Jay Ma 54    Automne 1999

 

JAY MA

SHREE MA ANANDAMAYI

 

 

1

 

Paroles de Ma

 

 

Je ne dis jamais :’je vais faire ceci, je vais faire cela’. C’est vous qui me faites faire toutes les oeuvres qu’il est en votre pouvoir de me faire faire

 

   Ce corps  répnd au niveau de compréhension de l’interlocuteur. Quelle limite peut-on donner aux opinions de ce corps ? Mais si vous suivez une voie d’approche traditionnelle, vous pouvez atteindre le but et au-delà demeure ce qui n’a pas été atteint. Mais là où il n’y a pas de distinction entre ce qui est atteignable et ce qui n’a pas été atteint, c’est ‘Cela’ même. Ce que vous entendez dépend de la façon don’t vous juez de l’instrument. Pour ce corps les différences d’opinions représentent une question qui ne se pose pas.

 

C’est en cherchant à vous connaître vous-même qu’on peut trouver la Grande Mère de tous

.

Vous ne pouvez pas ? Pourquoi ? Vous devrez le faire de toutes façons. En vérité, l’être humain peut tout faitre. Qui peut dire ce qu’Il donnera à qui et par quel intermédiaire ? Tout est Sien, entièrement Sien ? Qu’avez-vous apporté avec vous à la naissance ? N’étiez-vous pas les mains vides ? Et tout ce que vous avez acquis, était-ce réellement à vous ?

   

 

 

2

 

Vous utilisez les termes ‘ordinaire’, ‘extraordinaire’ ; A mes yeux il n’y a pas de différence ; c’est comme un clignement des yeux.

 

  Je n’ai pas eu ce genre de renoncement dans votre sens ordinaire du terme. Car ce corps a vécu avec un père, une mère, un mari et d’autres parents ; ce corps a servi son mari donc vous pouvez l’appeler une femme. Il a préparé les repas pour tout le monde, vous pouvez donc l’appeler une cuisinière ; il a fait toutes sortes de travaux de récurage des plats et de ménage, vous pouvez donc l’appeler une servante ; mais si vous regardez les choses d’un autre point de vue vous réaliserez que ce corps n’a servi personne si ce n’est Dieu. Car… j’ai simplement considéré chacun comme une manifestation du Tout-puissant. (AKD Gupta ‘A page from my Diary’ Mother as seen by Her Devotees, Varanasi, 1956, p.13)

 

   Un jour un monsieur demanda à Ma après l’avoir vue en samadhi   : ‘vous étiez évidement en communion avec Dieu ; maintenant vous devez redescendre à notre niveau pour nous dire des choses qui puissent nous aider.’ Shri Ma sourit et dit :’Etes-vous différents de Dieu ? je ne sens ni montée ni descente. A mes yeux tout est identique. Seules les réactions corporelles diffèrent’.

 

   Vous voir vous-même en chacun et réaliser que chacun est en vous-même, c’est le but suprême de la connaissance spirituelle

3

 

                      Réponses de Vijayananda

 

   Dans ce numéro, les réponses de Vijayananda ne sont pas écrites pour Jay Ma comme d’habitude, mais sont des réponses orales données au satsang quotidien du soir à Kankhal qui ont été compilées récemment sous forme d’une nouvelle série d’entretiens couvrant lapériode de 1996  à 1999.

 

Question: Qui est le guru?

Vijayananda : Il n’y a qu’un seul Guru, c’est Dieu. Ma disait souvent cela, mais ce n’est que maintenant que je le réalise complètement. Le Guru physique peut avoir des défauts, le corps a toujours des défauts, mais le Guru est un instrument, un canal du divin. Il y a les mauvais conducteurs, les bons conducteurs et les super-conducteurs. Ma était un super-conducteur.

 

Q : Ce point de vue aide-t-il le disciple à ne pas voir le guru de façon personnelle?

V: Ma disait que même si le disciple tombait amoureux du Guru, si celui-ci était un Sadguru il pouvait transformer cet amour et le diriger vers Dieu,.

 

Q: Ma donnait-elle des instructions pendant des discours?

V : Non, Ma ne faisait pas de discours, mais elle donnait des instructions individuelles précises durant les entretiens privés. Par ailleurs, elle pouvait donner des suggestions pratiques aux gens; s’ils étaient capables de les saisir au vol, il pouvait éviter                                                    

 

4

 

 

l’accomplissement d’un mauvais karma du passé, un accident par

exemple. Ma pouvait aussi faire monter et descendre la kundalini de ses disciples d’un seul regard, de façon tout à fait informelle et sans en avoir l’air. C’était parfois important de pouvoir faire redescendre la kundalini de ceux chez laquelle elle était monté trop vite et qui ne pouvaient faire face à l’afflux d’énergie.

 

Q: Ma pouvait-elle faire des miracles avec tout le monde?

V: Non. Celui qui fait le miracle et celui qui le reçoit doivent être complètement en harmonie comme un couple de danseur. Même avec le Christ, c’était comme cela; ceux qui n’avaient pas la foi ne pouvaient être sauvés. Quand Ma était âgée, j’ai fait un rêve, mais les images que j’ai vues étaient aussi vives que la réalité: j’étais avec un groupe de visiteurs, principalement des étrangers sur une vérandah pour garder la porte de Ma, et elle est passée; je leur ai demandé:’avez-vous vu Ma?’  Ils m’ont répondu ‘non’. Quand Ma était jeune, tout le monde était boulversé (enthralled) à son contact. Après, elle était plus à l’intérieur, et seuls ceux qui avaient l’intensité et une grande foi en elle pouvaient percevoir directement son pouvoir.

 

Q : Ma aurait-elle pu rester plus longtemps dans son corps?

V : Oui, bien plus, mais elle en avait assez. Les gens n’avaient pas assez d’intensité pour la faire rester.

Q : Mais pourtant, les foules paraissaient électrisées pendant ses kirtans!

V : C’était de l’excitation, ce n’était pas de la véritable intensité.

 

5

 

 

Q : Certains disent que Ma était tantrique:

V : Le Tantra, c’est l’adoration de la Mère divine. Comment aurait

aurait-elle pu adorer la Mère divine alors qu’elle était elle-même la Mère divine? Par ailleurs, pour Ma, et même tout simplement pour un sadhaka avancé, toutes les voies confluent en un seul Yoga, la synthèse des Yogas si l’on peut dire. Il s’agit d’un Yoga total où toutes les chemins sont comprises et intégrées. Ce n’est qu’au début que les voies sont séparées.

 

Q : Arrivait-il que Ma se guérisse elle-même?

V : Une fois, un médecin avait prescrit à Ma de prendre des hautes doses de turméric. Après elle a développé un paralysie débutante aux jambes et elle m’a dit:’Je pense que c’est à cause de l’excès de turméric’. A cette époque, je n’ai pas pu l’approuver car cela n’était pas dans les connaissances de la médecine occidentale; mais par la suite on a découvert que les excès de vitamine A, contenue en grande quantité dans le turméric, peuvent donner des neuropathies périphériques c’est à dire entre autres des paralysies.

 

Q : Quelle est la place de la méditation dans la sadhana?

V : Les gens qui ont une expérience spirituelle savent que la méditation est un des derniers stades du Yoga à huit membres de Patanjali, et qu’il faut donc des bases très solides pour pouvoir la pratiquer à fond. Ce que font même les sadhakas assez avancés correspond à la dhâranâ (qu’on traduit en général par concentration). La véritable dhyâna est très rare, c’est presque le sâmadhî. C’est la seconde vague de hippies, celle qui bien que prenant des drogues avait un certain intérêt pour les choses

6

 

spirituelles, qui a lancé l’idée de la méditation comme une panancée universelle. En fait, cela ne marche pas comme cela.

Il faut méditer à heures fixe, certes, mais cela ne signifie pas qu’il faille se forcer. Il faut plutôt donner au corps la bonne habitude de s’asseoir régulièrement. On dit que notre prarabdha karma, c’est à dire en pratique notre destinée n’est pas comptée en nombres de jours à vivre mais en nombre de respirations.Ainsi ceux qui respirent paisiblement auront une vie plus longue. Plusieurs fois dans ma  sadhana je me suis trouvé en face d’un mur et je me suis dit :’C’est impossible à traverser!’ Mais je l’ai fait, et ensuite c’était tout à fait facile: impossible n’est pas français…Evidemment dans la vie quotidienne, il faut savoir s’adapter et  contourner les obstacles.

 

Q : Une jeune femme était en cours de remariage après un divorce : ‘Comment gérer les problèmes relationnels?’

V : Il faut s’habituer à voir le Divin dans les autres.

Q : Quand on les aime, c’est trop facile.

V : Pas tant que ça, il faut les voir au-delà de leur aspect personnel, c’est à dire sans attachement. Pour ceux qu’on n’aime pas, mieux vaut les éviter, à moins d’être déjà dans un état très élevé. Si on ne peux faire ainsi, il faut prendre le fait de les côtoyer comme une sadhana.

 

Q : Comment être introverti sans être égoïste?

V : En s’apercevant que le Soi qui est fond de soi n’est pas différent du Soi qui est au fond des autres. A ce momeent-là, l’amour pour les autres devient complètement naturel.

 

7

 

Q : La sadhana dans le monde doit-elle être spontanée, facile ou le

résultat d’un effort persévérant?

V : Il ya l’histoire hassidique suivante: un jour deux enfants vinrent rendre visite à un grand sage qui leur donna de la bière à boire; l’aîné ne dit trop rien, mais le plus petit qui n’avait guère que trois ou quatre ans s’exclama tout de suite :’cest amer mais c’est bon!’  Le sage conclut immédiatement :’Cet enfant deviendra un grand spirituel!’

 

Q : Une personne revient de chez un guru qui dit que l’état de mariage et celui de célibat consacré à la vie spirituelle sont pareils, dans les deux on peut avoir la même vie spirituelle.

V : Je ne suis pas d’accord! Si on est déjà marié et qu’on le reste tout en développant une vie spirituelle, c’est bien, mais si l’on n’est pas marié avec une vie spirituelle intense et qu’on se marie, à ce moment-là, c’est un échec, une régression.

 

Q : Un père de famille dont la fille déjà assez âgée n’est toujours pas mariée : ‘C’est un problème  pour une femme de se marier tard!’

V : C’est au contraire bien de se marier tard, de cette façon le nombre d’années qu’on passe avec des problèmes de couple est moindre!…Certains prennent prétexte qu’ils vivent dans le monde pour dire qu’ils n’ont pas le temps, qu’ils ne peuvent pas faire une sadhana; mais on peut créer un environnement favorable à celle-ci: une pièce pour la puja, ne pas voir n’importe qui, le satsang (rencontre avec des gens spirituels) et si cela est difficile, au moins la pratique de cette forme de satsang que représente la lecture de livres de saints ou de sages. De toutes façons, si on a un désir

8

 

intense de trouver des conditions favorables pour la sadhana, les choses s’arrangeront d’elles-mêmes dans ce sens.

 

Q : Comment développer l’intensité dans la sadhana?

V : Notre intérieur est comme un seau percé; il faut boucher les trous qu’il a pour qu’il puisse se remplir. Il faut bien observer les endroits où le mental part vers l’extérieur, ‘a des fuites’, et il faut boucher les trous, c’est le propos des yamas et des niyamas. Nous connaissons ici une aspirante spirituelle qui a été fort attachée à son chien pendant des années; après la mort de celui-ci, son désir de se marier est devenu très intense, et après son mariage son désir d’enfant est devenu encore plus intense. Si elle avait pu diriger la grande intensité qu’elle avait en elle vers le Divin, elle serait devenu une grande sainte.

 

Q : Une jeune visiteuse qui suit la voie de la bhakti : on dit qu’il y a deux moyens de faire en sorte qu’une porte s’ouvre, soit l’enfoncer, soit se prosterner devant.

V : Un sage juif disait que Dieu aimait ceux qui enfonçaient les portes; le Soi est un château avec de multiples orifices, mais il vient un moment où le mieux est d’enfoncer les portes.

 

Q : Le meilleur dans la sadhana n’est-il pas de se dire qu’on ne manque de rien?

V : Oui, quand on a l’éveil du bonheur intérieur; avant, ce ne sont que des mots.

 

Q : Faut-il aller à l’extrême dans la sadhana?

V : dans l’ensemble, il faut suivre la voie du juste milieu. Mais dans

9

 

son désir de consécration à Dieu, au Guru, à la pratique c’est bien d’aller à l’extrême. On raconte que quand Ramatirtha était encore un jeune professeur de mathématiques, il recherchait la solution d’un problème. Il est monté le soir sur la terrasse avec un rasoir et s’est dit en lui-même: si demain à l’aube je n’ai pas trouvé la solution de ce problème, je me coupe la gorge. Et le lendemain, quand le soleil commençait à poindre, il n’avait toujours pas trouvé la solution… il a saisi le rasoir pour mettre fin à ses jours, mais à ce moment-là il a eu une sorte d’illumination et la solution est venue. Les gens qui comme Ramatirtha sont très intenses réussissent dans la sadhana.

 

Q : Un visiteur parle d’un grand ashram du sud de l’Inde où ceux qui deviennent sannyasi ont plus de confort que les autres même s’ils doivent beaucoup travailler.

Vijayananda commente avec un sourire : Quand ils prennent les voeux de renonçants, ils se mettent à renoncer à l’inconfort…

 

Q : Qu’y a-t-il de plus important, le détachement extérieur ou l’attitude mentale en ce sens?

V : C ‘est l’attitude mentale; c’est ce qu’indique l’histoire des deux amis en vacances; l’un décide d’aller à l’église tandis que l’autre part visiter une maison close. Pendant l’office, le garçon pieux n’arrêtait pas de penser au ‘bon temps’ qu’avait son copain dans la maison close, alors que l’autre, pris de remords, avait l’esprit intensément fixé sur Dieu présent dans l’église pour lui demander pardon de céder à ses mauvais penchants. Il se trouve que juste à ce moment-là, les deux compères décèdent simultanément de mort

 

10

 

subite  . Celui qui était dans la maison close va au paradis et l’autre en enfer.

Ceci dit, le renoncement extérieur est aussi important : un changement que j’ai vu en Inde depuis cinquante ans que j’y vis, c’est que les sannyasis ont l’air de regarder avec un sourire condescendant maintenant ceux qui ont les signes de renoncement extérieur et ils accumulent les biens matériels. Quand je suis arrivé en Inde au début des années cinquante, on s’attendait à ce qu’un sannyasi ait tout les signes extérieurs du renoncement.

 

 

 

 

 

 

Ma est pour tous

Journal de Gurupriya Didi

 

En 1935 quand Ma visita Tarapith (un célèbre lieu de pèlerinage à la Mère divine sous le nom de Tara à deux cent km environ au nord de Calcutta, où Ma avait envoyé Bholonath faire des pratiques intensives) elle rencontra un père de famille musulman et l’appela Baba (père). L’homme déborda de joie qu’on s’adresse ainsi à lui et vint voir Ma tous les jours.  La maison du musulman était près d’unne mosque qui était à quelque distance de Siddhashram. Ma visita sa maison très souvent, prenant tous ses fidèles avec elle. Le vieil homme faisait signe à ses épouses (il en avait deux) et disait :’Notre fille est venue, sortez pour la recevoir’. Elle arrivaient alors

11

 

toutes les deux et s’asseyaient affectueusement auprès de Ma. Celle-ci allait là-bas et s’y comportait comme une petite fille avec grand plaisir. A chaque fois qu’elle recevait quelque chose à Tarapith, elle me disait immédiatement :’envoies-en une partie à Baba’. Quand le vieil homme venait voir Ma, s’il s’apercevait qu’il aurait à attendre pour la rencontrer, il lui faisait passer le message suivant :’Dites à Ma que son Baba est venu et voudrait la rencontrer’. Dès qu’elle apprenait cela, elle le recevait tout de suite.

Tandis que Ma était à Tarapith, un autre Mavlavi de Calcutta (un enseignant religieux musulman, parfois rattaché à l’Ordre soufi  fondé par Rumi) vint et resta avec elle pendant plusieurs jours. Il appartenait à un clan prestigieux de Delhi. Il fut extrêment heureux de rencontrer Ma. Elle l’avait appelé Prem Gopal (Prem signifie l’amour spirituel). Il écrivait de nombreux poèmes en Urdu sur Ma et les lui lisait . Après être resté quelques jours à Tarapith il retourna à Calcutta à la demande de Ma. Mais nous avons appris qu’en retournant à Calcutta il se mit à désirer si ardemment être avec Ma qu’il ne pouvait même plus s’alimenter.  Il pleurait et son impatience augmentait ; on le renvoya alors à Tarapith, et il resta de nouveau quelques jours avec Ma ; il se calma alors considérablement et retourna à Calcutta selon le voeu de  Ma.

En se rendant compte de la dévotion d’un Mavlavi musulman envers une Mataji hindoue, les musulmans de Tarapith se rassemblèrent pour manifester leur désaccord. Le Mavlavi sahib les pris alors tous à la mosquée et leur adressa la parole pendant une heure ; il leur expliqua ce qu’il en était et pourquoi leur religion n’était pas rendue impure le moins du monde par

12

 

le fait d’aller à Ma. Il fit venir Ma à cette réunion, lui demanda de s’asseoir sur un asana sur l’estrade et donna sa causerie après s’être inclinée devant elle. Il avait une immense révérence pour Ma.

Prem Gopal avait apporté pour elle de la nourriture de Calcutta. Il souhaitait donner lui-même à manger à Ma mais n’avait pas le courage de se lancer. Elle fut informée de ce fait, le fit venir et lui demanda de la nourrir. Il déposa une petite friandise dans la bouche de Ma avec grand délice et reçut du prasad.(dans l’ambiance de l’époque une femme brahmane nourrie par un homme musulman était quelque chose d’impensable)

Une fois le Baba (père) musulman de Ma invita le Mavlavi pour un repas chez lui ; il se mit à le considérer comme son petit-fils en lui donnant toutes sortes de marques d’affection. Prem Gopal également considérait le vieil homme comme le père de Ma et s’adressait à lui comme son grand-père. Parfois Prem Gopal chantait des kirtans en présence de Ma tandis que les fidèles hindous écoutaient. Les musulmans étaient aussi présents durant le chant du Nom de Hari. Ainsi les deux communautées pouvaient se mêler l’une à l’autre auprès de Ma.

(Extrait d’Amrita Varta, avril 1999)

 

 

 

 

 

 

13

 

L’essence d’ananda

Extraits du journal d’Atmananda

 

Une nuit à Vrindavan en 1948, une conversation animée battait son plein quand l’un des fidèles de Mataji, un vieux et savant sannyasi qui d’habitude prenait une part fort active dans les discussions, s’endormit profondément et se mit à ronfler  sans soucis, oubliant complètement son environnement. Mataji l’appela une ou deux fois sans aucune réponse de sa part. L’assistance s’amusait beaucoup. Enfin quelqu’un, pour lui faire une farce, lui déposa dans la bouche à moité ouverte un rasgulla (une boule de sucrerie au lait dans un sirop). Même ceci n’eut pas l’effet désiré, pas même les éclats de rire qui suivirent ; mais quand le sirop se mit à s’infiltrer au fond de la gorge, il fut bien obligé de se réveiller.

Et comme cela arrive si souvent, Ma fit de cet épisode comique une occasion pour exprimer des vérités très profondes. Elle parla à propos du rasa ; c’est un mot difficile à traduire puisqu’il peut signifier autant le jus, la sève que le nectar, l’essence, n’importe quel sorte de délice, qu’il soit physique ou subtil, et enfin la joie Suprême. Il n’y a pas d’équivalent en anglais ou français. Mataji expliqua donc : « Tant que le goût de Dieu n’a pas pénétré dans l’homme, tant que le nectar du Divin ne rentre pas en profondeur en lui, son âme ensommeillé ne se réveille pas. Le védanta est rasa, de même que la bhaklti est rasa ; pourquoi devrait-on qualifier le védanta de sec ? C’est un fait bien connu que le poison neutralise le poison.  De même, quand l’homme transcende les plaisirs de la nature qui

14

sont éphémères, il goûte la saveur délicieuse de sa vraie nature, svabhaver rasa, le plaisir suprême, param rasa; l’anxiété torturante du poison des plaisirs matériels est détruite.

Au delà des plaisirs physiques, manger, dormir, se promener, etc… il y a le Joie suprême. Ne récitez-vous pas : brahmanandam paramasukhadam ‘félicité absolue, bonheur suprême’? Il est le bonheurs lui-même, le bonheur est Sa véritable essence. Le bonheur du monde a son contraire, le malheur.  Mais là où le bonheur existe en sa forme essentielle et inconditionnée, ânanda svarûpa, la paire d’opposé joie-souffrance ne trouve pas de place. Là où il n’y a que svarasa, il ne peut être question de a-rasa, c’est à dire d’un sens de sécheresse, de vide, d’anxiété due à l’absence de Dieu. Il est la fontaine de Joie, la Joie et la Joie seule est son Etre. Un état existe dans lequel il n’y a que Félicité, Béatitude, Bonheur suprême. A votre niveau la joie a son contraire, vous parlez des joies du ciel et des tourments de l’enfer . Mais là où se trouve la félicité éternelle, la félicité en elle-même, les mots ne peuvent pas parvenir. LA-BAS, qu’y a-t-il, qu’est-ce qui est absent ? Parler signifie flotter à la surface ; quel langage peut-il exprimer ce qui ni ne flotte ni ne plonge en profondeur? »

 

A propos des fruits donnés en prasad : Ma est complète en elle-même

 

Le chant des écritures sacrées venait de se terminer. Une dame du Cachemire apporta une corbeille pleine de fruits et l’offrit à Ma ; quelque temps plus tard Mataji appela deux fidèles et leur demanda de distribuer le contenu du panier à tous les gens présents. ‘Donnez un fruit entier à chacun’ dit-elle. Quelqu’un

15

craignait qu’il n’y en ait pas assez et objecta :’Pourquoi un fruit entier ? Ne serait-il pas plus sûr de les couper en morceau ?’

Mataji : Non, pourquoi les diviser s’il y en a pour tout le monde ?

  Après que chacun ait reçu sa part, il ne resta plus qu’un seul fruit pour les deux personnes qui distribuaient. Mataji leur dit :’le travail de distribution est unique.  Vous pourriez avoir été trois pour le faire, mais maintenant il vous faudra diviser le fruit entre vous.’ Quelqu’un remarqua :’De la même façon, chanter les Ecritures représente une seule action même si nombreux sont ceux qui y prennent part; il aurait donc été judicieux pour tout ceux qui y ont participé de partager un seul et même fruit’. Ce sur quoi quelqu’un d’autre ajouta :’Mais alors écouter le chant ensemble est également un seul et même travail’…

Mataji : exactement, il n’y a que le UN ; tout ceci est pour vous faire saisir ce fait. Quoique vous fassiez à quelque moment que ce soit, quelqu’en soit le but, cela doit viser cet UN afin de parvenir à la plénitude. De fait, ceci est toujours valable, on doit avoir pour but CELA.

Un fidèle : Pour Ma, tout est complet

Mataji : Que vous disiez ‘pour Ma’ ou ‘pour moi’ (en signifiant vous-même), tout est en réalité complet. Que veut dire ‘ici’ et ‘là’ ? Ce qui est complet inclut tout, pas même la mort ne peut être exclue. Tout angle de vision particulier et comme une fissure ou une faille dans le Tout. Même tous les points de vue, tout ce qui vous plaît est contenu dans ce qui est complet ; en fait dans l’incomplétude aussi se manifeste le UN parfait – dans tous les aspects Lui seul est.

 

 

16

 

Un fidèle : de la complétude naît l’incomplétude et vice-versa ; le mouvement évolue en stabilité, car il est évident qu’il faudra bien fermer la bouche à un moment où à un autre si on veut prononcer le son ‘m’ (rires)

Question : mais ne dites-vous pas Hari kathâ hi kathâ aur dab vrithâ viathâ : on doit parler de Lui seul, tout le reste n’est que vanité et souffrance. S’il n’y a que le Un-sans-second, comment peut-il y avoir des paroles et un discours ?

Mataji : Demeurez seulement en Lui, habitez seulement en Lui ! On ne peut Le laisser de côté, bien qu’on puisse essayer de L’exlcure. Il est toujours là, mais si vous Le reconnaissez, Il sera aussi là sur le plan où les conversations et les discussions existent.

   A ce moment-là la dame qui avait apporté les fruits se leva tout d’à coup et dit :’Quand le prasad a été distribué, j’ai reçu deux portions’. A présent enfin, nous savions pourquoi un fruit manquait ! Ensuite la dame expliqua : ‘quand j’étais dans la rue en transportant le panier, une vache m’a suivie et a essayé de me dérober un fruit. En dépit de tous mes efforts pour éloigner le panier, elle était tellement insistante que finalement je lui ai donné un des fruits.’

‘C’était ma part !’ s’exclama Mataji. ‘Vous voyez, maintenant, le compte y est !’

 La dame du Cachemire confirma :’de fait, quand j’ai tendu le fruit à la vache, une pensée m’a traversé l’esprit :’ce doit être Mataji qui est venu réclamer ce fruit sous ce déguisement !’

                                                            Ananda Varta, avril 1999

 

 

17

 

Comme un oiseau sur la branche

par Bithika Mukherjee

 

   Nous avons déjà traduit dans le numéro 51 de l’hiver 98-99 des pages que Bhitika a consacré à Bholonath dans sa biographie de Ma refondue à l’occasion du Centenaire (Sri Satguru Publications 40/5, Shakti Nagar, Delhi 110007). Elle a travaillé deux ans de façon quasiment continue pour cette nouvelle publication, qui est une des meilleurs synthèses sur Ma. Nous allons extraire un certain nombre de textes et d’anecdotes de cet ouvrage qui fait autorité ; ils  nous permettront de mieux connaître Ma. Nous allons commencer par donner un poème du Gitanjali de Rabindranath Tagore où il évoque le divin.  Bithika l’ a mis en exergue de sa biographie de Ma :

 

Gitanjali (n°102)

Je m’étais vanté parmi les hommes que je te connaissais. Ils voient ton image dans toutes mes oeuvres. Ils viennent me demander :’qui est-il ?’ Je ne sais comment leur répondre. Ils me blâment et s’en vont pleins de mépris. Et tu es assis là,  souriant.

J’ai mis mes récits à ton propos sous forme de chants qui dureront. Le secret déborde de mon coeur. Il viennent me demander : ‘expliquez-nous tout ce que vous avez voulu dire’. Je ne sais comment leur répondre. Je soupire :’ah, qui connaît

 

 

18

 

leur siginification!’ Ils sourient et ils s’en vont débordant de mépris. Et tu es assis là, souriant.

 

 

Simplicité enfantine ou retard mental ? 

  Quand Shri Ma était enfant son absence totale d’égo qui menait à une acceptation spontanée de tout ce que pouvait lui être suggéré par les aînés était perçu comme une docilité avoisinant peut-être un léger retard mental. Elle était parfois considérée comme douée d’une intelligence un peu inférieure à la moyenne car aucune enfant normale ne pouvait être aussi uniformément joyeuse et bonne. Même si les gens doutaient de ses capacités intellectuelles, elle ne manquait pas d’amour et d’indulgence, on lui en donnait en abondance ;  de plus, on devait aussi prendre en compte qu’elle ne déviait pas de la vérité d’un millimètre. Avec le temps on prit l’habitude de s’appuyer implicitement sur sa version des faits dans une situation sujette à contreverse parce qu’on avait remarqué qu’on ne pouvait jamais l’entraîner dans quoique ce soit de fâcheux ou de malhonnête. Il et possible que Nirmala se soit bien amusée de toutes ces rumeurs ; un jour elle avait un pot d’eau sur la hanche et observait son ombre sur le sol. Quand elle fut debout en face de sa mère elle lui dit ‘Vous pouvez dire que je suis droite (soja, qui signifie aussi simplette), mais ne vois-tu pas maintenant que je suis tordue (banka, qui veut aussi dire rusée).

… On doit expliquer le mot kheyal car on va l’utiliser très souvent dans ce récit. Shri Ma l’utilisait quand d’autres auraient dit ‘je souhaite’ ou ‘je veux’. Elle avait ni souhait, ni

 

19

 

volonté ni désirs mais parfois une inclination pour une manière de faire les choses, dictée peut-être par les gens autour d’elle ; une pensée spontanée qui prenait forme par les circonstances plutôt qu’une impulsion à l’action qui serait venue de son intérieur à elle. Cela prit un temps considérable à sa famille et à ses fidèles de saisir ce qu’elle voulait dire par ce terme, si même on a réussi à le comprendre.(p.11)

   Nirmala (c’était le nom de jeunesse de Ma) avait de nombreuses aires de jeu à Khéora. Il y avait un grand tas de sable près de leur maisonnette. On la voyait qui moulait de ses mains dans ce sable de nombreuses formes. Un jour elle fit une grosse boule ronde ; quand sa mère lui demanda de qui il s’agissait, elle répondit : « C’est Narayan, Laxmi, Siva, Parvati, Radha, Krishna ainsi que bien d’autres dieux. Ne m’as-tu pas dit que tout est contenu dans le un et que le un est toute chose ? »(p.12)

 

Ma reconnue par sa propre famille comme une femme d’intérieur idéale.

La nuit était déjà avancée, tous les visiteurs étaient partis et l’ashram avait été se reposer quand Ma sortit discrètement de sa chambre. Suivie d’une ou deux personnes elle vint au chevet d’une vieille dame dans le hall et l’éveilla doucement. Assise par terre près d’elle, Shri Ma lui prit les mains dans les siennes et lui parla gaiement dans son dialecte natal de village que ceux d’entre nous qui étaient réveillées autour pouvait à peine comprendre. On nous dit que la vieille dame était Pramoda Devi, l’aînée des belles-soeurs de Ma avec laquelle elle avait

.20

 

vécu quatre ans, après avoir quitté Khéora. Les circonstances avaient changées au-delà de tout ce que Pramoda Devi aurait

pu imaginer. Elle n’avait pas eu jusqu’ici la possibilité de s’approcher de Shri Ma qui était entourée par un groupe gigantesque de fidèles. Bien que surprise au début, Pramoda Devi prit vite de l’assurance et se mit à sembler heureuse .  Auparavant elle avait dû désespérer de pouvoir échanger même quelques mots avec sa jeune belle-soeur.  Elle paraissait reconnaître maintenant dans la personnalité auguste qu’elle voyait la fille bien-aimée qui l’avait servie si fidèlement dans le passé . Cela lui faisait particulièrement plaisir de voir comme  Ma se souvenait bien des jours anciens, de quelques incidents amusants et d’amis perdus depuis longtemps. La façon dont Ma rendait le dialecte de village était très drôle ; celles qui s’était réveillées rapidement riaient aux éclats, ce qui eut le don de tirer de leur sommeil  celles qui dormaient encore et la chambre fut bientôt pleine à craquer.  Shri Ma se tourna vers sa belle-soeur et lui dit : « Regardez, toutes ces femmes pensent qu’elles sont de bonnes maîtresses de maison et expertes dans ce qu’elles font. Dis-leur si je m’occupais bien aussi de votre maison » Pramoda Devi paru réfléchir sérieusement à cette question et ensuite fit cette réponse sans réticence : « vous ne pouvez pas imaginer comme elle était douce et gentille.  Elle faisait non seulement tout mon travail mais je dois reconnaïtre qu’elle me ne donna jamais la moindre cause de mécontentement pendant toutes ces années qu'elle était avec moi. Pour dire vrai, un tel esprit de service est rare. »

    A mes yeux (de l’auteur), ce qui qui m’est apparu encore plus extraordinaire que ce témoignage spontané était l’aspect

21

 

de contentement qu’avait Shri Ma. Cela lui faisait de fait plaisir

d’avoir ses services reconnus et appréciés. Elle ne considérait

 

 

rien comme acquis a priori, et elle n’avait pas ‘joué un rôle’ seulement en tant que jeune mariée chez sa belle-famille. Elle était vraiment ce qu’on attendait qu’elle soit.  En fait, cette caractéristique était le leit-motiv de son existence; ainsi, elle avait également été une sadhaka pour une brève période de sa vie ; il n’y avait pas d’idée de faire ‘comme si’, on ne pouvait parler que de lila (jeu). (p.27-28)

 

Kushir Ma

( la ‘Ma heureuse’ : c’était un des noms d’enfance de Ma que son entourage lui a donné de nouveau quand elle était jeune mariée à Ashtagram) Un voisin et ami écrivait à cette époque : « Ramani Babu (Bholonath) a ramené avec lui sa femme. Il y a autour d’elle une aura lumineuse tout à fait extraordinaire –elle est comme une flamme brillant doucement dans une lanterne ! » Pour commencer, Sri Ma enchanta tous ses voisins par son sourire radieux et sa façon de se comporter. La femme de Jaishankar Sen l’appelait Kushir Ma, ce qui était un de ses noms d’enfance . C’est ainsi qu’on en vint à la désigner à Ashtagram. Très vite toutes les dames du voisinage développèrent une admiration pour la propreté et le bon entretien des piècees où elle habitait, pour ses capacités culinaires hors-pair et pour son esprit de service exemplaire envers Bholonath. Elle observait scrupuleusement toutes les règles de comportement en vigueur dans les villages à cette

22

 

époque. Sa simplicité enfantine et son ouverture était charmante et empêchait toutes sortes de bavardages et de cancans.(p.30)

 

En lotus

   Un jour elle s’est vu prendre padmasana, la posture du lotus. Son dos se redressa ; elle sentit une vibration près de la base de la colonne accompagnée d’un son légèrement rythmique ; la colonne vertébrale semblait se vérouiller en une position verticale morceau par morceau. Il lui vint dans son kheyala (intuition complètement évidente) que c’était presque comme ce qu’elle avait vu à Narundi quand un train qui avait déraillé avait été hissé de nouveau sur les rails wagon après wagon en faisant un bruit rythmique. Elle décrivit ce phénomène en utilisant une autre image, celle qui consiste à placer des pots de plus en plus petit sur la base solide d’un grand pot, comme on voit parfois dans la partie supérieure des temples. A ce moment-là elle dit qu’elle avait un sentiment de facilté complète et de liberté. Le corps était lui-même une aide plutôt qu’une gêne à la méditation et au namajapa ; elle ressentait un pouvoir formidable à l’intérieur. Ensuite, elle pensa qu’il était temps d’aller se coucher car il était très tard, elle s’endormit et donc immédiatement tout le phénomène paru comme ‘déconnecté’. 

   Shri Ma a de temps à autre décrit bien d’autres expériences de ce genre qui défient un compilation exhaustive tellement elles sont variées. De plus, elle a dit qu’elle n’a pas même décrit un centième de l’ensemble de ses aventures spirituelles. Il était néanmoins clair d’après les descriptions qu’elle était

23

 

consciente de ce qui prenait place et qu’elle n’était pas emportée par la marée montante de jeu spirituel, lîlâ, de la shakti.(p.35)

 

Les débuts de Ma avec Bholonath

   Bholonath savait que Shri Ma était une jeune fille gaie et sympathique, obéissant sans questionner et fidèle de façon scrupuleuse à ses aînés. Sa mère lui avait dit qu’elle devait respecter et obéir à Bholonath exactement comme elle le faisait pour ses parents. Cela a  donné la couleur fondamentale de sa relation à celui-ci. Durant toute leur vie en commun, elle ne fit jamais quoique ce soit sans sa permission ou son accord préalable. Quant à lui, il apprit très tôt à respecter ses kheyalas et ne s’y opposa que rarement, ou au moins pas pour bien longtemps.

Quand Shri Ma vint à Ashtagram afin de garder la maison pour lui pendant son absence, il lui demanda un jour par curiosité si elle n’avait jamais ressenti le moindre désir d’avoir de ses nouvelles. Sa motivation pour s’enquérir de cela était que, bien qu’elle répondait scrupuleusement à ses lettres, il avait deviné correctement qu’elles lui étaient dictées soit par ses parents si elle était à Khéora soit par Pramoda Devi si elle était à Narundi ou Sripur. Shri Ma réponduit que non, que cela ne lui était jamais passé par l’esprit, qu’elle n’avait jamais eu le kheyala de penser à lui. Bholonath persista en disant :’Si je devais m’en aller, ou si je tombais malade, ou même si j’en arrivais à décéder, cela ne te poserait-t-il pas de problème ?’ Shri Ma répondit :’Quel problème ? Où sera la différence ?’ Bholonath ne fut pas offensé ou attristé par cette attitude

24

 

 

d’équanimité parfaite. Il dit avec un étonnement admiratif :’tu es innocente comme une enfant. Cela s’ajustera quand tu grandiras’. Shri Ma, en rappelant cet incident, ajouta avec un sourire :’Il semble bien que je n’ai jamais grandi !’

   Un jour où elle était d’une humeur plus sérieuse, Shri Ma évoqua les débuts de sa vie avec Bholonath en ces termes :’Après tout, ce corps lui était confié, c’était son rôle de faire comme bon lui semblait ; mais il s’aperçut quce corps repoussait même une trace de pensée charnelle. Même le moindre changement dans le comportement de Bholonath en ce sens provoquait des symptômes de mort apparente ; il prenait peur et se mettait à faire du nama-japa afin de faire revenir ce corps à son état antérieur . Son comportement était toujours exemplaire ; il se préoccupait entièrement de mon bien-être.’

   En réponse à la question de savoir pourquoi Ma avait rejeté les possibilités légitimes de plaisir pour un couple marié, Ma déclara un jour :’Pour ce corps il n’y a pas de question de plaisir ou de rejet . Tout ce qui arrive à ce corps est nécesaire pour vous tous –peut-être cet aspect ne l’est pas tant que cela.’(p.36)

   Sri Ma était déjà  bien connue à Atpara. Elle était restée dans ce village pendant six mois avec Pramoda Dévi et sa famillle à la suite du décès de Révati Mohan (le frère de Bholonath). Il y avait  une quartier de hors-caste dans les environs. Les filles qui y habitaient s’attachèrent beaucoup à Shri Ma. Elles l’aidaient dans ses tâches ménagères lorsqu’elles voyaient à quelles pressions elle était soumise pour pouvoir assumer la cuisine et le ménage d’une grande famille. Shri Ma de son côté

25

 

 

leur donnait ce qu’elle pouvait économiser de son cellier ou

même sa propre part de fruits ou de desserts. Elles lui peignaient parfois les cheveux ou lavaient ses vêtements. Shri Ma aussi arrangeait les cheveux de ces jeunes filles dans des styles variés.(p.39)

 

A propos de Niranjan Rai et de son épouse Vinodini Devi :

Il s’agissait d’un couple pieux qui était très cher à l’ensemble de la communauté des fidèles de Dhaka. Il se trouva que Vinodini Dévi mourut après avoir souffert d’une brève maladie. Shri Ma la visitait chaque jour. L’invalide attendait anxieusement cette visite quotidienne.  S’il y avait des nuages dans le ciel, son anxiété n’avait plus de limites car elle avait peur que Shri Ma ne puisse pas venir mais celle-ci venait quoiqu’il arrive et s’asseyait un moment avec elle. La mort de Vinodini Devi eut une conséquence tout à fait tragique. Niranjan Rai ne fit pas attention aux conseils de ses amis et prit l’habitude d’aller tous les jours au champ de crémation et d’y demeurer des heures assis en méditation à l’endroit du bûcher où avait été brûlé sa femme. Bhaiji parla de lui à Shri Ma.  Elle accompagna elle-même un jour Niranjan au ghat et lui expliqua longuement l’inutilité de telles veilles. Il ne put reprendre le dessus malgré de tels efforts. Il mourut peu après. Durant la dernière année de son existence,  son seul travail dans le monde fut pour la construction de l’ashram de Ramna destiné à Shri Ma et Bholonath. Beaucoup seront peut-être intéressés de savoir que le bracelet d’or qu’on voyait au poignet gauche de Ma était un cadeau de Vinodini Devi. (p.62)

25

Auprès de Ma Anandmayi

par Amulya Kumar Datta Gupta (suite)

 

   Ma : «  Je vous ai dit auparavant qu’à votre niveau vous avez une nature qui fondée sur le manque. Tout ce qui vouspréoccuppe est transitoire. Ce que vous ganez par votre métier est consommé par les besoins de la famille ; Rien ne demeure. Hier, ils ont pris une photo de ce corps ; J’ai dit :’Qu’allez-vous faire avec la photo de ce corps. Il est aussi changeant. Ce qui est ç présent sera ttransformé dans quelques jours.’ Par ‘nature fondée sur le manque’,  je signifie focalisée

Sur les choses qui s’en vont. On doit s’essayer à rechercher ce qui dure toujours et cela requiert un esprit complètement centré. Et il nous faut avoir recours à l’une des deux approches, des deux identifications de toute chose avec le ‘Je’ ou le ‘Tu’. Ensuite, on découvre qu’il n’y a qu’une seule chose dans l’univers. Rien d’autre n’existe ; en d’autres termes, il est présent  en sa plénitude dans chaque objet du monde.

   Je dis donc que l’état de jiva ‘individu) est un état de servitude. C’est comme un espace donné dans une prairie délimité par une haie qui est aussi dans la prairie. Je dis donc que bien qu’un individu est voilé par un écran d’ignorance, il y a inclus dans ce fait une porte vers la connaissance. C’est tout à fait comme si nous étions assis dans une chambre avec la lumière du soleil qui rentre par les portes et les fenêtres. Nous pouvons voir cette lumière, mais notre corps n’y est pas exposé. Si nous le souhaitons nous pouvons sortir par la porte et nous installer au soleil. De la même façon, l’individu a de nombreuses façons d’aller de l’état de servitude à celui de liberté ; Qu’on l’appelle un guru ou une statue de divinité, c’est

26

 

 

une porte qui mène de la servitude à la liberté. Ce qui est nécessaire, c’est la concentration de l’esprit.  Tous proviennent de l’Absolu, l’Atma ; C’est pourquoi on doit considérer le guru comme divin. Pon n’obtient rien tant qu’on voit le guru comme être humain sans percevoir la divinité en lui, de meême qu’une statue d’un dieu qu’on considère comme une simple pierre ne servira à rien. C’est pourquoi je dis qu’un individu, jiva, ne peut jamais tre en meme temps Dieu. Si c(est un individu, c’est un individu. Et dans le même sens, si on le considère comme Dieu, il n’est rien moins que Dieu. Il en va de même pour le Guru. Il est Dieu ou un être humain, cela dépend de son point de vue. On doit regarder comme divin celui dont on recherche l’aide pour obtenir l’absorption complète de l’esprit. » (p.186)

   « Pour celui qui est dans la Vérité pure, tout est soit Je soit Tu. Je le répète,  Je, Tu et l’univers, tous trois se dissolvent dans le Suprême. C’est ceci, atteindre Dieu ou avoir la vision de Brahman.

Pramatha Babu : Mais on dit que Dieu vient

 et se manifeste ; Les gens peuvent parler avec Lui. Est-ce que tout cela est faux ?

Ma : je dis que c’est tout à fait faux . (Après un bref intervalle) Je dis encore que c’est tout à fait vrai. C’est ce don’t nous parlions ce matin.  Cess visions, ces vibrations sont vraies tant que nous sommes au niveau d’une nature fondée sur le besoin. Au moment-même où nous nous installons dans notre véritable nature, toutes les disctinctions disparaissent.

 

 

28

 

Nouvelles

 

-         Nous préparons le 85e anniversaire de Vijayananda qui aura lieu 26 novembre. Dans ce sens, nous sommes en train de mettre ses entretiens de Kankhal au complet dans le domaine de Ma sur Internet. Pour le français, il y a déjà la section correspondant aux années 90-95 qui est en ligne en  tant que partie du livre Un Français dans l’Himalaya. Tout récemment, une dernière partie correspondant à la période 96-99 vient d’être compilée et sera en ligne fin novembre début décembre, ainsi qu’une première partie (86-89) qui est en train d’être retapée pour l’Internet par Annick à Brest. En anglais, les deux premières parties devraient être mises en ligne courant octobre et la troisième fin décembre. Courant novembre, la douzaine  articles de Vijayananda sur Ma en anglais (ceux en français sont déjà dans Un Français dans l’Himalaya) passeront aussi dans le domaine : www.anandamayi.org    

-         Swami Nirgunanda a pu rencontrer les français intéressés ou engagés avec Ma lors d’une retraite dans une maison tranquille de Bourgogne entre le 9 et le 13 juillet et il n’a pas ménagé son énergie et sa parole pour faire passer le message de Ma au-delà des différences de culture. Il a retrouvé d’autres français en août : c’était un groupe d’une vingtaine de personnes venues par Terre du Ciel et guidées par Jacques Vigne. Elles ont  passé trois jours là-haut, une partie du groupe a même pu coucher sur place. Ils étaient venus directement de l’aéroport de Delhi dans le Kumaon

29

 

-         où il y a l’ermitage. Il y eut aussi trente kilomètre de randonnée le long de la crête où est l’ashram dans les forêts de pin en vue du pic de Nanda Devi qui domine la région de ses 7860m, mais qui est le plus souvent dans les nuages en cette période de mousson. Le livret sur la méditation de Swami Nirgunananda va passer en ligne dans le domaine de Ma vers fin novembre, la version anglaise y est déjà depuis six mois.

-         Jacques Vigne se rend au Bangla-Desh début octobre pour un renouvellement de visa. Il en profitera probablement pour y visiter les lieux de Ma, en particulier Siddheshari à Dhakka et Khéora, son village de naissance près de la frontière orientale du pays. Il sera en principe à Dhaulchina ( Shri Ma Anandamayi Ashram, Dhaulchina, 263881, Almora, UP) du 20 octobre au 20 novembre, et de nouveau du 5 janvier au 15 mars 2000. Il sera à Kankhal la première moité de décembre et ira accompagner un tour de Terre du Ciel ‘Sages et Temples du Sud de l’Inde’ à la fin de l’année. Le changement de millénaire se passera ppour ce groupe auprès d’Amma dans son ashram du Kérala. Un article de lui ‘Ermite en Himalaya’ doit paraître dans le  prochain numéro de Troisième Millénaire, et un texte d’une trentaine de pages ‘Scènes de la vie de Jésus’ qu’il a écrit à Dhaulchina doit être mis en ligne à www.anandamayi .org/devotees/jv  Il s’agit d’un texte proposant des méditations sur Jésus selon le raja-yoga et le système des canaux d’énergie et des chakras. Il a aussi écrit une quarantaine de pages de pensées sur le Yoga avec

-          

30

 

-         commentaires qui pour l’instant ne seront  diffuséees qu’à ceux qui lui en font la demande.

-         La revue ‘L’âme et le coeur’ a publié un entretien avec Vijayananda, ce qui nous a valu une série de nouveaux abonnements à Jay Ma, qui est maintenant tiré à 150 exemplaires. Merci à Aurore Gauer pour cette initiative.

-         Jean-Claude Marol va donner un séminaire d’un week-end sur Ma à Bruxelles avec Initiations les 22 et 23 janvier. Renseignements : Initiations Montagne Saint-Job 92, 1180 Bruxelles Fax 32 2 375 28 96 ou JC Marol 10 rue d’Orchampt 75018 Paris

 

 

 

 

 

 

Abonnements

Les nouvelles personnes qui souhaitent s’abonner peuvent le faire en envoyant un chèque de 50 Frs à Mme Vigne, 95 rue Jacques Dulud 922OO Neuilly ; Pour toute autre correspondance regardant Jay Ma, écrire directement à Jacques.(Ma Anandamayi Ashram Kankhal, 249408 Hardwar UP ou voir ci-dessus). Les abonnements vont jusqu’en fin 2000.

 

 

 

 

31

 

 

 

 

 

Table des matières

 

Paroles de Ma                                                        p.1

Réponses de Vijayananda                                      p.3

Ma est pour tous Gurupriya Didi                           p.10

L’essence d’Ananda    Atmananda                        p.12

Comme un oiseau sur la branche  B.Mukerji         p.16

Auprès de Ma Anandamayi   AKD Gupta             p.24

Nouvelles                                                               p.28

Abonnements                                                         p.30                                                  

Table des matières                                                 p28