Jay Ma Numéro 66                                               Automne 2002

 

 

 

 

Paroles de Mâ

 

Ce qu'on reconnaît comme le fruit de l'effort n'est rien d'autre que la mise en lumière de l'aspect particulier vers lequel on a dirigé l'effort. la lumière dévoilée (nirâvaran prakâsha), c’est Lui-même,  l'Eternel.

 

Tandis qu'on est absorbé en méditation, que l'on soit conscient du corps ou non, en toutes circonstances, il est impératif de rester complètement éveillé, on doit strictement éviter l’inconscience.


Quand on devient capable d'une méditation effective et dans la mesure où l'on contacte  la réalité, on découvre la joie ineffable qui demeurent cachée même dans les objets extérieurs.


La vision réelle est cette vision où il n'y a pas quelque chose comme « celui qui voit » et « ce qui est vu ». Elle est sans yeux, on n’a pas à la contempler avec ces yeux matériels, mais avec les yeux de la sagesse. Dans cette « vision sans yeux », il n'y a pas de place pour la "di-vision".

 

 

Les paroles de Mâ qui suivent sont extraites d'un petit livret réédité en janvier 2000 par l'ashram de Kankhal, intitulé : thèmes de réflexion pour chaque jour .


Afin d'annihiler ce qui est indésirable (anishta), l’esprit doit être enraciné dans l'adoration du Bien-aimée (ishta). la notion qu’Il est éloigné doit être complètement abandonné. O Dieu, Tu es à l'intérieur et à l’extérieur, dans chaque veine et chaque artère, dans chaque feuille et brins d'herbe, dans le monde et au-delà de lui.


  On doit savoir accueillir de bon cœur  l'éveil du sentiment de manque, il ouvre le chemin. Il est là, à chaque pas, pour transformer en expert celui qui n'est pas suffisamment prêt. C’est Toi qui Te manifeste sous forme du sentiment de manque et de vacuité, Toi et personne d'autre. Je prends refuge en Toi, je prends refuge en Toi. (4)


Combien de siècles avez-vous passé dans un genre de vie inutile - venir et s'en aller ! Par le pèlerinage vers l'intérieur, le fossé qui vous sépare de votre propre Soi s’évanouit. Même si, après avoir reçu un coup, on tombe, on doit se relever à cet endroit même. Personne ne tombe de façon répétitive. Un effort soutenu, voilà le devoir de l'homme, c’est sa vraie nature de l'être humain.(5)


Si quelqu'un passe toutes ses vingt-quatre heures en japa, méditation, contemplation et des exercices similaires, il est par là même engagé constamment dans le service de Janârdana (Dieu sous forme d'être humain). Et si on trouve impossible d'être constamment engagé dans le japa et la méditation, on doit utiliser chaque moment de libre pour accomplir le service du Bien-aimé divin, de Janârdana, qui est également présent dans tous les êtres humains - en considérant que  tout est Cela. Pratiquer ainsi purifiera l'esprit et le cœur. (14)

 

Un être humain peut à coup sûr être victorieux dans toutes les directions. On doit absolument garder l'esprit tout à fait alerte. Après avoir passé une vie plongée dans l'ignorance, il nous faut changer d’orientation. Dites la vérité d'une façon audacieuse et avec un cœur fort ; ainsi la vigueur de la vérité augmentera. C'est la vérité qui illumine le Chemin et qui indique la direction qu'on doit prendre. Il faut savoir préserver sa propre individualité avec tact, tout en se comportant d'une façon polie avec les autres et ainsi notre relation à chacun sera un succès. Ne permettez à personne de vous garder sous sa coupe. Nourrissez la beauté de votre disposition intérieure par une pratique régulière d'une pensée pure, orientée vers la Réalité, afin que l'agitation mentale ne puisse vous atteindre. Développez une manière de voir élevée, magnifique et noble. (16)

 

   On doit garder le japa silencieux tout le temps. On ne doit pas gaspiller inutilement les respirations: à chaque fois que l'on n'a rien de particulier à faire, on doit pratiquer silencieusement le japa au rythme de sa propre respiration - en fait cet exercice doit continuer constamment juste au moment où la récitation du japa est devenue aussi naturelle que la respiration. (17)

 

C'est le moment de vous former vous-même. Vous devrez vous appuyer sur le renoncement et le courage afin de vous libérer des mauvaises tendances que vous avez acquises dans des vies antérieures, qui vous ont menés à la souffrance et à la douleur. Tentez de rendre votre cœur semblable à un sanctuaire consacré à Celui qui est entièrement bon, et désirez le non-désir. La première chose, c’est de se sentir attiré vers Dieu.
Soyez complètement constant dans votre service. Tout ce que vous avez à faire pour quelqu'un d'autre, faites-le dans un esprit de service. Vous devez aussi porter une attention particulière à un autre sujet : il vous faut abandonner complètement la paresse. Quand il est

question de pratiques spirituelles ou de bonnes actions, le manque

 

 

d'envie et la léthargie doivent être complètement exclus. Les difficultés qui peuvent survenir lorsque vous rendez service à quelqu'un doivent être supportées avec joie. (25)

 

Faites la charité, engagez-vous dans le service, pratiquez l'obéissance, et vous en viendrez à comprendre par vous-même dans quel esprit ces actes sont accomplis par votre intermédiaire. Soyez convaincus que, quelles que soient les circonstances dans lesquelles vous vous trouvez, c'est là même que l'expérience de l'illumination peut survenir. Ne vous complaisez  jamais dans l'idée que vous êtes impliqué dans les péchés et les mauvaises actions et que donc, vous ne pouvez parvenir nulle part. En toutes circonstances et constamment, sentez-vous complètement prêts à cheminer sur la voie qui mène au Suprême. Qui peut dire à quel moment votre action de donner, de servir ou d’obéir deviendra un acte de consécration à l’Unique ? Tout est possible. (26)

 

On doit tout le temps se souvenir que le pouvoir de discernement et de pensée juste s'accroît en proportion du temps passé en méditation. Le sadhaka en viendra alors à connaître intuitivement ce qui est essentiel pour lui dans sa recherche. Il observera que son esprit devient de plus en plus absorbé dans le souvenir de Dieu et son attachement aux objets des sens  diminuera de façon correspondante.

 

Pour finir, nous ajoutons deux  pensées  de Bhaïji :

 

Si on est incapable de considérer Ma  comme un être divin qui transcende l'humanité, on doit au moins accepter ses nombreuses vertus comme un modèle à imiter, par exemple son grand sens du

 

 

 

devoir, la grâce qu'elle met dans chaque action, sa grandeur d'âme, son calme et sa sérénité en toutes circonstances. (II)

 

Si on a la chance d'observer les expressions multiples de ses états intérieurs variés, ses gestes, ce qu'elle dit, son rire, ses plaisanteries, sa manière de manger ou de s'habiller, etc., on ne doit pas commettre l'erreur de les juger d'après des critères ordinaires ; et l'on ne doit pas non plus se sentir décontenancé par ses paroles et ses manières de faire. On doit plutôt observer et étudier chacun de ses actes avec une grande attention et apprécier leur caractère unique et profondément aimable.

 

 

Questions à Vijayananda

          

Q : On parle maintenant souvent du védanta en Occident. Pensez-vous que le passage d’une culture à l’autre se fasse dans de bonnes conditions ?

V : Les deux piliers du védanta sont  vairagya, le détachement et viveka, le discernement. S’il n’y a pas cela, c’est du védanta occidentalisé qui risque de se terminer dans les mots. Il ne suffit pas de lire Shankaracharya ou d’apprendre du sanskrit, il faut pratiquer. Après une période de début où l’on peut étudier toutes les voies, il est mieux d’en choisir une et d’étudier les Ecritures sacrées de cette voie précisément. Par exemple le védanta est la culmination des Védas et des Upanishads et est lié au quatrième des ashrams (stades de la vie), qui est le sannyas. En sautant d’une voie, d’un guru à l’autre les occidentaux finissent par prendre des itinéraires qui paraissent bizarres et à s’imaginer qu’ils suivent des enseignements très élevés alors qu’ils n’ont pas de bases solides. Par exemple, les Juifs ont une tradition de sexualité sacralisée, mais il faut pratiquer cela avec toute la base de la Torah. De toutes façons je ne connais pas les détails, ce n’est pas ma ligne. On raconte qu’à la mort de sa femme le Baal Shem Tov a dit :’je pensais que si je mourais le premier je pourrais monter au ciel dans un char de feu’. Mais maintenant qu’elle est morte, j’ai perdu la moitié de mon pouvoir’. J’ai un ami qui avait acheté une vraie montre Rollex très coûteuse, mais comme il avait peur de se la faire voler, il a aussi acheté une Rollex d’imitation qu’il porte habituellement. En Occident, c’est comme cela. Les gens font une sadhana d’imitation car ils ne savent même pas les exigences de la vraie sadhana. En Inde aussi, il y a peu de vrais sadhakas, mais au moins les gens connaissent les exigences de la sadhana authentique. Les occidentaux souvent intellectuallisent de trop. C’est un grand obstacle, surtout quand on approche un sage. En face de lui ou d’elle, il faut savoir être comme un enfant. Si Saint François d’Assise est si populaire en Occident, je ne crois pas que ce soit seulement à cause de son amour ou de son contact étroit avec la nature, je pense que c’est surtout à cause de son humilité.

 

Q : A votre avis, pourquoi y a-t-il quatre fois plus de suicides en France qu’en Inde ?

 : Ce pourquoi les gens se suicident en Occident, c’est qu’ils ont exploré tous les désirs possibles, qu’ils voient que cela ne mène nulle part mais qu’ils n’ont rien à mettre à la place. Les gens qui savent se discipliner ont toujours de l’espoir et l’espoir fait vivre.

 

Q : L’Inde croit aux asuras, aux ‘démons’ qui peuvent cependant avoir de bons côtés comme les dieux ont leurs mauvais côtés, mais elle ne croit pas au ‘Prince des Ténèbres’, au Mal absolu comme le christianisme ou le judaïsme récent. Quel est l’avantage du point de vue indien ?

V : La croyance au Diable des premiers moines chrétiens par exemple est bonne pour les gens qui ont un tempérament agressif, cela leur donne un ennemi pour se battre. En fait, dans la Bible, le Diable n’est qu’un petit bonhomme, c’est Dieu qui a tout créé, le Bien et le Mal, le Diable n’est qu’un serviteur. Par contre, dans la Cabale, il devient si important qu’on n’ose même pas prononcer son nom de peur de l’invoquer. On l’appelle par les deux premières lettres de son nom, Samaël cad  samachem. Ce nom signifie l’ange aveugle, et on le désigne par ‘l’autre côté’. Il y a sans doute une influence manichéenne sur le judaïsme tardif. Un jour, le Baal Shem Tov a prononcé le nom complet de Satan malgré l’interdit. Celui-ci est venu furieux, en protestant :’je n’ai été dérangé que deux fois par les appels des hommes, la première fois par Eve au Jardin d’Eden, et la seconde lors de la destruction du Temple ; que me veux-tu ? A ce moment-là, le Diable se met à voir la lumière sur le front des disciples du Baal Shem Tov, et il en est tellement impressionné qu’il est bien obligé de remercier celui-ci de l’avoir fait venir.

Q : Pensez-vous que le bouddhisme puisse beaucoup apporter à l’Occident ?

V : Oui. Déjà, dans le bouddhisme ancien on insiste sur la vigilance qui est effectivement le fondement de la sadhana. Cependant il faut bien comprendre le sens de vipassana : ramener ses émotions, son activité mentale au corps pour les calmer et maîtriser. Mais le corps n’est pas une fin en soi, sinon ce serait une sorte d’hypocondrie ; et quand on sent qu’on perd le contrôle pendant des périodes de méditation intensive, il faut savoir arrêter tout de suite, sinon il y a un danger de ‘dérailler’; le zen peut aussi beaucoup apporter aux occidentaux, il est proche du védanta, il coupe à la racine la tendance intellectualisante ; il a bien les pieds sur terre et pourtant la tête dans le ciel. Un jour un maître zen a posé une question à son disciple et celui-ci lui a répondu en citant les Ecritures bouddhistes, etc… Le  maître a seulement dit : ‘il y a trop de bouddhisme dans ce que tu racontes’….

 

Q : Une visiteuse occidentale qui était souvent à l’ashram de Ma entendait parler au satsang de la beauté de la veillée Pascale dans le judaïsme et le christianisme. Elle demanda :’Est-ce que à cause de mon manque de formation religieuse de base je n’ai pas un grand handicap sur la voie spirituelle?’

V : Non. Religion signifie relier, unir, comme le mot Yoga. Vous suivez le Yoga, donc vous avez une religion. On peut aussi dire que vous avez la religion de Ma, puisque vous passez longtemps ici pour suivre son enseignement… Il n’y a pas besoin d’attendre la Réalisation pour être complètement indépendant du guru extérieur. Cela se fait quand il y a l’éveil du guru intérieur.

 

 

 

Ces jours anciens que j'ai passés

 en compagnie de Mâ Anandamayî

 

 

Préface
par Richard Lannoy

 

La fonction d'une préface est de dire brièvement  certaines choses sur un livre que l'auteur ne peut exprimer elle-même avec modestie. Ceci particulièrement vrai ici, Bithika Mukerji, qui est docteur en philosophie est si modeste qu'il s'en est fallu de peu que le livre ne voit pas la lumière du jour. Heureusement, des encouragements persistants, un support moral et même quelques remontrances effectuées de bon cœur ont eu raison d'elle. Bithika Mukerji est déjà auteur d'une biographie de qualité et qui fait autorité sur Shri Mâ, Un oiseau sur la branche ; elle s’est laissée convaincre de revenir à son sujet, mais en introduisant une nouvelle dimension à ses comptes-rendus nombreux déjà publiés, en l'occurrence son point de vue personnel, et ceci est crucial. Pour quelqu'un comme elle, disposée d'une façon surnaturelle à s'effacer et à se cacher au fond des salles de réunions où se tenait Mâ,, présenter un point de vue personnel semi-autobiographique au sujet d’une figure qu'elle considère comme au-delà des limites de l'expérience humaine, c'est un choix cela semblait non seulement un défi, mais (j'espère que je ne révèle pas un secret !) aussi une présomption. Bien sûr ce n'était pas du tout présomptueux ; c'était une garantie d'authenticité. Grâce à Dieu, elle a eu le courage d'achever son histoire, car c’est dans une subjectivité admise de bon cœur qu’est enracinée la vie immédiate et  véritable d'un récit…

    Nous en venons à une leçon qui est très simple, mais qui, comme toutes les choses les meilleures, est difficile à mettre en mots. Quelle que soit l'inclination qu'on puisse avoir à mettre en valeur, louer, et même de porter aux nues Shrî Mâ comme l'exemple suprême de  la perfection, c'est seulement à travers la description de sa relation  aux autres qui se manifeste sous des aspects multiples que sa pleine dimension, sa capacité à tout englober peut être pleinement révélée. Elle dit elle-même que ce mot de "autre" est une contradiction dans les termes lorsqu'on considère son être unifié. Dans les arts visuels, nous parlons de la silhouette et du champ comme des parties inséparables d'une même unité de l'image. Bithika Mukerji, dans son livre, de nous livre à la fois la silhouette et le champ

   L'agilité de la compassion de Mâ, la précision délicate avec laquelle elle pouvait réconforter les victimes des chagrins humains, et tout particulièrement sa réponse sensible et rapide aux décès dans l'ashram, tout cela touche notre corde sensible. Plus que tous les discours sages et un peu long (dont il y a des exemples publiés ailleurs), la conscience profonde que Shrî Mâ a du cœur humain est communiquée dans ses actions d’une façon encore plus mémorable. Bithika est aussi sensible dans ses comptes-rendus à ces moments où Shrî Mâ se retire en elle-même à l'occasion de la mort de ceux qui sont proches d'elle. Bithika met ici en valeur un point qui est tout à fait particulier : elle a clairement adopté le style de la douce compassion de Shrî Mâ et son livre en est imprégné à chaque page.                    . 
   Il y a des prises de conscience nouvelles qu'on peut trouver dans ses mémoires en dépit de toute la richesse du matériel  qui a déjà été écrit sur Shrî Mâ. C'est en tant que membre du cercle intérieur que Bithika peut nous dire ce que représente le fait de connaître avec une certitude absolue que le kheyal spécifique de Shrî Mâ est de veiller à tout dans la vie de certains individus particuliers. Car l'auteur elle-même, ainsi que les autres membres de sa famille, ont eu la joie d'être les récipients directs de la grâce et de la protection de Shrî Mâ. Une autre perspective s’ouvre quand nous observons le génie de Shrî Mâ pour conférer aux individus une liberté complète de mouvement dans laquelle ils peuvent se développer et respirer. Une "intrigue secondaire" particulièrement délicieuse ici est l'histoire du frère de Bithika, Bindou, qu’on avait ainsi nommé quand il était un petit enfant : il dormait sous le lit de Shrî Mâ, et ensuite il s’est développé une personnalité charismatique  de grand cœur, un musicien doué qui pouvait chanter des compositions divines qui ont charmé les foules.

   Je pense à l'histoire de Bithou "volant" un caillou du lit de la rivière Narmada, et son utilisation providentielle par la suite, grâce à la mémoire infaillible de Shrî Mâ pour les détails. Il y a aussi ce récit, si menu et pourtant que son charme lumineux élève à un niveau d'intensité magique, de la manière dont Shrî Mâ s'est souvenue de la timidité de Bithika pendant le festival où l'on se battait avec du yaourt, et comment elle en a simplement déposé une goutte sur  sa langue  réticente ! Mais c'est la même Bithou qui a traversé la moitié de l'Inde du nord pour obtenir la bénédiction de Shrî Mâ avant un séjour de six mois en Suisse afin de participer à un rassemblement interreligieux d'étudiants. Immédiatement elle reçoit, seule dans la pièce, un discours sublime sur la tolérance religieuse, Shrî Mâ étant allongée sur son chowki- son lit-tandis que Bithoudi dans la pénombre, prenait tout en note. On nous donne ensuite l'essentiel du discours que le Dr Mukerji a distillé de cette conversation privée, en même temps que la réponse de son auditoire qui provenaient de vingt-six nationalités différentes. Il y a, en fait, plusieurs exemples où Bithika est soudain frappée  par la pure grandeur de l'impact de Shrî Mâ sur les nombreux Indiens et aussi sur des gens d'autres pays lorsqu'elle voyageait dans tous les recoins

 du sous-continent indien.

   Nombre de ces anecdotes révèlent la subtilité psychologique, l'audace et l'inspiration foudroyante du khéyala de Shrî Mâ. Et nous avons une compréhension profonde et abondante de cette méthode de Shrî Mâ des plus subtiles et nouvelles, son khéyala qui fonctionne d'une façon inimitable : pleine d'autorité,  inéluctable, tout en étant d'une profondeur insondable.
   Je suis très fier d'avoir joué un rôle minuscule pour faire parvenir ce livre à la connaissance du grand public.(p.11, 13)

 

 

 

 L'auteur de ces souvenirs a été invitée à parler à un séminaire interreligieux en Espagne, dans la ville d’Avila, à l’invitation de Raimon Panikkar , qui a passé de nombreuses années à Bénarès et est bien connu pour ses ouvrages sur la rencontre entre hindouisme et christianisme. A cette occasion, un groupe d'auditeurs espagnols  demandaà Bithika de rédiger un ouvrage sur ses souvenirs personnels de Mâ Anandamayî. C'était une période charnière pour Bithika, car elle venait de perdre sa mère qui avait pris le sannyas tout en restant à  domicile, sous le nom de Swami Satyananda Giri. Avant de mourir, celle-ci lui avait donné le sa bénédiction pour cette mission. Dans le premier extrait que nous donnons, Bithika raconte comment son père est venu pour la première fois en contact avec Mâ Anandamayî, et ce malgré ses propres réticences

 

"Je suis venue chez vous sans être invitée !"

 

Un soir,  Bindou,  mon petit frère, a développé une forte fièvre. Même ainsi, ma mère se préparait pour aller visiter la dharamshâla où se trouvait Shri Ma. Mon père n'était pas content, car il trouvait qu'elle ne prenait pas soin sérieusement de leur enfant en n’étant même pas capable d'attendre le docteur qui venait pour voir Bindou. Ma mère est  donc  restée à la maison. Le médecin était soucieux car il y avait un danger d’épidémie de typhus en ville à ce moment-là. Pendant la consultation, quelqu'un vint nous informer que Shrî Mâ  était venue dans le quartier des fonctionnaires où nous habitions et visitait la maison de Madame Dixit qui était notre voisine. Ma mère s’y est précipitée. Shrî Mâ lui sourit et dit, "vivez-vous près d'ici ?" Quand ma mère lui indiqua notre maison  Shrî Mâ qui sortait déjà de chez Madame Dixit,  s'en vint avec son entourage jusqu'à notre maison. Mon père et le docteur qui étaient debouts dehors furent surpris de voir cet afflux soudain des visiteurs. Ma mère était tout excitée - demandant aux serviteurs d'amener des chaises et des tapis, aux jardiniers d'aller cueillir des fleurs et à nous,  les filles d'entonner un chant d’agomoni( en bengali : de bienvenue). Shrî  Mâ s'assit dans un des fauteuils qu'on avait apporté pour elle. Mon père s'avança et fit un namaskar ( mains jointes  ensemble en salut respectueux pour accueillir un visiteur).Sri Ma lui dit avec un sourire : "vous voyez, je suis venu chez vous, sans être invitée!" Je ne sais pas s'il l’avait imaginée avec la robe orange des sadhous et s'il était surpris de la voir dans ses gracieux vêtement blancs. Il ne répondit rien. De toutes façons, il a dû réfléchir sur ces paroles toute sa vie!(p.24)

 

 

Durant l'été 1937, Ma et Bhaïji passèrent à Bareilly avant de monter à Almora sur le chemin de leur pèlerinage au mont Kailash. Les parents de Bithika ont accompagné ce dernier jusqu’à Almora.

 .

 

 Bhaïji présente sa vision de Shrî Mâ à mes parents.

    J'avais remarqué que Bhaïji se retirait de la présence de Shrî Mâ en  allant à reculons comme certaines personnes font dans les temples (en signe de grand respect); à cette époque-là,  Bhaïji s’était beaucoup entretenu avec mes parents. Pendant de nombreuses années, nous avions pensé que ceux-ci avaient été initiés par lui, mais il n'en était pas ainsi. Quand nous avons été adultes et dans une position de leur demander, ma mère nous expliqué qu'il avait révélé quelque chose à propos de sa propre compréhension de Shrî Mâ et avait ouvert pour eux une nouvelle dimension de l'aspiration humaine.
   Il avait dit que dans la nature des choses, nous ne pouvions avoir  seulement qu’une vague idée à propos de la divinité suprême  qui forme nos destinées. On nous a dit qu'il y a un pouvoir ultime de création, soutien  et destruction; c’est l’adya shakti (l'énergie primordiale) sans laquelle rien ne peut s'ébranler. Il croyait que Shrî Mâ était la forme manifeste de cette présence qui pénétrait tout, bien que non manifestée, et que nous adorons en elle l’Etre ultime.  Se trouver en accord avec le rythme cosmique de la création vibrante et son processus également tranquille d'involution, c’est pénétrer le mystère de la vie. Shrî Mâ est la clé du mystère de cette marée montante et descendante d’ânanda, qui se trouve au cœur de la création. Elle est Anandamayî, la personnification du Bon et du bienheureux et c'est elle qui, par sa simple présence, éveille l'aspiration vers la félicité suprême, qui repose  dormante au sein de chaque cœur humain. Pour mes parents, c'était comme si Bhaïji avait ouvert une fenêtre dans une chambre close.(p.28)

 

 

    La personnalité de Shrî Mâ était à elle-même sa propre authenticité ; même si elle ne disait rien, son aura majestueuse inspirait une crainte révérencielle. Que ce soit sur les quais de gare ou dans les endroits pleins de foule, sa silhouette vêtue de blanc attirait l'attention. Les gens s'arrêtaient pour regarder par derrière et demander, "qui est-elle ?" Lorsqu'on se trouvait en face d'elle,  les paumes des mains se joignaient naturellement par respect et les têtes s'inclinaient pour saluer. Les détails de sa vie et de ses origines n'étaient plus en question. Elle était ce qu'elle était, une personne qui non seulement tenait la clé du mystère de la vie mais pouvait également guider notre compréhension de la destinée humaine.

   Avait-elle une mission pour l'humanité ? Non, parce qu'elle avait ni souhait, ni désir, ni volonté,  son action et ses paroles étaient le produit d'un khéyala spontané. Le mot khéyala signifie une impulsion soudaine, une pensée ou une idée, qui n'est pas en lien avec une source ordinaire de l'action. Parfois, ce mot est utilisé pour décrire un processus non rationnel de pensée telle une figure poétique ou un caprice un peu fou. Le khéyala de Shrî Mâ était distinct de tout ce genre de connotations. La meilleure façon de le comprendre, c'était d’observer qu’il survenait à cause des besoins et des nécessités des gens qui l'entouraient ou des situations qui se créaient autour d'elle, bien qu'il n'était pas toujours relié à son voisinage immédiat à un moment donné.

    Il nous faut reconnaître que le voyage vers le khéyala de Shrï Mâ, néanmoins, vient de commencer. Pour nous un nouveau chapitre s’est ouvert. La vie ne va plus jamais être la même.(p.30)

 

 

Notre famille

 

   Nous vivions dans une famille au sens élargi du terme, comme c'était la coutume à cette époque-là. Mon frère aîné, Manou, demeurait au 31 George Town avec mes grands-parents, ma tante et mon oncle, tandis que mes parents voyageaient de ville en ville  selon les postes obtenus par mon père. Nous visitions le 31 George Town  pendant les vacances, je me rappelle que pendant très longtemps, j'avais pensé que mon frère était mon cousin au même titre que les deux filles de mon oncle, parce que je le rencontrais seulement lorsque nous étions à Allahabad. A cette époque, on considérait comme tout à fait inconvenant de dire "ma femme" et "mes enfants" ou "ma maison", d'appeler quelque chose "mien", ainsi il fallait quelque temps à un étranger pour distinguer les frères, les sœurs et les cousins dans la bande de gamins qu'il y avait à la maison. En ce qui concernait l'enseignement religieux, on nous enseignait des prières en sanskrit destinées à notre divinité favorite et aussi à la déesse du savoir, Sarasvâtî  dévi. Nous observions les poujâs, les festivités et visitions les temples. Tout cela était très traditionnel et orthodoxe.

    La fête religieuse principale d’Allahabad était la Koumbha-Méla qui s’y déroulait tous les douze ans à la confluence des deux rivières sacrées, le Gange et la Yamouna. un événement plus petit avait lieu tous les six ans entre les deux Koumbha majeures  et tous les ans  en janvier, il y avait aussi ce qu'on appelait la Magh-Méla de dimension moindre. Cette fête remonte au moins au VIIe siècle après Jésus-Christ. Les pèlerins campaient sur les bords des deux rivières dans les cabanes de chaume et de paille durant un mois, fuyant les conforts de la maison afin de passer cette période dans d'ascétisme,  l’écoute de discours sur les écritures et une sâdhanâ, isolés de leur propre hutte.

    Ma grand-mère était très attachée à ce  mois de kalpavâsa, ( le fait de rester dans un endroit qu'on a décidé), comme on l'appelle. Néanmoins, elles n'était pas tout à fait comme les autres pèlerins. Sa cabane était construite d'une façon tout à fait élaborée. Elle était meublée avec des chaises et un lit convenable, on avait mis des tapis sur un sol en terre battue couvert de paille, et elle avait des serviteurs pour l'aider. Nous allions la visiter pendant les journées et nous avions grand plaisir à nous promener sur les terrains de la méla  et à y manger toutes sortes de bonnes choses aux étalages temporaires qui poussaient partout. C'était  une occasion de rassemblement merveilleux pour des gens qui venaient de tous les coins du pays ; ils vivaient simplement pour renouveler leur foi et leur engagement dans leur propre tradition dans une atmosphère de liberté et de détente. Plus tard, nous avons eu l'occasion de vivre dans le camp de Shrî Mâ durant de nombreuses Koumbha-Mélas. elle assistait pratiquement à tous ces rassemblements tous les douze ans, et même à ceux qui avaient lieu tous les six ans. Cette expérience de participer à la vie des gens dans une  atmosphère d'engagement total envers une manière de vivre religieuse, mais pourtant dépourvue de toutes sortes d'embrigadement était indescriptible et inoubliable. Il s’agit une chance merveilleuse et qu'on ne doit pas manquer si l'occasion s'en présente.(p.35-36)

 

 

Shrî Mâ réagit

 

   Un des visiteurs posait des questions infantiles à Shrî Mâ. Un jour il alla jusqu'à lui déclarer "vous êtes ma mère. Je vais m'asseoir sur vos genoux !" et de fait, il n'avait pas plutôt dit cela qu'il  se laissa tomber sur les genoux de Ma. Ils n'étaient pas léger et c'était donc un lourd poids pour elle. Tout le monde poussa des exclamations plutôt ennuyées. Biren Babou lui fit des remontrances comme à un enfant et on le fit se relever immédiatement. Shrî Mâ resta imperturbable pendant toute la durée de cet incident mais il était évident que le visiteur avait troublé l’atmosphère. Le jour suivant, de nouveau il  posa une question infantile : "Mâ, dites-moi ce qui arrive dans la demeure de Vishnou ?" Shrî Mâ soudainement se releva sur son âsana. En un clin d’œil,  son comportement changea. Sa voix était aussi différente. Elle s’exprima de façon incisive : "voulez-vous voir? Voulez-vous vraiment voir.?" Son expression était si sévère que nous étions tous pétrifiés ; nous ne l'avions jamais vu dans cette posture terrible. Nous étions si effrayés que nous avons baissé les yeux car nous ne pouvions supporter de voir ce regard étincelant. Le visiteur importun gémit d'une façon pitoyable "pardonnez-moi, Mâ, pardonnez-moi". Shrî Mâ reprit son siège et tout fut de nouveau comme avant. Elle nous sourit et ainsi nous pouvions de nouveau respirer. Nous avons rendu grâce lorsque l’importun est retourné à Calcutta, ce qui survint dès le jour suivant.

   Ces jours que nous passions avec Mâ étaient inoubliables, comme un rêve. Pour nous, Shrî Mâ était une amie qui remplissait tous nos désirs conscients et inconscients de bonheur dans la vie. Nous étions contents d'être avec quelle, de la voir, de lui parler, ou de marcher en sa compagnie. Je ne pense pas que nous avions aucune pensée particulièrement élevé au sujet de la discipline spirituelle. Shrî Mâ, néanmoins, nous donnait de bonnes bases. Elle nous dit à tous les quatre Renou, Kawna, Bithou et moi-même,  (c'est le cousin de Bithou qui parle) de nous asseoir dans sa chambre pour une demi-heure tous les jours et de faire le japa ou le dhyâna (méditation). Nous n'avons pas trouvé que c'était une tâche difficile. Qu'est-ce qui pouvait être plus agréable que d'être assis dans sa chambre et de la contempler pendant qu'elle reposait tranquillement sur son lit?
   Un matin, Shrî Mâ nous demanda, "savez-vous cuisinier?" Ma jeune sœur ne s'exprima pas,  mais je dis fièrement, "oui, Mâ, je peux cuisiner." Shrî Mâ demanda de nouveau,  "quels plats sais-tu préparer ?" je répondis, "je peux préparer toutes sortes de plats." J'étais plutôt sûr de moi parce que faire la cuisine était ma grande distraction et j'avais l'habitude de préparer de nombreux plats à la maison. Shrî Mâ demanda alors, "sais-tu  préparer des pousses de bambou ou des feuilles de yam ?" Je ne savais même pas qu'il s'agissait de d'objets comestibles et je fis signe de la tête que non. Shrî Mâ se mit à rire avec tous les autres qui suivaient notre conversation.(p.52)

   …A la fin des vacances nous sommes retournés Agra et ensuite de nouveau à Allahabad. Nous avions plein de conversations très animées  à propos de ce que Shrî Mâ avait dit et de ce qu'elle avait fait dans sa lîlâ (jeu) avec nous. Vers fin d'octobre 1938, Shrî Mâ revint à notre maison au 31 George Town de pour la première fois. Depuis lors, jusqu'à janvier 1982, elle a continué à visiter notre maison à intervalles réguliers. Allahabad est à la jonction de plusieurs routes majeures. Shrî Mâ passait à  Allahabad de nombreuses fois durant ses voyages incessants. Parfois, elle interrompait son parcours  pour passer la nuit au 31 George Town ou simplement pour la journée, voire même pour quelques heures. Avant que mon jeune cousin Bindou ne construise pour elle une petite hutte dans la propriété sous le Nîm (arbre margosa) en 1956, elle a habité avec bonne grâce dans des logements temporaires que l'on faisait pour elle. Le pounya (le mérite religieux) de nos ancêtres à la vie sainte a dû créer une aura pour notre maison et nous apporter la bénédiction de la présence de Shrî Mâ si souvent. (p.54)

 

 

 

 

En compagnie de Mâ Anandamayî

par Amulya Kumar Datta Gupta

(suite)

La visite d'entités subtiles

 

Durant la conversation en soirée, Mâ dit, "Ne pensez pas que vous seul êtes présents dans la chambre. Il y a de nombreuses autres êtres ici. De même que vous venez écouter ma conversation, de même il le font également."
Un disciple de Mâ, "est-ce que nous vous vous n'avez pas rencontré Gauranga Mahaprabhou (un nom de Shri Chaitanya, cette conversation se passe à Navadvîp, où a vécu Shri Chaitanya, un lieu qui est devenu un des grands pèlerinages vishnouïtes du Bengale) et d'autres personnages sous forme subtile ici ? Mâ ne répondit pas directement à la question, mais elle dit, "lorsque je vais quelque part, je rencontre le bhava particulier de l'endroit." ( bhava signifie état, coloration spirituelle ; dans ce contexte, ce terme peut signifier l'entité subtile  qui a imprégné l'endroit).(Vol.II, p.51)

 

Les jeunes années de Mâ

 

Des plaisanteries innocentes avec Shrî Mâ étaient autant une source de joie qu’une approche visant à la harceler pouvait être dangereuse. Une fois, à l'occasion d'un mariage, Mâ s’était rendue à la maison d'un parent. A cette époque, elle était encore très jeune. Pour ceux qui l’observaient, elle ressemblait à d'une image de la déesse vraiment très belle. Pour cet événement, deux membres de sa famille, tous les deux jeunes hommes, étaient aussi venus. Mâ dit, "j’étais allée sur les lieux du mariage avec le corps couvert  des pieds à la tête et de plus enveloppée  dans un châle noir. En me voyant avec ces vêtements, un des jeunes hommes commença à dire, "elle ressemble à un tel, elle ressemble à tel autre." Après l'avoir entendu dire cela pour la n-ième fois mes yeux tombèrent soudainement sur lui. C'était un regard quelque peu anormal. A cette époque, j'étais une jeune femme rangée typique et je ne regardais pas les "autres" hommes. Quand on a mis du miel dans la bouche de la nouvelle mariée, le second jeune homme vint me voir avec du sucre dans la main et dit, "tu es aussi une jeune mariée, il faut que je te mette du sucre dans la bouche." Je me reculai, mais à chaque fois que je faisais ainsi il  amenait sa main proche de ma bouche. Tandis

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qu'il me harcelait de cette façon, mes yeux sont soudain tombés sur lui. Cette fois-ci également, mon regard était quelque peu anormal. Dans aucun des deux cas, je n'avais jeté les yeux sur eux de façon délibérée. Néanmoins, en me voyant le regarder comme cela, le garçon recula. Le lendemain de la fête, ils retournèrent à la maison. Mais à peine deux jours après ces événements, j'ai appris que le jeune homme qui avait fait des plaisanteries vulgaires à mon égard avait été battu très fort sans cause apparente, et celui qui avait essayé de me mettre du sucre dans la bouche étaient morts du choléra. Son type de mort semble avoir été prédestiné pour cette heure-là.                            Mâ nous évoqua alors des souvenirs de sa vie de jeune mariée. Comme nous l'avons déjà dit, elle avait été admise à l'école primaire, afin de lui assurer une meilleure perspective  dans le "marché" des mariages. Le récit de ses études dans cette école a circulé. Quant Mâ avait été à la maison de son gouroudev avec Didi Mâ et d'autres, on a dit, en se référant à ses études, qu’elle avait été à l'école primaire. Entendant cela, quelqu'un lui demanda la signification du terme "écoles primaire". Mâ répondit alors franchement, "personne ne m'en

 a indiqué le sens."

   Néanmoins, ayant entendu que sa femme avait étudié à l'école primaire, Baba Bholanâth, le jour après leur mariage, exprima le désir de voir l'écriture de son épouse. Il avait l'intention de se rendre compte si elle était capable de rédiger des lettres pour lui. Mais Mâ insista sur le fait de ne pas montrer son écriture malgré différentes menaces de Didi Mâ, on n'a même pas pu la persuader d'écrire son nom. Quant tous s’y mirent, il purent finalement la forcer à effectuer sa signature, et on la montra à Bholanâth. Mâ continua, "après le mariage, Bholanâth m'a écrit une longue lettre. Chez nous, recevoir une lettre était une sorte de nouveauté. Avant que la lettre ait été distribuée, la nouvelle s'est répandue, selon laquelle une lettre qui m'était adressée était arrivée. La lettre tomba dans les mains de votre Didi Mâ. Par délicatesse,  elle ne pouvait me la donner elle-même ; à la place, elle commença à la mettre à des endroits où probablement, je la remarquerais avec facilité. Mais je l'ignorais. Votre Didi Mâ était dans un dilemme, car elle ne pouvait me faire passer la lettre. Enfin, elle me la transmit par quelqu'un d'autre. Mais même quand je l'ai eue entre les mains, votre Didi Mâ n'a pas été soulagée de ses angoisses, elle commença à faire pression sur moi constamment pour que j’y réponde. C'était la coutume à l'époque, pour les filles, d'être extrêmement pudique quand on discutait de tels sujets. Je faisais aussi semblant d'être très sérieuse pour prouver que j'étais pudique. Alors tout un groupe de gens se creusèrent la tête et rédigèrent une réponse. Je la recopiai et on la posta.

  Quand votre Dada Mahashay (grand-père) m’installa à Shripour, il laissa des modèles de lettre que je devais utiliser pour répondre aux lettres que Bholanâth pourrait écrire. Ayant entendu dire que j'avais étudié à l'école primaire, Bholanâth m'apporta un livre le lendemain de notre mariage. Un soir, il me dit , "lis-moi le livre tandis que je t’écoute en étant allongé." Je vous ai déjà raconté la manière dont je lis. Je dois épeler chaque mot avant de le prononcer. En outre, on m'avait recommandé qu’une fois que j'avais commencé une phrase, je ne devais pas reprendre ma respiration avant le point final. En combinant les deux choses, j'étais presque morte de suffocation !… Allongé sur le côté, Bholanâth écoutait ma lecture essoufflée. Après quelque temps, il se retourna sur le lit et dit, "Ainsi, voilà ton éducation primaire ! Maintenant il est clairement impossible que tu aies étudié même le premier livre du programme."

   Tous les gestes qui accompagnaient ces paroles de Mâ nous faisaient tous énormément rire. Cet écrit n'est pas capable de rendre même une trace de la douceur du discours de Mâ ; elle racontait cette histoire allongée. Elle nous faisait voir avec précision comment Bholanâth avait fait sa remarque - la manière dont il s'était retourné sur son  lit, et les expressions de son visage à ce moment-là. Didi demanda, "comment pouvez-vous vous souvenir de tous ces détails ?" Mâ dit, "maintenant, je suis inspirée par l'humeur de cette époque, ainsi tout revient à la mémoire." Cette fois-là, en venant à Navadvîp, j'ai réalisé pleinement à quel point notre Mâ est véritablement Anandamayî – l’incarnation de la joie. Je n'ai jamais ri autant de toute ma vie que cette fois-là en présence de Mâ. 

 

 

                                                             

 

 

 

 

        ~~~~~~~~~~~~                                                                                                                                                                 

                                                     SILENCE     

                                      ~~~~~~~~~~

 

Soudain, le malaise est là,

Immédiatement, le mental réagit...

L'Etre, tout entier, s'exprime alors

Et la Paix se fait, loin des tourbillons

Négatifs et des divisions intestines.

Calmement, il envisage l'attaque

Et installe le Silence Suprême.

                ~~~~~~~~~~~~

                     Monique M.  Le 22.04.2002.   

                ~~~~~~~~~~~~

 

                   ~~~~~~~~     

                    UN

                        SONGE

                   ~~~~~~~~

Etonnée, je me suis réveillée,

Veille, rêve où vivais-je?

En moi, quelqu'un d'autre était...

Indépendant de ma volonté.

Le réaliser me donnait le vertige...

~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~

Intérieurement, rien n'avait changé

Ni extérieurement, d'ailleurs.

Tout était pareil qu'avant.

Uniquement, cette intuition,

Impalpable, venue de nulle part,

Taraudait mon esprit, vaguement

Inquiet... Qui étais-je

Finalement, sinon un songe perdu dans le Songe?

~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~

                Monique M.      Le 18.12.2001

 

 

 

 

 

La notion de jeu (lîlâ) dans l'hindouisme

par Rosa Fernandez

 

Rosa Fernandez a passé deux ou trois ans à Bénarès. Elle est la traductrice en espagnol du livre de Bhaïji, Matri darshan, qui a été publié sur le site internet de Mâ (www.anandamayi.org/ashram/spanish). Elle a  passé récemment en Espagne sa thèse de doctorat sur la notion de lîlâ dans l'hindouisme avec une référence particulière au shivaïsme du Cachemire. Lîlâ signifie jeu divin, ou encore le jeu du gourou avec ses disciples. Les disciples de Mâ considère que son existence parmi nous a été une lîlâ , un jeu de la mère divine pour nous ramener à la déité suprême. En ce sens, il nous  a semblée intéressant de traduire l'essentiel de l'article de Rosa paru en espagnol dans Sarasvatî,  une nouvelle revue de bibliothèque consacrée aux études Orient - Occident dans un sens humaniste et spirituel. Le titre de l'article complet est : le drame comme paradigme cosmoesthétique dans la tradition de l’Inde.

La vie du monde et la relation avec un sage est comme un jeu de scène où nous sommes acteurs. A nous de bien jouer notre rôle.Rosa a habité près de l'ashram de Mâ Anandamayî à Bénarès, dans une résidence pour les chercheurs étrangers appelée Amar Bhavan, "la demeure d’immortalité". Elle est particulièrement inspirée par l’œuvre de Lilian Silburn, et elle enseigne actuellement la philosophie et l'esthétique à l'université de Malaga en Espagne.

 

   Dans la tradition indienne, l'action pure et désintéressée a un précédent très clair dans l'action rituelle des sacrifices védiques. Elle est éloignée de l'intentionnalité de l'ego empirique ; elle est préconisée par la Bhagavad-Gîtâ. Elle représente un type  d'éthique maxima et imprégne toutes les traditions religieuses issues de l'hindouisme. Comme dans les autres grandes cosmogonies culturelles, le célèbre hymne de la création du Rig véda (90) -qui raconte l'émergence du cosmos à partir du démembrement du Pourousha, l'homme cosmique- nous met sur les traces du sacrifice comme modèle de l'action créatrice. Dans les Brahmanas, commentaires des hymnes védiques primitives, le sacrifice reçoit une interprétation mystico- symbolique claire.  Celui qui enveloppe tout se multiplie lui-même (puissè-je devenir multiple) en dédoublant son être unitaire. Brahma et Prajâpati sont ainsi l’être primordial dont l'auto-immolation fait surgir le cosmos : "Brahma, celui qui existe par lui-même, était en train de pratiquer une concentration intense (tapasya). Dans cette concentration intense,  il pensa, "il n'y a pas d’infinité. Je me sacrifierai dans les êtres vivants et toutes les entités vivantes se sacrifieront en  moi." Ainsi, après s’être sacrifié dans toutes les entités vivantes et que toutes les entités vivantes se soient sacrifiées en lui, il acquit de la grandeur, de la splendeur et de la souveraineté". "Une fois qu’il a produit toutes les créatures, le corps de Prajâpati eut tendance à se désagréger. Il était réduit à un simple cœur et gisait là, épuisé. Il s'exclama : "Ah ! Ma vie!» Les eaux l'entendirent. Elles vinrent à son aide et grâce aux sacrifices du Premier-né, elles ont pu restaurer sa souveraineté."

   La grande importance des rituels comme une sorte d’axe vertébral du culte dans l'hindouisme correspond à une importance proportionnelle accordée au drame comme genre artistique. Le terme même "drame" renvoie, par sa signification étymologique en grec, à l’idée d’"action" au sens d'action pure, d'action modèle. Le rite, comme toute la liturgie religieuse en général, représente au départ une séquence d'actes effectués dans un ordre fixe, c'est là l'origine du drame. La représentation dramatique –si l’on en  revient aux étymologies- correspond à une action dédoublée, une action qui se présente comme dépourvue d’intentionnalité ou de finalité par le fait qu'elle est acte ou mise en action pure. Et en tant que tel, comme Huizenga l’a déjà bien mis en évidence dans son célèbre Homo ludens, il est lié au jeu, celui-ci représentant l’activité rituelle par excellence : une activité dépourvue  de finalité et de motivation. Mais le jeu est, en plus et par-dessus tout, et une activité plaisante, une création agréable et, à cause de cela, esthétiquement signifiante…

 

Les auteurs des shivaïsme du Cachemire font un bel usage de l'étymologie pour mettre en relation le jeu avec l'activité divine. Abhinavagupta et Kshémarâja  expliquent le sens ludique de la divinité en faisant dériver le nom sanskrit "déva » (lit.  dieu) de la racine « div ». celle-ci possèdant, entre autres significations, le sens de "jouer" ou "se manifester". Au début du  Vijnanabhairava la déesse Bhairavi s'adresse aux dieu Bhairava de la façon suivante : « Bhairavî, la shaktî de Bhairava, affirma (uvaca) :"Oh ! deva  (dieu), toi qui es mon propre être, tu te manifestes dans l'univers en le traitant comme un jeu" ce que Khémarâja commente ainsi : "Oh!, Mon propre être, dont la nature est de représenter ton jeu sous formes de la manifestations de l'univers ! La dévi appelle le déva "mon propre être" parce que la dévi n'est pas différente du déva."

La similitude externe de la racine sanskrite "div"  avec le terme qui désigne la divinité ("déva") permet aux auteurs du shivaïsme du Cachemire de "jouer avec les étymologies", en tenant compte des répétitions, pour mettre en relation l'activité divine et  la manifestation de l'univers en tant que jeu. En réalité, le jeu de ladivinité n'est pas autre que sa "manifestation", l'apparition paradoxale et, à cause de cela, ludique, de ce qui est uni et indivisible tout en étant diversifié en une infinité de forme. Le jeu entre la déesse dévî) et le dieu (déva), entre le pouvoir de jouer,  de se manifester ("div") et la manifestation du jeu et la relation d'identité dynamique qui existe entre une polarité des aspects : Shiva et Shakti, la lumière (prakâsha) et la conscience réflexive  (vimarsha), l'énergie et ce qui la soutient, deux pôles qui sont unis par la continuité d'une oscillation circulaire ; comme le dit Abhinavagupta : "l'énergie ne se présente pas comme séparée de l’essence qui la possède. L’identité des deux est une donnée éternelle, comme celle du feu et du pouvoir de brûler". (L. Silburn,  Hymnes d’Abhinavagupta, Publications de l'Institut de civilisation indienne, Paris).( Pour exprimait la notion de jeu, la racine la plus courante est krid, le « jeu » étant krîdâ).

   Le Shivadrishti de Somânanda est l’un des premiers textes du shivaïsme du Cachemire dans lequel un auteur connu mentionne l'idée de jeu. Dans cette oeuvre, à travers la métaphore du souverain qui dans sa liberté totale joue à se rendre lui-même esclave, on explique comment l'Absolu se manifeste dans l'univers  grâce au plaisir ludique d'assumer des formes multiples : "ainsi, comme un roi de toute la terre, dans l'intoxication joyeuse et surprenante de sa souveraineté, peut jouer à être un simple soldat, limitant son comportement, de même, dans sa félicité, le Seigneur se divertit en

 assumant les formes variées du tout".


Comme l'action de ce roi, que rien n'oblige, à cause de sa souveraineté,  à se comporter comme un soldat, toute action vraiment libre est motivée par la joie, le plaisir de jouer à interpréter, à assumer des formes librement, sans s'identifier totalement à elles. L'assomption de formes diverses "mâyâ" est toujours joyeuse pour celui qui s'identifie seulement à moitié  avec elles et ne se laisse séduire que partiellement par leur charme magique, car il fixe son attention sur leur impermanence et leur flux. Ceci est le grand avantage qu’apporte l'activité ludique : la vision mystique, l'attention non parcellaire et qui se fixe sur la totalité du processus. Le roi rentre dans l'incarnation du soldat pour le plaisir pur d'expérimenter quelque chose de nouveau, de totalement distinct et il cesserait  d'éprouver du plaisir, simplement si, absorbé par son rôle, il perdait la vision mystique et cessait de percevoir sa condition de soldat

comme un jeu.


On a également exprimé ce jeu de voilement et d'éclairage par la métaphore qui considère le monde comme une pièce de théâtre, l'Absolu comme son auteur, son directeur et son acteur et les organes des sens comme ses spectateurs. En accord avec la signification auto-représentative du jeu, le dynamisme de l'Absolu qui consiste en voilement et révélation, s'accomplit  grâce au déguisement sous une forme de représentation théâtrale et l'interprétation  d'une infinité de rôles et des personnages. Depuis son apparition dans les Shivasûtras, cette métaphore a été commentée de façon répétitive par les auteurs du shivaïsme du Cachemire.


Le Soi est l'acteur.
La scène est le Soi intérieur.

Les spectateurs sont les sens. (3 9 11)

    Kshémarâja fait une lecture  yoguique de ces trois vers. Il se base sur l'identification entre le Soi, l'acteur où le danseur - le terme sanscrit nartaka ayant les deux significations- et le yogi qui a atteint l'union avec l'Absolu. Comme la danse du célèbres Shiva Natarâja, le yogui roi de la danse, l'action du yogui ou du libéré-vivant est "ludique à cause de sa propre vibration intérieure" et se manifeste sous la forme de danse, une danse dans laquelle les mouvements extérieurs sont le fruit et l'expression d'un état de réalisation intérieure. Les rôles d'interprètes-acteurs ne sont pas plus que les états de conscience (veille, rêve, sommeil profond et état transcendantal).
  Abhinavagupta dit ailleurs : "l'univers se réveille quand Tu te réveilles et se couche quand Tu te couches. Ainsi, tout cela, existant

 ou inexistant, T‘est identique."


   Pour continuer à élargir la comparaison, nous pouvons dire que Shiva, acteur qui ne s'identifie pas totalement avec les personnages qu'il représente, est l'unique qui est éveillé dans ce grand spectacle, tandis que notre réalité humaine dans le monde doit son existence au fait d'être "endormi au sujet de sa vraie nature", au fait de ne pas nous rendre compte de notre propre évanescence, de notre réalité imaginaire, ainsi qu’au fait de nous immerger dans la dynamique du jeu qui nous mène à nous identifier avec tout ce que nous percevons comme réel. Notre conscience ordinaire et limitée est, pour ainsi dire, la partie qui correspond à "l'identification partielle" du jeu interprété par l'Absolu.

 

Extrait de Sarasvatî n°5, 1997 « Etudes d’orient-occident pour encourager une renaissance humaniste » (en espagnol) Fundacion Purusha C Austin Duran 19, 4°B   28028 Madrid

Traduit de l'espagnol par Jacques Vigne.

 

Annonces

 

 

- Nous nous excusons pour le retard qui est survenu dans la parution des Jay Ma durant les neuf mois que Jacques Vigne a passé en France. En conséquence de cela, nous avons aussi repoussé le renouvellement des abonnements jusqu’au numéro suivant qui paraîtra en mars

- Le livre de Bithika Mukerji « My days with Shri Ma Anandamayi »  est disponible à Bénarès aux éditions Indica. Ecrire de la part de Jacques Vigne à Alvaro Enterria chez Indica Books D 40/18 Godolia Varanasi 221001  Fax 00 91 542 452 258  indicabooks@satyam.net.in

(On peut envoyer des chèques en euro, 10 € pour l’édition avec couverture souple, 13 € pour celle avec la couverture cartonnée, port compris)

- Swami Bhaskarânanda a été élu secrétaire général de la Sangha de Mâ Anandamayî, il succède à Swami Swarupananda qui a occupé ce poste pendant dix-huit ans , et qui est décédé en septembre vingt ans jour pour jour après Mâ, si l'on considère le calendrier lunaire. Etant assez âgé, il aura pour assistant Swami Jotirmayânanda qui reste à Kankhal.

- La proposition de retraite de février dans les ashrams de Mâ, en particulier à Kankhal après un séjour de trois journées à Bénarès, a rencontré un vif succès. Nous avons été obligés de dédoubler le groupe, ce qui fait qu'en tout sur le mois de février, cinquante personnes viendront de France pour profiter de cette retraite. Swami Nirgunânanda descendra aussi spécialement de Dhaulchina pour rencontrer les deux groupes successifs à Kankhal vers mi-février.

-une autre retraite dans les ashrams de Mâ est prévue du 11 au 30 juillet. Nous monterons d'abord à l'ashram d‘Almora (Patal Dévi) pour rencontrer Swami Nirgunânanda et descendrons ensuite à Kankhal pour y rencontrer pendant une semaine Swami Vijayananda , non sans  avoir aussi visité Dhaulchina, l'ermitage de Mâ dans l'Himalaya

-. Du 15 août au 8 septembre en principe, il y aura le pèlerinage au Kailash également en compagnie de Jacques Vigne. Pourcses voyages d'été, le contact reste le même que celui de l'an dernier : Jean-Luc et Chantal Diraison association Lumière 52 rue Jeanne d’Arc Tél (maison après 20 heures 30) 02 98 40 38 61.


Programme de Swami Nirgounananda   en Europe été 2003

 

Du 26 juillet au 3 août : Epernon. contact Claude Portal 12 rue Lamartine 78100 Saint-Germain-en-Laye  01 34 51 74 41

Du 5 au 11 aout : Zürich (Richard Willis) et Launay (Lama Rigdzin 77 Chantemerle 2502 Bienne 0041323221828)
Du 17 au 23 août : Les Courmettes contact Michel Tauziede domaine des Courmettes 06140 Tourettes-sur-Loup 0493241700 

Du 17 au 23 : terre du ciel domaine de Chardenoux 71500 Bruailles 0385604030

Du 21 au 27 : Saint-Germain-en-Laye contact Claude Portal cf ci-dessus

Du 28 août au 1 septembre : les Courmettes cf. ci-dessus
Du 2 au 6 septembre : Assise contact Claude Portal
Du 7 au 11 :Birmingham-Londres contact Christopher Pegler 

 

L'oeuvre de Patrick Mandala

 

 Patrick Mandala  est un disciple français de Mâ vivant souvent en Inde depuis 1971. Il a rencontré Mâ de 1972 au 25 février 1982 avec son épouse Catherine. Il prépare actuellement une trilogie sur Mâ et son enseignement : trois volumes qui seront publiés dans les trois années à venir par les éditions Accarias–l’Originel (Paris). Ses livres seront constitués de paroles, satsangs, témoignages, anecdotes, histoires et événement de la vie de Mâ racontés par elle-même : tous sont inédits (certaines sources anciennes viennent, entre autres des volumes de Gurupriya dévi, sa proche disciple).
Concernant les témoignages (seulement 10 pour cent du livre) : l'auteur serait heureux de recevoir à son adresse française les témoignages de disciple de Mâ l'ayant connu du temps de son vivant, certains pourraient figurer dans un des trois volumes.

addresse : Patrick Mandala Atelier l'Arbre de vie rue Noblemaire 74290 Talloires (lac d’Annecy). France. Téléphone 04.50.60.75.18 ou le soir : 04.50.60.46.99

   Patrick Mandala parle aussi de Mâ dans ses divers autres livres : ceci nous permet de compléter la bibliographie d’Anandamayi donnée dans des volumes précédents de  Jay Ma:

-         Guru-Kripâ : l'enseignement vivant de Ma Anandamayi, Swami Ramdas, Shri Ramakrishna. Préface d’Indira Gandhi, introduction d'Arnaud Desjardins éditions Dervy, 1984

-         la voix du cœur : anthologie de poèmes mystiques de l'Inde (XIe au XVIIIe siècle) notes et commentaires à la lumière de l'enseignement de Mâ Anandamayi. Editions Chiron, 1996 (Paris).
- le yoga de la Bhagavad-Gîtâ ou le secret de l'action. Commentaires rédigés à la lumière de Mâ Anandamayi, éditions  Accarias-L’Originel, 1998 (Paris). Préface d'Arnaud Desjardins

-         -le Yoga-vâsishtha : l'expérience de la non dualité. Point de vue et notes rédigées à la lumière de Mâ Anandamayi, de Ramana Maharshi, Swami Prajnapad, J.Krishnamurti et le Bouddha. Préface de Denise Desjardins. éditions Accarias-l’Originel, 2003 (Paris)

-         Aux sources de la sagesse : paroles de sagesse de la Grèce antique et de l'Inde ; de Thalès à l’Aéropagite, des védas à  Mâ Anandamayi. Préface de Jean Yves Leloup. éditions Accarias-l’Originel, janvier 2003 (Paris)
- " joy" : rencontre avec Mâ Anandamayi, paroles, satsangs inédits (de 1953 à 1982). Trois volumes.  édition Accarias-l’Originel. (en préparation).

 

Abonnements

Le renouvellement général des abonnements se fera lors du prochain numéro en mars pour deux ans. Cependant, pour ceux qui n'ont jamais encore été abonnés, il est possible de régler dès maintenant cet abonnement pour neuf numéros  (jusqu'en mars 2005) pour 14€; chèques à l’ordre de Jacques Vigne, à envoyer à Magali Combal.