JAY MA 55 HIVER 1999-2000
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PAROLES DE MA
Juste avant de
rédiger ce numéro de l'an 2000, nous avons reçu à Kankhal le nouveau livre des
Editions Altess 'Ce corps' où l'on met en parallèle des paroles de Ma et de
Jésus. On sait que Ma parlait d'elle-même en disant eï sharir, ce corps et que le rite institué par le
Christ fait mémoire du don de son corps. Les traductions des paroles de Ma sont
de Marol et celles de Jésus de Jean-Yves Leloup. Francès Delbecq et Thierry
Cazals qui ont choisi les paroles à mettre en parallèles ont puisé assez
largement dans les Evangiles dits apocryphes qui permettent, au bout de deux
mille longues années, d'écouter avec une oreille neuve les propos de Jésus. Il ont
choisi de le désigner par 'Il' et Ma par 'Elle' ce que nous respecterons dans
les citations ci dessous. Il faut bien sûr savoir replacer les paroles de Ma
dans le contexte de son enseignement pour éviter de lui faire dire le contraire
de ce qu'elle signifiait; quand elle dit par exemple 'Ne renoncez qu'à ce qui
vous abandonne' (p.49), il s'agit d'un conseil donné à ceux qui envisageait de
prendre le sannyas; il s'agit d'une décision importante; et elle ne doit pas
être forcée, elle doit venir naturellement. En dehors de ce cas particulier, Ma
revenait souvent sur la nécessité de la
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renonciation intérieure, du détachement mental
complet et elle en donnait elle-même souvent l'exemple dans sa vie.
Il : Au temps où vous étiez Un, vous avez fait le deux;
mais alors, étant deux, que ferez-vous? (Evangile de Thomas)
Elle : La non-séparation
comble, l'exclusion rend misérable. S'identifier à la dualité entraîne conflit,
douleur, lutte, mort. Mes amis, mettez-vous en chemin.
Il : Lorsque vous
ferez le dux Un et que vous ferez l'intérieur comme l'extérieur, le haut comme
le bas, lorsque vous ferez du masculin et du féminin un Unique, afin que le
masculin ne soit pas un mâle et le féminin ne soit pas une femelle, lorsque
vous aurez des yeux dans vos yeux, une main dans votre main et un pied dans
votre pied, une icône dans votre icône, alors vous entrerez dans le Royaume!
(Thomas)
Elle : L'Un qui a créé le
monde est tout autour de nous.
Elle : Souvenez-vous que les joies et les peines de ce monde
sont les ombres mobiles que vous-mêmes projetez.
Il : Si vous vous
reconnaissiez aveugles, vous ne seriez pas égarés, mais vous dites "Nous
voyons!" et votre égarement demeure. (Mathieu)
Il : Le Royaume des
Cieux… Il est semblable à une graine de moutarde, la plus petite de toutes les
graines; lorsqu'elle tombe dans une terre labourée, elle devient un grand arbre
où
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s'abritent les oiseaux du
Ciel. (Thomas)
Elle : A l'instant,
l'arbre est en puissance des arbres, des feuilles, des fruits sans nombre, des
mouvements infinis et une stabilité indescriptible. Un instant contient en
puissance des instants innombrables, où se tient le Seul Instant.
Elle : Quand il n'y a
plus rien à brûler, là est le moment de toute éternité. Saisir ce moment-là est
votre destin. Qui s'est ainsi consumé ne peut plus séparer présent-passé-futur.
Il : Heureux celui
qui se tiendra dans le commencement;
il connaîtra la fin et il ne goûtera pas la mort. (Thomas)
Elle : Je ne vais
nulle part, je suis toujours avec vous.
Il : Je suis avec
vous jusqu'à la fin des mondes (Mathieu)
Elle : Etre ouvert,
tellement ouvert que plus rien ne peut être laissé au-dehors.
Il : Je suis celui qui est issu de Celui qui est
l'Ouvert. (Thomas)
Il : Je ne suis
plus ton Maître puisque tu as bu et tu t'es
enivré à la source bouillonnnante d'où moi-même je jaillis
(Thomas)
Elle : Il n'y a
"grâce" que dans la distinction du moi et du toi; après leur fusion, qui montre de la grâce à
qui?
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"Il y a beaucoup
d'autres choses que Jésus a faites; si on les racontait une à une, le monde
entier ne suffirait pas pour contenir tous les livres qu'on écrirait"
(Jean)
Elle : "Sur chaque
chemin, il y a de profonds secrets, inconnus de tous, que ne révèle aucun
livre."
Extraits
de Ce Corps Editions Altess Espace
Harmonie 4 rue des Petits Hôtels 75010 Paris, novembre 1999, 180 pages, 75 Frs.
Thierry Cazals publie la revue de bibiothèque Om à orientation
transdisciplinaire et spirituelle et développe avec son épouse des initiatives
dans le sens du théâtre sacré, Francès Delbecq est peintre et illustratrice de
livres
Questions à Vijayananda
Q : Pensez-vous que le
disciple devienne un jour complètement indépendant du Guru?
V : Jayananda,
l’Américain qui au début était avec moi en compagnie de Ma m’avait raconté une
histoire que j’ai d’abord trouvée stupide, mais dans laquelle j’ai vu par la
suite un sens très profond : un petit garçon avait un confiance totale dans son
père; un jour, celui-ci le met sur une table et lui dit :’saute dans mes bras!’
L’enfant dit:’mais je vais tomber!’ Le père répond :’tu n’as pas confiance?
Vas-y, saute!’ Il se lance, le père se
retire et le pauvre garçon tombe par terre. Le père lui dit:
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‘C’était pour
t’apprendre à n’avoir confiance en personne, si ce n’est en toi-même!’ Ainsi,
Ma pouvait être très dure avec moi; mais une fois, cependant, elle m’a regardé
avec un grand amour comme si j’étais son seul bien-aimé sur terre. C’était
parce qu’elle prenait le bhav de Pannalal qui m’aimait bien et qui voyait dans
ma relation avec Ma le modèle de l’amour mystique.
Q : N’y avait-il pas
beaucoup de jalousies autour de Ma?
V : Si, beaucoup,
mais elle voyait en tout cela la lila, le jeu divin.
Q : A une jeune femme qui est passé par une phase où
elle critiquait vivement son Guru:
V : Si vous
voulait un Guru parfait, prenez une photo et elle vous racontera tout ce que
vous voulez qu’elle vous dise; mais avec des gurus en chair et en os, il y a
toujours des tensions, on leur trouve des défauts à n’importe quel propos.
Combien de fois j’ai été fâché avec Ma!
Q : N'est-ce pas extraordinaire que les sadhakas
aient tant de mal à voir leurs propres défauts?
V : Dans le Mahabharata, il y a l'histoire de
Yudhisthira et de ses frères qui rencontrent le Yaksha (une sorte de divinité
de la nature) près d'un lac; les frères Pandavas avaient très soif, ils
essaient de boire sans répondre auparavant à l'énigme que leur pose le Yaksha
et en conséquence de cela ils tombent comme
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morts l'un après
l'autre. Celui--ci leur demandait ce qu'il y a de plus extraordinaire dans la
vie. Finalement, Yudhisthira qui était arrivé en dernier au lac trouve la
réponse et peut réssusciter ses frères; il s'agit du fait que tous, nous voyons
les gens mourir autour de nous mais malgré cela nous sommes convaincus au fond
de nous-mêmes que nous sommes immortels. Ceci dit, ce n'est pas si
extraordinaire si nous réalisons que nous avons au fond de nous-même le Soi,
qui est effectivement immortel. C'est lui qui est à l'origine de cette
conviction spontanée. Ce qui en fait est plus extraordinaire, c'est que les
sadhakas aiment critiquer les autres mais soient incapables de voir leur
propres défauts. Et ce qu'il y d'encore plus extraordinaire, c'est que si on
les leur fait remarquer, à la place de vous remercier pour ce service que vous
leurs rendez, il vous en veulent à vie…
Q : L’effet de votre
première rencontre avec Ma a-t-il duré?
V : Ce bonheur
surhumain que j’ai ressenti la première nuit après avoir rencontré Ma a duré un
an ou un an et demi avec la même intensité; après, il est devenu plus calme.
Q : Le fait que Ma était une
femme et qu’on la considérait comme une
mère vous a-t-il aidé?
V : Oui, en ce
sens que je me suis détaché complètement du besoin des autres femmes. Ceci dit,
je ne la voyais pas comme femme, pas
même comme un corps, dès le début je voyais la divinité en elle ainsi que le
guru.
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Q : Cela a dû être difficile
de tout renoncer d’un coup quand vous avez rencontré Ma?
V : c’était le
contraire, cela m’aurait été difficile de ne pas renoncer à tout une fois que
je l’ai rencontrée.
Q : Doit-on tester le guru?.
V : Il faut tirer
sur la corde pour voir si elle va casser. J’ai fait cela souvent avec Ma, et la
corde a tenu le coup.
Q : Peut-on voir Ma dans son
corps subtil?
V : Une première
fois à Raipur au début de mon séjour avec elle, j’ai senti sa présence
extrêmement forte. Puis à Almora en 1954, j’ai vu aussi son image; c’était une
époque où j’étais boulversé car elle m’avait soudain demandé de rester un an
complet loin de sa présence physique. Je savais que c’était elle de toutes
façons à cause du bonheur intense qui m’avait envahi. En fait, elle était à la
fois dehors et dedans, ce phénomène est survenu pour qu’elle puisse me donner
une leçon :’Je suis omniprésente, tu n’a pas à être désespérée par mon départ.’
Q : Peut-on voir le corps
subtil du Guru dans le rêve?
V : En général,
non. Pendant des années, je rêvais de Ma pratiquement toutes les nuits, mais
c’était mon mental qui rejouait des souvenirs. Parfois cependant, elle
m’apparaissait avec une grande intensité: là, on pouvait dire que c’était le
corps subtil de Ma. En fait, l’essentiel est sans forme, c’est l’éveil de la
kundalini. C’est une force impersonnelle intense
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qui est habillée
ensuite selon les samskaras (conditionnements profonds) de l’aspirant.
Q : Après que Ma a quitté
son corps physique, communiquez-vous avec son corps subtil?
V : On me demande souvent cela; je suis en contact avec Ma en tant que Conscience omniprésente et sans forme, mais non pas comme un corps subtil. Avant, Ma pouvait éveiller quelqu’un de tiède et qui n’avait pas trop de demande, mais maintenant, cette demande doit être intense, à ce moment-là elle aura sa réponse. Les photos de Ma par exemple peuvent être une aide.
Pendant que Vijayananda était en clinique à Delhi
pour deux semaines, une jeune femme fille d’ancien disciples de Ma et qui
connaît depuis sa petite enfance Vijayananda m’a dit :’Chaque nuit,
je rêvais que Ma était dans la clinique avec Vijayananda’
Q : Un groupe d’une école
de Yoga française est venu et a demandé à Vijayananda d’évoquer pour eux
l’intensité de son lien avec Ma. Il a raconté l’histoire suivante, que pendant
des années il ne voulait dire à personne car elle évoquait pour lui des
émotions trop fortes:
V : C’était un
peu après le mort de Didi Ma, en 1973. Un ami anglais m’avait proposé 20000
livres pour construire un ashram pour moi en Occident. Je lui ai dit ‘Je
viendrai peut-être le
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visiter une
fois’; Mais j’ai quand même parlé de cette idée au président de la Sangha de
Ma, le Raja de Solan. Peu après, c’était l’anniversaire de Ma à Bénarès. Comme
d’habitude, elle rentrait dans un état de demi-sommeil, mais cette fois-ci elle
avait le visage de la mort, comme Didima qui était décédée récemment. Comme par
hasard, on a arrêté son palanquin juste devant moi. J’ai compris qu'elle me disait :'Si tu t'en vas, je quitte mon
corps’. Je me suis mis à pleurer continûment pendant toute la soirée, c’était
comme une fontaine, on aurait plus en remplir des seaux entiers. Je n’avais
jamais vu cela auparavant ni chez moi ni chez d’autres; c’était la shakti de Ma
qui agissait. A la fin les gens sont devenus inquiets car Ma ne voulait plus
sortir de son samadhi. J’ai été dans la sorte de tente où elle était couchée et
où en principe personne n’avait le droit d’entrer à part Nirvanananda le pujari
et Didi. Je l’ai observée et je n’ai perçue chez elle aucun signe de
respiration. Je me suis mis à paniquer et je lui ai dit :’Ma, je vais rester
ici’ A partir de ce moment-là elle s’est remise à bouger un petit peu et à
respirer de nouveau. Une ou deux heures plus tard elle avait repris un état de
conscience normale.
Q : Pourquoi êtes-vous resté
si longtemps auprès de Ma?
V : En fait, je suis le seul occidental à être resté aussi longtemps auprès de Ma excepté Atmananda, qui a beaucoup travaillé pour traduire les entretiens privés de Ma avec les occidentaux et les livres. Plusieurs fois j’ai essayé de rentrer en Occident mais les choses ne se sont pas arrangées. Ma voulait
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que je reste en Inde, alors que les autres occidentaux, elle les laissait partir. Une raison pour cela peut être que Ma, étant divine, exigeait une pureté sexuelle parfaite de ceux qui étaient auprès d’elle et quel était l’occidental qui en était capable? J’étais le seul, je n’en vois pas d’autres.
3) Le futur de l’enseignement de Ma
Q : Pourquoi Ma attirait
moins de monde que des gurus ou chefs religieux engagés dans le travail social
à grande échelle?
V : Ma avait un niveau spirituel très élevé. Elle parlait de réalisation du Soi, de renoncer au monde. Cela n’attirait pas les foules comme le fait d’aider le monde et de faire du service social. Ramqkrishna disait qu’il y avait peu de gens dans la boutique où l’on vend des diamants alors qu’il y a foule dans celle où l’on vend des légumes.
Q : Pourquoi
n’y a-t-il pas eu plus de gens réalisés autour de Ma?
V : Ce n’est pas la vocation de sages comme Ma ou Amma de ‘donner” la Réalisation à tel ou tel disciple. De toutes façons un diciple qui obtient une réalisation complète est très rare; même autour du Bouddha, il semble qu’il n’y en ait eu que deux qui l’aient obtenue. Les grandes âmes sont venues pour mettre dans le courant le plus grand nombre de personnes possible. Après, ses fidèles ne peuvent revenir en arrière ou retomber. Même
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s’ils ne se réalisent pas dans cette vie, ils peuvent se fondre dans la forme cosmique de Ma à la mort ou avoir des renaissances dans les mondes supérieurs; et puis cette question a d’autres aspects: s’il y avait eu un grand nombre de disciples réalisés autour de Ma, ils seraient resté en eux-mêmes et qui aurait prêché l’enseignement de Ma? Peut-être se serait-ils aussi disputés entre eux pour la succeession de Ma. Celle-ci voulait sans doute que ses disciples avancés atteignent la réalisation directe de l’union du samsara (le monde) et du nirvana, c’est à dire le sahaja samadhi, sans risquer de quitter le corps pour de bon à l’occasion de nirvikalpa samadhis (état d’enstase complète avec perte de la conscience du monde extérieur) trop prolongés. Un disciple s’estime réalisé quand il a atteint le niveau de son Guru. Quand le Guru est Ma Anandamayi, cela prend du temps…
Q : Vandana Mataji est une
religieuse entre christianisme et hindouisme; Elle a été disciple du Père Le
Saux et vit actuellement comme une ermite à Rishikesh. Elle est passée avec un
petit groupe à Kankhal et a demandé à Vijayandanda de leur parler de Ma.
V : (après un long silence) La meilleure façon de parler de Ma, c’est le silence. De cette façon, on réalise sa présence.
Q : Question d’un résident
de l’ashram, avant le départ d’une résidente pour plusieurs mois: Vous dites
que le passé est illusion et n’a aucune réalité. Cela signifie-t-il que si
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quelqu’un s’en va il faut
l’oublier? Le propre de l’amour n’est-il pas
de se souvenir de ceux qui sont absents?
V : Tout d’abord, quelqu’un qui mène la vie de brahmachari dans un ashram ne doit pas avoir de l’amour-attachement pour une autre personne. Et puis, quand je sens une personne qui pense à moi, cela me donne de la joie à l’intérieur; Cela se passe dans le présent, pas dans le passé. Ce qu’il faut, c’est éviter de laisser la mental construire sur des évènements passés. Les personnes changent constamment, si on s’attache à une image fixée d’eux qui vient d’avant, on ne pourra qu’être déçu.
En parlant de quequ’un qui habitait depuis plusieurs années près de l’ashram pour sa sadhana : cela prend du temps pour aller au-delà du temps.
Q : Pourquoi certaines
personnes méditent mais ne semblent pas progresser?
V : Cela me rappelle ce que disait Laënnec à propos du traitement de l’oedème aigu du poumon : ‘Commencez par vider la voiture avant de fouetter les chevaux’. C’est à dire qu’il faut débuter par saigner l’individu avant de donner des stimulants cardiaques, car ainsi le travail du coeur est moindre et celui-ci ne risque pas de flancher complètement. De même, en début de sadhana, il faut commencer par se débarrasser de beaucoup de négativités avant de commencer à stimuler
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l’énergie par des pratiques de méditation intensives. Sinon on risqe une ‘insuffisance cardiaque aigüe’, c’est à dire que rien ne marchera plus.
Q : Pourquoi ne donnez-vous
pas de kriyas aux gens pour qu’ils se purifient le mental plus vite?
V : ce n’est pas avec des respirations que les gens vont se purifier le mental, c’est en changeant leur vie. Il y a une différence entre le simple excercice de relaxation qui est du domaine de la psychologie et le véritable kriya qui donne une grand intensité; pour enseigner ceux-ci à quelqu’un, il faut savoir ce qu’il va faire de son énergie spirituelle une fois éveillée, si elle ne va passer dans des réactions négatives ou être déviée vers une recherche de pouvoirs; ceux qui ont une sincérité complète pour la sadhana sont très rares, et ceux qui ont seulement même un début de motivation pour celle-ci sont encore assez rares.
Q : A quelqu’un qui vivait
en couple et qui ne se disait jamais en colère, bien qu’il se demandait si
c’était normal ou si c’était du refoulement:
V : Au début, le refoulement est un moindre mal, c’est bien meilleur que de laisser la colère s’exprimer par des mots, voire même par des actes violents. (après avoir plus parlé avec le visiteur). Vous n’observez pas le brahmacharya? Pour ceux qui le font, la colère n’est pas une mince affaire à maîtriser, car elle vient au fond du désir frustré. La colère donne une blessure du
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corps pranique; Si elle est répétée, celle-ci peut se manifester sous forme de maladies somatiques. (En parlant d’un sadhu de l’ashram dont le comportement parfois indiscipliné lui valait de vives récriminations): On lui reproche d’être un peu fou, mais il doit avoir un certainement avancement spirituel car il ne répond jamais aux critiques qu’on lui fait par la colère.
Q : Le contentement est-il
une qualité fondamentale de la sadhana?
V : Oui. Il y avait un sage hassidique auquel on demandait d’expliquer le contentement. Il a répondu en disant: ‘allez plutôt voir Zisia’. (Zisia signifie le doux) Celui-ci était un homme très pauvre et qui d’après les critères du monde avait eu toutes sortes d’ennuis et de souffrances dans la vie. Quand les visiteurs se sont mis à évoquer cela, il s’est mis a rire et à dire : ‘demandez à quelqu’un qui a souffert; en ce qui me concerne, je n’ai jamais eu de souffrances!’ Cétait un fou de dieu, ce que les autres considéraient comme malheur n’était pas tel pour lui. Un jour, il s’était fait battre comme plâtre, mais à la place de se défendre il riait. Il faisait partie de ses grands fidèles de Dieu qui peuvent opérer un miracle en proférant un seul mot.
Q : Quelle est le rôle de
l’humilité?
V : Si quelqu’un est arrogant vous pouvez être sûr qu’il n’a pas atteint un niveau spirituel élevé. (A propos
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d’un guru qui était fâché qu’on ait omis de mettre son nom dans un programme où il était invité): Plus les gurus ou chefs religieux sont élevés, plus ils sont sensibles à l’insulte; ils s’attendent à être respectés, alors qu’un enfant, si on l’envoie promener, s’en moque complètement. Il y aura toujours des raisons d’être fâché, alors, au fond, pourquoi se fâcher? Et pourquoi un sage serait-il arrogant? Son corps est sujet à bien des maladies et est impermanent, son mental produit toutes sortes d’absurdités et son Soi ne lui est en fait pas personnel, il est le même qu’en tout un chacun.
Un Oiseau sur la
branche
(suite
des extraits de la nouvelle biographie de Ma
par
Bithika Mukerji)
…Sri Ma a parlé en certaines occasions de son jeu de
sadhana lorsqu'elle était jeune femme dans son style inimitable, qui et simple
mais profond. 'Les kriyas (exercices) yoguiques étaient juste comme le goût à
jouer des années d'enfance) - pour moi il n'y avait ni différence ni nécessité
pour l'un ou pour l'autre. Dans le même sens,
Sri Ma répondait de la manière suivante à la question de savoir s'il
était obligatoire de pratiquer une sadhana pour neutraliser le lien qui
survient quand on assume un corps matériel:
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"C'est la manière dont on voit ce corps qui détermine la
façon dont on le jugera. Certains disent que si on a pratiqué la sadhana dans une vie antérieure, la vie
présente en verra la culmination. Mais ici, si nous parlons de sadhana, d'où ce
corps en a-t-il appris les méthodes? Il n'y avait pas de personne du dehors qui
soit venue enseigner quoique ce soit à ce corps! N'ai-je pas dit bien des fois
que la sadhana n'est qu'un jeu? Est-ce que je ne dis pas parfois: 'Visitons
telle ou tel endroit' alors que je le connais déjà? En vérité c'était seulement
un khéyala (une intuition divine,
certaine) et rien d'autre. (p.52)
…"Ce corps répond donc au niveau de
compréhension de l'interlocuteur. Quelles limites peut-on fixer au opinions de ce corps? Mais si vous
suivez une ligne d'approche traditionnelle, vous pouvez atteindre le but et de
nouveau au-delà demeure ce qui n'est pas atteint. Mais là où la distincition entre
ce qui peut être atteint et ce qui n'est pas atteint s'efface, il y Cela même.
Ce que vous entendez dépend de la manière dont vous jouez de l'instrument. Pour
ce corps, les différences d'opinions sont des questions qui ne se posent pas.'
(p.53)
… "La où il n'y a que le Un, comment
distinguer entre celui qui joue et le témoin? En y réfléchissant, vous vous
apercevrez que tout ce qui peut être brûlé par un grand feu peut l'être par une
étincelle aussi, la grande flamme et la petite braise sont une. Si vous parlez
du tout et de la partie, cela revient toujours au même. L'unité est ainsi :
s'il n'y a rien d'autre que le Un, où se trouve le spectacle, où se trouve ce
qui est réel?
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Les jours paisibles aux milieux des plans
d'eaux des villages bengalis allaient bientôt devenir de simples souvenirs pour
ceux qui les avaient vécus auprès de Nirmala (le premier nom de Sri Ma). Le
temps venait où Sri Ma allait apparaître comme une personne d'une grande
éminence spirituelle. Les personnes qui allaient former le noyau de son
entourage étaient pratiquement prêtes à la recevoir parmi elles; il s'agissait
de la réalisation d'une aspiration inexprimée, mais pourtant profondément
resssentie pour un autre type de vie, celle qui considère que les joies
fragmentaires de ce monde sont insatisfaisantes et qui vise à rien moins que
cette plénitude de félicité dont la tradition fait l'éloge sous le nom de
Réalisation du Soi ou de Dieu. (54)
Voici
maintenant un souvenir bref, mais intéressant, de Shakti Kumar Ghosh qui était
enfant à Dhaka lors des débuts de la vie publique de Ma : "Nous tous, les enfants, nous étions en train détudier à l'étage.
Quelqu'un nous appela d'en bas: 'Descendez, la Ma de Shahbag est venue' 'la manush-Kali (la déesse Kali sous forme
humaine) dans notre maison?' 'Nous sommes descendus doucement, tremblant de
peur. Quand nous somme rentrés dans la pièce, nous vîmes une dame très belle
avec un sourire radieux. Nous nous sommes rapprochés d'elle sans avoir besoin
de nous faire prier. Nous avons fait pranam chacun à notre tour. A moi elle me
dit :'Tu es un bon garçon!'
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Ces paroles ont été
comme des rennes qui ont retenu le 'cheval' pendant son existence. A chaque fois que j'ai eu des tentations à
prendre le mauvais chemin, et certes il y en a eu, le souvenir de ces paroles
m'a sauvé. Jay Ma!" (p.56)
Les parents de Ma, Bipin Bihari et Mokhada
Devi vinrent à Shabbagh en fin août 1924 à l'invitation de Bholonath. Au début
de ce mois la seconde soeur de Sri Ma, Surabala, était décédée à Jaidevapura
alors qu'elle n'avait encore que seize ans. Sri Ma et Bholonath avaient été la
voir. Les parents de Ma étaient aussi venus de Vidyakut. Bholonath avait pensé
que cela représenterait un changement pour les parents d'habiter chez leur
fille aînée et que cela ferait aussi une occupation pour Sri Ma également. Il avait lui-même vivement ressenti le
décès de la jeune fille. Il supposait qu'il en serait de même pour Sri Ma,
qu'elle serait écrasée par le chagrin car elle aimait tendrement sa soeur. Il
avait encore beaucoup à apprendre sur Sri Ma, en l'occurrence que les
attentions qu'elle prodiguait ne dépendant pas du résultats de ses services. On
ne la voyait jamais dans le chagrin quand un ou une de ses proches mourait.
(p.67)
…A leur retour de Calcutta ils
s'installèrent chez Surendra Mohan Mukerjee. Il n'avait pas recontré Ma
auparavant mais il avait accepté comme hôte Ma et son groupe. C'était le début
d'une longue fréquentation et aussi un mode de rencontre qui allait se répéter
maintes et maintes fois à l'avenir. Il survint
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du aussi un autre genre
d'évènements qu'on peut appeler normal avec Ma, car ils revenaient avec une
grande régularité: le jour départ elle alla rendre visite à Pramatha Nath. Il
ne pouvait maîtriser suffisamment ses émotions pour parvenir à lui faire ses adieux. Sri Ma rata son
train. Nombre de gens étaient venus prendre congé d'elle, lui apportant des
confiseries au lait et des fruits pour le voyage. Il y eut une averse soudaine
qui trempa les gens en dehors de la maison. Il se mirent à chanter du kirtan et
furent heureux de simplement pouvoir voir Sri Ma. Bholanath se joignit au
chants. Des inconnus devinrent des amis. Quand la pluie cessa, Sri Ma
s'arrangea pour préparer un repas correct pour tout le monde à partir des
aliments apportés pour elle et son groupe. Un air de réjouissance festive
reignait de façon suprême. On oublia l'inconfort de vêtements mouilllés; on
avait eu une autre journée en compagnie de Ma avant qu'elle ne retourne à
Dhaka. De tels repas improvisés dans des circonstances défavorables étaient
rendus merveillleux par la présence de Sri Ma qui semblait prendre grand
plaisir à créer de l'ordre à partir du chaos. La plupart des fidèles doivent avoir de nombreux exemples de tels
évènements.
Shahbag redevint le centre d'activités pour
les gens de Dhaka. Il se trouva que le 6 août 1926 Sri Ma accompagnée d'une
foule de gens alla à Siddheswari. Comme d'habitude elle pris place sur son
siège usuel, c'est à dire la petite plate-forme. Les gens étaient debouts
autour d'elle. Une des témoins directs de la scène rapporte :'Ma était assise
sur la plateforme le jour
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d'ambuvaci et le changement qui l'a envahie était tout à fait
étonnant. Son corps entier paraisait être du feu -mais ils'agissait d'un feu qui
émettait le rayonnant le plus doux et le plus réconfortant que l'on puisse
imaginer. Elle rayonnait glorieusement mais ne causait aucune douleur à notre
vision. Jusqu'au jour d'aujourd'hui, j'ai un souvenir clair et vivant de cette
transfiguration… Je dois dire ici qu'elle n'était pas encore 'sortie' et que
très peu de gens connaissaient son existence.' Le témoin direct, le Pr Girja
Shankar Bhattacharya continue en écrivant que Sri Ma parla à quelques uns
d'entre eux individuelllement. Elle lui
a déclaré 'Je ne connais que le Un' âmi
jâni aik…après cette affirmation on l'entendit prononcer des mantras
sanskrits. Le Professeur écrit, 'Il était impossible de la suivre en cela
tellement rapide était le flot de mots qui jaillissaient d'elle, mais on
comprenait clairement qu'elle parlait de l'Unité des choses et il me semble me
souvenir de la présence du mot âbrahmastambaparyantam.
Ainsi, au début même de notre relation, Ma a parlé de l'Unité dans la Diversité
-cette vérité qu'elle m'a fait rentrer dans la tête de façon si vigoureuse par
ses paroles et sa conduite dans les années qui ont suivi.
On connaissait bien Sri Ma dans l'ashram de Bholagiri Maharaj. Son
successeur Sri Mangal Maharaj accepta d'initier Shashanka Mohan, le père de
l'assistante de Ma, Didi, dans l'ordre des Giris. C'est l'un des ordres de
sannyasis les plus prestigieux d'Inde. On demande au disciple d'effectuer un
sacrifice au feu, yajna, en renonçant à
ses liens avec le monde. Il dépose dans le feu toutes les conceptions qu'il a
de lui-même
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comme individu, membre
d'une famille, d'une société, d'une nation, même de sa caste et de son
appartenance à une forme religieuse donnée. On cherche à libérer le 'Je' de
toutes les limitations afin qu'il s'identifie avec le Un et ainsi avec le monde
entier. Un sannyasi n'appartient à personne ni à aucun lieu et par conséquent à
tout le monde et à tous les endroits.
Sri Ma et une poignée de ses compagnons
assistèrent à cette cérémonie solennelle, l'accomplissement le plus haut pour
un brahmin élevé dans la tradition hindoue. Shashanka Mohan, après avoir mené
une vie bien remplie et utile dans le monde (il était un médecin connu de Dhaka
et enseigné à la faculté de Médecine), il était maintenant préparé, digne de
renoncer au monde pour plus grand bénéfice de celui-ci. On lui donna le nouveau
nom de Akhandananda Giri. Vêtu d'habits oranges, il vint présenter ses respects
à Ma. Elle dit 'jusqu'à maintenant, vous avez rendu des services constants,
incessants (akhanda) à votre famille
et à votre profession. Désormais consacrez-vous avec la même constance à la
recherche de la Réalisation du Soi. (p.158)…Le fils de Sashanka Mohan, Nantu, voyait d'un mauvais oeil le détachement
croissant de son père par rapport à la famille. Parfois il reprochait à Ma de
le faire abandonner la vie familiale et de le réduire à une vie de mendicité.
Après sa prise de sannyas, Nantu prit une photo de son père avec la tenue
minimale de l'ascète, un simple linge autour des reins, un bâton à la main et
un kamandalu (un pot en général en
bois avec une anse) à ses côtés. Il avait fait imprimer ces paroles dans la
photographie elle-même: 'Ma, n'avez-vous pas fait
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assez même maintenant?'
(en bengali: aikhano ki hayni Ma?).
Il envoya cette photo à Sri Ma. Elle orne toujours un mur de l'ashram de
Vindyachal.(p.61)
A
propos de Swami Paramananda qui allait devenir le bras droit de Ma pendant les
dernières dizaines d'années de son existence: Sri Ma a dit que quand Bhaiji
était alité pour sa dernière maladie à Almora, elle avait vu (en vision) le
visage d'un jeune sadhou. Elle savait qu'elle allait le rencontrer
prochainement. Quelques temps plus tard Sri Ma était à Dehra-Dun. Un jour
Bholonath retrouva le jeune sadhou qu'il avait déjà rencontré à Uttarkashi; il
sortait de l'ashram de Ramakrishna. Ils entamèrent une conversation et
marchèrent jusqu'à l'ashram de Ma qui était la porte à côté. Sri Ma le reconnut
comme la personne de sa vision. C'était Paramananda. Sri Ma lui dit: 'Dès que
vous en ressentez le besoin vous pouvez venir me voir.' Elle fit plus tard la
remarque suivante à ses companions:'L'un est parti (Bhaiji), un autre est
venu.'
Paramanada n'était pas encore prêt à
s'installer. Il s'en alla à Uttarkashi (plus haut sur le Gange, au coeur de
l'Himalaya; à cette époque, il s'agissait d'une agglomération peuplée surtout
de sadhous). Sri Ma le rencontra de nouveau là-bas. En fin 1939 il vint à
Vindyachal à la recherche de Sri Ma et resta; il devint peu à peu partie
intégrante de l'ashram; on se souvient de ses capacités d'organisation
phénoménales avec émerveillement. On pourrait raconter bien des histoires de
ses réussites dans les conditions les plus éprouvantes. Sri Ma en
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vint à s'appuyer sur ses
avis et les gens s'habituèrent à l'entendre dire souvent, 'demandez à
Paramananda'.
Celui-ci avait quitté sa maison lorsqu'il
n'était qu'un garçon de douze ans. Il avait parcouru à pied toute la chaîne de
l'Himalaya. Une fois il s'était complètement perdu mais retrouva heureusement
un troupeau de mouton qui lui montra le chemin d'un village. Il avait passé de
nombreuses années à Uttarkashi à étudier les écritures avec de savants moines,
en particulier Sri Debigiriji Maharaj. Encore maintenant tous les fidèles de Ma
se souviennent de ses manières douces, de sa dévotion entière à Ma, de sa
promptitude à aider ceux qui en avaient besoin, de sa générosité et de sa
capacité certaine à réaliser quelque chose avec rien!
Un aperçu de certains lieux de Ma au Bangladesh
par Jacques Vigne
J'ai eu l'occasion au mois d'octobre de
faire un bref séjour au Bangladesh. C'était la fin de la mousson et la campagne
était encore inondée par endroits; ces inondations ne sont pas des catastrophes
en soi comme on le croit souvent en occcident,
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mais elles assurent la
fertilité du pays. Ce qui est plus dangereux pour l'agriculture sont les
sécheresses qui sévissent certaines années dans le nord du pays, et évidemment
les cyclones qui sont si dévastateurs pour les zones plates aux bords de la
baie du Bengale. Le village de naissance de Ma, Khéora, est typique; il n'y a toujours pas de route
pour y accéder, bien que le chemin y menant soit en cours d'élargissement, et
il y aura donc bientôt une route à une voie se faufilant à travers les rizières
jusqu'à l'agglomération. Celle-ci est à quelques kilomètres de la frontière
indienne, à deux kilomètres de Casba, vingt kilomètres de Brahman Bariya, ville
par laquelle on peut venir en deux heures de train de Dhaka et près d'Agartala
au Tripura du côté indien. Il y a trois endroits
consacrés à Ma dans le
village, un temple simple mais émouvant
juste à l'endroit où elle est née, avec le lieu de son ancienne maison où il y
a maintenant un bâtiment appartenant à l'ashram; de là, la vue s'ouvre sur les
rizières, la plupart inondées en cette saison. Le charme indéniable de
l'endroit pour les fidèles de Ma est qu'il n'a pas dû beaucoup changer depuis
l'époque où la jeune Nirmala jouait au milieu de la végétation luxuriante qui
entoure les maisons. Il y a un autre bâtiment où habite un vieux sadhou
disciple de Ma et juste à
côté une grande école au
nom de Ma Anandamayi qui accueille
sept cents élèves, la
population a probablement augmenté depuis la période de Ma, de ce point de vue
là il doit y avoir un changement. Nombre de musulmans soutiennent cette école;
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ils sont fiers que leur
village ait donné naissance à une sage comme Ma Anandamayi; ils représentent la
majorité religieuse du village et de la ville d'à côté, Brahman Bariya (nom qui
signifie probablement 'les maisons des brahmines'). Ces derniers sont
maintenant en minorité mais restent actifs religieusemenent; j'ai été accueilli
pour 24 heures par l'un d'entre eux, Pinaki Bhattacharya qui représente là-bas
la Sangha de Ma. Il y mène une vie traditionnelle d'agriculteur avec dans sa
ferme cependant un temple spécial pour célébrer Durga Puja; il est inconcevable
là-bas de prendre son déjeuner sans aller prendre d'abord son bain dans l'étang
attenant à la ferme…
Il se trouve que c'était la date de
Kali-Puja, et j'ai donc pu aller passer tout le début de la nuit au ghats des
morts qui
comprenait aussi un
nouveau temple à Kali, deux chambres pour les sadhous qui voulaient faire leur
sadhana à cet endroit et un hall ouvert pour les réunions de la communauté
hindoue, le tout au bord d'une rivière qui s'élargit considérablement à travers
les rizières inondées en cette saison, ce qui fait que dans certaines
directions on voit de l'eau à perte de vue. Un mort était en train de brûler
sur le bûcher à l'extrémité de la cour du temple donnant sur le cours d'eau,
pendant que de l'autre côté les cuisiniers préparaient un festin dans d'énormes
casseroles pour toutes les personnes présentes; certains fidèles dansaient plus
ou moins en transe près du bûcher, d'autres jouaient d'énormes tambours
réservés au culte de la déesse dans le hall
26
pendant que d'autres
encore prenaient le thé et mangeaient le prasad; cette sorte de familiarité avec le sacré et la mort tout à la
fois paraît naturelle dans un pays de longue tradition tantrique comme le
Bengale. Certains brahmines qui ne sont pas satisfaits de la prédominance
politique des musulmans à Brahman Bariya ont été s'installer à dix ou vingt
kilomètres de là du côté indien de la frontière, mais reviennent facilement
dans leur ville natale pour les fêtes.
A Dhaka, le jardin de Shahbag au centre de
la ville qui appartenait au nawab et où Bholonath travaillait est devenu le
terrain pour la faculté des Beaux-Arts, des expositions y sont organisées. De
manière générale, on est heureusement surpris de voir dans Dhaka un certain
nombre de signes de développements économiques récents. la prairie de Ramna qui
est proche est devenu
une partie du grand jardin public au centre de la capitale; le peuple y a
proclamé son indépendance en 1971, ce qui a mené à une guerre de libération
sanglante pendant huit mois. L'ashram de Ma avait été détruit par les musulmans
au moment de la Partition. Le temple de Siddheshwari qui à l'époque de Ma dans
les années vingt était l'endroit idéal pour faire retraite en pleine nature est
maintenant entouré de tours de dix étages et non loin d'une grande mosquée,
avec des embouteillages de voitures le soir à la sortie des bureaux dans la rue
où il y a le temple de Kali (Kalibari) et à cent mètres plus au nord le petit
ashram de Ma… Cependant, on peut toujours voir la petite plateforme (védi) sur
laquelle Ma
avait coutume de
s'asseoir; c'est là aussi qu'elle a reçu de Bhaiji
le nom d'Anandamayi.
Pour ceux qui ont étudié la vie de Ma, il
est intéressant de visiter ces lieux où elle a commencé sa lila, son jeu sur cette terre.
Nouvelles
-
En mi-novembre la Sangha a fêté sa cinquantième
Samyam Saptah, c'est à dire semaine de retraite. Cela a été une occasion pour
beaucoup de fidèles de Ma dispersés dans le monde de se ressourcer auprès de
son samadhi et en présence d'anciens disciples de Ma et de Swamis avancés sur
le chemin spirituel.
-
Juste après la conclusion de cette semaine et
quand un peu de calme est revenu dans l'ashram nous avons fêté les 85 ans de
Swami Vijayananda avec certains amis venus de Paris et d'autres d'Inde. C'était
un évènement spirituel qui s'est en même temps déroulé dans une ambiance de
fête de famille. Lui qui n'est pas trop en faveur de recevoir des cadeaux en a
reçu un bon nombre qu'il a déjà redistribué ou redistribuera pour la plupart
selon son habitude et celle
28
-
qu'avait Ma également. Nous avons fait un livre en
anglais plus complet que Un Français dans
l'Himalaya avec ses articles sur Ma et ses conversations; le texte est
aussi déjà saisi sur ordinateur et pratiquement prêt pour le passage sur
internet. Vous pouvez visitez de temps à autre le site de Ma à www.anandamayi.org Il y a régulièrement de
nouveaux matériaux qui y sont installés.
-
La plupart d'entre vous se sont abonnés jusqu'en
fin 2000 et n'ont donc pas de renouvellementà faire. Pour les nouveaux venus
qui voudraient s'abonner jusqu'à cette date-là, ils peuvent envoyer un chèque
de quarante francs à l'ordre de J.Vigne à cette effet à Mme Vigne 95 rue
Jacques Dulud 92200 Neuilly. Pour tout le reste de la correspondance, écrire à
Jacques Vigne; de janvier jusqu'en début avril, je serai en ermitage à Ma
Anandamayi Ashram Dhaulchina 263881 Almora UP Inde; les lettres arrivent en dix
jours comme pour Kankhal dans la plaine. Les lettres qui me seront adressées à
Kankhal à cette période ne seront pas perdues mais m'arriveront plus tard. En
mai je serai de nouveau à Kankhal, et de mi-juin à mi-juillet il est possible
que j'accompagne un pèlerinage au Mont Kailash avec Léonard Appel et le groupe
d'Initiations de Bruxelles.
-
Une seconde retraite avec Swami Nirgunananda se dessine pour fin août ou
début septembre. Les participants à la première rencontre de juillet dernier
ont manifesté le désir de revoir Swamiji. Pour indiquer votre éventuelle
participation et pour avoir plus d'informations sur cette
29
retraite écrivez ou
téléphonez à Claude Portal 12 rue Lamartine 78100 St Germain-en-Laye 01 34 51
74 41. Celui-ci aimerait savoir très à l'avance (vers février-mars) les gens
qui s'inscrivent car il faut qu'il choisisse un endroit de retraite en
fonction. De plus, il ne souhaite pas envoyer de grands courriers où la plupart
des gens ne répondent pas comme les font les entreprises commerciales; il est
donc meilleur que ceux qui sont intéressés par cette retraite se manifestent
d'eux-mêmes auprès de lui.
La revue Jay Ma offre tous ses voeux pour l'an 2000 aux lecteurs. Ma
suggérait aux sadhakas d'aller au-delà du temps: après tout, il s'agit d'une
construction de notre mental et sa perception n'est possible qu'à travers un
mouvement de celui-ci. Quand on sait arrêter le mental vient la mort du Temps.
Il existe une Paix véritable qui est au-delà de celui-ci, et on peut
expérimenter cette quiétude. C'et à la fois un fait, et le souhait de Jay Ma
pour ses lecteurs au moment où nous atteignons l'an 2000.
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Table des matières
Paroles de Ma p.1
Réponses de
Vijayanda p.4
Comme un oiseau sur la
branche B.Mukerji p.15
Aperçus des lieux de Ma
au Bangladesh J.Vigne p.23
Nouvelles p.27