Jay Mâ N°
110– Automne 2013
Paroles de Mâ
Extraites de ’Les Enseignements de Mâ Anandamayî’- Chapitre 28
La Sérénité
Il est inutile d’espérer connaître la paix et la
sérénité dans ce monde-ci. Efforcez-vous seulement
d’être avec Lui. Tout ce que vous accomplissez à Son service, est un devoir
pour vous. Le monde n’est pas un lieu de bonheur. Réfugiez-vous aux pieds de
Dieu, c’est là que vous trouverez la paix.
Il faut faire en sorte de se rappeler le nom et la
forme du Dieu que vous avez choisi d’aimer. La seule façon d’atteindre la
sérénité, c’est de toujours garder l’esprit tourné vers Dieu.
La meilleure façon d’atteindre la paix et la sérénité,
c’est de rester sur la voie qui convient bien à la méditation sur Dieu. Le
corps physique est en accord avec le karma.
La conséquence en est qu’il est tout à fait naturel d’être confronté à la
souffrance et aux maladies. Il est indispensable de toujours penser à Lui, de
méditer sur Celui qui peut nous soulager de tous les malheurs.
Toutes les prières et les offrandes de l’être humain,
doivent aller à Dieu. Priez systématiquement Celui qui a fait en sorte que la
création, la vie et la dissolution aient lieu. Tout est en Lui. Lorsqu’une
difficulté, un problème sérieux, se présentent dans la vie de ce monde, l’être
humain doit recourir au Nom de Dieu, s’engager dans une action visant à
résoudre le problème et verser à Ses pieds ses larmes de détresse. La seule
manière d’atteindre la sérénité, c’est de faire entrer Dieu dans votre cœur.
Réconfort
d’une personne dans la souffrance :
La souffrance est le résultat du karma. Dieu éloigne
la souffrance en infligeant les souffrances et Il élimine la difficulté en
provoquant des difficultés. Souvenez-vous toujours qu’Il ne fera plus chose
pareille à l’avenir. En vérité les enfants de l’immortalité ne doivent penser
qu’à Lui. Il n’y a qu’une voie qui conduit à la sérénité, celle de la
destruction du voile et de la révélation de celui qui supprime le désespoir. Il
n’y a aucune autre voie, aucune, aucune, aucune. Sri Madhusudan
(Dieu, sous forme de Krishna le tueur du
démon Madhu), celui qui élimine le désespoir,
est en fait l’unique trésor qui habite le cœur de chacun.
Conseils
de Mâ à ceux qui perdent un être cher :
C’est Lui qu’il faut aller voir et revoir, Celui qui a
engendré la création et qui la porte et la soutient. Il est la providence. Il
est l’Auteur des injonctions. La création est Sienne, restez avec Lui. C’est
pour cela que lorsqu’on L’atteint, en L’invoquant sans cesse, on atteint chaque
chose, l’absolue sérénité et la suprême béatitude.
Conseil de Mâ à l’accompagnateur d’un malade
terminal :
Si vous êtes là, à tenter de le soigner, c’est par la
seule volonté de Dieu. Dieu qui est l’Un et qui est Tout. « Tu es là,
présent sous forme de maladie, sous forme de remède, sous forme de traitement,
en vérité, tu es dans toutes les formes. »
Il n’y aucun espoir, dans ce monde, d’atteindre la
sérénité, si ce n’est en chérissant le nom de Dieu et en Lui adressant sans
cesse vos prières. Le devoir doit être de première importance. Il élimine
toutes les souffrances – lorsque Ram est là, il y a la quiétude (a-ram signifie
« à l’aise »). Lorsque Ram n’est pas là, il y a vyaram, l’inquiétude.
Pour atteindre à la paix de l’esprit, il faut que
soient présents la pensée et la forme (de Dieu), qui évoquent notre amour. Il
faut suivre cette voie et cette méthode car elles favorisent l’accès à la
divinité. Où donc se trouve l’état suprême si le gourou intérieur ne
s’est pas révélé ?
(Traduit de l’anglais par Jean E. Louis)
«Je suis une hindoue, je suis une
musulmane, je suis une chrétiennne"
(Parole
de Shrî Shrî Mâ Anandamayî)
Commentaires par Swami Nirgunananda,
Ermitage de Dhaulchina
Mâ Anandamayî (1896-1987) a été
reconnue et vénérée de par le monde comme une des plus éminentes saintes
hindoues au cours du siècle dernier. La définition du saint varie en fonction
des différentes confessions religieuses, mais un saint inspire le respect et la
vénération des gens, indépendamment de son appartenance d’origine, en raison de
son amour inconditionnel et essentiel qu'il fait rayonner en direction de tous
les êtres. La vérité intime d’une religion donnée (le principe sous-jacent
caché sous les préceptes complexes des Ecritures) est mise à la portée de la
compréhension des hommes du commun à travers la vie, les activités et les
paroles d'un saint appartenant à cette religion.
Un chercheur
atteint la sainteté par des années, voire des dizaines d’années consacrées à
des disciplines spirituelles laborieuses, comme le prescrivent les
commandements religieux.
Grâce à son
adhésion indéfectible à son type de foi, sa sincérité et son honnêteté
respectueuse visant à découvrir la vérité, le chercheur effectue une
transformation de sa vie, obtient la réalisation et devient enfin capable de
voir en son intérieur la lumière de cette vérité sous-jacente à la vie. Inspiré
par son amour pour les hommes du commun, il essaie d'interpréter, de manière
lucide, la vérité qu'il a vécue pour la mettre à la portée de ses semblables de
façon compréhensible et logique. Il inspire ainsi l'humanité à s’engager dans
le chemin religieux afin de goûter le nectar de la vérité. Ainsi, la vie sera
rendue relativement moins douloureuse et misérable.
Il n’est pas du
tout facile, il est même impossible pour un homme du commun de fouler le même
chemin que celui emprunté par un saint. Il peut seulement suivre ses
enseignements et conseils. Bien qu'un saint parle dans la langue de tout le
monde, parfois il est bien difficile d’appréhender le sens profond de ses
dires, qui vont au-delà de la signification littérale, et restent inaccessibles
à l'intelligence commune. Pour arriver à la vérité intérieure des paroles d'un
saint, on a besoin d’approfondir sa pratique contemplative avec le plus grand
sérieux. Parfois, un saint forge même des néologismes dans sa langue qui est de
plus, par nature, lapidaire.
Un saint n'est
pas le fondateur d'une religion, mais il est la représentation honnête et
vivante de la religion qu’il a suivie toute sa vie. Les critiques, les épreuves
et même les menaces de mort ne peuvent le dissuader d’affirmer fortement et
distinctement la vérité qu'il a vécue. L'histoire des religions du monde
jusqu’à ce jour va dans ce sens.
La parole
ci-dessus de Shrî Shrî Mâ Anandamayî est une déclaration
tellement audacieuse, qu’on ne l’a jamais entendue de la part des diverses
religions passées et présentes. Au cours de son existence, Mâ
a reçu des chercheurs spirituels en provenance du monde entier, et de
confessions très diverses. Ils lui demandaient des conseils. Même si elle
n'était pas opposée à la conversion d'une religion à l'autre, elle n'a jamais
encouragé cette tendance. Elle suggérait toujours aux gens d'adhérer à la
religion dont ils avaient hérité ou qu’ils avaient embrassée auparavant. Dans
ce contexte, il faut noter une autre de ses formules : « Toutes les religions
ont une orientation, toutes les orientations sont ‘une’, nous sommes tous
‘un’. » A priori, cette déclaration exprime ses vues libérales dans le
sens de la réconciliation de toutes les religions. Il va bien dans le sens des
réflexions présentes.
Avant
d'analyser cette parole qui est sienne sur sa triple appartenance
religieuse, nous devons connaître le
contexte dans lequel elle a été prononcée : un jour, une dame occidentale
est venue demander à Mâ des conseils spirituels. En
réponse à l’interrogation de Mâ sur la foi qu’elle
professait, la dame lui a dit qu'elle était chrétienne. Instantanément, ces
mots sont sortis de la bouche de Mâ : « Je suis
une hindoue, je suis une musulmane, je suis une chrétienne. »
Un grand
saint indien du XIXe siècle, Shrî Ramakrishna Paramahansa, après avoir emprunté de nombreux chemins et
pratiqué des religions diverses, a déclaré avoir ressenti une harmonie
intérieure entre toutes les religions. Sa déclaration sur Sarva dharma samanvaya (la synthèse,
l’harmonisation de toutes les religions) est un événement historique dans
l’évolution religieuse indienne. On peut
être tenté de trouver un écho de la synthèse de
Ramakrishna dans la déclaration de Mâ, mais
contrairement à celui-ci, elle ne s'est jamais identifiée comme adhérente à une
croyance religieuse étrangère, sauf dans cette déclaration. D'ailleurs, elle
n'a jamais fait de sâdhanâ
conventionnelle pour atteindre un quelconque objectif religieux.
Une analyse critique de
la déclaration de Mâ.
Ici, l'utilisation du présent de l'indicatif par Mâ implique l'adhésion simultanée aux trois grandes
religions contemporaines du monde. Cela lui dénie clairement toute identité
religieuse particulière. Une transformation successive de l'identité religieuse
est permise, et aussi possible ; mais si un chrétien déclare qu'il est
simultanément un hindou ou un musulman, cela sera considéré comme un manque de
respect envers sa religion. Non seulement cela, mais de plus ni les hindous, ni
les musulmans ne vont le prendre dans leurs communautés respectives, à moins
qu'il ne passe à travers les rites prescrits dans leurs Écritures. Si un
musulman déclare qu'il est hindou ou chrétien; immédiatement il sera qualifié
de kafir
(infidèle dans l'islam) et une fatwa sera émise contre lui par les clercs ou guides
de l'islam afin de l'anéantir. De même, si un hindou, en particulier une
personnalité spirituelle, déclare ouvertement son identité religieuse comme
étant celle d’un chrétien ou d’un musulman, il sera déclaré paria par sa
communauté religieuse. Aucun code éthique religieux ne permettra une telle
déclaration.
Une fois pendant
l’enfance de Mâ, des missionnaires chrétiens sont
venus dans son village de la campagne profonde du Bengale pour diffuser leur
message biblique. Comme une enfant innocente, elle a accompagné leurs
déplacements autour du village. Dans le jardin royal appelé Shah Bagh à Dhaka, Mâ vivait avec son
mari (qui était en charge de la propriété) en tant que femme au foyer. Son
essor spirituel n’en était qu’au stade initial. Un mazar (la tombe musulmane) d'un
saint arabe était situé près de l’endroit où elle vivait. Un jour dans un état
de transe, elle a offert la namaz (la prière musulmane) devant le tombeau, en arabe, une
langue qu’elle ne connaissait ni d’Eve ni d’Adam.
Ce furent les
deux seuls écarts par rapport aux coutumes hindoues orthodoxes qu’elle a
suivies pendant toute sa vie, bien qu’elle n'ait jamais manifesté une
antipathie quelconque dans ses paroles et ses actions envers les autres
religions et leurs adeptes. De grands spirituels, des chefs religieux, des
clercs et des fidèles de différentes écoles et mouvements, sont venus à Mâ au cours de son existence mortelle pour recevoir un peu
de son amour inconditionnel et de sa compassion, qui s’adressaient à tout le
monde, sans exception.
Cette
déclaration sur sa triple appartenance n’a pas été effectuée à huis clos. Elle
a été publiée dans des livres largement diffusés parmi ses fidèles et le grand
public dans le monde entier. Étonnamment, pas un seul mot de protestation n’est
ressorti de la part des différentes communautés religieuses internationales en
général, ni en particulier d’une partie ou d’une autre de l'orthodoxie hindoue.
La raison pourrait en être double : tout d'abord, il se peut que personne
n'ait prêté attention à cette importante déclaration mais il est aussi possible
que les gens aient négligé ou ignoré son sens intérieur. Dans ce contexte, il
convient également de rappeler que les moines dans les ashrams institués au nom de Mâ Anandamayî, répartis dans différentes régions de l'Inde et
à l'étranger, sont invités à suivre strictement la voie orthodoxe hindoue.
L'identité religieuse de Mâ n'a jamais été remise en
question par qui que ce soit.
Il convient de
rappeler que l'homme du commun dit souvent des choses dans un but immédiat,
puis se dédit dans un autre contexte. Par contre, tout ce que déclare un saint
et quelles que soient les circonstances, provient telle une source claire de sa
conviction et de son engagement envers la religion à laquelle il appartient.
Ses paroles sont comme des préceptes scripturaires inaltérables.
Dans l'histoire
des religions jusqu’à nos jours de par le monde, on peut constater que le
prosélytisme religieux, le fondamentalisme et le conservatisme, ont donné naissance
à des conflits intra et inter-religieux, menant à des guerres et à des bains de
sang. Le monde actuel ne fait pas exception à cette tendance déplorable qui
mérite bien le nom de vice. Au lieu d’amener les fidèles à une vie naturelle
faite de douceur, d'amitié et de paix, il rend la vie des masses innocentes
inondée de terreurs et de désastres. Les responsables de religions qui sont
censées offrir la vérité au monde, se retrouvent piégés avec leurs fidèles dans
des conflits sans fin.
Naturellement,
une question peut surgir dans un esprit avisé : à partir de quelle base Mâ a-t-elle énoncé une affirmation aussi peu
conventionnelle ? Cela ne pouvait ni être d’une quelconque base
religieuse, les confessions étant mutuellement exclusives, ni être considéré
comme un slogan laïque. Il s'agit certainement d'une déclaration de la liberté
absolue au-delà de toutes les barrières religieuses se référant à la base
commune de tous les enseignements confessionnels. Cet amour inconditionnel pour
la création entière est, de fait, la « mère » de toutes les
religions.
A l’époque
contemporaine, les hindous sont très souvent qualifiés ou critiqués comme des
adorateurs d'idoles. Un symbole non chrétien, comme par exemple une statue d'un
dieu ou d’une déesse hindoue, placée sur un autel chrétien, est tout à fait
impensable.
Les
« idoles » ne sont rien d’autre que des objets qu’on peut facilement
percevoir afin d’y projeter cet amour qui, de toute façon, est en nous.
L'amour, que ce soit pour les icônes de l’orthodoxie ou du catholicisme, ou
pour les dites idoles, n’est en fait pas différent.
Dans le
monde catholique, la Sainte Croix ainsi que la statue de la Madone sont à la
place d’honneur sur les autels. Un sceptique pourrait émettre des réserves
quant à la présence de ces « icônes » ou « idoles » sur un
autel monothéiste, elles y sont pourtant
en bonne place. Aucune des deux figures humaines qui composent la
‘Vierge à l’enfant’ n’était chrétienne au départ, puisque le christianisme est
né quand Jésus avait environ trente ans. Lorsque Jésus fut baptisé par
Jean-Baptiste, ce n'est sûrement pas dans le christianisme qui n’existait pas
alors. Et Marie est devenue une mère chrétienne seulement après que le
christianisme fût apparu. La théologie pourrait avoir des explications logiques
pour tenter de justifier cette anomalie apparente, mais pour un esprit laïc,
elle restera toujours une énigme. Les arguments et contre-arguments à ce propos
peuvent continuer ad vitam aeternam.
Cependant, l'explication claire, simple et facile à comprendre, c'est que le
principe sous-jacent dans la Vierge est cet amour même qui transcende les
orthodoxies ou les barrières religieuses, la manifestation de l'amour
fondamental de la mère. C'est ce que la Vierge représente.
Pour en revenir à la déclaration de Mâ que nous examinons, nous pourrions dire qu'il n'y a
qu’une mère qui puisse faire une déclaration si audacieuse. Nous devons garder
à l'esprit le fait que toutes les religions ont évolué à partir de l'amour pour
l'humanité, mais l'amour n'a pas de
religion. Supposons une mère hindoue avec trois enfants et que chacun
d'entre eux ait embrassé une foi religieuse distincte avec son consentement.
Est-ce que son amour de mère pour eux pourrait être différent selon leur
croyance?
Prenons un
autre exemple pratique. Une jeune femme chrétienne avec un enfant s'est
convertie à l'islam après la disparition de son mari et s’est remariée à un
musulman. Elle a donné naissance à un autre enfant avec son mari musulman. Est-ce
que sa foi religieuse, qu’elle soit passée ou présente, peut faire obstacle à
l'amour envers ses deux enfants? Il n'y a rien qu’on puisse appeler amour
hindou, amour chrétien ou amour musulman. L'amour
est l'eau magique qui dissout tout, y compris les religions.
Un moine
hindou libéral ne peut pas être indifférent au christianisme ou à
l'islam : il respecte les autres religions, mais la sainte Bible ou la
sainte Croix et le saint Coran n'auront pas leur place sur son autel. Il en va
de même pour un musulman libéral ou un chrétien. Ni les Ecritures Saintes, ni
les représentations des douzaines de dieux hindous, ne trouveront leur place
sur l'autel dans une église chrétienne ou dans une mosquée. Les codes de
conduite religieux exigent qu’un vrai fidèle ne manque en aucune façon de
respect envers la foi à laquelle il appartient.
Comme indiqué
plus haut, cette parole de Mâ ne provient pas d’une
plate-forme religieuse, mais pour être précis, du fait qu’elle représentait la
maternité dans la totalité de sa force de création. La vraie maternité n’a pour
autre support que l'amour. L’amour inconditionnel est un autre nom de la
maternité.
Ici, les aspects physiques et génétiques de
la maternité (l'amour de la mère) et ses manifestations ne sont pas considérés
séparément. On aime vivre, et on vit pour aimer et être aimé. En d'autres
termes, chaque être vivant subsiste par l'amour seulement. Dans cet amour, la
relation sujet-objet est évidente en même temps que très subjective.
(07-07-2013)
Par Patrick Mandala
Voici un texte
"À pas feutrés..." qui vous présente dans ses grandes lignes le
cheminement de Patrick et Ushâ Mandala. Ce récit vous
parle de leur présence auprès de Mâ Anandamayî qu'ils ont connue entre 1970 et 1982. Patrick
est l'auteur d'une trentaine d'ouvrages sur l'art et la spiritualité, ainsi que
son épouse. Issus tous deux de familles catholiques pratiquantes, ils
trouvèrent auprès de Mâ leur propre voie, dans un
respect spirituel, au-delà de toute religion. Ils habitent en Inde, et lors de
leurs séjours en France, ils résident à Talloires (Lac d'Annecy). Voici leurs
témoignages:
Ce mouvement, "allegro" et
"vivace", titré
À pas feutrés..., est
l'infime coin du voile soulevé, comme du faible témoignage
de ce qui a été vu et entendu de Mâ.
À cet effet, Shûnyatâ
(Emmanuel Sorensen) disait avec justesse : "Ma voie ne peut être et ne
sera pas la vôtre. Chacun a son propre rythme,
et sa propre loi de l'être ou sva-dharma, lesquels s'insèrent
différemment dans l'interdépendance - le jeu des correspondances".
Pour qui a rencontré Mâ du temps de son vivant, on ne peut que faire siennes les très humbles paroles de "M" (Mahendranâth Gupta) quand il écrivit sous ce pseudonyme, la "Bible", le célèbre "Gospel of Srî Râmakrishna":
"Je suis une
personne sans importance. Mais je vis à côté d'un Océan, et je garde près de
moi quelques pichets d'eau. Quand vient un visiteur, je l'accueille avec eux.
Que pourrais-je vous dire d'autre?".
Par le premier
livre d'Arnaud Desjardins: "Âshram. Les Yogîs
et les Sages", nous avions, mon épouse et moi-même, découvert le visage de
lumière de Mâ Ânandamayî
dans les "sixties".
Oui..."À pas
feutrés..." est intitulé ce texte, car témoigner sur Mâ c'est un peu comme tenter d'enfermer un oiseau de
paradis dans une cage dorée...
Mon épouse Ushâ (Catherine) et moi-même sommes venus en Inde en 1970
afin d'étudier l'art et la spiritualité: tissage et arts du tissu, miniatures
indiennes, musique, poésie, yoga, ainsi que la culture tibétaine. De 1970 à
1985 nous sommes restés dans la région du Gange et des Himâlayas
(Haridwar, Darjeeling, Kalimpong),
puis à partir de 1985 dans les Nilgiris, montagnes du Sud. Nous avons résidé
auprès de Mâ entre 1971 et 1982, année de son mahâsamâdhi.
Mâ
disait avec force et douceur qu'elle n'était le "maître", le guru de
personne, qu'elle n'"initiait" ni même "enseignait" quoi
que ce soit à qui que ce fut, et donc qu'on ne pouvait parler, concernant ceux
et celles qui venaient la voir, de "disciples" ou
d'"initiés" à proprement parler comme c'est le cas pour la
plupart des Maîtres. Bien entendu, ces paroles se situaient au niveau non-duel
de l'Absolu. Râmana Mahârshi,
Poonja, Srî Gnânânanda, Seshadri et
autres, procédaient de même. La quête par l'investigation de l'âtma-vichâra, du "Qui suis-je?" - "qui"
instruit et "qui" reçoit et pratique ?... amène un jour à la
révélation et à la certitude que TOUT est contenu dans le Soi, l'Un
indifférencié et immuable. Mais au niveau duel et relatif de la lîlâ, il y a bien
"instruction" et initiation - même indirectement - par le regard, le
toucher, la contemplation, le silence, etc., ainsi que "maître" et
"disciple", ou encore "éveil" et "servitude".
Quoi qu'il en soit,
âgés alors d'une vingtaine d'années, encore parisiens et "novices",
depuis notre premier darshan à l'âshram de Bénârès,
en compagnie de Denise Desjardins qui introduisit Ushâ
à Mâ Ânandamayî, cette
dernière fut pour nous un guide aimant et attentif. Mâ
ouvrit grand portes et fenêtres, éclaira les recoins des pièces les plus
obscures, laissant entrer joie et clarté. Au fil du temps, une porte claque
parfois, une fenêtre se referme sous le vent, l'obscurité envahit de nouveau la
pièce...Alors il faut chercher, chercher encore et toujours. Et un beau jour,
la porte s'ouvre de nouveau, la fenêtre laisse entrer soleil, chaleur et
lumière, chants joyeux des enfants et des oiseaux: le Chant de la Vie.
Présence avec forme,
puis sans forme, qui accompagne tout au long du voyage de la vie. Intensité
légère et joyeuse, palpable et immatérielle à la fois. Don d'un joyau sans prix
qui défie le temps et vicissitudes. Certitude. Présence d'un centre en soi -
d'un Fond immuable comme disait Henri Le Saux - qui
reste inchangé sous les "intempéries" et les "changements
climatiques". Conscience de la vie comme "jeu divin. Alors? Oui,
alors, quel nom donner à cela? Peut-être la Grâce...
Lors d'un premier livre
sur Mâ: "Guru-Kripâ",
j'avais sollicité le témoignage du Premier Ministre indien: Madame Indira Gândhi. Le voici (1981).
"Mâ Ânandamayî est un être
rayonnant dont la présence dégage une grande paix. J'ai eu la chance de bien la
connaître et d'avoir reçu d'elle une affection sans mesure depuis mon enfance,
en raison de son intimité avec ma mère, Kamala Nehru.
"Mâ Ânandamayî représente toutes
les valeurs profondes de l'Inde sous leur aspect le plus universel. Il n'est
pas de ma compétence de donner une appréciation sur son accomplissement
spirituel. Des millions de gens ont trouvé en elle lumière et réconfort et sont
devenus meilleurs. En vérité, ceci est son message: le guide de chaque être est
en lui-même."
Arnaud Desjardins,
comme sa première épouse Denise Desjardins, sont bien les "enfants"
de Mâ. Arnaud, outre sa préface pour "Guru-Kripâ, puis d'autres pour des ouvrages sur la Bhagavad-Gîtâ, Yoga-Vâsishtha, Sâradâ Devî, et enfin en dernière
date pour "Râmdâs. Le Pèlerin de l'absolu"
(Ed. Accarias-L'Originel, 2008), puis pour "Mâ Ânandamayî. Retrouver la
joie" (Ed. Le Relié, 2010) avait écrit cette belle préface, en 2009. La
voici:
"Si nous
demandions à différentes personnes de notre entourage: "Qu'avez-vous vu de
plus beau de toute votre existence?", certains évoqueraient peut-être un
paysage qualifié de grandiose, d'autre une œuvre d'art considérée comme
sublime. Et si nous précisions: "Quelle est l'œuvre d'art sacrée qui ait
le plus remarquablement éveillé en vous le sens de la transcendance?", les
réponses iraient de la cathédrale gothique à la statue khmer d'un bouddha ou
d'une des plus admirables peintures chinoises traditionnelles à telle ou telle
mosquée.
"Mon existence
personnelle m'a donné l'opportunité de contempler bien des merveilles, du
Mexique au Japon et de l'Inde au Québec, mais ce qui a produit en moi, et de
loin, la plus forte impression et pour laquelle aucun terme tel que
"divin" ou "surnaturel" ne me paraît excessif, est la
rencontre, le darshan (vision) comme
on dit en Inde, d'un être humain, d'une femme hindoue de naissance bengalie, la
célèbre Shrî Mâ Ânandamayî. Ce ressenti inoubliable, décisif, a été partagé
par de très nombreux Hindous et Occidentaux. Les meilleures images d'un film,
les photographies les plus réussies ne transmettent qu'une faible part de son
rayonnement. Toutes les facettes d'un être humain accompli, depuis le rire
lumineux d'un enfant jusqu'à l'immense gravité d'un Sage, s'exprimaient à
travers elle. Et ses paroles, totalement adaptées à chaque personne et à chaque
circonstance, ont découvert toute la gamme des réponses possibles aux questions
de ceux qui l'approchaient, depuis une simple villageoise jusqu'à un pandit réputé de Bénârès
ou un mystique de Brindâvan.
"Il est heureux
que son influence puisse encore toucher aujourd'hui des personnes qui, faute de
l'avoir rencontrée "en chair et en os", découvriront au fond de leur
cœur sa dimension infinie." (Hauteville, 29 janvier 2009)
MÂ ENSEIGNE-T-ELLE ?
Là nous sommes en
altitude. L'air est frais au maximum. Les limites s'estompent. Le matérialisme
devient un peu moins "spirituel", et le "voyage" auquel Mâ nous convie, devient vraiment le Voyage sans fin. Aussi,
soyons tous et toutes dans la juste perspective, créons de l'espace ouvert,
sans saisie, sans projection, et développons l'esprit d'éveil "en suivant
le cours du torrent..."
L'air est vif en
altitude.
Nous disions: est-il
possible "d'écrire" sur Mâ? Oui, non,
peut-être...C'est un peu comme vouloir franchir une rivière tumultueuse sur un
pont de chevelure en flamme... C'est risqué!
Ne pas regarder en bas,
ni sur les côtés, ni en arrière. Simplement avancer, avancer encore et
toujours, faire un pas, puis un autre, et encore un autre.
Bien, mais Mâ enseigne-t-elle dans le sens traditionnel du mot, de la
transmission, de l'instruction spirituelle? Mon "je" s'avance à dire
- d'après la perception qu'il a pu avoir de Mâ
de 1971 à 1982 - que ce mot ne semble pas vraiment s'appliquer à elle.
Une nuit, le
"je" de P.M. s'est endormi avec cette question, mais sans trouver de
raison satisfaisante. Au milieu de la nuit, dans une semi lucidité, trois mots
se présentèrent à son esprit: "éveille", "réveille",
"manifeste". Au matin, les mots étaient toujours là, frais et dispos.
Prêts à être utilisés. Alors, oui, il peut être dit que Mâ
"éveille" ce qui est latent en nous; oui Mâ
"réveille" et intensifie les forces vives et créatrices qui
permettent un engagement sur la voie et son accomplissement; oui, Mâ "manifeste" de par sa présence silencieuse
cette divinité en l'homme, et vers laquelle nous tendons tous et toutes plus ou
moins, consciemment ou inconsciemment.
Mâ
chantait on ne peut plus juste, en accord avec la Note tonique suprême de
l'univers, la Vibration: le OM. Elle était l'incarnation même de la justesse,
en pensée, parole et action.
L'une des
particularités et originalité de Mâ - de ce que l'on
peut nommer "instructions spirituelles" - sont ses jeux de mots
spontanés ou lîlâ-vâchana
(1). En voici quelques exemples, à valeur d'enseignement, d'aphorismes, courts,
concis et percutant, tout d'humour aussi; à méditer encore et
toujours.
1- Jeu de mots sur
"poison" et "objets des sens".
Mâ:
Une dose de poison [vis] tue un
homme. Mais les objets sensoriels [visaya] agissent comme un poison lent - peu à peu ils vous
conduisent à la mort [à la souffrance].
Tant que vous resterez tourné vers les
plaisirs mondains, vous n'aurez qu'un "ticket de retour"; vous
resterez lié au cycle des naissances et des renaissances, répétant sans cesse
les mêmes expériences. Le Divin est immortel. Si vous aspirez à Le trouver,
vous deviendrez un pèlerin sur la voie de l'immortalité. Essayez de demeurer en
compagnie des chercheurs de vérité [satsang], vous réaliserez alors votre Soi en tant
qu'Immortel.
2- Jeu de mots sur
"corps" et "changement" - "pratique" et
"richesse".
Mâ:
Vous n'êtes pas parfait. Vous sentez un manque en vous, c'est pourquoi vous
avez le désir d'accomplissement et de plénitude.
"Corps" [sharîra] signifie
"ce qui change sans cesse" [shara].
S'il n'y a aucun désir, aucun vouloir,
toute identification au corps mortel disparaît. Après la réalisation du Soi, il
n'y a plus "personne" pour parler encore d'un tel corps - car le Soi
est révélé. Il n'y a qu'un Livre unique, et TOUT est contenu en lui. Une fois
lu et compris, rien d’autre ne sera étudié.
Mâ: La sâdhanâ devra être pratiquée dans le seul et unique but de
découvrir sa propre svadhâna,
richesse.
3- Jeu de mots sur
"matériel" et "spirituel" - "forme" et "sans
forme".
Mâ:
Vous vous attachez à ce qui est rond [gol], à ce qui roule, le prenant pour votre richesse [mal] véritable. C'est pourquoi
surviennent affliction et confusion.
Qu'est-ce que cette chose
"ronde"? L'argent, bien entendu [le matériel]. Essayez de vous
attacher à Lui qui est le Tout. Là où il n'est plus possible de parler de
"forme" et de "sans forme"; là où cessent peine et
égarement.
Mâ:
Que signifie entrer dans son Être véritable (svarûpa)? C'est réaliser ce qui
est. Que Lui, lumineux en Soi, Tout pénétrant, est présent dans toutes les
formes, états d'esprit et manières de vivre. Là, tout verbiage cesse. La Forme
essentielle [svarûpa]
ou sans forme [arûpa]
peut-elle être décrite par aucun langage? Lui et Lui seul est.
4- Jeu de mots sur
"rishi" et "rasa" - "muni" et "manas"
- "monde" et "ego".
Mâ:
Est un rishi ["voyant",
Sage védique] celui qui est pénétré du rasa
[saveur, essence des choses].
Est un muni ["silencieux", Sage], celui dont le mental [manas] s'est fondu dans l'Unique.
Samsâra [monde, cycle des renaissances] signifie sang,
"clown" + sâra,
"solidité, essence", c'est-à-dire prendre son propre rôle dans le
monde pour réel [fondé sur l'ego]. Tant que vous aurez oublié "qui"
vous êtes réellement, et considérez votre présent déguisement comme réel -
comme l'essence elle-même [le Soi] -, comment obtiendrez-vous la paix? C'est
pourquoi il est dit: essayez de réaliser le Soi.
[N. d. T. Puis en
riant, Mâ pose cette question à chacun:) "Où est
votre demeure?"
[Certains, sans
comprendre le sens de la question, répondent sur la maison mondaine où ils
habitent. Mâ rit et dit:]
"Mais la véritable
demeure est celle de votre souffle [prâna]. Vous pourrez y habiter tant que vous respirerez. Et
après? Avez-vous jamais pensé à votre véritable demeure?
5- Jeu de mots
sur "tradition spirituelle" et "abandon".
Mâ: Sampradâya
[tradition orale spirituelle] signifie sampradâna [abandonner].
Quelle que soit votre appartenance, il
vous faut vous abandonner à votre propre Soi comme le maître fait confiance à
ceux qui le servent. Par l'abandon, vous pourrez vous connaître vous-mêmes. Se
connaître soi-même, c'est connaître le Divin.
6- Jeu de mots sur
"monde" et "dualité".
Mâ:
Ce qui est constitué de deux est appelé duniyâ.
Tant que vous vivrez dans la dualité [dui, deux], le monde [duniyâ] ne vous laissera pas en
paix.
Mais si vous restez centré dans l'Un, vous
atteindrez la paix immuable. Essayez d'abandonner cette attitude d'accepter la
dualité, et vivez dans la conscience de l'Un, ainsi vous atteindrez peu à peu
la paix suprême. Si vous êtes établi dans l'Un, il n'y aura rien à combler, et
ainsi aucune agitation ne viendra. En vérité, ceci est un mantra: dans l'Un se trouve la vérité, la paix et la joie.
NOTE
1. Jeu de mots: Notons
que l'on en trouve aussi chez ce grand Maître de l'Advaïta-Vedânta
que fut Gnânânanda (relativement peu connu par
rapport à Râmana Mahârshi;
leurs âshrams sont distants d'une trentaine de kilomètres). Un livre sur
lui et son disciple Henri Le Saux: "Plénitude de
l'être", est d'ailleurs en préparation; je trouve que les similitudes avec
certaines des paroles de Mâ, comme de Râmana, avec Gnânânanda sont
frappantes. Si chaque réalisation est différente, le Fond est unique.
Dans
le prochain numéro, un nouveau mouvement, "moderato" et
"andante", titré ‘Correspondances’,
évoquera notre cheminement et nos rencontres autour de la Note tonique: Mâ. Une lente et sereine exposition que la musique
classique indienne nomme âlâp.
Ma rencontre avec Ma Anandamayee
à
travers Arnaud Desjardins
(Témoignage vécu de Pascale Lorenc)
Pascale vit en Allemagne. Elle nous livre ici son très beau témoignage
d’un voyage en Inde, portée par l’amour de Mâ et pour
Mâ. C’est elle-même qui se présente tout en parlant
d’un projet qui lui tient à cœur :
« En tant que "dame de
compagnie pour personnes âgées" depuis plus de 7 années maintenant, une vocation qui s'est révélée à mon retour de
l’Inde et pour laquelle je n'avais aucune préparation, j'ai tellement appris
sur l'histoire du peuple allemand que je porte en moi le désir d'écrire un
livre pour les français (afin de faire tomber certains préjugés fortement
ancrés - j'en sais quelque chose), un livre dont j'ai déjà le titre dans
mon cœur : "Mes
amis, les vieux allemands"… mais ce sera pour plus tard…»
Jaï Jaï
Ma, Jaï Arnaud…
La rencontre avec
Arnaud Desjardins, d’abord à travers un livre, puis deux, puis un premier
séjour dans l’ashram d’Hauteville a provoqué un bouleversement complet dans mon
existence. Je dis souvent qu’Arnaud m’a sauvé la vie. J’en suis convaincue.
L’enseignement très pratique et concret
de Swami Prajnanpad transmis en France par
Arnaud, l’intégration progressive de la mise en pratique (qui n’est jamais
finie) ont permis des choses qui n’auraient certainement pas été possibles
auparavant. J’avais la sensation qu’une
structure, jusqu’alors inexistante, se mettait en place en moi. A la fin d’un
séjour de 15 jours à Hauteville, faisant mes adieux à Arnaud (comme c’était la coutume), je lui avais
dit : « J’ai l’impression que mon âme a été lavée au
« Karcher » » - « Rien que cela » m’avait-il répondu en souriant.
C’est à Hauteville que j’ai
entendu parler de Mâ
pour la première fois, que j’ai vu des photos d’Elle. J’écoutais ce
qu’Arnaud nous en disait, ce qu’il nous racontait de ses expériences auprès
d’Elle et me sentais fortement attirée et touchée par le regard profondément
aimant de cet Etre (il y a plusieurs portraits de Mâ
au sein de l’ashram). Quelque part, j’enviais Arnaud d’avoir pu rencontrer un
tel Etre « en chair et en os ». Le langage aux intonations
religieuses d’Arnaud me correspondait assez bien.
En 2003, en séjour à
Hauteville, j’avais posé une question à Arnaud à propos d’ashrams en Inde (en
fait, ayant suivi une formation de « thérapeute ayurvédique », je
souhaitais trouver en Inde un maître sérieux et versé dans ce domaine). Comme
Arnaud « sentait » toujours ce qu’il y avait derrière une question,
il me demanda ce que j’avais l’intention de faire en Inde et après ma réponse,
me dit sur un ton ferme : « Si vous allez dans un ashram en Inde,
allez chez Chandra Swami …».
Après certaines
résistances (il fallait se lever tous les jours à 4heures du matin), poussée
par certaines circonstances, j’ai fini par m’y retrouver… et cela durant
plusieurs mois. Dès mon arrivée, le 19
Janvier 2004, j’y rencontrai une jeune française (« O ») qui venait
de fêter ses 25 ans avec ses parents près de Paris et avec laquelle je
partageais une chambre (chambre 21 – le 21 est mon jour de naissance) chez
Chandra Swami. Elle « se
cherchait » en Inde, sans vraiment savoir ce qu’elle voulait et allait y
faire. Nous fûmes immédiatement « reliées » et avons, entre autres, beaucoup ri toutes les
deux lors de nos nombreux échanges. Au bout d’une quinzaine de jours, elle
décida de quitter l’ashram et d’aller à Rishikesh.
Notre relation s’étant approfondie, je pris la décision de l’accompagner jusque
là-bas pour deux ou trois jours. Puis un belge (J.-M.), également en séjour,
nous parla de l’ashram de Sivananda où il souhaitait
se rendre. Nous partîmes donc tous les trois en taxi. Après avoir passé deux
jours à Rishikesh où nous avons fait de très belles
rencontres, dont Swami Muktananda (canadien),
J.- M. a
proposé de nous rendre à Kankhal, au samadhi de Mâ Anandamayî,
avant de rentrer chez Chandra Swami. Mon
amie nous accompagnait mais retournait ensuite sur Rishikesh
pour continuer à « chercher » elle ne savait pas quoi...
Personnellement je ne me souviens pas avoir jusqu’alors pensé à Mâ.
Nous sommes arrivés à Kankhal au moment où la puja
du soir autour du samadhi de Mâ
commençait. Pour moi, tout cela était
très nouveau, la musique un peu cacophonique, le rite, les dévots. Il n’y a pas
de rituel de ce genre à l’ashram de Chandra Swami, seulement les séances de
méditation d’une heure quatre fois par
jour. Je m’installais avec les autres en face du samadhi
de Mâ et admirais la belle statue de marbre blanc qui
la représentait et surplombait, un peu en retrait vers l’arrière, le lieu.
C’était une atmosphère particulière et je me sentais un peu étrangère dans ce
milieu. J’observais tout avec beaucoup de curiosité et parfois même
d’amusement. Je pensais à Arnaud qui
avait sillonné les routes de l’Inde bien avant moi et qui avait eu le
bonheur de rencontrer Mâ tant de fois de son vivant. Ecrit dans mon journal : « … la
cérémonie de l’Arati fut émouvante. Mâ, Mère Divine, tu rayonnes d’amour » … puis « Y
avons aussi rencontré un très vieux Swami
français, Vijayânanda, qui nous a également
accueilli avec beaucoup de gentillesse,
nous offrant un « After Eight »
au chocolat blanc ».
De retour à l’ashram de
Chandra Swami, où nous méditions quatre heures par jour, où le rythme de la vie
de l’ashram était assez « soutenu » et où il y avait beaucoup de
monde, j’ai senti à la fin du 3ème mois une grande lassitude et la
fatigue m’envahir. J’ai eu la grande chance de pouvoir m’en ouvrir directement
à Chandra Swami lors d’un entretien privé. Voici une partie de sa réponse
consignée par lui-même, par écrit, dans mon journal : « … you may go to Rishikesh in some Ashram, where meditation is practised
daily and regularly… »
C’est à cette période
que mon amie m’appela à l’ashram de Chandra Swami. Elle se trouvait à
Vârânasî/Bénarès où, me disait-elle, elle était « comme fascinée »
par les crémations et restait des heures assise sur les ghâts. Nous décidâmes
alors de nous retrouver à Kankhal, au ‘Centre
International’ de Mâ, juste à côté de son samadhi, pour la semaine du 10 au 17 Avril.
Cependant j’avais aussi
le profond désir de pouvoir faire une vraie retraite de solitude dans
l’Himalaya. En ayant parlé à Vishali, une française
vivant alors depuis plus de 16 ans auprès de Chandra Swami (et ancienne
« adhérente » chez Arnaud),
elle m’informa que Jacques Vigne (que je ne connaissais alors absolument pas)
allait prochainement passer une journée avec un groupe de français et que je
pourrais profiter de cette occasion pour lui en parler.
Consigné
dans mon journal : « Aujourd’hui (03/04) ai rencontré
Jacques Vigne qui est, effectivement, très abordable et aimable. Il m’a ouvert
des perspectives inattendues quant à la suite de mon séjour en Inde. Je vais
même avoir la possibilité d’aller séjourner quelques jours à Dhaulchina, son propre lieu de retraite, où se trouve Swami
Nirgunananda qui fut le dernier disciple de Mâ Anandamayî. Possibilité qu’il
avait tout d’abord exclue… Il m’a également proposé de me joindre à son groupe pour
la Kumbha Mela qui aura
lieu à Haridwar le 14, la semaine où je serai à Kankhal. C’est une chance car il est, paraît-il, dangereux
d’y participer seule. »
Noté
plus loin dans mon journal : « Plus qu’un seul jour à l’ashram de Chandra Swami. Samedi je prends la
route pour Kankhal. Des amorces d’angoisse tentent de
s’emparer de mon être lorsque je pense à mon projet de partir dans l’Himalaya. »
Entretemps, j’ai
commencé la lecture d’un livre de Jacques Vigne : « Le Mariage
intérieur en Orient et en Occident ».
« O » et moi
partageons à nouveau une chambre au ‘Centre International’ de Mâ à Kankhal. Chaque matin, je me
lève tôt pour aller assister à la puja
au samadhi de Mâ. Il n’y a quasiment personne alors, c’est très
calme, les beaux et doux chants interprétés par une nièce de Mâ (ai-je appris plus tard) me ravissent le cœur et
m’entraînent dans une communion intense avec Mâ.
En fin
d’après-midi nous allions nous asseoir
auprès de Swami Vijayananda. Nous passions nos
soirées auprès de lui, et une belle relation se créa entre lui et mon amie.
C’était un peu comme si il la prenait sous sa protection, il plaisantait avec
elle, lui suggérait un thème de thèse, « Le Gai Savoir » par exemple.
J’étais plus spectatrice qu’actrice dans ces rencontres et ne parlais pas
beaucoup. J’observais et écoutais. A cette époque-là, vivait une jeune femme
suisse auprès de Swami Vijayânanda et nous la
retrouvions là aussi tous les soirs, en même temps que quelques autres
personnes. La plupart du temps, nous étions très peu.
Le
14 Avril consigné dans mon journal : « Hier, O et moi avons rejoint tôt le
matin le groupe de Jacques Vigne pour les accompagner à la découverte de la Kumbha Mela à Haridwar.
J’ai réussi à me tremper de la tête aux pieds dans le fleuve sacré, le Gange…
peu après 7 heures du matin. » Après nous être changées (car nous
devions nous tremper avec nos penjabi), Jacques nous a tous guidés à : « Hari-Ki-Pairi (The foot of Lord Vishnou), centre de la Kumbha Mela. A l’heure où nous y
sommes passés, il n’y avait pas encore trop de monde. »
Que d’impressions, de
sensations nouvelles. Pour moi, particulièrement saisissante fut la cérémonie
du soir, Ganga âratî
au bord des Hari-ki-Pairi ghats alors grouillants de monde. La nuit tombait
et la grande flamme fut allumée sur le Gange,
moment fort. « Mais je
préfère l’âratî qui a lieu au tombeau de Mâ Anandamayî » ai-je
écrit dans mon journal.
Dans les jours qui ont
suivi, les événements se sont alors succédé rapidement et avec intensité. Le 16, j’ai inscrit dans mon journal : « Aujourd’hui je me sens plutôt faible. Hier
déjà durant l’âratî du matin j’étais nauséeuse. Ayant
fait un périple dans Haridwar, visite de temples avec
Heike et son mari laotien, guidés par Amit, j’ai
failli les quitter après la visite du deuxième temple tant j’étais mal. Je n’ai
pratiquement pas pu manger de la journée. Ai mal dormi cette nuit. Classique en
Inde. Heureusement, j’avais décidé de me reposer. Et plus loin j’ai inscrit :
« Je ne sais pas ce que l’avenir me
réserve. Je n’y pense que très peu. Seul mon séjour dans l’Himalaya me
préoccupe un peu car je ne sais absolument pas, à l’heure actuelle, où je vais
pouvoir m’établir. Tout est beaucoup plus difficile pour une femme seule. A la
grâce de Dieu, à la grâce de Mâ. Faire confiance,
toujours. »
La
suite, dramatique, je l’ai consignée
assez succinctement dans mon journal le 18/04:« De retour à l’ashram de Chandra Swami après
bien des « aventures ». Ma chère « O » a, dans la nuit du
16 au 17/04, eu de fortes convulsions. Je n’avais jamais vu cela. C’était très
impressionnant. En fin de compte, « O » a dû avoir une rupture
d’anévrisme dont elle aurait pu mourir. Elle
a eu 4 crises en l’espace de 4
heures. J’avoue que ma première réaction, dans ce milieu un peu spécial qu’est
l’Inde, avec la proximité du tombeau de Mâ, avait été
de me demander si mon amie « entrait en samadhi ».
Après chaque convulsion, elle se rendormait, puis elle disait sans cesse :
« C’est comme si j’étais dans plusieurs réalités différentes ».
Auprès de Mâ il se passe tellement de choses
extraordinaires ! J’ai alors appelé Dinesh et
c’est à partir de là que tout s’est accéléré. Swami Vijayânanda
(qui d’habitude ne sortait jamais le matin) a été prévenu. Il est tout de suite
venu pour l’examiner. J’en avais les larmes aux yeux en le voyant arriver. Swamiji avait demandé à Dinesh de
nous accompagner, j’étais assise derrière avec « O » qui avait posé
sa tête sur mes genoux. Arrivée à l’hôpital de Dehradun,
elle fut prise en charge très rapidement et professionnellement. Son amour
intense pour ses parents s’est révélé durant une crise de désespoir, dans sa
peur de mourir sans les avoir revus. Ce fut très pénible. Elle n’arrivait pas à
dormir… Elle fut transférée à Delhi. Enfin, grâce au professionnalisme de
l’hôpital et à l’efficacité des services de rapatriement, la vie
« d’O » a pu être sauvée.
Et
le 23/04 j’écrivais encore dans mon journal : « A l’heure qu’il est, elle doit être en
France. Je l’espère de tout cœur. Je sens que quelque chose de très fort nous
unit, « O » et moi, au-delà de la relation forte et des expériences
faites ensemble les derniers mois. Avons-nous, toutes deux, été très proches de
Mâ ? Peu importe. Elle est en moi, toujours,
même lorsque je ne pense pas à elle. Et maintenant, me voici à Dhaulchina, à 1900 m d’altitude, auprès de Swami Nirgunananda. Nous avons déjà eu deux satsangs. Arrivées
hier midi, avec Lotti et Edita. « O » aurait dû être avec
nous… »
Oui, je suis enfin à Dhaulchina, un endroit
isolé par lequel Mâ est passée alors qu’elle
allait en pèlerinage avec un petit groupe de ses plus proches disciples au Mont
Kailash. Plus tard, Swami Vijayânanda
y a vécu 7 années de retraite complète sans aucun confort. Et c’est à cet
endroit même que je souhaite faire une expérience de solitude et de silence durant
quelques semaines. Etant donné que je suis une femme, je ne suis pas autorisée
à y demeurer seule auprès d’un moine qui y vit en retraite. Les deux jeunes
femmes qui m’ont accompagnée et que j’ai rencontrées chez Chandra Swami disent
vouloir aussi faire cette expérience maintenant. Consigné
dans mon journal le 24/04 : « Ce
midi cependant, après le satsang, alors que Swamiji
nous demandait quels étaient nos plans, je lui ai rapidement rappelé que je
souhaitais passer un mois en silence mais que pour l’instant je ne savais pas
encore où. Il m’a dit qu’il ne pouvait accepter de femme seule ici. Je lui ai
vite déclaré qu’Edita souhaitait aussi faire cette expérience, et, à ma grande
joie (je suis tombée à genoux à ses pieds en le remerciant), il m’a dit qu’en
ce cas nous pouvions rester ici… »
En bas, au camping du
village (20 mn de marche de l’ermitage), séjourne aussi une jeune australienne,
« T », qui aimerait se joindre à nous. Elle monte le matin pour
assister au satsang
avec Swami Nirgunananda qui semble ne pas trop
l’accepter (à cause de ses rastas ? Il a fait une réflexion à ce sujet un
jour, trouvant cela « peu soigné »).
L’anniversaire de Mâ approche. Swami Nirgunananda
va devoir se rendre à Kankhal pour célébrer cette
grande fête. Nous ne pouvons pas rester à Dhaulchina
et, durant son absence, nous allons toutes demeurer dans le petit ashram d’Almora où Swamiji nous déposera
en partant vers Kankhal. La jeune australienne se
joindra à nous.
Jacques Vigne, qui a
permis cette expérience, est parti pour un mois faire du trekking au Népal avec
un ami indien.
Swami Nirgunananda nous dépose donc à l’ashram d’Almora qui se trouve un peu excentré dans la ville et où
nous sommes censées rester 8 jours. Il n’y a pas beaucoup d’espace dans ce
petit ashram, (écrit dans mon journal :
« Dhaulchina
me manque. Ici, il n’y a pas d’étendue où l’on puisse se promener, s’allonger,
méditer dans la nature ; bien que situé hors du centre-ville et sur flanc
de colline, les limites du terrain sont assez restreintes. Ce n’est pas non
plus le même calme, le même air, le même isolement. »). Mais la
présence de Mâ y est très forte. Sa petite chambre
dépouillée où l’on peut voir son lit, de petites pantoufles qu’elle a portées
et qui est attenante à la pièce où sont célébrées les puja du matin et du soir me touche beaucoup. Dans la nuit où est
célébré l’anniversaire de Mâ a lieu une puja spéciale à laquelle je suis la
seule des occidentales à assister. Quelle belle et intense expérience, je ne
suis pas prête de l’oublier tant elle s’est inscrite en moi.
Est-ce l’influence
subtile de Mâ, toujours est-il que Jacques Vigne a
débarqué soudainement à l’ashram d’Almora, il a dû
interrompre son trekking pour raisons de santé. Je sais déjà que mes compagnes
renoncent à leur projet de séjour à Dhaulchina. Je
lui fais part de mon « souci » et Jacques va intervenir auprès de
Swami Nirgunananda afin que la jeune australienne
puisse aussi s’installer à Dhaulchina en même temps
que moi. De plus, j’ai droit à un « cadeau » supplémentaire, pas du tout
prévu au programme, Jacques m’offre d’habiter dans son propre logement durant
son absence (il repart jusqu’au 25 ou 27 mai).
Consigné
dans mon journal le 09/05 : « De retour à Dhaulchina... Jacques Vigne est
arrivé à Almora le 4ème jour de notre séjour.
Il avait dû interrompre son trekking pour raisons de santé. C’est alors qu’il
m’a dit qu’il me prêtait sa modeste demeure durant son absence. J’étais aux
anges… et n’en revenais pas. Quelle belle énergie ici. Il y a deux superbes
photos de Mâ (lorsqu’elle était jeune – comment ne
pas aimer une si belle personne, jeune femme, comme elle est jolie). T. et
Edita sont parties précipitamment – décision de dernière minute, surtout pour
T. – avec Jacques sur Kankhal pour célébrer l’anniversaire de Mâ
là où est son samadhi. Edita a décidé de ne pas
revenir… Lotti est aussi partie
hier soir en bus vers Delhi… Swami Nirgunananda
revient (enfin) de Kankhal avec deux familles
indiennes du Gujarat qui vont aussi venir séjourner à Dhaulchina.
Cela ne m’enchante pas car je crains que le silence et la solitude risquent
d’être compromis.
C’est lors de cette
expérience que j’ai pu voir à quel point il m’est difficile de garder le
silence lorsque d’autres personnes qui ne le font pas sont présentes. Souvent,
il me fallait faire un effort presque « surhumain » pour ne pas
entrer en communication avec ces femmes sympathiques et très volubiles.
Lorsque je me suis
retrouvée seule à Dhaulchina avec Tam et Swami Nirgunananda ,
que nous ne nous rencontrions plus pour des satsangs et que j’apercevais
parfois de loin, je n’ai eu aucun mal à rester en silence… enfin, manière de
m’exprimer, car il est évident qu’à l’intérieur il y a toujours du
mouvement.
Sinon nous vivions
là-haut dans des conditions relativement spartiates. Nous avons même eu plusieurs jours sans
électricité et sans eau courante car la pompe en bas qui alimentait le lieu
était en panne. On m’apportait des seaux d’eau puisée dans une réserve sur la
propriété remplie d’insectes morts et d’herbes diverses. J’avoue que j’avais
beaucoup de mal à me laver avec cette eau.
Je me levais tôt le
matin. Après une brève toilette, je me mettais en route vers un endroit de la
propriété duquel j’avais à cette heure très matinale vue sur la chaîne
montagneuse de l’Himalaya (quand il n’y avait pas de brume qui la recouvrait)
et, lui faisant face, intérieurement illuminée à la vue du soleil se levant peu
à peu de derrière les majestueux pics blancs, je faisais mes exercices durant
une demi-heure. L’après-midi, j’allais me promener une bonne heure en dehors de
la propriété dans la forêt qui l’entourait. Deux fois par jour j’allais méditer
dans la salle de Mâ.
Bénéficiant du logement
de Jacques, j’ai aussi profité de sa bibliothèque et me suis plongée dans les
livres qui racontaient ou parlaient de Mâ. C’est
ainsi que j’ai beaucoup appris sur Mâ et que j’ai
approfondi ma rencontre avec Elle.
Jacques est revenu le
28 Mai, je lui ai rendu son logement et ai intégré une chambre dans un des
petits bâtiments sur la propriété. Dans
mon journal, le 29/05 : « Jacques
est revenu hier matin. Lui ai donc rendu son logis et ai déménagé dans la
deuxième petite chambre à côté de Mâ’s room ».
Suis bien ici aussi… »
Je peux dire que cette
expérience a été l’une des plus belles de mon existence et que je me suis
sentie heureuse dans ce lieu. Il ne me
manquait rien, j’ai pris conscience avec acuité que nous n’avons en fait besoin
de rien… comme disent si bien les allemands : « ich
war wunschlos glücklich », une belle expression qui veut dire que l’on
est heureux et sans souhait.
Quelques mois plus
tard, quelque part en France, et sur l’invitation de ses parents qui tenaient à
manifester leur reconnaissance, j’avais
la joie de retrouver mon amie « O » qui avait pu être opérée à Paris
dès son arrivée et eu ainsi la vie sauve.
Elle est ensuite partie
à Montréal où, à l’Université du Québec, elle a commencé à travailler sur sa
thèse de doctorat sur Mâ ‘Le Culte Postmortem
des saints dans la tradition hindoue’ : « Expériences religieuses et
institutionnalisation du culte de Mâ Anandamayî
(1896-1982). » Un travail magistral qui a demandé 4 années de travail intensif terminé en
Octobre 2008.
Comme elle le dit et
l’a écrit dans un courrier à Arnaud Desjardins à qui j’avais envoyé sa thèse de doctorat sur Mâ
Anandamayî : « … Cette thèse représente donc pour moi bien plus qu’un simple diplôme
d’étude, c’est réellement une véritable victoire sur la mort. »
J’avais aussi pris sur
moi d’envoyer la thèse à Swami Vijayânanda à Kankhal. Mon amie a
approuvé avec bonheur.
Je n’ai jamais eu
l’occasion de parler personnellement à Arnaud de mon expérience en Inde et de
ma rencontre intime avec Mâ. L’envoi de la thèse de mon amie a été le
geste que j’ai fait pour lui signifier à quel point Mâ
était encore vivante (bien qu’il n’ait pas eu besoin de moi pour le savoir). A
la réception de l’envoi, Arnaud m’a immédiatement répondu :
« La thèse d’O m’intéresse personnellement …
En attendant, à peine ai-je reçu ces pages que j’ai commencé à les lire. Vous
savez le rôle que Mâ Anandamayî
a joué dans mon existence. J’ai bien connu Vijayânanda,
Bhaskarânanda et je suis heureux de les retrouver
dans ce témoignage… »
Arnaud a rendu son
dernier soupir le 10 Août 2011, le
portrait de Mâ entre les mains.
Mon amie
« O », après deux missions au sein de la Croix Rouge Internationale,
s’est rendue à New York où elle a, de nouveau,
travaillé avec acharnement à peaufiner sa thèse en vue de son édition.
En avril dernier, elle
recevait l’avis favorable d’une des maisons d’édition universitaires les plus
réputées, l’Oxford University
Press, que son livre sur Mâ
était accepté et qu’il serait prochainement publié, ce qui est une véritable
reconnaissance dans le milieu des livres édités en anglais.
Voilà l’un des nombreux
témoignages qui indiquent bien à quel point Mâ agit
encore dans le monde.
Mon autre amie
rencontrée en Inde, allemande celle-ci, Hariprya ou
Heike, peut aussi en témoigner.
Présence à Dieu et connaissance de soi
Par Isabelle Rodde
Isabelle RODDE
est psychothérapeute depuis 20 ans. Elle vit actuellement et travaille au
Puy-en-Velay. Elle pratique la méditation et est engagée dans une recherche
spirituelle forte depuis 35 ans.
Née en 1957,
c’est à l’âge de 18 ans qu’elle commence à étudier les différentes approches
spirituelles en les comparant afin de discerner ce qui est essentiel,
structurel, et ce qui ne l’est pas, démarche qui marquera toute sa vie.
A 20 ans, elle
découvre sophrologie et yoga que dès lors elle pratique et rencontre le Dalaï Lama dont la qualité d’être et le rire merveilleux la
touchent profondément. Un lien fort se crée.
Elle rencontre
aussi la sainte hindoue Mâ Anandamayî,
considérée comme la figure spirituelle féminine majeure de l’Inde du XXème
siècle, qui devient sa mère spirituelle vénérée... Une
des spécificités de Mâ est de respecter l’immense diversité des approches
religieuses ou spirituelles, en évitant toute querelle et tout
« formatage » de l’individu. L’amour, la Paix ne peuvent-ils pas être
trouvés par de multiples cheminements ?
La voie sur
laquelle Isabelle Rodde s’engage à 20 ans est une
voie védantique (Raja yoga et Jnana yoga), mais
elle reste très ouverte aux autres approches, y compris laïques. Le plus
important, c’est d’être sincère et de pratiquer.
Elle a
rencontré Arnaud Desjardins en 1984, avec lequel elle a noué une relation
personnelle très suivie et sous la direction éclairée duquel elle travaillera
pendant 27 ans. Il lui demandera de pratiquer la relation d’aide, et c’est
ainsi qu’elle deviendra psychothérapeute en 1993, travaillant depuis lors à
établir des liens entre notre dimension psychologique et notre dimension
spirituelle.
Journées de méditation-questions/réponses prévues avec elle :
Le Puy En Velay - 5-6 Octobre. Thème : L’Ouverture du Cœur.
Lyon - 30 Novembre. Thème : Dévotion au Maître, Présence et connaissance de soi.
Renseignements/inscriptions au 06 84 76 36 18. Par mail : isa.rodde@wanadoo.fr
On peut aussi lire ses articles dans le blog et trouver ses séances de méditation ou de relaxation sur son site : http://www.zenitude-square.com/
« Bhagavan ke niye thako»
: «Vivez dans la présence de Dieu! »
Quand
Mâ n’eut plus la force physique, étant alors très
âgée, de répondre aux questions des visiteurs, Elle ne donna plus que cette
seule instruction... C’est dire qu’elle est tout à fait essentielle. Ce n’est
évidemment pas un hasard si cette formule est également au centre du
christianisme. On la trouve aussi chez les soufis, pour lesquels plus on est
près de la présence du divin «Bien Aimé», plus on connaît ; plus on en est loin
et plus on est voilé. Quant au bouddhisme, qui n’aborde pas la pratique en
référence à Dieu, l’équivalent est : «Vivez dans la présence au Maître»,
celui-ci étant le canal central, la courroie essentielle de la transmission
spirituelle. Bien sûr, dans le yoga védantique, la
présence au Maître est tout aussi incontournable. Car le Guru, du fait qu’il
est «Réalisé», c’est à dire que tous les niveaux qui le composent baignent de
façon ouverte dans la présence divine, et qu’il est conscient d’être l’Atman-Brahman,
ne se prenant plus pour sa personnalité ou son corps, est considéré
dans toute l’Inde comme divin. C’est pourquoi Mâ
était susceptible de demander à ses devotees
de vivre « dans la présence de Mâ », ajoutant, par
exemple : « Je suis celle qui est la plus proche et la plus chère à vous tous,
même si vous ne le savez pas ». Mâ, c’est à dire à la
fois Mère divine et forme particularisée, humaine, manifestant le Divin dans
ses regards, paroles et comportements.
Bien
entendu, nous baignons aussi dans le divin, à tous les niveaux qui nous
composent, comme les poissons baignent dans l’unique Océan... Comment
pourrait-il en être autrement, puisqu’Il sous-tend, en présence et en essence,
et en chacun de ses éléments particularisés, l’univers tout entier? Le divin
est en tout, il EST TOUT. Sauf que, contrairement à Mâ,
nous y baignons de façon fermée, ne sommes pas conscients de sa présence et par
conséquent, la trahissons. Nous sommes sous le joug de la conscience de la
séparation, c’est à dire d’une série de fermetures et d’aveuglements qui font
de nous l’équivalent de poissons ignorant inconsciemment (mais résolument)
l’existence de l’Océan qui les entoure, les porte, les nourrit, les oxygène à
chaque instant... Quelle situation étrange! Tout l’ensemble complexe de nos
identifications au corps, à nos traits de personnalité (par identification il
faut entendre aussi «restriction à»), et il faut avoir le courage de le voir.
Tout le jeu de notre égocentrisme, de notre orgueil, de notre désir insensé de
commander à ce monde au lieu de le servir, à tout instant nous amène à réprimer
la vérité. Nous amène à nous empêcher de voir le Brahman. Oui, vous avez bien lu.
Nous réprimons la vérité. Nous sommes comme des poissons qui refusent
de reconnaître l’océan. Autrement, pourquoi ne verrions-nous pas Dieu puisqu’il
est partout?... Pourquoi n’éprouverions-nous pas sa merveilleuse présence dans
la texture même de notre être puisqu’il est nous et que nous sommes Lui?... Ah!
L’impérialisme de l’ego... Ah! L’efficacité de nos filtres mentaux...
Puisque
nos filtres mentaux empêchent Atma Darshan,
la vision de l’atman (et nous
les avons mis en place pour cela), nous allons donc devoir occuper une position
bien étonnante et comparable à celle de poissons qui, ne percevant pas l’Océan,
doutant souvent de la possibilité même de son existence, essaient pourtant de
se souvenir de lui, de vivre en pensant à lui, dans l’espoir de le VOIR enfin
un jour... Tout en continuant inconsciemment à s’arranger pour ne pas le
percevoir, trop focalisés sur nos désirs individuels, fascinés que nous sommes
par le monde, voire littéralement hypnotisés par la représentation illusoire
que nous en avons construit!!!... Une série d’illusions qui sert
et défend parfaitement ce sens erroné de la séparation, cette conscience
égotique à laquelle en vérité nous tenons tant. C’est cela, Maya...
L’impérialisme du poisson qui veut être tellement important qu’il en arrive à
nier l’océan tout entier !!! Devons-nous en rire ou en pleurer?
Voilà
pourquoi pour vivre dans la présence de Dieu, il nous faudra pratiquer la
connaissance de soi, et ceci à un degré très profond. Car nous allons devoir
détricoter tout ce que nous avons accumulé d’illusions, nous allons devoir
détruire notre mental, manonasha en sanscrit.
C’est pourquoi pendant la majeure partie de l’ascèse, nous devrons étudier ce
mental dont nous sommes devenus les prisonniers, comprendre de quoi il est fait,
condition sine qua non pour le déconstruire. Chaque mental est très complexe,
profond, puissant, et constitue un adversaire redoutable. Pendant très
longtemps, et parfois malgré quelques instants de grâce qui soulèvent, l’espace
d’un instant, le voile de l’ignorance, au mieux, nous ne pouvons que «penser» à
Dieu, nous souvenir de l’Absolu, et non pas le voir, l’éprouver
directement. C’est là où le Guru joue un
rôle capital : Il est un être humain incarné (et non pas une pensée), avec
lequel nous pouvons être en relation concrète, d’où des inter-actions
intellectuelles, affectives, énergétiques, spirituelles qui vont aider
énormément à la destruction de l’illusion. L’ascèse doit nous faire passer
d’une représentation mentale (nous pensons à Mâ
depuis notre identification à notre personnalité et notre corps) à une entrée
réelle dans la Présence, l’union avec la Mère Divine en amont de toute pensée,
dans le silence de l’esprit et grâce à un cœur enfin vidé de toute
identification-restriction au petit moi... Dans la véritable dévotion, il n’y a
pas de place pour deux!!! A la fin de l’ascèse, il n’y a plus «moi qui aime Mâ», même plus que tout. Il n’y a plus que Mâ, il n’y a plus que Dieu. Il n’y a plus que cette
présence magnifique, infinie, radieuse, il n’y a plus que cet «Etre» (Sat) doté de toutes les qualités (lumière, paix, joie,
pureté, innocence, humilité, simplicité et pourtant aussi grandeur, majesté,
splendeur... et aussi bonté, compassion, lucidité, sagesse...) Des qualités qui
apparaissent alors toujours comme étant infinies et parfaites, alors que
lorsque ces valeurs réussissent à filtrer un tant soit peu dans notre
psychisme, elles s’y trouvent toujours limitées et bien imparfaites, comme nous
ne le savons que trop...
L’entrée
dans la Présence est un acte, la Présence à Dieu est une expérience, un pur
vécu de l’Etre, avec des perceptions extrêmement tangibles, en particulier au
niveau du cœur qui devient le véritable organe de connaissance. On pourrait
dire aussi de «co-naissance»! Dieu en nous (Atman) et
Dieu à l’extérieur (Brahman)... Sauf qu’Il n’y a plus vraiment d’intérieur et
extérieur... et vraiment, quel bonheur, quelle libération que de ne plus être
sous le joug de cet ego si encombrant et perpétuellement misérable dans le
fond. Cela fait envie, n’est-ce pas!...
Pourtant,
la route va être très difficile. Car l’ego et le mental ne vont pas se laisser
faire, et vont mettre en place des stratégies susceptibles de ruiner l’ascèse,
et ce d’autant plus qu’ils se sentiront menacés. Pointons certains des pièges
spécifiques dans lesquels nous, chercheurs spirituels, sommes tous susceptibles
de tomber.
Le
premier est de croire que la simple concentration sur la pensée du divin, le
fait de rester dans la pensée de Mâ et même de
l’aimer très fort, vont suffire à nous libérer. Non, cela ne va pas suffire,
car ici le piège est, en s'appuyant sur la pensée de Dieu (ou de Mâ), d’en profiter pour refouler, ignorer toutes nos
constructions mentales, tous nos dysfonctionnements non résolus, et par là
même, ne jamais les résoudre. Leur non résolution maintient tout l’édifice
illusoire et l’ego sauve sa peau.
Un
autre piège est de tenter de s’améliorer indéfiniment. Mâ
nous donne une image splendide de l’être humain, et tout naturellement, cela
donne envie de progresser, de nous améliorer, ce qui est très important. Bien
sûr que nous devons tâcher de développer nos qualités et de diminuer nos
défauts, mais il y a une façon névrotique de le faire, en vérité très
narcissique : je m’occupe de m’améliorer, MOI, et pendant ce temps-là, je
continue à être égocentré... Je m’évertue à construire une belle image de moi
(qui compense probablement tout un tas de sentiments d’infériorité,
l’impression d’être inadéquat, etc., qui restent refoulés dans l’inconscient,
donc non résolus)... En réalité l’ascèse consiste à Etre, sans référence à
l’image de soi. Dans l’absolu, peu importe que cette image soit minable,
moyenne ou «supérieure» : il s’agit d’être libre de toute image de soi. Or, un
des bastions de l’ego consiste à se prendre pour son image, comme Narcisse (qui
en meurt) et c’est ce qu’on appelle l’identification.
Un
des pires pièges consiste à se construire un ego spirituel. Cette fois, l’ego
sauve sa peau comme un caméléon en devenant ego spirituel, ce qui est un non-sens,
car l’ego au sens précis que lui donne l’Inde, est précisément totalement
anti-spirituel. Nous sommes attirés par la beauté de Mâ,
bouleversés par sa grâce, nous voulons l’Eveil et devenons des chercheurs
spirituels... Mais au lieu de renoncer à l’identification au moi, voilà que
nous la renforçons en construisant un moi spirituel!!! Mâ
est un être dans l’effacement total, à un degré si profond qu’elle se désigne
en disant simplement « ce corps », et voilà que
l’ego en nous se rêve saint, merveilleux, sublime. Mais pour que le
merveilleux, le saint et le sublime apparaissent, il faut, précisément... que
l’ego disparaisse. Il n’y a pas de place pour deux. C’est ou l’ego, ou Dieu,
ou, si vous préférez, ou «moi» ou Mâ... Un autre
aspect de ce piège-là, consiste à refuser l’irruption du merveilleux, du saint,
du sublime en soi, parce que ce serait de l’orgueil. Je refuse Dieu lui-même au
nom de l’humilité qui mène à Dieu... Mais la véritable humilité consiste à être
libre du moi et non pas à construire une nouvelle et parfois massive
identification à un moi censément humble... et souvent alors bien ratatiné.
C’est pourquoi la véritable humilité grandit, n’écrase rien en nous, au
contraire. Et que dire des ego spirituels qui s’approprient la vérité pour dominer
les autres, prêcheurs et ayatollahs domestiques de toutes sortes? L’ego se
maintient en ayant toujours raison, c’est encore un de ses traits structurels.
Enfin,
un piège courant consiste à faire du «tourisme spirituel.» Pas d’intensité, pas
de motivations suffisantes, l’attrait du monde reste trop fort... On va alors
utiliser Mâ et l’approche spirituelle pour continuer
à combler des désirs ordinaires, en se réclamant pourtant de la spiritualité.
Certains font même de véritable hold-ups sur la spiritualité,
ramenant la méditation, la tranquillité, le centrage sur soi nécessaire à
l’introspection, la pratique du yoga à des activités en vérité très hédonistes,
orbitant tranquillement autour de leur nombril toute une existence durant...
La
véritable ascèse est un combat. Le plus grand, le plus difficile, le plus
acharné, mais aussi le plus intéressant et le plus beau que nous
puissions jamais accomplir. Mâ dit : «Pour
nettoyer votre esprit de toute saleté, de toutes les ordures qui s’y trouvent,
il vous faudra toute une vie d’efforts.» (Aux Sources de la Joie p.33.)
Dans
un prochain article, nous verrons quelles sont les qualités requises pour
accomplir ce travail, c’est à dire quelles sont les qualifications qui font
d’un être humain un véritable disciple.
A
suivre, donc…
Le moment est
venu où l’on doit se quitter
Ce sera au Divin
que l’on dira ‘je t’aime’…
Renoncement,
courage, émotions maîtrisées,
Le
‘non-attachement’ devra nous libérer
Pour que
‘l’ego-passion’ n’engendre plus les peines
Mais que la joie
fleurisse au sein de nos pensées…
Geneviève Koevoets (Mahâjyoti)
(Court
extrait de son livre ‘Voyage intérieur
aux sources de la joie-(Souvenirs de l’Inde)’
Editions
du Petit Véhicule
Nouvelles
- Une retraite d'une semaine dont s'est occupé Vigyananand (Jacques Vigne) a eu lieu à Kankhal avec un petit groupe de Français en juillet. Il y avait eu plusieurs retraites de ce genre à l'époque de Vijayananda, et au moins une après qu'il a quitté son corps. Les gens ont été touchés aussi par la puja au samadhi de Mâ. Comme d'habitude, nous avons été visiter pendant la seconde semaine : Rishikesh, la chambre de Ma à Dehradun et au-delà Chandra Swami sur les bords de la Yamuna. Le disciple de celui-ci, Atmananda, d'origine belge, nous a reçus dans son centre inter-monastique à Laxman Jhula dans la partie supérieure de Rishikesh et nous a parlé fort clairement du védânta et de l'au-delà de la religion. Il ouvre un site sur le moine qui l'a inspiré, Swami Abhishiktananda (le Père Le Saux) http://abhishiktananda.org.in/ qui sera enrichi progressivement des textes du moine bénédictin qui a passé toute la seconde moitié de sa vie en Inde, très influencé par le védânta.
- Des pluies torrentielles du 15 au 17 juin ont fait céder un lac au-dessus du lieu de pèlerinage de Kédarnath, et ont induit une crue-éclair : bilan de ce désastre et des inondations dans la région : 5000 morts. Vigyananand est engagé depuis longtemps dans cette région du point de vue de l'aide à l'éducation, en particulier par la ‘Dr Jacques Vigne National School’ à Guptakashi. Fondée en 2007, elle compte maintenant 400 élèves, et elle a obtenu la reconnaissance des grandes écoles de l'Inde avec la certification du Central Board of Secondary Education. Ses résultats aux examens gouvernementaux sont aussi bons que ceux des grandes écoles de la capitale de l'état d'Uttarakhand, Dehradun. Il n'y a eu que 7 enfants orphelins de père au niveau de l'école. Malheureusement, les familles de 70 enfants fréquentant cette dernière ont perdu leurs propriétés, qui étaient des hôtels, des restaurants ou des boutiques à kédarnath ou sur la route. Nous avons donc organisé, en plus des dons directs, un système de parrainage pour que ces enfants puissent continuer avec cette école, et que l'école elle-même puisse traverser cette crise. Pour envoyer les dons, on peut adresser un chèque à notre l'association, qui porte bien son nom vu les circonstances. ‘Association Humanitaire Himalaya’ 17 rue Bonaparte – 75006 Paris. Nous avons fixé le montant du parrainage à 25 € par mois. L'idée est de mener les enfants jusqu'au bac. C'est par un parrainage comme cela que le directeur de l'école, a pu lui-même dépasser ce niveau, obtenir une maîtrise de mathématiques et finalement fonder cette école. Pour obtenir un dossier de parrainage, on lui écrira directement à Lakhpat Rana - jvnsguptakashi@yahoo.co.in
Renouvellement
des Abonnements
Pour la
nouvelle session du ‘JAY MA’ 2013-2015
Merci à tous ceux qui ont déjà
renouvelé leur abonnement pour la nouvelle session de deux ans, qui ira
de Mars 2013 à Mars 2015 et qui a
commencé avec le N° 108 du printemps 2013… Nous les félicitons d’être restés et
nous remercions les nouveaux inscrits d’être entrés dans la Grande Famille de Mâ !
Merci également à tous ceux qui rejoindront l’expérience du ‘JAY MA’ en
s’inscrivant pour ces deux années à venir auprès de José Sanchez Gonzalez pour la partie administrative : 10 rue
Tibère – 84110 Vaison-La-Romaine – nagajo3@yahoo.fr –
0634988222 et ensuite auprès de
Geneviève (Mahâjyoti) qui en gère bénévolement
l’édition, pour qu’elle puisse procéder aux envois en vous remettant sur ses
nouvelles listes : koevoetsg@wanadoo.fr.
La brochure est toujours au prix de 1 Euro par exemplaire trimestriel
envoyé par email, soit 4 numéros par an. Le renouvellement ou l’inscription se
font automatiquement pour deux ans. Il faut donc envoyer à José un chèque de 8
Euros au nom de Jacques Vigne, pour couvrir ces deux années. Les numéros
arriérés seront envoyés à tous ceux qui s’inscriront en cours de route.
Cette brochure fut créée il y a désormais 25 ans. Elle représente un
lien d’amour avec l’Inde, avec Mâ, avec les Swamis, les lectures, les voyages, à travers la composition
qu’en fait Jacques Vigne, avec la collaboration de Mahâjyoti
qui a une « lettre d’infos » à votre disposition sur demande, pour
bien comprendre la marche à suivre.
Table
des matières
Paroles
de Mâ Extraites
de ‘Les Enseignements de Mâ Anandamayî’
Je
suis une hindoue par
Swami Nirgunânanda
A
pas feutrés par
Patrick Mandala
Ma
rencontre avec Mâ, à travers Arnaud Desjardins
Témoignage
vécu de Pascale Lorenc
Présence
à Dieu et connaissance de soi par Isabelle Rodde
Renoncement
court poème
extrait du livre ‘Voyage intérieur’
de Geneviève Koevoets
(Mahâjyoti)
Nouvelles
Renouvellement
des abonnements
Table des matières