Jay Ma n° 76
printemps 2005
Paroles de Ma
Il est Celui dont le souvenir apporte la
libération de toute anxiété - penser à Lui seul est bon et juste. À chaque
instant, efforcez-vous de soutenir la contemplation de Dieu, le flot de son
nom. Par la vertu de Son nom, tout mal-aise devient aisé.
En vérité, tout est sa loi. Comment
celui qui est capable d'accepter ceci demeure encore tellement perturbé ? Ce
n'est que votre devoir de considérer tout comme Sien. Quoi qu'Il fasse, faites
en sorte que Sa pensée vous garde en paix.
Le sens du manque s'élève-t-il parce
qu'on n'obtient pas l'objet désiré ? Quand son désir demeure frustré, le fruit
de celui-ci ne vient pas, continuer à en avoir intensément envie et en être
répétitivement déçu, n'est-ce pas a priori un processus futile ? Quand il y a
désir, l'expérience du manque et du chagrin est tout à fait naturelle du point
de vue du monde. Ce monde change constamment : tout ce que vous pouvez désirer
en provenance de lui apportera le chagrin. Même si on peut parfois y obtenir un
bonheur momentané, chercher Cela
dans lequel il n'y a pas de chagrin et dans lequel on réalise, voici le seul
devoir de l'homme.
Forcez-vous à prendre le médicament.
C'est sûrement le devoir de l'homme de chercher refuge dans la pensée de Dieu,
même quand il n'a pas d'inclination à le faire.
Abandonner la protection que la vie de
famille nous procure afin de consacrer ses journées entièrement à la Quête
Suprême est difficile. Si vous en êtes capables – c'est bien. Mais réfléchissez
soigneusement sur ce qui vous y pousse de
l'intérieur : Sa volonté sera faite.
Celui qui vous a donné ce que vous
possédez dans ce monde, richesse, distinction, jeunesse, appelez-Le pour
lui-même. Vous ne pouvez pas ? Pourquoi ? Vous allez y être obligés ! Vraiment,
l'être humain peut faire toute chose. Qui peut dire ce qu'Il va donner à qui et
à travers quoi ? Tout est Sien, entièrement Sien.
En ne priant pas pour quoi que ce soit
de ce monde, efforcez-vous de vous abandonner sans réserve à Lui - là où il n'y
a aucun désir ou manque de quelque sorte que ce soit, pas de douleur, pas de
luttes intenses et douloureuses. C'est en Lui qu'on parvient au sommet de l'accomplissement.
Réminiscences d'Amulya KD Gupta
Dhaka, le 23 octobre 1938
[La présence résiduelle d’un sage en un lieu
donné]
Ce matin-là, Mâ s’est rendue à l'ashram de
Siddhesvari, près de Dacca dans la jungle, avec le Dr Pant ( un médecin-chef en
retraite qui était un des fidèles très anciens de Mâ). Je les ai suivis en
voiture à cheval. En arrivant au temple de Kali à Siddhesvari, j'ai appris que
Mâ était partie dans la maison du mahant,
le chef du temple. Il y a plusieurs années, un Mahâtmâ qui s'appelait Swâmî
Soumerou Van avait effectué des pratiques intensives à cet endroit et était
parvenu au siddhi (la perfection)....
Mâ déclara :
"Il y a une prophétie qui a cours ici : tant que la plante grimpante le long du manguier est
vivante et que la chaîne de fer n'est pas entièrement recouverte par l'eau du
puits, Babaji (Soumerou Maharaj) demeure ici. Il fut un temps où tous les
environs étaient des endroits consacrés à la sâdhanâ.
Naresh Babu : Ceci a dû se passer il y a bien longtemps.
Mâtâjî : Oui, tout à fait. Néanmoins, bien que tout ceci appartienne au passé, on
peut toujours en sentir la vibration. Même si l'herbe pousse sur une terre carbonisée
jusqu'à la couvrir, on sait que le sol est toujours brûlé par dessous, c'est
quelque chose de similaire.
Moi-même : Ces vibrations dont vous parlez sont-elles dues à la transmission d'un
individu ou des pratiques qui ont été effectuées à cet endroit ?
Mâtâjî : Elles sont aussi causées par certains samskâra. Le fait que Babaji ait affirmé qu'il resterait ici aussi
longtemps que la plante grimpante est vivante, montre qu'il avait un désir de
demeurer en ce lieu. Sinon, il aurait pu déclarer qu'il était partout. Puisqu’il
s’est référé à cet endroit particulier, on peut supposer qu'il avait une
prédisposition en faveur de ce lieu même.
…Moi-même : Mâ, après avoir transcendé la
naissance et la mort, est-ce qu'on existe toujours dans un corps
éthérique ?
Mâtâjî : Le corps éthérique aussi finit par périr. Cependant, les grands êtres, mahapouroushas,
assument souvent des formes particulières. Ceci est causé par leurs dispositions
inhérentes. Certains, même après avoir assumé ces formes particulières, peuvent
quand même demeurer immergés dans l'Etre
Suprême. On peut encore dire que l'existence simultanée d'une absence de
forme est aussi possible.
Après ces
discussions brèves, Mâ partit pour Shahbag.
[Il ne faut pas demander à Mâ de donner son
avis sur le niveau spirituel de quelqu'un]
Ramana Ashram, Dacca, 17 août 1939
Moi-même : Shobha Mâ [une sainte femme de Bénarès contemporaine de Mâ] déclare
qu'une fois qu'on a été béni par la grâce d’un sadgourou, on atteint la
Libération dans l'espace de trois naissances. On peut aussi appliquer ce
principe à des individus qui ont moins de qualification. Est-ce correct ?
Mâtâjî : Je ne sens pas de répliquer à cette question maintenant.
Moi-même : Shobha Mâ affirme qu’il ne peut y avoir plus de neuf sadgourous vivant
simultanément dans le monde. Cela ne fonctionnera pas si il y en a un de plus ou de moins.
Mâtâjî : Est-ce que Shobha Ma dit cela? Moi-même, je ne peux rien dire de ce
genre. Vous devez considérer qu'il y a une variété infinie d'expériences dans
le monde spirituel. Tout est possible. En ce sens, l'existence simultanée de
neuf sadgourous est aussi correcte.
Moi-même : Après avoir atteint l'accomplissement, est-ce que le point de vue de tout
un chacun ne devient pas également valide ? Ainsi donc, pourquoi certains parlent
d'une façon claire et définie tandis que d'autres se contentent de faire des
allusions vagues à propos de l’Infini ?
Mâtâjî : Voyez-vous, la plénitude est constituée à la fois des parties et du Tout.
Quand vous voyez quelque chose d'une façon partielle, comment pouvez-vous voir
le Tout ? Si vous désirez réfléchir ou contempler quelque chose d'une
façon convenable, vous ne pouvez le confiner à l'intérieur de limites données.
Moi-même : Ainsi donc, dois-je comprendre que ce ne sont pas tous ceux qui ont
expérimenté le Brahman qui sont
pleinement réalisés ? Par exemple, les divers auteurs de nos Shastras sont, dit-on,
des connaisseurs de Brahman et ces Shastras indiquent des chemins bien définis
d’accomplissement − ils ne sont pas vagues.
Mâtâjî (en riant) : On peut répondre à
ceci de deux façons : d'une part, on
peut dire qu'ils ont décrit simplement leurs propres expériences, il s’agissait
donc d'une exposition partielle de la vérité. D'autre part, on peut avancer
l'argument qu'ils ont écrit pour éduquer le public. Ainsi les auteurs des
Shastras qu'on suppose avoir été des connaisseurs de Brahman peuvent ou non
avoir été entièrement réalisés. Avez-vous compris, maintenant ?
Moi-même : Oui,
j'ai saisi d'une certaine manière, mais pas complètement.
Mâtâjî (en
riant) : Vous essayez de trouver les individus qui on a atteint un niveau
particulier, mais rien à proposde ce
genre de sujets ne sera dévoilé par ce corps.
Amrita
Varta, VIII, 4, octobre 2004p.2-7 (extraits)
Pensées de l’Himalaya
par Swami Nirgunananda
Qu’est-ce que
la poûjâ ?
Il y a des définitions variées et détaillées de la poûjâ dans nos
Ecritures. Une définition simple de la poûjâ, c'est qu'il s'agit d'une action
accomplie avec amour pour faire plaisir à quelqu’un. De façon conventionnelle,
poujâ signifie effectuer des rituels et des offrandes à Dieu accompagnées de
mantras afin de lui faire plaisir.
Qu'est-ce que l’abandon [surrender] ?
C’est de tout consacrer, y compris soi-même, sans conditions au Bien-Aimé
ou à Dieu, voilà ce qu'on appelle l’abandon. C'est le stade le plus élevé de la
dévotion. Dans cet état, il y a une cessation complète de la volonté
individuelle et dépendance totale à la volonté divine. Je vais vous raconter
une histoire authentique à ce sujet :
Au Bengale, il y a avait un érudit réputé du nom de Shashi Bhusan
Sanyal ; il était un contemporain du grand saint de l'Inde d’alors,
Shrî Ramakrishna. Il était un puits de
science et de sagesse, il faisait autorité sur des domaines aussi variés que les différentes formes de
médecine, la science, les mathématiques, la philosophie, les religions et les
Ecritures. Shrî Ramakrishna envoyait ses disciples brillants comme Vivékânanda
ou Abhédânanda pour étudier le védanta chez lui. Bien que Shrî Sanyal fût
disciple d’un autre saint fameux de l'Inde, Swâmî Shivarâma, il avait le plus
grand respect pour Shrî Ramakrishna. Il n’acceptait jamais d’honoraires de ses
étudiants et pratiquait les trois branches de la médecine, l'homéopathie, l’allopathie
et l'ayur-véda pour gagner sa vie. Il était le seul membre salarié d’une famille de trente-cinq personnes.
Une fois, Ramakrishna lui a demandé de ne plus pratiquer la
médecine et d’essayer de dépendre complètement de la grâce de Dieu même pour
ses besoins matériels. Il a pris le vœu de ne rien demander à personne et a
commencé à pratiquer âkâsh vritti [la
tendance, l’habitude vritti, du ciel, âkâsh, de celui qui jamais ne demande ni ne mendie
quoi que ce soit, même pour ses besoins quotidiens et qui s’abandonne
complètement à la volonté de Dieu]. Vous pouvez imaginer quelle période
difficile il a eue à traverser pour nourrir trente-cinq bouches affamées avec
deux repas par jour sans aucun revenu. A certains moments, la famille avait à
jeûner pendant des jours entiers mais il n’en disait rien à personne. Il ne
perdit pas son équilibre mental et n'a pas dévié non plus de son vœu malgré
toutes ces difficultés. Un jour, pendant qu'il enseignait, un facteur lui a
apporté un pli recommandé provenant d'une personne inconnue de Bénarès. Il l’a
ouverte, a sorti la lettre, l'a lue et a poursuivi le fil de son enseignement.
Des larmes coulaient à flots de ses yeux. Les étudiants étaient étonnés de voir
cela et pensaient que c'était tout à fait inconvenant pour un homme comme lui
qui était établi dans l'état le plus haut du védanta de tant souffrir après
avoir lu une lettre ! Ils avaient vu le même homme porter son jeune enfant mort dans les bras sans
aucun signe de chagrin ni de larmes aux yeux. Swâmî Abhédânanda (qui s'appelait alors Kali Mâharâj) ne put
s’empêcher de demander à Shrî Sanyal la raison de sa souffrance. Il tendit la
lettre à l’étudiant : "Ce ne sont pas des larmes de souffrance, je suis
ému par la grâce du Seigneur et ne peux m'empêcher de pleurer. Tu peux lire ce
qui est écrit et te rendre compte par toi-même." Le pli venait d'une
personne bien connue de la célèbre famille Mitra du quartier de Chowkhamba à
Bénarès et contenait 500 roupies en liquide. Il y était écrit que la personne
avait vu en rêve le Seigneur Shiva lui
apparaître et lui dire qu'un fidèle à Calcutta avait vraiment besoin d'être
aidé ; il avait jeûné avec toute sa famille durant ces derniers jours. Le
Seigneur lui avait donné le nom et
l’adresse de Shrî Sanyal en rêve, sur la base de quoi Mitra avait envoyé la
lettre ainsi que l'argent avec l'espoir qu'elle atteindrait la personne à
laquelle elle était destinée. Ce n'est qu'alors qu’il parla à ses étudiants de
sa situation financière misérable. Il savait à l'évidence que beaucoup de gens
auraient pu venir à son secours au moindre signe de sa part mais il voulait
s’abandonner complètement à la volonté de Dieu et avait la ferme croyance que
Celui-ci s'occuperait de tous ses besoins matériels. Il s'était abandonné à
Dieu par amour pour lui.
Il y a une autre sorte d'abandon
qui résulte de la peur. Supposez qu’un homme avec un revolver m’attaque pour
une raison ou pour une autre. Pour sauver ma vie, je lève les mains et me rends
à lui. Ce sont les circonstances, et non pas l'amour qui m'obligent à effectuer
ce geste de reddition dans l’espoir de sauver ma peau. Et je ne suis pas sûr
que l'agresseur m’épargne ou non. L'abandon est une conviction de toute la vie,
et non une solution de facilités pour un temps limité. Prenons un autre exemple
– on dit très souvent qu'un homme qui craint Dieu s’abandonne à Sa volonté. Il
peut être honnête en parlant ainsi pour la période actuelle. Si son jeune
enfant est sur son lit de mort et que le docteur a abandonné tout espoir, la
seule option qui lui reste est de tout abandonner et de prier Dieu. Mais si le
garçon meurt, immédiatement, il va
s'exclamer : "Dieu, qu'as-tu fait ?" C'est un abandon motivé.
L'abandon authentique est la fusion de la volonté individuelle avec celle de
Dieu sans aucune arrière-pensée.
Comment un gourou peut-il
aider son disciple ?
De la manière dont un maître aide ses étudiants
ou de celle dont un répétiteur entraîne ses élèves. Un gourou montre la voie
pour que ses disciples soient exposés aux potentialités latentes qu'ils portent
en eux.
Est-ce que les relations que nous entretenons dans
le monde nous aident dans notre développement spirituel ?
Bien sûr qu'elles nous aident ! Toutes les relations ont leur essence
dans l'amour. Le monde n’est pas quelque chose qui soit en dehors du domaine de
Dieu. Si Dieu qui est tout amour a créé
le monde, cela doit être par amour pour sa création. Rien de mauvais ne peut
venir de Dieu. Le bien et le mal existent seulement dans notre perspective. Un
aspirant établit avec Dieu d'abord un type de relation qu'il connaît bien du
point de vue du monde, et ce, quelle que soit la religion qu’il suive ;
avec cette pratique, il essaie ensuite d'élever la relation jusqu'à son
essence. L'instrument de base qui nous est confié, c'est la compréhension des
relations du monde, tout simplement. Une célèbre prière récitée en Inde par
presque tous les aspirants spirituels est la suivante : tvameva mâtâ cha
pita tvameva, tvameva bandhu cha sakha tvameva… « tu es la mère,
le père, le frère et l’ami... » ici, les relations qu’on cite sont des
relations du monde qu’on expérimente dans la vie ordinaire mais de façon
superficielle sans aller jusqu'à leur essence profonde. Avec la pratique, nous
explorons le nectar essentiel des dites relations. Si nous pouvons les vivre
d'une façon symbiotique -plutôt que parasitaire comme nous le faisons souvent-
ces relations du monde nous rapprocheront de Dieu. Mâ disait souvent :
« Aimez vos jeunes enfants comme des incarnations de jeunes dieux et
déesses ». Elle ajoutait : "yatra nârî tatra Gaurî, yatra jîva tatra Shiva ». « Là où il y
a la femme, il y a la déesse Gauri, là
où il y a l'âme individuelle, il y a le
dieu Shiva » A ce propos, il faut que je vous raconte une histoire : Le
saint Eknath était un grand fidèle vishnouïte. Le nom du Seigneur était
toujours sur ses lèvres même quand il était engagé dans les travaux de la
maison. Il servait son père handicapé comme son dieu bien-aimé. Un jour, il
était en train de nourrir son père en chantant constamment le Nom du Seigneur.
Celui-ci est apparu devant lui, sur le
pas de la porte mais il a continué à servir le vieil homme. Il a offert une
brique au Seigneur et lui a demandé de rester debout dessus pendant qu’il
terminait le service de son père. Vittal accepta cette requête et fut content
de rester debout sur la brique elle-même. Jusqu'à nos jours, la célèbre statue
de Vittalnath à Pandarpur est debout
sur une brique en souvenir de cet épisode. La relation d’Eknath avec son
père avait été élevée à un tel niveau que même le Seigneur se devait
d'apparaître devant lui.
Voici une autre histoire : Un
yogi avait pratiqué des austérités et pénitences et avait acquis certains
pouvoirs paranormaux. Un jour, alors qu’il méditait sous un arbre, un oiseau
fit ses besoins sur lui. Le yogi
regarda l’oiseau avec colère, et celui-ci en fut réduit en cendres.
Après s’être levé et avoir pris un
bain, il s'en alla au village voisin pour mendier sa nourriture quotidienne. Il
parvint à une maison et frappa à la porte en demandant l’aumône ; la voix
d'une jeune femme vint de l'intérieur en le priant d’attendre quelques instants
jusqu'à ce qu’elle en finisse avec le travail dans lequel elle était engagée à
présent. Après quelques instants, il frappa de nouveau à la porte et la même
demande vint de l'intérieur. Le yogi s'impatienta, et enragé, frappa une
troisième fois à la porte. Soudain, une femmes avec la nourriture dans les
mains se tint devant le yogui qui la regardait avec colère à cause du retard.
La dame s'excusa pour cela, mais l’ire du yogi n’en fut point diminuée pour
autant. La dame fit alors remarquer au yogi d’une voix très douce qu’elle
n'était pas l'oiseau de la forêt et que ce regard coléreux n'aurait pas d'effet
sur elle. Le yogi fut abasourdi par cette simple réflexion et se mit à penser
que la dame était une personne
spirituellement très avancée pour être ainsi au courant à distance de ce
qui y était arrivé à l'oiseau ; il lui
demanda des informations sur ses pratiques spirituelles, par la force
desquelles elle avait été capable de connaître de façon subtile ce qui s’était
passé au loin. La femme répondit qu’elle servait simplement le divin en son
mari avec tout son esprit, ses paroles et ses actions. Le retard avait été
causé par le fait qu'elle devait lui donner son repas. Aussitôt qu’elle avait
fini ce service, elle était venue avec des aumônes pour le yogi.
Quel rôle le silence et la solitude jouent-t-il
dans la pratique spirituelle ?
Avant de répondre à ces
questions, essayons d'abord de définir ces deux termes d’une façon simple et
compréhensible : solitude signifie le fait d’être seul ; il y a deux
aspects à cela, mental et physique. On peut se sentir esseulé dans une
atmosphère de foule et vice-versa. On peut ressentir la solitude réelle quand
les deux aspects physiques et mentaux évoluent en parallèle. En d’autres
termes, la solitude réelle nous aide à être avec nous-mêmes, libres des objets
du monde extérieur et intérieur. Le fait d'être seul ne doit pas être confondu
avec l'état de mélancolie.
Le silence signifie l'absence de
bruit ou l'abstention de paroles. Le premier aspect est physique et le second
mental ; en sanskrit, silence se dit "maun". C’est un
terme dérivé de manas, le
mental, ainsi, le silence consiste non
seulement à s'abstenir de paroles, mais aussi de pensée. Le silence physique
aide jusqu'à un certain point à réduire le mental au vrai silence. Après ces
préliminaires au sujet de la solitude et du silence, examinons maintenant leur
rôle dans la pratique spirituelle. Lorsque vous vous retirez dans un endroit
solitaire, vous vous débarrassez
jusqu’à un certain point des perturbations auditives et visuelles qui vous
troublent dans le monde. Ceci représente une manière directe d'avoir un
contrôle sur votre mental. Le silence physique vous aide à éviter les gênes
auditives - en solitude, on n’a personne à qui parler, il y a donc une
restriction automatique de la parole. Vous serez d'accord avec moi que la plupart du temps, nous conversons par
habitude et non par nécessité et nous gâchons ainsi beaucoup d’énergie. Nous
pourrions la préserver et l’utiliser de façon à atteindre le but de la vie. Une
fois que vous êtes habitués au silence, votre capacité d'introspection augmente
de façon signifiante. Mâ soutenait toujours l'utilité du silence. Dans ses
ashrams, on s'attend à ce que tous les membres observent le silence de huit
heures quarante-cinq à neuf heures du soir. Vous remarquerez que quand nous
observons le silence, les activités du mental ne s'arrêtent pas pour autant et
que le besoin de s'exprimer existe au début,
c'est ainsi qu’on a recours au langage des signes. De plus, vous ne
pouvez pas empêcher les gens de vous parler, et comme en outre, observer le silence ne désactive pas pour autant
votre sens auditif, et vous pouvez être
perturbé à cause de cela. La solitude est une grande aide de ce point de vue.
Mes trois ans d’observance du silence à l'époque de Mâ, et seize ans de
retraite en solitude à Dhaulchina ont été de grandes aides dans ma pratique
spirituelle. Un silence et une solitude initialement forcées doivent devenir
habituels. C'est alors seulement qu’il est possible de ressentir la félicité
qui en découle. Il est presque impossible d'avoir un contrôle sur tous vos sens
simultanément. Mais si vous contrôlez complètement l’un d’eux, les autres vont
suivre. Souvenez-vous, le vrai silence,
c'est l'état de samâdhi.
Mâ a dit : "Soyez comme un enfant qui jamais
ne grandit." En tant que tel, ceci n'est
praticable ni psychologiquement
ni physiologiquement. De plus, cette parole de Mâ semble nier le rôle de
l'intelligence dans la spiritualité.
Vous avez soulevé un point important : je
dois citer une autre parole de Mâ en rapport avec cela. Elle a dit : "Vous
avez assez joué avec votre intelligence dans cette vie. La victoire ou la
défaite, quelles qu'elles soient, elles sont arrivées. Ne serait-ce qu'un
instant, regardez-Le et sautez sur Ses genoux, vous n'avez pas besoin de penser
à quoi que ce soit." Oui, ici, elle dénie apparemment l'intelligence, mais
dites-moi quel rôle l'intelligence joue dans l'amour ? Est-ce que vous avez
jamais rencontré une expression comme "amour intelligent"? Est-ce
qu'un enfant a besoin d'appliquer son intelligence quand il aime sa mère? Je ne
veux pas dire que l'intelligence n'a pas de rôle dans la vie, elle a son
importance quand elle est à sa place. Je ne pense pas que le travail spirituel
soit un jeu à jouer avec son intelligence, mais jouer le jeu de la vie
intelligemment aide à réussir l'objectif ultime.
Je suis d'accord qu’il est impossible -à la fois
physiologiquement et psychologiquement- de revenir à mon enfance passée. Mais
je porte toujours en moi mes impressions de l'enfance, je peux essayer de
reprendre les chemins de ma mémoire, de déterrer ces impressions, d'être avec
elles et de ressentir à nouveau mon enfance. En agissant ainsi, je goûterai le
nectar de l'amour que j'avais perdu dans les jeux de l'intelligence. Ceci n'est
ni impraticable ni impossible. Parfois je ressens que mon cœur est comme
une pierre. Je ne sens pas d'amour pour quoi ou qui que ce soit.
Votre cœur ne peut jamais être comme une pierre
car une pierre n'a pas de cœur pour ressentir ! Ce que nous appelons le
cœur est le siège des émotions dans le mental et non l'organe physiologique qui réside dans la cage
thoracique. Sans rentrer dans la signification littérale de ce que vous avez
dit, je comprends bien l'état mental auquel vous faites allusion ; ceci
est tout à fait naturel dans l'esprit humain. Maintenant, essayons de voir
pourquoi cela arrive. Dans un tel état, le mental perd son calme naturel à
cause des perturbations qui proviennent au hasard du monde des objets
extérieurs et intérieurs. Cet état peut être le résultat de frustrations. Vos
attentes ne sont pas comblées et vous n'êtes pas capable de définir exactement
ce que vous souhaitez à ce moment-là. Vous avez une attention dispersée. Comme
nous sommes dans un monde relatif, nos envies et dégoûts sont aussi relatifs.
En toile de fonds de l'aversion envers quoi que ce soit, il y a une aspiration intérieure pour aimer
quelque chose d'autre que parfois nous ne pouvons pas définir, et ainsi,
nous éprouvons de la confusion. Si votre cœur est comme une pierre, ce serait
l'état du mental le plus désirable, cela voudrait dire que vous n'avez pas de
pensée, et cet état d'absence de pensées est un autre nom du samâdhi, le
but de tous les efforts humains.
Comment peut-on développer
son amour pour Dieu?
C'est très simple : d'abord établir une relation
avec Dieu et ensuite la nourrir petit à petit de tout votre cœur, vous sentirez
sa proximité. Essayez de lui établir un siège permanent dans votre cœur.
Quels sont les conditions de
base sur le chemin de la dévotion ?
L'amour de Dieu, une foi totale en Lui et une pratique infatigable selon les conseils du gourou, voici quelques éléments de base du chemin de la dévotion.
Est il possible d’aimer sans rien
attendre en retour ?
Bien sûr, c'est possible. Vous le faites tout le
temps sans le savoir. Vous ne pouvez dénier que c'est vous-même que vous aimez
le plus. La toile de fond de votre amour des objets, c’est votre amour pour le
soi. Qu’attendez-vous de votre propre soi ? Vous aimez regarder votre image
dans le miroir. Est-ce que vous vous attendez à ce que cette image vous aime en
retour?
Comment développer l'amour
en moi ?
La question de développer l'amour ne se pose
pas : la seule chose qui nous soit demandée, c’est de sentir qu’il est déjà en nous dans toute sa gloire: avec
la pratique, on peut acquérir et développer une faculté particulière en soi.
Nous sommes nés avec l'amour. Le côté objectif du monde l’a voilé et c'est pour
cela que nous sommes incapables de le sentir dans sa plénitude. Il n'y a pas de
qualification ou de quantification de l'amour, mais bien souvent, nous l'objectivons. Par la pratique,
nous serons capables de le dévoiler, et cet amour resplendira alors dans sa pleine gloire.
Pourquoi aimons-nous ? Parce que nous savons que c'est l'ambroisie
permanente, le remède pour toutes nos souffrances et douleurs en ce monde. S'il
en est ainsi, est-ce que l'amour peut quand même aboutir à la douleur ? Il
n'est pas rare en effet d’observer autour de nous que l’amour finit dans la douleur. Ici, la définition
même de l'amour n'est pas tenable. Pourquoi en est-il ainsi ? C’est parce
que notre compréhension de l'amour est erronée. L'amour se manifeste en action,
mais n'est pas l'action elle-même. Aucune action ne peut être perpétuelle. Elle
commence, continue pendant une période donnée puis s'arrête. Ainsi en est-il de
notre amour quand nous le prenons faussement pour être une action. Quand nous
considérons l'amour comme un objet, il ne peut être perpétuel. Notre monde est
transitoire. Tout change sous le coup du Temps. Mon objet d'amour du moment ne
demeure pas dans le moment suivant. Ainsi va mon amour quand je le considère du
point de vue des objets ; le résultat en est de nouveau la douleur. Ces faits nous poussent à voir
l'amour sous un jour différent, au-delà de la compréhension conventionnelle.
L'amour n'est pas dans l'objet mais j'ai besoin d'un objet pour projeter mon
amour afin de le sentir en moi seulement.
Comme vous l'avez dit auparavant, il y a ni
qualification ni quantification de l'amour. Pouvez-vous préciser ?
Voilà une bonne question ! La quantification est possible dans le cas
d’un matériau ou d'un objet. Pour mesurer quoi que ce soit, vous avez besoin
d'une unité. Maintenant, dites-moi quelle est l’unité d'amour par laquelle vous
pouvez le quantifier? Vous aimez pour vous faire plaisir et faire plaisir à
votre bien-aimé en même temps. Il est aussi naturel que vous aimiez plus d'une
personne. Si vous dites à quelqu’un que votre amour pour lui est moindre que
celui que vous avez pour un autre, est-ce que cela lui fera plaisir à
entendre ? Quand vous donnez quelque chose aux autres, il y aura une
baisse quantitative de cet objet dans votre stock. Mais quand vous donnez de
l’amour aux autres, est-ce que vous en avez moins pour autant ?
Maintenant, vous pouvez juger par vous-même si oui ou non il est faisable de
quantifier l'amour.
Maintenant, considérons les qualifications de l'amour. La qualification est
toujours comparative et par degré. Ici, de nouveau, nous sommes en face des
mêmes difficultés que dans le cas de la quantification.
Pierre Trudeau et la philosophie de Mâ
par Bithika Mukherjî
Au
début des années 70, un changement de direction dans mon collège apporta
quelques détériorations dans les conditions de travail, mais aussi quelques
nouveautés.
Ce
fut à ce moment là que je fis la connaissance de plusieurs professeurs
d’universités canadiennes qui prenaient un congé sabbatique et étaient venus à
la Banaras Hindu University pour entrer en contact avec le Dr. T.R.V. Murti et
d’autres érudits de la ville. Le Professeur G.M.C. Sprung était très intéressé
par tous les aspects de la vie indienne. Plusieurs d’entre nous se réunissaient
dans sa chambre pour des discussions sur des sujets généraux. Je rencontrai
aussi sa femme, Ilse, qui vint le rejoindre un moment. Elle se trouva être à la
B.H.U. quand le Premier Ministre du Canada, Pierre Trudeau, vint rendre visite
à Shrî Mâ à l’ashram. Ilse s’y rendit aussi avec moi pour voir comment Mâ
allait recevoir le Premier Ministre de son pays. Elle attendit dans le hall
avec le public pendant que Pierre Trudeau avait sa première entrevue avec Shrî
Mâ. Cette dernière m’avait choisie comme interprète. Etant donné que ses
questions n’étaient pas d’ordre privé, bien qu’assez personnelles, on peut les
publier désormais car elles sont révélatrices de la façon aisée que Shrî Mâ
avait de communiquer avec un homme appartenant à une autre religion, à un autre
pays, et à différentes traditions dans leur ensemble.
Après
les salutations d’usage, Shrî Mâ lui dit : « Vous venez d’une contrée
bien lointaine, avez-vous eu un voyage confortable ? Est-ce que tout est à
votre convenance ici ? »
Le
visiteur acquiesça comme il se doit et quelques échanges courtois
s’ensuivirent. Puis Mâ dit : « Il y a une Suprême Réalité dans
l’univers et au-delà. Elle seule (La Réalité) sous cette forme (de vous-même)
est venue rencontrer ce corps, pour qui personne n’est un étranger ni un
nouveau venu. Il n’y a qu’une seule Réalité – une Atma – C’est celle qui
a
toujours été, est, et sera. Cela est
éternellement permanent et cependant toujours nouveau. »
Le visiteur contempla posément l’étendue
de cet exposé, puis il demanda : « Le progrès est-il
possible ? »
Réponse :
Oui, toujours. Avec des efforts, vous pouvez accomplir une expérience de vérité
directe, tangible et réelle. Tout comme un étudiant peut atteindre un stade de
connaissance qui n’était pas à sa portée au début, un être humain peut acquérir
un degré de conscience qui est convenable pour son état de créature.
Question :
Est-ce qu’on peut prétendre à ces acquis tout de suite, ou après de longs
efforts ?
Réponse :
Les deux. Quand vous grattez répétitivement une allumette, le flamboiement se
produit toujours de façon subite, il peut arriver après beaucoup d’efforts, ou
bien du premier coup. Dans la création de Dieu tout est possible.
Question :
Comment un homme peut-il savoir si ce qu’il est en train de faire est la
meilleure chose à faire ? S’il est vrai avec lui-même ou pas ?
Shrî
Mâ : Cette question se réfère-t-elle aux choses de ce monde ou bien de
l’autre ?
Question :
Selon moi, les deux ne sont pas séparés. Je peux comprendre l’autre seulement
par rapport à ce monde-ci.
Shrî
Mâ : Ce sont les phases, ou les niveaux de la compréhension. L’étudiant au
stade le plus bas a des potentialités, mais il ne peut pas s’attendre à être à
la portée des leçons de niveau supérieur. Le voile de l’inconscient ou de
l’ignorance est repoussé de temps en temps. L’homme peut agir selon son
meilleur degré de connaissance d’une situation, mais ses efforts sont relatifs
et non absolus. C’est pour cette raison, voyez-vous, que vous faites toutes
sortes d’efforts mais que le résultat ne vous donne pas satisfaction. Il est
impossible pour les êtres humains de savoir ce qui est le mieux. Ce que vous
disiez au sujet de la non-différenciation entre les deux mondes est très juste.
Ce monde-ci est dominé par le mental et par conséquent il crée des divisions.
Le mental fonctionne dans le domaine de la créativité, du rendement, du
meilleur train de vie, etc… Le mental mesure. Nous sommes définis par notre
sens des valeurs. Le mental établit des normes. L’Incommensurable est parfait
tel qu’il est. Cette réalisation commence à poindre du moment que le mental est
dissout. La réalisation quelle qu’elle soit, est Cela seulement. C’est
seulement ce que Cela doit être et pas autrement. C’est vrai. Cependant, à
moins que l’on n’obtienne cette vision englobante de la totalité, on ne doit
pas renoncer à ses plus gros efforts pour faire ce que l’on pense être la
meilleure chose.
La
conversation continua encore un peu, alimentée par l’Ambassadeur que Shrî Mâ
connaissait très bien. Mr. Trudeau et Mâ sortirent sur la terrasse pendant un
instant. Mr. Trudeau sembla très heureux, relaxé, et il se consacra le plus
longtemps possible à la Presse. Il insista pour porter lui-même le petit tapis
(âsana) qu’on lui avait offert spécialement, au lieu de le confier à ses
assistants.
En conclusion, moi-même, Bithikâ, ayant obtenu une bourse, je décidai de partir pour un an au Canada. (p.283-284-285)
Le Sage et le papillon
Coquin papillon s'en vint un
beau jour
Voleter gaiement auprès
d'une barbe.
Dis-moi donc, vieux Sage,
aurai-je droit un jour
à pouvoir flirter au creux
de ta barbe ?
Puis-je y butiner sagesse et
mystère ?
Cesser d'être pris pour une
âme légère ?
Gentil papillon, répondit le
maître,
Sache rester toi-même sans
te contrefaire.
Donne du bonheur dans ta
légèreté.
Ne t'alourdis point de tant
d'anxiété !
Ma barbe argentée connut la
misère,
Le poids des années, la
gloire éphémère.
J'aimerais comme toi pouvoir
m'envoler !
Qu'à cela ne tienne, je vais
vous tirer
vers le ciel d'azur laissez-vous
guider.
D'en haut vous verrez les
âmes égarées,
regardez-les toutes, elles
sont fatiguées...
Je n'veux plus descendre,
s'écria le Sage,
je les vois souffrir, elles
n'ont rien compris,
aide-moi à voler jusqu'au
bout de ma vie !
Un grand cerf-volant forma
l'escadrille,
puis ils disparurent, loin à
l'horizon.
C'est depuis cela qu'une
toute jeune fille
Mis dans ses cheveux de
beaux papillons...
de Mahâjyotî (Geneviève Koevoets)
à Vijayânanda
(Kankhal - mars 2005)
Prière à la Mère divine
« Elle est mon essence »
Mère divine,
Tu es le Corps de mon corps
Tu es l'Ame de mon âme
L'esprit de mon esprit.
Mère divine,
Tu es l'oeil de mes yeux,
L'Oreille de mon oreille,
Et la Bouche de ma bouche,
Mère divine,
Tu es la Chair de ma chair,
L'Os de mes os,
le Sang de mon sang.
Mère Divine,
Tu es l'Amour de mon amour,
Le Désir de mon désir,
La
Force de ma force.
Mère divine,
tu es la Joie de ma joie,
Le But de mon but,
La paix de ma paix.
Prière à la Mère divine
L'Union
Mère divine,
Viens au-dedans de moi,
Reste avec moi,
Afin que je ne me sente plus séparée de
Toi.
Mère divine,
Absorbe-moi,
Engloutis-moi,
Ramène-moi toi,
Afin que je ne me sente pas différent de
Toi.
Mère divine,
Parle à travers moi,
Ris à travers moi,
Agis à travers moi,
Afin que je puisse finalement me sentir
une avec Toi .
Marion
Mantel, février 2003, après un darshan avec Amma
(Marion vient de faire publier chez ALTESS
un livre
de poèmes inspirés par la Mère divine
La source inépuisable de la joie avec une préface de Jacques Vigne.
Nous en
mettrons des extraits dans le prochain Jay Ma)
Méditation et relation au Gourou
par
Atmananda
(Extraits de Voyage
vers l’immortalité)
En ouvrant directement le livre d’Atmânanda ce
matin, voici ce qui est venu comme texte, et qui semble à propos dans le cadre
du Jay Ma :
Rajghat, le 15 juillet 1951
Que j’aie ou non l’impression de
progresser, je demeure totalement engagée dans ma sadhana avec Elle : advienne
que pourra. Tout ce qui est nécessaire, c’est une aspiration intense, rien
d’autre. Bien sûr, Mâ dit bien que cette aspiration est nourrie et intensifiée
par des séances quotidiennes de méditation, pratique qu’il ne faut jamais
manquer d’observer, qu’on en ait envie ou non
31 août 1951
Quand Mère
est là, je vis dans une sorte d’intoxication. Quelqu’un m’a demandé aujourd’hui
ce qui m’était arrivé au cours de cette année, et je ne savais pas quoi lui
répondre. Je suis seulement consciente du moment présent rempli de Sa présence.
Ce n’est peut-être pas bien de continuer mon travail à l’école [de Krishnamurti
à Rajghat au nord de Bénarès], puisque cela me fournit une sorte d’échappatoire
aux rigueurs de la Quête. Si quatre heures de sommeil me pouvaient suffire, je
n’aurais pas à me précipiter autant.
Rahghat, 19 octobre 1951
Un jour Patalda m’a donné une
sucrerie de la bouche de Ma. En l’avalant, j’ai senti que la Lumière se
diffusait dans mon corps. Cela a produit un état de profonde méditation dans
mon esprit.
Un matin, quelqu’un a demandé à
Mâ : « Cela sert-il à quelque chose de prendre l’initiation d’un
Gourou qui ne présente pas les signes caractéristiques d’un gourou authentique,
tels qu’ils sont définis dans les Ecritures ? »
Mâ : « Il y a deux
choses ici. Premièrement, prendre un Gourou et deuxièmement que ce Gourou soit le Gourou. Il ne peut être question de prendre ou de quitter, car ce Gourou est le Soi. S’il ne l’est pas, il se peut
qu’il vous indique un chemin, mais il ne peut pas vous conduire jusqu’au but,
jusqu’à l’illumination, parce que lui-même ne l’a pas atteinte. Vous pouvez prendre quelqu’un comme Gourou et puis le
quitter, mais dans ce cas je dis que vous n’avez jamais eu de Gourou. On ne
peut pas quitter le vrai Gourou. Il est le Gourou par sa nature même et il comble naturellement toutes les lacunes du disciple. Tout comme
la fleur donne son parfum naturellement, le Gourou aussi donne l’initiation par
le regard, la parole, le toucher, l’enseignement, le mantra ou même sans rien
de tout cela, simplement parce qu’il est le Gourou. La fleur ne fait d’effort
pour donner son parfum, elle ne dit pas : ‘Venez me sentir’. Elle est là.
Quiconque s’approche d’elle pourra jouir de son parfum. Tout comme le fruit mûr
tombe de l’arbre et est ramassé par quelqu’un ou mangé par les oiseaux, ainsi
le Gourou est tout ce dont ont besoin ceux qui lui appartiennent, quels qu’ils
soient.
« Il y a effectivement de
faux gourous et beaucoup s’y laissent prendre. On dit que vous devez vous
donner corps et âme au Gourou, mais cela ne signifie pas qu’il a le droit de
vous exploiter. S’il essaie de la faire, vous devez le quitter et la
plupart du temps laisser aussi le mantra qu’il vous a donné parce qu’il lui est
associé et qu’il vous fait penser à lui. Alors je dis : allez vous baigner
dans le Gange et prenez un nouveau départ avec un autre mantra. Un mantra est ce qui protège. S’il ne remplit pas cette fonction, ce n’est pas un mantra. »
23 janvier 1952
Essayer d’écrire quelque chose
sur Mâ a au moins un effet positif : cela me fait comprendre plus que
jamais combien elle est au-delà de tous les mots et de toutes les pensées, et
combien ma compréhension est limitée. Combien, en dépit de tout, je fais peu de
cas de mon contact avec Elle ; sinon pourrais-je prêter la moindre
attention à la façon dont je suis traité, permettrai-je à mon corps d’avoir le
dessus et quitterai-je Mâ parce que je désire davantage de confort, comme je
l’ai fait à Ambala ?
Ne vaut-il pas mieux mourir à Ses pieds plutôt que de vivre loin
d’Elle ? A présent je pleure tous les jours, parce que penser à Elle me
tire invariablement des larmes. Comme je suis indigne de Sa grâce et de Sa
compréhension !
11 février 1952
Certaines personnes pensent que
Mâ est supérieure à tous les avatars qui ont existé, mais je crois que c’est
une exagération injustifiée ; bien qu’en un sens cela soit vrai, parce que
chaque incarnation divine est certainement unique en son genre. Il me semble
que cette tendance exclusiviste de la part de certains aura l’effet contraire.
Il faut que chacun découvre ces choses par lui-même.
Quand nous avons pris refuge en Mâ,
nous devons vivre sa fameuse maxime [Jo
ho jayega ce qui arrive, arrive (comme par Volonté divine)]
Atmânanda Voyage
vers l’immortalité Accarias, 2003, p.258-260
Nouvelles
- Swami Nirgunananda vient en France du 16 au 23 août à Terre du Ciel infos@terre-du-ciel.fr 03 85 60 40 30 et à Epernon du 24 au 31 août ;
contact : Claude Portal 12 rue Lamartine 78100 St-Germain-en-Laye 01 34 51
74 41 et pendant les vacances ; en Auvergne ; 04 71 50 93 87 :
- Il y aura un groupe de l’école de Yoga de Terre du Ciel qui viendra
pour dix jours de retraite auprès de Swami Nirgunananda à Dhaulchina, dans les montagnes au-dessus
d’Almora, en fin mars-début avril.
- Swami Virajananda a eu une thrombose cérébrale en début mars :
il est partiellement paralysé, ne peut plus s’alimenter mais a retrouvé récemment
un peu l’usage de la parole. Il est
soigné en ‘hospitalisation à domicile’ à l’ashram même. C’est lui qui a eu
l’idée de lancer la Sangha de Mâ vers 1950 et qui a recueilli les paroles de Mâ
dans l’ouvrage Words of Ma Anandamayi qui a été une source importante de
L’enseignement de Ma chez Albin Michel. Il est aussi l’auteur de Swakriya
Swaras Amrita, issu de ses conversations avec Mâ et de ses propres
méditations à son propos. Il est honoré par le titre de moukhya sadhou,
« sadhou principal » de la Sangha. Swami Vijayananda lui avait prédit
depuis longtemps qu’il vivrait jusqu’à plus de cent ans, et il en a maintenant
102.
- Geneviève Koevoets, qui a reçu à Kankhal le nom de Mahajyoti (Grande
lumière) a traduit en italien Un Français dans l’Himalaya de Vijayananda (disponible en Français à Terre
du Ciel ou sinon sur www.anandamayi.org).
Elle est en contact avec un éditeur
spirituel de Rome en vue d’une éventuelle publication.
- Une sélection
d’écrits de Bithika Mukherji sur Mâ et le védanta doit paraître dans le courant de l’année chez Agamat à
Paris (éditeur Bernard Bouanchaud aagamaat@wanandoo.fr,
aagamaat est un ablatif et signifie littéralement en sanskrit ‘en provenance de
la tradition’ ; en ce sens les textes de Bithika qui a été professeur de
philosophie à l’Université Hindoue de Bénarès sont bien à leur place dans cette
maison d’édition).
Renouvellement général des abonnements
Il y a eu de sérieux problèmes de courrier
entre Kankhal et la France. Ceci est peut-être dû à la présence d’un ashram de
Yoga thérapie dans le village qui est très connu et qui envoie régulièrement des mailings en 7000 exemplaires, ce qui noie
la petite poste du village et les Jay Ma aussi s’ils ont le malheur de se trouver pris dans la tourmente. Maintenant
Pushparaj doit aller à la grande poste d’Hardwar et envoyer la revue par petits
paquets de 20 ou 30 exemplaires seulement. Une consolation relative : l’ashram
de Mâ a exactement le même problème avec les courriers collectifs qu’il expédie
aux fidèles en Inde. Tout envoyer en recommandé n’est pas la solution car cela
doublerait le prix de l’envoi, ne serait pas complètement sûr non plus et
obligerait les abonnés qui travaillent à faire de longue queues à la poste le
samedi matin avec leur avis en main juste pour récupérer l’envoi…Les Jay Ma
sont expédiés tous les trois mois, si cinq mois après le dernier envoi vous
n’avez rien reçu, écrivez par courriel à Pushparaj en disant le numéro qui vous
manque et il vous le fera parvenir ishu1145@yahoo.co.in
ou à Pushparaj Shre Shree Ma Anandamayee Ashram Kankhal 249408 Hardwar UA Inde.
Ceci dit, l’avenir semble être l’envoi par
courriel pour ceux qui sont habitués à l’internet. Depuis tout récemment, nous
avons enfin à Hardwar un système de réseau qui marche à une vitesse normale et
sans être coupé toutes les 10 minutes. Nous pouvons aussi joindre la photo de
couverture en pièce jointe. Nous faisons donc cette fois-ci deux tarifs, un
pour la souscription en ligne et l’autre par internet. Les bénéfices de ces
souscription ont servi depuis deux ans à faire saisir sur ordinateur deux
livres quasiment introuvables que nous sommes en train de mettre sur le site de
Ma :
- In the steps of the Yogis de Vijayananda
- Neo-Vedanta and Modernity de Bithika Mukerji
Nous travaillons aussi sur un
troisième livre de souvenirs sur Ma, le
premier du genre publié en 1946 à Calcutta et qui était tout à fait oublié. Le
but est de le mettre en ligne également.
Table
Renouvellement général des abonnements
Je me réabonne au
Jay Ma pour huit numéros, soit jusqu’au n° 84 du printemps 2007 :
-
par courriel
pour la somme de 10 €
mon courriel est le suivant :
-
par courrier
ordinaire pour la somme de 16 € :
mon adresse est la suivante :
Chèque à rédiger à l’ordre de Jacques Vigne et à adresser à :
José
Sanchez-Gonzalez
Maison Auger
Quartier St-Martin
84110 Vaison-la-Romaine
En cas de besoin nagajo3@yahoo.fr
tél : 04 90 28 80 23
Les réclamations
pour Jay Ma non reçus sont à envoyer directement à Pushparaj et son épouse Padma :
ishu1145@yahoo.co.in