Jay Ma n° 67-68                                           printemps 2003

 

 

Editorial

 

Ce numéro et un numéro double, cela permettra de rattraper le retard contracté durant la période où Jacques Vigne a été à Paris. Cette fois-ci, les paroles de Ma ont été sélectionnées par Marion Mantel qui les avait rassemblées dans un petit volume intitulé l'arbre et la graine. La photo de couverture est l’œuvre de Geneviève Koevoets de Nice, qui a eu l’inspiration de faire un portrait de Ma et de Vijayananda avec la technique de « sanguine », c'est-à-dire en étalant une couleur orangée sur le papier, puis en la gommant pour faire le blanc et en rajoutant le noir avec un crayon de papier . Dans ce numéro, nous donnons une place assez large aux souvenirs de Bithika Mukherjî, qui, en plus d'être une des meilleures biographes de Ma, a toute une histoire personnelle et familiale avec elle. Les pages les plus attachantes de son livre My days with Ma Anandamayi continueront d'être traduites dans les numéros suivants de Jay Ma. Dans ce numéro, il y a aussi un certain nombre de poèmes, certains inspirés par les deux  voyages-retraites de février dans les ashrams de Mâ,  où cinquante Français sont venus en tout. On trouvera à la fin l'annonce du renouvellement des abonnements pour deux ans à partir  de ce numéro, ainsi que le programme de Swami Nirgounananda en Europe.

 

 

 

 

 

 

L’arbre

et la

graine

 

 

paroles de Mâ anandamayi

rassemblées par Marion Mantel

 

 

Vous plantez une graine et il en pousse un grand arbre, avec toutes ses branches, ses ramifications, ses feuilles et d’innombrables nouvelles graines.

Une multitude infinie d’arbres sont latents dans chaque graine.

Pouvez-vous percevoir cela ?

C’est sans commencement et sans fin.

 

L.a graine a-t-elle le désir de faire un arbre ? Un arbre a-t-il le désir de nous abriter dans la fraîcheur de son ombre ?

 

 

Une graine que l’on garde dans la main ne peut germer.

Pour révéler toutes ses possibilités, elle doit se métamorphoser en plante et porter des fruits.

 

 

Une graine ne germera pas si l’on passe son temps à la déterrer pour l’observer.

 

Que la graine ne soit pas bien identifiée n’empêche pas l’arbre de pousser.

 

Mouvement, repos, perdent leur distinction pour qui voit.

Mouvement… repos…, la graine enfouie dans la terre repose, mais dans le même instant, le processus de germination commence, un mouvement !

Si se mouvoir signifie ne pas rester en place, comment se fait-il qu’ici mouvement et repos coïncident ?

C’est ainsi !

De la même façon chaque instant de la croissance de l’arbre est un point de repos et un passage…

 

Les feuilles poussent, tombent, ce sont autant de changements de condition.

Il s’agit toujours du même arbre.

Et cela continue…

En un moment unique.

L’arbre est en puissance des arbres, des feuilles, des fruits sans nombre, des mouvements infinis et une stabilité indescriptible.

Un instant contient en puissance des instants innombrables, où repose le Seul Instant.

 

Pensez à l’arbre. Des graines naissent de sa ramure.

Une de ces graines à son tour peut engendrer un arbre et toutes ses potentialités : un devenir infini, un être infini, une manifestation infinie.

 

La semence fait pousser l’arbre.

L’arbre fait pousser la semence.

Quand nous nous concentrons sur Une chose, pourquoi l’intégralité du UN ne se révélerait-elle pas ?

 

Les arbres sont vivants tout autant que vous et ils ont leurs propres langues .

Ainsi vous pouvez parler à un arbre, mais vous ne connaissez pas son langage.

Si vous le connaissiez , vous pourriez  converser avec lui.

Les arbres aussi ont leur langage.

Dieu est dans tout.

Sa création est infinie ainsi que son Jeu.

 

L’arbre porte des graines et de ces graines des arbres croîtront.

Une petite graine contient en puissance un grand arbre qui recommencera le cycle.

Que l’Un est en tout et que tout est en l’Un doit se révéler simultanément.

 

Lorsqu’on regarde une graine, l’on ne voit que la graine, mais ni la plante ni rien d’autre .

Lorsque l’arbre s’est développé, il porte des feuilles, des fleurs, des fruits, c’est d’une infinie variété.

Dans la graine comme telle, nulle autre chose n’existe, et par conséquent, l’on peut dire « elle n’existe pas ».

Pourtant, lorsque l’arbre est présent, tout s’y trouve de nouveau.

 

Vous voyez un bouton de fleur et ne voyez que lui,  et pourtant ce petit bouton contient déjà la fleur épanouie, le fruit, la semence et la plante tout entière.

La manifestation est universelle et sans limite, mais la vision que vous en avez est partielle et dépend d’un certain point de vue, de ce qui apparaît à vos yeux à un moment donné.

 

Dans une guirlande de fleurs, il y a un fil, des fleurs et des espaces vides entre les fleurs.

Ces « manques » sont causes de souffrance.

Comprendre ce qui unit et délivre de tout manque.

 

Il n’est pas utile d’annoncer qu’une grenade est mûre.

Sa couleur et son parfum parlent d’eux-mêmes.

 

Question : Dans quelle partie du corps est situé le centre du cœur ?

Mâ : Y a-t-il un endroit où il ne soit pas ?

Pensez à un arbre, depuis la racine jusqu’à son sommet, tout était contenu dans une graine.

Une branche ne peut-elle pousser n’importe où sur l’arbre et donner fleurs et fruits ?

Les graines que vous semez se trouvent partout en puissance dans l’arbre.

 

Quand l’écorce de l’arbre fut entamée, ce corps reçut la blessure et ressentit la souffrance.

Laissons cela. Si l’on évoquait plus longtemps de tels événements en sa présence, ce corps se raidirait probablement.

 

Le sens du manque, du vide (abhâva) et notre être vrai ( svabhava), se situent exactement au même endroit.

En fait, ils sont CELA et CELA seulement.

Que représente ce sens du manque ou de l’être vrai ?

Lui, rien que Lui, pour la bonne raison qu’il n’y a qu’une seule graine, qui est arbre aussi bien que la graine et que toutes les étapes du processus de transformation.

En vérité : Lui seul.

 

Tout travail accompli dans l’esprit de servir Dieu, comme les nouvelles pousses remplacent les anciennes feuilles, délivre de l’attachement au monde pour mieux lier à Dieu.

Plutôt que de tourner vers le dehors, il tourne vers le dedans.

Le processus est naturel.

Voyez aussi comme les vieilles feuilles tombées au pied de l’arbre fournissent un excellent engrais.

Rien n’est vain. Sachez-le !

 

Une graine que l’on a fait frire ne pourra plus jamais germer.

C’est comme ça : une fois que vous avez réalisé l’Unité, vous pouvez faire n’importe quoi – il ne s’y trouvera plus aucun germe de karma.

Quand il n’y en a pas, toutes formes, toutes variétés ne sont que CELA.

 

Dès que vous avez trouvé le Soi, l’univers entier vous appartient.

De même, qu’en recevant une graine, vous recevez en puissance un nombre infini d’arbres, de même devez-vous capter l’Instant Suprême Unique, qui, en se réalisant, ne laissera plus rien qui ne soit réalisé.

 

Textes selectionnés par Marion Mantel extraits de :

 

« L’enseignement de Mâ Ananda Moyî »

traduit par Josette Herbert 

(éditions Albin Michel – Spiritualités vivantes)

 

« Mâ Anandamoyî  - Vie en Jeu »

textes réunis et traduits par Jean-Claude Marol

(éditions Accarias – L’Originel)

 

 

 

Questions à Vijayananda

 

 

Quelle est votre attitude vis-à-vis de l'autre monde ?

-  Je suis déjà dans l'autre monde. -

 

- Pourquoi ne mentionne-t-on pas ânanda, la félicité dans les Upanishad majeures, à part dans la partie sur Brahmananda dans la Taittiriya Upanishad?

- A mon sens c'est parce que les rishis étaient profondément heureux. Ils ne pensaient pas que le monde était impermanent, toute souffrance, comme dans le bouddhisme postérieur. Ils vivaient dans le satya yoga, l'âge d'or. Les bouddhistes sont venus dans le Kali yuga  les rishis ne parlait guère de la joie car ils étaient eux-mêmes la joie. Pour parler de la joie,  il faut qu'il y ait une dualité. Dans l'évocation upanishadique  bien connue du Soi, on parle de vérité, connaissance et infini (satyam, jnanam, anantam),   et non pas félicité (ânanda).

   Pour ces rishis, le signe d'un développement avancé sur le chemin est d'avoir vaincu la peur, en particulier les peurs morales à propos du fait de ne pas avoir suivi toutes les règles ou de ne pas avoir fait tous les rituels parfaitement; d'ailleurs, les brahmines de maintenant en sont encore un petit peu à ce point.

   Les vishnouïtes, quant à eux, ne cherchent pas la libération, mais désirent pouvoir aimer indéfiniment un Dieu personnel qui est différent d'eux. Le plus important pour cela est établir une relation intense avec lui -fût-elle de haine. On raconte l'histoire  des trois rishis enfants qui étaient venus à la porte du paradis des Vishnou. Comme il n'avait pas l'air de rishis, ils ont été rejetés par les deux gardiens à la porte, Jay et Vijay; ces rishis, furieux, leur ont lancé la malédiction  de devoir redescendre sur terre. Mais finalement, ils ont eu le choix entre sept incarnations où ils pourraient aimer le Seigneur et trois et il pourrait le haïr. Les deux les mèneraient tout autant de nouveau vers la libération. L'idée derrière cela, c'est que une relation intense, même de haine, peut mener  rapidement au salut.

 

- Est-ce que le désir est nécessairement lié à la peur et à la colère ?

-  Oui, ce sont les deux côtés de la même chose. Quant au désir est très fort vers quelque chose et qu'il y a un obstacle, surgit alors naturellement la colère contre cet obstacle, ou la peur ne pas atteindre le fruit de son désir.

 

- Quels sont les avantages de l'aspect féminin du Divin ?
- Donner la place à l'aspect féminin du Divin est plus équilibré et plus naturel. L'amour naît de la rencontre du masculin et du féminin, pour qu’il y ait l'amour de Dieu et l'amour en Dieu, la présence des deux pôles est une grande aide.

 

- Un bouddhiste parle à Swamiji du poids du passé :
- le passé n'a pas d'existence réelle, c'est une construction mentale. C'est la perception du corps dans l'instant présent qui est réelle avec son cortège de malaises pré-conscients qui engendrent le mal-être et les tensions du mental. Il faut voir profondément dans la perception présente de son corps : en tant que bouddhistes, vous avez vipassana qui est une excellente méthode à cet effet.

 

 

 

 

 « Ces jours anciens avec Ma Anandamayi»

par Bithika Mukherji

 :

Le deuil de la tante de Bithoudi

(c'est le cousin de Bithoudi qui parle) Mon père décéda le 4 mars 1939 après une maladie  d'une quinzaine de jours à l'âge de cinquante-deux ans. Ce décès était tout à fait imprévu. Juste après le deuil, ma mère trouva quelques heures pour se rendre à Vindhyachal. Comme la voiture montait la colline de l’ashram, on vit Shrî Mâ qui sortait de sa chambre ; elle descendit dans la cour. Elle rencontra ma mère à mi-chemin, la serrant dans ses bras et disant des mots gentils dans son style inimitable tout en consolant celui ou celle qui était en  deuil. Ma mère dit plus tard à ma tante que toute son angoisse et le fardeau terrifiant qui pesait sur son cœur s'était dissous aux contacts et aux paroles douces de Shrî Mâ. Lorsqu'ils revinrent de  Vindhyachal, ma mère semblait mieux se contrôler et plus sereine. De toutes façons elle était tranquille et peu démonstrative de nature. Après que les choses se soit calmées un peu nous avons réalisé que ma mère avait complètement perdu l’intérêts dans les choses du monde.

     Nous avions entendu de nombreux récit de renoncement soudain, vairagya, qui menaient à la réalisation de Dieu. Ma mère semblait faire une transition aisée entre le fait d'être une des premières dames de la ville et un style de vie ascétique. Les amis lui dirent de ne pas se retirer du monde, de prendre de l’intérêt dans la carrière future de ses filles etc.. Elle écouta de tels conseils presque avec amusement, disant calmement, "Mati Rani ( la mère de Bithoudi") est ici, elle va s'occuper de tout le monde."
   Rétrospectivement, nous réalisons que ma mère a vécu simplement selon la parole, vani, de Shrî Mâ : "seul parler de Dieu et valable. Tout le reste n'est que vanité et souffrance." son renoncement du monde était total. Elle n'allait nulle part mais continuait à vivre avec nous. Elle était d'accord avec tous les plans de mon oncle suggérés à propos de nos conditions de vie qui évoluaient. Elle parlait et riait avec nous, rencontrait nos visiteurs, passait quelque temps avec sa propre mère et son petit frère qui étaient venus de Calcutta pour être avec elle. Elle faisait aussi un effort pour dire des histoires à mon petit cousin Babou, un enfant qui aimait beaucoup sa lal-mamma (jolie mère), comme il l'appelait.
   Tout ceci néanmoins était à la surface pour ainsi dire. Sa vie intérieure de japa constant et de méditation remplissait progressivement toute sa vie. Elle tomba très malade six mois après le décès de mon père. Elle a dû prier humblement pour avoir le darshan de Shrî Mâ et que celle-ci la visite  quelques semaines avant son décès le 5 avril 1940.(p.56)

    

   Quand nous sommes venus à l'ashram de Kishenpour à Dehra-Dun durant l'été 1938, Didi et son père étaient partis. Bholonath était décédé quelques semaines auparavant. Nos cousins ne l'avaient pas rencontré  mais pour nous qui avions pu le faire, il nous manquait beaucoup. Il y avait une atmosphère étrange,  irréelle de vide. Nous avons entendu dire des gens de l'ashram que Mâ s’était occupée de lui infatigablement, était restée à son chevet et l'avait soigné jusqu'à la fin. La dernière parole de Pitaji a été "ânanda". Il était évident qu'il avait expérimenté un état de félicité avant la fin.’(p.59)

 

éveil
   Un jour il y avait un akhanda-kirtan pendant vingt-quatre heures. Le groupe de kirtans de Delhi étaient venu pour chanter près de Shrî Mâ. Pitaji me manquait. Sans lui  les chants semblaient ne pas avoir d'intérêt ; le kirtan était prévu pour toute la nuit. Je m'étais installée confortablement contre un mur derrière une chaise qui avait été placée dans un coin, au cas où Shrî Mâ viendrait durant la nuit. De fait, finalement elle vint et s'assit sur cette chaise. Quand elle la poussa un petit peu en arrière, elle me vit en train de somnoler paisiblement. J'étais secouée quand je m'aperçus que Shrî Mâ avait pris ma longue natte dans la main et l’avait étendue sur ses genoux de l'autre côté. Ma tête maintenant demeurait sur ses jambes et j’étais tout à fait éveillée par force. Elle était assise avec cette natte sur ses genoux en la tenant fermement, afin que je ne puisse pas me détendre ou endormir. Personne d'autre ne connaissait ma situation, pas au moins à ma connaissance. Shrî Mâ me relâcha après quelque temps avec un sourire. Je pris ensuite un intérêt plus actif dans le kirtan.(p. 61)

…Après cet interlude heureux  nous ayant permis de vivre proche de Shrî Mâ dans un environnement qui était  paisible et tranquille, Allahabad représenta un retour à la réalité un peu dur. Mais nous étions tout le temps encouragé par l'espoir de notre prochaine visite chez Mâ. Nous étions devenus quelque peu différentes des autres jeunes filles de notre âge. Avec elles nous n'avions aucun sujet de conversation en commun,  si ce n'est les études. D'une façon ou d'une autre, nous ne nous sommes jamais sentis appelés à "répandre la bonne nouvelle" aux autres. Venir au contact de Shrî Mâ était une expérience qu'on devait partager seulement avec ceux qui étaient déjà « envoûtés ». Lorsque nous levions les yeux vers elle, nous voyions ces yeux brillants qui nous embrassait dans un regard omniscient et profondément pénétrant , de compréhension totale. Rien n’avait besoin d'être dit.

   Très tôt, nous avons pris l'habitude de sa manière de répondre aux pensées et aux soucis non exprimés. Un contact apaisant, une parole gentille et pleine de compassion allégeait le fardeau de nombreux problèmes enfantins. Il semble stupéfiant que Shrî Mâ,  qui avait à traiter  les erreurs graves et les tragédies sérieuses qui affectaient la vie des adultes, puisse être aussi engagée dans les problèmes de la jeunesse. Mais elle ne banalisait pas ni repoussait d'un revers de main  les chagrins qui sont indissolublement liés au processus de croissance. Bien des fois elle me disait, "ne t'en fais pas, oublie cela" et c'était ce que je faisais. Avec humour, elle allégeait la sobriété de certaines natures indûment attirées vers une attitude  grave envers la vie ; pour les types d'enfants qui étaient indûment bouillonnants, elle assurait une ancre stable. Pour nous les jeunes, être avec Shrî Mâ était être avec quelqu’un qui était comme un ami infaillible : elle nous guidait fermement à travers la turbulence d'une époque qui changeait rapidement. La guerre en Europe affectait aussi la vie en Inde. Nous ne pouvions qu'entendre le  grondement des bouleversements politiques qui allaient bientôt engloutir notre pays. (p. 67)

 

Une conversation sur le vrai bonheur

 

   Hariprasad, un avocat éminent de la ville exprima son attitude envers la religion, "nous sommes actifs dans le monde. Nous nous accomplissons en travaillant dur et en profitant des fruits de notre labeur. Nous sommes heureux. Qu'est-ce que la région peut nous donner que nous n'avons pas déjà ?"
    Shrî Mâ sourit de sa façon inimitable. "Baba, s’il en était ainsi, est-ce que vous poseriez la question. ?"
    Hariprasad Bagchi, bon joueur, accepta le commentaire en riant pour montrer son appréciation. Shrî Mâ continua, "je parle aussi de bonheur ! Un bonheur qui n'est pas contrebalancé par le chagrin. Un bonheur qui est notre droit de naissance. Un bonheur qui peut être le vôtre quand vous êtes vraiment "à la maison". Vous vivez dans une auberge sur le bord de la route. Est-ce que vous devez vivre dans l'oubli de votre vraie maison ? Etre avec Dieu, voilà le vrai bonheur."
Quelqu’un demanda, "est-ce qu’alors nous devons renoncer au monde ?" Shrî Mâ, "non, pourquoi ? Le monde n'est pas séparé de Dieu. La manière de vivre naturelle elle-même  peut être transformée en une manière de vivre religieuse. Il n'y a rien qui soit "autre" que Dieu, en fait, en vivant dans le monde, on est sur le chemin de la réalisation de soi. Depuis que cette perspective a été perdue pour nous, nous sommes obligés d'utiliser le langage du « monde » comme étant séparé de « Dieu ». Réaliser son Soi signifie qu'il n'y a rien si ce n'est Dieu; Dieu seul est et tout le reste est encore et uniquement Dieu."(p.63)

 

Shrî Mâ pressent la mort prématurée de Kawna

 

   Shrî Mâ choisit Kawna avec une  attention spéciale. Elle lui donna un sari de soie et aussi l’un de ses dhotis qui lui appartenaient en coton blanc, et disant que c'était un échange. Elle était habillée comme une étudiante, c'est-à-dire comme Kawna et maintenant Kawna allait s'habiller comme elle  avec des dhotis blancs ; il y avait aussi certaines règles de régime  qui furent prescrites. Shrî Mâ dit que cela pourrait être vœu, vrata, pour un an. Elle dit de nouveau qu'elles reparlerait de ses règles et à la fin de l’année. Kawna fut très heureuse et nous étions fiers d’elle. Nous pensions que Shrî Mâ l'avait peut-être sauvée de quelque maladie future en la faisant subir ces restrictions légères de nourriture et de vêtements. Nous ne savions pas à ce moment-là que Shrî Mâ avait demandé à mon père de laisser Kawna en sa compagnie pour une année. Mon père avait répondu que s'il lui avait demandé une de ses propres filles, il n'aurait pas hésité mais maintenant que son frère et la femme de celui-ci étaient décédés, les gens risqueraient de jaser  en disant qu'il avait abandonné  sa nièce orpheline dans un ashram. Shrî Mâ apprécia rapidement son dilemme et accepta son point de vue de bon cœur. La vie d’ashram n'était pas reconnue comme quelque chose de viable à cette époque. Personne n'avait à argumenter un point ou un autre avec Shrî Mâ. Elle voyait immédiatement le pour et le contre d'une situation. Mon père ne pouvait pas savoir à cette époque que sa nièce bien-aimée  n'avait que cette année supplémentaire à vivre et que Shrî Mâ avait offert à Kawna une chance de la passer près d'elle, car cette jeune fille aimée des dieux mourut avant son 20e anniversaire. (nous avons traduit en français la mort de Kawna dans un précédent Jay Ma) (p.69)

 

 

Vers le 30 mars 1942, on donna la cordelette sacrée à septs jeunes brahmines : entre autres, mon frère Bindou, et cinq garçons de l'ashram, dont le futur Swami Nirmalânanda, Dashou que nous connaissons bien et les deux fils de la jeune sœur de Shrî Mâ. La cérémonie où  l'on invoque la présence des plus grands mantras de la tradition védique est toujours belle et solennelle. La présence de Shrî Mâ la rendait encore plus vibrante. L'initiation dans le Gayatrî mantra est conférée au fils par le père. On donne à la mère le rôle de reconnaître son fils comme  un brahmine nouvellement initié. Il approche sa mère avec le bol à aumônes dans les mains et il dit : Amba bhiksha dehi "Mère, donne l'aumône". Heureusement, à cette occasion, tous les garçons  eurent leur "aumône" de Shrî Mâ elle-même. En sa présence, la cérémonie devint une fête générale  pour tous.

On isola les garçons trois jours. Ils vivaient comme des ascètes, ayant un aperçu d'un type de vie idéale afin de le garder en mémoire comme un interlude durant leur période de croissance et quand finalement ils occuperaient leur place dans le monde. Les enfants eurent une période très agréable car Shrî Mâ les visitait très souvent dans leur lieu de retraite. (p.74)

 

 

 

 

En compagnie de Ma Anandamayi

Volume deux

 

 

par Amulya Kumar Datta Gupta

 

Les trois volumes de "en compagnie de Ma Anandamayi" sont une des meilleures mises en forme de la vie auprès de Ma et de son enseignement. On y trouve simultanément le mélange d'une vie quotidienne joyeuse et d'un enseignement profond. Amulya avait le discernement de nécessaire pour voir derrière la simplicité apparente des propos de Ma toute sa profondeur. Nous avons déjà édité plusieurs extraits de ces trois volumes. Dans ce numéro nous présentons  le début du volume deux, y compris  la préface de Swami Paramanandaji, qui a été le bras droit de Ma jusqu'à son décès. Dans les pages suivantes, on verra tout ce qu'il y a pu avoir dévénements et d'enseignements simplement en deux jours auprès de Ma, cet épisode s'est passé à Navadvîp, près de Calcutta, sur les bords du Gange. Il s'agit du lieu de naissance de Chaitanya Mahaprabhu, un grand réformateur du vishnouïsme au Bengale au XVIe siècle. C'est encore actuellement un lieu de pèlerinage très actif. Cette rencontre entre Ma et Amulya s'est passé en fin décembre 1936.

 

 

 

PREFACE

 

Shri Shri Ma Anandamayi prasang est un travail remarquable. L'écrivain a eu la grande chance, la grâce d'être en contact intime avec Ma pour longtemps à Dhaka, Varanasi et dans d'autres endroits et par la grâce de Ma, il a acquis la possibilité de bien utiliser cette chance. Placé sous la tutelle de personnes religieuses dans son enfance, les questions spirituelles se sont posées tôt dans son esprit. Ayant soulevé nombre de points intéressants devant Ma, il  a pu extraire d’elle bien des vérités subtiles. Il notait dans son journal spirituel les comptes-rendus de ses conversations avec Ma. Une partie de ce journal a été publié sous forme de livrets à Dhaka de son vivant.  A la fois le premier et le second volume du livre ont été épuisées depuis quarante ans maintenant.  ( Ce texte est écrit vers 1980). À présent, nous publions l'édition des deux volumes presque simultanément. Ce livre est une anthologie très précieuse de paroles de Shri Shri Ma.

 

Shri Amulya Kumar Datta Gupta a été un étudiant doué et plus tard dans sa vie, il s'est distingué comme professeur de droit à Dhaka et comme auteur d’ouvrages juridiques. Vers la fin de sa vie, il a vécu à Varanasi en compagnie de Ma. En 1973, il  y est décédé, dans ce périmètre qu’on appelle la région du salut ( vimukti kshetra). On rapporte que Ma a fait à son propos la remarque suivante, "en tant que personne vivant la vie de famille, Baba a donné   une leçon de la manière dont on pouvait rester détaché au milieu des plaisirs de ce monde. Il s'était installé comme un ascète qui se consacre à des travaux valables dans sa petite maisonnette. Ces travaux finis, il est passé dans sa demeure céleste. Il était délivré des triples obstacles de la méfiance, de la répulsion et de la peur. Croyez-le ou non, "ce corps" était toujours avec lui." (Ananda Varta , vingt et unième année, volume I, page 72".

 

                   Swami Paramanandaji, Dol Purnima, 1991, Ma Anandamayi Ashram, Vrindavan.

 

 

CHAPITRE UN

 

 

 

 

 

 SEPT JOURS A NAVADVIP

 

C'était en décembre 1936. On arrivait aux vacances de Noël.  Cependant, je n'avais pas de projet d'aller en quelque endroit que ce soit pendant ces vacances. Même avant les vacances, on m'avait prévenu de l'arrivée de Shri Shri Ma à Navadsvîp, pourtant je ne sentais pas un besoin urgent de la rencontrer. Une raison à cela, c'était que j'avais prévu de partir en vacances avec ma femme et mes filles plus tard dans l'hiver; en outre, je n'étais pas sûr du séjour de Ma à Navadvîp durant toute la durée des vacances.

Plus tard, j'ai appris que mon ami, Shri Jatindra Mohan Das Gupta, était parti pour Navadvîp avec sa femme. J'avais quelques doutes sur le bien-fondé d'une telle initiative  sans permission  antérieure de Ma. Néanmoins, le matin du 24 décembre 1935, Shri Bhupati Nath Mitra vint chez nous avec une lettre. Elle était écrite par Jatin Babu de Navadvîp. Elle contenait entre autres informations le fait que Shri Shri Ma allait probablement demeurer à Navadvîp jusqu'à la première semaine de janvier. Ce fut une nouvelle qui me toucha beaucoup et je pensais qu'il fallait plutôt que je j’accomplisse le voyage jusque là-bas. Ainsi, je faisais d'une pierre deux coups : voir Ma et visiter un endroit nouveau. De plus, cette lettre semblait être un appel pour moi de la part de Shri Shri Ma, bien que rien ne semblait  mener à cette supposition. Mais une chose était clair: voyant que l'itinéraire de Ma était tellement incertain, l'information  qu'elle resterait à Navadvîp pour dix ou quinze jours était un encouragement suffisant pour y aller.             

   Après le départ de Bhupati Babu, je consultai mon épouse et nous avons décidé de partir  pour Navadvîp  dès le lendemain. Le vendredi 25, nous avons pris le Calcutta Mail. Après être arrivé  à 3 heures de l'après-midi, nous eûmes à attendre pour deux heures avant de prendre la correspondancede Navadvîp. Nous avons changé à Krishnanagar et avons atteint la gare de Nava-ghat le lendemain matin à 8 heures 30.  Après avoir traversé la rivière en bateau, nous nous dirigeâmes vers la dharmashâlâ du Maharaja de Hétampur. Je fus rempli de joie en apercevant de loin notre groupe  rassemblé à la dharmashâlâ. Tandis que nous traversions la prairie, je vis déjà Ma qui sortait de la chambre et qui allait se laver le visage dans la véranda avec Buni, la fille de Jatish Babou, qui l’aidait pour cela. En arrivant à la dharmashâlâ, je rencontrai Jatin Babu et Radhika Babu (Shri Radhikanath Tarafdar, un avocat à Dhaka et un fidèle de Ma), il dit, "en vous voyant venir, Ma est sorti sa chambre et a déclaré, "il ressemble à Amulya Babu, n'est-ce pas ?" mais je ne pouvais vous reconnaître."

Je restai debout sur les escaliers pendant que Ma se lavait le visage. Quand Ma s'est levé, nous fîmes notre pranam. Ma dit "je me demandais déjà, si Babaji partirait pour les vacances." je me dit en moi-même, "Ma, je suis ici aujourd'hui simplement parce que vous avez pensé à moi.", "vous êtes partis de Dhaka à midi hier. Vous devez vous considérer comme étant toujours en voyage, car nous partons pour une excursion en bateau juste maintenant." Je pensais, "qu'il en soit ainsi."

   Ma rentra dans la chambre. J'ai  échangé quelques mots avec  Jatindra Babu et Radhika Babu et j'ai organisé les choses pour stocker nos bagages dans une pièce. Ensuite, après m'être lavé le visage et la tête avec de l'eau du puits de la dharmashâlâ, je pris rapidement un petit déjeuner et alla m'asseoir  auprès de Ma. J'avais à peine prononcé quelques mots  que Triguna Babu (docteur Trigunanath Bandyopadhyaya, professeur, Shrirampur collège), Jatish Babu et d'autres vinrent. Ma leur dit de louer des bateaux. Triguna Babu dit, "Ma, levez-vous, je vais aller louer les bateaux." Ma répondit, "Allez-y. Je vais vous suivre. Je ne peux aller nulle part, n'est-ce pas, sans vous emmener avec moi?"  Sur ce, elle éclata de rire. Triguna  Babu et Prankumar Babu allèrent louer des bateaux.  Je restais assis près de Ma, qui ajouta, "tenez, tous ceux qui viennent de Dhaka,  allez ensemble dans le même bateau. Que Jyotish et les membres de sa famille aille dans un autre bateau. Ainsi, tous pourront surveiller leurs enfants. Autrement il pourrait y avoir des problèmes à propos des jeunes."

Ma me demanda de nouveau, "est-ce que tu as pris ton bain?"

Moi: oui, Ma.

Ma: « combien de temps dure un bain ?  Tu prends un bain maintenant et ensuite tu dois en reprendre un autre. Un bain n'est pas assez. » Avec cela Ma commença à rire. J'ai essayé de pénétrer le sens intérieur de ces paroles. Ma parle très souvent de façon indirecte, par comparaison. Je pensai qu'elle pouvait avoir à l'idée nos cœurs impurs. C'était vrai  également. Maintenant, je suis assis auprès de Ma sans impuretés qui peuvent pénétrer mon mental. Mais après quelques temps, quand je m'en irai loin d'elle, mon mental sera aussi troublé par différentes pensées et pollué par des idées matérialistes. Un seul regard de Ma et vers Ma ne peut me purifier de toutes les impuretés et milluminer pour tout le temps. Ainsi  nous avons à faire des tentatives répétées pour la purification de notre mental.

 

Le secret du pranam

   À ce moment-là, Sisir et bien d'autres vinrent dans la chambre et s'assirent.  Sisir commença à discuter avec Ma à propos de quelque chose, mais en trouvant qu'elle avait beaucoup plus de répondant que lui, il inclina la tête et commença à se la gratter. Voyant cela, Ma dit, "voyez, avec quelle beauté chaque chose est organisée. Le moment l'on réalise son erreur, sa tête s'incline. Et quand on ne sait plus quoi dire et qu'on  commence à se gratter la tête, elle penche d'un côté. C'est le secret du pranam. Pourquoi est-ce qu'une personne incline sa tête lorsqu'elle fait le pranam ? C'est à cause de la réalisation de son insignifiance. Elle en vient à comprendre qu'elle est tout simplement non-existante en comparaison de celui devant lequel elle s'incline. Et aussi longtemps que son ego domine, sa nuque est raide et érigée. Une tête qu’on tient haute dénote de l'orgueil et  un fort sens de l'ego, tandis qu'une tête inclinée indique de la douceur. Les gesticulations qui accompagnaient ces paroles de Ma étaient à se rouler de rire.

   Peu après, nous  sommes montés sur les bateaux.  Pour une raison quelconque, Sisir retourna à la dharmashâlâ sur un coup de tête. Une personne alla le rechercher, mais il ne voulait pas venir. À ce moment-là, Radhika Babu nous rejoignit. On larga les amarres des bateaux et nous remontâmes le fleuve. Nous prîmes notre déjeuner à bord - dal, puri, payasam, etc. Babu commence à chanter un kirtan, tandis que Jatish Babu et d'autres reprenaient. Quatre ou cinq bateaux étaient attachés ensemble.  Shri Ma allait de l'un à l'autre en communiquant de la bonne humeur à tout le monde. De cette manière, nous avons remonté le fleuve jusqu'à deux heures, deux heures et demie, et quand le bateau a été amarré sur une des rives du Gange, nous descendirent. Certains prirent leur bain dans le Gange. On offrit de la nourriture sacrée (bhoga) à Ma sur les plages du fleuve et nous nous assirent sur le sable pour partager le prasad.

 

Servir est un travail très difficile  

   Le repas fini, nous nous sommes assis autour de Ma. Nous nous sommes mis à parler de différents sujets. Il y a un endroit qui s'appelle Dharasu sur la route dUttar-Kachi.  Ma dit, "j'y avais remarqué de gros rochers directement dans le Gange. Leur surface était bien large et égale.  L’eau du Gange tournait autour d’eux. En voyant ceci, j'allais dans la rivière et commençais à aller d'un rocher à l'autre.  Je suis alors arrivée à un rocher large e t lisse, et j'ai dit qu'il serait pratique pour pétrir la pâte et faire des chapatis, car la surface de la pierre était plate et l’eau du Gange pouvait être atteinte en baissant simplement le bras. Jyotish me prit au mot et descendit pour y préparer les chapatis. Mais cette dalle qui paraissait propre était en fait à un endroit les voyageurs  faisaient leurs besoins. Néanmoins,  Jyotish la lava à fond avec de l'eau du Gange, avant de pétrir la pâte sur elle. Ensuite il alluma le feu et commença à les cuire. Il ne manquait pas de bois là-bas, car des rondins descendaient le fleuve en flottant - on avait seulement à les ramasser.  Quand le feu se mit à chauffer le réchaud, j'ai trouvé des matières fécales qui s'accrochaient aux petites dents de la surface. Tant que la roche était mouillée, elles étaient invisibles, mais quand la chaleur est venue, la marque des matières était évidente dans chacune des veines du rocher. Assise , je regardai la scène, mais Jyotish ne remarqua rien. Il prépara les chapatis sur cette surface soulevée par des excréments et me les offrit à manger. Je les ai aussi avalées sans aucune protestation." Ayant dit cela, elle se mit à éclater de rire et nous avec. Ma nous a peut-être enseigné par là comment quelqu'un qui sert doit être extrêmement attentif. En même temps nous avons réalisé la vérité de "Bhavagrahi Janardana"(Janardana, le Seigneur, accepte l'esprit dans lequel le service est rendu, sans se préoccuper de la qualité de l'objet qui lui est offert".

 

Une fois qu'on s'est éloigné, on ne pas revenir dans le groupe comme avant.

    Nous avons déjà dit que Sisir s'était vexé et qu'il était retourné à la dharmashâlâ. Nous pensions tous qu'il ne reviendrait pas. Mais il se trouva qu'il revint dans un bateau quelques temps après la fin de notre repas. Tous commencèrent à le mettre en boîte. Il avait évidemment honte au fond de lui-même et, ne pouvant se mêler à quiconque librement, il commença à suivre son chemin, de ci de là, dans son bateau, tout seul. Le voyant dans cette condition, Ma dit, "une fois qu'on a quitté le groupe, on ne peut retrouver sa place comme avant. Quand on essaie de communiquer, on se sent sur la réserve. Il en va de même sur le chemin spirituel. Une personne qui  progresse sur la voie spirituelle pendant quelque temps ne peut plus prendre intérêt dans les affaires du monde aussi vivement auparavant."

    J'ai entendu dire que Ma avait envoyé Shri à Calcutta pour faire venir Nirmalâ Ma et Bimalâ Ma. Elles devaient arriver aujourd'hui. Ainsi Ma avait donné sa parole d'être présente à la dharmashâlâ, le soir. Nous pensions tous qu'il serait impossible d’y revenir si tôt, car il était déjà cinq heures lorsque nous avions fini notre repas. Selon notre estimation, nous devions prendre au moins une heure et demie pour aller jusqu'à la jetée qui était proche de la dharmashâlâ. Mais il s'est trouvé que même en partant à 5 heures, nous  avons atteint le ghat au crépuscule. Beaucoup parmi nous se demandèrent comment nous avons pu couvrir une telle distance en un temps aussi court.

   Le soir, un ascète est venu voir Ma. Il avait environ quarante ou quarante-deux ans. Il était tout à fait tranquille et poli par nature. Ma donna des instructions pour qu'on lui offre un siège et lui demanda de dire quelque chose. Mais il répondit très poliment, "Ma, qu'est-ce que je sais ? Dites quelque chose, nous allons écouter." Ma n'eut pas beaucoup de conversations avec lui sur des sujets religieux. Nous avons appris qu'il appartenait à l'ashram de Kailash, à Hardwar. Après avoir un peu parlé dans la véranda, nous sommes rentrés nous asseoir dans la pièce.

 

Distinction entre pur et impur en touchant une statue de divinité

   Après nous être  tous assis dans la pièce, Shri Nitish Chandra Guha dit à Ma, "Ma, pourquoi cette séparation entre le pur et l'impur quant nous touchons la statue d'une divinité ? Je viens à  la Mère, je la touche - pourquoi devrais-je me soucier du pur et de l'impur ? Ma mère insiste sur une telle séparation, mais je ne trouve pas de raisons à cela."

Ma: Si, en touchant la statue d'une divinité, vous la percevez comme votre mère, alors, bien sûr, il n'y a pas lieu de séparer. Mais combien peu ont une telle perception ! Donc, on doit suivre les instructions des Ecritures. Si vous avez vraiment atteint le niveau auquel la divinité est complètement identifiée avec votre propre mère, vous pouvez cesser cette séparation, sinon, il faut la maintenir.

 

L'arrivée de Nirmalâ Ma à Navadvîp.

 Pendant cette conversation, Nirmalâ Ma arriva à la  dharmashâlâ avec Hem Bhai, et son mari. Abani Babu vint aussi. Il dit que Bimalâ Ma viendrait le jour suivant. Nirmalâ Ma, en arrivant, sauta directement sur les genoux de Ma. Ma la caressa aussi affectueusement. Shri Hem Bhai eut aussi droit à siège séparé. Ils étaient venus d’Adyapith, Dakshineshwar (l'endroit où a vécu Ramakrishna). Ce que j'ai entendu à propos de Nirmalâ Ma peut être indiqué brièvement  comme suit :

   Nirmalâ Ma était femme mariée dans une famille de la classe moyenne.  Elle avait quatre enfants dont l'un est encore vivant à présent. Ils n'étaient pas pauvres. Un jour, à midi, elle alla avec son mari à Adyapiyth lors d’une journée de célébrations. Comme elle vit là-bas Annada Thakur dans un état de bhava ( état intérieur extatique), elle fut saisie d'un dégoût complet de la vie dans le monde. Elle ne put retourner à la maison ce jour-là. Elle resta perdue toute la journée et toute la nuit dans une sorte d'intoxication. Quand elle revint à la maison le jour suivant, l'obsession ne s'étaient pas encore épuisée. Elle tombait dans des accès d'extase à tout moment. Après quelques jours écoulés de cette façon, elle donna naissance à un fils.  Tous son temps était pris pour s'en occuper - elle ne pouvait pas en garder pour les pratiques religieuses.  Elle en conçut un fort chagrin et pria le guru les yeux pleins de larmes. "Thakur (Seigneur) , cet enfant est un don de vous- acceptez-le pour vous. Avec lui à mes côtés, je ne peux répéter votre nom." Quelque temps plus tard, l'enfant mourut. Nirmalâ Ma se ressentit libérée. Après avoir érigé un monument sur l’endroit de crémation de son fils, elle vint s'installer à l'ashram de son gurudev à Adyapith avec son mari.  Comme par nature elle aimait être en solitude, Annada Thakur lui fit construire une maisonnette à quelque distance du temple de l'ashram d’Adyapith et conseilla à Nirmalâ Ma d'y résider. Cela faisait fort longtemps qu'elle vivait dans cette maisonnette. Récemment, son mari s'était mis à visiter différents endroits avec elle.  Il se peut que l'objectif sous-tendant ses déplacements ait été la gloire du gourou et la promotion de la cause de l'ashram d'Adyapith. Nirmalâ  Ma semblait avoir une nature très tranquille. Ces paroles étaient empreintes de douceur et de simplicité. Abani Babu semblait  être l'un de ses fidèles les plus proches. Après qu'ils  ont pris un rafraîchissement, le kirtan commença. Le kirtan induisit chez Nirmalâ Ma un état émotionnel et elle commença pleurer. À ce moment-là, Ma arrêta les kirtans. Il était à peu près onze heures et demie du soir et nous allâmes nous coucher.

 

Une marque de coup autour de l'oeil de Shri Shri Ma

 dimanche 27 décembre 1936

 

Le matin après m'être levé,  j'allai faire pranam à Shri Shri Ma. La fille de Jatish Babu chantait des kirtans. Après quelques temps, tous partir accomplir les tâches qu'ils avaient à faire. De mon côté, je me lavais les mains et le visage et à vint m'asseoir près de Ma. Nirmalâ Ma vint à la dharmashâlâ ce matin-là. Elle demeurait dans une petite maison près de là. Nous étions assis auprès de Ma quand une Vaishnavi vint. Elle avait le teint de la peau sombre et était plutôt grande. Elle avait dans ses mains un  instrument à une corde qui s'appelle ektara Ma l’avait surnommé "Ektara Ma".

J'avais observé une marque sombre, comme une sorte de pommade, autour de l’œil droit de Ma, et lui avait demandé la veille, "Ma, qu'est-ce qui est arrivé à votre oeil"? Ma dit qu’immédiatement après être arrivé à Navadvîp, elle était tombée des escaliers et s'était blessée le front. Je vis aussi une cicatrice sur sa tempe à droite. Ma avait dit, "après mon arrivée, un jour, je sortis pour aller aux toilettes dans la nuit. Buni étaient avec moi. Bien que sortie de la chambre, je n'avais pas ouvert mes yeux complètement, car il y a quelque chose d'étrange à mon sujet,  si je fais ainsi, je ne peux pas les refermer. Buni me suivait. Elle est une petite fille et on ne peut pas s’attendre à ce qu'elle comprenne  mes manières de faire.  Quand j'étais au temple de Raipur (Dehradun), Jyotish était avec moi. Les escaliers étaient bien pires que ceux de cette dharmashâlâ - pourtant je n'ai pas eu une seule chute là-bas. C’était parce que, à chaque fois que j'avais à sortir la nuit, Jyotish allait devant moi et je le suivais. Même avec mes yeux partiellement ouverts, je pouvais avoir une idée du chemin en suivant la manière dont Jyotish marchait. Néanmoins, ce jour-là, pendant que j'allai le long de la véranda dans l'obscurité, j'ai marché dans le vide et suis tombé sur mon visage, en avant de la véranda. J'ai été sévèrement blessé sur la main et le coude. Comme je suis tombé sur le front, j'ai trouvé que c'était déjà gonflé et qu'il y avait une abrasion de la peau sur le coude. Je pressais ma main contre le haut et en revenant sur le lit, je fis en sorte que personne  ne lui se savoir que je m'étais blessée la main. Le lendemain le gonflement sur le coude avait diminué, mais y avait un bleu bien marqué autour de l’œil. En venant ici, je suis tombée avant qu'aucun autre ne puisse le faire."

Un fidèle. Ma, peut-être était-ce exactement ce pour quoi personne n'est tombé dans les escaliers.

Ma: vous voulez dire, pas jusqu'à aujourd'hui…

On observe en la marque  autour de l’œil de Ma, la Vaishnavi dit, "Ma, qu'est-ce qui ne va pas avec vos yeux ?"

Ma. Le Seigneur suprême de Navadvîp a mis à collyre autour de mon oeil comme une partie de sa propre décoration (tout se mirent à rire).

Vaishnavi: mais l’œil gauche n'est pas touché.

Ma: oui, il a choisi le droit pour appliquer son fard" . Sur ce, elle rit abondamment.

Les jugements qu'on émet suivent les samskaras (tendances développées par les karma passés)

   Atal Bihari Bhattacharya, Swami Shankarânanda, Nirod Babu et d'autres étaient assis dans la chambre. Nirod Babu étaient venus à Navadvîp ce jour même. Il avait un emploi à Rajshahi.  C’était un homme au naturel tranquille, et Ma le connaissait. Elle dit , "cette fois-ci, en allant à Rajshahi, je vous ai cherché. Mais je n'ai pu vous trouver."En présentant Nirod Babu, Atal Babu dit, "c'est un de mes élèves."

Ma : En est-il ainsi ? Vous l'avez enseigné? Auparavant, en entendant des versets sanskrits de ma bouche, vos étudiants disaient, notre professeur (c'est-à-dire, Atal Babu) va la voir. Il doit lui avoir enseigné ces versets." Ayant dit ceci, Ma commença à rire de bon cœur. Elle ajouta alors, "pas seulement ceci, ils ont aussi dit "elle doit être prise de drogue. Regardez, comme ses yeux sont rouges et son visage ressemble à celui de quelqu'un qui en consomme."

Ma dit de nouveau, "je ne peux pas les blâmer. Tout le monde juge selon ses samskaras. Il n'est pas étonnant que la manière dont je suis habillée fasse parler les gens. Une fois Bimalâ  Ma et moi-même, nous attendions le train à la gare de Howrah.  Nous avions des direction opposées. Toutes les deux, nous avions les cheveux défaits et le front couvert de vermillon. Vous pouvez vous rendre compte de quel air nous avions. Nous étions assises séparément. Je me suis approchée de Bimalâ Ma et lui ai dit, "viens, allons nous asseoir ensemble". Ainsi fut fait et nous vîmes deux dames anglaises qui nous regardaient de travers, en souriant de façon bizarre. Elles dépassèrent l'endroit où nous étions assis et  chuchoient avec les yeux tournés vers nous répétitivement. Je dis alors à Bimalâ Ma, "tiens, rions très fort d'une seule voix." et nous avons éclaté de rire. Quelle joie ce fût ! Elles étaient stupéfaites."

La manière dont Ma raconta cet épisode nous fit aussi tous rire beaucoup. Ma dit de nouveau, "elles ne peuvent être blâmées non plus, elles aussi, elles ont jugé d’après leur samskaras."

 

 

Ma s'amuse avec ses fidèles

Après un certain temps, Nitish Babu vint et dit à Ma, "Ma, Shankarânanda Swamiji a fait don de son nima, tablier, à quelqu’un, et se trouve là, dans le froid, sans être suffisamment couvert. Ma dit, "Babaji a fait la chose juste, c'est le rôle d’un Swami de se sacrifier."

  En entendant ceci, Swami Shankarânanda dit pour en quelque sorte diminuer l'importance de son sacrifice, "c'est assez facile - ce don. J'ai perdu un vieux vêtement, je peux en avoir un nouveau en demandant." en entendant ceci, Ma dit, "vous êtes un Swami (maître) des nouveaux objets, n'est-ce pas ?" ( tous se mirent à rire).

   À ce  moment-là, un fidèle, sortant tout juste de son bain, apporta de l'eau du Gange dans un kouchi, une sorte de récipient allongé en cuivre, un ustensile qu'on utilise pour les pouja-s) et l'a fait toucher par les pieds de Ma pour avoir un de l’eau supposée les avoir lavé (padodaka). Ma lui dit, "Baba, est-ce que tu as mangé quelque chose ? Va, et prend quelque chose." Le cœur du fidèle a fondu, pour ainsi dire, au vu de cet intérêt affectueux de Ma. "je ne me préoccupe guère de la nourriture", dit-il et en tenant le kouchi soulevé, pointant à l'eau qu'il contenait, il ajouta, "c'est une nourriture suffisante pour moi. Je n'ai pas besoin d'autre chose." Ma dit en souriant, "simplement ce charanamrita (le nectar qui a lavé les pieds du guru) ne va pas te remplir le ventre." tous explorèrent de rire et le fidèle fut un peu rebuté. Comme la journée avançait, nous prîmes notre bain dans le Gange et eûmes notre repas au restaurant. En revenant, j'ai été pris à parti par tout le monde pour cette absence du repas communautaire. À partir de ce moment-là, nous avons pris le repas à la dharmashâlâ avec les autres. Les dépenses quotidiennes de logement et de nourriture d’un si grand groupe étaient principalement prises en charge par Shri Sachi Babu

 

 

 

 

                                               ~~~~~~~~~~~~~~

                                                  LE

                                                      PIN

                                                            D'AZUR           

                                                 ~~~~~~~~~~~~

 

Monique Manfrini, qui habite sur les bords de la Méditerranée, nous fait partager des impressions de cette nature qui est une manifestation de la Mère divine.

 

Le grand pin frémit

Et se balance sur le ciel

Bleu-mer qui tendrement,

Le constelle de lumineuse clarté...

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Ses vagues vert-profond

Bercent mes songes lourds...

~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~

Le matin frais d'automne

Emplit le cadre limité

Des fenêtres jumelles.

~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~

La baie est traversée

Par une bande agitée

D'oiseaux migrateurs

Qui, plusieurs fois, change

De sens, monte,

Descend, plane, crie

Puis disparaît, sans retour...

~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~

Le calme revient

Dans les frissons

Ondulés du pin sombre

Sur l'azur transparent...

~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~

Le haut figuier

Vert pâle, jaune et doré

Bouge ses branches feuillues.

~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~

Le chien aboie, tout près

Et deux coups de feu claquent,

Secs, destructeurs, violents...

Mes pauvres petits visiteurs

Apeurés, Que Dieu vous garde!...

~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~

Le soleil grimpe vers l'azur

Et le pin se colore

D'or chaud, au-dessus

Des tuiles rouges.

~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~

Un deuxième pin, à droite,

N'est que lumière tendre

Et mouvante sur le bleu-blanc

Strié qui baigne ses branches...

~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~

Ô Nature, tu es Beauté, seule

Qui redonne force et vigueur

A notre cœur fatigué!

~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~

Donne-nous des yeux

Aimants pour t'admirer

Pleinement et saisir

L'immensité de ta Grâce.

~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~

Révèle-nous le message

Caché par-delà les apparences,

Ô signe divin à l'homme égaré.

~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~ 

 

MM. Le 07.11.2002.

 

 

PRIÈRE À LA MÈRE DIVINE

« ELLE EST MON ESSENCE »

 

par Marion Mantel

 

Mère Divine,

Tu Es le Corps de mon corps,

L’Âme de mon âme,

L’Esprit de mon esprit.

 

Mère Divine,

Tu Es l’Oeil de mes yeux,

L’Oreille de mes oreilles,

La Bouche de ma bouche.

 

Mère Divine,

Tu Es la Chair de ma chair,

L’Os de mes os,

Le Sang de mon sang.

 

Mère Divine,

Tu Es l’Amour de mon amour,

Le Désir de mon désir,

La Force de ma force.

 

Mère Divine,

Tu Es la Joie de ma joie,

Le But de mon but,

La Paix de ma paix.

 

                                                                  (Marion habite à Vence où elle aide son mari Jean-Marc dans son travail pour rendre la psychiatrie actuelle plus spirituelle. Elle peint aussi de belles icônes, et, pour la petite histoire, nous pouvons mentionner qu’elle a enseigné cet art sacré à  la jeune Yahel dont le poème sur l’Inde publié ci-dessous inspirera certainement les lecteurs.)

* * *

 

 

voyage retraite dans les ashrams de Mâ

 

 

 

   Au mois de février, deux groupes de Français sont venus faire un voyage-retraite dans les ashrams de Mâ. Cela a représenté en tout cinquante personnes. C'était la première fois qu'il y avait autant de Français en si peu de temps à visiter les ashrams de Mâ. Ils ont passé cinq jours à Kankhal, et ont rencontré Swami Vijayananda, ainsi que Swami Nirgunânanda qui était descendu spécialement pour l'occasion  de Dhaulchina. La visite de Bénarès a aussi été un temps fort, avec en particulier le sacrifice au feu et les chants du matin par les écolières du Kanyapeeth, accompagnés par le lever de soleil sur les bords du Gange à l'ashram de Mâ à Bhadaini. Nous avons aussi eu une méditation  dans la chambre où Mâ a quitté son corps à Dehra-Dun. S'asseoir dans la grotte de Vashishta guha à 20 km au nord de Rishikesh en plein sur la rive du Gange a donné au groupe l'occasion de goûter un petit peu à la vie des yogis et ermites des Himalayas. Nous donnons ci-dessous des poèmes et des textes en prose par des membres du groupe évoquant l'esprit de ce voyage. Ce dernier sera probablement repris en février prochain, avec possibilité d'une semaine supplémentaire dans le centre bien connu de yoga-thérapie de Lonavla, et il y aura une autre possibilité de venir à Kankhal en groupe en avril pour participer pendant quelques jours à la « demi »-Koumbha-Méla qui attire quand même quelques millions de personnes; nous monterons ensuite en direction de la source du Gange à Kédarnath, dans le haut Himalaya .

 

 

 

 

          

INDE

 

Ce poème a été écrit par Yahel, une jeune fille de quatorze ans qui est venue au voyage-retraite dans les ashrams de Mâ en février avec sa famille. C'était la première fois qu'elle venait en Inde, mais elle avait quelque part déjà impression que c'était un retour. Il est aussi possible qu'elle y  revienne pour y habiter car son père à des propositions de travail là-bas et les parents sont intéressés par l'enseignement de Mâ et du Yoga. Yahel a fait paraître un petit recueil de poèmes joliment présentés, « L’envol de l’amour », qu’elle a fait connaître au public lors d’un satsang de Mâ près de Cannes en juin dernier. Quand, avec les quarante personnes qui étaient présentes, nous lui avons demandé de nous réciter un poème du recueil, elle nous en a en fait chanté un qu’elle avait mis en musique elle-même….

 

Mon étoile,

Inde profonde,
Tu me rappelles
Et tu m'attire.
Ici la vie et Dieu
Se dévoilent
Ici enfin je respire et j'entends

Mon chant intérieur.
La nuit, même noire m’indique
Le chemin qui mène à moi...
Tu m'as tourmentée,
Et j'ai tant attendu ces retrouvailles !

Enfin elles sont arrivées,

et je voudrais rester pour toujours
Dans tes grands bras
Dans lesquelles j'ai déjà passé tant d'années.

 

 

 

L'oiseau

 

Ce poème a été écrit par Marie-Odile Cadé juste avant son départ pour le voyage retraite dans les ashrams de Ma dans le même groupe que Yahel. Elle est professeur de yoga, et elle est venue avec un groupe de huit personnes de Châlons-en-Champagne

 

L'oiseau est venu

se poser
devant moi
avec son plumage vert
ses ailes sa queue
aux multiples couleurs
son oeil grand ouvert.

 

Il s'est laissé regarder
tranquille.

Par moments
je ne le vois plus.


Il est entré en moi
de plus en plus petit
jusque dans mon cœur
Et j'entends
Et je sens
son cœur battre
un peu fort
de crainte
de confiance
d’espérance.

 

Je le sens prêt
pour le voyage
à venir.

Nous allons en Inde

ensemble
en route
vers l'intérieur.

 

Au retour de ses deux semaines de voyage, Marie-Odile nous a  également envoyé un témoignage dont nous mettons ici des extraits :

 

Ce voyage m’a révélé un

tout petit peu, -mais un grand peu aussi!- l'Inde intérieure.

 

J'ai touché et aimé le climat de joie, d'amitié, d'affection, qui règne

autour de Ma, ou que Ma fait régner autour d'elle, dans une grande

liberté :

Vijayananda, bien sûr, si bienveillant, Nirgunananda si intense,... J’ai demandé à Ma de me conduire sur ce chemin, à sa manière,

et

je sais qu'elle le fait.

 

Les méditations m'ont apporté beaucoup... Le corps de lumière projeté

devant

soi m'a réveillée, tonifiée. Je crois que je commence à m'aimer ! Ouf !

Je ne vais plus m'empêcher d'aller vers le Soi, du moins je l'espère. D'ailleurs une des dernières méditation a été résumée en ces mots « sois sol, sois ciel, et sois seule" m'habite toujours.

 

L'oiseau n'a pas voulu explorer l'espace, il semble qu'il devienne

lui-même

espace... Il s'est senti très à l'aise auprès de Chandra Swami, que j'ai

surnommé l'aigle...

 

Il en a la force, la majesté, seul l’œil diffère, rempli de joie, de

bonté,

d'infini.(encore que je n'ai jamais vu de près un oeil d'aigle !)

L’œil de

l'oiseau est à l'aise dans l’œil de Chandra Swami...

 

À ce sujet, peux-tu me dire pourquoi les swami, dont tu m'as dit qu'ils n'

ont pas de personnalité, ont une si forte individualité ?

 

Le Gange ! Partout présent...Espace, lui aussi, vie, sérénité, coulant

immuablement. Nul besoin de m'y baigner, je le sens couler en moi,

emportant

ce qui m'encombre, m'apportant l'immensité.

 

Le lever du soleil sur le Gange, instant magique, infini, absolu, où

tout,

tout est présent ! C'est aussi ma plus belle photo !

 

 

 

 

Impressions   fugaces

 

Carnet du voyage-retraite en Inde

dans les ashrams de Ma

par Geneviève Koevoets

 

 

Jay Ma !

 

Février 2OO3

 

 

Le train pour Dehra Dun nous emmène jusqu'aux pieds de l'Himalaya. Nous y débarquons après 24 heures d'un voyage somnolent et récupérateur.

Il fait un temps frais mais splendide. L'hôtel est superbe. L'ashram où Ma  Anandamayi a quitté son corps le 27 Août 82 est empreint d'une douceur austère et j'ai les larmes aux yeux en déposant aux pieds de son lit les messages des amis de France.

Les transmissions de pensées zigzagent dans tous les sens. L'envoûtement m'enveloppe ; nous méditons tous ensemble.  C'est un moment inoubliable.

Pour la première fois, la route est bordée de jolies maisonnettes, genre villas du sud des Etats Unis, comme à Houston ou Atlanta. Mais bien vite les baraquements et bidonvilles recommencent.

L'après-midi, nous dévalisons le centre des lépreux des sacs, écharpes, nappes ou châles de leur fabrication. Nous les regardons tisser à   l'ancienne. Notre modeste contribution les aidera. Ce centre de réhabilitation , Kurukshetra Mandal, est dirigé par un francais, Pierre Reyniers.

En fin d'après-midi, la visite et satsang chez le Swami Suisse Jnananda est un bonheur car il nous entonne des kirtans d'une voix solide en s'accompagnant à l'harmonium. Beaucoup prennent des notes et je ne reviendrai pas sur les sujets traités à travers les questions ou l'enseignement du Swami, chacun ayant à gérer ses émotions à sa manière. Mais ce gaillard septuagénaire nous a plu. Son regard percutant nous a fascinés.

La journée suivante est consacrée à la visite et aux méditations dans le superbe ashram de Chandra Swami,dans un panorama de montagnes où la rivière Yamouna sort de l'Himalaya.

Beau et silencieux dans sa barbe et cheveux blancs immaculés, Chandra Swami répond aux questions en  écrivant et en souriant de malice dans son silence qui dure depuis plus de 15 ans!

C'est un peu long, mais le charisme est là.

C'est notre premier repas assis par terre en compagnie de nombreux autres occupants, dont beaucoup de Francais.

La balade dans les hauteurs des collines permet d'embrasser tout le paysage de la vallée.

Deux longues méditations d'une heure chacune (couverts jusqu'aux dents à cause du froid de février au pied des montagnes ) font partie de la discipline de fer qui semble régner en ce lieu à la fois riant et austère.

Un échange avec la  sannyasini Sharada Ma ( ancienne pharmacienne en France) est plein de chaleur humaine.

 

A Rishikesh

On se rue sur la librairie et les petits marchands---

Un pic-nic s'organise au bord du fleuve, entre les rochers, dans un cadre enchanteur, après avoir traversé la passerelle suspendue au-dessus du Gange Himalayen. Chacun  se choisit SON rocher. Les petits singes guettent notre départ---peut-être auront-ils pris la montre que quelqu'un de nous a oubliée au bord de l'eau d'un vert émeraude comme celle des Gorges du Verdon.

            C'est l'heure d'aller se réunir autour d'un jeune Swami canadien-francais du Québec, originaire d'une île = Swami Muktananda, au Shivanandashram.

            Il est beau, grand, subtil et plein d'humour. Le charisme en personne, son regard à demi clos transperce autant que ses paroles. Son programme  à travers le monde en dit long---mais on va quand-même l'attirer aux Courmettes en Octobre à Nice. A ne pas manquer--- Parmi l'assistance, trois petits singes viennent s'asseoir pour assister au satsang et pour essayer de nous piquer quelques affaires. Sacré concurrent que ce jeune Swami pour notre "Frère Jacques" qui prendra peut-être lui aussi un jour la robe orange---

            Tout le monde ressort fasciné. Je laisse encore une fois à chacun le soin d'assimiler ses propres émotions---

           

            Le lendemain, en route vers les hauteurs en serpentant jusqu'à la grotte de Vashista Gupha dans un endroit isolé sur les bords du Gange. La méditation au fond de cette grotte, dans l'obscurité, est ponctuée par un sourd bruit de fond, une résonance du silence qui vous pénètre profondément. Wmi Purushottama, le petit-fils spirituel de Ramakrishna a vécu 30 ans dans cette grotte. Je me sens inondée de lumière à l'intérieur, puis inondée de soleil sur la plage de rochers qui l'entoure ou nous pique-niquons de nouveau, tandis qu'un courageux fait un plongeon dans le Gange---

            En remontant la côte jusqu'au car qui nous attend en bordure de route en plein soleil, ma bronchite écume un peu, mais elle passe encore au second plan---Nous ruisselons en regagnant le car, et on pousse un peu énergiquement une participante épuisée…

 

            En route désormais vers  HARIDWAR-KANKHAL où notre installation nocturne dans l'ashram qui nous est réservé  est plutôt mouvementée.

            Il fait de plus en plus froid le matin et le soir. Les chambres ne sont pas chauffées et certaines ont pas d'eau chaude car les chauffe-bains sont encrassés et giclent tout autour plutôt que dans le conduit du robinet. La salle où nous mangeons par terre est glacée et pleine de courants d'air.

            Les coliques des participants vont bon train---et ma bronchite, devenue asthmatiforme et allergique, est de plus en plus sollicitée. Je ne crois pas avoir de fièvre, mais mon nez est pris et ses réactions ressemblent à celles des chauffe-bains précédemment cités. Je fais peine à entendre et ma toux "d'un quart d'heure en tous lieux me précède" (comme le nez de Cyrano de Bergerac!). A force de tousser jours et nuits depuis 10 jours, mes muscles du ventre et des côtes sont endoloris.

            Jacques a pitié et fait emmener la bronchiteuse, en compagnie d'une "gastro-entériteuse" et de trois autres enrhumés ou  ex "diarrhéens" dans un hôtel des environs.

            C'est le rickshaw des éclopés, nous nous envolons, emmitouflés de châles, au milieu des trous et des bosses, dans l'humidité de la nuit. Les femmes ont l'air de veuves russes en pleine "révolution".

            L'hôtel a un chauffage individuel et de l'eau chaude! Nous allons revivre---

            Même expédition soirs et matins pour aller à la "médit" de 7heures30 avec Jacques. Même rickshaw (baptisé plus tard "rickfroid") qui pétarade avec le pot d'échappement dirigé vers l'intérieur. Même course folle dans le vent glacé.

            Est-ce mieux côté vent, ou côté pot ?

            Mes bronches ont un son ronflant et caverneux---

Je suis tout de même toujours à l'heure et je m'efforce de rester souriante, mais je me sens tellement mal qu'un sournois sentiment de rejet m'effleure le subconscient--- et si  je "rentrais a Nice"? O horreur! Est-ce possible ?  Je n'arrive à me réchauffer nulle part, sauf durant les journées ensoleillées où tout s'efface momentanément auprès de Jacques qui ne bronche pas.

            Nous le suivons sur l'île d'en face où il va méditer au milieu des herbes hautes et des galets, face à ses montagnes chéries de l'Himalaya qui se découpent sur fond de brume.

            C'est le moment de goûter KANKHAL, les temples, l'ashram de Ma, le Samadhi, la pouja, et---et---l'idole de l'endroit = VIJAYANANDA, 88 ans de malice, de cœur, d'intelligence, d'esprit et de spiritualité vivante.

           

            Il est jeune.

 

            Rien ne lui échappe. On a envie de lui donner un gros bisou et de lui caresser la barbe, mais NON, certains se pencheront pour effleurer des lèvres ses gros chaussons. Bon "Papa Gâteaux" raffiné, il voit venir chacun, écoute, et raconte des histoires---"Hein?---Hein!---". Entre deux quintes de toux, il me fait entonner  aussitôt avec lui une chanson à boire que me chantait ma grand-mère et mon Grand Oncle Achille = " Elle ne mettra plus de l'eau dedans mon verre, car la guenon, la poison, elle est mo-or-te! ".

            Heureusement que sa douce accompagnatrice, tout de blanc vêtue, lui offre des bonbons suisses pour la gorge , qu'il me donne aussitôt et qui me furent fort salutaires.

            Le groupe est timide, les questions ne fusent pas, mais il a l'art de captiver son auditoire par son enseignement et ses conseils de base, ou l'humain se mêle à la pratique. Son regard vif fouine parmi nous---Il a tout compris---

            Il est heureux que j'aie fait son portrait. En le dessinant, j'avais eu l'impression de lui donner une nouvelle naissance. Ensuite, chez moi, il me suivait partout des yeux sur son chevalet.

            Quand je l'ai vu, en vrai, je le connaissais donc déjà---

            " Je suis votre fils alors" m'a-t-il dit coquinement---

            Qui sait ? Il n'est pas interdit de rêver---

           

               Swami  NIRGUNANANDA, un scientifique, ex biochimiste, devenu secrétaire de Ma, est descendu de son ermitage pour rencontrer tout le monde.

            Subtil, rapide, il zigzague entre les souvenirs de Ma et sautille sur lui-même de félicité et d'ardeur.

            J'avais fait aussi le portrait de Ma que je lui ai offert.

            Nous avons donc une triade = VIJAYANANDA ( douceur et gâteaux), JACQUES  ( psychologie et méditation), NIRGUNANANDA ( de la science à l'amour).

            A nous de piocher là ou c'est bon, ou là où ça fait mal---!

 

            Swami Nirgunananda me fait appeler pour une longue conversation " seul à seule"---J'avais été son interprète pendant sa retraite aux Courmettes à Nice, et la concentration de l'interprétariat au pied levé m'avait empêchée de le goûter à sa juste valeur---Là, dans le jardin qu'il a planté pour Ma autour de son Musée, je me rattrape et, pendant près de 2 heures, nous parlons---d'amour---

 

            Je commence à aller mieux. Je vais rester seule à Kankhal pour digérer mes émotions.

 

            KANKHAL =  on y fait des rencontres hétéroclites---et de toutes nationalités. Certains viennent y chercher leur âme, d'autres viennent la fuir---mordus de la bhakti, jeunes filles en ascèse, vieux ex-scientifiques illuminés par quelques pétards, adeptes de la méditation transcendantale, fervents de poujas, asiatiques silencieux et recouverts de fleurs---quelques allumés, solitaires, réfractaires---quelques refoulées un peu raides---

            Au repas collectif, personne n'arrive à convaincre personne---peut-être sommes-nous tous de vieilles bourriques, chacun dans son secteur? L'important c'est d'être persuadé d'avoir trouvé sa voie---et de s’y tenir.

            Une fervente de Ma, Krishnapriya, est là aussi depuis une vie entière, en provenance de ses montagnes suisses. Elle s'est tellement "intégrée" qu'en nous racontant ses aventures elle mélange, sans s'en rendre compte, le hindi, l'anglais et le français---Il faut  "décrypter" rapidos et lorsqu'elle vous dit qu'elle a oublié ses "baskets de frout", il ne faut pas croire qu'elle a laissé ses "chaussures", mais bien ses "paniers de fruits".

            Un autre personnage du lieu, doux  et réservé, est le népalais Pushparaj---dévoué à Vijayananda ainsi qu'à sa propre cause sociale au Népal. Je mets du temps à mémoriser son nom, écorché par plus d'un---et en guise de point de repère, je m'oriente phonétiquement sur "bouge-pas, rage"---Ca marche!

            Et puis, une nouvelle amie française, délicieuse, résidant sur place, m'initie tout doucement, tout en me laissant faire mes bêtises---

            Quand je téléphone en France, comme je n'ai pas encore acheté de penjabi pour m'habiller couleur locale, on me compte trois fois le prix, pendant qu'une vachette essaye de broûter les franges de mon châle.

 

            C'est alors qu'une imprégnation lente s'installe à la surface. Un certain charme flotte en mon esprit. Ma partie supérieure  vibre et s'envole. Seule encore ma partie inférieure, en contact avec la matière, reste choquée par beaucoup de choses, comme la saleté, le manque d'hygiène en général, la pauvreté, la misère, les bidonvilles. Le choc des cultures est rude---

            Cependant, je me demande ce qu'il y a que je n'ai pas encore compris complètement? Moi, fille du nord, Viking, précise et ponctuelle comme un soldat allemand, maniaque de la propreté---Quelle leçon suis-je venue prendre ici sciemment ? Il y a certainement un pourquoi, il y a une réponse et  je la comprendrai un jour, plus tard---J'espère qu'il ne sera pas "trop tard"---

 

            Je n'ai pas voulu, en ces mots  égratigner quiconque, car j'ai été reçue en Inde avec le cœur---par un peuple gentil et souriant. Mais l'humour parfois griffe un peu!

            Qu'on me le pardonne, car j'y ai mis aussi beaucoup de tendresse!

 

           

            Peu de roses du bouquet [offert à l’arrivée à l’aéroport pour me remercier d’avoir organisé le voyage à partir de France] ont résisté au voyage---Il ne m'en reste qu'une, que j'emporterai avec moi.

            Merci Frère Jacques.

           

            J'ai tenu.    Je reviendrai.

 

            Jay Ma---

                                                                                             

                                                           Geneviève KOEVOETS

 

 

 

Le souffle de la montagne de soufre

 

par Florence Pittolo-Rageade

 

Florence est docteur en psychologie de l'université de Nice et elle participe à long terme à un programme humanitaire du gouvernement français au Tamil-Nadou via l'Institut Français de Pondichéry. Elle en profite pour visiter souvent Tirouvannamalaï, l'ashram de Ramana Maharshi et la montagne sacrée d'Arounâchala consacrée à Shiva . C'est en en faisant le tour (parikrama) que lui sont venues les paroles de ce poème dédié, dans la ligne de la tradition mystique de l'Inde, à l'union de Shiva et Shakti.

 

 

 

 

Reçois Shiva cette brise qui vient rafraîchir ta peau

blanchie par le feu intérieur de ton ascèse

comme le souffle qui accompagne mon regard

tendu vers toi

du bas de la vallée au sommet de l'union

 

Ressens Shiva la douceur du sol où tu poses tes pieds nus de vainqueur

c'est moi qui a étalé ce sable fin,

il est l'étoffe intérieure même de mes veines raffinées

par des heures et années de pénitence,

stances intenses du rythme cherché pour me rapprocher de toi

au-delà même de la proximité

 

Entends Shiva le chant de cet oiseau accompagné, au réveil

comme l'annonce du silence suspendu à l'heure où le jour réjouit

la nuit, où la lune et le soleil se font face

entends- le comme la consécration de la vibration

résonnant alors dans chaque parcelle de l'univers,

celle de l'union du son et du silence

celle de la réunion qui s'annonce

 

Vois Shiva, ce que les autres aux deux yeux ne voient pas

que je danse devant toi invisible et sans contour

mais indéniablement là

Je sais que tu ne me regarde pas

et que pourtant tu me contemples

Je te rappelle à moi comme tu me rappelles à toi sans souvenir autre

pourtant que le goût du présent

l'essence de cette danse c'est toi qui me l'a enseignée

mais c'est moi qui dois l'accomplir

 

Voyons et fêtons ensemble Shiva

le fait que le tourbillon de duperies est né pour cesser dans le feu qui brûle loin la rivière ;

dans le temple du centre

tout est prêt

pour que nous

dansions

à

l'unisson

 

 

 

Nouvelles

 

-  les fêtes de l'anniversaire de Mâ se dérouleront à Kankhal du 2 au 20 mai. L'anniversaire lui-même sera le 20 mai. Guru Purnima aura lieu le 10 juillet .

-  un nouvel ouvrage est paru sur Mâ Anandamayî en anglais Encountering Bliss ( Motilal Banarsidas , Delhi,); il s'agit de la traduction  anglaise de l'ouvrage en allemand de Melitta Mashmann. Elle était venue dans les années 60 auprès de Mâ et a demeuré longtemps à Kankhal,  même après que Mâ a quitté son corps. C'était une amie d'Atmânanda, elle l'a accompagnée dans ses derniers moments et elle a terminé l'édition sous forme de livre des comptes-rendus des voyage de Mâ : ce sont les volumes successifs de I am ever with you.

- l'ashram de Mâ Amritânandamayî à Pontgoin en Eure-et-Loire s'organise sous la direction de Dîpamritâ. Celle-ci venait de Paris pour visiter Mâ de son vivant et est maintenant responsable du mouvement d'Amma pour toute l'Europe. Lors d'une rencontre il y a quelques jours à Delhi, elle a manifesté son souhait que cet ashram soit ouvert aux divers mouvements qui représentent le meilleur de l'Inde spirituelle en France. Les Français sont très "occidentalo-centriques" et ont tendance à oublier l'Inde, mais cela peut changer dans les années à venir. Le 50e anniversaire de Mâ Amritânandamayî se tiendra à Cochin au  Kérala, en fin septembre. Y seront présents le Président de l'Inde, le Vice-président, le Premier ministre Vajpeyee et le ministre de l'intérieur Advani. La tradition, pour les responsables séculaires, d'honorer les sages vivants se poursuit.

- le journal spirituel d’Atmânanda doit paraître en mai ou juin aux éditions Accarias. Les fidèles de Mâ seront particulièrement reconnaissant à Râm Alexander d’Assise et Lalita Bugnon de Lausanne qui ont aidé et financé cette traduction. Celle-ci aura été effectuée par Jacques Gontier, un français habitant à Tirouvannamalaï de l'ashram de Ramana Maharshi ;  il avait déjà traduit il y a vingt ans  la première biographie de Ma par Bithika Mukherji.
- Un nouvel ouvrage de Jacques Vigne l'Ecoute du silence  paraîtra également en mai ou juin chez Albin Michel. Il s'agit d'un ouvrage de mystique comparée sur les pratiques basées sur l'écoute du son du silence dans les grandes traditions. La première partie, plus générale, s'intitule  Ermites en Himalaya.

- à partir de fin mars, Jacques Vigne passera la majeure partie de son temps à l’ermitage de Dhaulchina où il sera principalement en silence. Il redescendra à Kankhal a priori du 10 au 25 juillet et du 20 septembre au 5 octobre.

 

 

Programme de Swami Nirgounananda   en Europe

été 2003

 

Du 26 juillet au 3 août : Epernon. contact Claude Portal 12 rue de la Martine 7800 Saint-Germain-en-Laye et 0134517441

Du 5 au 11 aout : Zürich (Richard Willis) et Launay (Lama Rigdzin 77 Chantemerle 2502 Bienne 0041323221828)
Du 17 au 23 août : Les Courmettes contact Michel Tauziède domaine des Courmettes 06140 Tourettes-sur-Loup 0493241700 ou Michèle Cocchi, 0661142058  

Du 17 au 23 : Terre du ciel domaine de Chardenoux 71500 Bruailles 0385604030

Du 21 au 27 : Saint-Germain-en-Laye contact Claude Portal cf ci-dessus

Du 28 août au 1 septembre : les Courmettes cf. ci-dessus
Du 2 au 6 septembre : Assise contact Claude Portal
Du 7 au 11 :Birmingham-Londres contact Christopher Pegler    CzjpPegler@btinternet.com

- Signalons aussi le passage de Swami Muktananda le premier week-end d’octobre aux Courmettes (même contacts). Il s'agit d'un Swami  québécois  disciple de Chidananda et qui a également une grande dévotion pour Ma. Il donne un enseignement védantique influencé par Swami Brahmananda ,  disciple de Shivânanda, et Nisargadatta Maharaj. Geneviève parle de lui dans ses impressions de voyage ci-dessus. Il passera aussi à Terre du ciel et pendant un mois en août à Saint-Gildas-de-Rhuys dans le Morbihan. muktananda@dlshq.org

 

 

Renouvellement des abonnements

 

Nous renouvelons les abonnements au Jay Ma pour deux ans soit huits numéros. Pour ceux qui souhaitent le faire, ils peuvent envoyer un chèque de 16 € à l'ordre de Jacques Vigne à l'adresse suivante :

 Mme Magali Combal.

           

 en prenant soin de signaler clairement un éventuel changement d'adresse : faites-le maintenant pour ne pas oublier, cela évitera du travail à l’équipe de Jay Ma - nous vous  rappelons que nous sommes tous des bénévoles. Les éventuels bénéfices vont à l'ashram de Mâ, en particulier pour soutenir la publication anglaise d’Amrita Varta. Cela a été le cas pour l'exercice précédent. Certains d'entre vous on déjà renouvelé spontanément leur abonnement, ils ne sont donc pas concernés par cet avis. Si vous ne recevez pas le numéro 68 en fin juillet ou début août, n'hésitait pas à vous manifester directement à Jacques Vigne  : 

Shre Shree Ma Anandamayee Ashram

Dhaulchina 263681 Almora UA

Inde

 

 

 

    Table des matières


Editorial                                                                                  1
Paroles de Ma                                                                        2
Réponse de Vijayananda                                                             7
Ces jours anciens avec Mâ Anandamayî par Bithika Mukerji  10

En compagnie de Ma par Amulya Kumar Datta Gupta            16
Le pin d’azur par Monique Manfrini                                31
 Elle est mon essence par Marion Mantel                                    33  

Voyage - retraite en Inde en février 2003 :                                   35

- Mon Inde par Yahel                                                                  36

- L’oiseau par Marie-Odile Cadé                                                37  

 Impressions fugaces par Geneviève Koevoets                          40

Le souffle de la montagne de soufre

par Florence Pittolo-Rageade    49

- Nouvelles                                                                                 51

- voyage de Swami Nirgounananda en Europe                         52

- Renouvellement des abonnements                                          54

- Table des matières