Jay Ma n°70       automne 2003



Paroles de Mâ
citées par Atmânanda dans son livre
 «  A la rencontre de Mâ Anandamayî - entretiens avec
Atmânanda »
Propos recueillis par Madou
Sélection des paroles par Isabelle Trublet


Je suis persuadée que c'est l'Occident, bien plus que
l'Inde, qui répandra l'enseignement de Mâ Anandamayî.
C'est un enseignement universel et qui peut convenir à
chacun.

Mâ Anandamayî n'était pas un être humain, c'est
absolument certain.

Elle avait toujours conscience de son état. Elle ne
s'identifiait ni avec son corps, ni avec son mental,
et elle n'avait aucune émotion. Pas du tout ! Jamais
elle n'agissait, ni ne répondait sous le coup de
l'émotion.

"Pour moi", disait-elle, "il n'y que l'Un. Tout est la
manifestation de l'Un."

Je sais que tout peut arriver, mais que l'unité est
là. Si je meurs, le corps meurt. Mais  je reste avec
elle. Cette unité demeure pour toujours.
                                                    
                                                     
Vous savez, Mâ est venu sur terre dans un corps humain
afin que    

nous "sachions" car nous ne savons rien. Nous sommes
tellement ignorants de la vérité ! C'est pourquoi
Krishna est venu, Bouddha est venu, le Christ est venu
et Mâ est venue. Si la divinité ne venez pas
périodiquement sur terre sous une forme humaine, ce
serait trop difficile pour les hommes de progresser et
de comprendre un peu de
 la vérité.

Mâ me disait : "rester à Rajghat ! Restes-y !". Elle
ne disait rien d'autre. Elle voulait que j'observe, je
cherche et trouve par moi-même.

Lorsque des chrétiens venaient, elle leur disait :
"vous avez foi dans le Christ ? Suivez le Christ !".
Et elle les encourageait à suivre son enseignement.
Mâtâjî nous disait que la voie du christianisme était
bonne, et qu'il fallait retrouver l'enseignement
originel de Jésus.

Vous savez, c'est nous qui manquons de confiance.
C'est pourquoi il faut que celle-ci soit confortée par
différentes choses telles que la dikshâ, l'initiation,
et autres cérémonies. Mais Mâ est là. Si nous avons
confiance en elle, si nous évitons de nous occuper de
trop d'autres choses, car alors le mental se disperse,
si nous pouvons nous concentrer sur sa Présence, en
avoir conscience vraiment, alors nous n'avons plus
besoin d'autre chose. Il faut avoir confiance en sa
parole !

Vous m'avez dit que vous lisez au moins quelques
lignes des paroles et de l'enseignement de Mâ chaque
jour. C'est très bien, c'est cela qu'il faut faire.
Lorsque les gens me disent qu'ils sont tristes et
déprimés, je leur conseille de lire chaque jour un peu
des enseignements de la Mère. Depuis plus de trente
ans, je traduis les paroles de Mâ, alors je connais
tout par cour. Mais lorsque je lis ses paroles, ça
m'aide : Mâ est vraiment présentes dans ses mots, dans
 ses paroles.

Ce que dit Mâ est toujours la vérité. Si la Mère m'a
dit : "je resterai ici toujours !", c'est vraiment
qu'Elle y est ; vous savez, elle avait toujours des
réponses directes qui jaillissaient,. Elle était
toujours comme cela. Aussitôt une question posée, la
réponse était là, claire et précise, sans aucune
hésitation.

Mâ disait souvent à Indira Gandhi : "ce qui s'est
passé est le jeu de Dieu, sa lîlâ. Il ne faut jamais
avoir de haine, ni d'inimitié envers qui que ce soit
et quoi que l'on vous fasse. Vous devez vous souvenir
constamment de votre ishtâ-dévatâ, c'est-à-dire de
votre divinité de prédilection."

Question : Au fond, vous ne vous sentez jamais seul à
la dérogation
Atmânanda :: Non ! jamais je ne me sens seule. J'ai
Mâ.
Question : Vous vivez toujours en présence de Mâ ?
Atmânanda : et Mâ m'aide ! De façon et bien souvent
par l'intermédiaire des autres.

Avec Mâ, j'ai tout appris.


Lorsque Mâ pénétrait dans l'agitation d'une gare, elle
se tenait debout, si calme, si paisible, que petit à
petit autour d'elle tout le monde se calmait !

Mâ n'était pas une sainte ou une sage. Elle était une
incarnation unique et sans pareille de la divinité.
Dès sa naissance, et jusqu'à ce qu'elle ait quitté son
corps, elle fut consciente de ce qu'elle avait
toujours été et continuerait d'être toujours. Pas un
seul instant elle ne s'identifiait à son corps.
Celui-ci semblait être un corps humain, mais ne
l'était pas vraiment.

Elle est partout, toujours, et vous-mêmes ressentez sa
Présence.



Une réponse de Vijayânanda

Est-ce par humilité que le gourou dit souvent qu'il
n'en est pas un ?

Le gourou ce qui déclare qu'il n'est pas un guru,  ce
n'est pas par fausse humilité, c'est parce qu'il
perçoit la réalité : il n'y a qu'un seul le guru,
c'est Dieu. Mâ le disait souvent, mais ce n'est que
maintenant que je le réalise vraiment. J'ai demandé à
Mâ si je pouvais la considérer comme mon guru. Elle
m'a justement répondu cela : «  Il n'y a qu'un seul le
guru, c'est Dieu ». Une autre fois, elle m'a dit "je
suis ce que tu veux que je sois". Je voulais la
considérer comme gourou,  alors elle s'est comportée
comme telle à mon égard. Il faut avoir un désir
intense pour le guru. Quand je suis venu en Inde, la
mention même du mot "guru" me faisait pleurer ; à ce
moment-là le gourou se manifeste. Comme on dit,
"quand le disciple est prêt, le gourou arrive".
    Les disciples des maîtres hassidiques, comme les
disciple indiens, avaient une foi aveugle dans leur
gourou. Un jour, l'un d'eux est venu voir son rebbe en
lui disant : "Je n'en peux plus, ma chambre est trop
petite, il y a ma grand-mère ma tante qui sont là,
c'est vraiment de trop !" Le rebbe lui  a répondu :
"Est-ce que tu as une chèvre ?" Le disciple a répondu
: "Oui!" Le maître a continué : "Eh bien ! Prends-ta
chèvre et mets-la dans ta chambre !". Obéissant, le
disciple a fait ainsi, malgré l'aspect visiblement
illogique de cette instruction. Au bout de deux
semaines  il est revenu, à bout. "Ce n'est plus
possible ! Il n'y a vraiment plus la place de mettre
même une épingle dans notre unique chambre !" Le rebbe
lui dit alors : "Eh bien, remets ta chèvre à l'étable
! ". Il l'a fait,  et puis est revenu voir le rabbi un
peu plus tard l'air tout joyeux en disant :
"Maintenant, nous avons vraiment de la place !".



Sur les traces des Yoguis
par Vijayânanda



Nous continuons ici quelques extraits du livre de
Vijayânanda qui n'a jamais été publié en français,
mais est paru directement à Bombay  à Bharatiya Vidya
Bhavan.

    Il existe de nos jours - et j'en ai rencontré -
des êtres humains ayant essayé et réussi. J'ai vécu
parmi et je suis encore sous la direction spirituelle d'un

des plus grands d'entre eux. (Vijâyananda parle de Mâ

Anandamayî, mais il ne voulait pas mentionner son nom

 dans ce premier livre général sur son itinéraire intérieur par

délicatesse, son souci étant de ne pas gagner d'argent avec le nom
de son maître.) Est-ce du védanta ou du Yoga ? Du
bouddhisme ? A moins que ce ne soit de la kabbale, du
soufisme, ou peut-être de la théosophie ? Tous ces
propos ne sont que des mots, des étiquettes sur des
flacons. Et souvent l'étiquette est fausse, le flacon
vide. C'est en nous-même que se trouve la solution du
problème. Ce qui est réel en nous ne peut pas mourir.
Ce qui est au centre de notre conscience est identique
en tous les êtres. Ce qui est la base et le support de
toute chose, qui ne peut être atteint ni par la
souffrance ni par la mort, est aussi l'essence même de
notre personnalité. Mais faut-il aller pour cela à
Ceylan ou aux Indes ? Certes non ! Mais peut-être
était-ce mon destin d'aller au pays des grands sages.
Peut-être aussi les conditions extérieures y sont plus
favorables à l'introspection, et à une vie de
recherche intérieure. Mais mon objectif immédiat,
c'était de rencontrer un de ces grands sages "qui a
réussi" et de bénéficier de ces conseils. Mon
programme était de visiter d'abord Ceylan, et si
possible de vivre une courte période  dans un
monastère bouddhiste. Après, ce serait l'Inde, mais je
comptais me limiter au sud car les trois grands sages
célèbres, Ramana Maharshi, Râmdâs et Shrî Aurobindo
vivaient dans le sud. En outre, mon temps disponible
était limité à un mois de séjour..

[Vijâyananda raconte maintenant son départ du port de
Marseille pour un séjour en Inde qui dure jusqu'à
maintenant - c'est-à-dire cinquante-deux ans plus
tard.]

     Ce fut le 12 décembre 1950 que j'ai quitté
Marseille et la France à bord du Felix-Roussel.
Quelques jours avant mon départ, un entrefilet dans
les journaux m'avait appris la mort de Shri Aurobindo
à Pondichéry. Hélas ! C'était le deuxième sage qui
s'était réfugié dans le nirvana juste avant mon
arrivée. [Le premier avait été Ramana Maharshi en
avril de la même année] Si mes préparatifs n'avaient
pas été aussi avancés, peut-être aurais-je ajourné le
voyage. Le 12 décembre soir, peu avant le coucher du
soleil, le Félix-Roussel s'est éloigné lentement du
port de Marseille. Presque tous les passagers
regardaient en arrière comme si de nombreux fils
invisibles  nous reliaient encore à cette terre. Un à
un, les fils se rompirent. D'abord les amis qui
agitent leurs mouchoirs sur le quai,  les uns essuyant
une larme qui a fait un sillon sur une pommette,
d'autres souriant silencieusement, certains criant
peut-être quelques mots d'adieu. Puis le quai n'est
plus qu'une ligne grise, avec quelques taches colorées
qui bougent. Et maintenant, c'est la gracieuse
silhouette du port de Marseille qui attire les
regards, la corniche, les jetées, Notre-Dame de la
Garde et tout ceci se fond bientôt dans
bleu de la Côte. La plupart des passagers quittent le
pont. Il semble que les fils qui nous reliaient à la
terre se soient rompus et c'est une nouvelle vie qui
commence.
     Pendant ces trois semaines, de nouvelles amitiés
vont se lier, il faudra s'adapter à un mode de vie
différent : les heures de repas, la promenade sur le
pont, la partie d'échecs ou de bridge avec les amis,
les soirées, les flirts, l'imprévu des escales, etc.
etc. Ceux qui ont vécu à bord d'un bateau savent à
quel point l'esprit est absorbé par cette vie sociale
à bord, qui, bien qu'éphémère, donne l'impression de
permanence. La durée de notre vie comparée à
l'éternité est également éphémère. Et pourtant, nous
travaillons comme si nous bâtissions sur le roc. Les
uns amassent des richesses, les autres des honneurs ou

des connaissances mondaines. Pourtant nous savons qu'un

jour la mort viendra et que tout cela s'évanouira comme de la
fumée. Ceux qui ont lu le Mahabharata se souviennent
sans doute de la fameuse question posée par le Yaksha
au roi Youdhisthira : Youdhisthira, le célèbre roi,
était en exil dans une forêt avec ses frères pour une
période de quatorze ans. En tant que nobles guerriers,
 leur devoir était de défendre les brahmanes. Un jour,
un brahmane vint se plaindre qu'on lui avait dérobé un
fagot de bois sacrificiel qu'il avait caché dans un
arbre. Youdhisthira, l'aîné et le chef, envoya ses
quatre frères, Arjouna, Bhima, Nakoula et Sahadév à sa
recherche et lui-même partit de son côté. L'un après
l'autre, les frères arrivèrent au bord d'un étang à
l'eau limpide. La longue marche dans la forêt les
avait terriblement altérés, et cette eau
providentielle était une tentation presque
irrésistible. Mais une voix du haut d'un arbre se fit
entendre : "cette eau m'appartient ; si tu bois sans
répondre à mes questions, tu mourras".
  C'était un Yaksha, une sorte d'esprit supérieur qui
vivait en ces lieux. On dit que "ventre affamé n'a pas
d'oreille". C'est encore bien plus vrai pour la soif,
car aucun des quatre frères n'écouta l'avertissement
et l'un après l'autre ils tombèrent sans vie au bord
de l'étang. Youdhisthira arriva à son tour, également
assoiffé et il entendit le même avertissement.
Néanmoins, il était non seulement un grand roi, mais
aussi un sage renommé pour sa vertu et sa maîtrise de
soi. Il accepta le défi du Yaksha qui, comme le sphinx
lui posa un certain nombre de questions auxquelles il
répondit à l'entière satisfaction de l'esprit. Le
Yaksha lui permit de boire, lui rendit le fagot de
bois du brahmanane - car c'est lui qui l'avait dérobé
- et en plus lui accorda le droit de formuler un vou.
Youdhisthira le pria de rendre la vie à ses frères. Ce qui fut

fait. Une des questions du Yaksha - et c'est là que je voulais en
venir - était :

"Quelle est la chose la plus étonnante dans ce monde
?"
Youdhisthira répondit :
"c'est que tous les jours nous voyons des gens mourir
et que personne ne croit réellement qu'il mourra lui
aussi un jour".


En compagnie de Mâ Anandamayî

par Bithika Moukerjî


   Nous donnons ici la suite des écrits de Bithika à
propos de la rencontre des religions. Nous avons vu
dans le numéro précédent qu'elles étaient au château
de Bossey de Genève pour une année scolaire de
rencontres sur l'effet la rencontre des religions ;
voici ce qu'elle dit aux étudiants en théologie
chrétiens rassemblés à cette occasion :
 
Religions et traditions (mon premier grand discours)

A la fin de l'année universitaire, le Prof. Nissiotis
me demanda si je voulais bien parler de mes
impressions sur l'école et ses objectifs. Il affirma
qu'ils aimeraient tous écouter ce que j'avais à dire
au sujet de leur programme. Ce fut une tâche tout à
fait inattendue mais les gens qui assistaient à mes
séminaires insistèrent pour que j'accepte. Un étudiant
venu d'Afrique, Michael Jackson, vint me trouver, disant

que je devrais tirer parti de l'opportunité pour être aussi severe

concernant les chrétiens qu'ils l'avaient été envers les autres
religions. Il alla même jusqu'à dire que si je n'étais
pas assez dure, il se lèverait et quitterait la salle.
Il était l'un de ces chrétiens engagés et cependant il
restait nostalgique au sujet du bagage culturel qu'il
avait laissé derrière lui.
Je rassemblai mes idées. On avait fait du chemin
depuis mes premières conférences d'introduction.
J'avais acquis quelque connaissance sur le mouvement
ocuménique et ses problèmes endémiques. Cette
conférence fut l'un des plus difficiles qu'il me fut
donné de faire dans toute ma carrière. L'assistance
était composée d'amis personnels. Bien des secrétaires
vinrent écouter également. Je ne voulu pas offenser
leur susceptibilité en tant que chrétiens, car j'avais
moi-même une haute opinion de leur propre engagement
religieux. Mon discours dura juste cinquante minutes,
temps limite qu'on m'avait alloué. Je regardai souvent
le visage sérieux et attentif de Michael Jackson et
compris qu'il n'était pas déçu.
Je résumai sommairement pour eux ce que j'avais
retenu de ce que Shrî Mâ avait dit concernant la
destinée humaine et la possibilité de dialogue entre
les différentes religions du monde.

« La Vérité est éternelle. Elle se répand partout et
ne tolère aucune catégorisation relationnelle.
L'homme, à la recherche de cette Vérité, est un
pèlerin désireux d'éclaircir le mystère de sa présence
sur la terre. Nous naissons pour une tradition, un
bagage culturel, une situation géographique, une foi
religieuse. Le point de départ nous est donc donné.
Les religions sont nécessaires sans limite de temps ni
d'espace. Chercher à universaliser un mode particulier
de révélation n'est ni nécessaire, ni réaliste. Ce
sont des facettes de la même Vérité qui témoignent de
son omnipresence.

« L'Eglise, cependant, prend sa mission très au
sérieux. Le symbole de la croix peut être compris très
facilement en Orient comme étant la descente
tangentielle de la transcendance pour devenir
immanente : une venue vers nous du ciel et de la
terre, afin que l'homme puisse lever les yeux et être
rempli par la joie de ce message. Mais les hommes et
les femmes qui relevèrent le défi et prirent le rôle
de sauveur du monde entier n'avaient pas
l'illumination en eux-mêmes. Ils interprétèrent la
volonté de Dieu, ce qui est une très dangereuse
procédure. Au lieu de s'émerveiller devant la
magnificence de la 'création de ieu', ils
s'empressèrent de diviser les peuples en 'civilisés',
'tribus primitives', 'païens' et ainsi de suite.
« Aux yeux des chrétiens, le monde ressemble à un
méli-mélo confus et au-delà des limites de l'autorité
de Dieu ! Autrement, pourquoi un chrétien serait-il
invité à améliorer Sa création ? Dans ce contexte,
cela vaut la peine de considérer le célèbre sermon de
St. Paul à Athènes, qui sert de modèle aux
évangélistes de tous les temps.

« Passant par là je vis vos prières et trouvai un
autel portant cette inscription, AU DIEU INCONNU. Qui
donc est Celui que vous adorez par ignorance, en
vérité je vous le dis. »
(Actes VIII, 23.)

« La question se pose de savoir si les Athéniens
avaient pu répondre à Paul : 'Lui que vous avez trouvé
maintenant, nous lui rendons déjà hommage, car il est
vraiment inconnu mais pas inconnaissable'. Nous
pourrions imaginer que Paul aurait alors identifié la
philosophie des athéniens comme une hérésie de
gnosticisme.
« Il est vrai que le Concile Vatican II a donné une
sorte de reconnaissance aux autres religions. Ceci
pourrait être interprété comme un  mouvement de
bienvenue de la part de l'Eglise, s'il n'avait pas été
accompagné par la suggestion que la multitude des
non-chrétiens devrait écouter les Evangiles et ainsi
acquérir la nécessaire qualification pré-requise pour
être acceptée au sein de l'Eglise.
« Ceci constitue une violence inutile envers les
sentiments des autres pèlerins. Beaucoup d'entre vous
ne sont plus sympathiques envers ceux qui considèrent
toutes les autres religions comme des menaces ou des
défis. L'empressement pour écouter peut graduellement
l'emporter sur la tendance à prêcher. Si 'l'autre'
pouvait être vu aussi comme un pèlerin, un voyageur,
un ami engagé dans la quête de la grâce de Dieu, c'est
 alors que le dialogue pourrait devenir une base pour
atteindre l'unité, une plus grande compréhension de
l'importance de cette tâche à venir, une attitude qui
soutient plutôt qu'une attitude perturbatrice envers
la vie religieuse. Le dialogue, en fin de compte, peut
seulement être continué en langage équivalent. Si les
participants utilisent des termes qui varient dans
leur signification, il ne peut pas y avoir de
communication importante.
« Le dialogue est un terme ambivalent. La tradition
hindoue elle-même est structurée d'après le dialogue.
Des Upanishads jusqu'aux Dharma Shastras (les livres
des lois), la structure du texte est toujours celui
d'une conversation entre le chercheur de Vérité et un
enseignant (rishi) qui l'a réalisée. L'ensemble de la
tradition sanskrite peut être résumé par ce verset
souvent cité :
 
Réveille-toi, lève-toi ; approche-toi des grands
(sages) et apprends :
                     Aussi aiguisée que la lame d'un
rasoir
Est la route (vers Lui), difficile à traverser ;
Ainsi dit le sage.
(Kathopanishads II. 14)

« Tous les textes scripturaires pivotent autour de
cette vocation de regarder au-delà de la condition
donnée de l'homme dans ce monde. La recherche de la
Vérité est quelque chose comme une quête de
réalisation de soi dont parlent les advaitin
(monistes), ou de réalisation de Dieu dont parlent les
fidèles d'un Dieu personnel (monothéistes). Le Soi est
l'antaryâmin (le témoin intérieur), qui apparaît comme
l'ista devatâ (l'image vénérée au plus profond du
cour) pour les fidèles. De ce fait, la recherche doit
commencer par une tentative de concentration sur
l'être intérieur.
« Comme je l'ai dit, pourquoi quelqu'un devrait-il se
sentir attiré par la mission de prêcher ? Ceci ne
pourrait être basé que sur la croyance que Dieu s'est
retiré de Sa création et n'est plus concerné. Comparez
avec l'Enseignant Illuminé. Il se suffit à lui-même et
il est l'allégresse personnifiée, parce qu'il regarde
le monde comme l'expression parfaite d'un être
parfait. Il n'est pas appelé à prêcher, ne pose pas de
questions et ne demande pas d'obéissance. Il répond de
bonne grâce aux chercheurs sincères, dissipe leurs
doutes et renforce leur détermination. Par sa
présence, il établit la viabilité de la quête
spirituelle. La La révélation de la Vérité est là pour
maintenir la cohésion entre le temps et l'éternité.
Dieu n'est pas dans le passé seulement, il est aussi
dans le présent et il est même là pour toujours.

« L'un des plus récents dialogues relatés dans la
tradition sanskrite est la Gita. C'est le premier
texte dans lequel les mots 'Le Seigneur a dit' (Sri
Bhagavan uvacha) sont utilisés. Même là, le dialogue
ne se change en dissertation que lorsque le disciple
(Arjuna) se reconnaît comme tel et requiert
précisément d'être guidé (Gita II.7). Ce qui est
remarquable ici, c'est l'observation de l'Enseignant
qui conclue par ces mots :

Cette sagesse, plus secrète que tout ce qui est
secret,
T'a été déclarée par Moi :
Réfléchis alors à tout cela et fais ce qu'il te
plaira.
(Gita XVII.63)

« La liberté d'être soi-même, jusqu'en la présence de
Dieu n'est ni refusée, ni banalisée. A moins qu'un
homme soit saisi d'un désir ardent de connaître Dieu,
d'une faim pour la liberté d'être lui-même, d'un désir
pour une béatitude sans réserve promise pour lui par
les Ecritures (shastras), il n'est pas métamorphosé en
un chercheur (jijñâsu). Devenir un véritable chercheur
est le but de la vie religieuse.
« La façon de chercher et de trouver est basée sur une
conception dualiste : Dieu et sa création. L'idée
entière de dualité est significative seulement en tant
que lien d'amour. C'est pourquoi les hindous célèbrent
comme de nombreux liens d'amour avec Dieu tout ce qui
est expérimenté par l'homme sur la terre. Dieu peut
être connu comme Père, Mère, Bien-aimé, Ami, Maître ou
Enfant. La peur de l'enfer, la rédemption des péchés,
et même l'espoir de salut comme paramètres d'une vie
d'amour spirituel, n'ajoutent rien à la majesté et à
la compassion de Dieu. Comment une religion, quelle
qu'elle soit, peut-elle justifier son sacerdoce, à
moins qu'elle ne présente Dieu comme la seule
recherche valable dans la réussite humaine !
« Les comunautés et écoles religieuses sont très
importantes. L'individu acquiert de la force par sa
sampradaya ou comunauté. Cela donne une cohésion
majeure à des efforts peu systématiques. Le sens de la
solidarité, l'unité des objectifs, le sentiment
d'ensemble requis pour les célébrations et rituels,
sont favorables à une vie d'efforts spirituels, ou
sadhana. Si un commonwealth de nations pouvait être un
concept politiquement viable, alors nous pourrions
être capables de nous orienter vers un avenir de
commonwealth de religions. Ce serait une célébration
des voies infinies de l'avènement de Dieu parmi son
peuple. La façon religieuse de vivre pourrait donner
matière à réjouissance, à une joyeuse participation
dans le mode d'expression des autres par rapport au
culte divin. Par conséquent, laissons le dialogue être
un instrument de célébration des nombreuses croyances
qui enrichissent la civilisation. »

J'étais épuisée à la conclusion de ce discours.
Nicholas affirma plus tard qu'il en  avait eu des
sueurs froides à ma place. Il y eut juste quelques
applaudissements au départ, puis soudain tout le monde
se leva pour me faire une vraie ovation, soutenue et
prolongée.

 Ils étaient tous émus et le faisaient voir
clairement. Le Professeur Nissiotis se leva de sa
chaise, m'apporta un verre d'eau et prononça des mots
qui montraient son appréciation sans réserve, comme le
firent certains autres après lui. Il dit : « En votre
présence, j'ai senti la futilité de ce programme tout
entier. Le fait que vous ayez accepté en souriant d'y
participer a rendu le reste inutile. » Rien n'aurait
pu mieux justifier le message que Shrî Mâ avait passé
en 1972-73, à la Graduate School. (p.308 à 312).

par Bithikâ Mukerjî



Comment je suis devenue une disciple
de Mâ Anandamayî
par Dîpikâ Bansal


Dîpikâ est une jeune femme des environs de Delhi dont
le grand frère est souvent en retraite, et a passér du
temps à pratiquer à Kankhal frais de l'ashram de Mâ
Anandamayî . Elle  a envoyé à Jacques Vigne pour le
journal Jay Mâ ce récit d'une expérience qu'elle a eue
avec Mâ dans des circonstances de voyage à l'étranger
pas très faciles.


C'était en décembre,  l'une de mes amies m'a proposé
d'aller en Thaïlande pour une retraite. Jacques Vigne
nous avait donné des renseignements sur tout le
périple. Cependant, les choses ne se déroulèrent pas comme

prévues. Mon amie n'a pas obtenu
son visa pour la Thaïlande, puisqu'elle était
originaire de Shrî Lanka, on lui avait demandé de le
prendre dans son propre pays, ce qui n'était pas
facile pour elle. Mais j'ai décidé d'y aller toute
seule, puisque c'était mon premier voyage à l'étranger
et que tout était déjà organisé.
     Avec la bénédiction divine, je suis arrivée à
Bangkok. Là-bas, tous les hôtels étaient pleins. Ma
destination était le monastère de Suan Mokh ["le
Jardin de la libération" , un grand monastère
bouddhiste dans le sud du golfe de Thaïlande qui
organise des cours de dix jours de vipassana à la fois
pour les Thaïs, et en anglais pour les étrangers
chaque mois ; il se à quelques kilomètres d'une ville
appelée Chaya, déformation du nom sanskrit  Jaya, "la
victoire"].  Avant, j'ai commencé à voir le pays parce
que j'avais assez de temps avant le début du cours de
vipassana. Devrais-je vous dire combien il est
difficile d'avoir une nourriture végétarienne normale
quand vous êtes purement végétarienne et qu'en
particulier vous ne comprenez pas la langue du pays.
Enfin, la période est arrivée pour partir vers le sud.
Cela n'était pas facile, il y avait des problèmes de
réservation, de savoir avec qui je devais partir,
etc.... A un certain moment, j'ai été vraiment déçue,
j'avais le sentiment de perdre mon temps à Bangkok.
Avec ces troubles dans le mental, je m'assis pour la
méditation, mais j'étais dans un état lamentable,
incapable de me concentrer même en posture de lotus.
Tout d'un coup, je vis une belle image de Mâ. J'avais
beaucoup entendu parler d'elle par mon frère qui la
considérait comme son guru mais je n'avais eu aucune
expérience avec elle. C'était une photographie de Mâ
qui sortait continûment du sol de la pièce et rentrait
dans mon front ; je ne pouvais pas reconnaître ce qui
m'arrivait, j'ai paniqué et commencé à tout stopper,
mais immédiatement, je réalisai qu'il devait arriver
quelque chose pour mon bien car  cette image était
celle du gourou de mon frère, ainsi, je laissai faire,
et le phénomène continua pendant quelques minutes.
Ensuite, je me suis retrouvée assise sur les genoux de
Mâ avec ma tête sur son épaule. J'étais dans la
position d'un bébé  sur les genoux de sa mère. Elle me
donna un petit coup sur le dos et dit : "Va, Krishna
est en train de t'attendre". [Dîpikâ est une fidèle de
Krishna]. Je me reposais dans la même posture pendant
quelques minutes et me sentit plein d'amour pour Mâ.
Tout disparut, mais je n'avais pas envie d'ouvrir mes
yeux pendant longtemps et je me laissais aller au même
genre de sentiment, je pensais flotter. Après quelque
temps, à l'ouverture des yeux, je me suis sentie très
relaxée, très calme et n'avais pas envie de me
relever. Je refermai mes yeux, et essayai de revenir
dans la même position, mais fut incapable de le faire.
Je me sentis pleine d'énergie quand je me relevai. Je
me mis à faire des plans pour aller vers le sud du
pays alors qu'avant, j'étais désespérée, je pleurais
vraiment. Maintenant, je trouvais finalement une place
dans  un car de tourisme confortable et j'ai décidé de
passer un ou deux jour sur une île à faire de la
méditation en face de l'océan.
Cependant, là-bas, une mésaventure m'attendait : mes
chèques de voyage avaient tous disparu, ce qui fait
que je me suis retrouvée sans argent dans cette région
du bout du monde ! Quand je m'en suis aperçue, je fus
frappée de stupeur. Il avait de quoi créer de la
confusion dans l'esprit, mais l'instant suivant, le
visage de Mâ m'apparut en face de moi et
immédiatement, je me suis souvenu que j'étais assise
sur ses genoux et je me suis sentie relaxée. Je remis
tout entre les mains de Mâ. Je me mis à penser qu'il
n'y a avait pas de quoi s'inquiéter. Je fis le
nécessaire, ce n'était pas si simple, car j'avais à
peine l'argent pour téléphoner à Bangkok s'il fallait
le faire, mais les banquiers locaux ont été
coopératifs plus qu'il n'était de leur devoir, et j'ai pu arranger

mes affaires. J'étais si soulagée, cela ne peut s'exprimer par

des mots ! Et je suis encore surprise d'avoir fait face à tous ces
problèmes très calmement. C'était la première fois que
je voyageais à l'étranger, et pour nous, jeunes
indiennes, nous ne sommes pas de du tout habituées à
nous déplacer toutes seules. Maintenant j'ai plus
confiance en moi-même et je sens mon cour s'élargir en
me souvenant de cette grande expérience avec Mâ
Anandamayî.
Elle  est avec moi sans cesse.
Jay Mâ !
 












LE SON DU SILENCE
par Marion Mantel

Le son du silence est un son très particulier.
Il n'a ni début ni fin, mais contient tout début et
toute fin.
Il n'a ni espace ni temps, mais contient tout espace
et tout temps.
Il n'a aucune note, mais contient toute note.
Il n'a aucune couleur, mais contient toute couleur.

Le son du silence est le son de l'univers.
Sa demeure est en dedans,
Sa résonance au centre de l'être.
Tu peux l'entendre dans le silence du cour.
Tu peux le connaître dans le cour du silence.


Le son du silence est le témoin immuable de la Source
que tu n'as jamais quittée.


Il était là avant toi.
Il sera là après toi.
Il est là avec toi,
Autour de toi,
En toi,
Toi.
Est.
 



PRIÈRE À LA MÈRE DIVINE
« DONNE-LUI UN NOM »
par Marion Mantel

Mère de l'Univers,
Regarde Ton enfant qui pleure.
Elle ne cherche qu'à T'aimer
Et être aimée par Toi.

Mère de la Béatitude,
Regarde sa solitude.
Elle ne cherche qu'à Te contempler
Et être contemplée par Toi.

Mère de l'Amour,
Regarde Ton enfant sourd.
Elle ne cherche qu'à T'écouter
Et être écoutée par Toi.

Mère de tous les Sons,
Donne-lui un nom.
Elle ne cherche qu'à T'appeler
Et être appelée par Toi.






Pushpadidi,
la fontaine du Son de la félicité.
par Brahmachârinî Gîtâ Banerjî
traduit du hindi par Jacques Vigne

   Pushpadi, Bhajanânanda de son nom de sannyâsinî,
est décédée en février 2003. C'était  une des
meilleures chanteuses auprès de Mâ, et nous traduisons
ici l'hommage que lui rend une brahmachârinî
enseignante au Kanyâpîth de Bénarès et qui l'a connue
de longue date. Son texte est écrit dans un hindi
fortement sanskritisé, comme aiment à l'écrire les
religieux hindous. Celui-ci ne manque pas de charme, à
condition d'avoir un dictionnaire de sanskrit plutôt
que de hindi à portée de main pour la traduction.C'est
la voix de Pushpadî qu'on entend dans la scène de
Gourou-pournima du fait de main d'Arnaud Desjardins.
Celui-ci a bien d'autres enregistrements d'elle non
pubiés datant de 1961, qu'il a suggéré à ses disciples
de réunir.

     Dans cette gorge ont résonné nâda Brahman [le son
en tant qu'écho de l'Absolu], cette sonorité grave et
paisible comme la montagne Mandara [celles dont les
dieux et les démons se sont servis pour baratter
l'océan primordial, réputé aussi être la demeure de
Durgâ]. Elle a bourdonné, la grâce sans cause de Shrî
Shrî Mâ dans les cordes de la vînâ de son existence,
elle dont les bhajans, kîrtans, chant des hymnes
plongeaient dans la félicité absolument tous les
fidèles de Shrî Shrî Mâ qui les écoutaient ; elle qui
faisait vibrer l'espace et des vagues des douces
mélodies qui sortaient de sa gorge durant
l'anniversaire de Mâ, la Samyam saptah, Durga poujâ et
toutes sortes d'autres célébrations, elle qui faisait
vibrer les murs de l'ashram par la douceur de ses
hymnes et de ses chants, elle donc,

Bhajânandajî, notre Pushpadi, qui mérite toute notre
confiance et notre respect, est maintenant l'objet de
notre souvenir : au fond du cour resurgissent les
termes du gourou des poètes, Rabindranath [Tagore] :

Ce vase qu'est  cette célébration est comblé de ton
souffle et de ton humble foi,
Et ainsi, toi-même et tous les gens présents ont été
envahis de félicité!

Dans cette gorge, ce sont profond et grave comme la
montagne ne bourdonnera plus, la salle de satsang de
l'ashram de Kankhal ne résonnera plus du son absolu,
nâda-brahman,  qui sortait de ta gorge : "Satyam,
jñânam, anantam Brahman" (mantra extrait d'une
Upanishad et qui signifie "Brahma est vérité,
connaissance et infini"). Au fond de mon cour se
remettent à résonner seulement ces paroles du poète :

Aujourd'hui, c'est ta voix qui résonne dans la fête
des paroles,
parfois dans des tonalités graves, parfois avec une
douce résonance.

    Le grand-père maternel de Pushpadî était un grand
propriétaire terrien du district de Shrîhatta au
Bengale et en était aussi le célèbre préfet ; il
s'appelait Shrî Rajnîkânt Ray Dastidâr. : du point de
vue spirituel également, il était tout à fait avancé,
il avait un visage resplendissant à la façon d'Agni,
le dieu du feu. Il n'a jamais proféré de mensonge de
sa vie. Son patriotisme était extraordinaire. Il était
au aussi un excellent pianiste. Il chantait
magnifiquement l'hymne national "Vandé mâtaram", je
rends  un culte à la Mère. Mâ a dit une fois à Pushpadî :

"Le bien qu'il y a en vous tous,
c'est à lui que vous le devez."

    Ce grand-père  disait souvent à Pushpadî:
"Pourquoi donc allez-vous à l'ashram ?" Elle lui
répondait : "Pour avoir le darshan de Mâ". Une fois,
son grand-père lui dit alors : "Je vois Shrî Shrî Mâ
dans la lumière bleue - ainsi est ma vision". Il était
venu une fois à Calcutta pour le darshan de Mâ,
c'était à l'époque de l'ashram deBâliganj, à
l'intérieur de la ville. Là-bas, il chanta auprès de
Mâ un kîrtan de Krishna et Balarâm (Krishna enfant et
son grand frère Balarâm, "Râm-le-fort" ). Mâ accouru
soudain et dit : "Je vois des deux côtés deux
enfants". Submergé par le bhâva, elle se mit à se
rouler sur le sol à cet endroit même. Les fidèles
ramassèrent la poussière de ce lieu et se la mirent
sur la tête. Sa dernière heure venue, le grand-père de
Pushpadî dit à sa mère : "Pourquoi y a-t-il tant de
lumière ? Avez-vous ouvert la lumière ? Il y a tant de
lumière !" S'étant exprimé ainsi, il rendit l'âme.
Quelques jours plus tard, la mère vit en rêve le
visage de son propre père resplendissant dans le
Surya-lok, le monde du soleil.
    Le père de Pushpadî s'appelait Shrî Umesh Chandra
Sén, et Krishnânanda Giri  après sa prise de sannyâs.
Il était proviseur d'une école. Auparavant, il avait
été avocat. Mais il avait abandonné ce métier, car il
fallait s'y appuyer sur des mensonges ; il était très
beau, et doué d'une silhouette agréable. Il avait un
grain de beauté juste au milieu du front ; voyant
cela, Shrî Mâ lui avait dit un jour : "Dès la
naissance, tu as reçu le tîkâ  [ la marque au milieu
du front qu'on met après les rituels, par exemple au
feu] des cendres du sacrifice au feu sacré."
    La mère de Pushpadî, Shrîmatî Kshîrodavâsinî Dévî
["la déesse sortie de la mer de lait", c'est-à-dire Laxmî,
l'épouse de Vishnou] avait reçu son éducation à la
maison. Elle était particulièrement douée pour la
gravure, la calligraphie et tous les arts de
l'écriture. Shrî Mâ avait dit après avoir vu la mère
de Pushpadî : "il y a une bonne base ; elle ne s'est
jamais mal comportée".
Pushpadî s'appelait Sâvitrî de son nom de  jeune
fille. Sa mère l'avait surnommée « bhajan » (chant).
En voyant dans le journal de Calcutta l'annonce de
l'arrivée de Mâ, l'oncle maternel de Pushpadî se
rendit  au darshan. Après avoir entendu parler d'elle,
 Pushpadî avec sa mère et l'oncle se rendit à l'ashram
pour avoir aussi le darshan de Mâ. C'était en 1946, à
Baliganj, rue Ekdâliyâ. Dès le premier darshan de Shrî
Shrî Mâ, quatre points sont apparues clairement à
l'esprit de Pushpadî : « je n'ai jamais vu un tel sens
du Soi, de l'intériorité chez quiconque. Je n'ai
jamais vu une telle félicité chez quiconque. Si mon
Dieu est comme cela, c'est bien ! Il faut que je m'en
aille avec elle. Un jour Pushpadî se rendit auprès de
Shrî Mâ. D'une façon ou d'une autre, elle  réussit à
la rejoindre. Mâ lui dit : "Distribue à chaque enfant
une guirlande". Pushpadî en donna donc une à chacun.
Il lui passa par l'esprit d'en garder une pour elle,
comme un prasâd de Mâ, mais ensuite, elle réfléchit
que Mâ ne le lui avait pas dit. Ensuite, Shrî Shrî Mâ,
au moment de s'en aller du satsang, s'éloigna un petit
peu et revint au pour donner une à Pushpadî une belle
guirlande de roses  qu'elle avait gardée sous sa
chaise.
   Un jour, Pushpadî était sortie faire des courses
avec sa tante. Du marché, elle se rendit seule chez
Mâ. Une fois arrivé là-bas, elle a appris que Shrî
Shrî Mâ étaient arrivée. On était déjà avancé dans la
nuit. Pushpadî était seule. Shrî Shrî Mâ  lui demanda
: "De qui es-tu la fille ?" Pushpadî répondit : "Je
suis votre fille". Shrî Shrî Mâ  lui  reposa deux fois de plus la

même question : "De qui es-tu la fille ?" Et Pushpadî de

donner la même réponse : "Je suis votre fille ". Pushpadî dit à Shrî
Mâ : "Il faut que je m'en aille avec vous" mais Mâ ne
répondit rien.
   Cette même nuit, Pushpadî eut une expérience
extraordinaire. Pendant toute la nuit , elle ressentit
qu'une personne  vêtue de blanc était assise au-dessus
de sa tête [dans la tradition hindoue, on médite sur
le guru ou sur son ishtâ-dévatâ comme étant assis
au-dessus de la tête].
Un jour, Pushpadî se rendit à l'ashram de la rue
d'Ekdâliyâ  et apprit qu'il y avait l'inauguration
d'une nouvelle propriété du juge SR Dasupta. et que
Shrî Shrî Mâ s'y était rendue. Une fois parvenue
là-bas, elle vit que le satsang était déjà terminé.
Shrî Shrî Mâ et Dîdîmâ  étaint assises. On avait
organisé des clôtures en bambou pour canaliser la
queue des fidèles. Chacun allait faire pranâm devant
Mâ à son tour. Il y avait une très longue queue.
Chacun offrait une guirlande, et s'en allait. Pushpadî
resta debout quelque temps sous le pandal et ensuite
s'engagea dans la queue pour aller faire son pranâm à
Mâ. Juste au moment où elle faisait ce pranâm, elle
s'aperçut qu'en elle  il n'y avait rien, qu'elle était
devenue complètement vide. Tout en faisant sa
prosternation,  elle sentit quelque chose de lourd qui
lui tombait sur la nuque ; elle vit que c'était  une
guirlande de fleurs. Auprès de Mâ,  il y a avait une
guirlande particulièrement lourde et plutôt grande.
C'était celle-ci que Mâ avait lancée d'une certaine
distance autour du cou de Pushpadî. Shrî Shrî Mâ
fixait Pushpadî du regard. Pushpadî aussi se mit à
regarder Mâ droit dans les yeux, sans changer de
direction. Ensuite, lentement, Mâ regarda d'un autre
côté. Pushpadî rentra à la maison en portant toujours
cette  guirlande autour du cou.

   Quand Pushpadî était assise auprès de Mâ,  toujours
elle pleurait. Tout le monde demandait à Mâ : "Mâ,
pourquoi cette fille pleure-t-elle ?" Mâ répondait en
riant : "Demandez-lui directement !" Malgré des
requêtes répétées, quand Pushpadî vit que Mâ ne la
prenait pas avec elle, elle se mit à penser qu'en
priant le seigneur Jésus ou bien Chaitanya
Mahâprabhou, Mâ certainement la prendrait avec elle,
mais qude son côté, elle-même ne lui parlerait pas de
ses prières.
   Un jour, Shrî Shrî Mâ était sur le point de partir
à Vishnoupour, elle demanda soudain : "Où donc est la
jeune fille qui pleure ? Installez-là dans ma voiture
!" Mais Pushpadî n'était pas présente. Le jour
suivant, lorsqu'elle vint à ashram, tout le monde lui
demanda : "Où étais-tu donc? Mâ t'a appelée, pour te
prendre avec elle à Vishnoupour".  Pushpadî répondit :
"Je n'y suis pas allée, car que faire de seulement
trois ou quatre jours. Avoir la compagnie de Mâ pour
si peu de temps, qu'est-ce que ça veut dire ?"
    Quelque temps plus tard, Shrî Shrî Mâ allait
partir pour Bénarès. La mère de Pushpadî  la prit avec
elle pour le darshan. Elle demanda : " Mâ, je ne peux
pas la garder à la maison, prenez-la avec vous !
Renvoyez-la moi dans un mois." Mâ dit  : "Est-ce
qu'elle pourra rester seule ?" La mère répondit :
"Oui, Mâ elle le pourra !" Mâ dit alors : "Allez-y,
emmenez-la à la gare de Howra. Ce corps  y va aussi.
Le train de Bénarès y est en partance." En arrivant à
la gare, Pushpadî vit au milieu des bagages empilés
que Swami Paramânandajî avait perdu connaaissance à
cause d'un accès de fièvre. Pushpadî acheta une noix
de coco et donna son eau à boire au Swami. Sur ces
entrefaites, Shrî Mâ est arrivée. Elle dit à Didi en
voyant Pushpadî : "Didi, cette jeune fille va venir
avec ce corps".  Juste avant, Didi avait déjà demandé
à Pushpadî : "Qui es-tu ? Où  t'en vas-tu? Maintenant, nous

ne prenons pas de grandes jeunes filles  au Kanyâpîth." Cependant,
aussitôt que Didi entendit Mâ parler de Pushpadî, elle
demanda : " Est-ce que tu as un billet de première
classe ?" Pushpadî répondit : "Non, je n'ai qu'un
billet de troisième classe". Aussitôt, Didi prit le
billet et demanda à quelqu'un dans la foule : "Peux-tu
donc changer ce billet ?" Juste au moment où la
personne  ramenait le nouveau billet, le train s'est
ébranlé. C'était en novembre 1947.
   Dès qu'elle arriva à Bénarès, Pushpadî se mit au
service de Mâ. Au bout d'un mois, celle-ci lui demanda
de retourner à la maison. Mais Pushpadî ne le fit pas.
Quelques jours plus tard une lettre de son père
arriva, demandant à Shrî Shrî Mâ de la renvoyer à la
maison. Elle appela la jeune fille pour un entretien
privé, et lui fit lire la lettre. Ace moment-là,
Pushpadî dit à Mâ. "Mâ, bien que je sois venue à vous,
vais-je être obligée de retourner dans le monde?"
Après avoir entendu Pushpadî s'exprimer ainsi, Shrî
Shrî Mâ répondit-elle même au père par courrier.
   Pushpadî enseignait aux jeunes filles du Kanyâpîth.
Elle était une experte à la fois en danse et en chant.
Elle organisait donc des spectacles à l'occasion de
Jhulan Purnima [la pleine lune, où l'on honore
particulièrement Radha et Krishna], Janmashtamî [huit
jours après Jhulan Purnimâ, anniversaire de la
naissance de Krishna], et pour d'autres fêtes avec les
jeunes filles de l'école pour montrer à Shrî Shrî Mâ
des épisodes de la vie de Râm, Krishna ou des scènes
qui mettaient en valeur les faits et gestes d'autres
saints.
Shrî Shrî Mâ  avait demandé plusieurs fois à Pushpadî
: "Est-ce que tu es une brahmane?" Pushpadî répondait
: "Non". Un jour, à Puri, Pushpadî demanda à Swami
Parâtmânandajî : "Pourquoi Mâ me demande cela de façon
répétitive? Est-ce qu'elle ne sait pas que je ne suis
pas une brahmane?" Le Swami répondit alors : "Il y a
en toi des signes de brahmane ; c'est sûr, Mâ voit à l'intérieur
de toi certains signes".
    A l'heureuse occasion de l'anniversaire de Mâ à
Kashi(Bénarès), une chanteuse très connue, Shrîmatî
Girijâ Dévî, était venue se produire devant Mâ. Après
ses bhajans, Mâ demanda à Pushpadî d'en chanter un
également. Celle-ci répondit : "Mâ , après cela, il ne
faut pas chanter de bhajan !" Mâ demanda : "Quoi ? Que
peut-il arriver par le simple fait de chanter ?"
Pushpadî dit : "Les auditeurs vont m'attraper et me
battre !" En entendant cela, Mâ répliqua : "Ah bon !
Tu prêtes autant d'attention à la louange au blâme -
je ne savais pas". A ces mots, Pushpadî se mit
immédiatement à chanter. Juste à la fin de son bhajan,
Shrîmatî Girijâ Dévî la prit dans ses bras et lui dit
: "Oh ! Cette voie que tu as là ! Dans ta gorge, il y
a de la magie !"
    Une fois, Mâ avait placé Pushpadî à l'ashram de
Dehra-Dun. Elle était encore très jeune. Tous les
jours, elle chantait des hymnes, la Bhagavad-Gîtâ,
etc.. Les sadhous de l'ashram de Ramakrishna à côté
s'assemblaient à la porte de celui de Mâ pour écouter
les source extraordinaire de ces douces sonorités :
"Qui chante d'une voix si douce et avec une si belle
prononciation les hymnes ? Qui est cette jeune fille
?" Les mahâtmas aimaient beaucoup les bhajans de
Pushpadî. En particulier Shrî Haribâbâjî en faisait un
grand éloge. Il disait : "En entendant chanter Pushpa,
un sentiment de renoncement survient." Ainsi donc,
Shrî Shrî Mâ aussi prenait avec elle Pushpadî dans la
plupart des endroits où elle allait pour le satsang.
Sinon, les mahâtmas lui demandaient : "Mâs, où est
Pushpa?" La première ministre de l'Inde de l'époque,
Shrîmatî Indirâ Gandhi aimait également beaucoup les
kirtans de Pushpadî ; par conséquent, en tant
qu'invitée spéciale, Pushpadî allait à la résidence de
la Première ministre pour des occasions particulières
comme par exemple la mort de Firoz Gandhi [le mari d'Indirâ], celle de
Nehru ou enfin celle d'Indirâ elle-même, pour chanter
en face de son urne funéraire.
    Dans la dernière phase de sa vie, Pushpadî prit le
sannyâs du président de la Divine Life Society, Swami
Chidânandajî. Il lui donna pour nom Shrî Bhajanânanda
[félicité du chant]. Elle continua à chanter jusqu'à
ses derniers jours.
   Depuis quelque temps, elle était malade du cour.
Elle était en traitement pour cela. Cependant, lors de
la dernière Samyam Sapta, tout le monde avait été
réjoui d'entendre une fois de plus de sa bouche même
satyam, jñânam, anantam Brahman, ce chant qui évoque
le nâda Brahman, le son de l'Absolu. Après cette
semaine de retraite, elle s'en fut à Poone. Encore le
6 février, à l'occasion de Sarasvatî pujâ, elle fit
vibrer l'ashram de Poone de ses chants, et le 25
février 2003, elle se fondit pour toujours aux pieds
de  Shrî Mâ, passant de ce monde mortel à celui de
l'immortalité afin d'y recevoir l'onction du nectar de
la musique divine.
   Aujourd'hui, nous lui rendons hommage dans les
termes du poète :

Dans les doux appels du coucou,  dans les cris sonores
du paon, dans les arbustes des vergers  Dans les
fleurs aussi, ce n'est que ta douce mélodie qui
résonne ;
 Et tu laisses en nous - comme une douce mémoire- la
vaste vague de ta félicité.

Bramachârinî Gunitâ Banerjî, Kanyapîth, Varanasi
Publié dans Ananda Varta (hindi), juillet 2003


Quelques "samyogs" récents de Mâ
par Jacques Vigne



   Par samyog, on entend un concours heureux de
circonstances, où les facteurs s'unissent, c'est la
racine de Yoga,  unir, pour arriver à une fin, une
synchronicité en quelque sorte. D'après le témoignage
de Vijâyânanda et de nombreux autres, auprès de Mâ,
les samyogs étaient monnaie courante, tellement qu'on
n'y faisait plus  tellement attention ; ce n'était
qu'après qu'ont réalisait que les coïncidences étaient
quand même statistiquement très improbables, pour ne
pas dire extraordinaires. Voici quelques unes de ces
coïncidences peu banales qui me sont arrivées durant
cette  saison chaude à l'ermitage de Dhaulchina :

- le 5 juin 2003, Swami Nirgunânanda a fait la poûjâ
d'inauguration de la nouvelle chambre à l'ermitage,
avec sa belle vue sur l'Himalaya. Je m'y suis donc
installé juste après. Le soir même, au crépuscule, je
méditais tranquillement pour ma première soirée dans
cette chambre. La porte était fermée, j'entendais
qu'il y avait beaucoup de vent dehors. Quand je me
suis relevé de ma méditation et me suis retourné, j'ai
vu qu'il y a avez des pétales de roses blanches, un
peu roses par endroit, qui parsemaient le sol, ce
n'était pas un tapis, mais il y en avait peut-être une
dizaine. Le lendemain soir, le phénomène s'est
reproduit, et plus jamais après. On peut trouver une
explication rationnelle à ce phénomène, le van qui
arrivait du sud a poussé les pétales des rosiers qui
sont en dessous de ma chambre vers la véranda du premier

étage où elles ont dû tourbillonner, puis sous ma porte à
l'intérieur. Cependant, cela fait trente ans que je pratique

régulièrement, la plupart du temps dans des pièces fermées,

mais voilà la première fois qu'en me relevant, j'ai trouvé des
pétales de roses sur le sol.
- Une mère est venue avec sa fille adolescente de
quinze ans en visite à l'ashram pour une dizaine de
jours. L'enfant avait un défaut qu'ont souvent les
adolescents, une tendance à fuir la communication et à
s'enfermer en soit même en écoutant de la musique, en
particulier avec un walkman. En fait, quand elle est
arrivée à l'ashram de Mâ, son walkman est tombé en
panne, elle a essayé de le réparer mais sans succès.
Elle pensait le jeter, mais l'a quand même gardé avec
elle. Pendant tout le séjour, elle a été "obligée"
d'entendre parler de vie spirituelle... La veille du
départ, n'ayant rien à faire, elle a de nouveau essayé
d'ouvrir le walkman, qui c'est elle remet à
fonctionner spontanément...
- Je m'étais dit qu'au mois d'août, comme la plupart
des français, il fallait que je prenne des vacances à
l'intérieur même de mon ermitage, c'est-à-dire je
cesse de travailler sur mon ordinateur pour rédiger le
Jay Mâ ou d'autres écrits, ou même pour la
correspondance. Il  me restait à rédiger un article
très bref que j'avais promis comme contribution à un
ouvrage qui va sortir pour le 50e anniversaire d'Amma.
Je l'ai écrit le vendredi 1 août au matin. Le samedi 2
août, il y a eu une forte surcharge de courant tout à
fait imprévue dans le système électrique et
l'adaptateur de courant de l'ordinateur a été grillé
en un rien de temps. Je ne pouvait donc m'en servir,
le temps de commander un nouveau à Delhi, car il n'y
en avait pas à Almora, cela m'a emmené jusqu'au 28 août,
juste le temps de rédiger ce Jay Mâ avant de
redescendre dans la plaine.
- Comme j'étais dans l'ensemble en silence, il y a peu
de monde qui est passé à Dhaulchina, cependant, j'ai
eu la surprise un jour de voir arriver avec leur sac à
dos un lointain cousin avec sa jeune femme, Guillaume
et Juliette. Il sont restés une semaine faire retraite
et ont continué ensuite leurs périple par un trek en
Himalaya très heureux de leur séjour ici. Cinq
semaines plus tard, un couple d'enseignants qui
avaient perdu leurs deux seuls enfants dans un même
accident de voiture m'a demandé l'autorisation de
venir. Vu l'épreuve spéciale qu'ils avaient traversée,
je la leur ai donnée. En m'entretenant plus avant avec
eux, je me suis aperçu que leurs deux enfants
s'appelaient Guillaume et Julie. Je leur ai donné un
cadeau pour Guillaume et Juliette, en pensant qu'il y
avait là un signe de Mâ : les rencontres se
poursuivent, on est uni dans les Soi non seulement à
ses propres enfants disparus mais aussi aux enfants
des autres qu'on rencontre "par hasard", la vie
continue...




Inauguration  de l'école de Mâ Anandamayî

au village de Jamradi en contrebas de l'ermitage de
Dhaulchina
par Jacques Vigne

    Le village de Jamradi est « en contrebas» de
l'ermitage de Dhaulchina au sens himalayen du terme,
c'est-à-dire qu'il y a 1.200 m de dénivelé à descendre
pour y parvenir ! Là-bas, il y a des fidèles
de Mâ qui ont entrepris  en 1995 d'ouvrir une nouvelle
école de Mâ. Elle s'est installée dans des locaux
prêtés. Vers 2000, grâce à des donations, ils ont pu
acheter un nouveau terrain, bien situé avec une vue
magnifique sur les collines de l'Himalaya. En avril
2001, un groupe de Français et de Belges est venu pour
une semaine de retraite à l'ashram de Patal Devî à
Almora. Ils ont visité Dhaulchina, et comme il y avait
dans ce groupe une professeur de lettres et de
hatha-yoga de Châlons-en-Champagne  avec six de ses
élèves,  ils ont décidé d'organiser là-bas un
programme avec Jacques Vigne et que tout le bénéfice
irait pour la construction de cette école primaire. Ce
qui fut fait en mi-décembre 2001, avec une conférence
du vendredi soir qui a réuni plus de 200 personnes et
un stage de week-end avec plus de quatre-vingt-dix
personnes.  A partir de là, les travaux ont progressé,
on a un peu attendu pour bénéficier aussi d'un crédit
du député local, qui  possède un fonds de
développement qu'il peut distribuer lui-même. Il a
contribué pour un tiers, et le groupe de Châlons pour
deux tiers. Il était présent à l'inauguration du
samedi 30 août dernier, avec un autre député.  L'école
a déjà plus de quatre-vingts enfants, avec trois
salles pour les accueillir. Elle est reliée au réseau
des shishu mandir-vidya mandir [temples des petits
enfants - temples de la connaissance] organisé par
l'ashram de Shrî Aurobindo à Pondichéry et qui compte
de nombreuses écoles primaires et secondaires dans
toute l'Inde.
   Dans une des salles de l'école, on avait organisé
la lecture d'une partie du Râmâyana, le Sundarakhand
[la « belle partie »] . C'est la tradition de lire une
partie ou tout le Râmâyana pour l'inauguration d'une
maison. On avait installé un dais avec le livre sacré
lui-même, une photo de Mâ Anandamayî, et sur le côté
une photo de Swami Nirgunânanda, qui avait fait le
lien pour permettre la construction de cette école. On avait

fabriqué aussi dans la même salle de classe un autel en boue

séchée, védi, avec des yantras dessinés à la farine. Un vieux

moine adorateur de Râm et de Hanuman, Sitaram Baba,  était
venu. C'était lui qui avait posé la pierre de
fondation de l'école il y a deux ans, il est âgé,
dit-on, de 105 ans. Il est très aimé dans la région,
et quand il organise des lectures du Râmâyana, des
milliers de gens peuvent venir. Après les discours des
politiciens, il a mis de l'ambiance en clamant  le nom
de Râm dans l'assemblée, qui lui a répondu par une
ovation et des rires,  c'était un joyeux et sain
rappel qu'il n'y a pas que la politique et la
distribution des subventions sur terre...
   Un détail intéressant qui nous met dans l'ambiance
millénaire de l'Inde : au début de la cérémonie, sur
la terrasse de l'école avec cette vue splendide sur
l'Himalaya, on a distribué  les guirlandesour honorer
les hôtes de marque : on a commencé par le seul Swami
en orange présent, et on a terminé par les images de
Sarasvatî, déesse de la connaissance et des écoliers.
Il y a de nombreux dieux en Inde, mais quand on a la
chance d'avoir un Swami dans l'assemblée, qui est en
principe  le canal vivant du Divin, on l'honore en
premier lieu.
Trois enseignants francophones sont passés entre fin
juillet et mi-août et ont voulu faire une donation à
l'école ; nous avons décidé de l'attribuer pour un
meilleur salaire des quatre instituteurs. En effet,
ceux-ci sont payés environ 20 ? par mois, de ce qui
est très peu pour vivre,  même dans un village de
montagne où la vie est moins chère que dans les
villes. Il y aura aussi en principe une correspondance
en anglais  établie entre les élèves du village de
Jamradi et ceux  d'une petite bourgade du département
de l'Aube. Le couple de professeurs qui venait de
là-bas souhaite aussi y organiser une collecte pour
offrir l'internet à la grande école du canton, qui
compte environ 400 élèves. Mâ permet des liens
inattendus entre les gens et les pays...


Nouvelles


- Swami Nirgunânanda poursuit son tour en Europe.
Après être du 5 au 9 juillet au domaine des Courmettes
au-dessus de Nice il va dans la région de Londres
durant quelques jours puis un mois aux États-Unis pour
revenir en Inde le 16 octobre.
- Le grand moment de la Durga poujâ sera le 3 octobre,
il s'agit de Mahâshtamî  le moment précis où Durgâ a
tué le démon Mahîsha, à la jonction des deux journées
lunaires, c'est-à-dire à une heure qui varie tous les
ans, à 7h du matin cette fois-ci ; pour cette année,
le calendrier hindou est plutôt en avance, et donc il
faut s'attendre à ce que les dates des fêtes, y
compris l'anniversaire de Mâ, soit plus tôt que
d'habitude.
- Il y aura deux voyages organisés en 2004 à la
rencontre de Swamis disciples de Mâ Anandamayî en
compagnie de Jacques Vigne :
1) du 10 au 25 avril, quatre jours à Kankhal où nous
rencontrerons en soirée Swami Vijayânanda, et verrons
pendant la journée  la demi Koumbha-Méla d'Hardwar qui
rassemble plusieurs millions de personnes. Mâ disait
que cet événement était "l'étendard de l'hindouisme",
car on peut voir ensemble toutes les congrégations de
sadhous et les nombreux fidèles (environ six millions)
qui viennent  leur rendre visite sur les bords du
Gange.  Cette fête a lieu six ans après la précédente
et avant la suivante grande Koumbha-Méla. Nous
monterons ensuite faire un peu de promenade                                                   
dans le grand Himalaya, dans la région d'une des sources

du Gange, Kédarnath.
2)  Du 3 au 24 juillet, nous ferons principalement une
douzaine de jours de retraite en silence à Dhaulchina
même, excepté les périodes de satsang. Swami
Nirgunânanda sera présent. Le thème de la retraite
sera : "l'écoute du silence et l'enseignement de Mâ
Anandamayî". Puis nous descendrons à Kankhal pour
quelques soirées avec Swami Vijayânanda et une visite
des environs, surtout Rishikesh et le début du Gange
himalayen.

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pour les nouveaux, il est possible d'envoyer un chèque
de 14 ? à l'ordre de Jacques Vigne à l'adresse
suivante :
 Mme Magali Combal.
Vous serez abonnés jusqu'en fin mars 2005.

Table des matières



Paroles de Mâ citées par Atmânanda p.1
Une réponse de Vijayânanda p.4
Sur les traces des Yoguis par Vijayânanda p.5
En compagnie de Mâ Anandamayî par Bithika Moukerjî p.9
Comment je suis devenue une disciple de Mâ Anandamayî par Dîpikâ Bansal p.16
Le son du silence par Marion Mantel p.20
Prière à la mère divine : « donne-lui un nom » par Marion Mantel p.21
Pushpadidi, la fontaine du Son de la félicité par Brahmachârinî Gîtâ Banerjî p.22
Quelques "samyogs" récents de Mâ par Jacques Vigne p.31
Inauguration  de l'école de Mâ Anandamayî à Dhaulchina par Jacques Vigne p.33
Nouvelles p.36
Renouvellement des abonnements p.37
Table des matières p.38