Jay Ma  n°74         automne 2004

 

 

Paroles de Mâ

 

  1. C'est la faute des parents si leurs enfants abandonnent le Gayatrî mantra bien qu'ils aient reçu la cordelette sacrée. Les parents ne leur enseignent pas l'importance des valeurs spirituelles. On apprend aux enfants que l'éducation du monde est nécessaire mais on ne leur dit pas qu'ils ont des devoirs à propos de leurs aspirations religieuses également.
  2. Question par une jeune femme européenne:
    Trouverai-je jamais la paix et le bonheur ?
    Shrî Mâ : La paix et le bonheur se trouvent sur le chemin de Dieu, jamais dans le monde, où l'on a un petit peu de bonheur qui est invariablement suivi par son ombre, la souffrance.
    La jeune femme (après une longue conversation) : Je n'oublierai jamais ce que vous m'avez dit.
    Shrî Mâ : oublier ? Cela ne suffit pas. Vous devez méditer au moins cinq minutes tous les jours suivant les lignes prescrites par votre propre religion, et n'oubliez pas cette amie (en se montrant du doigt) !
  3. Demeurer calme et en paix en toutes circonstances, voilà le devoir de l'être humain. Se faire une mauvaise opinion de quelqu'un simplement parce qu'on a entendu des médisances à son propos n'est pas juste. L'hostilité, la condamnation, les insultes, les mauvais sentiments et ainsi de suite, même s'ils sont cachés dans votre propre mental, vous retomberont obligatoirement dessus. Personne ne devrait jamais se faire du mal à lui-même en entretenant de telles pensées aux sentiments.
  4. Question : Qui est appelé « mère »? Quelles sont les caractéristiques d'une mère ?

Shrî Mâ : Personne n'est appelé  « mère ». Une mère est juste une mère. Ce qui deviennent ses enfants savent comment elle est.

  1. Question d’un sadhou : Mâ, est-ce que nous devons suivre le système des castes?
    Shrî Mâ : Les gens se comportent selon ce qu'ils préfèrent : qu'en pensez-vous ?
    Le sadhou : Je pense qu'on doit observer les règles.                                                   

     Shrî Mâ : A ce moment-là, il est juste pour vous d'en faire ainsi.
Le sadhou : Je me déplace avec des ascètes, ils n'observent aucune règle, cela me pose problème.
Shrî Mâ : Qui êtes-vous ?
Le sadhou : Je suis un brahmachâri.
Shrî Mâ : alors, vous devez suivre  les règles et les coutumes liées à votre état. Maintenez votre propre individualité. Laissez les autres ascètes faire comme ils veulent.

  1. Question  : On dit que Dieu est tout en tout. Rien n’arrive sans qu'Il ne le veuille. Ainsi donc, pourquoi devrait-on nous blâmer pour nos péchés ?
    Shrî Mâ : Tout est Lui seul. Bien et mal sont aussi Lui-même. Il ressent de la joie dans le bien qu'il fait et c’est lui-même  qui souffre des conséquences des mauvaises actions. Je vous vois comme  Lui qui est en train de dire qu'Il souffre. Il est heureux, et Il est misérable. Tel est son jeu, lîlâ, depuis la nuit des temps.
    Question : Quelle est l'utilité de toute cette lutte ?

Shrî Mâ : Elle est très utile. Un enfant, tandis qu'il étudie, ne comprend pas combien de connaissances qu'il est en train d'acquérir. Quand il a de bonnes notes à ses examens, ils se sent heureux. De même, quand le temps viendra, vous vous rendrez compte de combien de progrès vous avez fait. Continuer à vivre dans le souvenir de Dieu.   Ce qui est agréable, preyas, est bon en apparence ; ce qui est réellement bon, shreyas, est en apparence difficile et désagréable. Il est nécessaire de rendre ce qui est réellement bon agréable aussi.

Question : Si quelqu'un se tourne vers la religion dans ses vieux jours, est-ce qu’il sera capable de maintenir un calme de l'esprit  à l'heure de la mort ?
Shrî Mâ : Il y a des attirances et influences innombrables qui déterminent le style de vie d'une personne, on ne peut donc rien dire en ce qui concerne sa dernière heure. Ce corps dit : tout est possible, il n'est donc pas bon de restreindre sa vision.

  1. Il est possible que des idéaux très élevés fassent monter un être humain par des stades de plus en plus hauts. La cible doit toujours être bien au-dessus. Il faut se demander si, quand un rayon de lumière a éclairé sa vie intérieure, il ne serait pas possible aussi que l'illumination complète survienne. Il est naturel qu'il y ait des phases de doutes et d'efforts moins intenses, mais on ne doit pas s'y laisser aller. Soyez persévérants dans vos efforts. Vous verrez que la grâce de Dieu rend tout possible n'importe quand.
  2.  Question : Est-il juste de prier Dieu pour toutes sortes de choses ?

      Shrî Mâ : Si vous devez réellement prier pour des choses du monde, faites-le, mais la prière la meilleure est pour Dieu lui-même.

  1. Il vaut mieux ne pas pratiquer d’exercices yoguiques sans une direction convenable. Des méthodes faciles et naturelles sont suffisantes en ce qui concerne la méditation et le souvenir de Dieu.
  2. Question : le Râmâyana affirme qu’en  prononçant le nom de Râm même une fois cela suffit pour se purifier de tous les péchés. Nous sommes tous en train de faire résonner les cieux avec nos chants à pleine voix où nous répétons le nom de Râm, mais nous n’obtenons rien ! Comment cela se fait-il ?
    Shrî Mâ : C'est justement parce que "vous avez fait résonner les cieux avec vos kirtans à pleine voix" !
    Question : Je ne comprends pas !
    Shrî Mâ : Nous pratiquons des kirtans répétés dans l'espoir qu'un jour,  "la seule fois" puisse survenir !
  3. L'essentiel, c'est de continuer à essayer. Faites un effort, cela viendra.
  4. Question : Est-il nécessaire de suivre les règles de séparation en ce qui concerne les repas ? Est-ce que cela n'aggrave pas la bigoterie ?
    Shrî Mâ : Pour un sâdhaka, des règles sont nécessaires. Son aura est affectée par la proximité de personnes d'un type différent. Souvenez-vous du bloc opératoire : quels efforts ne fait-on pas  pour prévenir les infections ! Néanmoins, si le sâdhaka est parvenu à "l'immunité", et s'il déborde de Shaktî divine, il peut choisir de faire comme il le souhaite.
  5. Question : Comment atteindre l'état d'union ?
    Shrî Mâ : (en souriant) Etes-vous conscient d'un état de séparation ? Pour parler sérieusement, la pensée même : "Comment puis-je m’unir avec lui" "Que dois-je faire pour le connaître" vous montrera le chemin qui mène à l'obtention du but.
  6. Question : Mâ, nous ne comprenons pas ce qu'on attend de nous, mais nous ne pouvons rien faire !
    Shrî Mâ : Pitaji, il n'y a pas de compréhension, sinon cela se révélerait de soi-même dans l'action.
    Question : Comment donc comprendre?                                                               

 Shrî Mâ : Par la foi. Agissez en accord avec les paroles de votre Gourou ; la grâce de Dieu et du Gourou réussira tout pour vous.

  1. Une dame : Il y a une telle foule ici : Mâ, vous n'avez jamais un moment de répit ! Et pourtant, vous n'être jamais fatiguée ou irritée mais toujours tellemen joyeuse !

     Shrî Mâ : Eh bien, Mâtâjî, dans votre propre maison il y a bon nombre de personnes. Est-ce que vous ne parlez pas avec eux ? Vous bougez aussi vos propres membres, est-ce que vous sentez fatiguée pour autant ?

  1. Un Cadi ( juge musulman) : je ne suis pas venu pour entendre quoi que ce soit de votre part. Je suis venu vous dire quelque chose : je me suis lancé dans la bataille, s'il vous plaît, accordez-moi la victoire ; parfois je sens que je manque d'armes et de munitions pour le combat. Est-ce que vous pourrez garder votre khéyâla sur moi ?

     Shrî Mâ, en souriant : qu'il en soit ainsi, Pitajî.                            .                                         
Sur le chemin du retour, Shrî Mâ dit à un ami commun dans la voiture : "Cadi Sahib à commencer par me demander de ne rien dire, j’ai donc obéi. Maintenant, quand vous reviendrez, dit à Pitajî : "Qui que ce soit qui s'engage dans une bataille pour L'atteindre, est soutenu par Lui-même. C'est Lui-même qui  donnera tout ce qui est nécessaire, il n'y a donc absolument pas de raison  pour entretenir des pensées d'inquiétude"

  1. Un jour, Jamini Bâbou dit à Mâ que les buissons d’épineux près de la chambre de Shrî Mâ à Shabagh  étaient devenus des arbustes de santal ; cela s'était passé en 1944.

    Shrî Mâ : Voyez comme la création divine est merveilleuse ! Les animaux, les oiseaux, les êtres humains, les arbres, les plantes, les insectes,  répondent à l'atmosphère ambiante chacun à leur manière, différemment. La capacité d'imbiber les vibrations ou de les rejeter n'est pas uniforme. Ainsi, par exemple, cent personnes écouteront un discours, et il y en a également qui sont très éduqués parmi eux. Certains obtiennent une connaissance profonde de ce discours, d'autres ne sont pas touchées ; ici, la question de l'éducation ne se pose pas. La compréhension  dépend de ses samskâras intérieurs, des conditionnements passés. De même en va-t-il dans le royaume des animaux ou de la végétation. Ne les banalisez pas en disant qu'ils ne sont pas intelligents. C'est Lui Lui-même  qui habite dans toutes les formes de la création.

  1. Question : Si Shrî Mâ a trouvé la paix, pourquoi continue-t-elle à se déplacer autant ? Shrî Mâ répondit directement : Pitajî, si je reste à un même endroit, la même question pourrait se poser n'est-ce pas ? Pitajî, ne savez-vous pas que je suis une petite fille très impatiente ? Je ne peux demeurer à un même endroit. C’est une réponse. D’un autre  point de vue, je peux dire que c'est vous qui me voyez voyager. En réalité, je ne me déplace pas du tout. Vous êtes dans votre  maison, restez-vous assis dans un coin ? De même, je me déplace aussi dans ma propre demeure. Je ne vais nulle part. Je suis toujours au repos dans ma  maison
  2. Question : Mâ, que pensez-vous de toutes ces nouvelles personnes qui viennent vous voir presque quotidiennement ?
    Shrî Mâ : rien n'est nouveau. Ils  me sont tous familiers.
  3. Question : Que dire ? Je n'ai pas de foi dans les questions spirituelles!

Shrî Mâ : Où le "non" se trouve, le "oui " est là aussi potentiellement. Qui peut affirmer être au-delà de la négation et de l'affirmation ? Avoir une foi est impératif, la croyance d'une personne est grandement influencé par son environnement ; c'est pourquoi, choisissez la compagnie de personnes saintes et sages. Croire signifie croire en son propre Soi ; ne pas croire signifie confondre par  erreur  le non-Soi avec le Soi.

  1. Le devoir suprême de l'être humain, c'est d'entreprendre la quête pour son être véritable, qu’il s'engage sur la voie de la dévotion, où le "je" se perd dans le "Tu" ou bien  la voie de la recherche du Soi, en quête du véritable "Je". C'est Lui seul qu’on trouve dans le "Tu" aussi bien que dans le "Je".
  2. Message envoyé à la demande du Pr T.M.P.Mâhadevan pour la session inaugurale de la Conférence oecuménique de Bangalore en 1955 :
    "ô Toi, Soi immortel !
    Sois un pèlerin sur le chemin de l'immortalité (loin du chemin qui mène à la mort) ;
    ô Soi immortel, ô pèlerin immortel, demeure à tout jamais dans ton propre Soi."
  3. Un groupe de dames qui étaient venus accompagner Shrî Mâ lors d'un départ pour l'un de ses voyages :
    Mâ, s'il vous plaît, dites-nous que vous nous appartenez !
    Shrî Mâ, en riant : J'appartiens à tout le monde et à tous les lieux !

24.  Où que vous soyez, vous devez vivre en compagnie de ce qui est de la nature de la paix. Je vous le dis, et gardez cela toujours présent à l'esprit, Dieu, Dieu seul est la paix. Une persévérance acharnée, focalisée, procure le changement de perspective qui vous établira dans la paix.                                   . 
On ne peut atteindre la paix nulle part en ce monde, ni non plus’ailleurs en s’en éloignant. Vous dites que j'ai trouvé la paix et que je dois la distribuer aux autres. Je vous dis que je suis un petit enfant et que vous êtes mes parents. Toutes les personnes qui ne sont pas mariées et les enfants sont mes amis. Acceptez-moi en tant que telle et donnez-moi une place dans vos cœurs. En disant "Mâ", vous me gardez à distance. On doit avoir de la révérence et du respect pour les mères. Mais une petite fille  n'a besoin que d'être aimée et qu'on prenne soin d'elle, elle est chère au cœur de tout un chacun. Ainsi donc, voilà la seule demande que j’aie envers vous  : me faire une place dans votre cœur.

 

 

Réponses de Vijayananda

 

Q. -  Quelle est l'importance de dire la vérité?

R. - C'est essentiel pour quelqu'un qui mène une vie spirituelle. Il s'agit d'un des cinq Yamas, l'un des cinq principes moraux fondamentaux dans l'hindouisme (cf. Yoga Sutra de Patanjali). J'aime beaucoup la devise de l'Inde: "seule la vérité vaincra" (satyam evam jayate; on peut la lire sur les pièces de monnaie et billets de banque indiens!). Bien entendu, c'est à combiner avec une autre maxime, qui dit que la victoire est là où est le Dharma. Il faut du bon sens dans la manière de respecter les principes; il existe des moments où il vaut mieux garder le silence plutôt que de dire la vérité, notamment si cela risque de blesser quelqu'un inutilement.

A propos de vérité et humilité, voici l'histoire d'un sage hassidique, qui était tellement humble qu'il ne se rendait pas compte de son propre niveau spirituel (très élevé). De trop nombreux disciples se regroupaient auprès de lui, tant et si bien que le rabbin de la ville lui conseilla de leur dire de s'en aller en leur expliquant qu'il n'avait aucun pouvoir, ne pouvait rien leur enseigner etc. Le sage suivit son conseil. Après avoir entendu cela, les disciples affluèrent de plus belle, reconnaissant à son humilité la qualité du sage. Alors le rabbin, après lui avoir dit "Oh, vous tous aimez tant l'humilité…", lui conseilla de leur dire le contraire, de se vanter qu'il pouvait faire des miracles, etc., afin d'éloigner ses disciples. Le sage, inconscient de son propre pouvoir spirituel, répondit: "mais non, je ne peux pas leur mentir"!

 

Q. - Quelle est l'influence de l'alimentation sur la vie spirituelle?

R. - Ce qu'on mange et la manière de le manger ont une influence sur le mental; "jaysa ann taysa man": telle est la nourriture, tel est le mental. Cela peut-être une aide (quand c'est sattvique) ou un obstacle (comme la viande) pour la sadhana. Dans ce domaine comme en beaucoup d'autres, il s'agit de trouver un équilibre. L'ascétisme aussi bien que les excès sont à éviter; la modération est l'idéal. Il faudrait traiter le corps avec respect, mais sans s'y identifier, comme un cavalier avec son cheval. De nombreux sadhakas cherchent du plaisir dans la nourriture, puisqu'ils ne se permettent aucun autre plaisir "du monde". Cela passe des qu'ils trouvent une vraie joie dans la méditation; alors il n'y a plus d'attirance pour des plaisirs aussi transitoires et extérieurs. En attendant cela, et tout en cherchant à maintenir un équilibre en prenant de la nourriture sattvique en quantité modérée (ce dont le corps a besoin, ni plus ni moins), il ne faut pas oublier que ce qu'une personne mange n'a pas autant d'importance que combien elle donne de compassion et d'amour sincères!

 

Q. - Qu'entendez-vous lorsque vous parlez de la capacité à contrôler le mental?

R. - C'est la capacité d'arrêter ses propres pensées à volonté, de garder un mental silencieux (au moins calme) lorsqu'il n'est pas nécessaire de l'utiliser. Cela permet de maîtriser désirs, peurs, instincts et impulsions; des lors la raison domine la passion… C'est cette discipline de self-control qui fait la différence entre une personne forte et une personne faible, et c'est ce qui permet au sadhaka de faire de rapides progrès.

Lorsque votre mental est maîtrisé, vous voyez qu'en réalité les problèmes n'existent pas. Les problèmes ne sont que dans le mental! Nous n'en avons pas quand nous sommes en plein sommeil profond (sans rêves) : dans cet état le monde n'existe pas. D'une manière comparable, quand nous contrôlons nos pensées et émotions nous nous libérons des illusions et des croyances négatives qui voilent la réalité, et nous entrons en contact avec notre vraie nature, qui est le Divin suprême. C'est pourquoi la pratique spirituelle consiste surtout dans la purification et la maîtrise du mental pour que notre vrai Soi apparaisse.

 

Q. - Quelle attitude adopter concernant la Kundalini?

R. - La principale règle a ce sujet est de ne rien forcer, en aucune manière. Un éveil de cette force ne devrait avoir lieu que sous la supervision d'un Satguru (un sage ayant obtenu la complète Realisation). Toute ouverture des nadis (soit la première étape vers l'éveil de la Kundalini) ne devrait se faire que lorsque le sadhaka a un excellent contrôle de ses désirs (surtout sexuels) et de la colère. Le Satguru teste le disciple pour voir s'il est capable de résister à la pression énorme - et dangereuse - qui vient avec la Kundalini. Dès lors, il ne faudrait jamais rien faire volontairement à ce sujet, mais se contenter de laisser le Satguru s'en occuper, tout en menant une vie pure, avec une parfaite chasteté et un bon contrôle du mental. Avant de parvenir a ce stade ou de rencontrer un Satguru, le karma-yoga est la meilleure manière de se préparer, puisqu'il peut être pratiqué partout et  en toute circonstance.

 

Q. - Qu'est-ce que le karma-yoga exactement?

R. - Il est a distinguer du seva, le service désintéressé, qui en est une étape. Le véritable karma-yoga est une attitude mentale à adopter en toutes circonstances, dans chaque activité. Il s'agit "d'attaquer" l'ego à sa racine, qui est la croyance que "c'est moi qui agis, et c'est moi qui récolte les fruits de mes actions". Au lieu de cela, on peut accomplir chaque acte en ayant conscience d'être juste un instrument du Divin, avec l'attitude mentale de faire son propre devoir de son mieux, mais sans se préoccuper des résultats. S'ils sont bons tant mieux, sinon c'est bien quand même. Petit a petit, on en vient a percevoir très clairement qu'on est en effet juste un "outil" pour le travail du Suprême, et tout se fait de manière spontanée, avec de moins en moins d'attentes et d'attachement.
Le corps, les émotions et le mental forment un tout; il n'y a pas de pensée sans émotion ou du moins sans "couleur affective", c'est-à-dire sans attraction ou répulsion. Le but du karma-yoga et de toute pratique spirituelle est de laisser tomber ces voiles qui cachent le Soi. Un grand sage comme Ma Anandamayi n'a ni pensée ni émotion ni préférence, il est pure compassion, pure Conscience, et il joue le jeu de ceux qui sont près de lui, s'identifiant à eux pour se mettre a leur niveau et pouvoir interagir "normalement" avec eux.

 

Q. - Comment se sent-on une fois obtenue la Liberation?

R. - La question ne se pose pas en ces termes, puisqu'il n'y a plus de "moi" pour se sentir d'une manière ou d'une autre… Pour décrire le dernier stade de l'Illumination, appelé sahaja samadhi, Ramdas (qui l'avait atteint) disait de lui-même qu'il était comme le Gange: bien qu'ayant atteint l'Océan (l'Absolu), il continue a couler vers l'Océan (en vivant dans un corps), tout en étant toujours conscient a la fois de ces deux niveaux et de leur Unité.

On ne peut pas dire d'un sage parfait comme Ma Anandamayi qu'il est heureux, puisqu'il est le Bonheur suprême! Il voit que les vagues de la dualité (le monde) sont faites de la même eau salée que les eaux immobiles du fond de l'Océan (pure Conscience-Bonheur). La seule différence est dans le mouvement. Le sage voit que tout est Conscience, au-delà des les paires d'opposes comme le bien et le mal, les critiques et louanges, le plaisir et la souffrance… Il voit que le mouvement aussi est divin, ainsi que le monde et ce qui fait obstacle au Soi; il sait que le mouvement emporte tout, donc il ne cherche pas à garder quoi que ce soit. Il est sans désir ni attente, sans peur ni attachement. C'est dans cette liberté que s'épanouit le véritable Amour.

 

Pensées de l’Himalaya

par Swami Nirgunananda (suite)

 

Dans le monde chrétien, on nous en enseigne à souffrir pour Dieu. Comment considérez-vous ce point de vue ?

Ils doivent avoir leurs raisons. Je ne suis pas  un chrétien, je n'ai pas pensé à cela.

Comment trouver de la joie dans sa sâdhanâ ?

Si on effectue la sâdhanâ comme un jeu, on y trouvera de la joie.

Est-ce qu’il est possible de considérer la sâdhanâ comme un jeu ?

Bien sûr, c'est possible. Très souvent, Mâ a utilisé l'expression de sâdhanâ kâ khel "le jeu de la sâdhanâ". Essayons d'abord de comprendre ce qu’est un jeu. Le jeu est une suite d'actions dans le temps qui nous donnent du bonheur du début à la fin. Jeu et compétition ne sont pas des notions équivalentes. Quand nous entrons en compétition, notre bonheur dépend du résultat final c'est-à-dire de la victoire ou de la défaite, alors qu'en jouant avec un véritablement bon esprit, la victoire ou la défaite n’ont pas d’importance. Si nous prenons la sâdhanâ comme jeu, nous pouvons éprouver de la joie en la faisant quel que soit le résultat final.

Qu'est-ce que vous pensez de la profession spirituelle ?

Une profession, c'est une manière de gagner sa vie, la spiritualité, c'est la vie elle-même. Je ne crois pas au professionnalisme en spiritualité.

Est-ce que la chance joue  un rôle en spiritualité ?

   La chance est un autre nom de l’ignorance du résultat del’action. Chance est accident signifie ignorance.

Vous dites que vous n’aviez jamais entendu parler de Mâ avant de la rencontrer, pourtant vous êtes restés auprès d’elle dès l’instant de cette rencontre. Appelez-vous cela de la chance ?

Je ne pense pas voir rencontré Mâ par hasard ou par chance. Il se peut que j'aie eu au fond du cœur  l'aspiration constante et intense d’être avec quelqu’un qui était l’incarnation de la perfection, de la pureté et de l’amour sous forme humaine. Je n’en étais pas conscient.

omment puis-je connaître ce qu’il y a à l’intérieur de moi ?

Par l'introspection. Nous avons toutes les ressources à l'intérieur de nous. Nous essayons  tout le temps de connaître le mental des autres mais pas le nôtre. Je vois le monde extérieur mais je ne réussis pas à me connaître moi-même. Il y a l'histoire suivante : dix amis voyageaient ensemble sur la route, ils atteignirent un fleuve et il n'y avait pas de bac pour les faire traverser. Il la passèrent à la nage et arrivèrent à l'autre rive. Le chef demanda à quelqu'un de compter les membres du groupe pour confirmer que personne n'a été emporté par le courant du fleuve ; l'homme s'est mis à compter et n’a trouvé que neuf personnes. Ils étaient tristes d'avoir perdu un de leurs compagnons et se mirent à pleurer. Un moine passant par là les vit et leur demanda la raison de leur chagrin. Celui qui avait compté dit qu'il y  avait dix membres dans le groupe et qu'après avoir traversé la rivière, le dixième manquait. Le moine sourit et dit: "Vous êtes le dixième". Nous prenons en compte tout le monde et toutes les choses, mais nous ne nous connaissons pas nous-mêmes. Je trouve du bien et du mal dans les autres et je sens comparativement une supériorité ou une infériorité chez moi sans me soucier de réellement m'étudier moi-même. Je peux reconnaître quelque chose chez l’autre seulement quand j'ai l'impression de quelque chose de similaire en moi. Se surestimer est mauvais, mais se sous-estimer est encore pire. Si vous ne pouvez pas trouver le chemin pour aller à l'intérieur de vous-même, priez Dieu pour cela.

Comment faire face au complexe de peur ?

La sensation d'insécurité est la mère de la peur. Nous sommes nés avec elle ; à la naissance, le bébé crie parce qu’il a peur de la nouveauté autour de lui. Il subit un changement d'état. Mais peu à peu, il se met à faire face aux modifications et a moins peur. On peut utiliser la peur dans les pratiques spirituelles. Parfois, elle nous retient et nous évite de commettre de mauvaises actions. On dit : "Crains ton Seigneur". Dans l'amour comme dans la peur, il y a  le souvenir constant de l'objet que vous aimez ou bien craignez. Que vous aimiez ou que vous craigniez Dieu,,  vous vous  souviendrez constamment de lui. C'est à vous de savoir utiliser votre peur. L’amour peut la neutraliser. Si j'essaie d'avoir un peu d'amour pour celui dont j'ai peur, j’en serai moins effrayé. Il est vrai que la plus grande peur, c'est la frayeur de la mort. Personne ne peut y échapper. Mais il me reste à  être témoin de ma mort ; j'ai vu des gens mourir devant moi, je connais la mort des autres, mais certainement je ne serais pas là pour voir ma propre mort. Tant que je vivrai, la mort restera morte à mes yeux.  Mâ dit : "La mort doit mourir" La peur est toujours dans le futur, mais elle a ses racines dans le passé. Quelqu'un peut dire qu’il a peur du passé, cela signifie en fait qu’il craint que celui-ci ne revienne à l’avenir. Si vous aimez le présent, la mort mourra. La mort est un concept du futur. Yama est le fils du dieu-soleil. Il est le seigneur de la mort. Dois-je avoir peur de Dieu? Vivez dans le présent et soyez heureuse :  la mort choisira son temps pour venir, quand, où et comment, je ne sais pas.

Pourquoi échouons-nous  parfois dans nos efforts, bien que nous soyons sincères ?

La plupart du temps, cela est dû au fait que nous avons surestimé nos capacités. Le succès dans nos efforts dépend de notre sincérité, de notre capacité et de notre méthodologie. Quand ces trois éléments se complètent, c'est alors qu'on peut espérer obtenir le résultat désiré. Si, sur le chemin qui mène à ma destination, un grand arbre tombe et bloque le sentier étroit, n’est-il pas conseillé de trouver une manière de contourner l'obstacle plutôt que de dépenser mon énergie à des efforts futiles pour retirer l'arbre ?

N’éprouvez-vous pas de l'ennui à rester au même endroit, en vivant la  même  vie depuis tant d'années ?

L'ennui et l'amour sont deux pôles opposés. Le monde est transitoire et change à chaque instant ; simplement, nous n’avons pas le regard pour remarquer ces changements. Souvenez-vous de notre promenade la nuit dernière au clair de lune : lorsque nous sommes revenus à l'ashram,  j'ai perdu la trace du sentier habituel et j'en ai découvert un nouveau. Chaque matin vient avec un jour nouveau et frais, chaque crépuscule amène une nuit nouvelle. Je ne ressens jamais d'ennui en face des sommets enneigés de l’Himalaya qui s'étendent à horizon vers l’est et le nord. Je n'ai jamais éprouvé d'ennui avec les prairies tout autour. Il y a un oiseau  particulier ici. Il chante durant toute la nuit. Le son de cet oiseau m’attire particulièrement au crépuscule, j'attends impatiemment le son mélancolique qu’il produit ; je n'ai jamais vu l'oiseau, ni ne connaît son nom, mais je suis amoureux du son. Il a été mon compagnon depuis seize ans. Cela m'importe peu de savoir s'il s'agit du même oiseau ou non. Le son est le même. Quand vous êtes amoureux de quelque chose ou de quelqu'un, vous trouvez quelque chose de nouveau en lui  à chaque instant.

Dans la pratique spirituelle, est-il nécessaire que le corps et l'esprit soient en accord ?

Bien sûr, c'est nécessaire ; l'état physique agit sur l'état mental et vice versa. Tant qu'il y a identification du corps avec le soi, un état de bien-être physique est obligatoire dans la recherche spirituelle.

Pourquoi est- ce la plupart du temps  pendant la méditation qu’on se sent troublé?

Voilà une bonne question ! Considérons d'abord ce qui survient pendant la méditation. Ici, nous parlons de la méditation avec objet : nous choisissons d'abord un objet, et nous essayons de focaliser l'attention sur lui et de le contempler. L'objet peut être visuel, auditif, olfactif, gustatif ou sensible. De façon répétée, nous ramenons notre attention à lui. Pendant l'état d'éveil,  les sens sont en interaction constante avec le monde au dehors et le mental est occupé par des séquences rapides  qui font intervenir ces objets ; ainsi, nous nous retrouvons avec une attention dispersée. Dans l'état contemplatif, quand nous choisissons un objet unique qui correspond à un sens particulier et qu’ainsi nous coupons les interactions des autres sens momentanément, les souvenirs emmagasinés des interactions correspondant à ces sens deviennent actifs et remontent en surface. Le monde extérieur est remplacé par le monde  intérieur. On doit se rappeler que se séparer des interactions des sens ne signifie pas les désactiver. Par exemple, s'asseoir en silence ne rend pas quelqu'un sourd ni ne dénie sa capacité auditive. Simplement, il y a absence d'objet d'audition. Prenez par exemple ce réveil à quartz dans ma chambre. Il n'y a pas de son perceptible qui en  provienne. Mais chaque nuit, je laisse ce réveil dans l’armoire car dans le silence de la nuit, le son de ce réveil paraît être un roulement de tambour et il est perturbant. Ce n'est pas que ce son apparemment inaudible se soit accru durant la nuit ou qu'il y ait eu aucun changement dans ma capacité auditive. Ma réceptivité auditive n’a pas été perturbée à cause du silence environnant.

Vous avez dit que Mâ ne blessait jamais personne. Pouvons-nous en faire autant ?

Certainement, nous pouvons y arriver. On blesse les autres soit physiquement, soit mentalement. Les agressions physiques sont produites par la colère et celle-ci a sa racine dans les attentes, l'avidité et la jalousie. Par une introspection convenable, on peut essayer de minimiser ces facteurs. L'agression mentale a ses racines dans la tendance à miner et minimiser l'autre afin de projeter une image de soi plus grande que la réalité ou de se poser comme quelqu'un qui a raison par rapport à l'autre qui a tort. Ma avait l'habitude de dire que chacun avait raison de son propre point de vue. Prenez par exemple une dame qui est une fille pour sa mère, une mère pour sa fille et une femme pour son mari. Tous les trois points de vue sont justes dans le cadre des relations avec cette dame, mais la manière dont ils se concrétisent n’est pas la même. Est-ce qu'il y a lieu de se disputer à propos de la validité d'une relation en prouvant que les autres sont fausses ?

Est-ce que l'art peut être un instrument de pratique spirituelle ?

Oui bien sûr, mais cela dépend du point de vue de l'artiste et du but pour lequel il pratique son art. Celui-ci est l'expression de son monde intérieur. Le monde extérieur avec lequel il est en relation produit des impressions à l'intérieur. Celles-ci, en s'additionnant avec la constitution mentale de l'artiste, prennent forme et se traduisent en tant que création. En outre, l'artiste, quand il est absorbé dans son travail, a une grande concentration mentale. En d'autres termes, on peut dire qu’il a l’attention juste pour le travail spécifique qu'il est en train de faire et cet état d'esprit peut être facilement appelé un état méditatif. Grâce à la pratique, cet état sert à former le mental. Ensuite, c'est l'affaire de l'artiste de savoir comment il va utiliser cet entraînement mental.

Comment peut-on distinguer entre activité spirituelle et non spirituelle ?

Nous avons déjà mentionné qu'il n’y avait pas réellement besoin de tracer une ligne de démarcation entre les activités spirituelles et non spirituelles. C’est le point que j'ai observé et appris durant mon association avec Mâ : la vie en totalité est spirituelle. Cela est devenu ma conviction. Avant la seconde guerre mondiale, il y a avait une seule Allemagne. Le mur de Berlin a été érigé et à ce moment-là, nous avons vu la division entre l’Allemagne de l’Est et celle de l’Ouest. Quand ce mur a été démoli, nous avons eu de nouveau une Allemagne unie. Le mur n'était là ni au début ni à la fin. Ce n'était qu’une séparation temporaire. De même, dans notre vie,  la classification de nos activités entre « spirituelles » et « non spirituelles » ne peut être soutenue jusqu'au bout.

Comment définiriez-vous  l'intuition et la pensée ?

Les deux suivent la logique de la corrélation entre la cause et les effets mais leur base de départ est différente. La première fait appel au subconscient alors que la seconde se fonde sur le conscient.

Quelle est la place de la grâce dans le travail spirituel ?

En sanskrit, la grâce s'appelle kripâ. D'après certaines écoles, cette grâce doit être atteinte par nos actions. Il y a une autre école  qui croit en une grâce sans aucune cause sous-jacente, c'est ce qu’on appelle ahetuki kripa, hetuki signifiant cause, raison. Mâ donne une définition très belle de la grâce. Elle a dit : "kripâ signifie karo, pao " karo voulant dire « fais » et pao « obtiens» ; elle a aussi ajouté : "La grâce de Dieu se déverse constamment sur vous. Si vous gardez votre récipient tourné vers le haut, il se remplira, si vous le gardez tourné vers le bas, la grâce sera gaspillée." Il n'y a pas de conditions dans la grâce de Dieu. Il octroie sa grâce à tous sans différence. Ce qu'on doit comprendre, c'est que sa grâce est toujours ici avec nous. La plus grande de ses grâces, c'est que je sois doué de la capacité de concevoir le fait même de la grâce. Les pratiques spirituelles sont le moyen de saisir cela.

Quel rôle joue la foi en spiritualité ?

C'est la condition la plus importante du travail spirituel. Avant de donner sa foi à quoi que ce soit d'autre, on doit avoir foi en soi-même. Mâ dit : "atal bishwas" « une foi, bishwas, ferme comme le roc, atal, » est nécessaire pour l'aspirant. Notre foi est toujours vulnérable. Nous gardons foi en Dieu tant que tout va bien, dans notre soi-disant confiance, nous aimons penser : "Que ta volonté soit faite". Mais que quelque chose de fâcheux survienne, nous nous exclamons aussitôt : "Mon Dieu, qu’as-tu fait !" En tant qu’aspirant, j'ai besoin d'avoir la conviction que tout ce qui arrive est la volonté de Dieu et que c’est pour mon bien.

J'aime être indépendante et j'ai envie d'une liberté sans aucune obligation,  même celle de discipline spirituelle.

  Si quelqu'un vous demande de faire quelque chose, vous acceptez ou non, s’il insiste vous vous mettez en colère. Ce n'est pas une expression d'indépendance. Vous êtes en fait sous le coup de l'irritation ou de la colère. Derrière votre désir d'indépendance, il y a l’aspiration intérieure constante au bonheur perpétuel. Dans la poursuite du bonheur, si vous vous mettez en colère, le but même d'être indépendant se trouve mis en péril. La rationalisation et l'équilibre des modèles d’interaction avec le monde à la fois intérieur et extérieur réduit le sentiment de malheur dans notre vie. Si vous obtenez votre bonheur aux dépens de quelqu’un d'autre, ce n'est plus du bonheur.

   Apporter cet équilibre dans la vie, cela revient à y introduire une discipline et un contrôle de soi. Ceci n'est possible que par la pratique ; au début, cela peut sembler une sorte d'obligation qui vous est imposée, mais ensuite, avec l'habitude, cette impression de carcan s'évanouit. On dit qu’il faut ramasser une épine pour extirper celle que vous avez dans le pied, et ensuite rejeter les deux. Votre soi-disant indépendance est enracinée dans votre désir d'indépendance. La liberté authentique est la liberté des liens du désir. En ce monde, vous ne pouvez vivre seul. Vous devez dépendre de quelque chose ou de quelqu’un : notre vie est sous le signe de la  symbiose. Celle-ci n’est pas contradictoire avec la liberté. Tant que notre conscience se projettera sur les objets, notre espoir de liberté se situera toujours dans un horizon très lointain. Plus nous essaierons de nous en approcher, plus il s’éloignera.

Vous faites bien de dire que vous aimez la liberté : cela signifie que vous en avez le goût à l'intérieur. Sinon, comment pourriez-vous l’aimer? Essayez de rentrer à l'intérieur et vous découvrirez qu’elle est là, simplement ; la pratique spirituelle montre le chemin de la liberté.

Pour venir à Dhaulchina, vous m’avez demandé comment organiser votre voyage, et je vous ai répondu. Vous auriez pu venir sans mon aide, mais cela aurait été moins confortable. Il y a un autre endroit dans la région qui s'appelle Dhaula-Dévî, beaucoup de gens se trompent et perdent une journée avant d'arriver ici : parce qu’en fait ils ne se sont pas souciés d’être guidés, ils ont eu des ennuis. Pour suivre la voie spirituelle, vous avez besoin d’un guide qui vous assiste de son expérience. Ayez confiance, essayez et acceptez-le. Il n’agit pas sur votre indépendance, mais il rend votre voyage vers l'indépendance plus facile.

Est-ce que les restrictions sur l'alimentation sont obligatoires dans la pratique spirituelle ?

Avant de répondre à cette question,  essayons de répondre à une autre : pourquoi prend-on de la nourriture ? La première réponse est simple, nous mangeons pour vivre. Notre vie est orientée vers l'action. Pour cette action, nous avons besoin de nourriture ; celle-ci est la source de l'énergie. De fait, la nourriture a trois utilités. Le métabolisme, l’apaisement de la faim et la satisfaction. Il y a un proverbe en Inde qui dit que la nourriture constitue le mental. En d'autres termes, on peut dire qu’il y a une relation intime entre la nourriture et le mental. Si l’on souhaite contrôler le mental, le contrôle de la nourriture est nécessaire. Un aspirant est supposé manger pour vivre et non pas vivre pour manger. La plupart du temps, on mange plus que nécessaire ; pour un aspirant, la quantité de nourriture absorbée doit être basée sur le besoin et non  sur le désir.

Qu'en est-il de la nourriture végétarienne ou non?

Les habitudes alimentaires dépendent de différents facteurs. Il y a des variations dans la situation géographique, les conditions climatiques, la disponibilité des aliments, la quantité de travail à fournir, etc., et tout cela influence les habitudes alimentaires des gens ; en Inde, on recommande la nourriture végétarienne pour les aspirants spirituels. De plus, d’après les règles alimentaires prescrites pour la pratique du Yoga, les épices fortes sont interdites. La nourriture doit être bien cuite, facile à digérer, agréable à regarder et elle ne doit pas être avariée. Cela peut vous sembler étrange que l'état mental du cuisinier et la manière dont la nourriture est  préparée jouent aussi un rôle important : par exemple, si vous préparez un plat en étant de mauvaise humeur et que vous préparez le même à une autre occasion avec amour, le goût de ces deux plats ne sera pas le même.

 

 

 

Dhaulchina

La Retraite de SILENCE

Dans la clairière de LUMIERE

2-23 juillet 2004

 

           

 

Le petit bus en folie, débarrassé de la plupart de ses participants qui ont préféré suivre Jacques Vigne à pied le long des crêtes, s’envole dans les tournants himalayens, les valises en bataille !

            Je parsème toujours ce que j’écris de quelques notes d’humour, ce qui donne le recul nécessaire pour l’observation, l’analyse et la dédramatisation de certains états d’âme. A chacun d’y déceler la profondeur qui s’y cache, selon sa nature…

            Nous sommes donc arrivés à Delhi, joli petit groupe de 21 personnes, le soir du 2 Juillet. Pour aller plus vite afin de ne pas tous faire la file d’attente pour changer nos Euros en Roupies, on avait chargé deux messieurs de récolter les fonds et de les répartir, ce dont ils se chargèrent avec brio et avec l’aide (en guise d’enveloppes) des ‘vomiting bags’ de notre avion d’Air France/Air India, car les liasses de Roupies sont plutôt volumineuses !

            Dépassant la foule d’une tête, Jacques Vigne nous accueillait comme d’habitude, et cette fois avec les pétales de roses provenant de la fête de Gurupurnima (la fête du Gourou) qui venait d’avoir lieu comme chaque année, à la pleine lune de Juillet.

            A Minuit, au sortir de l’aéroport bien frais, on fit notre entrée en Inde dans un ‘four’ à 39° centigrades.

            Puis le lendemain, ce fut le ‘De Luxe Bus’ à air conditionné qui nous conduisit pendant toute la journée jusqu’à l’ashram de Mâ Anandamayî à Patal Dévi (1500m en Himalaya) où eut lieu notre première véritable prise de contact.

            Dans le bus, Jacques a pour habitude de prendre chacun à tour de rôle pour mieux le connaître, approfondir sa vie, ses aspirations, sa démarche spirituelle, ses connaissances.

            Ayant bien demandé à loger seule, j’eus droit, à mes yeux, à une ‘chambre de moine’. Et qu’est-ce que c’est qu’une chambre de moine en  ashram ? C’est : « Au centre un lit en bois dur, une araignée sur le mur… » (Sur l’air de « Une poule sur un mur, qui picote du pain dur » etc…)

            Hé hé ! Quand on veut être seule… !

            « Jacques, où dois-je aller, je n’ai ni lavabo, ni WC ? »

            La réponse du mystique tomba drue, tandis qu’une lueur de malice traversait les yeux du psychiatre qu’il est tout à la fois : « Eh bien, dans ce cas là, tu transcendes le corps !!... »

            Et pan sur le bec. Les voyages forment la jeunesse, avais-je écrit en recrutant mes participants au voyage et je parvins à très bien me débrouiller.

            Enfin le lendemain ce fut : la ‘montée’ vers le Paradis, l’ermitage de Dhaulchina, clairière de lumière faisant face aux sommets des grands Himalayas sortant d’une brume légère…

            Quand Jacques dit qu’il y aura une montée à pied d’environ 3h30 par les crêtes des montagnes, soyez sûrs que 5 bonnes heures seront nécessaires, surtout en groupe ! Les quelques-uns restés dans le bus avec les valises volantes, se contentent pour les dernières 20 minutes à pied obligatoires, de gravir une ‘montée de chèvres’, boueuse ou herbeuse, selon le temps. (Laissez quand même les bagages au vestiaire).

 

L’énergie et la puissance du OM

 

            Je sens le groupe à la résonance du OM. Déjà, après 3 jours de retraite silencieuse où nous travaillons avec Jacques sur les significations du OM, les vibrations timides du début prennent de la vigueur. Chacun à son rythme, au tempo mélangé, l’ensemble résonne comme dans une cathédrale, les dos se redressent, les cœurs s’ouvrent, les esprits s’envolent et la méditation commence dans la petite salle dédiée à Mâ Anandamayî, où soir et matin Nandoû le jeune gardien vient faire sa pûjâ et fleurir l’autel. Ma chambre est contiguë. J’entends donc ses clochettes, ses chants, et le son de la conque dans laquelle il souffle, alors que les cigales se mettent à chanter en chœur à 19h30 pile et que la brume se dissipe pour laisser place parfois à un coucher de soleil sur les sommets himalayens, entre deux nuages de crème Chantilly qui ressemblent à ceux qui entourent le Bon Dieu sur les images de 1ère Communion. C’est féerique !

            La demeure de Swami Nirgunananda, telle la proue d’un navire, vitrée de toutes parts, domine l’horizon infini : les fleurs et le petit potager à gauche, la chaîne des Himalayas devant à perte de vue, la forêt de pins à droite.

            Plusieurs petites maisons roses abritent les participants. Le lieu fut déboisé peu à peu par Nirgunananda. Il est devenu une clairière lumineuse aux parfums fleurant bon le thym, le serpolet et le tulsi qu’on met dans nos tisanes du soir.

            La nourriture est savoureuse, équilibrée et variée : riz et dal aux lentilles, délicieux légumes simplement ébouillantés, choux, concombres, haricots verts, courgettes…Tout est végétarien. Des desserts succulents : petites nouilles au lait et à la mangue, tapioca aux fruits, riz au lait, semoule, concombres hachés au lait, sucre et fruits (original). Sans compter les sortes de porridge, ou muesli au miel du matin, le tout dégusté en SILENCE au milieu des fleurs, parfois sous quelques gouttes d’une pluie bienfaitrice.

 

Le programme de la retraite

 

            Il est souple : de 6h à 7h, première méditation silencieuse. 7h15 petit déjeuner. 9h30 à 10h Hatha Yoga. 10h à 10h45 Ecoute du Silence avec Jacques Vigne. 11h30 à 12h30 satsang avec Swami Nirgunananda. 12h35 déjeuner. Puis pose silencieuse jusqu’à la promenade de 16h avec Nirgunananda et Jacques dans la nature sauvage, plaines, mamelons, et sentiers parsemés d’aiguilles de pins. Enfin  de 17h à 18h satsang avec Swamiji, généralement sur sa terrasse surplombant l’Himalaya. 18h15 dîner. Puis de 20h30 à 21h dernière méditation silencieuse, horaire dédié également toute l’année au silence consacré à Mâ, qui avait coutume de dire : « Je suis comme un instrument de musique. De la manière dont vous en jouez, de cette manière vous entendrez le son. Pour moi, je n’entends que le son fondamental. »

            Vers 5h du matin, quand je m’éveille au son de la chorale des criquets dans l’herbe, j’aperçois un joli renard argenté, aux yeux clairs flamboyant de malice, occupé à guetter des proies au milieu des herbes hautes et des buissons de roses, de glaïeuls et de pivoines derrière ma chambre. Il aperçoit mon visage à travers la moustiquaire de ma fenêtre. Nous nous toisons en silence, comme avait dû le faire Swami Vijayananda devant un léopard, il y a des années, quand il vivait seul ici dans une cabane sans eau ni électricité. Le léopard l’avait fixé, Vijayananda l’avait toisé calmement et l’animal s’en était allé.

            Dans le Hatha Yoga du matin, Jacques maintient ses 1m92 en équilibre parfait, accroupi sur les doigts de pieds d’un seul pied. Puis, il nous montre la posture assise sur les talons, les deux plantes de pieds verticales. C’est le Kurmasana, la ‘Tortue’ (on devrait l’appeler ‘la torture’ !...

            L’enseignement qu’il nous transmet conduit à une rude restructuration de soi-même, à une purification intérieure.

            Que va-t-il se passer en nous ? Chacun ‘à son niveau’ va capter ses vibrations puissantes et subtiles, parfois déchirées par le cri d’un oiseau.

 

Des Courmettes à Dhaulchina

 

            Deux années ont passé depuis le premier choc reçu par moi lors d’une retraite spirituelle avec Jacques Vigne sur le thème du Mariage Intérieur. Etape de la vie, tournant fulgurant qui brouille les vieilles pistes et éclaircit la route. Après les péripéties d’une vie journalistique et surtout artistique, le chemin n’est pas des plus faciles. Mais c’est là où l’Art rejoint la Foi. Quel que soit le moyen d’expression, l’important est d’être sincère et d’aller jusqu’au bout de sa motivation.

            Bien qu’ayant des années de lectures et eu des rencontres d’âmes exceptionnelles, je n’aurai pas la prétention d’écrire sur la spiritualité. D’autres beaucoup plus qualifiés que moi s’en sont chargés. Je me limiterai à être le porte-parole de tous ceux, ou celles, qui sont à la recherche d’une vérité, d’une compréhension d’eux-mêmes, avides d’ouverture, comme des petites antennes s’élevant au-dessus de la déliquescence actuelle de notre pauvre monde et cherchant une porte de sortie vers la spiritualité, la méditation, le SILENCE…

            Les trois sont le propre de Dhaulchina, et c’est aussi le but de ces voyages de groupe, dont le prix payé par les participants est destiné, pour une partie non négligeable, à des œuvres utiles, à des aides cruciales et nécessaires pour aider à améliorer les conditions de vie de plusieurs communautés.

            Aux côtés de Jacques Vigne, ermite, brahmachari, yogi, doublé de l’auteur talentueux que l’on connaît, vit (j’allais dire ‘sévit’) Swami Nirgunananda. Les deux hommes sont très différents et se complètent en quelque sorte. Grand philosophe, Nirgunananda nous entraîne dans le labyrinthe de ses pensées et de ses paradoxes, ainsi que dans son amour illimité pour Mâ Anandamayî, dont il  fut le secrétaire pendant les trois dernières années de sa vie. Voir et entendre également Swamiji éclater de rire est déjà un bain de plénitude.

            Le grand Jacques, roulé dans sa longue cape blanche, est là également pour traduire ses propos de l’anglais en français.

            En tant qu’ex-scientifique, biochimiste, Nirgunananda nous plonge avec dynamisme dans la dissolution du ‘Moi’.

            « I am the salt, God is water ». Il faut pouvoir se dissoudre l’un dans l’autre, comme le sel et l’eau, et non pas comme le sel et le sable. La manière de traiter le sel et le chemin spirituel sont la même chose. On dissout, on filtre, on obtient le sel pur. Je suis le sel de roche avec toutes ses impuretés à l’intérieur. En plongeant dans le divin, la saleté va se déposer au fond. Plongez profond dans l’amour de Dieu, et vous serez dissout dans l’amour. Même chose pour la beauté ou la bonté. C’est le but ultime de l’adoration, l’ajapa-japa…En plongeant dans la pureté de Dieu, vous devenez une partie de Dieu. Le vrai sel pur est là, dans le minerai de base qui est impur. Le travail du chimiste est de séparer le vrai sel de l’impureté. Vous êtes le sel de l’Univers. Le ciel a besoin d’un solvant : c’est le Père dans les Cieux. Si vous êtes sincères et honnêtes, il vous sera donné ce dont vous avez besoin.


 

            Comme nous l’a dit Jacques Vigne en citant R.M. Rilké : « On fait Dieu à partir du meilleur de toutes choses, comme l’abeille fait le miel de toutes fleurs. »

            Avec Jacques, ce sont les initiations à l’écoute de notre propre SILENCE et les suggestions de techniques de méditations.

            Le groupe est bien en harmonie, les participants sont heureux. Le travail se fait à l’intérieur. Les hommes sont presque tous devenus barbus.

            Le contraste entre Jacques, l’homme en blanc, et le Swami en orange, est des plus enrichissants.

            Un soleil chaud et radieux fait suite à la pluie, et les promenades à 2200 mètres, dans les forêts de pins aux herbes odorantes, dominant les vallées aux pieds de la grande chaîne des Himalayas, sont une bouffée de cet univers, une envolée vers ce qui crie en nous le besoin d’union, d’amour et d’UNITE à la fois.

            Durant les ‘entractes’ pluvieux, une certaine nuit d’averse m’a inspiré un long poème dans lequel je dis que « J’aime la chambre où il pleut dedans ». Extrait :

 

    Pluie d’étoiles sur mon mental

    Pluie d’amour, purificatrice

    Qui efface les cicatrices

Pour faire place nette et totale.

 

            Sous peu, nous redescendrons à Kankhal pour aller visiter le vieux Maître Vijayananda qui va allègrement sur ses 90 ans…Nous l’écouterons lui aussi au cours des satsangs nous reparler de Mâ devant son samadhi de marbre blanc.

            Cette fameuse chambre ‘où il pleut dedans’ a des vibrations particulières, Vijayananda y avait sa cuisine lorsqu’il habitait Dhaulchina, seul pendant 7 ans.

            Avant de regagner Delhi pour y faire les achats/souvenirs, nous visiterons le vieux village de Kankhal, son temple de Shiva Daksheshwar et des 10 formes de la Déesse, puis nous passerons une journée à Rishikesh, la capitale du yoga, et ferons notre visite habituelle sur les rochers des bords du Gange, aux pieds de la Grotte de Vashishta Gupha, où le petit fils spirituel de Ramakrishna passa 30 années de sa vie en méditation, immergé dans le silence.

            « Le son du silence est à l’intérieur de nous, c’est lui que vous pouvez entendre » C’est la première résonance du SOI en écho d’une longue tradition.

 

L’Apothéose

 

C’est notre avant-dernier jour, consacré au SILENCE complet. Et comme par enchantement, le coucher du soleil nous réserve une magnifique surprise en nous révélant des sommets himalayens émergeant au-dessus des nuages.

D’habitude, en cette saison, ils sont cachés par la brume, mais voilà que plusieurs se dressent à l’horizon : le Trishul à 7100m, le Panchashuli 6900m, la Nanda Dévi 7860m. C’est un enchaînement de cimes enneigées sur des centaines de kilomètres, à perte de vue.

            Notre silence ajoute encore une profondeur impalpable au côté féerique du moment. Nous tous, groupés sur la terrasse autour de Jacques, nous avons l’impression d’admirer le toit du monde.

 

 

 

 


 

            Mais je termine une fois encore par une nuit d’averse, comme pour le poème…La pluie crépite sur mon toit qu’elle traverse hardiment par endroits. C’est la mousson qui commence.

            Je mets fin à ces quelques lignes et mon dernier mot se noie dans l’évanescence d’une goutte d’eau…

 

                                                                                 

                                                                                  Mahâjyoti

                                                                        (Geneviève Koevoets)

                                                                           Ecrit à Dhaulchina

                                                                Retraite silencieuse de Juillet 2004

 

 

 

           

Dhaulchina – Minuit

(Sous la pluie)

 

Ce poème pour démontrer qu’une chose qui peut sembler négative au départ,

Peut se transformer en une ‘Joie Intérieure’.

 

 

 

 

 

La chambre où il pleut dedans

 

 

J’aime la chambre où il pleut dedans,

Où est cet enclos de lumière ?

A Dhaulchina dans la clairière

Les grands Himalayas devant.

 

Rhododendrons, magnolias,

Forêts de pins, herbes odorantes,

Et là une pensée me hante

‘Pourquoi suis-je donc allée là-bas’ ?

 

Un homme en blanc, l’autre en orange

M’ont tracé ce chemin qui monte,

Pourrai-je le grimper sans honte

Moi qui suis si loin d’être un ange…

 

Le ciel de la mousson s’égare

De la pluie mes pensées s’emparent

Chaque goutte un émerveillement

Chaque mot un enseignement.

 

Le satsang du soir m’émerveille

Et les pensées de Mâ m’éveillent

Les gouttes de pluie me réveillent

Dans mon lit je n’ai pas sommeil.

 

L’araignée sur le mur attend

Le seau recueille le scintillement

Des grosses gouttes qui, gentiment,

Giclent aussi sur mon duvet blanc.

 

L’averse bat son plein maintenant

Lavant à coup sûr les pensées

D’un EGO redimensionné

Par la joie de l’Enseignement.

 

 


 

Pluie d’étoiles sur mon mental

Pluie d’amour, purificatrice

Qui efface les cicatrices

Pour faire place nette et totale.

 

Puis c’est le retour au SILENCE

C’est l’aube, un oiseau s’envole,

Le cœur en paix n’est plus frivole

Le temps est à l’impermanence.

 

Et dans mon éveil du matin

Le renoncement est certain

Un nouveau SOI surgit enfin

Pour se rattacher au DIVIN.

 

J’aime la chambre où il pleut dedans

Où est cet enclos de lumière ?

A Dhaulchina dans la clairière

Les grands Himalayas devant.

 

                                               Mahâjyoti

                                    (Geneviève Koevoets)

                                             Dhaulchina

               Retraite silencieuse de Juillet 2004

 

 

 

 

 

                                 

 

 

Rattachement

 

 

 

 

 

 

Nous étions attachés

Nous nous sommes détachés

Nous voici enfin rattachés

 

Se rattacher, c’est revenir au monde en état de Liberté

C’est reconnaître l’autre en Frère dans son altérité

C’est avoir foi dans ses actes sans en être dérangé.

 

C’est aussi apporter présence et fraternité,

Quelque soit le degré de proximité,

Afin que chacun y trouve à prendre à volonté.

 

Ainsi seulement pourra se réaliser

Ce vieux rêve de l’Humanité

Que nous appelons Solidarité.

 

Hélas nombreux sont ceux qui ont peine à se détacher,

Tant le voyage leur apparaît semé de dangers…

Mais il faudra qu’un jour certains se sentent appelés

Pour qu’apparaissent aussitôt des Frères pour les accompagner.

 

Ainsi pourront-ils à leur tour cheminer

Puis, le moment venu, venir se rattacher

Comme d’autres avant eux, à la grande chaîne des Initiés.

 

 

 

 

                                                                                  Sandra 

 

 

 

 

 

Poèmes écrits à Manikarnika Ghat

(le  ghat de crémation de Bénarès)
par Antonio Dagnino

 

Oh mort, apprends-moi comment mourir d'instant en instant,
Afin que mon esprit demeure toujours immaculé!

Oh vie, enseigne-moi à ne jamais oublier l'amour.
Aimer l'amour, être l'amour.

Etre en amour comme une semence avec la terre fertile,
Comme l'eau douce avec l'eau salée, le feu avec le bois sec, l’air avec le vent rapide...

Comme l'univers avec l'espace infini.


Oh Shiva-Shaktî...

Puisse ce poète être votre canal,

votre instrument spontané, votre voix joyeuse vibrante, terrestre,
mais aussi de l'autre monde.

Puisse-t-il chanter la mort de la mort,
Et le Soi immortel, omniprésent,

dans tous les sois.

 

Antonio a passé peut être un mois en avril 2004 avec sa famille  à Kankhal. Voici son poème qu'il a écrit en vers rimés en anglais (Kankhal est le lieu où Sati s'est jeté dans le bûcher à cause de conflits I avec son père Daksha, et où son mari Shiva a emporté son corps, submergé par la douleur et a entamé sa danse tandava de destruction du monde) :

 

Le mahâsamâdhi de Mâ


Auprès de ce cercle magique où Sati - jamais brûlée - continuent à chanter son Mari ;
En cet endroit même où Shiva s'est oublié
Comme n'importe quel être humain affolé, au cœur brisé, en adoration ;
Auprès du Gange purificateur, comme une balançoire
Jaillie du pied des collines turquoise et des pics bleus souverains...
Je connais un tombeau qui parle :

Là, en une conscience supérieure, libre, complètement à l'aise, 
Dans un corps subtil constitué d'éveil et de paix,

Anandamayî, la mère de délices,

dispense son silence profond,  sa lumière douce

et sa vision pénétrante.


Secrètement, sublimement, discrètement,
Furtivement, magnifiquement, affectueusement,
Elle comprend, englobe, élucide,
Remercie, infuse, communique,
Emane, transforme et émancipe !

                                            (traduit par Jacques Vigne)

 

 

Le luthier le violoniste
par Parvatî



Dieu est comme un luthier
Avec l'aide d'un bûcheron, et il prend un morceau de vie dans la forêt immense de l'univers.
Il fait, avec ce morceau de vie-là, le dessus du corps (le violon), puis il prend un  autre bout de vie et il fait le dessous du corps (du violon).
Cela donne un homme (on un instrument), puis  le luthier continue son travail, il prend ensuite des cordes pour faire une âme au corps - à partir de ce moment-là, le violon joue, et devient musical…
magnétique.
Mais le son n'est pas encore merveilleux pour autant.
On en joue la première fois en poussant un cri (ou une fausse note) à la naissance.
Il faut alors avec la vie qui passe apprendre à accorder notre violon en écoutant les conseils du luthier.

Nous joignons à ce texte de Parvatî une strophe écrite par son petit frère Bruno, juste avant qu'il passe jeune âge emporté par une myopathie progressive :

Au lieu de se battre
Pour soi, contre les autres,
Se battre contre soi,
Pour les autres.

 

 

 

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    En cas de problèmes de Jay Ma précédents qui n’auraient pas été reçus, s’adresser directement à Pushparaj Pandey en écrivant un courriel en anglais à ishu1145@yahoo.co.in  ou à Ma Ananadamayi Ashram Kankhal 249408 Hardwar UA Inde ou par téléphone au 00 91 98 37 38 90 33. Il et en charge de l’envoi des Jay Ma et a maintenant une photocopieuse chez lui pour refaire de nouveaux exemplaires si besoin.

Jacques Vigne réside maintenant principalement au Ma Anandamayi Ashram Dhaulchina  263681 Almora UA Inde

 

Table des matières

 

Paroles de Mâ                                                                        p.1
Réponses récentes de Vijayânanda                                         p.8      
Pensées de l'Himalaya par Swâmî Nirgunânanda                   p.13

Dhaulchina – La retraite de silence par Mahâjyotî                   p.23

La chambre où il pleut dedans par Mahâjyôtî              p.32

Rattachement par Sandra                                                       p.34

Les strophes de Manikarnika par Antonio Dagnino                  p.36

Le mahâsamâdhi de Mâ                    "                         p.37

Le luthier et le violoniste  par Parvatî                            p.38

Nouveaux abonnés                                                                  p.39

Table                                                                                      p.39