Jay
Ma n° 91 Hiver
2008-2009
Paroles de Ma
En s’engageant dans le service, le coeur et l’esprit
sont purifiés, soyez-en convaincus ! Aller dans ce sens revient à une
sâdhanâ très puissante, ne soyez pas impatients. Servez plutôt ceux qui vous
entourent avec le plus grand calme et ayez un mot gentil pour chacun. A chaque
fois que vous faites ou dites quelque chose qui est erroné, demandez-en pardon et
faites de votre mieux pour ne pas recommencer cette erreur à l’avenir !
Même si les autres sont injustes à votre égard, vous ne devez ni faire ni dire quoi
que ce soit d’inconvenant. Les occupations et activités du monde sont obligées
de causer des soucis, il ne peut en aller autrement. La seule manière d’y faire
face est par de l’endurance, de l’endurance et encore de l’endurance. Celui qui
peut endurer finit par gagner. On doit passer sous les vagues de la mer et
refaire surface. Les talents et le travail que Dieu vous a confiés sont
destinés à son service et pour rien d’autre − gardez ceci présent à
l’esprit !
L’être humain doit se comporter comme un héro !
Pendant les périodes de malheur il doit se comporter avec courage, persévérance
et patience. Jamais le temps ne se suspend. Le suicide est le péché le plus
détestable. A qui appartient le corps que vous parlez de détruire ? Est-ce
la façon dont un être humain parle ? Quelle honte !
La force de caractère est le plus grand pouvoir de
l’être humain. S’il l’utilise dans ses rapports au monde, il sera de fait
victorieux dans la plupart des domaines.
Vous êtes venus à cette voie pour obtenir la victoire
sur ce monde. Il n’y a rien que le Brahman unique et sans second − un Atma − voilà votre voie. N’entretenez
pas de reproches entre vous, de colère, de disputes, de sentiments d’amertume. Par
une attitude affectueuse se développe la qualité morale. Si votre mental est
perturbé par ce que dit quelqu’un, avalez-le comme du poison [une allusion à
Shiva qui a bu le poison qui sortait de la mer de lait primordiale et n’en a
pas été atteint]. Vous êtes tous bons, bons, bons. En étant bons, illuminez le
monde.
Q : En supportant la souffrance,
rencontrerons-nous Dieu ?
Mâ : Il ne s’agit pas à proprement parler de
rencontrer Dieu : ce qui vient, supportez-le, c’est le don de Dieu, c’est
dans cette mesure et sous cette forme que Dieu vient, à cause de cela supportez
ce qui arrive, voilà la chose à
comprendre.
Dites-moi, quels sont ces défauts dont vous
parlez ? Ce défaut que vous pouvez saisir par vous-même déjà ne l’est
plus, il a commencé à être purifié. N’est-ce pas vrai ? Ce défaut que vous
avez identifié a déjà commencé à être purifié.
Satsang avec Vijayânanda
Vijayânanda : Le jeu divin inclut le bien et le
mal
Question :
Est-ce que Mâ avait des traces de mal en elle ?
V : Elle pouvait le jouer momentanément en miroir
de l’entourage.
Q :
Est-ce que Dieu fait sa lîlâ, joue au bien ou au mal à l’intérieur du sage ?
V (en riant) : C’est plutôt le sage qui joue avec
Dieu !
− Le
suicide peut-il être parfois licite ?
− Certains jaïns âgés pensent qu’on ne peut
vivre incarné sans violence envers les autres, et donc préfèrent laisser aller
le corps en cessant de manger et s’éteindre ainsi. Pour eux, c’est une forme
suprême de non-violence.
−
Est-ce qu’un grand appétit pour la nourriture est un obstacle pour la
sâdhanâ ?
− Une fois, j’ai mangé du dalda, de l’huile végétale qui devait être adultérée. Cela m’a
détraqué complètement le foie, et depuis ce jour, je ne digère plus bien et je
n’ai plus eu d’appétit. Je mange parce que je sais que je dois le faire, comme
pour remettre de l’essence dans la voiture, c’est tout. En fait, je considère
ce problème physique comme une grâce de Mâ, car si un sâdhaka a un fort
appétit, la plus grande partie de son énergie mentale sera attirée par la
nourriture et ce sera un obstacle à sa pratique.
[A propos d’un
de ses petits-neveux qui vient de se faire opérer à San Francisco d’une récidive
de cancer du cerveau]
V : Je crois que la médecine fait fausse route,
depuis un siècle, elle ne réussit guère à guérir le cancer. On pourrait prendre
comme nouvelle hypothèse de travail ce que soutenait Mâ : elle voyait les
maladies comme des entités vivantes qui entraient et sortaient du corps. En
particulier le cancer peut être considéré comme un être vivant parasite qui se
nourrit des forces vives du corps. Certes, cela semble revenir à des concepts
médiévaux de possession, mais le Moyen-âge avait du bon. La question de la
thérapie consisterait alors à savoir comment expulser ces entités du corps.
− Comment
se rendre compte si un sage est authentique ?
− Ce
n’est pas si facile. Les Indiens s’y retrouvent assez bien, ils ont leurs
critères. Ramakrishna donnait par exemple comme signe la présence de kamini-kanchanam, les femmes et
l’argent. Si un enseignant y est attaché, il y a des risques qu’il ne soit pas
authentique. Cependant, il ne faut pas faire de cela non plus un critère
absolu.
Une personne :
hier, vous aviez l’air de bien aimer la dame italienne qui traduisait pour le
groupe !
V (en riant) : J’aime bien tout le monde !
Simplement, je réponds au bhava, à
l’attitude intérieure des gens, si je sens qu’ils recherchent un contact fort
avec moi, je l’établis.
− Est-ce
difficile de changer de voie spirituelle ?
− Changer de voie spirituelle est non seulement
difficile, mais dangereux. C’est comme vouloir changer de route en plein milieu
de l’ascension d’une montagne, on risque de tomber dans des précipices
imprévus. Une fois qu’on est au sommet, c’est différent, on voit clairement
toutes les voies qui y mènent.
− Quel
est le plus grand renoncement ?
Renoncer au renoncement !
− Et le
plus petit ?
[Après un moment de réflexion] Un moine m’a confié :
« J’ai renoncé à tout, sauf à mon repas quotidien…
− Je vis à peu près correctement en
profitant de certains petits plaisirs, mais sans être obsédé par la
Réalisation. Est-ce correct ?
− Les
plaisirs auront automatiquement leur contrepartie de douleur. C’est la loi de
la dualité. Seule l’expérience du Divin peut faire aller au-delà. Cependant,
les sages aussi vivent tranquillement en appréciant les petits plaisirs simples,
mais la différence, c’est qu’ils n’y ont pas d’attachement du tout.
− Donner
la vie à un enfant, n’est-ce pas un acte divin ?
− Certainement, c’est le Divin qui fait se
développer l’œuf en embryon, puis en nouveau-né. Cependant, la naissance créera
nécessairement un lien. Certaines mères affirment qu’elles pourront se détacher
complètement de leur enfant une fois qu’il sera adulte et indépendant, mais c’est
une conviction plutôt théorique. Il y a, certes, en Inde par exemple des cas de
sannyasinîs qui ont complètement coupé les liens avec leur descendance, mais
ils sont plutôt rares. Ceci dit, la maternité est une expérience à avoir, un
stade à passer pour la plupart des femmes, il est bien connu que le brahmanisme
parle à ce sujet des quatre stades de la vie.
− A une
jeune femme de trente ans qui travaille maintenant comme diplomate à
l’Ambassade de France à Delhi, et à laquelle Vijayânanda avait prédit, alors
qu’elle n’était qu’étudiante de Sciences-Po il y a six ou sept ans, qu’elle
deviendrait ambassadrice de France en Inde :
− Si vous avez une telle attirance depuis
l’enfance pour l’Inde, c’est sans doute que vous avez été hindoue dans une vie
antérieure. Comme il semble bien que je l’ai été aussi, il est possible que
nous ayons été ensemble.
− Swami Nirgunânanda, quand il était
brahmachari à Kankhal, se réveillait plusieurs fois la nuit pour voir si l’akhandajyoti, la
flamme perpétuelle dont il avait la charge dans le petit temple à l’entrée de la
cour du samâdhi de Mâ, ne s’éteignait pas. N’était-ce pas un zèle
excessif ?
− Cette flamme qui a été installée à Kankhal
existe aussi à Bénarès et dans un troisième ashram de Mâ. Elle date de 1926 à
Dhaka lorsque Mâ a réanimé par son pouvoir magique le feu d’un yajna que le pûjari
avait laissé s’éteindre par inattention. Elle symbolise la continuité de la
tradition. C’est un grand péché d’interrompre ou de laisser se perdre cette tradition.
La loi des civilisations et des empires, c’est de rentrer en décadence et de
disparaître après leur apogée. Cependant, si la civilisation de l’Inde a une
telle permanence, c’est qu’elle n’est pas basée sur la force politique,
mais sur la stabilité religieuse. Il y a
eu toutes sortes d’empires en Inde, y compris les musulmans qui s’activaient
régulièrement à détruire l’hindouisme et les Anglais, mais le brahmanisme a
continué en restant concentré sur la transmission de sa tradition.
− Qu’y
a-t-il d’étonnant dans le psychisme humain ?
− C’est que chacun croit qu’il est quelqu’un
d’exceptionnel, alors que ce n’est pas vraiment le cas …
− Si
quelqu’un se plaint d’avoir un éveil de la kundalinî, que faut-il lui
dire ?
− Il faut qu’il le bloque, cela est très dangereux, car
cela met en avant toutes ses qualités négatives s’il n’a pas préalablement un
très bon contrôle du mental. Il faut que cette personne cherche l’aide d’un
grand sage qui ait vraiment l’expérience de ces choses –là. Cependant, beaucoup
de gens croient avoir un éveil de la kundalinî alors qu’ils fabulent simplement
à ce sujet, en interprétant un petit chatouillis dans le dos comme un grand
éveil.
− Ce n’est
pas facile de trouver un grand sage en Occident.
− Si on a la réceptivité et l’intensité du désir d’en
trouver un, il viendra. En fait, il n’y a qu’un seul gourou, c’est le
Divin, et il vous envoie celui ou celle dont vous avez besoin. On dit que le
vrai gourou cherche le disciple encore beaucoup plus que les disciples ne
cherchent le gourou.
− Que
voulez-vous dire par ‘bloquer l’éveil de la kundalinî’ ?
− Y être indifférent, ne pas du tout
s’intéresser à ces phénomènes-là. Mâ ne parlait pas de kundalinî, mais de Bhagavan kî shaktî, l’énergie de Dieu. En
effet, kundalinî est un terme tantrique, et les gens ont vite fait de l’associer
aux pratiques de la main gauche.
On dit guru vakya mantra, la parole du gourou, c’est
un mantra. Souvent, j’ai négligé une parole de Mâ en pensant qu’elle était
banale et qu’il ne s’agissait que de mots en l’air, mais après je me suis
aperçu qu’ils représentaient des poteaux indicateurs à des bifurcations de mon
évolution alors que je ne voyais pas clairement dans quelle direction je devais
aller.
Ce soir-là de
décembre 2008, il y a autour de Vijayânanda plusieurs personnes qui avaient
rencontré et fréquenté Mâ il y a trente
ou quarante ans : Krishnapriya de Suisse, Ram et Parvati, originaires des Etas-Unis mais installés depuis longtemps
à Assise, et
« Au
début, Melitta était très volontariste et autoritaire, elle avait vu par
exemple un vieil homme qui était visiblement très malade sur les bords du Gange
à Kankhal. Elle l’a pris énergiquement sur un rickshaw et l’a emmené d’autorité
à l’hôpital de la Mission Ramakrishna en demandant avec insistance de le
prendre en charge affirmant qu’elle paierait toutes les dépenses. Cependant, en
guise de remerciements quand elle est revenue le visiter, le vieillard qui
était un brahmane, l’a maudite tant qu’il pouvait : « Mon rêve
avait toujours été de pouvoir mourir juste au bord du Gange, et maintenant avec
ce fichu hôpital vous l’avez ruiné! » Il semble que la machinerie hospitalière,
étant ce qu’elle est en Inde comme ailleurs, on n’ait pas autorisé le vieillard
à sortir de l’institution…avant qu’il ne soit mort !
Assez
souvent, Melitta se mettait en colère contre Mâ. Une fois, Krishnapriya était
là et elle a entendu qu’elle disait à Mâ : « La nourriture que vous
nous donnez à l’ashram, dans mon pays, on ne la jetterait même pas aux
chiens ! » Krishnapriya était à son 36e dessous, mais Mâ
restait très tranquille et disait très gentiment : « Bon…eh bien…mais
alors, Melitta, tu as des takas (des roupies, de l’argent), tu
pourrais t’acheter toi-même de la meilleure nourriture si tu le
souhaites… » Une autre fois, Ram raconte qu’elle est venue voir Mâ en lui
disant : « Mâ, je vais vous tuer ! ». Vijayânanda témoigne
qu’en fait, après ses colères contre Mâ, elle se trouvait comme en un état
second, c’était en fait un samâdhi que lui avait donné Mâ elle-même. Ce que
souhaitait celle-ci, c’était l’intensité, à ce moment-là elle pouvait faire
quelque chose avec la personne.
Nous parlons en groupe de fidèles anciens de Mâ, Amla
et Rajat, qui ont invité Vijayânanda pour bénir aujourd’hui la pierre de
fondation de leur maison. Celui-ci explique qu’en Inde, on est très conscient
de l’impondérable fondamental de la vie, et qu’il faut penser à prier Dieu par
des pujas par exemple, pour faire
rentrer en compte ce facteur et obtenir une protection. Dans la tradition, on
fait par exemple trois pujas pour une
maison, la première pour rentrer dans le terrain, bhumi-pravesh, la seconde pour la pose de la pierre de fondation, shila-nyas, la troisième pour l’entrée
dans la maison une fois construite, griha-pravesh.
Swamiji nous a raconté à ce propos l’histoire hassidique suivante :
« Le Baal-shem-tov, le grand saint hassidique de
la Pologne du XVIIIe siècle, n’était pas contre boire du vin. Simplement, il
fallait que celui-ci soit préparé selon toutes les règles de pureté
casher, qu’il ne soit pas touché ni même
vu directement par des non-juifs. Un de ses disciples a donc cultivé le raisin,
l’a pressé et l’a fait fermenter selon toutes les règles. Il était en train de
décharger le tonneau devant la maison de son maître, tout content du cadeau
précieux et pur qu’il allait lui offrir, quand un policier survint. Il avait
pour instructions de contrôler qu’il n’y ait pas d’alcool distribué, le vin
étant quant à lui autorisé. Cependant, comment savoir ce qu’il y avait
réellement dans le tonneau, comme croire son propriétaire ? Il fallait
qu’il vérifie par lui-même en goûtant, c’est ce qu’il fit malgré les
supplications de notre personnage. Tout son patient travail fut ainsi gâché en
une seconde. Il est venu ensuite, éploré, auprès du Baal-shem-tov. Celui-ci lui
a dit : « Tu as tout fait selon les règles, mais il y a une chose
que tu as oubliée ! » « Laquelle ? » « De
demander la bénédiction de Dieu ! » Dans toutes les entreprises mêmes
les mieux calculées, il y a l’impondérable, et pour s’en protéger il est bon de
demander l’aide du Pouvoir d’En-haut !
« L'absence de
pensée, voilà la méditation suprême ! »
Paroles de Mâ commentées par Swami Nirgunânanda
Cette parole correspond à la définition de
dhyâna, la méditation, donnée par Mâ
en réponse à une question. Essayons de comprendre ce qu'elle voulait dire par
cette réflexion.
Nous savons que la Réalité ultime est
au-delà du domaine de l'intelligence, quelle est non-pensable. Le paradoxe
c'est que, malgré le fait que nous connaissions cette vérité, nous essayons
encore de faire revenir la Réalité ultime dans le domaine du concevable. Bien
sûr, nous n'avons pas non plus d'autres possibilités. Dans un certain contexte,
les Ecritures (Upanishads) disent que la Réalité ultime est inatteignable, que
ce soit par l'intelligence ou par le fait d'entendre de façon répétée les
enseignements. Pourtant, ces mêmes Ecritures disent que cette réalité est shrotavya, ‘ qu'elle doit être
entendue’, mantavya, ‘ qu'on doit
réfléchir dessus’, nidhidhyâsitavya,
‘ qu'on doit la contempler’. En tant que telles, ces deux assertions peuvent
sembler contradictoires. Le but profond des Ecritures est en fait de nous
inspirer le sens de la pratique spirituelle. D'abord, nous devons parvenir à
une compréhension intellectuelle, et celle-ci
à son tour peut être expérimentée à travers la sâdhanâ. Pour entendre,
nous avons besoin des organes des sens, pour réfléchir nous avons besoin du
mental et pour contempler nous avons besoin de l'intelligence. La fluctuation
de l'être intérieur entre l'affirmation et son contraire, la croyance en une
possibilité donnée et les autres possibilités, les autres alternatives, entre sankalpa et vikalpa, voilà ce qui s'appelle le mental. Quand l’être intérieur
s'affirme, c'est ce qu'on appelle l'intelligence (buddhi). Nous avons besoin de cette intelligence pour penser. Le
fait de penser, c'est de considérer à nouveau les vrittis, c’est-à-dire les états mentaux provenant du
conditionnement, les traces mnésiques. Ces vrittis
sont la réapparition d'une image réfléchie des objets, elle-même provenant des
organes des sens, sur la toile de fond de la conscience immédiate des objets.
Celle-ci est stockée en nous sous forme de mémoire. Penser, c'est toujours
penser à un objet. Celui-ci peut être grossier ou subtil. Quand il n'y a pas
d'objets, il n'y a pas de pensée.
La
définition scripturaire de dhyâna est
dhyânah nrvishayah manah, cad dhyâna représente l'état du mental quand
il n'y a pas d'objet. Cependant, nous savons que le mental n'existe que quand
il y a objet. Il rentre dans l'oubli quand il n'y a plus d'objet, comme cela
est le cas dans le sommeil.
Nous
devons garder présent à l'esprit que dans l’Ashtanga (le Yoga à huit membres de Patanjali), dhyâna correspond à l'avant-dernier
stade. L'étape suivante, c'est la consommation totale qui a pour nom samâdhi. Le sujet et l'objet se fondent
en une unité dans cet état. Ce que nous comprenons par le mot dhyâna est un processus, qui peut
interagir avec un objet, que celui-ci ait une forme ou non. Nous trouvons ici
que la définition de dhyâna selon les
Ecritures et celle de Mâ ne vont pas bien ensemble d’après notre entendement.
D’habitude un aspirant considère dhyâna
comme un processus et choisit un objet qui lui convient facilement pour se
concentrer dessus. Cet objet peut, soit être l’impression mnémonique d’objets
matériels avec lesquels il a interagit dans
le passé, ou alors une forme subtile. Dans les deux cas, il s‘agit d’une
contemplation centrée sur l’objet, dans laquelle le mental est utilisé comme un
instrument.
Une fois, Mâ
a demandé à l'auteur de ces lignes s'il pratiquait ou non dhyâna. Il a répondu qu'à chaque fois qu'il essayait, son mental
errait sur des objets variés ou sur les impressions des objets stockés dans la
mémoire. Mâ a répondu : «Dhyâna, la
méditation, ne peut être faite, elle survient ! » Cela signifie que dhyâna n'est pas un processus, mais le résultat d’un processus.
Swami Nirgunânanda, Dhaulchina,
Le
3 novembre 2008
Satsang avec Swami Nirgunânanda
Dhaulchina, le 9 septembre 2008
Swamiji a donné ce
satsang à trois Françaises. Il s'agissait d'Hélène Marinetti avec deux de ses
élèves. Hélène enseigne le sanskrit dans le sud de la France, près de
Marseille, elle avait été disciple de Swami Muktananda de Ganeshpuri et elle a
traduit en français son autobiographie, chitshaktivilas, le jeu de
l'énergie de la conscience. Swamiji allait juste rentrer dans une période de maun,
de silence pour une durée indéterminée.
Comment cela a-t-il
été d'observer le silence pendant trois ans, en ne parlant qu'à Mâ?
Parler à Mâ, c'était
le silence. D'habitude, on observe un silence de la bouche, mais le mental
parle beaucoup, alors que quand on parlait avec Mâ, le mental était
complètement silencieux. Il y a un des plus beaux hymnes de Shankaracharya, le Dakshinamurti
stotrra qui dit ceci : « Le gourou et les disciples sont assis sous un arbre.
Les disciples sont âgés, le gourou est jeune. Il donne un discours en silence,
et les doutes des disciples sont coupés à la racine. » On dit que le gourou est
jeune parce que la sagesse n'a pas d'âge, on dit que les disciples sont âgés
car le savoir intellectuel vieillit. Ce n'est pas par des arguments subtils que
les doutes profonds seront déracinés, mais par le pouvoir de l'énergie du
silence d'un vrai maître.
Dans la transmission spirituelle du
védanta, on ne parle pas de lire des livres. Il y a shravana, qui
signifie non seulement l'écoute, mais aussi la compréhension de l'enseignement.
Ensuite, il y a manana, qui est la réflexion intellectuelle et enfin nidhidyâsana,
la contemplation de l'essence et le sommet du védanta. Il ne suffit pas d'écouter
l'enseignement du gourou, mais il faut méditer dessus longtemps et le réaliser.
À Bénarès vers le milieu du XXe siècle, il
y avait un pandit marié qui était
considéré comme le sommet de la
connaissance sur le védanta en Inde à cette époque. Il a eu de nombreux disciples
qui sont devenus eux-mêmes des professeurs réputés de védanta. Un des plus
jeunes a décidé de prendre le sannyâsa, et il s’est engagé dans une pratique
spirituelle intensive. Au bout d'un certain temps, son gourou est venu le visiter,
en le voyant le jeune sannyâsi s’est prosterné devant lui. Mais celui-ci lui a
dit : « Ne t'incline pas, je suis venu pour recueillir ton enseignement ! » Le
jeune a été stupéfait et a dit à son maître : « J'ai tout appris du védanta de
ta bouche, comment pourrais-je te donner un enseignement ? » Le vieux maître a
répondu : « Je suis quelqu'un d'instruit, mais toi, grâce à ta pratique, tu es
un sage ! ». Il en va ainsi dans l'enseignement de l'Inde, il y a toujours les
deux courants parallèles, celui de la transmission de la connaissance
intellectuelle et celui de l'expérience spirituelle et de la réalisation. Il
est paradoxal que ce soit en Occident au XXe siècle qu'il y ait eu le plus de
livres publiés sur le védanta. Je ne dis pas que cela soit dépourvu d'intérêt,
ils ont leur utilité, mais quels sont les occidentaux savants dans le védanta
qui ont atteint l'état de jñani?
Par ailleurs, il est
important de choisir sa voie. Je me suis plongé récemment dans la biographie d'Oriya
Baba. Il venait souvent voir Mâ, et était lui-même un gourou très connu de
Vrindavan : chaque matin, il faisait un discours sur le védanta, et chaque
après-midi, il en faisait un autre sur la bhakti. Cependant, il ne voulait pas
qu’un même disciple vienne aux deux, il lui demandait de choisir soit l'un,
soit l'autre.
Que représente la figure de Dakshinamurti?
C'est la figure du Jagadguru, le gourou universel, en fait
Shiva lui-même. On dit qu'il est tourné vers le sud (dakshina) car la vraie stabilité est au Nord avec le pôle (dhruva) et ses étoiles qui ne bougent
pas. Dans le corps, cela correspond au sahasrara,
ou Lotus aux 1000 pétales au sommet de la tête. Quand on reçoit le mantra du sannyâsa, on se tourne vers le nord et
ensuite on va régulièrement méditer tournés vers le nord. Les gens mariés qui
font cela et ont aussi à réaliser certains désirs doivent se tourner vers
l'Est, à ce moment-là ce sera plus efficace. Mais quand on ne cherche que la
libération, on se tourne vers le nord, et donc le gourou qui enseigne comme dakshinamurti
doit se tourner vers le sud pour faire face à ses disciples.
Le 31 octobre 2009,
Dhaulchina
- Que
pensez-vous du livre de Swami Virâjânanda, Svakriya svarasamrita, ‘L'action
spontanée dans le nectar de sa propre
essence" ?
-
Au début j'étais
plutôt contre : je trouvais ses commentaires et ses introductions
incompréhensibles, bien qu'au niveau de son compte-rendu des paroles de Mâ, je
n'avais pas de doute qu'il les avait retranscrites fidèlement. Il faut
comprendre la situation. Mâ disait souvent en parlant d'elle-même : « Comme
vous jouez de l'instrument, vous entendez le son ! » Virâjânanda voulait
entendre des réponses très métaphysiques à ses propres questions métaphysiques.
Mâ lui a donné cela. En fait, il avait ressenti une attraction tellement grande
pour Mâ, qu'il avait non seulement laissé avec Mâ un petit garçon en bas âge pour
devenir brahmachârî, mais aussi une petite fille qui était encore dans le sein
de sa mère. Cela n'a pas été facile pour son épouse, sans doute parce qu'elle avait
perçu l’intensité de son désir. Jusqu'en 1952, il était secrétaire général de
la Sangha de Mâ qu'il avait largement contribuée à fonder. Mais à partir de là,
il voulait ne plus avoir qu'un travail, noter les paroles de Mâ, ce qu'il a
fait pendant 30 ans jusqu'à ce que celle-ci quitte son corps. À la fin, il est
mort à 103 ans, on disait qu'il perdait la tête, et c'est vrai qu'il pouvait
perdre la mémoire immédiate, mais il mettait une chaise en face de lui et
disait : « Je parle à Mâ ! » et il avait une conversation avec elle
que j'entendais et qui étais très cohérente du point de vue philosophique et
métaphysique, et même d'un haut niveau. Il était très sévère, il envoyait promener
tout le monde, non seulement ceux qui étaient à son service comme je l'ai été
moi-même pendant quelques jours, mais aussi Mâ. Je l'ai servie pendant quelques
jours, et ce n'était pas facile. Cependant, Mâ avait une haute estime pour son
niveau spirituel, elle m'a expliqué un jour que très peu de gens avaient
vraiment compris ses paroles, Bhaïji les avait bien saisies, et même au-delà
des paroles il avait saisi Mâ elle-même, puis Gopinâth Kavirâj, et ensuite
Virâjânanda.
Un jour, j'étais à
Vrindavân avec Mâ, et Chitra Ghosh est venue. C'était l'assistante de Mâ
pendant les dernières années. Elle avait été une étudiante très brillante,
celle qui par sa maîtrise de botanique avait eu les meilleures notes de toutes
les maîtrises de l'université de Calcutta quelles qu'en aient été les matières.
Ensuite, elle avait été faire un doctorat aux États-Unis, et quand elle était
revenue, elle avait été voir Mâ et avait été captée par son amour. Elle a décidé de tout lâcher pour rester avec elle.
Donc, elle est venue voir Mâ ce jour-là en lui disant qu'elle n'était pas
contente avec le troisième volume de Svakriya
qui venait de paraître. Elle n’avait pas de doute que les paroles de Mâ
qu'avait rapportées Virâjânanda étaient authentiques, mais il s'était permis d’écrire
l'introduction dans le style elliptique et parfois difficile à saisir, caractéristique
des paroles de Mâ elle-même. Elle ne trouvait pas cela juste. Mâ m'a tout de
suite appelé en disant, « prends un papier et un crayon, nous allons écrire à
Virâjânanda. » Elle lui a juste dit dans sa lettre : "Il paraît que
tu as écrit une introduction dans le style de Mâ, comment cela se fait-il ?
Viens me voir à Patna !" Virâjânanda était à l'époque à Kankhal, le fait
d’aller donc jusqu'au fin fond du Bihar était un long voyage, mais il s'y est
rendu sur l'ordre de Mâ et là, il s'est expliqué avec elle !
L'histoire de ce livre Svakriya est intéressante. Brahmachârinî Chandandi était la cousine
issue de germain de Mâ. Son père était le cousin de Didi Mâ, la mère de Mâ.
Celle-ci l'appelait Thakur Bhai (Thakur signifie en bengali ‘seigneur’, dans le
double sens de divin et de noble dans la société). Quand Mâ s'est mise à avoir
tous ces états mystiques, Bholonath a été très perturbé et a commencé à accuser
sa belle-famille de lui avoir refilé la folle du logis. Les parents de Mâ
étaient eux aussi troublés, et ils ont demandé à leur neveu, le père de
Chandandi dans lequel ils avaient une grande confiance, de venir voir ce qui se
passait. C'est là qu'il lui a demandé : « Mâ, qui es-tu ? » et qu'elle a
répondu : «Pûrna Brahma Narayân !» "Plénitude, Absolu, Seigneur
!" Donc, Chandandi s’est mise dans la tête un jour d'écrire un livre sur
la mère de Mâ. Elle a commencé dans un style qui laissait à désirer. Au bout de
deux chapitres, elle s'est entendue avec Virâjânanda pour qu'il continue
l'ouvrage, et il l’a étendu aux paroles de Mâ, y compris celles qu'il a reçues
d'elle directement en réponse à ses questions. Mâ a accepté ce changement
d'auteur, mais en demandant quand même que le livre soit publié sous le nom de
Chandandi, alors qu'au fait qu'elle n'en n’avait écrit que les deux premiers
chapitres. J'ai d'ailleurs moi-même traduit du bengali en anglais le premier
chapitre du livre. On trouve dans les six volumes des renseignements précieux
sur la biographie de Mâ, les deux premiers volumes sont compréhensibles car ils
correspondent à ce que Chandandi avait à dire sur Didi Mâ, et à des
descriptions d'événements historiques, mais les autres chapitres et les autres
volumes sont plus difficiles à suivre, car Virâjânanda est parti dans la
métaphysique. Le sixième et dernier volume en particulier est purement
métaphysique, mais il recèle des perles. Le Swami avait une intelligence de
haut niveau, se posait des questions métaphysiques profondes, et Mâ lui a
répondu à ce niveau, même si peu de gens peuvent suivre. Il faut déjà bien être
initié et au courant de l'enseignement et des conceptions de Mâ, et de sa
manière de s'exprimer, pour pouvoir s'y retrouver dans ce texte. Mais si on a
cette préparation, on les trouvera des trésors.
Comment en êtes vous venu à Mâ ?
-- Je ne
suis pas venu à elle par une recherche a priori de Dieu, mais parce que j'ai
trouvé chez elle un amour vraiment inconditionnel, chose qui est très rare en
ce monde. Du coup je suis resté. J’étais un « petit garçon de sa maman »,
j'avais un attachement très fort à ma mère, et même je ne m'étais pas marié car
je ne voulais pas partager cet attachement avec une autre femme. J'ai neuf
frères et soeurs, mais c'était quand même chez moi que ma mère vivait le plus
souvent, à Calcutta. Quand elle me poussait à prendre une épouse, je lui
répondais que je n'arriverais à le faire que quand elle serait décédée. Mais
comme je l'ai quittée pour vivre auprès de Mâ, c'était différent, elle a
compris qu'il s'agissait de la voie ascétique, et elle était fière qu'un de ses
dix enfants se soit orienté sur ce chemin. Au bout de trois mois après mon
arrivée dans l'ashram, Mâ m'a demandé : « As-tu écrit à ta mère ? » Je lui ai
répondu que non. Elle m'a demandé de le faire, et non seulement cela, elle a
ajouté que je devais retourner à Calcutta, de Kankhal [36 heures de voyage en
train] pour aller recevoir la nourriture préparée de ses mains. Mâ n'était pas en faveur qu'on abandonne
complètement sa famille sous prétexte qu'on suivait la voie ascétique.
Elle-même a vécu jusqu'à l'âge de 42 ans avec son mari quand il était encore
vivant, et elle n'en était pas moins pour cela déjà Mâ Anandamayî. Ensuite,
jusqu'à l'âge de 76 ans, elle a eu sa mère auprès d'elle, et son petit frère
Mamou vivait aussi dans l'ashram de Bénarès. Ils n'avaient pas de statut
spécial, mais ils étaient quand même bien présents et en lien au quotidien avec
Mâ. De mon côté, j'avais la coutume
d'appeler ma mère au téléphone tous les samedis, je l'ai fait jusqu'à sa mort,
et de plus j'allais la voir tous les ans à Calcutta. Après tout, c'était grâce
à elle que j'étais venu en ce monde, et que j'avais donc pu choisir cette voie
ascétique.
−Pensez-vous que le nombre de gens qui vont
suivre la voie ascétique va augmenter ?
− Je pense que
non. Certains disent qu'avec l'augmentation du matérialisme, il y aura plus de
gens frustrés par cette voie et donc plus qui viendront sur le chemin de l'ascèse.
Mais si l'on vient à l'état de renoncement simplement par frustration, on n'est
pas vrai renonçant. Il faut y venir par amour.
§§§§§
LA VOIX DES FLEURS
§§§§§
J'ai caressé la
chevelure
Bleu-violet des
lavandes puis
Respiré leur
souffle chaud...
Plus loin, j'ai
senti la douceur
Amère des
lauriers rouges...
§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§
Le lantana
lumineux m'a saluée
Et gratifiée de
son parfum
Tenace...Toutes
ces fleurs
M'ont donné un
présent,
Simplement,
comme un sourire...
§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§
Mes sens ont été
comblés.
Mais, moi,
qu'ai-je fait pour elles
Sinon admirer
leur beauté?
Ô Nature, tu es
généreuse envers nous
Sans rien
attendre en retour.
§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§
Ta beauté est
offerte à tous,
Sans condition.
Tu distribues tes grâces,
Sans compter.
L'homme prend tout
Sans même te
remercier. Que lui
Dirais-tu si tu
pouvais parler?
§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§
Ô Humain, arrête
toi,
Un instant et
pense à Celui
Qui me permet
d'être là,
Si belle, si
bonne, si accessible
Et si confiante
en toi!
§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§
Honore-Le, de
tout ton coeur
Et de toute ton
âme. Remercie-Le
Toujours car Il
me permet
De te donner la
joie de me
Contempler à
tout moment!
§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§
N'oublie jamais
cela...Tel est
Mon message
secret! A travers moi,
Tu peux
connaître notre Maître
A tous. Mais,
ton mental
Est-il assez
subtil pour cela?
§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§
Essaieras-tu de
Le découvrir,
Caché derrière
ma belle apparence?
Des saints l'ont
fait avant toi...
Alors
qu'attends-tu, maintenant,
Pour commencer
ta quête?
§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§
Peux-tu être
satisfait de mes présents?
Ne veux-tu pas
chercher
Qui te les
donne? Ô Humain,
Sois curieux,
cherche, cherche,
Sans jamais te
lasser...
§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§
Finalement, tu
trouveras ce qui
Est, au-delà de
ce que tu perçois.
Ta récompense
sera si grande
Que tu ne peux
même pas l'imaginer!
Alors, regarde
en toi avec les yeux de ton coeur...
§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§
Monique Manfrini,
La Cadière d'Azur, le 30.05.2007.
Mâ et la
joie…
(Réflexions
en témoignage)
(par Mahâjyoti)
Souffrance et gaieté…
Pourquoi…pourquoi…pourquoi ?
Pourquoi cette duplicité (j’allais
dire ravageuse…) alors que la non-dualité du Védanta est tout simplement
merveilleuse !
En lisant et relisant toujours les
livres de Mâ Anandamayî, pourquoi est-ce qu’on ressent toujours autant de
JOIE ?
Pourquoi les Grands sont-ils si
joyeux ? Alors que la souffrance intérieure rend les gens si
anxieux ? Etre toujours de bonne humeur favorise la recherche spirituelle,
disait Mâ…
Tous les 4 ans, à la suite des Jeux
Olympiques, les Jeux des ‘athlètes handicapés’ font vibrer les muscles assoupis
de ceux dits ‘normaux’, qui ont des esprits parfois tortueux, vantards, ou
déformés !
Ces athlètes meurtris ont plus que
nous… Ils sortent de leurs tripes la vraie souffrance physique et mentale, pour
en faire un vrai bonheur psychique et total.
L’école du sport de haut niveau fait
penser à la discipline du mental de haut niveau…même droiture, même engagement,
mêmes sacrifices !
Le but est ‘d’atteindre’ au-dessus
de nous ces sphères ultimes, ‘divines’, où pour chercher à les rejoindre,
chacun s’exprime en allant jusqu’au bout de lui-même...L’important est d’y
croire, d’en rêver et de s’y tenir !
« On devient ce que l’on
pense » a écrit Jacques Vigne dans Le
maître et le thérapeute.
Pourquoi, si ils ont la chance
d’être heureux, certains veinards doivent-ils être considérés comme des crétins
insensibles ? Leurs Samskâras ou
évènements vécus dans leurs vies antérieures ont-ils été des ‘sas’ de sûreté
protecteurs ?
Un petit sourire
messieurs-dames ! La spiritualité peut être ‘spirituelle’ aussi bien
dans les deux sens du terme !
Pourquoi sombrer dans les méandres des tourments egotiques alors qu’on peut
s’offrir la JOIE, et même, quand on y arrive, ‘l’humour’…ce recul de protection
et d’observation tellement nécessaire pour alléger les états d’âmes sans perdre
la félicité intérieure… (petit secret de fabrication
peut-être ?)…l’humour…secours précieux qui peut faire qu’on se régénère
par le rire (le sourire), par la bonne humeur indispensable pour ‘aider’ les
autres à regagner le bord du gouffre et à s’y agripper pour en sortir, toutes
griffes dehors, tous muscles bandés, tous yeux hagards, pour leur apprendre
aussi à savoir observer une fleur qui pousse, un oiseau qui chante, une étoile
qui brille !
Le rire n’est-il pas le plus court
chemin d’un homme à un autre… ?
Et l’humour n’est-il pas, dit-on, la
meilleure expression du désespoir… ?
De grâce arrêtons-nous d’être
grincheux.
A la radio récemment le père d’un
enfant grandement handicapé, témoignait du fait qu’il avait passé sa vie à
essayer de le faire rire, et qu’il avait su rire lui-même de ce que cet enfant
lui avait apporté…Un jour, l’enfant avait essayé d’enfiler son pull-over non
pas par les manches ou par le col, mais par un trou de mites et avait mis 20
minutes à se contorsionner afin d’y parvenir…Ce fut un moment de bonheur pour
les deux, l’enfant et le père (malheureusement incompris par l’ensemble de son
entourage). Ce sont pourtant eux les plus joyeux !
Mâ Anandamayî a parlé bien des fois
dans tous ses livres de la JOIE (Ananda)
… D’où son nom Anandamayî : ‘La saturée de joie’. Un des livres de Mâ
(traduit et préfacé par Jean Herbert) s’intitule ‘Aux sources de la Joie ‘
En ressentant en nous-mêmes cette
gaieté, cette douce béatitude intérieure, sans doute un don du ciel, ou une
reconnaissance d’un comportement de vie bien structuré…rien ne peut être plus
salutaire pour aider autrui.
On sent la gaieté dans les voix
souriantes, dans les regards pétillants, dans la force de reprendre courage
alors que les proches autour de vous n’ont rien compris à vos réactions rendues
parfois trop toniques, par réaction à la douleur ou à l’incompréhension…
Il est facile de faire porter sa
croix par les autres en leur remettant les problèmes sur le dos…Il y a, et il y
aura toujours une lueur d’espoir pour qui saura ‘faire l’effort de voir’ !
Qu’on se le dise…qu’on s’analyse…qu’on sympathise…se
tranquillise…
Qu’on divinise et fraternise…qu’on
s’autorise…même une bise !
Lors de mon tout premier séjour en
Inde, le choc des cultures avait été violent, mais salutaire…sans doute parce
qu’en moi bouillonnait une telle félicité, que tout ce qui avait formé jusque
là le ciment de ma propre nature me semblait soudain dérisoire…
A mon second voyage, Jacques Vigne m’avait accueillie.
Ensemble dans le train de Delhi à Hardwar, le modeste sandwich qu’on avait
partagé, où la mie de pain délavée abritait
un minuscule morceau de fromage, m’avait semblé un délice…tandis que sur
la paroi du wagon un gros cafard se promenait à côté de mon bras (moi qui frémissais à la vue des
insectes) ! Mais ma joie était telle, que je m’étais mise à penser que ce
cafard avait sans doute une famille, papa, maman, enfants…et que moi j’allais
rejoindre un bonheur impalpable dans l’enseignement de Mâ…TOUT ne semblait plus
RIEN…
Mâ affirme que la tristesse est fatale à
l’homme ! Mâ irradie non seulement la joie mais aussi parfois une ‘lumière
invisible’…
Shrî Aurobindo, dans Aperçus et Pensées, dit que Ananda,
la joie, est l’impulsion centrale de la nature humaine. L’agitation, l’inconstance,
le doute n’en sont que des aspects passagers. L’âme cherche la joie partout,
comme un enfant !
« On perd beaucoup d’occasions de rire quand on ne
sait pas rire de soi-même… » (Jacques Vigne – Soigner son âme)
Plus de six années ont passé depuis mon initiation à
l’Inde ! J’ai collaboré en travaillant beaucoup et de mon mieux…et si mes
yeux pleurent désormais à l’ordinateur, c’est sans nul doute…de JOIE !
Geneviève Koevoets
(Mahâjyoti)
Réflexions
sur le Bonheur…
Je te
souhaite beaucoup de bonheur
Si tu ne trouves pas le bonheur,
C'est peut-être que tu cherches
ailleurs.
Ailleurs que là, dans ton coeur...
Tu cherches le bonheur ? Le sourire ?
Ne cherche pas dans tes
souvenirs,
Recherche-le dans le présent.
C'est là seulement qu'il t'attend.
Le bonheur n'est pas un joujou
Qu’on peut acheter hors de chez nous.
C'est un projet qui part de nous
et qui se réalise en nous.
Il n’y a pas de marchand de bonheur,
Il n’y a pas de machine à bonheur.
Mais des gens qui croient au bonheur.
Toi seulement tu fais ton bonheur.
"Le plaisir se ramasse, la joie se
cueille
et le bonheur se cultive."
Bouddha
(Envoyé à
Mahâjyoti
par Fabienne Salengro)
Nouvelles
-
José Sanchez-Gonzalez
qui se charge de recevoir les chèques d’abonnement a changé d’adresse et de
téléphone à l’intérieur de Vaison-la-Romaine. Vous trouverez ses nouvelles
coordonnées dans la section suivante.
-
Swami
Bhaskarananda a eu une petite attaque cérébrale avec une paralysie du bras et
une certaine difficulté à parler, mais il s’est maintenant à peu près remis.
-
L’école primaire
au nom de Mâ Anandamayî qui compte 80 élèves dans le village de Daulchina est
en train de finir de construire deux nouvelles salles de classes dont ils
avaient grandement besoin. Ceci a été dû en bonne partie à la générosité des 32
occidentaux venus à la retraite d’août dernier à Kankhal, en particulier à
Lucienne Legeret qui est psychothérapeute à Vevey.
-
Des retraites
avec des groupes francophones ont eu lieu auprès de Vijayânanda en août donc,
mais aussi en septembre, en début décembre et nous attendons 34 personnes pour
début janvier.
-
Vigyânânanda
reviendra en Occident de mi-mars à début août. L’an dernier il avait été invité
à Asssise pour parler de Mâ dans un congrès de yoga, et il a été de nouveau
invité en Italie pour le 35e anniversaire de la Fédération Italienne
de Yoga en début mai près de Venise. Il animera en particulier une semaine de
retraite à Cannes en avril et une autre sur une île du Golfe du Morbihan en
juillet. Demandez son programme à Mahâjyoti koevoetsg@wanadoo.fr (Coordination bénévole).
Renouvellement des abonnements
Nous n’avons pas encore procédé au renouvellement
général des abonnements qui aura lieu, pour deux ans, en mars 2009, à raison
d’un numéro par trimestre. Cependant, pour ceux qui ne sont pas déjà abonnés et
qui voudraient le faire, ils peuvent s’en acquitter dès maintenant pour 9
numéros jusqu’en mars 2011 en envoyant un chèque de 9 € à l’ordre de Jacques VIGNE pour le recevoir
par EMAIL, ou un chèque de 18 € pour le recevoir sur PAPIER depuis l’Inde, en
précisant votre choix, et en adressant votre chèque à :
José
SANCHEZ-GONZALEZ. Notez sa nouvelle adresse et son téléphone, car il vient de
déménager à l’intérieur de Vaison-la-Romaine :
10
rue Tibère - 84110 VAISON-LA-ROMAINE
Téléphone
portable : 06 34 98 82 22
Email :
nagajo3@yahoo.fr
Il est préférable cependant de s’abonner
pour recevoir le ‘Jay Mâ’ par EMAIL. Envoyer en ce cas les 9 € pour jusqu’en
mars 2011 à la même adresse indiquée ci-dessus, tout en ne manquant pas
d’aviser Mahâjyoti (Geneviève Koevoets) une fois le paiement envoyé – koevoetsg@wanadoo.fr -. C’est elle qui se chargera de vous l’envoyer par
courriel, tout en l’illustrant par une belle photo de Mâ comme l'édition sur papier.
Cette formule a l’avantage d’éviter les difficultés fréquentes de numéros qui
n’arrivent pas à cause de problèmes postaux à partir de l’Inde. Dans les deux
cas, ceux qui s'inscrivent maintenant n'auront pas à tenir compte de la demande
de renouvellement général d'abonnement
au printemps prochain. Les bénéfices du ‘Jay Mâ’ français seront reversés pour
soutenir l’Amrita Varta dont s'occupe Panuda et l'équipe des brahmachârinîs
du Kanyapeeth de Bénarès, avec les versions anglaise, hindi et bengali.
Table des matières
Paroles de Mâ
Réponses de Vijayânanda
Satsang avec Swami
Nirgunânanda
La voix des fleurs par Monique Manfrini
Mâ et la joie par
Geneviève Koevoets ( Mahâjyoti)
Réflexions sur le bonheur communiquées par F.Salengro