Jay   N°105 – Eté 2012


 

 

1

 

Paroles de

 

Extraites des chapitres 20 -21-22

de ‘Les Enseignements de Anandamayî’’

 

 

 

 

                                         

                                                                                                20 -  DETRESSE

 

                                                       

La détresse est le propre de l’homme, seulement de l’homme. Usez de patience et de courage, tout comme un héro. Chaque chose dépend de Sa décision. Gardez cela en mémoire et efforcez-vous de trouver refuge en Lui.

 

Il y a une détresse alarmante et de sombres et lourds nuages de désespoir de tous les côtés. Et il arrive que le mental ne sache plus trop comment maîtriser ses pensées et se laisse aller à la panique. Comment sortir de cette situation ? Dieu est l’unique refuge de l’être désemparé. Ne vous découragez pas. Cette même terre sur laquelle vous vous écroulez, épuisé, vous servira d’appui pour vous relever. Toute chose est en accord avec les lois et les injonctions de Dieu. Chacun de nous est un instrument entre Ses Mains. Chacun de nous Lui appartient – Lui est Lui-même. Imaginez que vous êtes dans les bras de votre mère. Restez ainsi. Et gardez votre corps et votre esprit en belle forme. N’abdiquez pas, ne restez pas les bras ballants, comme paralysé devant tout le fatras de vos problèmes. Chaque chose advient selon Sa volonté. Gardez bien nette dans votre esprit cette pensée. La seule voie n’est autre que Sa contemplation.

                                                                     

Il faut savoir faire preuve de patience durant les moments d’adversité. L’inquiétude et le désespoir frappent l’homme uniquement. Seul celui qui est patient et courageux peut vaincre. Le temps ne demeure pas immobile. Et dans ces passages d’infortune, Son aide nous est particulièrement précieuse. Il élimine, il dissipe parfois la détresse en donnant de la détresse. Voilà pourquoi on L’appelle « Celui qui ôte la détresse ».

 

Ne pensez pas à la souffrance en tant que souffrance. C’est une grave erreur de penser ainsi. La souffrance de qui ? Tout ce qu’Il fait, Il le fait uniquement pour le bien. L’homme ne devrait s’effondrer devant aucune circonstance. Ayez toujours cette pensée à l’esprit : « Oh ! Gurudev, je sais que Vous faites ce que vous jugez bien pour moi. » Tout cela ne se produit que dans ce monde-ci.

 

 

                                                   

 

 

                                                                                              21 -  DEVOTION

 

Narad a dit que l’affinité suprême avec Dieu est connue comme étant la meilleure dévotion (bhakti). L’action qui tend à parvenir jusqu’à Dieu est connue comme étant le bhajan (signifiant ‘chant’, mais aussi de façon plus générale ‘pratique spirituelle’).

 

Il n’est pas question d’amour de ce monde. Le respect, la dévotion et l’amour à l’endroit de Dieu viennent tout naturellement, avec la divine contemplation.

 

Parvenir à aimer Dieu, c’est là l’aboutissement de l’amour.

 

Rappelez-vous Dieu. Où que vous soyez. Chaque chose appartient à Dieu, ne l’oubliez jamais. Pour l’éveil de l’amour divin, faites que votre esprit soit constamment immergé dans le japa, la méditation et la pensée divine. L’homme devrait souhaiter avec une grande ferveur l’éveil de l’amour divin.

 

Ce que l’homme désire, c’est l’amour divin. Amour à partir duquel vous avez été créés, à partir duquel se sont manifestés votre mère, votre père, votre frère, votre ami, votre mari ou votre épouse et toutes choses. Et qui vous a nourris du lait de son sein. Quel que soit le mot que vous employiez pour vous adresser à Lui, gardez-le à tout jamais dans votre coeur et dans votre âme.

 

                                              

 

                                                                                       22 -  PEUR, INTREPIDITE

 

                                                       

Réfugiez-vous dans l’absence de peur. Le monde est en effet redoutable. N’auriez-vous pas peur de vous réfugier dans la peur ? Il est inutile d’attendre là l’absence de peur. Il n’y a qu’en cherchant refuge auprès de Dieu et de Lui seul, que vous serez protégés de tous les maux et de toutes les souffrances.

 

Il est là, Lui. Où suis-je, « moi », si Lui n’est pas ? Si un certain sentiment demeure en vous, un sentiment qui vous fait dire : « Il m’émeut profondément », alors vous saurez que c’est Lui, Lui seul. Si «  moi » existe, alors qu’il soit comme un servant. Dans ce cas je ne serai pas loin de Lui. Pour que cette situation se présente, un japa constant est indispensable. Plus l’esprit est imprégné de l’Ishta, plus il y a dévotion. Tournez-vous dans une seule direction, ne laissez pas votre esprit chercher de tous les côtés. Pourquoi y a-t-il une sensation de peur ? « Je sens que Lui n’est pas à mes côtés » penserez-vous sans doute. Et cela à cause de cette sensation. Agrippez-vous à l’intrépidité et toute peur disparaîtra.

 

De quoi avez-vous peur ? Il est là ! Tout le temps ! Laissez-Le faire ce qu’Il veut. Tout ce qu’Il fait, Il le fait pour le bien. Rappelez-vous cela.

 

La peur et la douleur sont une conséquence du désir.

 

(Traduit de l’anglais par Jean E. Louis)

                                         

 

Sadhana

 

Emouvant récit d’une méditante anonyme

 

 

Au commencement était le verbe (logos) et le verbe s’est fait chair …

 

L’ordre dans lequel se disent les choses peut être d’une importance capitale.

 

Dans mon cas, c’est à dire dans le cas des conjonctions de circonstances qui font ce que je suis devenue, cela m’a sauvé la vie, m’a rendu à la vie et finalement a engendré la vie de ma fille.

 

C’est cette histoire que je voudrais raconter à tous ceux ici qui souffrent ou ont souffert  de désespoir au point de préférer mourir plutôt que de vivre dans ce monde désenchanté. C’est tout simplement par amour pour eux, en commençant par tous les membres de ma famille, mon frère, ma mère, mon père, ma tante, mes oncles, ma cousine, mon grand-père, ma grand- mère, sa sœur, son frère, leur mère, leur père, leur oncle et tante; leur grand-père et grand- mère, les frères et sœurs de ceux-ci et je ne sais pas jusqu’à quel ancêtre remonter, ni jusqu’où descendre dans le temps pour savoir qui est encore concerné  par ce que je vais dire.

 

C’est aussi pour rendre hommage à celui qui a allumé ma flamme avec la flamme qu’on avait allumée en lui par quelqu'un qui l’avait allumée de quelqu'un d’autre qui l’avait allumée avec la même flamme ….

 

Car c’est au-delà de ma culture et c’est  au cœur de l’Inde, sur le campus de l’Université du Karnataka, à l’Institut of yoga’s studies de Dharward, au moment de rentrer en France après avoir suivi l’enseignement de Sri Laxmanakumar, fondateur et directeur de cet institut, que j’ai entendu résonner le verbe de vie, logos en grec, vacta en sanscrit :

 

« Rentre chez toi, personne n’est jamais mieux que chez soi, tu feras quelque chose de bien pour ta génération »

 

Je suis rentrée chez moi, dans la maison que je n’avais pas encore, porteuse d’une énergie magnifique et de la certitude de donner du sens à ma vie sans pour autant savoir, à 23 ans, dans quel sens. Le seul espace que j’habitais réellement était mon corps.

 

C’est un an plus tard, alors que j’entamais mes études de philosophie à l’Université  (que l’on nommait à l’époque ‘Université des Sciences Humaines’) pour tenter de faire des liens entre la pensée orientale et occidentale, que j’ai été convoquée par un médecin inconnu (dont j’ai soigneusement oublié le nom) dans le cabinet blanc du service de neurologie de l’hôpital.  Cet homme, que je me souviens n’avoir vu dans sa blouse blanche que 5 ou 10 minutes dans ma vie, a pris le temps de me dire, sans même me proposer de m’asseoir :

 

«  Mademoiselle, nous confirmons le diagnostic de ‘Chorée de Hutington’ de votre père. Vous êtes à haut risque, alors il faut faire attention avec qui vous vous mariez, et éviter de faire des enfants, car il faut que cela cesse. »

 

Je suis sortie, et en marchant je me souviens d’avoir eu le sentiment de marcher sur un nuage, dans du coton, j’étais sonnée.

 

Je ne savais rien de clair sur cette pathologie, (même si je savais déjà depuis l’âge de 8 ans que quelque chose « clochait dans la famille ») j’ai cherché à la fois aux sources scientifiques et familiales pour comprendre que certains oncles et cousins avaient préféré interrompre leurs brillantes études de médecine ou de droit et se suicider plutôt que de faire….peut être …. l’expérience d’une maladie certainement étrange et incurable.

 

Puis, j’ai commencé par rompre mes fiançailles avec le bel ami d’enfance avec qui j’envisageais de faire de beaux enfants, et depuis ce jour, pendant 15 ans, je n’ai jamais caché aux hommes qui espéraient fonder une famille avec moi,  ce qui s’est avéré par la suite n’être qu’un hypothétique pronostic de vérité à haut risque, c’est à dire ….un mensonge (ou comme il est dit : une ‘erreur alpha’, ce qui est affirmé quand on sort un échantillon d’une chaîne industrielle pour tester le niveau de qualité produit dans l’ensemble, si cet échantillon extrait de la chaîne ne comporte aucun défaut).

 

Je me suis concentrée avec ferveur et persévérance sur mes études et sur les pratiques « psycho-corporelles » que j’avais apprises en Inde, avant de fonder et diriger un cabinet de conseil et de formation ayant comme finalité de proposer des programmes de réduction du stress dans tous les secteurs d’activités en France.

 

J’étais au cœur de cet immense travail créatif qui me demandait de savoir connecter de nombreuses compétences, alors que le sujet du stress au travail était encore tabou en France à la fin des années 80, début 90, en ayant le sentiment d’avoir un mental d’homme dans un corps de femme, tout en assistant à la longue déchéance de mon père, que le sort me réserverait aussi  …peut-être ….quand mon fidèle associé (qui aurait bien fondé une famille avec moi !) m’a transmis en 1995 la précieuse information qu’avec une simple prise de mon sang (et non plus de test comparatif du sang de toute la famille, comme je savais dès 1984 qu’il était possible de le faire) il était tout aussi possible de confirmer le pronostic de ‘Chorée de Hutington’.

 

A l’âge de 35 ans, après une retraite en silence pendant laquelle j’ai médité sur ma façon essentielle d’agir, j’ai pris conscience que par-delà cette belle sublimation de mes énergies procréatrices, je souffrais de ne pas avoir d’enfant.

 

J’ai donc décidé de faire le test pour savoir à la fois, deux en un, si j’étais porteuse d’un gène défectueux  (bégayeur m’avait-on dit)  et  si j’étais dans la situation de le transmettre aux générations suivantes,

 

Le protocole a été respecté : dire 3 fois, au médecin généticien, au neurologue, au psychiatre que oui, je veux savoir …

 

Et l’on m’a dit : sachez que quel qu’en soit le résultat, nous vous le donnerons. Je me suis dit que c’était une évidence, mais finalement, l’expérience des 2 mois d’attente m’a montré que j’ai été ébranlée dans une intime conviction que j’étais saine et sauve. Car, en effet, j’ai douté et je m’en suis même foulé la cheville en tombant devant un groupe d’infirmières des urgences avec qui je travaillais la qualité des relations humaines …

 

Puis, quand j’ai reçu le courrier :

« Mademoiselle, vous pouvez envisager une grossesse avec sérénité, votre père ne vous a pas transmis son gène défectueux… vous mourrez d’autre chose… »

 

Ma première réaction n’a pas été de sabler le champagne, bien au contraire, j’ai ressenti une grande colère : « On m’a fait perdre 15 ans… et dans la vie d’une femme, ça compte plus que pour un homme ! »

 

Cela n’a été qu’une première réaction : la suite est justement le sujet d’une réflexion que je suis prête à déployer, car j’affirme aujourd’hui, que c’est grâce à cette parole de vie : « rentre chez toi » que j’ai pu faire d’une crise existentielle majeure, ce qu’on appelle en Inde une « sadhana »  (pratique spirituelle intensive).

 

Récemment, une infirmière, avec qui je travaillais dans un groupe sur la prévention de l’épuisement professionnel, et à qui je disais que ce qui m’amenait à aborder ce thème avec elle, était le fait que j’avais connu un gros stress dans ma vie, me demanda :

« Comment avez vous pu obéir ainsi à l’ordre d’un médecin ? »

 

J’ai répondu que c’était parce qu’avant cet ordre reçu dans la ville où j’habitais, j’avais été sensibilisée à la protection et au respect de la Vie en Inde ….

 

Voilà nous y sommes, c’est là le thème central à la fois philosophique, psychologique et physique, passerelle entre la pensée orientale et celle de l’occident.

 

 

 

 

Entretiens à Kankhal avec Swami Vijayânanda

Groupe de Nathalie Anthony – Décembre 1998

Enregistré et retranscrit par Nathalie

 

 

(Suite du Jay N° 99)

 

Vijayânanda : C'est ça la vraie rencontre. Le mot gourou est devenu tabou maintenant, ça ne se dit plus « gourou », disons « maître ». Ca c'est la vraie rencontre avec un vrai gourou. Vous savez, quand un vrai disciple, un disciple sincère, rencontre un vrai gourou et qu'il y a une relation, c'est la plus belle chose que vous puissiez imaginer. Vous ne pouvez pas imaginer la beauté de la relation entre un vrai disciple et un vrai gourou. C'est une histoire d'amour, mais d'amour spirituel. C'est la chose la plus merveilleuse qu'il puisse arriver, et cela m'est arrivé, cette chose extraordinaire. Ca n'arrive pas à beaucoup de gens, hein ? J'avais écrit un article : « Quelque fois, les rêves se réalisent » et c'est vrai. Voilà.

 

Ch : Il faut dire aussi que ça n'arrive pas souvent, parce que des grands maîtres, il n'y en a pas beaucoup !

 

V : Non, des grands maîtres il y en a assez, Mais de bons disciples, il n'y en a pas beaucoup ! Des vrais disciples sincères et authentiques, il n'y en a pas beaucoup.

 

M : Vous en avez vu un certain nombre, j'imagine, de bons disciples ?

 

V : De bons ? (Hésitant) (Rires) Peut-être un ou deux, c'est très rare des gens qui sont vraiment 100% sincères.

 

C : Sincère, qu'est-ce que c'est ?

 

V : C'est-à-dire qui ne veulent qu'une chose, qui veulent la libération, qui ne veulent pas autre chose. La libération, ce qu'on appelle la réalisation, c'est-à-dire la connaissance du Soi, la connaissance du Suprême et rien que ça.

Beaucoup veulent devenir célèbres, ou ils veulent devenir des gourous, des choses comme ça. C'est très rare d'en trouver un qui soit à 100 % sincères uniquement, c'est très rare, surtout les Occidentaux. Dès qu'ils ont une petite expérience, ils commencent à enseigner. Ils ont hâte d'enseigner, de devenir des gourous, d'avoir des disciples.

 

JL : En Inde aussi, vous le dites dans votre livre, il y en a beaucoup qui prétendent être et qui ne sont pas forcément...

 

V : Oui, il y a beaucoup de faux gourous. Un gourou authentique est assez  rare.

 

JL : Et aujourd'hui, des vrais disciples indiens, il n'y en a pas beaucoup non plus ?

 

V : Non, pas beaucoup.

 

E : Et vous en connaissez aujourd'hui des gourous authentiques ?

 

V : Eh bien, il y en a une à qui je peux envoyer les gens en toute confiance, c'est Amritanandamayî (Amma). C'est un vrai grand sage. Un grand sage authentique. Pour la Noël elle doit être dans son ashram du Kerala je crois. Je ne l'ai jamais vue, mais il y a une sorte de correspondance entre nous, parce que je lui envoie tellement de gens. Je lui ai fait dire plusieurs fois « Je vous envoie tellement de gens, que je veux 10 % du pouvoir spirituel que vous leur donnez ! » (Rires)

Le vrai sage peut vous donner un éveil intérieur, ce qu'un gourou ordinaire ne peut pas faire. Moi, je cherchais quelqu'un qui était capable de cela.

Un jour, j'étais malade, enfin j'étais assez guéri déjà, lorsqu’une amie de Paris qui s'inquiétait beaucoup de moi est allée voir Amritanandamayî avec ma photo. Alors, Amma a regardé, et elle a dit «  oh, French swami ! », pourtant elle ne m'a jamais rencontré ! » (Rires) Et puis, (Ton amusé) elle a mis du santal sur la tête de la photo, et au pied elle a mis un pétale de fleur. C'est dommage, je n'ai pas gardé la photo, je l'ai donnée à quelqu'un.

 

JLB : On entend rien quand vous parlez par là.

 

V : Oui, ma voix n'est pas très sonore. Vous savez, quand je suis enrhumé, que j'ai un peu de laryngite, ma voix est très sonore ! (Rires).

 

JLB (Qui est acupuncteur) : Il faut que l'on vienne l'hiver, vous avez la laryngite l'hiver !

 

V (Amusé) : Pas toujours ! Mais quelquefois alors, quand j'ai la laryngite, on m'entend bien, ça vibre bien !

 

M : Est-ce que vous aviez une culture religieuse ou une pratique religieuse avant de partir ?

 

V : Oui, oui, je suis né juif et ma famille est extrêmement religieuse et moi aussi, quand j'étais enfant, j'étais extrêmement religieux. Et puis après aussi, évidemment...

 

Ch : Et vous avez toujours été religieux, vous n'avez jamais eu une période de doute ?

 

V : Si, j'ai eu une période de rupture. Vous savez, quand j'avais 17, 18 ans, j'étais en classe de philo, ça existe encore la classe de philo ?

 

Tous : Oui, oui.

 

V : Je m'intéressais beaucoup à la philosophie et puis je lisais ou plutôt je dévorais tous les livres des philosophes occidentaux et, finalement, j'en étais arrivé à la conclusion que Dieu n'existe pas, que c'était de la blague. Et je suis devenu athée pendant quelques temps, je ne croyais plus à rien, et puis après c'est revenu.

 

Ch : Et c'est revenu comment ?

 

V : Comment ? Quand j'ai lu le livre de Vivekananda.

 

E : Mais qu'elle était pour vous la différence entre religieux et non religieux ?

 

V : C'est la conduite de tous les jours. Quand on est religieux, on a peur de faire n'importe quoi. Et quand on n'est pas religieux, il n'y a pas de karma*, il n'y a rien, on fait n'importe quoi. Il y a une grosse différence.

 

E : Et quelle différence faites-vous entre la religion et la spiritualité ?

 

V : La différence, voyez-vous, les religions sont basées sur le ritualisme, n'est-ce pas ? Et la spiritualité est un niveau commun à toutes les religions. Alors chaque religion a son ritualisme, qui doit culminer dans la vie spirituelle. Mener une vie morale quand vous êtes engagés dans la vie spirituelle n'est ni fondé sur la peur ni sur la connaissance, c'est aussi naturel que de respirer. Il ne viendrait pas à l'idée de faire une mauvaise chose. Alors que l'Homme commun, il doit se retenir, se contrôler. Vous avez lu dans le Yoga les 5 Yamas* ? Vous êtes naturellement moral, ça fait partie de votre nature. On ne ferait de mal à personne, n'est-ce pas ?

 

M : Cela m'évoque toujours la même question quand j'entends... Je suis 100 % d'accord avec ce que vous dites...

 

V (Très amusé) : 100 %?

 

M : Absolument ! Je le comprends très bien. Je n'irais pas jusqu'à 150, Mais...

La question : quand on a cette attitude, finalement, est-ce qu'on n'est pas en train de réduire toutes les différences de l'Autre en se disant « si je me comporte bien tout ira bien avec l'autre » est-ce que ça n'est pas au fond un risque de respect profond de l'altérité de celui qu'on rencontre ? Je pense que cette morale naturelle est une première étape, mais qu'il faut faire l'expérience de l'altérité, enfin c'est comme ça que je le vois, de temps en temps on est devant un mur comme chez les juifs le « kotel » à Jérusalem, que vous connaissez, pour moi c'est la vraie image de Dieu, cette altérité, cette différence radicale qui n'a rien à voir avec mon comportement. De toute façon, quel que soit mon comportement, une relation c'est un risque de rencontrer une différence et au fond de se dire « si je me comporte correctement, tout ira bien » est-ce que ce n'est pas un risque de manque de respect total ? Voilà, je provoque un peu...

 

V : Alors, plutôt se comporter mal ? Non, voyez-vous, quand vous êtes dans la voie spirituelle, on vous enseigne que cette Conscience, cette divinité qui est en vous est la même en tout le monde. Alors, quand vous voyez l'autre, vous voyez à l'intérieur, c'est votre propre Soi, Mais vous respectez la différence, l'altérité, vous la respectez. Vous savez que le centre, le noyau, c'est la conscience pure. Mais en même temps, vous respectez les différences. C'est ce que vous vouliez dire ?

 

M : Pour moi, la différence entre les personnes, c'est la richesse de l'existence, et autant il est essentiel d'avoir un comportement moral naturel, autant on n'a rien fait à ce moment-là pour moi. La relation profonde qu'on peut avoir avec quelqu'un, c’est de découvrir une différence radicale. Parce que si cette différence radicale n'existe pas, c'est que j'ai assimilé l'autre à quelque chose qui est en moi et la relation n'a aucun intérêt, je me fais plaisir, c'est tout, je suis passé complètement à côté parce que je n'ai vu dans l'autre que l'image de moi parce qu'il n'y a que ça qui m'intéressait.

 

V : Mais vous voyez toujours l'autre sur l'image que vous vous faites de lui, vous le voyez toujours comme ça.

 

M : Oui, mais on peut aller vers l'autre en admettant qu'il y a ce risque de trouver quelque chose qui nous fasse très  peur finalement.

 

V : Oui, mais l'autre est toujours l'image que vous vous faites de lui, parce que l'autre n'est jamais le même. Si vous rencontrez une personne par exemple aujourd'hui, et si vous la rencontrez demain, ce ne sera plus la même, n'est-ce pas ? Ce n'est jamais la même personne que vous connaissez, vous surimposez la mémoire, n'est-ce pas ? Vous vous dites « Ah, cette personne, elle est comme ça, comme ça, comme ça »... On n'est pas capable de voir une personne tout à fait impartialement, dans l'isolement, c'est toujours une projection.

(Une conque sonne dans le temple)

C'est l'âratî* qui commence. On peut se retrouver après si vous voulez.

 

Après la cérémonie de l'âratî :

 

V : Les chants n'étaient pas fameux aujourd'hui. Mais si le chanteur vient demain... Alors, qui veut une pomme, c'est le prasâd* Tout le monde a eu sa pomme ? Qui veut une rose du samadhi ?

 

N : Qu'est-ce que c'est le samadhi ? Est-ce qu'il y a quelque chose de ici ?

 

V : C'est le corps de , c'est le tombeau de . Elle a quitté son corps à Deradhun et elle a été enterrée ici.

 

JL : Ah bon, elle n'a pas été incinérée ?

 

N : Non, les grands sages on les enterre...

 

E : Pourquoi ?

 

V : Parce que l'idée de l'incinération, c'est que, quand on meurt, alors le corps astral est là présent et reste attaché au corps, il voit son corps, il voudrait retourner dans son corps. Alors c'est pour qu'il puisse aller vers des plans supérieurs, le corps n'étant plus là. Ils vont même jusqu'à casser le crâne, vous savez ? Alors, pour tous les grands sages, il n'est pas question d'être attaché au corps puisqu'ils ont dépassé l'identification au corps. Donc, le fait que leur corps est là est une bénédiction.

 

N : Et le rituel de l'arâti, vous pouvez nous l'expliquer un peu ?

 

V : Le rituel de l'arâti, alors, voilà, on peut voir ça sous trois aspects :

  1. Chaque objet du rituel représente un plaisir des sens : vue, odorat, etc... Alors nous offrons à Dieu le plaisir de nos sens un à un progressivement, parce que, c'est sous-entendu, nous ne sommes pas capables de les offrir totalement, alors on les offre un à un et alors, finalement, une fois que tous les plaisirs des sens sont offerts, on fait le pranâm, vous savez ? On dit « Maintenant, je m'offre complètement ». Vous comprenez ce que je veux dire ? Ca, c'est un aspect.
  2. Et puis alors, l'autre aspect qui est similaire à celui-ci, chaque objet représente un élément, un des cinq éléments. On offre à Dieu chacun des éléments qui sont en nous.
  3. Le troisième aspect, c'est un rituel pour . On lui offre quelque chose pour s'asseoir, on lui donne à manger, etc.. etc... on veut reproduire le rituel de la réception d'honneur de .

 

Ch (Qui est musicienne et compositeur) : Et la musique, quel rôle a-t-elle dans le rituel, les instruments ?

 

V : C'est l'orchestre indien : cymbales, tambours, harmonium...

 

N : Et les mantras ?

 

V : Pendant l'arâti, c'est un chant, un hymne à Dieu, et puis après ce sont des mantras védiques pour Shiva, Krishna, le gourou et là en ce moment pour .

 

N : Et pourquoi le corps de a-t-il été enterré ici ?

 

V : Sans doute parce que c'était l'endroit le plus proche de Deradhun.

 

N : Et c'est pourquoi vous-même, vous avez choisi de rester ici ?

 

V : Moi, je n'ai rien choisi du tout. On m'a dit de venir ici, j'aurais préféré rester dans les Himalayas. Quand je suis venu ici, je n'étais pas très enthousiaste... (à suivre)

 

 

 

 

Extraits de « L’Hypnose, pourquoi ça marche ? »

Par Isabelle Rodde

Isabelle Rodde est praticienne en psychothérapie, hypnose Erickson-nienne et sophrologie où elle possède une solide expérience de terrain. Elle s’est engagée dans la recherche spirituelle très jeune via la sagesse de l’Inde et s’est toujours intéressée à établir des ponts entre la conscience, la spiritualité, la psychologie, l’hypnose, la relaxation et le yoga. C’est son troisième ouvrage.

Elle a aussi beaucoup travaillé pour monter un site, qui va s'appeler www.zenitude-square.com  dans lequel elle va proposer différentes choses. On pourra y acheter ses 3 livres en PDF (‘L’hypnose, pourquoi ça marche ?’ – ‘Sophrologie et spiritualité’ – ‘Du big-bang à l’être humain’) et peut-être sous forme de ‘e-books’. On pourra y télécharger en MP3 des séances de relaxation et différentes pratiques qui font du bien et sont pensées de façon pédagogique. Le site sera de qualité et constituera une aide réelle. Il ne sera en fonctionnement qu'à partir du 20 août et au plus tard début septembre. .

 

 

Préface de Jacques Vigne

 « Je suis heureux et honoré de pouvoir écrire la préface de ce livre qui cherche à comprendre en profondeur le pourquoi de l'action thérapeutique de l'hypnose et des mécanismes qui y sont associés : la transe, l'analogie et la suggestion. Au cours du livre, Isabelle Rodde parle d'une expérience où elle a eu une vision panoramique de son existence. On pourrait rejeter ce type de perception comme une curiosité neurologique, mais le fait est qu'en quelques secondes, elle a compris qu'il lui fallait changer son orientation de vie, elle a suivi effectivement cette intuition très claire et elle s'en est trouvée bien. Beaucoup d'expériences intérieures sont possibles, mais certaines ont un effet de changement positif à long terme, elles sont donc importantes et il faut en tenir compte. La vision panoramique de la vie est un cas particulier de transe. Nous pouvons donc réfléchir plus en détail sur ce qu'en dit Isabelle Rodde, en développant en particulier le lien de ce type d'états intérieurs avec l'enseignement de l'Inde : en effet, c'est  une voie directement inspirée par l'Inde qu'elle suit  depuis plusieurs dizaines d'années, et moi-même, j'habite en Inde depuis un quart de siècle et je travaille à titre personnel et au niveau de mes écrits, dans l'établissement de ponts entre la psychologie moderne et les voies de méditation. Je pratiquais celle-ci avant même de me mettre à étudier la psychiatrie, et j'ai pu donc faire des liens depuis longtemps entre ces deux approches du monde intérieur. »

L'hypnose, pourquoi ça marche ?

Un regard sur les fondamentaux de l’hypnose. La conscience abordée sous l’angle des neurosciences mais aussi des sciences contemplatives, à mi chemin entre méditation traditionnelle et plasticité neuronale. Des explications claires sur les différentes formes et degrés de transe, et leurs rapports avec le degré d’individuation. La pensée analogique, mode de communication privilégié de l’hypnose, directement héritée de l’Evolution et alignée sur la « logique du Vivant ». La suggestion, ressort essentiel de la transe hypnotique et son puissant pouvoir guérissant...

Ce livre se consacre à la compréhension des rouages centraux de l’esprit humain. De ce fait, il permet de comprendre les ressorts fondamentaux du changement et situe l’être humain sur le chemin de son épanouissement le plus authentique.

Extraits du premier chapitre : ‘La conscience dans tous ses états’

 la mort de l’Ego (Quelques clarifications utiles)

A présent, faisons une petite pause d’intégration : qu’avons nous appris d’utile ?

 Nous avons appris que la singularité est d’une importance capitale, que chaque être est un monde psychologique unique, que la communication est une négociation entre des mondes singuliers. Eh bien, nous verrons qu’en hypnose éricksonienne, cette règle est toujours respectée.

Nous avons appris que la conscience est indissociable de l’inconscient, qu’à tout moment, les automatismes, élémentaires ou sophistiqués sont engagés avec elle dans une danse multiforme. Nous avons défini la conscience cognitive avant tout comme une conscience-pilote, sous tendue, assistée par une galaxie d’automatismes. Eh bien, l’hypnose s’est intuitivement basée sur cela : Elle demande, en effet, à la conscience, d’être simplement ouverte au changement. Voilà exactement notre centre intégrateur-superviseur qui a une intention (le changement), mais qui n’effectue rien lui-même : les effecteurs sont les processeurs inconscients sous-jacents agencés en paliers systémiques successifs... Ouverte au changement, signifie qu’elle est détendue, réceptive, tout en ayant bien l’intention qu’un (ou plusieurs) changements se produisent. Pour l’inconscient, cette intention est l’équivalent d’un ordre. Le fait qu’elle soit détendue et qu’elle délègue le travail aux processeurs inconscients est... parfaitement physiologique, donc, efficace.

Nous avons appris que l’inconscient n’est absolument pas  une conscience zéro. Il n’a rien à voir avec « de l’inconscience ». Nous avons entrevu que cet inconscient peut souvent remplacer le conscient, ce qui permet à ce dernier de penser à autre chose : nous pouvons conduire perdu dans nos réflexions ou dans notre vagabondage mental, étonné d’être déjà arrivé, et n’ayant quasi aucun souvenir de la route, pour la bonne raison qu’il n’était pas présent dans l’acte de conduire : pendant que le conscient s’absente, l’inconscient assure !!! Eh bien l’hypnose opère souvent cela délibérément : elle envoie le conscient se promener en le distrayant avec une histoire, ou avec de la relaxation; ou même en l’ennuyant avec un discours sans intérêt et  délibérément confus (cela, c’est le traitement de choc des intellectuels qui contrôlent et analysent tout, y compris le déroulement de la séance de relaxation, le discours du thérapeute ou même ce qu’ils supposent de son plan de traitement !) Cela afin de libérer les ressources de l’inconscient, qui ne sont plus bloquées par un contrôle conscient devenu trop rigide et envahissant. Finalement, l’hypnose ne fait que rétablir un état de fonctionnement physiologique conscient/inconscient qui avait été perturbé. Et c’est bien sûr ce qui la rend efficace.

Nous avons constaté que l’inconscient mémorise toutes sortes d’apprentissages, et qu’il est capable de trouver des solutions simples, mais aussi très créatives ou sophistiquées comme dans le cas d’Archimède. L’hypnose encourage, explicitement ou implicitement, le patient à puiser inconsciemment dans ses apprentissages antérieurs, vus comme autant de ressources possibles pour résoudre le problème présent... En vérité, l’inconscient accomplit des faits dont le conscient est incapable seul et parfois qu’il ne conçoit même pas : ici encore, conscient et inconscient sont inséparables. Dans certains cas, l’inconscient peut penser l’inconcevable pour le conscient, notamment au cours d’une transe, et quand il s’agit de travailler sur la résolution de mémoires très pathogènes. Ici encore, l’hypnose, qui utilise la transe pour permettre à l’inconscient de traiter ce que le conscient ne peut aborder, s’aligne sur des mécanismes très naturels, qu’elle ne fait que renforcer. D’où son efficience.

Nous avons découvert que l’inconscient est un ensemble de processeurs de niveaux différents, c’est à dire de processus dynamiques interconnectés. On arrive ainsi à une compréhension dynamique de l’inconscient, qui n’est plus structurelle comme la description freudienne, mais d’ordre systémique et inter actif. L’hypnose, fondée sur la mise en place de processus  inconscients et dynamiques de changement obtient donc, très logiquement, de bons résultats.

Enfin, nous avons entrevu que le conscient s’attribue à tort certaines prises de décisions, comme se réveiller; et aussi qu’il est susceptible d’apparaître ou de disparaître, un peu comme l’écume à la surface de l’eau... tandis que l’inconscient assure... Comme en général nous considérons ce conscient comme étant « moi », c’est une découverte assez gênante... Il y a là, dans ces prérogatives du moi-conscient, une illusion tenace. Que se passe-t-il si nous y renonçons ?

Résumons nous : l’évolution qui survient au cours de la méditation montre à la fois un travail de structuration psychologique remarquable et une percée progressive hors de l’individualité.  La méditation concentrative se passe à l’intérieur de l’individualité, elle augmente la lucidité, structure un psychisme dispersé, cloisonné, résout les noeuds émotionnels, permet d’émerger de façon convaincante de nombre de conditionnements néfastes et construit un psychisme beaucoup plus évolué. Elle est intra individuelle, mais avec déjà deux degrés de dissociation par rapport au moi. La méditation sans objet en effectue deux de plus jusqu’à être complètement dégagée de l’individualité et, cela paraît extraordinaire, libre de toute souffrance.

 L’individualité a mis, au niveau de l’évolution de l’humanité, des centaines de milliers d’années à émerger. Dans les tribus primitives, l’individualité était réduite à peu de choses, la conscience tribale primant largement sur l’individu. En cas de danger, du reste, même dans une société évoluée, le groupe prime sur (et opprime) l’individu. Nous savons que, même au sein de notre société, la construction de l’individualité, est un  processus long et difficile. Entre un individu peu conscient de soi, confus, mal dégrossi, bref, primaire, et une individualité hautement intégrée, il y a une immense différence. Jung a, du reste, consacré tout son temps, toutes ses recherches au plein développement de l’individu, à ce qu’il a nommé le  « processus d’individuation ».16

 Ici, une précision importante s’impose. En Occident, l’approche que l’Orient fait de l’ego est en général mal comprise, y compris parfois par certains pratiquants du yoga. Pour les psychiatres ou psychologues mal informés,  la « mort de l’ego » visée dans les démarches orientales équivaut à une dépersonnalisation, donc à provoquer une psychose ! On comprend qu’ils protestent énergiquement contre une visée aussi horrible. Ceci est dû à une mauvaise traduction du terme sanscrit Ahakāra : On le traduit par le mot latin ego qui signifie « je, moi ». En réalité, la traduction de Ahakāra  devrait être : « L’identification à l’individualité, celle-ci étant vue comme séparée, érigée en absolu, ce qui aboutit à une perception illusoire de soi-même...» 17 Un peu long, n’est-ce pas ?... Mais précisons encore. Séparée de quoi ? De la Conscience infinie. Erigée en absolu pour quelle raison ? Parce que cette identification à l’individualité séparée est couplée à une absence de perception de la Conscience infinie. C’est un peu comme si des poissons dans l’océan, ne voyant que leurs formes particulières, en oubliaient la présence fluide de l’océan qui les entoure, les porte et les nourrit à tout moment, s’attribuant à eux seuls tout le mérite de pouvoir nager et même d’exister !  Voilà ce que veut dire ce terme dans la culture hindoue et en particulier, védantique. Du fait de cette mauvaise traduction, pour certains pratiquants occidentaux du yoga, la mort de l’ego est mise en œuvre comme une négation progressive de l’individualité : négation des désirs, des sentiments, négation de soi-même, l’ego étant censé être la source de tous les maux, et se trouvant confondu avec le moi au sens où les Occidentaux l’entendent !!!  Et c’est ainsi qu’au nom de la Paix ultime, au nom de l’infini, des pratiques erronées dérivent vers de perpétuelles brimades et trahison de soi-même. On n’ose imaginer à quels stratagèmes inconscients les pratiquants les plus acharnés vont se trouver réduits pour que leur psyché survive... Mais il s’agit simplement d’une mauvaise compréhension. En réalité, pour le Védanta ou le bouddhisme,  la mort de l’ego est la mort d’une illusion tenace qui nous porte à nous croire séparés, indépendants du reste de l’univers, et même « étanches » tout aussi bien que mortels.... La fin de cette illusion aboutit et même passe nécessairement par une valorisation de la personne réelle et une mise en cause de tout ce qui l’empêche d’être elle-même. En allant tout au bout de soi-même, on peut trouver ce qu’il y a au-delà du moi...  Il s’agit de déboucher sur un plan supra-individuel où l’infini se révèle comme réalité ultime. Pour cela, il faut des personnalités hautement intégrées, et non pas des êtres plus ou moins brimés, voire détraqués; il faut des personnalités puissantes, vastes et devenues suffisamment  « transparentes » pour sentir qu’en réalité, l’infini les traverse et constitue leur identité absolue. Dans ce contexte, la personnalité constitue une identité relative, identité qui s’est constituée au cours de l’existence, avec une histoire, des évènements particuliers, des préférences qu’il ne s’agit pas de nier, même si l’on peut s’en détacher.  En clair, et pour ne citer que cet exemple, quand un maître de méditation reste 6 heures par jour en samadhî, il continue à avoir des préférences culinaires quand il mange !

Le sens que les orientaux donnent au terme ego est très riche et donc intraduisible. Mais si l’on devait se risquer à résumer les traits saillants du mécanisme de l’ego, dans ce qui nous intéresse pour notre recherche sur l’hypnose, en une courte phrase, voilà ce qui pourrait être dit : l’ego, c’est l’identification, au moyen de toutes sortes de fixations, à tout ce que nous ne sommes pas du tout, ou à ce que nous ne sommes que relativement ou temporairement. L’ego, c’est cet ensemble de mécanismes qui accapare, fixe, rigidifie et enferme la vie. En Inde, le terme qui signifie le monde, l’univers, est un mot qui signifie « mouvement », non fixation, et qui se traduit littéralement par « flux » : l’univers (dont nous sommes partie prenante) est perçu comme un flux, un mouvement, un changement perpétuel. Il peut, bien entendu, y avoir une stabilité temporaire, mais finalement, tout finit par changer... La vie est dynamique, elle est changement. L’ego, c’est tout ce qui en nous, nie le changement, et bien entendu, cette propension à la fixation, à la rigidité, qui crée la souffrance, la perturbation, voire le symptôme... La mort de l’ego, c’est donc simplement la mort d’un non alignement sur la nature du Réel, d’un non alignement sur notre être profond, non conditionné, et la mort de la résistance au changement... Que dis-je, la mort d’une armada de résistances de toutes sortes au changement !!! Or, que fait l’hypnose éricksonienne ? Quelle est l’une de ses principales prérogatives ? Justement, d’ouvrir le patient au changement.... Justement, de l’aider à sortir de ses fixations, de ses blocages, de ses résistances à ce qui n’est plus là, mais qu’il continue à faire exister de toute sa mémoire... Et parfois de tous ses ressentiments ! N’en concluons pas hâtivement que l’hypnose éricksonienne supprime l’ego. Ce n’est ni son propos ni sa terminologie. Elle est une pratique occidentale et non pas orientale. Mais elle travaille directement sur la conscience humaine, et se trouve donc amenée à tenter de remédier aux résistances au changement qui aboutissent à des fixations, à des schémas répétitifs et inadaptés. Elle tente de remédier aux conséquences de ce qu’en Orient on appelle l’ego, et qui est une description parmi d’autres de la « pâte humaine ordinaire » , qui est elle, essentiellement la même sur tous les continents et à toutes les époques : nous résistons tous au changement, nous souhaitons tous pérenniser les situations agréables afin qu’elles durent toujours (ce qui est évidemment impossible), nous avons tous du mal à digérer les situations traumatisantes, ce qui nous amène souvent à rester fixés sur un passé difficile bien des années après qu’il se soit produit. Nous voulons tous affirmer notre nature particulière et souvent, ne savons pas comment faire, soit qu’on écrase les autres, soit qu’on se laisse dominer. Nous nous identifions à des conditionnements familiaux, culturels, des us et coutumes qui sont parfois bien loin de nos aspirations réelles. Nous avons beaucoup de mal à nous démarquer de la pensée dominante de l’époque dans laquelle nous nous trouvons insérés, nous construisant ainsi des œillères et des identités partiellement illusoires, en contradiction parfois profondes avec notre cœur et nos désirs réels. Nous jugeons, condamnons ce qui ne correspond pas à notre vision  personnelle des choses, dans un impérialisme intellectuel qui ne manque pas de naïveté... mais qui est  la source de la plupart de nos conflits et violences. Tant il est vrai que chacun d’entre nous est malheureusement le siège de dysfonctionnements psychologiques plus ou moins importants.... Nous vivons à la surface de nous-mêmes avec un conscient qui ignore ce qui se trouve inscrit inconsciemment dans la profondeur, et s’en trouve souvent coupé. Bienvenue au club de l’humanité avec, actuellement, ses 7 milliards d’adhérents....

 

 

 

2 Passages extraits du livre « L’Envol vers la liberté d’être »

De Michèle Cocchi et Jacques Vigne

 

(Ed.Accarias l’Originel)

 

Michèle Cocchi a une formation approfondie de psychologue clinicienne spécialisée en psychopathologie, (Cursus en faculté des sciences humaines d’Aix en Provence et en faculté de sciences en neurophysiologie de Saint- Jérôme de Marseille), Elle exerce depuis 1973 en cabinet libéral en Principauté de Monaco.

Les deux auteurs, Michèle Cocchi et Jacques Vigne, dans un dialogue ouvert, s’intéressent particulièrement aux rapports entre la thérapie analytique moderne et les enseignements de l’Inde, à travers plusieurs grands maîtres de cette ‘non-dualité’ qui donne accès à la ‘liberté d’être’.

 

1° Passage consacré à MÂ ANANDAMAYÎ

 

Nous devons faire ici une place tout à fait privilégiée à Anandamayî ‘‘mère imprégnée de  félicitée’’, ‘‘pénétrée de joie’’, (1896-1982), Elle représente l’une des figures spirituelles majeures de l’Inde contemporaine. Elle offrait à chacun un aperçu de cette Félicité ineffable qu’évoquent les grands mystiques et qui plonge ses racines dans l’intuition de la non-dualité.

« Pour vous libérer de la servitude, ayez du courage et, avec une sévère détermination, filez vers le but comme une flèche, comme l’oiseau qui s’échappe sans donner une pensée à sa cage dorée et à la nourriture raffinée qu’on lui servait. »[i] 

« Tout comme l’araignée, l’homme aime à tisser sans cesse de nouvelles toiles et se prendre toujours dans les filets qu’il a ainsi tendus. Soyez fermement résolu à briser dès cette vie les liens du karma (loi cosmique de rétribution des actes selon leur nature bonne ou mauvaise ; cette loi est tenue pour retourner à son auteur, dans des vies ultérieures, le bien ou le mal qu’il a commis.) et avancez comme à l’assaut pour couper vous-même les barbelés de mâyâ (illusion cosmique, le pouvoir d’illusion de Brahman, c’est-à-dire du Un Absolu) et les traverser comme l’indiquent les différents yogas ( jnâna : yoga de la connaissance ; bhakti : yoga de la dévotion et raja : yoga de la méditation ). Il n’y a pas de distinction absolue entre ‘moi’ et ‘toi’. Tout se fond en l’Être infini unique. »

continue : «  L’Être suprême est Joie incarnée, et c’est pourquoi toutes les créatures aspirent à la joie. Cherchez toujours à vivre dans la joie, à exprimer la joie dans vos pensées et dans vos actes ; sentez Sa présence joyeuse dans tout ce que vous voyez ou entendez ; cela vous apportera un vrai bonheur. Prenez courage et dites-vous toujours : Nous sommes les enfants de la Joie ; pourquoi nous affligerions-nous ? N’oubliez pas cet héritage béni, qui est encore intact, et n’allez pas vivre comme des miséreux ! Redressez-vous et travaillez ! Chez les peuples d’Europe, il y a des gens qui débordent de joie ; ils sont désireux de faire du bien au monde et ils disposent de tous les plaisirs et de toutes les richesses de la vie. Chassez de votre esprit la crainte, le découragement, l’anxiété. La source de toute grande puissance est là où se trouvent force, énergie, bonne humeur. En vous approchant du monde raffiné de la Vérité divine, vous trouverez vite la Source du suprême Bonheur. » Une fois que l’on a plongé profondément dans l’Océan, on n’est plus ballotté par les vagues. « Quand on aura atteint le but de la vie, il sera évident pour tout le monde que tous les chemins conduisent à la même Porte. Tout ne fait qu’Un. »

 

2° passage : L’eudémonisme est la philosophie du bonheur

(Mais qu’est vraiment au fond le bonheur ?)

     L’eudémonisme qualifie les doctrines éthiques qui font du bonheur la valeur suprême et le critère ultime de choix des actions humaines. Il se fonde sur une confiance générale en l’homme qui reste la clé irremplaçable de l’humanisme.

    Parmi les plus connus, Aristote est un eudémoniste intellectualiste qui place le bonheur dans la satisfaction liée à la contemplation de la vérité par l’esprit. Il s’agit de l’eudémonisme antique : doctrine morale affirmant que le but de l’action humaine est le bonheur. Chez tous les philosophes anciens, le bonheur, fin de l’action, apparaît comme un accord entre l’homme et les choses. Les eudémonistes divergent seulement sur les moyens de parvenir au bonheur.

    Epicure est également eudémoniste, mais il diffère d’Aristote sur la façon d’atteindre le bonheur. Epicure est surtout hédoniste, car sa doctrine éthique fait du plaisir le Souverain Bien. Le vrai bonheur pour Epicure consiste dans la paix de l’âme que rien ne vient troubler, qu’il appelle l’ataraxie : l’absence de trouble et l’indifférence de l’esprit. L’âme du sage, parfaitement sereine et libre en toutes circonstances, est à même de répudier certains plaisirs pour Epicure.

    Sénèque, Epictète et Marc-Aurèle les plus connus des Stoïciens, sont également des eudémonistes, qui ont des points communs avec l’épicurisme dans leur conception du bonheur envisagé comme liberté spirituelle. Pour les Stoïciens l’essentiel est avant tout de rester libre et maître de ses opinions, de ses pensées, quelles que soient les circonstances. Ainsi Epictète dira : « Tu espères que tu seras heureux dès que tu auras obtenu ce que tu désires. Tu te trompes. Tu ne seras pas plus tôt en possession, que tu auras mêmes inquiétudes, mêmes chagrins, mêmes dégoûts, mêmes craintes, mêmes désirs. Le bonheur ne consiste point à acquérir et à jouir, mais à ne pas désirer. Car il consiste à être libre. »

    Néanmoins, le bonheur stoïcien diffère du bonheur épicurien : le sage épicurien réalise un accord et une harmonie avec un monde matériel et formé d’atomes, alors que le sage stoïcien, maître de soi, accepte l’ordre divin, l’étincelle divine présente dans tout ce qui existe (les stoïciens étaient panthéistes : ils identifiaient Dieu à la nature).

    Spinoza est aussi un eudémoniste qui place le bonheur dans la joie de comprendre la nature, l’amour de soi et du monde et la puissance de la raison qui permet de vivre libre des passions.

    Les Bouddhistes sont les eudémonistes les plus radicaux, ils diront que pour atteindre le nirvana seul l’homme parvenant à se défaire de tous désirs pourra  être pleinement heureux. Pour arriver à cela, il faut bien comprendre la nature véritable de tout objet de désir, de tout phénomène. Cette nature véritable est vacuité.

 Le Bouddhisme : le chemin de l’éveil. Le bonheur authentique selon Bouddha appelé sukha est décrit dans les textes comme un état de plénitude à chaque instant de l’existence : ce terme sanskrit n’a pas vraiment d’équivalent dans nos langues. Matthieu Ricard explique : « Pour développer un vrai bonheur à long terme, il faut à la fois comprendre le fonctionnement de son propre esprit et développer un altruisme authentique. La psychologie occidentale moderne a certes un intérêt pour le premier point, mais guère pour le second ».

     Rien de commun non plus avec l’ivresse du plaisir car celui-ci est comme un coquelicot, ‘‘à peine saisi déjà détruit’’, écrit le poète tibétain Guedun Choephel. Mais il ne faut pas s’y tromper : la condition pour atteindre la sukha n’est pas de se méfier des plaisirs passagers ni de renoncer aux joies simples, pas plus que de se consumer dans le sacrifice de son être.

     Soulignons ‘l’altruisme qui est une caractéristique constante des gens heureux. Ce fait d’observation a trouvé récemment une confirmation scientifique, grâce à un épisode parmi les plus étonnants de l’histoire récente du Tibet : la rencontre du bouddhisme et des neurosciences. Les premières expériences, entamées en 2003, concluent que le bonheur et la compassion ont partie liée dans le cerveau lui-même. Or cette région du cortex est connue pour héberger les émotions positives comme la joie et l’enthousiasme.

    La possibilité du bonheur (comme les moyens et conditions favorisant son accession) ne peut en aucun cas, pour Kant, être déterminée avec certitude. Le bonheur est hors d’atteinte de la raison humaine, celle-ci nécessitant elle-même l’apport de la sensibilité. Il n’existe aucun moyen, en agissant sur les conditions extérieures, d’annihiler les souffrances humaines pour assurer à un individu un bonheur envisagé.

    Schopenhauer soutient, quant à lui, l’idée qu’il existe une méthode dans la contemplation pure permettant à l’homme de saisir la réalité de la chose en soi, d’accéder à une connaissance métaphysique. Il conclut, de cette expérience contemplative, ces quelques mots définitifs : « chacun est heureux, quand il est toutes choses ; et malheureux, quand il n’est qu’un individu ».

    Schopenhauer fut aussi l’auteur d’un Art heureux. Il s’est beaucoup inspiré de la pensée bouddhiste, la vraie, non pas celle édulcorée par de récents disciples médiatiques. Tout aussi fin connaisseur des Upanishad, dont il lisait chaque soir quelques pages avant de s’endormir, Schopenhauer savait que l’atteinte du nirvâna, cet état de quiétude parfaite visée par la tradition hindoue, exige avant tout l’extinction du désir, source perpétuelle d’espoirs trompés et de souffrances inexprimables.

    Nietzsche détestait le bonheur, du moins une certaine aspiration inquiète et insatisfaite au bonheur. Pour lui, le bonheur est un leurre lorsqu’il suggère le néant comme possible et fait rêver à l’impossible. Cette conception du bonheur tourne en fait les individus contre la vie qui n’est ni calme, ni stabilité, ni sérénité. Au lieu de conduire chacun à s’élever, celle-ci fait dépérir les forces en faisant désirer le vide. C’est une molle conception, symptôme social d’une dépression déjà en marche … Le bonheur est un idéal lorsqu’il cesse de mentir…

    Pour ma part, dira Nietzsche, je parle d’« intensifier le sentiment d’existence, en apprenant à en connaître tous les aspects, même les plus terrifiants »

    Les hommes disent : nous avons inventé le bonheur ; ils en ont fait une valeur universelle, mais quel est leur bonheur ? Une aspiration servile au repos. L’homme moderne a renoncé à toute grandeur et n’aspire plus qu’à vivre confortablement, le plus longtemps possible. La société de consommation l’asservit aux petits plaisirs. Il voue un culte aux loisirs. Il s’agit d’anesthésier la vie plutôt que de la vivre.

    Pour Nietzsche, pourquoi rejeter absolument de notre existence le malheur, les terreurs, les privations, les minuits de l’âme ? Il y a une ‘‘nécessité personnelle du malheur’’ et ceux qui veulent nous en préserver ne font pas nécessairement notre Bonheur.

    « Il s’agit de la souffrance. La souffrance est liée à la vie. Le sage est l’idéal du philosophe. Il a sa solution aux problèmes de la souffrance, qu’il a expérimentée, vécue, vérifiée. Or, il y a deux solutions. Ou, pour moins souffrir, réduire, ou supprimer les activités vitales dont résulte la souffrance, vivre moins intensément, vivre moins et le moins possible, ne faire que glisser en ce monde, trouver le bonheur dans l’insouciance, l’indifférence, l’abstention, l’abstraction : ainsi le veulent ce que j’appellerai : ‘‘les sagesses euphoriques’’, telle celle de Bouddha. Ou, comme prix d’une vie qui mérite d’être vécue, vouloir la souffrance même, et non pas chercher le bonheur, mais au contraire, trouver dans un bonheur consubstantiel la force d’endurer même la souffrance extrême. Telle est la sagesse ‘tragique’, ou, comme il dit encore, ‘dionysiaque’, de Nietzsche. (Marcel Conche, Nietzsche et le bouddhisme).

    A l’individu qui recherche son bonheur, il ne faut donner aucun précepte sur le chemin à suivre, car le bonheur individuel jaillit selon ses propres lois. J’ajouterais que l’approche de la souffrance ‘‘germe de vie’’ peut ouvrir le chemin…

    André Comte-Sponville a renoué avec cette vieille notion philosophique, jugée obsolète vers la fin du XXe siècle, et a publié un petit opuscule intitulé Le bonheur, désespérément Pleins Feux, 2000). Son idée principale est qu’il ne faut pas vivre ou plutôt espérer mieux vivre dans l’avenir, mais que la sagesse consiste à vivre pour de bon, avec les plaisirs et les joies du présent, en ne désirant que ce que l’on a au moment présent. Le bonheur que les Grecs appelaient sagesse doit être un bonheur vrai, un bonheur dans la vérité : il ne doit pas être obtenu par des illusions.

    Rappelons étymologiquement le mot ‘‘bonheur’’ vient du « bon augure, ce qui laisse espérer » : La promesse du bonheur, c’est donc déjà un bonheur.

    Pour André Comte-Sponville, le bonheur est le but de la philosophie, mais la philosophie n’a jamais suffi au bonheur.

                                                        

Nouvelles

 

-         Marie-Agnès Bergeon (Mira) nous informe que la retraite de , début mai, juste avant l'anniversaire de la naissance lunaire de , s'est très bien passée, elle a réuni des participants français, belges, suisses, allemands et anglais. Swami Nirgunananda était là, ainsi que deux autres swamis des missions Chinmayananda et Ramakrishna. La Grâce de , l'intensité des pratiques et la profondeur des enseignements, ont permis à chacun un déploiement de l'intériorité et apporté un soutien sur le chemin spirituel personnel - le tout s'est déroulé dans la joie et la simplicité.

 

-         Vigyânanand (Jacques Vigne) a commencé sa longue ‘Tournée 2012-13’ par l’Italie, où plusieurs de ses livres ont été traduits et publiés, et où l’accueil à Rome, Assise, Florence, Milan, et Padoue a été chaleureux, surtout depuis qu’il conduit désormais ses retraites et fait ses conférences en italien. Son périple est passé également par le Québec (Montréal) et par les Etats-Unis (Denver), avant de regagner la France où sa première retraite française au Domaine de Trimurti (dans le Var), organisée par Geneviève (Mahâjyoti), avec 45 participants, a été la plus longue qu’il ait jamais programmée (9 jours et demi). On peut trouver tous les détails de son programme sur son site www.jacquesvigne.fr.st ou chez Geneviève (Mahâjyoti) qui en assure la coordination bénévole koevoetsg@wanadoo.fr. Voici ce que Jacques nous relate comme premières impressions de ce début de tournée :

 

      Chers tous et toutes,

  Je vous écris de Rome où je suis logé pour une semaine sur la colline du Janicule, au milieu des jardins juste en face de la Basilique Saint-Pierre. Ensuite je reviens pour six mois en France.

  Je suis rentré de trois semaines en Amérique. J’ai pu apprécier la découverte du Québec, non seulement Montréal, la cosmopolite, mais aussi le fin fond des Laurentides où j’ai pu aller faire une conférence. J’ai pu y observer une ouverture certaine aux sujets spirituels, par exemple au nombre de librairies consacrées à la recherche intérieure et au développement personnel qu’on trouve même dans les villages.

   Je me suis rendu ensuite à Chicago chez un couple franco-indien d’amis que j’avais rencontrés à Bénarès. Cela m’a permis de faire un pèlerinage sur les lieux mêmes où Swami Vivekananda s’était adressé au Parlement des Religions de 1893. Cette allocution a été en quelque sorte le symbole du début d’un réel dialogue entre l’hindouisme avec son Védanta et l’Occident.

   Le but de mon voyage était, en fait, d’assister à un grand congrès sur les 'Sciences Contemplatives' organisé par Matthieu Ricard et le Mind and Life Institute du Dalaï-lama, à Denver (Colorado) fin avril. Il y avait 700 personnes réunies qui ont discuté en profondeur des différents aspects du rapport entre méditation et sciences. Comme j’ai pensé que ce sujet pouvait vous intéresser, je vous l’envoie, à travers Geneviève (Mahâjyoti) et le ‘Jay ’.

   J’espère que vous sentirez à travers ces quelques pages l’ambiance intense de ce congrès de 700 personnes à Denver. J’ai bien aimé l’Amérique, continent sur lequel je mettais les pieds pour la première fois, ayant été jusqu’ici absorbé par l’Inde. Les Américains sont capables de faire du nouveau, comme ce sujet du rapport entre méditation et sciences, et de le faire à grande échelle... Chapeau, Uncle Sam !

   Actuellement je termine la relecture du manuscrit de mon livre Méditation, émotions et corps vécu’ et je prépare mes interventions à Milan pour la parution de la version italienne du même livre, ainsi que celle de ‘La faim du vide’ (sur l’anorexie). Ce dernier ouvrage est paru en France en Janvier aux Editions Le Relié, et celui sur la méditation devrait y paraître sous peu.  Amitiés de Jacques.

-          Un nouveau voyage est en préparation du 2 au 17 février 2013 pour La  Kumbha-Méla d’Allahbad, un grand évènement qui revient tous les douze ans au confluent du Gange et de la Yamuna, près de Bénarès. Jacques Vigne qui a participé déjà à celles de 1989 et de 2001 nous guidera avec son assistant indien  Dinesh Sharma. Programme détaillé sur le site www.jacquesvigne.fr.st  ou www.teerth.org

Contact en France : Marie Wintrebert  mariewintrebert@gmail.com -  06 61 37 40 93

 

Un autre voyage est programmé, du 2 au 24 mars : Sur les pas du Bouddha  (Sarnath, Bodhgaya, Dharamshala, Dehradun et Hardwar). Pour le programme détaillé, mêmes sites que ci-dessus. Contact en France : Anne Hérault : 01 48 06 17 29  ou  06 20 63 47 04  herault.anne@yahoo.fr

 

Les billets d’avion de groupe qui assurent l’organisation de base du voyage seront a priori sous la responsabilité d’une agence de voyages française.

 

           Contact général : Dinesh Sharma

TEERTH TRAVELS PVT. LTD +91 (0) 9897283982 (M) +91 (0) 9760440900 (M)

+91 (0) 1334241990 Tel/Fax - teerthtravel.har@rediffmail.com - www.teerth.org

 

-          Caroline Abitbol a fait savoir que le 8 Mai dernier, une cérémonie a eu lieu autour du

Samadhi de Swami Vijayânanda au cimetière du Père Lachaise à Paris, pour fêter

l’anniversaire de la naissance lunaire de Shree Shree Ma Ananda Mayee.

Le moment le plus fêté à Kankhal est entre 2h30 et 3h30 dans la nuit du 8 au 9 mai, c'est-à-dire en France entre 23h30 et 00h30.

 

Au cours de la cérémonie du 26 avril 2012, Chandan Didi, nièce de Shree Ma Ananda Mayee et brahmine avait fait parvenir un mot que  Pushparaj avait lu en anglais, puis qu'Izu avait traduit en français. Le voici :

 

JAY MA 

Pour tous les dévots qui sont sous la protection de Sri Sri Ma.

Swami Vijayânanda fut le favori de Sri Sri Ma Ananda Mayee, le plus aimé, le plus Chéri. IL avait une Âme Pure et Elevée. On peut dire : " IL est toujours avec nous " ainsi qu’IL avait coutume de le dire. Son Enseignement et Sa totale dévotion envers Sri Sri Ma sont du niveau le plus élevé qui puisse être et ceci doit nous aider dans notre vie. Chandan Didi fait Pranam à Vijayânanda et lui dit des multitudes de fois :

‘OM NAMO NARAYANAYA ‘. Nous, du fond de notre cœur, nous le prions et prions aux Pieds de MA. Et Ses bénédictions demeurent toujours avec nous tous.        

            JAY MA  - OM SHANTIH SHANTIH SHANTIH


Caroline nous informe également que :

Le 3 juillet 2012 sera célébrée la fête de Guru Purnima dans toute l'Inde, dans les endroits associés dans le monde, et bien sûr dans tous les ashrams de Shree Shree Ma Ananda Mayee.

Les participants à la cérémonie se retrouveront à 12h 30 au Samadhi de Swami Vijayânanda pour fêter ce moment précieux ensemble.

Pushparaj, brahmane et pandit élevé dans les ashrams de Ma, officiera et chantera le chant au Guru. À l'issue de la cérémonie, tout le monde sera convié à un repas.

 

Dès l'origine, dans les Védas, Guru Purnima est considéré comme une célébration de tous les Gurus, c'est-à-dire de tous les Instructeurs de l'humanité, de quelques confessions qu'ils soient.

 

"Tant que le Guru n'aura pas été trouvé, tous les noms représentent Son nom, toutes les formes Sa Forme... Mieux vaut mourir dans l'accomplissement de son propre dharma* que de suivre le dharma d'autrui ...Vos natures diffèrent, c'est pour cela que le Guru vous montrera votre chemin." 

Shree Shree Ma Ananda Mayee

 

*Dharma : Lois éthiques à la fois universelles et propres à chacun en fonction de ses conditions, de son destin, de ses capacités.

 

"Peu de gens, même en Inde, savent ce qu'est un Guru véritable. Le lien entre le Guru et le disciple ne peut être égal à rien d'autre car il contient toutes les gammes de l'affection qu'un être humain peut ressentir, toutes les nuances de ce que l'on peut aimer, adorer, respecter...Son contact purifie l'esprit, le rend clair et heureux et il nous mène à découvrir la source éternelle d'amour et de bonheur qui est en nous-mêmes." 

Swami Vijayânanda

 

Bienvenue à tous,

Om Shanti, Shanti, Shanti,

Jay Maa

(Envoyé par Caroline Abitbol)

 

 

 

Abonnements en cours

Pour le ‘JAY MA’  2011-2013

 

Merci à tous ceux qui ont renouvelé l’expérience du ‘JAY MA’ et qui se sont inscrits de nouveau auprès de José Sanchez Gonzalez  pour la partie administrative : 10 rue Tibère – 84110 Vaison-La-Romaine – nagajo3@yahoo.fr – 0634988222 et ensuite auprès de Geneviève (Mahâjyoti) qui en gère bénévolement l’édition, pour qu’elle puisse procéder aux envois en vous remettant sur ses nouvelles listes : koevoetsg@wanadoo.fr .

La brochure est toujours au prix de 1 Euro par exemplaire trimestriel, envoyé par email. Le renouvellement ou l’inscription se font automatiquement pour deux ans, et vont de mars 2011 à mars 2013. Les numéros arriérés sont envoyés à tous ceux qui s’inscrivent en cours de route.

Le dernier numéro a été le 104ème de cette brochure qui fut créée il y a désormais 25 ans. Lien d’amour avec l’Inde, avec , avec les Swamis, les lectures, les voyages, à travers la composition qu’en fait Jacques Vigne.

 

 

 

Table des matières

 

Paroles de extraites de

‘Les Enseignements de Anandamayî

Sadhana  Récit d’une méditante anonyme

Entretiens à Kankhal avec Swami Vijayânanda (suite)

(Groupe de Nathalie Anthony)

L’Hypnose, pourquoi ça marche ? Par Isabelle Rodde

L’Envol vers la liberté d’être ( Anandamayî et

L’Eudémonisme philosophie du bonheur) de

Michèle Cocchi et Jacques Vigne

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[i]                 Anandamayî  Aux sources de la joie  1996, éditions Albin Michel.