Jay Ma  75   Hiver 2004-2005

 

Paroles de Mâ

 

Question : Quel est le moyen de stabiliser le mental? Ce qui ne connaissent rien et n’ont pas de gourou, quelle sadhanâ doivent-ils choisir? Comment comprendront-ils la sâdhanâ dont ils ont besoin?

Mâ : Voyez-vous, de la même manière qu’on consacre de grands efforts à apprendre à lire et écrire à de tout petits enfants, et par la suite ils deviennent très instruits, de même il faut faire effort pour enseigner cet enfant qu’est le mental. Tout comme la nature du mental est l’instabilité, sa nature est églement la stabilité. Il désire la paix autant que possible [ou “la paix réelle”,yathârtha shânti], à cause de cela, il ne la trouve pas dans aucun des objets du monde et il ne cesse de courir.

 

    En étant vide, tu peux devenir “blanc”(shveta), ou en te dissolvant à l’intérieur de tout, tu peux aussi devenir blanc. Cette couleur est la synthèse de toutes les autres et pourtant n’a pas de forme, elle est la non-forme des formes. Pour devenir blanc, il faut être droit et direct (sidha).  Si tu t’efforces d’être blanc comme lait à l’intérieur et à l’extérieur en t’appuyant sur la vérité et la simplicité, tu sera heureux, et tu rendras les autres heureux. Le signe le plus direct qu’on est devenu simple et blanc, c’est quand on est détaché. Engage-toi dans le monde en réduisant ton auto-suffisance à zéro, et tu verras comment tout concourra àte faireparvenirà laplénitudedelavacuité et rendra ton activité favorable où que tu sois, tes devoirs  s’accompliront de façon idéale. En cette époque qui pousse au matérialisme et à la consommation, on doit particulièrement se servir du détachement  sacré et de la simplicité. En réalité, la plénitude du détachement (tyaga) est un autre nom pour la plénitude de l’expérience (bhoga)

 

Hari Baba

par Vijayananda

 

 

 

     J'ai connu Hari Baba pendant plus de quinze ans et je l'ai rencontré en de nombreuses occasions, mais aussi étrange que cela puisse sembler, nous n'avons jamais échangé un seul mot. Il faisait partie des mahâtmâ-s qui venaient fréquemment rendre visite à mon gourou et j'ai souvent été assis en face de lui parfois pendant des heures d'affilées ; mais il n'y a jamais eu de contacts établis par la parole.

   Pourtant, Hari Baba était un Siddha-Pourousha, un sage qui a eu la vision de la Vérité ; il est aussi un saint, un bhakta qui a choisi de suivre le chemin de l'amour. J'ai entendu dire qu'il était à l'époque un étudiant en médecine, mais qu'avant qu'il ait fini ses études son ardeur religieuse a pris complètement possession de lui et qu'il a renoncé au monde. Sa soif pour le Divin était si intense qu’il pouvait même se rouler sur le sol en pleurant et en s'exclamant  Hari! Hari! ! (un des noms de Vishnou). Apparemment c'est à cause de cela qu'il a reçu le nom de Hari Baba ; ses disciples pensent qu'il est une incarnation de Chaitanya Mahâprabhou, le célèbre saint bengali qui a réformé le vishnouïsme au XVIe siècle. Comme le grand réformateur, Hari Baba est né le jour de la pleine lune de Holi (à peu près mi-mars).

Hari Baba est un Punjabi et comme la plupart des personnes de cette origine, est doué d’un corps solide. Il s'habille très simplement dans une robe de couleur de flamme, la couleur des sannyâsins, car il en est un lui-même. Son gourou était Swami Satchidananda de Hoshiarpur et il était un ami intime du célèbre sage de Vrindâvan, Uria Baba, qui a quitté ce monde juste avant que je n'arrive en Inde.

   Une longue barbe blanche encadre un visage sérieux et pensif. Il sourit rarement. Et quand il rit, c'est presque à regret ; car, en vérité, y a-t-il de quoi se réjouir en ce monde ?  Pourtant, je ne l'ai jamais vu le visage triste. Une expression de sérénité et de douceur filtre à travers un masque superficiel sévère, comme une lumière qu'on voudrait cacher derrière un rideau. Son regard semble constamment tourné vers l'intérieur, comme s'il vivait dans une sphère qui échappe au commun des mortels ; quand il est assis dans des réunions religieuses, il regarde rarement le public. Sa tête est baissée et son esprit semble reposer sur les vérités profondes. Puis, il se lève et retourne à sa chambre à pas rapides avec le même regard baissé sans regarder à droite, ni à gauche, donnant l'impression qu'il aurait hâte d’échapper à la foule.

        Pourtant, ce n'est pas un sage qui néglige le monde, car, quand cela est nécessaire, il fait travailler ses disciples pour le bien de la société et met la main à la pâte quelquefois lui-même. Il est célèbre au Punjab pour avoir fait construire au village de Bandh un barrage destiné à protéger des inondations. L'on raconte aussi qu'un jour, dans une période de sécheresse anormale, ses admirateurs  le supplièrent de prier pour la pluie. Hari Baba se laissa attendrir. Il rassembla ses disciples et fit un kirtan (chant religieux)... Et la pluie vint.

     Son enseignement et ses méthodes sont pleinement en accord avec la vieille tradition hindoue orthodoxe, spécialement sous son aspect de dévotion. Il n'a pas de disciples Occidentaux, ni même d'admirateurs non hindous, car c'est un domaine entièrement fermé aux gens d'Occident. Hari Baba s'adresse avant tout à l'hindou des couches populaires et non à l'intellectuel. Ses disciples sont pour la plupart des gens rudes et frustes, aussi les méthodes enseignées sont celles en accord avec ceux qui les reçoivent. Ceci ne les empêche pas d'être excellentes et efficaces, car l'homme fruste est souvent plus  capable  d’appréhender l’expérience spirituelle que l'intellectuel ou le savant, à l'esprit encombré par un bagage trop lourd pour passer la porte étroite de la vraie connaissance. Le grand yogi de Nazareth n'a-t-il pas dit : "heureux les simples selon l'esprit..."

   Hari Baba, bien que semblant planer dans des sphères éthérées, est un sage réaliste. Ce qu'il veut avant tout, c'est attirer le cœur de ses auditeurs vers Dieu et pour ce faire, il emploie - en plus des méthodes classiques des écoles de bhakti - des méthodes simples et directes qui frappent l'esprit ; dans les réunions religieuses où Hari Baba est présent, il y aura toujours au moins deux éléments spectaculaires : la Ras-lîlâ, et le kirtan.

    La Ras-lîlâ est une représentation théâtrale religieuse mettant en scène les aventures de Krishna telles qu’elles sont décrites dans le Bhagavata Pourana. Le plus souvent, c'est une troupe de jeunes garçons spécialement entraînés à Vrindâvan qui donnent la représentation. Les garçons sont vêtus de costumes luxuriants, fardés et souriant. Il n'y a pas de femmes dans la troupe, et ce sont les garçons qui tiennent les rôles féminins. Ces représentations attirent toujours des foules formées surtout par les gens du peuple. Les hindous (comme les Occidentaux d'ailleurs) sont très friands de spectacles et de cinéma, et c'est avec une volonté d’opérer un "transfert affectif" qu’on demande de diriger cette passion vers les choses divines.

    Le kirtan est un chant religieux en groupe accompagné d'instruments. Mais celui de Hari Baba est tout à fait remarquable et mérite une mention spéciale. Ceux qui ont l'habitude des kirtans s'attendent à y trouver une atmosphère de douceur, de tendresse et toute la gamme des émotions de ceux qui ont choisi de chercher le Divin par la route de l'amour. Mais rien de tout cela dans les kirtans de Hari Baba : les chants religieux qu'il entonne lui-même en compagnie du groupe de disciples dégagent une impression de formidable puissance. D'autre part, ce ne sont pas une série de chants choisis au hasard selon l'inclination du ou des chanteurs, comme cela se fait d'habitude, mais une suite de mantras à réciter ou chanter avec une gradation progressive et l'intonation voulue.

     Ces kirtans imposent à l'esprit le souvenir des rites magiques des temps védiques où l'on évoquait le pouvoir divin qui devait venir... de gré ou de force. Hari Baba et ses disciples récitent ces chants à  heures fixes : le matin à l'aube et le soir vers le coucher du soleil. Cela fait partie du programme journalier obligatoire des disciples et constitue un élément important de leur sâdhanâ. Quand le kirtan va commencer, Hari Baba est debout au centre d’un cercle dont ses disciples forment la circonférence. Tout d'abord ils semblent appeler avec toutes leurs énergies le Pouvoir divin vers la terre. Puis les chants commencent...

    Au début, c’est mezzo voce, puis le son des voix devient de plus en plus fort, de plus en plus violent et semble vouloir dépasser les limites de la puissance humaine. Hari Baba est toujours debout au centre, les disciples lui ont passé un gong en laiton et un marteau. Hari Baba commence à frapper en cadence sur son gong de plus en plus fort. Il utilise d'abord ses mains, ses bras, puis tous les muscles du corps participent à l'effort. Tout en martelant le gong, il danse et danse. Il tourne en cercle la tête baissée de côté comme si le centre de gravité de son corps était déplacé et l'entraînait dans ce mouvement. Ses yeux sont fermés et en plein kirtan, il semble qu'il ait perdu conscience du monde extérieur. Les disciples autour de lui dansent en cercle et chantent en chœur avec leur maître sur le même ton de voix, utilisant l'extrême limite du pouvoir des cordes vocales. Leur danse évoque plutôt l'idée d'une danse martiale que celle d’un l'exercice chorégraphique. Comme leur maître, ils utilisent leurs muscles au maximum de leurs capacités. Ils s'accompagnent d'instruments - presque uniquement des tambours, des gongs et des cymbales – qu’ils frappent avec un maximum d'énergie.

  L'ensemble produit un bruit formidable, mais qui néanmoins, malgré la puissance, conserve son harmonie. Quant le kirtan est chanté dans une salle, tout vibre : les murs, les lampes, les meubles. La première fois qu'on l'entend, on a envie de s'enfuir. La vibration se transmet du tympan à la tête, à la cage thoracique, jusqu'aux pieds. Il semble que la coquille du corps va se briser. Mais si l'on résiste à ce premier choc, on s'aperçoit que dans cette puissance, il y a un grand calme, comme celui d'une majestueuse montagne ou du formidable roulement du tonnerre.

     Les autres méthodes préconisées par Hari Baba font partie de l'enseignement classique des écoles de bhakti. Le Hari katha (conférence religieuse), le japa (la répétition d'un nom du Divin), le Bhagâvat-smaran (penser constamment à Dieu), la lecture de textes religieux, surtout les Pourana-s (Bhagavad-Gîtâ, Bhagavata Pourana etc.). Toutes ces méthodes sont excellentes et partent d'un même principe : tenter une dérivation de l'affectivité vers les choses divines. Néanmoins, elles sont spécifiquement hindoues car elles s'appuient sur des traditions millénaires et s'adressent à des individus qui sont nés et ont été élevés dans cette atmosphère spéciale de l'hindouisme orthodoxe. L'Occidental moyen croit qu'on peut changer de religion. Mais en Inde, la religion est encore une chose vitale, on sourit quand on entend parler de conversion à l'hindouisme. Car l'on est convaincu que la religion fait partie intégrante de l'individu, de sa race, et de la caste dans lequel il est né. Néanmoins, le "sentiment religieux", la "ferveur religieuse", "l'amour du Divin", sont des archétypes communs à toute la race humaine. Ce ne sont en fait que les détails du rituel, c'est-à-dire les noms et les formes qui créent les barrières, le "rideau de fer". Néanmoins, ceux-là sont utiles pour la majorité des humains car pour appréhender l'infini, il faut passer par un chemin des noms et les formes servent de jalons.

   Souvent, en me promenant dans les rues de Bénarès, Hardwar ou  Vrindâvan, en assistant à un kirtan , à une Durgâ poujâ (fête de Durgâ) ou à une Shivaratrî (une nuit de Shiva, une fête importante en général en début mars) j'ai senti, comme une chose presque palpable, cette intense ferveur religieuse. Mais en même temps, j'ai compris combien absurde il serait de vouloir essayer de m'intégrer et de participer, ne serait-ce que mentalement, au détail des rituels... Et pourtant, combien j'aurais aimé tendre la main à mes frères de derrière le rideau de fer...

 

Extraits de Un Chemin de Joie livre disponible au complet seulement sur le site de , www.anandamayi.com

 

 

Voyage vers l’immortalité

 

par Atmananda

 

   Le journal spirituel d’Atmananda est paru sous ce titre aux éditions Accarias à l’automne 2003. Nous en avons déjà parlé, maintenant nous en publions un certain nombre d’extraits. Atmananda était une des deux sannyasis occidentaux, avec Vijayananda,  à être resté longtemps auprès de Mâ, de 1947 jusqu’en 1982, moment où Mâ a quitté son corps. Atmanânda elle-même est partie de ce monde en septembre 1985 à Kankhal. Elle ne pensait pas, quand elle a pris ces notes, qu’elles allaient être jamais publiées. Ceci leur donne une saveur d’immediateté, avec en particulier des réflexions très directes sur sa relation à Krishnamurti et de précieux conseils de Mâ à propos de la méditation. Certes, ceux-ci étaient particulièrement adaptés aux besoins d’Atmananda, mais ils ont aussi une certaine portée générale.

    Nous remercions Râm Alexander d’Assise et Lalita Bugnon de Lausanne, tous deux amis de longue date d’Atmananda, d’avoir permis la parution de ce gros ouvrage de plus de trois cent pages, avec la collaboration de Jacques Gontier pour la traduction. Ce dernier réside à Tiruvanamalai près del’ashram de Ramana Maharshi.Il a traduit déjà la première partie de la vie de Mâ par Bithika Mukerji, qu’on trouvera sur le site de Mâ www.anandamayi.com: ils’agissait d’une parution ancienne en série dans un magazine disparu depuis qui était donc comme perdu, et qui a pu être ressuscité sur l’internet grâce au dévouement de SylvieBoksenbaum qui a retapé tout le texte sur ordinateur.

   Atmananda était pianiste professionnelle et professeur de piano à l’école de Krishnamurti à Rajghat, dans les faugourgs nord de Bénarès sur les bords du Gange. Elle y a passé dix ans, mais finalement s’est détachée de la musique pour plonger plus intensément dans la sâdhanâ en tant que telle. Il est intéressant de voir comment elle décrit une phase de cette transition importante dans sa vie:

 

Rajghat,Bénarès, 17 août 1945

   La nuit dernière, j’ai eu encore une fois ce vieux cauchemar dans lequel je dois donner un concert et ne parviens pas à trouver la partition, etc. L. [Lewis Thomson, un ami proche, poète anglais influencé par Ramana  Maharshi et Mâ et qui avait amené à cell-ci Atmananda] dit qu’il doit avoir un sens symbolique profond.  Je me demande s’il signifie le choix entre la musique et l’Eternel, la musique représentant le monde.

   Toutes les fois que je vois J.K. [Jiddhu Krishnamurti], cela me détourne de la musique. J’ai aussi interrogé Mâ Anandamayi pour savoir si je devais ou non aller à Delhi [pour le poste de directeur musical] . Elle a dit “non” sans hésiter.

 

New-Delhi, 26 août 1943

   Delhi me déplaît plus que jamais. C’est un endroit visqueux, horrible. Cette maison [La Radio indienne] est consacrée aux activité politiques. L’environnement est très important. Dieu merci, je n’ai pas accepté ce poste.

 

27 août 1943

   Toutle monde à l’All India Radio essaie de me convaincre d’accepter le poste de directrice. Le plus curieux, c’est que je suis encore tentée. Je me dis que puisque de toute façon je ne suis pas capable de vraiment méditer, pourquoi ne pas faire autre chose. Cependant, la perspective d’aller à Delhi me fait peur. Cela me plongera dans l’irréalité absolue.

 

Bénarès, le 32 août 10945

   Ici, c’est tellement mieux que Delhi ! Lewis m’a longuement parlé de ma façon d’interpréter la musique, qu’il a sérieusement critiquée. Il dit qu’au lieu de m’abandonner à la musique, je pars à l’assuat et m’impose à elle tandis que je devrais la laissercouler naturellement à travers moi. J’éprouve de moins en moins d’intérêt pour la musique.  Je ne suis plus vraiment une musicienne. Il est d’accord avec moi. L’art ne se justifie que lorsqu’il constitue une voie de développement personnel : mais pour moi, ce n’est plus le cas. Il m’équilibre tant que demeurent en moi certaines forces puissantes qui ont besoin d’être libérées. Mais par ailleurs, elle trouble le calme de la méditation. Il faut que j’y renonce, et j’y renoncerai, mais je n’ai pas vraiment le courage de le faire maintenant. Il faut se jeter à l’eau. Mais ce ne peut être imposé de l’extérieur. Exaxctement comme lorsque j’ai envie d’aller à Tiruvanamamlai : il faut réellement être prêt.

 

8 septembre 1945

   Aujourd’hui, je me suis vraiment rendu compte que si je veux découvrir « Qui je suis », je dois m’y employer jour et nuit et abandonner tout le reste. Se contenter de passer une demi-heure à méditer pour ensuite vivre la même vie inconsciente que tous les autres est assez ridicule. (p.95-97)

 

***

  

27 septembre 1945

1)…J’ai l’impression que rien ni personne ne peut retenir longtemps toute mon attention. L’esprit se lasse même des gens et des choses que l’on aime le  plus; il aspire au changement. N’est-ce pas parce qu’il cherche l’Atman, sa propre source, qui transcende le temporel? Mère m’a dit d’observer la respiration ou de méditer sur l’Atman, mais pour cette dernière chose je ne sais pas comment procéder. On ne peut pas penser àl’Atman, car il est dépourvu de qualités ‘En touchant l’Atman, l’esprit s’évapore. Toute pensée recouvre l’Atman véritable et la pensée est anéantie, quand on L’atteint).

2) Comment imaginer que je suis une parcelle de la vie qui anime chaque être? Qui suis-je? Oh, je devine à présent, je commence à comprendre: oublie ton corps, tes sentiments, tes pensées et sens que tu n’es pas séparé de cette vie unique (auparavant, j’essayais toujours inconsciemment de me forcer, en tant qu’égo, à m’unir à tout au lieu de renoncer à tout effort personnel et laisser être ce qui est).

3) Mâ a dit : “Imaginez que la Grâce et la Lumière divine se déversent sur vous”. Sur qui? Qui suis-je, là encore? Mais je vois aussi à présent que mon point de départ consiste à imaginer que je suis une parcelle de la vie qui anime tous les êtres vivants. Dans cet état, je me fonds dans la lumière et la paix – pas question de corps. Ces visualisations sont une technique capable de propulser l’esprit dans une dimension entièrement nouvelle et libératrice.

    Mettre tout ceci par écrit et s’auto-analyser est vraiment une aide immense. Ma Anandmayi sait de quoi Elle parle. Il faut que je La voie et que je discute de mes problèmes avec Elle.

   Je ne suis pas animée d’une ardeur suffisante pour pouvoir obtenir la  Réalisation. C’est peut-être parce que certains samskaras ne sont pas actualisés. Pourtant, puisque le destin m’a épargné les entraves (pas de famille, pas de responsabilités), n’est-ce pas la situation idéale pour la poursuite de cette Quête? (p.101)

 

***

  

18 février 1955

   Aujourd’hui, Mâ a donné une causerie merveilleuse sur le  pranam, ou plutôt sur le namaskar comme Elle l’appelle :  ‘Faire lenamaskar signifie mettre sa tête au bon endroit,à savoir aux Pieds de Dieu. LesPieds de Dieu sont partout et l’on peut donc faire le namaskar partout et devant n’importe qui ou n’importe quoi, en pensant aux Pieds de Dieu. Cela signifie s’ouvrir à l’Energie divine qui descend constamment sur chacun. Généralement, nous nous fermons à elle. Faire le pranam signifie donner son esprit [à Dieu]; et se donner soi-même, de sorte qu’il y ait seulement l’Un et non deux – c’est-à-dire qu’il n’y a pas d’autre. A défaut de pouvoir faire autre chose, faites au moins le namaskar. Il faut le faire avec tout le corps, ou si c’est impossible, avec l’esprit. Tout d’abord pendant l’inspiration on reçoit en soi Son énergie, puis pendant l’expiration on se prosterne et l’on expire la notion de je, puis on demeure ainsi le plus longtemps possible en kumbhaka [rétention de souffle], la respiration naturellement suspendue. C’est dhyâna”. (p.288)

 

Solan, le 9 juillet 1955

   Vijayananda a demandé : ‘Peut-on atteindre la Réalisation en intensifiant une émotion comme l’amour?’

   Matajî : Oui, prema, l’amour pourDieu, est une voie. Mais ce que le monde appelle amour est moha, illusion. Il n’y a pas d’amour vrai entre les individus. Comment pourrait-on recevoir un pur amour de quelqu’un qui est limité par l’égocentrisme et la possessivité? Les gens me disent : “Mon amour pour Untel est vrai, ce n’est pas un amour ordinaire”.Mais ils se bercent d’illusion, moha est toujours un amour pour ce qui est mortel et conduit donc à la mort. Si vous ne pouvez pas obtenirl’objet de votre amour, vous voulez le tuer ou mourir vous-même.Mais l’amour de Dieu, prema, conduit à la mort de la mort, à l’Immortalité. C’est la raisoon pour laquelle, dit-on, c’est un péché de considérer que le Gourou est limité à un corps humain. Il faut considéreer que le Gourou est Dieu.

   Je connais une femme qui voulait se suicider quand son Gourou est mort; je lui ai dit : ‘Un Gourou meurt-il? Ce n’est pas parce qu’il a quitté son corps qu’il est mort. Le Gourou est omniprésent et n’abandonne jamais son disciple. Si vous voulez mettre fin à vos jours parce qu’ilest parti, cela montre que vous l’aimez comme une personne, pas comme un Gourou.’ Il arrive que les gens tombent amoureux de leur Gourou,  mais s’il s’agit d’un gourou authentique il peut sublime leur amour et le diriger vers le Divin. Mais s’il n n’a pas transcendé la personnalité, alors il y aura des problèmes.

   Il arrive assez souvent que des jeunes filles inexpérimentées ou de jeunes veuves, voire des femmes mariées, se laisssent entraîner sur un mauvais chemin. On dit qu’il faut abandonner son être entier, corps, esprit et coeur au Gourou. Abandonner son corps signifie abandonner ses désirs au Gourou afin qu’ils puissent être éliminés : cela ne signifie pas s’abandonner physiquement. (p.290)

 

Kishenpur (près de Dehra-Dun),  13 juillet 1956

    Mâ m’a autorisée à rester ici à Kalyanvan près de l’ashram de Kishenpur. C’est une très belle retraite, parfaitement tranquille, au milieu d’un grand jardin dont une partie est plantée d’arbres fruitiers. De là on découvre la chaïne de l’Himalaya.

   Ce matin, elle nous a parlé à Jack et à moi, et m’a demandé de noter Ses paroles : ‘Quand vous travaillez dans le jardin, vous devez servir les arbres et les plantes; vivez avec eux et essayez de devenir comme eux. Que les arbres soient vos Gourous. Un arbre donne des fruits et de l’ombre. Il vous donne son bois, que vous utilisez pour cuire vos aliments. L’arbre se donne entièrement, il negarde rien pour lui. Observez les arbres, faites-en des amis, et voyez ce qu’ils ont à vous apprendre. Et aussi ce que l’herbe vous apprend. Elle est humble et supporte tout. On marche sur elle, on la coupe, et elle ne se défend pas.Il en est de même pour la terre.

      Vous serez aussi responsible de la bibliothèque de l’ashram. Préparez le catalogue. Plus tard, elle deviendra plus grande.”

 

Brindavan, 11 mars 1937

   L’épouse de l’ambassadeur hollandais et son amie, toutes deux psychologues jungiennes, sont venues voirMâ et ont posé les questions suivantes :

Q : En psychologie, on guérit les patients en leur parlant, mais ici on dirait que votre émanation guérit les gens sans paroles. Nous essayons d’aider les gens. Que devons-nous faire pour eux en priorité?

Mataji : En cemonde, qui peut être considéré comme normal? Tout le monde est un peu fou : certains courent après l’argent ou la beauté, d’autres sont passionnés par la musique ou entichés de leurs enfants, etc. Ainsi nul n’est parfaitement équilibré.

Q : Quel est donc le remède?

Mâ : De même que l’on n’arrose pas les feuilles d’un arbre mais ses racines, de même il faut s’attaquer aux racines de la maladie des hommes. Le remède à toutes les maladies consiste à stopper les fluctuations mentales. Quand l’esprit aura cessé de s’agiter, alors tout ira bien pour l’individu, tant au niveau physique que psychologique.

Q : Comment les fluctuations mentales peuvent s’arrêter?

Mâ : En comprenant le chemin qui permet de découvrit “Qui suis-je?”. Le corps, qui passe de la jeunesse à la vieillesse, finit par disparâître. Ce n’est pas le vrai je. L’homme doit doncdécouvrir sa véritble identité. Quand il s’y emploiera, son esprit recevra la nourriture qui le calmera. L’esprit ne peut trouver une nourriture adéquate dans les choses de ce monde, qui sont périssables, mais seulement dans cela qui est Eternel. Le rasa, le nectar de cet Eternel, pacifiera l’esprit.

   C’est la joie qui est à l’orignie de l’univers, et c’est pourquoi les choses éphémères de ce monde procurent _une joie passagère. Sans joie, la vie est  un supplice. Vous devez donc découvrir cette Joie pure qui a engendré le monde et qui est l’essence même de votre être. Et  cela se produit quand les fluctuations mentales s’arrêtent.

Q : Quel rôle spécifique peut jouer la femme?

Mâ : Une femme est avant tout une mère et son devoir est donc de servir les autres en les considérant comme ses propres enfants. Et puis, comme vous êtes en même temps fille, épouse et mère, il est donc important de prendre conscience que les trois ne font qu’un. Mais en chaque femme ily a un homme et en chaqsue homme une femme. Le devoir de la femme est donc aussi de trouver l’homme en elle.

Q ; Quel est le rôle spécifique de l’homme?

Mâ : L’homme est le reflet du Suprême, l’Un qui soutient l’Univers. La vraie virilité est la divinité. Et puis il y a l’Atman, qui transcende l’homme et la femme. Chacun doit découvrir cet Atman en lui-même. Chaque être humain a le devoir d’épanuoir à la fois l’hommme et la femme qui se trouvent potentiellement en lui, et de réaliser l’Atman qui letranscende tous lesdeux.

 

1er février 1960, Kumbha Méla

   En réponse à une question de Kriyananda (disciple de Yogananda Paramahamsa, il a écrit de nombreux livres sur le Yoga, et invite maintenant de temps à autre Swami Nirgunananda dans son centre à Assise):

   Un âsana sera parfait quand il surviendra spontanément comme une expression naturelle de notre état intérieur. Excécuter un âsana par effort volontaire ne peut jamais avoir la même perfection. Les âsanas sont liés au rythme de la respiration, et la respiration à l’état d’esprit à un moment spécifique. Quand on excécute des âsanas comme pratique de yoga – c’est-à-dire, dans le but d’arriver à la réalisation de l’union avec l’Un, qui existe éternellement–, seulement alors donnera-t-il le résultat souhaité. S’il est excécuté seulement comme excercice physique, il occasionnera la santé physique, mais c’est tout – pas la vraie union (yoga).

 

Epilogue  par Râm Alexander

 

 J’étais de retour à Hardwar en début de 1986 (4 mois aprèes le décès d’Atmananda) et le sort voulait que je demeure dans la même chambre de la dharamshala où Atmananda était morte. Peu après mon arrivée, Mélita est apparue devant ma porte avec un grand paquet enveloppé d’étoffe. Elle m’a saluée en disant : “Je crois que cela vous était destiné”. Le paquet contenait les dix volumes manuscrits du Journal d’Atmananda. Melita les avait sauvés de la petite maison d’Atmananda à Dehra-Dun peu avant qu’ils fussent destinés à être jetés. Elle pressentait fortement que je devais les avoir, tout en ignorant complètement qu’Atmananda m’avait déjà demandé ce travail. En ouvrant le journal, j’ai trouvé aplaties entre beaucoup de pages des fleurs que Ma Anandamayi avait données à Atmanananda,  parfaitement conservées après plus de 40 ans!

   J’avais presque complètement oublié ce journal au moment de le recevoir. Mais une fois la lecture commencée, c’est devenu clair pour moi qu’ildeviendrait le point culminant du travail d’Atmananda : toute sa vie, elle avait cherché à faire connaître Mâ Anandamayi à l’Occidennt.

   Comme toute réponse à la question : “Qu’est-ce que le vrai darshan?” Mère avait dit: “De voir  Cela, et quand c’est vu, disparaît à tout jamais le désir de voir autre chose : d’entendre Cela et quand c’est entendu, se tait à tout jamais ledésir d’entendre autre chose.” Le rapport entre Atmananda et Ma Anandamayi est finalement devenu un beau reflet d’un tel darshan.

 

Jay Mâ

 

21 décembre 2002, Assise.

 

Nouvelles

 

-         Le 26 novembre, nous avons fêté les 90 ans de Swami Vijayananda. C’était aussi la pleine lune et la findela Samym Sapta. Nous avions demandé que la puja du soir au samadhi de Mâ soit faite à son intention. Curieusement, pendant la puja, il s’est mis à pleuvoir des cordes et cela a duré après ce qui fait qu’exceptionnellement, toute l’assistance est restée vingt minutes ou unedemi-heure de plus dans le samadhi ce soir là…D’habitude, il ne pleut qu’un fois par mois en cette saison. La petite fête ensuite au Centre International avec les amis qui venaient d’arriver d’Europe s’est passée dans la simplicité et la joie, ce qui est naturel pour un disciple d’Ananandamayi.

-         Swami Nirgunananda a passé deux mois en Europe et un aux Etats-Unis : comme les autres années, il a été à Epernon et Terre du Ciel; enAllemagne il été reçu par un grand centre de Shivananda, et aux Etas-Unis par une Université où une grande partie des enseignants qui sont venus l’entendre parler de Mâ. En fin mars et début avril, l’école de Yoga deTerre du Ciel avec Alain Chevillat va venir pour une retraite à Dhaulchina. Dans le dernier numéro de la revue, celui-ci a mis un article sur Mâ avecde belles photos d’elle peu connues.

-         Pour mettre un peu d’animation autour de Mâ, nous avons été averti parArnaud Desjardins qu’il y avait une escrocquerie en bonne et due forme qui se déroulait au nom d’Anandamayi. Une certaine Julie Haley prétend avoir reçu un cristal d’un disciple de Mâ qu’elle appelle Bhologhra, que personne ne connaît –et même ce  nom n’existe pas en Inde parmi les nomsdesadhous qui ont tous un sens. Cette pierre aurait été donnée par Mâ et aurait des pouvoirs magiques, et la dame se fait prendre en photo avec deux personnes qui auraient gagné le gros lot au loto grâce au cristal. Elle adresse des lettres pseudo-personnalisées aux gens, en leur proposant de la leur louer à eux seuls le cristal pour six ou neuf mois. Il y a probablement un certain nombre de gens crédules en ce moment qui sont convaincus d’avoir le cristal “unique” de Mâ qu’ils ont loué à cette dame mpoyennant finances. Comme elle sait qu’elle peut être poursuivie pour escrocquerie, elle donne comme contact seulement une boîte postale à Amsterdam. Nous lui prépararons une lettre officiellede la Sangha lui demandant d’arrêter d’utiliser le nom de Mâ pour son commerce plutôt douteux.

-         Le site internet de Mâ (www.anandamayi.org) se porte bien, avec 400 visiteurs par jour en moyenne. Nous y avons mis le premier livre de Vijayananda en anglais, In the Steps of the Yogis, au complet car il est épuisé. Il y a un autre livre très intéressant deBithika Mukehrjee, aussi épuisé, qui vient d’être tapé pour être mis sur le site. Il ne luimanque plus qu’une relecture. Il  s’intitule Neo-vedanta and Modernity. Bithika, qui, rappelons-le, est la biographe de référence de Mâ et a enseigné comme  Professeur de Philosophie à l’Université Hindoue de Bénérès, soutient que leVédanta n’a guère besoin dela modernité, car il correspond au stade du sannyas où le sadhaka s’est déjà affirmé dans le monde de son époque. Elle nuance cet argument, et nous avons mis aussi une vingtaine de pages d’extaits de ce livre  dans l’ouvrage en français En compagnie de Mâ Anandamayi qui doit paraître en courant 2005 aux Editions Agamat.

 

 

 

Le Bel Art de l’Ame

à l’école de Mâ

 

par Antonio Dagnino

 

    Antonio est revenu récemment a Kankhal avec un livre déjà écrit aux deux tiers à props de ses souvenirs d’Inde entre les années soixantes etsoixante-dix, contenant principalement ses réminiscences de  Mâ à partir de 1964 et des poèmes qui lui sont consacrés. Il a rédigé son ouvrage directement en anglais.  Originaire du Vénézuela, il a étudié lesBeaux-Arts à Paris après une adolescence tempétueuse et a été fasciné par l’Inde un peu avant avant que la vague des jeunes y aille dans les années 68. Sa rencontre et sa relation àMâ ont fortement aidé à faire de cette expérience quelque chose de constructif et durable, puis Mâ l’a renvoyé en Occident où il a fait carrière de Professeur de Beaux-Arts à l'Université au Vénézuela. Il a maintenant quatre filles. Avant la retraite qu’il vient de prendre, il a pu enseigner toujours les Beaux-Arts, mais à l’Université de Bangalore. Trois de ses filles, bien  que vénézueliennes,  sont installées en Inde où elles poursuivent leur sâdhnâ, deux en lien avec Sathya Sai Baba et une installées à l’ashram d’Amma au Kérala.

   Nous commmencerons par traduire le récit de sa première rencontre avec Mâ, puis un poème à Mâ écrit pendant la Durgâ Pûjâ de 1971, et enfin d’autres réminisences.

En arrivant en Inde, Antonio a d’abord rencontré à Delhi  une dame âgée connue pour sa voie mystiquye ente soufisme et bhakti, Raihanna Tyagi ; il a eu un lien fort avec elle:

 

    Il est facile de comprendre qu’un garçon de 24 ans qui a vécu pratiquement seul depuis qu’il en avait 11, et a été de façon insistante en recherche de son identité, ait pu croire de tout son coeur, après avoir rencontré une grand-mère si aimante et magique, qu’il soit finalement arrivé à la MAISON.

   Mais il n’en était pas ainsi.

   Et ce fut Raihanna elle-même qui m’a contredit, en m’envoyant à Hardwar pour rentrer en contact avec Sri Sri Ma Anandamauyi, cette femme dont j’avais vu la photo à Paris dans une libraiire et j’avais pensé : « Si jamais jarrive à la rencontrer, je serai sauvé ».

 

   En une soirée éléctrique de septembre, dans un ashram immaculé qui dominait le ruban argenté et orange du Gange, et le bastion indigo, améthyste et rose de l’Himalaya lointain, mon désir le plus cher a été comblé et mes prières ont reçu leur réponse : après avoir attendu pendant plusieurs heures avec le coeur battant qui me criait qu’il s’agissait du jour le plus important de mon existence, la plus belle femme de la terre m’est apparue tout d’un coup –  surnaturelle et sublime. Et pourtant  si pleine de compassion, si maternelle qu’on pouvait ressentir son grand amour même à distance, comme une caresse…

    Quand chacun eût fini de se lever pour aller recevoir sa bénédiction, elle s’est assise, jambes croisées ; son corps vêtu de blanc était complètement relaxé, et pourtant énergétique et vibrant. J’ai eu l’audace de lui faire passer, de ma place au fond de la salle, une lettre d’introduction que Soeur Raihanna m’avait donnée.

   C’était en hindi et quand un Swami barbu vêtu d’orange l’a lue à voix haute, je n’y ai rien compris…Mais le visage de Shri Ma s’est illuminé, elle me jeta un coup d’oeil rapide et m’invita à ses côté d’un geste charmant, accompagné de la voix la plus belle que je’aie jamais entendu.

   Tandis que je m’avançais vers elle, je me damandais quel âge elle pouvait bien avoir, car elle paraissait alternativement très jeune et très âgée, très innocente et très sage, très puissante et trèsdélicate. Et je réalisai alors qu’à chaque pas que j’effectuais, je devenais de plus en plus léger,  comme si j’étais vidé par sa grâce de ce qui sembait des siècles de poids, de douleur, de peur et de chagrin.

   Quand je parvins à ses pieds, je me sentis presque éthéré, et elle fit signe d’un autre geste de la main et des yeux de m’asseoir sur le tapis en face d’elle. Elle me demanda par l’intermédiaire d’un interprète d’où je venais. Quand je répondis, Shri Mâ voulut savoir pourquoi j’éatais venu en Inde de si loin. Après quelques secondes de questionnement profond, je répondis : « Pour trouver mon Soi véritable ».

   C’est ce que j’ai fait.

   Je ressentis un calme immense. Et puis je ne pouvais guère m’empêcher d’être perdu dans l’infinité de ses yeux…

   Et de cette profondeur un rayon de lumière, d’amour, de pouvoir pénétra mon être entier ; le nettoyant ; l’inondant : le dissolvant en une Conscience éveillée, parfaite, silencieuse.

   Et durant les quatorze heures qui suivirent, il n’y eut que la félicité : pas une pensée. Pas un sentiment personnel de volition. Pas un souvenir, ou évaluation, ou regret ou désir !

Seulement le moment présent, dans sa lénitude et son immensité. Seulement la lumière, l’amour, la beauté et la paix profonde.

Seulement l’Etre pur, sans mélange d’aucune sorte, trouvant joie en lui-même.

   (Quand ce samadhi s’est finalement évanoui à cause des tiraillements de mon prarabdha karma [karma accumulé], je me souvins tout d’à coup d’une vision de la Vierge Marie quand j’avais 10 ou 11 ans, dans laquelle elle avait prédit que je “passerai par bien des douleurs et confusions”; mais que je ne devrais pas  paniquer, car elle reviendrait au moment juste, prendrait ma vie en charge et m’aiderait à changer ma destinée.)

 

 

Je dois tout à Mâ : je crois que si je ne l’avais pas rencontrée, j’aurais été submergé parla folie et une mort prématurée, comme ma soeur C. et plusieurs amis.

   Grâce à sa shakti-pat [descente d’énergie sur le disciple provoquée par le gourou] j’ai reçu la mantra-dikshâ, l’initiation, mon amour pur l’Esprit s’est accru, mes intuitions visionnaires se sont développées et sont devenues poésie et art.

   Elle m’a donnée une femmeaimante, quatre filles belles et un travail stable auquel j’ai toujours pris plaisir.

   Mais plus que tout, elle s’est donnée Elle-même : le Suprême, l’Absolu, le Dieu omniprésent sous forme féminine qui vit pour toujours en mon coeur.

 

 Ces poèmes sont des flammes

offerts aux pieds bien-aimés

 et toujours présents de Shri Shri Ma Anandamayi

 durant la Durga Puja du printemps 1971

[la statue deDurga en train de tuer le démon Mahîsha est honorée pendant neuf jours et neuf nuits, d’où son autre nom de nava-râtrî]

 

 

Param-Gourou, Para-Shaktî, Param-Ishwarî

 

 

1

 

Une auréole rouge vibrant

Autour de votre forme sombre,

Une lumière d’un rouge profond

Qui se transforme en un feu brillant, débordant de félicité,

Transportant le coeur

Vers un espace joyeux et pulsatile

Au-delà de la pierre et de la forme et du nom.

 

O Toi qui a trois yeux;  génitrice de la totalité

Énergie se déployant à tout jamais,

Matrice

D’où jaillit

La vie éternelle de l’éternelle vie

Par le mystère de ta mâyâ,

Créant les univers en expansion

Dans un espace-temps sans limite

O Toi qui te dissous, quand la maturité survient,

Dans la gloire sombre et Unique.

 

2

 

Mère primordiale,

Vision de beauté

si sacrée

Qu’elle consume la conscience de tout le reste,

Transmutant la peur

En une révélation ineffable d’amour…

 

Sans visage

Avec un visage

Avec neuf visages,

Avec une infinité de visages….

Transcendant les trois temps,

Les cinq voiles,

Tous les royaumes du devenir…

Extension mystique de la lumière

Où l’esprit rayonnant du Père

Se fond dans l’extase.

 

Vous venez comme une radiation d’Etre pur,

Insondablement essentielle,

Remplissant les espaces sombres de mon ignorance

Avec l’inondation rougeoyante de votre grâce !

 

3

 

Mère vêtue de blanc,

Source immaculée d’une intelligence toute-puissante

Ornée comme d’une guirlande par la capacité

De combler les désirs   

Des êtres nus

Qui sont tombés amoureux de vous :

Ils se transforment en  champ de crémation

Répètent votre nom incessamment

Jusqu’au moment où, sous forme d’équanimité,

Vous apportez la compréhension

Et le souffle d’une paix extatique.

 

Dévî.

Aujourd’hui vous êtes éclatante, d’une splendeur infinie

Parmi les mondes qui nagent librement

En votre coeur caressant.

 

Vous dissolvez la souffrance

Crée par des siècles de dur labeur

Et l’illusion récurrente

De l’attachement au corps

Commes’il était la vie elle-même,

Croyant par erreur

Que je

Suis seulement l’accumulation de douleur et de plaisir…

En effet, le cadavre solitaire

Se consumera inévitablementet et s’en ira

Au fil dela rivière toujours neuve.

 

Tuez-moi, Mère !

Tuez les démons qui me rongent

Tuez les illusions qui empoisonnent de désir

Et souillent d’angoisse

Le réceptacle sacré

De votre lumière qui s’est allumée d’elle-même !

Apprivoisez mon orgueil par vote douceur,

Dancez sur mes peurs comme sur des cadavres,

Réduisez au silence, par les débordementsde votre pureté

Les serpents qui terrifient mon coeur.

 

D’un poison divin, tuez mon karma empoisonné

Faites-moi demeurer dans l’obscurité divine

Dans le non-savoir

Dans le silence du Vide,

Ô, Vous !

 

Parce quevous êtes

La racinede toute aspiration,

Le frisson de la joie qui court,

La cicatricede la souffrance qui s’efface,

Et la mémoire de naissances sans fin

Où nous fûmes nourris par votre main intemporelle

Alors que nous ne le savions même pas !

Inconscients d’être la sorce d’éternité…

Vous, Vous, Vous.

 

 

4

 

Ô compassion…

Vagues d’attention, d’affection sans fin,

Intelligence d’amour,

Goutte une de pure lumière qui grandit comme une semence,

Telle une galaxie tourbillonnante…

 

Ô Mondes !

Ô espaces puissants delumière fondue

Dans vos yeux bien-aimés !

Ô radiation

Qui absorbe en elle-même

La matrice des formes-pensées, des sons et des gènes

Dans l’instant du Pralaya [dissolution]!

Ô source, mer, inondation

D’un feu inconnu qui brûle mes limitations

          Et donne des ailes à l’âme !

 

…Espace, pas de limites à l’espace,

pas de limites à l’énergie libérée,

pas de limites à l’être

            conscience

                        ravissement …

 

 

 

   Si, lorsqu’elle était en Inde, Nadine, ma première épouse, avait pensé que j’étais devenu un fanatique religieux bon pour l’enfer (tombé amoureux de Mâ Anandamayî pour compenser une relation frustrante avec ma propre mère), qu’aurait-elle pensé de moi après son départ quand, libre de son influence amoindrissante et après avoir obtenu un programme d’études souple de la part de l’Université Hindoue de Bénarès, je me suis mis à vivre selon ma propre inspiration, faisant mes propres choses à mon propre rythme, et ne faisant jamais ce que je n’avais pas envie de faire ?

   Je devins totalement centré sur Mâ : je ne pouvais m’empêcher de m’abandonner à sa plénitude et de laisser ma vie graviter, spontanément et passionnément, autour d’elle. Je respirais Mâ, mangeais Mâ, étudiais les ensignements de Mâ, pensais à Mâ constamment (ou aussi souvent que mon mental brûlant et fou le permettait), rêvais de Mâ, m’identifiais à â, avais des visions de Mâ, et m’endormais et me réveillais avec Mâ et obéissais chacune de ses paroles et commandements mentaux de mon mieux – c’est sûr, je n’y réussissais pas toujours.

   Même lorsqu’elle était à l’autre boutde l’Inde, sa photosemblait prendre vie quand je m’asseyais pour méditer, et tant que je ne m’égarais pas loin de mon propre centre, je ne me suis jamais senti trop éloigné de sa Présence.

  Mais pourtant, les démons maudits faisaient rage ! Les forces déchaînées du rajas et du tamas attaquaient del’intérieur et de l’extérieur, fiévreuses, morbides, cupides ; elles me sautaient dessus afin que je ne puisse conquérir – grâce à la bhakti et à une attention imperturbable–  le Portail de la Paix.

   A certains moments, ma peur était horrible, insupportable ; glauques et putrides étaient les racines de l’inconscient. Tortueux, les mille et un attachements qui me tenaient prisonniers dans les chaînes dorées d’une sentimentalité aussi poisseuse qu’insipide.

    Mais, peu importait la durée de la bataille intérieure, la difficulté et l’intensité du combat, je n’ai jamais oublié que, aussi longtemps que le Saint Nom tournoyait en mon coeur et sur mes lèvres, la Mahâshaktî me protègerait. En effet, aucune force de ténèbre ne peut tenir bon devant un pouvoir d’Amour infini et de Paix absolue.

 

*****

   Bien sûr, pour l’intellect sophistiqué  de l’occidental moderne, ou pour la mentalité traditionnellment dualiste des musulmans, des chrétiens, des juifs ou des rationalistes indiens modernes, adorer un être humain comme un dieu vivant est un blasphème (pour des raisons différentes selon les conditionnements de chacun). Mais ce préjugé en général implose si on a la chance de communiquer avec quelqu’un comme Shri mâ, qui est de fait l’Etre Suprême, loin au-delà tout conditionnement ou limitation, et pourtant complètement familière avec ce qui nous carctérise. (et je dis communiquer, pas seulement être assis là et tomber dans le jugement comme Nadine avait l’habitude de faire). Oui, si nous nous ouvrons au miraculeux, nous serons submergés et nos vies seront changées. Car lemiraculeux est l’essence véritable de la condition humaine, et quelqu’un qui est totallement conscient de cette essence ne peut s’empêcher d’émaner des effluves de grâce merveilleuses, magiques et trancendantes sur tous ceux ou toutes celles qu’il rencontre.

   Pareille à Durgâ ? Pareille à une Dakinî du Bouddha? Pareille à Krishna ? Pareille au Christ ?

*****

 

   Un jour en fin dematinée pendant la saison des pluies, quand le Gange se gonfle commeen un flot débordant et puissant de force brune et liquide et quand des vols d’oiseaux traversent l’horizon sur fond de murailles de nuages gris perle et platine, Anna, une amie proche, me prit par surprise quand elle frappa à ma porte après des mois sans avoir donné de nouvelles.

   Elle avait la peau tannée par le soleil et était amaigrie par le fait d’avoir marché avec Shri Pad Baba et ses disciples (pargfois pendant des journées d’affilée) autour des sanctuaires les plus vénérables du Nord del’Inde (à propos desquels elle me raconta des anecdotes merveilleuses de dévotion et d’austérité, de sacrifice et de rasa [‘saveur’ de l’expérience intérieure]. Pourtant, parmi tout ce qui lui était arrivé de stupéfiant, ce qu’il y avait eu de plus choquant et gratifiant venait de se dérouler, à Bénarès même, juste ce matin. Et j’allais être le premier à en entendre parler:

    Quand Anna était descendue du train, les premiers rayons de soleil donnaient chaleur et couleur à la foule bariolée, agitée, bruyante, polyglotte qui s’entassait dans les compartiments ou descendait à Kachi, la ville sacrée, pour inonder le labyrinthe de rues comme un delta humain à la recherche du Gange. Les flots de gens s’écoulaient dans toutes les dirctions possibles vers les ghats, les champs de crémation, les temples et dharamshalas vénérables et pleines de monde. Dans un état un peu second et toujours somnolente, Anna décida, sous l’inspiration de l’instant, de visiter l’ashram de Mâ avant de continuer son propre programme, et elle prit donc un rickshaw vers Bhadaini. Une fois arrivée, elle se mit à être faire attention àl’aspect qu’elle donnait. Elle fut l’objet de regards sévères, durs, à la porte de l’ashram qui la forcèrent à reconnaître qu’elle n’avait pas encore pris son bain, et que sa longue robe était plus ou moins fripée et sale, ayant été portée durant toute cette période de vie austère qu’elle avait menée, depuis qu’elle avait donné son argent aux pauvres et s’en été remis à Shri Pad Baba. Ainsi donc, elle respira profondément, décida de ne pas être vexée par ces sales regards, tourna la tête dans l’autre direction et monta jusqu’au temple d’Annapurna Dévî au premier étage pour attendre le darshan de Shri Mâ.

   Mais cela ne davait pas se faire, car deux brahmacharis très vindicatifs lui ordonnèrent de s’en aller sur le champ, l’agressnt par des sourires sardoniques tandis qu’ils la ramenaient à la porte de l’ashram, en marmonnant quelque chose du genre : “Ces femmes occidentales impures ne font que polluer notre domaine”.

   Anna était en état de choc. Elle ne pouvait croire que cela s’était réellement passé dans la maison même de Mâ. Elles’assit donc sur le seuil et fondit en larmes, désespérément, sentant le risque dêtre submergée par une vague de doute amer et un sentiment terrible d’indignité…

   Cependant, au bout de seulement cinq minutes environ à être plongée dans cette humeur triste, ces hommes mêmes qui l’avaient mise dehors revinrent (maintenant pleins d’attentions et quelque peu onctueux) et l’emmenèrent à l’autre bout de l’ashram, tout en haut. Anna ne pouvait se rendre compte d ce qui arrivait, mais avant qu’elle ait le temps de réellement seremettre et de demander, on l’introduisit dans la petite chambre où Mâ qui l’attendait l’embrassa. Et ensuite (pour une demi-heure? Pour une éternité?), elle plongea dans un oceéan de communion joyeuse, intime, silencieuse avec quelque chose d’absolument parfait qu’elle était tout à fait incapable de me décrire!

    Ce n’est que lorsqu’ellea été ramenée à la porte de l’ashram par une brahmachirinî de Mâ qu’elle saperçut que lorsqu’elle avait été ejectée du temple d’Annapurna et s’était mise à pleurer, ShriMâ aussi avait commencé à pleurer dans sa chambre, en se plaignant avec découragement qu’elle était expulsée de sa propre maison par des gens sans coeur! Cela prit quelque temps pour que  la dame qui assistait Mâ comprenne que quelque chose avait dû se passer à l’extérieur. Et, après s’être renseignée, Mâ expliqua ce qui s’était déroulé et demanda de faire venir Anna pour un darshan.

 

*****

 

   Il est intéressant de citer la critique vigoureuse qu’Antonio fait des artistes modernes, en particulier en ce qui concerne leur manque de dimension spirituelle. Ces réflexions ne sont pas des vaticinations gratuites, mais le fruit de toute une carrière dans le milieu artistique à Paris, à Londres et au Vénézuéla:

 

    Désespoir sans porte de sortie,  sans âme, morcellement mental, agonie à donner la nausée et violence implacable semblent être les composantes centrales de la condition humaine telle qu’elleest mise en avant par lalittérature et l’art occidental le plus influent depuis la fin du XIXe siècle ou même avant. De fait, je  ne peux guère me souvenir d’un poète qui, après Walt Whitman qui n’avait pas eu peur de soutenir son chant du rythme d’un gong  cosmique, ait proclamé – comme les sages de l’Inde le font–  la sainteté du Soi, le pouvoir de l’amour et la joie d’une vie pleine et généreuse.

    Je ne pouvait convaincre la plupart des artistes et des écrivains que je connaissais de ce fait : peinture et poésie doivent faire plus que juste explorer les labyrinthes sombres del’inconscient et de démasquer nos peurs cachées, elles doivent aussi donner vie à l’aspect magique, dynamique de la beauté, où l’amour et la mort,l’homme et la femme, la lumière et les ténèbres se rencontrent, se fondent, puis s’élèvent encore –au-delà de l’affirmation de soi et de l’apitoiement sur sa petite personne– dans le royaume subtil de l’espace et de la couleur pure…où le Divin Inconnu se laisse saisir !

    J’écris sur ceci, car, dans notre société agnostique hautement individualiste, folle d’argent, tenaillée parl’argent, dans laquelle la plupart des gens ont perdu contact avec leurs croyances d’enfance et avec les valeurs de la religion, de la sensibilté et de la spiritualité, l’artiste doit être le prêtre. Et si le prêtre, commeSartre, déclare que la vie ne vaut pas tripette…ou décrit,commme Kafka, les métamorphoses d’un être humain non pas en unange ou en Dieu, mais plutôt en un insecte impuissant et mourant, certainement l’humanité s’est égarée. Quelle consolation ou guidance peut-on donner pour contrebalancer la violence gratuite d’  « Oranges mécaniques », le pessimisme morbide de  « La Peste » et du  « Repas nu », ou la philosophie suicidaire d’une sculpture conçue pours’auto-détruitre si vous appuyez sur le bouton ?

    Ces artistes qui tournent le dos à l’esprit et adorent les ténèbres et le désespoir avec leurs oeuvres, ne font que répandre leur maladie mentale de par le mond, et ce au détriment de tous.

   Cherchons la Lumière, et exprimons-là !

 

Envol vers le Kailash

 

A Shri Shri Mâ Anandamayî

 

Assoiffé, extatique, obsédé,

Passionné, persévérant, déprimé,

J’ai marché au travers du souffle sacré de l’Inde

En recherchannt Shiva ; en recherchant la folie et l’amour,

Une lumière d’en haut,

Du dedans, au-delà de la portée de mon regard.

….Mais au pieds des montagne bleues aux pics enneigés,

fatigué, je suis tombé comme une colombe avec du sang sur le bec,

esseulé et affaibli…

 

C’est alors qu’une vision magique, inattendue ou un rêve

–répondant à mes prières– m’a replacé surles ailes :

Avec des yeux enflammés

Emettant des nuances dans  toutes les teintes

La Mère de mères m’a fait pris avec elle en son envol…

Léger commme la lumière,

Allongé, je sortais de mon corps par la colonne vertébrale

Et mon esprit se projeta vers le pilier stratifié, solennel

Du lointain Mont Kailash,

L’épine dorsale de ce monde

…et comme nous nous élevions

Je vis la rose absolue aux pétales de ravissement,

Et nous avons escaladé ces pétales profondes, plan par plan,

Jusqu’à des niveaux d’intoxication toujours plus hauts et la félicité jeune à tout jamais.

 

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    En cas de problèmes de Jay Ma précédents qui n’auraient pas été reçus, s’adresser directement à Pushparaj Pandey en écrivant un courriel en anglais à ishu1145@yahoo.co.in  ou à Ma Ananadamayi Ashram Kankhal 249408 Hardwar UA Inde ou par téléphone au 00 91 98 37 38 90 33. Il est en charge de l’envoi des Jay Ma et a maintenant une photocopieuse chez lui pour refaire de nouveaux exemplaires si besoin.

    Jacques Vigne réside à présent principalement au Sri Sri Ma Anandamayi Ashram Dhaulchina  263681 Almora UA Inde

 

 

Table des matières

 

Paroles de Mâ

Hari Baba par Swami Vijayananda

Le Bel Art de l’Ame par AntonioDagnino

Voyage vers l’immortalité par Atmananda

Nouvelles

Nouveaux abonnés

Table des matières