mother as seen by her devotees (avec des contributions de J.Herbert, A.Desjardlns, Vijayananda et Gopinath Kaviraj) 30, Anandamayi, the Universal Mother (beau livre, avec des peintures) 450, The Divine Mother, Srivastava, 250, In Her Perfect Love, Shraddha (une bhakta américaine) 125, In your heart is my abode (B.Mukerjee), 20.

Signalons également la sortie du beau livre de photos grand format de Richard Lannoy 'Anandamayi, Her words and Wisdom' à Element Boos, Sheftesbury, Dorset SP78BP, Royaume-Uni, 1996, prix £20 parution prochaine de 'Un Français dans l'Himalaya' de Vijayananda aux éditions Terre du Ciel.


Rédactrice: Nathalie MASIA