XXXXVII. ... Jay Mâ N°95 - Hiver 2009-10

 

 

 

 

Jay N°95 - Hiver 2009-10


 

Paroles de

                                             

    

Extraites de Vangmayî , chapitres 14 et 15

 

 

 

(Le site de www.anandamayi.org  est en cours de restructuration, les textes français seront réinstallés sous peu, enrichis d’une traduction récemment effectuée par Jean Louis à Nice de Vangmayî sous le tire ‘Les enseignements de Anandamayî classés par thème’. Nous en citons deux chapitres ci-dessous) 

 

 

                                                                            14-  DHARMA

 

                                                       

L’action qui aide à la réalisation de ce que chacun aspire à atteindre, c’est le dharma (loi, vertu). C’est pourquoi il s'agit de l'action juste, alors que celles qui  apportent l’agitation et la souffrance correspondent à une action induite par le manque-désir, il s'agit de l’adharma (ce qui n'est pas juste).

 

La voie pour la réalisation du Soi, qui ne peut être délaissé, c’est le dharma. Chaque individu peut avoir une voie différente pour réaliser l’illumination du Soi. Continuez à avancer à partir de là où vous êtes. En vérité, Lui seul existe. Il tient tout en main ett Il ne lâche jamais. Je le répète, l’action qui conduit à la révélation de Dieu, c’est le dharma. Dans ce sens, l’inaction, [la paresse], c’est l’a-dharma. En vérité le dharma est un.

 

Chacun doit accorder la plus grande attention au dharma. En effet le dharma est l’énergie du souffle de  vie. Il est le Soi et il adhère fermement à l’éternelle Vérité. Ce que le Soi représente, ce qu’Il est, doit être connu. Combien de temps devra-t-on rester à l’écart, tel un voyageur  qui traîne dans une auberge sur le bord de la route, au risque de s'égarer ensuite sur des sentiers dangereux ? Il faut parcourir son propre chemin et entreprendre son propre voyage en écartant les simples plaisirs éphémères (preyas) pour choisir  ce qui est réellement bon à long terme (shreyas).

 

Dieu est dans toutes les formes. Il ne faut prêter attention qu’à son coeur et à son âme. Tout le monde devrait savoir qu’il est interdit, dans le Sanatana Dharma hindou, de prononcer quelque mot que ce soit qui puisse engendrer une querelle ou causer de la souffrance. En effet Dieu se manifeste dans toutes les formes, ainsi,  se heurter à quelqu’un signifie se heurter à Dieu Lui-même. Chacun de nous a une âme, Seule et Unique. Il est bon de garder autour de soi une atmosphère calme, paisible et amicale.

La patience est la branche maîtresse dans le domaine du karma (action) et du dharma (loi juste).

 

Tous les dharma ont la même fin. Tous les chemins mènent à la même fin. Nous sommes tous les mêmes.

 

Avec un état d’esprit pur et bien centré, tout est possible.

 

Souvenez-vous que sur le chemin de la droiture et de la vertu, même l’ombre d’un ego inavoué peut recouvrir le but que l’on poursuit.

 

                                              

                                                                                                  

 

 

 

                                                                                       15- LE NOM, LE NOMMÉ

 

                                                       

Le Nom ne peut être distingué du Nommé, ni le Nommé du Nom. Et Lui-même est comme le Nom. L’akshara (lettre de l’alphabet) est en effet la forme de Dieu. L’arbre germe et pousse après qu’on en a planté les graines, tout comme le Nom acquiert de la puissance au fil des répétitions. La répétition progressive et soutenue du Nom de l’élu, révèlera que tous les noms sont Ses noms et que toutes les formes sont Ses formes. De même qu’il sera révélé qu’Il est sans nom et sans forme.

 

Prenez Son Nom, Son Nom seulement. Je sais que tout est possible si l’on prend Son Nom. Consacrez-Lui autant de temps que vous pouvez. Si vous n’avez pas la possibilité de passer de longs moments à psalmodier Son Nom, parlez de Lui, chantez Son Nom ou lisez des livres de spiritualité. Efforcez-vous de garder votre esprit tourné vers Lui, de toutes les façons possibles.

 

La répétition progressive du nom purifie l’esprit (chitta). L’état mental étant purifié, il y a éveil de la dévotion et de la vénération et le coeur connaît alors des états d’exaltation qui ne tardent pas à agir.

 

Sans cesse chantez le Nom de Thakur (Dieu). Chantez Son Nom et de ce chant jailliront et s’épanouiront la dévotion, la libération et la paix. Gardez et portez ce Nom d’une foi ferme et solide, avec dévotion, avec vénération et oubliez votre orgueil. Vous verrez que toutes les tâches que vous entreprendrez s’accompliront d’elles-mêmes. C’est ce qui s’est passé durant le déroulement de la sâdhanâ de ce corps-ci, je le dis avec fermeté. Ne gardez pas quelque chose de côté pour vous avec l'intention de tester Dieu. Si vous le faites, il n'y aura aucune probabilité que quoi que ce soit se produise quant à Sa révélation. Abandonnez-Lui tout ce qui vous appartient. En effet, c’est Lui qui soutient et a toujours soutenu votre fardeau, ainsi que le fardeau de l’univers. Rappelez-vous cela.

 

Faites en sorte d’être constamment absorbé par le Nom et d’être immergé en Lui. Souvenez-vous qu’on prend le Nom de Dieu, par amour pour Dieu.

 

Le Nom de Dieu efface les karma aussi bien que les péchés et les désirs accumulés au cours de plusieurs yuga (cycles de la création). De même qu’une lampe qu’on allume illumine une pièce restée dans l’obscurité durant des milliers d’années, le nom de Dieu dissipe les ténèbres de millions de naissances.

 

Lorsqu’une tâche, quelle qu’elle soit, est accomplie comme il se doit, les résultats qu’on en attend ne manquent pas d’apparaître. Il est tout à fait possible que l’on soit plongé dans l’océan de la divine beauté par le seul fait d’avoir l’esprit absorbé par le Nom. Par suite de la non-différenciation entre le Nom et le Nommé, l’attitude en ce qui concerne le monde extérieur, disparaît pour le moment et le pouvoir « auto-illuminant » du Nom, se manifeste de lui-même.

 

Les jeunes enfants n’aiment pas beaucoup étudier : ils préfèrent les jeux aux études. Pour les obliger à étudier, il faut user d’une certaine contrainte, de même qu’on doit user d’une certaine rigueur à notre propre égard lorsqu’on entreprend de chanter le nom. Un minimum de pratique est nécessaire. Comme vous le savez, pour effacer une tache d’un objet, il faut bien sûr frotter cette tache. Et celle-ci ne peut être éliminée si on ne la frotte qu’une seule fois. De même, pour allumer une allumette il est nécessaire de la frotter contre une surface rugueuse et on ne sait pas à quel moment elle s’enflammera. Il en va de même lorsqu’on chante le Nom. La réalisation survient grâce à la pratique. Engagez-vous dans le yoga de la pratique.

 

Une foi solide est indispensable. Et c’est là qu’est le grand manque. L’action ne met pas fin aux désirs. Interminables, les désirs apparaissent les uns après les autres. Mais tous les désirs, quels qu’ils soient, disparaissent, lorsqu’on se donne entièrement au désir de Dieu. Si l’on arrose, jour après jour, les racines d’un arbre sans même se préoccuper de soigner ni les branches ni les feuilles, toutes les vieilles feuilles de l’arbre tomberont malgréa tout et de nouvelles feuilles apparaîtront. De la même façon, si une personne se dédie entièrement et uniquement au chant du Nom, elle sera libérée des sanskar (impressions du karma) passés et naîtra à une nouvelle vie.

 

Réponses de Vijayânanda

 

− Quand on vit dans le monde, peut-on aimer sans attachement ?

Vijayânanda : L'amour est comme de l'essence dans la voiture. S'il n'est pas là, rien ne peut avancer. Je dis souvent : mieux vaut un mauvais amour que pas d'amour du tout ! L'amour pour une personne, entre hommes et femmes, mène souvent à des complications parce qu'on cherche à limiter l’Illimité. Le gourou attire sur lui ou elle toute la concentration d’amour du disciple débutant pour qu’il puisse se détacher du monde, et ensuite le rejette sur lui-même. elle-même, à partir d’un certain point, m’a rejeté sur moi-même.

 

− Qu'est-ce que regardait quand elle avait le regard vide ?

Vijayânanda : C'est difficile à dire. On croyait parfois qu'elle dormait ou qu’elle était inconsciente, mais en fait, elle travaillait sur d’autres plans pour répondre à la demande des fidèles. Par exemple, à une période elle avait été comme proche de la mort, puis elle s’est remise brusquement. Après, nous avons fait le lien et nous nous sommes aperçus qu'il y avait le fils d’un fidèle très proche de qui était en train de mourir à Paris. Il travaillait dans l'énergie atomique, et il est mort jeune. Sans doute est entrée dans cet état de conscience pour pouvoir l’accompagner. De même, en 1938, quand Bhaiji est mort, est restée plusieurs jours  inconsciente, elle devait l'aider à traverser les mondes subtils.

 

− Est-ce que c’est le gourou qui sélectionne ses disciples ?

− Une fois, j'ai demandé à si je pouvais la considérer comme mon gourou. Elle a répondu : «  Il n'y a qu'un gourou, ce n’est pas Bhagavân ! » J'ai ajouté : « Certes, mais nous vous considérons comme Bhagavân, donc vous êtes notre gourou ! » n'a rien dit sur le coût, mais à partir de ce moment-là, elle m'a traité comme un disciple, en me donnant des conseils, des pratiques, et même de temps en temps en me faisant des reproches, en me disant « ne fais pas ça », ou en me punissant. Une fois, c'était à Calcutta, devait aller visiter en voiture des anciens fidèles. Cela n'aurait pas fait bien d’arriver avec un occidental, elle m'a donc dit de rester ou j'étais. Je n'ai rien dit, mais j’ai fait une telle tête que tous les gens autour ont paru terrifiés. a tout de suite dit : « D'accord, tu viens avec nous ». Mais j'ai été puni, car j'avais quand même, d’une certaine façon, contredit la volonté de , et j'ai fait une crise de coliques néphrétiques terrible. En fait, s’est occupée de moi à ce moment-là comme une mère physique. Le docteur voulait me donner de la morphine, mais j’ai refusé. La crise s'est passée toute seule. Cela, c'était la première punition, mais il y en a eu aussi une seconde, c'est que m’a mis au régime avec seulement de l'eau de noix de coco.

 

Depuis quelques temps, Vijayânanda répète très souvent, durant le satsang, l’un de ses derniers souvenirs de  :

« C’était peu avant que ne quitte son corps. J’étais seul avec elle, elle m’a montré son corps et m’a dit : « Cela n’est que mâyâ, je suis omniprésente ! ». Je crois ce que m’a dit.

 

 

Ma Mère Anandamayî

 

par Vishuddha

 

Om

 

Nous avons présenté Vishuddha dans un numéro précédent. Elle vit actuellement à Kankhal, et Vigyânânand s’est procuré directement d’elle son livre de souvenirs. Elle a été éduquée à l’ashram de de Bénarès depuis l’âge de 10 ou 11ans, après avoir perdu sa mère qui était une fidèle de .

 

Pourquoi cette tentative ?

 

 

 Certains des fidèles les plus loyaux de , comme notre bien-aimée Dadabhai Gurupriya Didi, ont consacré leur vie simplement pour la servir. Le respecté BK Shah, Swami Shivanandaji, nos enseignants au Kanyapeeth Renudi, Satidi et autres, m’ont  poussée à coucher par écrit les souvenirs de . Ce qui a pu être à l’origine de leurs suggestions, c'est que j'ai eu la rare chance de l'avoir comme mentor. Mon esprit a été alors déchiré dans un dilemme, est-ce que j’allais être capable de révéler le portrait de en pénétrant l'intimité de sa lumière glorieuse qui rayonnait autour d’elle ! Cela m'a pris des années pour me décider. Ma défiance a cédé après quelques années grâce à un miracle, ou est-ce que c'était la grâce de la Mère ? Il y a quelques années, j'étais au lit avec une méningite sérieuse. Pendant la convalescence, j'ai découvert que j'avais perdu le souvenir de bien des évènements récents. Néanmoins, et grâce à la miséricorde infinie de , je me souviens clairement de beaucoup des vieux incidents à son propos. J'ai senti qu'il fallait les enregistrer tant qu'ils étaient encore frais dans ma mémoire, sinon un beau matin ils pourraient glisser dans l'oubli. C'est ainsi que j'ai commencé à écrire.

 

 Le fait est que j'ai eu la chance rare de grandir sous l'oeil plein d’amour de Mère. A cause de sa grâce infinie, elle nous a disciplinées, et elle nous a guidées avec affection autant que par sa voie divine. En écrivant à propos de , je peux difficilement éviter des références à moi-même de temps en temps. Je peux simplement prier comme Tagore :

 

« Ne me laisse pas me mettre en avant moi-même à travers mes actions,

Puisse Ta volonté suprême être réalisée au beau milieu de ma vie ».

 

Le Pr Niraj Nath Dasgupta  (Manikda) a parcouru mon pauvre compte-rendu à propos de . Il m'a dit : « Vishuddha, vous devez le faire imprimer de peur que ce ne soit perdu. En effet, c'est le seul récit à propos de qui rend bien vivant ses aspects familiers. » Cette affirmation de Manikda m'a ramenée à ma conscience ­− il fallait que le travail soit fait. L'idée de publier cet effort immature ne m'était jamais passée par l'esprit.

La chance rare de pouvoir grandir à l'ashram de et de la servir a été entièrement due aux efforts de Dadabhai, c'est-à-dire Gurupriya Didi. En 1955, elle était au lit fort malade à Bombay. Pendant que je l'assistais, c'est elle qui m'a d'abord demandé d'écrire à propos de , comme je la percevais. Cela a été une malchance que je n'ai pu écrire alors. Aujourd'hui, par la grâce de , ce livre est sur le point de voir la lumière du jour. Ainsi, tout en mettant à exécution les souhaits de Dadabhai, je lui dédie respectueusement ce livre, à elle qui a été ma  préceptrice et mon instructrice.

 

                                                                                                                                                                                            Vishuddha

 

Préface

 

Om Jay

 

Dans cette terre sacrée qui est la nôtre, des personnes de stature extraordinaire se manifestent à tous les âges pour réinsuffler de la vie à la spiritualité. À notre époque, une telle manifestation extraordinaire a été Anandamayî. Ella a été un miracle pour deux raisons. D'une part, elle s’est révélée elle-même en une femme − une maîtresse de maison typique cachée derrière le voile. D'autre part, et en toile de fond de sa révélation publique, il n'y avait aucun effort conscient sous forme par exemple de pratiques d'austérité. L'ensemble de l'affaire était une explosion spontanée proclamant sa venue comme une tempête qui emporte tout dans son mouvement. Elle est l'incarnation de la déclaration dans le Dévi Sukta :

 

Ahameva vata iva pravami

                                                                                         « Je souffle comme le vent »

 

Au contact vital de ce courant, la vie de nombreuses personnes a été revivifiée comme en une seconde naissance. L'une d'entre elles est l'auteur de ce livre, « Ma mère Anandamayîbrahmacharinî Vishuddha. Tout à son propos, depuis son nom même jusqu'à la mise en forme de sa vie est l'oeuvre de .

 

 Le seul but de Anandamayî était de motiver les êtres humains dans le sens du divin. En particulier à cause de cette vision du divin, elle évoquait l'esprit de Gauri (l’épouse de Shiva) dans la femme. « Là où il y a une femme, il y a Gauri » ( disait souvent  cela). Avec le même but en vue, Gurupriya Didi, qui a servi de tout son cœur, était associée de façon inséparable à sa lîlâ divine, elle a fondé le Kanyapîth dans le lieu de pèlerinage sacré de  Varanasi. Vishuddha a logé dans ce Kanyapîth depuis sa petite enfance et y a été initiée dans les moyens d'élever sa vie au niveau d’une existence divine.

 

En tant que résidente du Kanyapîth, elle a eu la chance de participer directement à un certain nombre de jeux divins, lîlâ, de Shri Shri . Beaucoup pourront connaître de ce livre un compte-rendu détaillé du Savitrî Mahâyajna accompli par le Kanyapîth de à Vârânasî. Outre de nombreux incidents de type miraculeux qu'on y a notés, on voit que Shrî aussi riait et jouait avec des jeunes filles comme Vishuddha. Elle se laissait habiller comme elles en avaient envie et parfois, elle pleurait de façon irrésistible lorsqu'elle détectait certains manquements chez  elles : elle se prosternait à leurs pieds en pleurant avec les yeux remplis de larmes, et elle disait : « Pardonne-moi, pardonne-moi, ô Toi, déesse, sous la forme de kumarîs (jeunes filles)».

 

La trouvant baignée de larmes en répétant les mêmes paroles dans un état de transe, Gurupriya Didi fut frappée de surprise et lui dit : « C'est nous qui sommes en faute à chaque étape ! » répliqua : « Didi, les fautes commises par ceux qui ont été appelés à se rassembler autour de ce corps n'en sont pas moins aussi avec ce corps. »

 

 De cette façon, s’identifiait à tous. Comme nous réalisons ce fait, nous devons être alertes et essayer de ne pas faire d'erreur de peur que cela ne revienne sur elle et ne lui donne les larmes aux yeux. C’est une responsabilité qui repose sur ses enfants. Nous pouvons obtenir ces instructions merveilleuses de ces anecdotes de Vishuddha.

 

                                                                                                                                                                                  Govinda Gopal Mukhopadhyay

                                                                                                                                                                                        Calcutta, 2007 Shivaratrî 

 

 

Mon père aimait beaucoup l’ancien système védique d’éducation. Il avait envoyé notre frère aîné au Vidyapîth, l'école de Râmakrishna à Déogarh,  le second ainsi que le troisième frère à celle de Sri Anandamayî à Dehradun et ma soeur aînée au Kanyâpîth de Sri Anandamayî à Raipur, qui se trouve aussi près de Dehradun. Quand nous avons quitté l’Assam pour Kashi, notre famille consistait de nos parents, de moi-même et de mes deux  petits frères. C'était 1944. La seconde guerre mondiale était en cours, je me souviens que cela nous a pris 14 ou 15 jours pour atteindre Kashi, car les trains étaient remplis et réservés au personnel des armées. On acceptait les passagers ordinaires simplement quand les trains étaient vides. L'ashram de à Kashi n'avait pas encore vu le jour. Akhandânandaji (le père de Gurupriya Didi, ancien chirurgien chef de la région de Dhaka) m'a dit : « Sais-tu pourquoi ton père t’a amenée ici ? Il est prêt à t’envoyer en forêt, dans un lieu de solitude, en ashram. » Il connaissait très bien les aspirations de mon père pour la vie d'ashram. L’entourage de m'a traitée avec une affection qui n'avait pas de limite.   

A cette époque, Shrî Shrî visitait fréquemment Kashi. Comme il n'y avait pas d'ashram, elle restait dans une dharamsala ou sur une barque sur le Gange. Un fidèle très dévoué à , résidait dans un bungalow près de la gare de Varanasi. À certains moments, on plantait une tente pour sur sa pelouse spacieuse. demeurait d'habitude là-bas pour quelques jours et ensuite s’en allait ailleurs. J'ai vu pour la première fois dans sa tente là-bas. Je me souviens que nous étions sur la pelouse en dehors de la tente, lorsque  est sortie en tirant de côté la toile de la porte. J'avais vu la photo de sur l'autel de notre pièce dédiée aux activités religieuses. Mais à ce moment-là où je la voyais pour la première fois en personne, j'ai été tellement captivée que je pouvais difficilement détourner les yeux d'elle. Près de l'oreiller du lit de il y avait une belle rose rouge. À côté de , la rose pâlissait et devenait insignifiante. me regarda et sourit avec douceur. Après lui avoir présenté nos respects, nous sommes partis.

 

vivait la plupart du temps dans une barque qui était la propriété de la famille royale de Vijayanagar. Quand nous avons appris que était arrivée à Kashi, nous sommes partis directement pour la barque. Le milieu de celle-ci était couvert par une jolie toile épaisse et carrée. À l'intérieur, il y avait une chambre pour que puisse s’asseoir ou s'allonger. Autour, des quatre côtés, il y avait une véranda pour les fidèles. On avait organisé des discours religieux, satsang, matin et soir directement sur la barque…

 

Nous avons entendu dire que prendrait quatre ou cinq heures de repos à Maghalsarai,  une gare à 10 km de Vârânasî. Ensuite elle partirait par un autre train le lendemain. Beaucoup des anciens de l'ashram partirent pour aller présenter leurs salutations à . Le jour suivant mes parents, mes deux jeunes frères et moi-même sommes partis pour cette gare afin de la rencontrer. Je me souviens que se reposait dans un fauteuil de la salle d'attente à moitié allongée. Chacun d'entre nous lui avons présenté nos respects et sommes restés debout près d'elle. Il faisait très chaud, mais n'avait pas l'habitude d'utiliser des ventilateurs électriques et quelqu'un essayait de lui rendre la situation plus agréable au moyen d’un ventilateur à main. m'a demandé en souriant : « Eh bien, mon amie, peux-tu m'éventer ? » Je répondis dans l'affirmative. Elle demanda à ce qu'on me passe l'éventail. Je commençais à l'utiliser avec vigueur. J'avais vu que ma mère mouillait l'éventail avant de l'utiliser. Après quelques temps, je me suis rendue aux toilettes, j’ai mis l'éventail sous le robinet et me suis remise à éventer , sans m’apercevoir que ses vêtements devenaient tout mouillés. Khukunidi (Didi) et ma mère ont essayé de me stopper, mais leur a demandé de rester silencieuses. Ensuite elle m'a demandé : « Peux-tu me masser les mains et les pieds? » Bien que ne sachant pas faire de massages, par nature, j'étais incapable de dire non à quoi que ce soit. Et donc, avec un grand sourire, j'ai dit : « Oui ! » a tendu sa main droite vers moi et je me suis mise à la masser aussi bien que je pouvais. a un peu patienté et a dit : « Non, mon amie, ce n'est pas la manière ! Elle m'a pris la main et l’a massée convenablement avec les deux mains pour me montrer la bonne manière de faire. Ensuite j'ai essayé de presser ses mains de la même façon. Toutes les personnes présentes étaient très amusées en voyant la manière de faire de . En trouvant que Didi l’était encore plus, a dit : « Savez-vous pourquoi Khukuni est si heureuse ? Vous allez devenir une kanya, une jeune fille de son Kanyâpîth ! » Cela était étrange, car on ne parlait pas encore de mon inscription au Kanyâpîth.

 

revenait très souvent à Kashi. Pour Dadabhai (Gurupriya Didi), Kashi était aussi devenu son lieu de prédilection. Elle se sentait très chagrinée du fait qu’il n'y avait pas encore  d’ashram là-bas. Ses efforts pour trouver un endroit convenable avaient été en vains. Plus tard, j'ai entendu dire par Didi que lorsque s’est rendue quelque part en s'arrêtant à Luchnow, elle a attendu dans la salle d'attente la correspondance pendant longtemps. Didi s’est rendue aux toilettes pour un bain. Quand elle ressortit quelques temps plus tard, elle trouva qui était debout sur une table et regardait de près une carte de l'Uttar Pradesh accrochée à un mur. Aussitôt que Didi est entrée dans la salle, a placé son doigt sur la carte et a déclaré : «Regarde, voici le site pour ton ashram. » Dadabhai a sauté de joie et en s'installant à côté de sur la table a marqué l'endroit proche de la rivière Assi à la limite sud de Bénarès. Ensuite de nouveau, en allant par bateau le long du Gange, a indiqué du doigt l'endroit. Elle a révélé qu'à chaque fois qu'elle passait près de ce lieu en bateau, de nombreuses formes divines lui avaient fait signe de la main et l’avaient invitée à cet endroit.

 

Ensuite, en accord avec ce kheyal, cette intuition divine de , le lieu actuel de l'ashram a été acheté. Autant que je m'en souvienne, le jour de l'inauguration, on a installé une pierre de fondation et on a accompli une poûjâ au milieu de la cour en face du bâtiment du Kanyâpîth. a installé des briques. Elle-même et les autres ont chanté des kîrtans partout sur le terrain. Un chant continu des noms divins a suivi à cet endroit pendant huit ou dix jours. On avait organisé le logement et les repas des fidèles dans plusieurs maisons près de l'ashram. Quelques jours plus tard, est repartie.

 

La première fête à cet ashram, Vasanti poûjâ (le rituel du printemps en février), a été célébrée à grande échelle sous un mandapa (une grande tente au toit plat, avec ou sans murs latéraux). Je me souviens que durant cette poûjâ, on m'a pour la première fois rendue un culte en tant que Kumarî (un type de poûjâ spéciale où on adore la déesse dans le corps d'une petite fille de 8-10 ans environ). Peut-être cela a été Bithudi (Bithika Mukerji) qui m'a drapée dans un sari et m’a oint les bords des pieds avec de la pâte de santal, une guirlande et du vermillon liquide. Bishuddha, un grand fidèle de , a effectué le rituel. On m'a emmenée sous la tente de la déesse Chandî et placée sur un coussin. Mes pieds ont été placés dans un grand plateau de cuivre consacré au culte de la Dévi. Bishuddha m'a rendu un culte et ensuite s'est prosterné devant moi. Il était comme un père pour moi. J'étais saisie d'embarras quand il m'a honorée en me touchant les pieds. Après le culte, moi-même j’ai fait aussi pranâm à Bishuddha, ce qui a beaucoup amusé .

 

Le matin de Mahâshtami, une grande foule s'est rassemblée dans la cour de l'ashram. Ma mère et moi-même étions debout un peu en dehors de cette foule.  Tout d'un coup, a émergé du Chandi mandap et s’est approchée très vite de nous. Elle avait une grande guirlande de fleurs Java rouges autour du cou qui lui descendait jusqu'aux pieds. Elle la retira et la disposa autour du cou de ma mère. Ensuite, elle la toucha de façon répétitive de la tête aux pieds, et elle répéta : « la déesse incarnée, la déesse incarnée, la déesse incarnée ! » puis retourna au mandap de cette façon même dont elle était venue. Cela fut la dernière rencontre entre ma mère et Shrî Shrî . Un mois plus tard, ma mère est décédée à Kashi. (p.17)

 

Ma soeur aînée, Shraddhâ,  reprit ses études à la maison. Quelques jours plus tard, après une brève maladie, ma mère est partie pour la demeure céleste à Kashi à l'âge précoce de 35 ans. Mon père aimait bien être en compagnie des religieux et assister à des discours sur des sujets sacrés. Ainsi, à Kashi, mon père fréquentait principalement des sannyâsis et des brahmacharis de la mission Râmakrishna et de l'ashram de  ; ils venaient souvent chez nous pour des discussions religieuses. Il s'est trouvé que le jour où ma mère a rendu l'âme, il y avait cinq ou six sannyâsis ou brahmacharis à être présents. Je me souviens qu'ils ont chanté des textes des védas par coeur. Mon père prenait part dans les kirtans du soir régulièrement avec nous. Ce jour là, en fin de soirée, à la fin du kîrtan du soir, ma mère a trouvé la paix éternelle aux pieds de Vishvanâth (« le Seigneur de l’univers », la forme de Shiva honorée à Bénarès au Temple d’or) en écoutant le chant des sannyâsis et en restant parfaitement consciente jusqu'au dernier moment. Shrî Shrî était alors à Vindhyâchal. En entendant la nouvelle du décès de ma mère, elle a déclaré qu’elle avait atteint la libération à Kashi après y avoir résidé exactement une année, un mois, un jour et une heure. » Plus tard, mon père a vérifié en  consultant le journal de ma mère et a trouvé que avait raison.

 

Après le décès de ma mère, Shrî Shrî a envoyé notre grand-mère Virâjamohinî pour s’occuper de nous. Cette dernière nous a dit : « En réalité, ceux qui sont privés de mère dans leur enfance sont perpétuellement dans le chagrin, mais souvenez-vous, ne refusez pas même un verre d'eau qui vous est donné par qui que ce soit avec amour. Vous trouverez que jamais dans votre vie vous ne manquerez d'amour et d'affection ». Et il est vrai qu'en suivant le conseil de ma grand-mère, j'ai moissonné une riche récolte d'amour et d'affection. J’accepte cela comme un signe de la grâce perpétuelle de notre mère.

 

À cette époque à peu près, j'ai eu un accès de variole et de typhoïde simultanément. Je suis restée longtemps au lit. Certains ont fait des commentaires du genre : « Elle aimait sa mère tellement qu'elle est attirée par elle et il se peut qu'elle décède. » Je l'ai échappé belle. Un jour, j'ai rêvé que Shrî Shrî faisait les cent pas le long d'une clôture en fils de fer barbelés sur les bords du Gange au niveau de l'ashram. Moi-même et ma soeur aînée Shraddha étions aussi par là. En cheminant,  est arrivée auprès de moi et a remarqué en souriant : « Mon amie, vous allez parfaitement bien ! » Après cela, j'ai retrouvé progressivement la santé.

 

Après le premier rituel au bout d'un an (shraddha) en mémoire de ma mère, Krishnâ, la fille aînée de la plus jeune soeur de Shrî Shrî ,  Hemanginni Dévî, s'est mariée à mon frère aîné selon les instructions de . Les filles du Kanyâpîth n'étaient pas encore arrivées à Vârânasî. Je me rappelle que ma belle-soeur, Krishnâ, a reçu les bénédictions d’usage en présence de avec de l'herbe durva  apportée des jardins de l'ashram et une lampe allumée. a distribué des sucreries à tous. Comme tout cela se déroulait, une dame est arrivée avec un bol de riz au lait pour . Tous ceux qui étaient présents ont donné ce riz à avec une cuiller d'argent. Je me suis aussi avancée, et Didi a demandé : « Quoi ? Toi aussi tu veux nourrir ? » J'ai fait un signe de tête que oui et j'ai souri. aussi a souri avec douceur et a dit : « Laissez-la faire ! » Sans me soucier de rien d'autre, j’ai placé le riz au lait dans la bouche de avec une cuiller pleine. a souri et a dit : « Vous avez vu que sa main n'a pas du tout tremblé ! » C'était la première fois que je nourrissais , à cette époque j'avais 10 ou 11 ans. (p.21)

 

Mon nom à la maison était Gayatrî. Comme il y avait une autre Gayatrî au Kanyapîth,  Gangâdî (Gangâdevî Panchatîrtha) qui était responsable du Kanyâpîth a attiré l'attention de sur ce fait. Cette dernière m'a alors appelée Shuddha. Quand ma grand-mère a appris ce nouveau nom, ses yeux se sont remplis de larmes et elle a dit : « une Shuddha qui avait reçu ce nom de est morte prématurément, est-ce que ce sera encore une nouvelle Shuddha ? » a appris cela de Gangâdî en montant les escaliers, et elle a frappé des mains en disant : « Quoi que vous disiez, je n'écarterai pas ‘Shuddha’, mais vous pouvez tout à fait y ajouter ‘vi’ pour changer ce nom en ‘Vishuddha’ ! » Comme j'étais quelque peu capricieuse, Kshamadi, Renudi et d’autres m’ont appelée Bicchu, scorpion, affectueusement pendant que Bimaladi  (Swamùi Dayanândajî) m’appelait Bishou.

   

 

Débat

 

La pensée de Gandhi

 

Par Richard Lavergne

 

 

Richard pratique la méditation transcendantale depuis plus de 20 ans. Il travaille comme ingénieur pour l'environnement et a fait récemment une formation de psychologie transpersonnelle sur trois ans. Il est venu plusieurs fois en Inde avec les voyages de Jacques Vigne, il connaît donc l'ashram de Kankhal et a médité sur l'enseignement de . Il a senti de nous livrer par écrit quelques-unes de ses réflexions sur les contradictions de l'Inde moderne, que nous publions telles qu'elles ci-dessous.

 

Hier soir, sur la chaîne ARTE, je regardais un film documentaire qui racontait le périple d’un journaliste voyageur, parti  sur les pas de « la route du sel »  du Mahâtma  Gandhi lors de sa lutte pour l’indépendance de l’Inde sous la colonisation britannique .

 

Ce journaliste, inlassablement, village après village, recherchait les traces de cette épopée ; les personnes encore vivantes et les lieux historiques ou chargés de mémoire.

 

Quelle désillusion pour lui-même et pour moi, de faire le triste constat que les jeunes générations d’indiens se fichent comme de leurs premières sandales de ce passé glorieux à beaucoup de points de vue.

 

L’Inde est en plein bouleversement, le grand mirage économique profite à une petite partie de la population, laissant sur le bas-côté les trois quarts restants.

 

Je me souviens de ce jeune homme, gras comme un porcelet, annonçant fièrement que les idées de Gandhi sont d’un autre temps et qu’elles n’ont qu’à y rester. Ce qui compte aujourd’hui, c’est de gagner de l’argent, par n’importe quel moyen.

 

Je vois encore les pauvres gens vivant dans les bidonvilles du Gujarat, en attente d’expulsion de leurs pauvres logis pour libérer des terrains où des politiciens véreux feront construire des complexes touristiques et des supermarchés, largement arrosés par les sociétés qui pourront s’installer à peu de frais.

 

Tant pis pour les pauvres, on peut se passer d’eux…

 

Dans sa démarche, Gandhi promouvait la justice et l’équité, le respect de l’homme et de la nature, écologiste et  prônant un développement durable avant l’heure basé sur un équilibre social et une juste répartition des richesses que dispense la terre à ses enfants.

 

Les classes dirigeantes de l’Inde ont, semble-t-il,  renoncé à l’idéal du Mahâtma, à la vision de tous les sages et héros que ce coin de terre a porté depuis des millénaires. Ces héros incarnant la loi du Dharma  ont toujours permis à l’Inde  de sortir de la domination des envahisseurs.

 

Mais aujourd’hui, l’envahisseur se trouve dans le cœur des Indiens. Les forces de l’argent balayent tout sur leur passage, la corruption est un fléau qui ronge ce pays  et peut le réduire à néant spirituellement.

 

Les indiens se sont laissés séduire par l’illusion du matérialisme et du consumérisme.

Quelle tristesse de constater que pour beaucoup l’idéal se limite à acheter des biens matériels

et à se goinfrer  dans les  « MACDO », beaucoup d’entre eux sont déjà à la limite de l’obésité.

 

Gandhi a, lors de son passage, matérialisé en quelque sorte la pensée spirituelle de tout un peuple, ceci a probablement été possible en raison  d’une intense spiritualité ancrée dans cette contrée. Les grands maîtres connus par l’occident de la fin du XIX ° siècle et du XX° siècle étaient des maîtres védiques inspirés par la tradition multi millénaire.

Mais le rêve de Gandhiji, au moment où il était sur le point d’aboutir, a été brisé par le refus peut-être, de la caste garante des valeurs spirituelles, à l’essence même de l’Inde, ainsi que par le conflit avec un système religieux tellement différent de l’hindouisme et vestige des envahisseurs Mogols : l’Islam.

 

Dans la tradition fondamentale de l’Inde illustrée par le Ramayana et le Mahâbharata, le souci de l’harmonie et de l’équilibre social est très présent, l’équilibre social ne peut exister s’il n’est pas structuré par des valeurs qui imprègnent fortement toutes les couches qui composent cette société.

 

De même, ces valeurs ne peuvent perdurer si ceux qui prétendent présider au devenir de la société, de la Nation, du Pays, ne les entretiennent pas et n’en prennent pas soin comme le trésor le plus précieux, ce qui doit être préservé et qui est garant  des temps futurs.

 

Ceux qui  dirigent la société sans souci de leur prochain, que seuls le pouvoir et le gain motivent à poursuivre ces fonctions, sont des imposteurs et des voleurs, devant les hommes et les dieux.

 

L’état d’esprit ‘occidental’ a ravagé l’ensemble de l’humanité : la destruction des peuples anciens, la destruction de la nature, la destruction de l’espoir dans le futur et de la connaissance du Divin.

 

L’Inde s’engage dans une voie dangereuse pour elle-même et le reste du monde.

 

Terre élue pour préserver et sauvegarder  le message de l’absolu  pour la liberté du monde, Inde, sauras-tu renaître de la cendre et de la poussière qui te recouvrent, ces scories qui ne sont pas toi.

 

Es-tu prête pour recevoir KALKI, le dernier avatar… pour rappeler aux hommes le devoir sacré du Dharma qui est celui pour tout être humain d’accéder à sa nature véritable, se connaître lui -même dans le Soi et entrer dans l’Unité ?

 

Nous vivons des temps incertains ou beaucoup de nos semblables n’ont pas reçu le cadeau fondamental de l’initiation sous quelque forme que ce soit. Sans cette expérience de la profondeur du Soi et du renouvellement de celle-ci, l’être humain reste la proie de forces et de volontés étrangères à lui-même et dont les intentions peuvent être obscures. Un grand combat est en train de se livrer entre les influences créatrices et destructrices, sur notre planète. Nous devons en être très conscients. Le cumul de grandes crises : financière, économique, politique, écologique, épidémiologique, annonce de grands changements. Le mode de pensée qui a généré ces crises ne peut pas les résoudre.

 

Les armées célestes de Dévas et Dévatas (Etres divins) et celles des asuras (Etres démoniaques), sont rangées en ordre de bataille, les vainqueurs prendront possession des consciences humaines.

 

Ne pas avoir de filiation spirituelle en ce monde, c’est être orphelin de la vie.

 

Enfin, malgré tout, l’espoir demeure. Toutes les grandes lumières spirituelles qui ont traversé les temps de l’humanité ont déposé des graines qui germent et germeront.

 

La lumière est toujours la plus forte, une petite lumière fait reculer une grande obscurité.

 

(Tous ces propos n’engagent que leur auteur, en aucun cas, ils ne sont dictés par une intention extérieure).

 

Richard Lavergne

                                                                                         

 

Réflexions

de Shri Nisargadatta Mahârâj

 

 

En plus de son article sur la pensée de Gandhi, Richard Lavergne nous a envoyé cette sélection intéressante de pensées de Nisargadatta Mahârâj.

 

 

                                                                                                                 http://idata.over-blog.com/1/22/04/29/fleur.gif 

Très peu de personnes en ce monde peuvent raisonner normalement. Il existe une terrible tendance à accepter tout ce qui est dit, tout ce qui est lu, accepter sans remettre en question. Seul celui qui est prêt à remettre en question, à penser par lui-même, trouvera la Vérité ! Pour connaître les courants de la rivière, celui qui veut la Vérité doit entrer dans l'eau.

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La rivière de la vie coule entre les rives de la souffrance et du plaisir. Il n’y a de problème que si le mental refuse de couler avec la vie et reste cloué aux rives. Ce que j’entends par couler avec la vie, c’est l’acceptation, laisser venir ce qui vient et laisser aller ce qui va. Ne désirez pas, n’ayez pas peur, observez le présent tel qu’il est et quand il arrive, car vous n’êtes pas ce qui arrive, mais celui à qui ça arrive. »
 

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Apprenez à vivre sans inquiétude pour vous-même, et pour cela il faut que vous sachiez que votre être vrai est indomptable, sans peur, toujours victorieux. Quand vous savez, d’une certitude absolue, que rien, sauf votre propre imagination, ne peut vous troubler, vous en venez à ne plus tenir compte de vos désirs et de vos craintes, de vos concepts et de vos idées, et à ne vivre qu’en fonction de la Vérité.


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C’est le désir qui donne la naissance, qui donne le nom et la forme. On imagine et on veut le désirable et il se manifeste comme quelque chose de tangible ou de concevable. C’est ainsi qu’est créé le monde dans lequel nous vivons, notre monde personnel. Le monde réel est hors du champ du mental ; nous le voyons à travers le filet de nos désirs, divisé en plaisir et misère, juste et faux, intérieur et extérieur. Pour voir l’Univers tel qu’il est vous devez passer de l’autre côté du filet. Ce n’est pas difficile, le filet est plein de trous. 


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C’est toujours le faux qui vous fait souffrir, les faux désirs comme les fausses peurs, les valeurs et les opinions fausses, les fausses relations entre les gens. Renoncez au faux et vous serez libéré de la misère ; la Vérité rend heureux - la Vérité libère. 


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Qu’est-ce qui est né le premier, vous ou le monde ? Tant que vous accordez la première place au monde, vous êtes lié par lui ; une fois que vous aurez réalisé, sans l’ombre d’un doute, que le monde est en vous et non vous dans le monde, vous serez hors du monde. 

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Dès l’instant où vous serez profondément convaincu de ne rien pouvoir dire d’autre de vous que « je suis » et que rien qui puisse être désigné soit vous, le besoin du « je suis » sera dépassé et vous ne serez plus appliqué à vous définir avec des mots. Tout ce dont vous avez besoin, c’est de vous débarrasser de la tendance à vous définir. Toutes les définitions ne s’appliquent qu’au corps et à ses expressions. Une fois l’obsession du corps disparue, vous retournerez spontanément et sans effort à votre état naturel.


 

SRI  NISARGADATTA  MAHARAJ

(Envoyé par Richard Lavergne)

 

 

   

Autres merveilles discrètes

 

Jean-Claude Marol à propos de

 

 

Autres merveilles discrètes

 

Une femme vint a Ma désespérée : « Mon mari est mort. J’ai pu le supporter car j’avais ma fille unique. Une enfant délicieuse et douée. A douze ans, elle vient de mourir ; ça, je ne peux pas l’admettre. » lui parla longuement et finit par lui dire « je suis ta fille ». La même femme réapparut quelques mois plus tard, sereine. Elle confia : « Quand m’a dit ‘je suis ta fille’, elle avait exactement la voix de ma fille, j’en fus bouleversée. A partir de là, mon cœur a commencé de s’apaiser. »

 

Les sept rivières

 

Point

 

En Inde, nous rencontrerons encore cette joie intégrale, Anandamayî, dans un antique diagramme, le Sri chakra (roue splendide), considéré comme le signe des signes, et vénéré par de nombreux courants religieux. Ce sceau exprime la déflagration du principe essentiel suscitant toutes les manifestations, et montre par là même, leur résorption. Ce yantra (littéralement : support entraînant), le seigneur des yantra, montre le processus de déploiement et de repliement de l’univers. 

Gigantesque palpitation, la ‘roue splendide’ illustre la relation paradoxale du Plein Repos et du Plein Mouvement. S’y interpénètrent :

 

4 triangles mis en abîmes, et posés sur leur base – donc pointes en haut - qui interprètent l’être immuable, transcendant toute manifestation : Shiva.

 

5 autres triangles mis en abîmes, ‘reposant’ eux, sur leurs pointes – en bas. Qui traduisent l’énergie pure qui suscite tous les aspects de la manifestation : Shakti

 

Tout au cœur de cette figure irradiante qui célèbre le Un, à la fois indifférencié et toujours prêt à toutes les variations, réside une ultime matrice triangulaire (le cinquième et plus petit triangle, pointe en bas), nommée ‘la roue de l’acquisition de tous les dons’, sarvasiddhi pradha chakra.

 

Dans l’abîme de cette enceinte féminine, est le point germe, souvent nomme bindu (semence), et plus secrètement sarva-anandamaya chakra (roue entièrement saturée de joie).

 

En ce foyer de joie suprême, tout prend son origine et se résorbe.

Dans un des premiers textes fondateurs des ‘visions’ indiennes, elle est nommée encore ici, au cœur du cœur, au point-limite, à l’origine :

Anandamayî, la joie toute présente.

 

Par vagues

 

‘ Indes’ …. Les Indes sont un pays pluriel ! Ce mot même dérive d’une dénomination sanskrite : Sapta Sindhavah (sept rivières). ‘Indes’ dérive donc de ‘rivières’ (sindhava) au pluriel ….bien plus de sept, en réalité ! L’Inde est région d’affluence ! S’y mêle une invraisemblable quantité de limons culturels, et il est impossible d’aborder une figure comme celle de Anandamayî, aussi libre soit-elle de toute contingence, sans la situer sur ce sol qu’elle n’a cessé de fouler. Elle disait :

 

Je ne vous réponds pas. Cela passe par ma bouche. Les réponses sont vôtres, comme vos questions sont vôtres.

 

Réalisons cela, ce sont majoritairement des indiens qui se sont adressés à elle ! De son vivant, il n’y eut aucune imprégnation occidentale, avec son cortège connu d’ambitions expansionnistes, de frénésie ‘guru-maniaque’, d’argent versé de façon claironnante et prédatrice. Certains occidentaux étaient là, peu et tellement assimilés, qu’ils se faufilaient aussi discrètement que possible, sans ‘marquer leur territoire’ !

 

Ecouter l’Inde pour écouter Anandamayî a donc son importance, même si bien entendu ce qu’elle est, et ses chemins pour nous rejoindre (quelles que soient notre culture ou inculture…) s’inventent, toujours inattendus, toujours neufs :

 

De nombreuses âmes – pas seulement les plus pures ! – viennent à moi. Je les rencontre chacune, selon son mode de compréhension.

 

Venons donc à Anandamayî, si nous le pouvons, en visiteurs attentifs aux parfums de cette terre si habitée, et non pas seulement en touristes pressés de rapporter leurs clichés. Le sous-continent indien, par sa forme même de triangle pointe en bas, a été vu comme  le yantra

(Nous l’avons dit plus haut, ‘le support entraînant’ de la déesse Mère …. Et tel est le chant national de l’Inde. Les Indiens disent leur mantra Vandematram :

 

Mère, je te salue,

Toi qui détiens la force de la multitude,

Toi qui écartes les démons malfaisants.

Tu nous sauves, ô Mère.

Tu es sagesse et loi,

Tu es notre cœur et notre âme,

Tu es notre corps, notre propre force

Et l’amour et la foi dans notre cœur !

 

 Le célèbre poète bengali, Rabindranath Tagore (1861-1941), qui fit tant pour servir la culture de son pays (il fut Prix Nobel en 1913), lui a consacré un hymne, dans la même mouvance de sensibilité :

 

Quand les ténèbres dans leur longue horreur pesaient encore sur notre terre inerte, ta Mère la tenait dans ses bras ; ses yeux grands ouverts, scrutaient son visage.

 

Chez nous, ‘patrie’ est le pays du père. Les indiens appellent communément leurs pays Matribhumi (littéralement : Mère-Terre).

Ce serait révélateur de placer le chant-mantra national de l’Inde, face a d’autres chants nationaux, à notre « qu’un sang impur abreuve nos sillons ! » par exemple….[Note de Vigyânânand : en fait, le jeune Rouget de l’Isle qui a composé la Marseillaise en débarquant de La Réunion en France s’est beaucoup intéressé à l’Inde durant sa maturité. Il est tombé amoureux d’une indienne et a écrit de très beaux poèmes à la Dévî, nous les citerons peut-être dans un prochain Jay ]. L’Inde où l’on chante même dans les casernes « Mère, je te salue » est la contrée de ce monde où Anandamayî s’est manifestée pour nous tous.

L’Inde est une énergie matricielle, qu’il n’est pas vain d’approcher et d’aimer. N’oublions pas non plus qu’elle nous parcoure depuis des siècles.

 

Goûter le fruit

 

Vous faites volontiers la distinction entre Bhagavan et Bhagavatì, ‘un Dieu’ masculin et ‘une’ énergie féminine. Pourtant, d’un certain point de vue, il n’est nullement question de masculin et de féminin.

D’un autre point de vue, la divinité semble divisée entre ces deux aspects. Nous le voyons, l’un émeut l’autre pour développer sa puissance et son activité. Cet état de fait, nous l’appelons shiva-shakti.

Le héros reste sans forme tant que son héroïne ne l’a pas inspiré ; le disciple cherche en un maître le sens de sa vie ; de même, l’âme reste inerte, jusqu’à ce qu’un choc divin la ranime ; elle découvre d’un coup que l’ensemble du monde extérieur – comme le monde intérieur, sont inséparables.

Il n’y a donc qu’une question : connaît-on Cela, oui ou non ? C’est tout. 

 

Rappelons-nous. Alors qu’on demandait à Jésus :

 

Entrerons-nous dans le Royaume ?

Il répondit vivement :

Quand vous ferez de deux, un, et vivrez l’extérieur comme l’intérieur et quand vous expérimenterez mâle et femelle comme une seule chose. (Evangile de Thomas)

 

Une rencontre avec Vijayânanda à

Kankhal-Novembre 1977

 

Puisque est itinérante, nous tentons un autre ashram, celui de Khankal. Je me souviens d’un joli paysage près d’une rivière. n’est pas là, mais un médecin, français de surcroît, est d’accord pour nous recevoir. Nous nous asseyons tous sur de jolis rochers arrondis et tout blancs, au soleil, que le cours d’eau a dû apporter là lors de ses crues. Il doit faire 25 degrés, et nous y sommes parfaitement bien. Nous sommes au fin fond de l’Inde, et le voilà en train de nous parler de… Louis Jouvet, de la qualité de sa présence sur scène ! Notre interlocuteur, qui semble avoir une petite soixantaine d’années, aime bien le théâtre et semble content de parler à des français. Il est manifestement très cultivé. Mais il a une telle qualité d’être que ses paroles paisibles, ponctuées de nombreux silences, sont envoûtantes. Tout le groupe le ressent,  nous sommes tous touchés. Pourtant, ce qu’il dit ne m’intéresse pas vraiment, dans la mesure où, sortant de khâgne, j’ai justement une overdose de culture française, et je préfèrerais dix mille fois parler des moyens d’arriver à Dieu. De plus, à cette époque, je ne comprends pas ce qu’il entend par « Présence » et passe donc complètement à côté du sens réel, pas aussi purement « culturel » qu’il y paraît, des propos tenus à ce groupe de 20 personnes, tous thérapeutes, sauf moi, et presque tous quadragénaires. Pourtant, il se passe bien « quelque chose ». La qualité de ce qui émane de lui est contagieuse… Elle m’amène à regarder la nature à l’entour avec une sensibilité nouvelle, à m’ouvrir comme une fleur qui cherche à s’épanouir, tout en restant branchée sur lui, source de mon inspiration. Instant de grâce, tout à fait paisible… Instant tellement naturel que je ne me rends même pas compte que c’est la première fois que ce genre d’ouverture se produit en moi. Le nom de cet homme est Vijayânanda

 

 Mais sa qualité de présence me frappe suffisamment pour rester très précise et pour que j’en parle à Jacques Vigne à Cannes en avril 2009. Il se fait un plaisir de m’expliquer qu’à cette période, Vijayânanda redescendait tout juste de l’Himalaya où il avait vécu en ermite pendant 10 ans…Je comprends maintenant qu’il ait eu en effet une si belle présence !!! Vijayânanda qui est encore en vie aujourd’hui (95 ans) et qui est en fait le principal disciple européen de . Il nous avait reçus avec une telle simplicité que nous ne nous sommes doutés de rien !  Certains membres du groupe l’avaient cru heureux de parler de la culture française, alors qu’il était surtout dans un tel niveau d’accueil qu’il nous a en réalité fait une conversation abordable pour nous tels que nous étions…tandis que la qualité de son être travaillait chacun dans la profondeur, incognito. Voilà pourquoi nous étions touchés !

 

       Renoncement…

 

Le moment est venu où l’on doit se quitter

Ce sera au Divin que l’on dira ‘je t’aime’…

Renoncement, courage, émotions maîtrisées,

Le non-attachement devra nous libérer

Pour que l’ego-passion n’engendre plus les peines

Mais que la joie fleurisse au sein de nos pensées…

 

         Geneviève Koevoets (Mahâjyoti)

 

Nouvelles

 

 

 

-         Nous avons célébré le 95ème anniversaire de Vijayânanda le 26 novembre ; il y avait là un groupe de 20 ou 25 personnes, avec un certain nombre d’entre elles qui étaient venues de Paris pour une période brève, ou d’autres qui voyagent à plus ou moins long terme en Inde et qui se sont arrangées pour être là à cette période.

-         La grande Kumbha-Mela d’Hardwar revient après 12 ans, du 14 janvier au 15 avril 2010. Le Centre International est en train de finir d’être restauré, mais il ne sera pas garanti que les occidentaux puissent y être logés vu le nombre de demandes de toutes parts. Une autre solution est de s'adresser à Dinesh Sharma, l’assistant de Vigyânânand pour les voyages : teerthtravel.har@rediffmail.com - 0091-98 97 28 39 82 -  Il a le moyen de réserver juste en face de l'ashram de au Shivshakti Peeth, qui a été construit il y a juste un an. Vigyânânand et lui organiseront deux groupes pour rencontrer des gens intéressants durant cette Kumbha-Mela. Le premier sera du 6 au 18 mars, le second du 24 mars au 10 avril. A Kankhal, le groupe sera logé à ce Shivshakti Peeth. Nous aurons tous les soirs le satsang avec Swami Vijayânanda, et pendant la journée, en plus des visites des camps de la Kumbha-Mela et de l'observation des processions les jours de grands bains, il y aura des sessions de méditation guidée et de questions-réponses. Les gens intéressés auront tous les renseignements sur le site www.jacquesvigne.fr.st ou sur www.teerth.org. Les visiteurs individuels sont aussi les bienvenus, simplement, il est plus prudent pour eux de prendre contact bien à l’avance pour réserver leur chambre, sinon ils risquent de ne rien trouver ou de ne trouver que des logements très chers. Il y a cependant toujours la solution d'aller dans les camps et de dormir sur la paille à la manière traditionnelle.

-         Le site de www.anandamayi.org  est en cours de restructuration, les textes en langues autres qu’anglaise n'ont pas encore été réinstallés mais ils le seront sous peu. Nous allons mettre en ligne les paroles de classées par thèmes, qui sont traduites du bengali, mais non encore publiées en anglais, avec l'aide de Swami Nirgunânanda. Pour éclairer les passages obscurs, Vigyânânand a discuté directement avec Nirgunânanda à l’ermitage de Dhaulchina.

-         Celui-ci est en train de préparer une édition des lettres de Anandamayî à Brahmar Ghosh. Il y environ 25 lettres qui ont été retrouvées dans un vieux cahier par hasard par Swamijî dans la bibliothèque d’Almora, elles sont déjà traduites en français (nous avons publié une première traduction de la plupart dans le présent journal) et Swamijî est en train de compléter un commentaire d’une centaine de pages à leur sujet. Il s'agit d'un des premiers documents écrits de l'histoire de , d’où leur importance.

 

 

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Les abonnements au ‘Jay ’ se prennent pour 8 numéros trimestriels, à raison d’un Euro par exemplaire, et pour deux ans, de Mars 2009 à Mars 2011. Un chèque de 8 € est donc à rédiger à l'ordre de Jacques Vigne, mais à envoyer à José Sanchez-Gonzalez, 10 rue Tibère - 84110 Vaison-la-Romaine - 06 34 98 82 22 – nagajo3@yahoo.fr - Ne pas oublier de prévenir Geneviève Koevoets (Mahâjyoti) une fois le règlement avéré, car c’est elle qui se chargera de vous envoyer la brochure en l’illustrant de la photo de koevoetsg@wanadoo.fr

 

 

Table des matières

 

Paroles de

Réponses de Vijayânanda

Ma Mère Anandamayî par Vishuddha

La pensée de Gandhi par Richard Lavergne

Réflexions de Shrî Nisargadatta Mahârâj

Autres merveilles discrètes par Jean-Claude Marol

Une rencontre avec Vijayânanda à Kankhal (1977)

Renoncement par Geneviève Koevoets (Mahâjyoti)

Nouvelles

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